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Olivier Delouis

Le stoudite, le bénédictin et les Grandes Catéchèses. Autour de


la traduction française d'un texte grec inédit
In: Revue des études byzantines, tome 61, 2003. pp. 215-228.

Abstract
Although the text remains unedited in Greek, Florence de Montleau has published a French translation of Theodore Stoudite's
first book of Catecheseis, based on the transcription of a single Greek manuscript found in the late Julien Leroy's papers. Her
work is most useful, and her translation is on the whole accurate and reliable. The book provides a vivid picture of the beginnings
of Stoudite monasticism. The translator's notes rightly focus on Theodore's spirituality, but a historical commentary of this
important source is now needed.

Résumé
REB 61 2003 p. 215-228
Olivier Delouis, Le stoudite, le bénédictin et les Grandes Catéchèses. Autour de la traduction française d'un texte grec inédit. —
Bien que le texte reste inédit en grec, Florence de Montleau a publié une traduction française du premier livre des Catéchèses de
Théodore Stoudite, fondée sur la transcription d'un seul manuscrit grec trouvée dans le dossier laissé par Julien Leroy. Le livre
offre un tableau vivant des débuts du monachisme stoudite. Les notes de la traductrice s'attachent, à juste titre, à la spiritualité
de Théodore, mais on attend maintenant un commentaire historique de cette source importante.

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Delouis Olivier. Le stoudite, le bénédictin et les Grandes Catéchèses. Autour de la traduction française d'un texte grec inédit. In:
Revue des études byzantines, tome 61, 2003. pp. 215-228.

http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rebyz_0766-5598_2003_num_61_1_2278
LE STOUDITE, LE BENEDICTIN ET

LES GRANDES CATÉCHÈSES

Autour de la traduction française d'un texte grec inédit*

Olivier DELOUIS

Summary: Although the text remains unedited in Greek, Florence de Montleau has
published a French translation of Theodore Stoudite's first book of Catecheseis, based
on the transcription of a single Greek manuscript found in the late Julien Leroy's papers.
Her work is most useful, and her translation is on the whole accurate and reliable. The book
provides a vivid picture of the beginnings of Stoudite monasticism. The translator's notes
rightly focus on Theodore's spirituality, but a historical commentary of this important
source is now needed.

Avec la parution d'une traduction par Florence de Montleau du livre I des


Grandes Catéchèses de Théodore Stoudite (759-826)1, voilà peut-être le plus bel
hommage, quinze ans après sa disparition, que l'on pouvait rendre au P. Julien
Leroy (1916-1987), codicologue d'exception et spécialiste incontournable du
monachisme stoudite, qui figure à ce dernier titre en bonne place parmi ces bénéd
ictins qui ont contribué, au siècle dernier, à renouveler nos connaissances du
monachisme ancien, que ce soit Jean Gribomont (1920-1986) pour le monachisme
des premiers siècles, ou Jean Leclercq (1913-1993) pour le monachisme occidental
médiéval2. J. Leroy s'était très tôt intéressé aux Grandes Catéchèses de Théodore
et il avait conçu le projet - aventure de taille et œuvre d'une vie, qui, hélas, ne lui
suffit pas - de mener à bien l'édition critique de leur ensemble. C'est au cours de la
préparation de ce travail qu'il donna, dans de nombreux articles et une monographie,
des conclusions parfois provisoires tant sur la tradition manuscrite des Catéchèses
que sur l'organisation du monastère de Stoudios à Constantinople, autant d'études

* Je remercie Mgr. Paul Canart de la Bibliothèque Apostolique Vaticane et Paul Géhin de l'Institut
de Recherche et d'Histoire des Textes à Paris de m' avoir donné accès aux archives Leroy partagées à
ce jour entre ces deux institutions.
1. Théodore Stoudite, Les grandes catéchèse (Livre I) ; Les épigrammes (I-XXIX) ; précédées
d'une étude de Julien Leroy sur le monachisme stoudite. Présentation, traduction et notes par Florence
de Montleau (Spiritualité orientale 79), Abbaye de Bellefontaine 2002 (= GC I). Autres œuvres de
Théodore citées en abrégé : GC II = Livre II des Grandes Catéchèses : A. Papadopoulos-Kérameus,
Του οσίου Θεοδώρου Στουδίτου Μεγάλη Κατήχησις, Saint-Pétersbourg 1904 ; PC - Petites Catéchèses :
Ε. Auvray, Sancti Patris Nostri et Confessons Theodori Studitis Praepositi Parva Catechesis, Paris
1891 ; Ep. = Correspondance : G. Fatouros, Theodori Studitae Epistulae (CFHB SB 31), Berlin 1991,
2 t. Voir aussi note 13.
2. Une bibliographie incomplète des travaux de J. Leroy a paru dans Présence d'En Calcat 95,
juin 1987, p. 19-21.
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qui durent à la fois sourdre de son travail d'éditeur et qui, dans l'esprit du cher
cheur, devaient in fine accompagner son grand œuvre3. Du parcours inachevé du
bénédictin témoignent encore ses archives personnelles : c'est sur elles que repose
la présente traduction.
Avec un certain recul, on mesure mieux aujourd'hui l'influence considérable que
Leroy eut sur l'historiographie : depuis sa mort, aucun byzantiniste, au moment de
décrire l'organisation interne du monastère de Stoudios, n'a pu vraiment ajouter à
ses études, et le concept de « fédération » ou de « confédération » stoudite a par
exemple connu une fortune critique d'autant plus étonnante qu'il a finalement été
peu discuté4. S'il y eut peu de débats autour de l'œuvre monastique de Leroy, c'est
certes qu'il y montrait une virtuosité forçant le respect, mais aussi qu'une partie de
ses sources demeurait inédite, rendant par là son travail difficilement verifiable
- ce à quoi ce nouveau livre remédie pour partie. L'historien pouvait du moins
faire à Leroy cette critique raisonnable : s'il prit en compte avec talent l'intégralité
de l'œuvre catéchétique de Théodore, il négligea ce qui eût enrichi sa réflexion
historique, la correspondance5 - singulièrement oubliée -, ou l'hagiographie
stoudite6. Leroy ne mena jamais de travail comparatif avec les monastères de
l'époque dont la mémoire nous a été conservée7 et ne fit que peu appel aux sources
non monastiques qui éclairent également l'histoire de l'établissement constantino-
politain. Son but était autre : percer, en son quotidien, la spiritualité d'un
monachisme oriental pour lequel il avait une profonde admiration, et témoigner
d'une période où la vocation cénobitique arrivait pour lui à un sommet. Sur ce
point, en gardant à l'esprit la perspective qui fut la sienne, force est de reconnaître
qu'il atteignit pleinement son but8.

Il ne rentre pas dans notre propos d'éclairer la tradition manuscrite qui nous a
fait connaître les trois livres des Grandes Catéchèses. L'ouvrage inachevé de
Leroy, Études sur les « Grandes Catéchèses » de S. Théodore Studite, qui devrait

3. Nous citerons désormais en abrégé : J. Leroy, La vie quotidienne du moine stoudite, Irénikon 27,
1954, p. 21-50 (= Vie quotidienne) ; Le cursus canonique chez saint Théodore Stoudite, Ephemerides
Liturgicae 68, 1954, p. 5-19 (= Cursus canonique) ; Un nouveau témoin de la Grande Catéchèse de
saint Théodore Studite, REB 15, 1957, p. 73-88 (= Nouveau témoin) ; La réforme studite, dans //
monachesimo orientale (OCA 153), Rome 1958, p. 181-214 (= Réforme) ; Les Petites Catéchèses de
S. Théodore Studite, Le Muséon 71, 1958, p. 329-358 (= Petites Catéchèses) ; Saint Théodore Studite,
dans Théologie de la vie monastique. Études sur la Tradition patristique (Théologie 49), Lyon 1961,
p. 423-436 (= Saint Théodore Studite) ; Studitisches Mönchtum. Spiritualität und Lebensform (Geist
und Leben der Ostkirche 4), Graz- Vienne-Cologne 1969 (= Studitisches Mönchtum) ; Études sur les
« Grandes Catéchèses » de S. Théodore Studite, manuscrit dactylographié, à paraître dans la série Studi
e Testi, Rome (= Études).
4. Par exemple T. Pratsch, Theodoros Studites (759-826) - zwischen Dogma und Pragma (BBS 4),
Francfort 1998, p. 123-134 (= Theodoros Studites) et R. Cholij, Theodore the Stoudite. The Ordering
of Holiness, Oxford 2002, p. 45 (= Theodore the Stoudite).
5. Un exemple du travail réalisable à partir de la correspondance est donné par la remarquable
thèse (inédite) de P. Henry, Theodore of Studios, Byzantine Churchman, Ph. D. diss. Yale University
1967 (= Theodore of Studios).
6. Liste des sources hagiographiques utiles dans T. Pratsch, Theodoros Studites, p. xix-xxi.
7. Sauf via la figure de l'higoumène Paul de l'Evergétis : voir Un nouveau témoin et Études, chap. VHI,
« La tradition indirecte des catéchèses studites : le Catéchéticon de Paul de l'Evergétis », p. 226-313.
8. Cf. le remarquable article Saint Théodore Studite, cité note 3.
LE STOUDITE, LE BÉNÉDICTIN ET LES GRANDES CATÉCHÈSES 217

paraître à Rome dans la collection Studi e Testi, en donnera une remarquable


présentation qui viendra parfaire les articles qu'il publia sur ce thème9. Il faut
toutefois dire sur quel matériau repose le travail de la traductrice. Les catéchèses
du livre I ont été préservées dans un nombre restreint de manuscrits et, de fait, seul
le Patmiacus 111 (11e s.) en présente l'intégralité10. F. de Montleau a utilisé une
lecture dactylographiée faite par Leroy de ce manuscrit, ce qui veut dire que ce
support matériel de 408 pages recto verso ne peut être considéré comme une édition
critique, édition qui à ce jour n'existe pas. Un parcours rapide indique suffisam
ment que ce document était, par ses imperfections mêmes, bien plus une étape de
travail en vue de l'édition que le brouillon du texte définitif ; ainsi, en plusieurs
endroits, le texte est (comme le manuscrit) lacunaire, et de nombreuses fautes
d'orthographe, parfois corrigées manuellement, dépareillent l'ensemble11. Les
collations des autres témoins examinés par Leroy demeurent à l'état de paperolles
et n'ont jamais été réconciliées formellement avec le Patmiacus 111 : ce travail
reste celui du futur éditeur.
Ces quatre-vingt-sept catéchèses, rendues pour la première fois en français,
n'étaient pas complètement inconnues des chercheurs12. Giuseppe Cozza-Luzi, se
fondant sur le Paris, gr. 891, avait publié trente-huit d'entre elles entre 1888 et
1905 dans un désordre critique assez complet13. Les titres originaux des sermons
avaient été révélés par Athanase Papadopoulos-Kérameus en 1904, en préface à
son édition critique du livre II14. Enfin, les russophones disposaient depuis 1901
d'une traduction intégrale du livre I, assez rare, faite d'après une copie athonite du
manuscrit de Patmos15. Ces quelques éléments suffisent à dire le progrès, pour le

9. Des arguments internes montrent que Leroy a travaillé à cet ouvrage au moins jusqu'en 1984-
1985, et peut-être jusqu'à sa mort (1987). En cela, nous le tenons pour un excellent testament de ses
positions sur le thème des catéchèses. R. Cholij, Theodore the Stoudite, l'a également consulté et
l'utilise largement p. 65-73 de son livre.
10. J. Leroy, Nouveau témoin, p. 73-75 ; Études, p. 73.
11. J'ignore la logique de ces ajustements : sont-ils des repentirs de lecture de Leroy sur le
manuscrit ou des corrections du même (ou d'autres) venant masquer l'état original ? De nombreuses
erreurs demeurent par ailleurs : celles-ci sont-elles des fautes de lecture du bénédictin, ou proviennent-
elles bien du manuscrit ?
12. Les plus opiniâtres ont déjà pu utiliser la lecture du manuscrit par Leroy, comme P. Hatlie,
Abbot Theodore and the Stoudites: A Case Study in Monastic Social Groupings and Religious Conflict
in Constantinople (787-826), Ph. D. diss. Fordham University 1993 (et ses articles qui en découlent :
OCP 61, 1995, p. 407-423 et DOP 50, 1996, p. 263-288).
13. G. Cozza-Luzi, S. P. N. Theodori Studitae Magna Catechesis, in Patrum Nova Bibliotheca,
éd. A. Mai, IX-2, Rome 1888 ; Id., S. P. Ν Theodori Studitae Sermones Reliqui Magnae Catecheseos,
dans ibidem, X-l, Rome 1905 (= CL). Des grandes catéchèses des trois livres y sont mélangées, plus
quelques inclassables.
14. GC II, p. κ '-λγ'.
15. Tvorenija prepodobnago otsa nashego i ispovidnyka Feodorja Studitja ν russkom perevod
[Oeuvres de Th. Stoudite traduites en russe], Saint-Pétersbourg 1907, 1, p. 457-667. Dans le tome 4 de
la Philocalie préparée par le monastère athonite russe de Saint-Pantéléimôn, Dobrotolubie ν russkom
perevod [La Philocalie traduite en russe], Moscou 1899, tout entier consacré aux catéchèses de
Théodore, se trouvent des extraits de 81 sermons du livre I (p. 25-181). Concernant ce volume, qui fut
un des points de départ du travail de Papadopoulos-Kérameus, voir GC II, p. δ ' sqq., repris par
J. Leroy, Études, p. 338-340 ; R. Cholu, Theodore the Stoudite, p. 70 η. 420, cite l'ouvrage athonite, mais
n'a pas vu le lien avec l'édition de Saint-Pétersbourg. Il est un des rares à avoir récemment exploité la
traduction russe de 1907 des GC I, dont il donne à l'occasion quelques passages en anglais.
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byzantiniste, que constitue le travail de F. de Montleau, quand bien même il


reposerait tout entier sur un paradoxe : livrer au public la traduction d'une source
inédite, fondée sur la lecture d'un manuscrit unique. Précisons enfin, car on ne
saurait lui en faire le reproche, les limites que s'est volontairement imposées la
traductrice : si elle a traduit et annoté le texte, elle n'en a pas fourni de comment
aire historique.

La première partie de cet imposant volume de 636 pages s'ouvre par une
biographie très générale de Théodore (p. 17-24). Elle est suivie de brefs repères
chronologiques, sur lesquels nous reviendrons (p. 26-27), et de deux cartes sché
matiques (p. 30-31), l'une de Constantinople, l'autre de la Propontide et de la
Bithynie. Le P. Vincent Desprez dresse ensuite la liste des manuscrits nous ayant
conservé le livre I (p. 33-34) et fait un rapide inventaire des archives Leroy. Deux
tables commodes donnent la correspondance entre les catéchèses publiées par
Cozza-Luzi et celles du présent volume (p. 35-37), tables à rapprocher des pages
117-120 qui font de même, pour le livre II, entre l'édition Papadopoulos-Kérameus,
sa réimpression récente16, et l'édition partielle de Cozza-Luzi17. Surtout, la tr
aductrice a eu l'excellente initiative de publier la version originale française,
obtenue de l'abbaye d'En Calcat, d'une monographie importante de Leroy parue
en 1969, Studitisches Mönchtum. Spiritualität und Lebensform^, bien connue
dans le monde germanique, mais peu distribuée ailleurs (p. 39-116). Privée de sa
préface originale, le lecteur ne saura pas que cette étude avait pour but non pas
d'accompagner des catéchèses, mais la traduction allemande en vers métriques
par Franz Schwarz des vingt-neuf premières épigrammes de Théodore. Comblant
pour partie une lacune en français, F. de Montleau a respecté la logique de
l'ouvrage allemand en donnant à son tour sa version des vingt-neuf poèmes19
(p. 569-599). Notons seulement que le résultat, heureux, demeure très proche du
texte grec, une précision qui corrige la souplesse de style et les déviations de sens
de celui qui à ce jour avait le plus traduit les épigrammes en français, l'abbé Eugène
Marin20. Vient ensuite une bibliographie abondante sur Théodore (p. 123-132).

16. L'édition de Papadopoulos-Kérameus, aujourd'hui rare, a été réimprimée avec quelques


imperfections à Thessalonique en 1987 aux éditions Ορθόδοξος Κυψέλη.
17. R. Cholij, Theodore the Stoudite, a publié une table identique pour le livre I (p. 71), mais a
ajouté (p. 72) une autre liste bien utile, concernant le livre III et les catéchèses dite extravagantes par
Leroy, entre la traduction russe de 1907 (citée note 15) et l'édition de Cozza-Luzi. Sur le difficile
dossier du livre III, qui « se présente d'une façon quelque peu suspecte », celui des extravagantes et
autres « catéchèses isolées », on devra lire les mises au point de J. Leroy dans Études, notamment
p. 81-84, 85 (ici cité), 100 et 328-331, et on verra dans l'attente Studitisches Mönchtum, p. 18 n. 20.
Il n'y a pas à ce jour de numérotation définitive pour les sermons du livre III : nous utiliserons celle
de Cozza-Luzi entre crochets.
18. Cité note 3 (désormais pour la version française = Monachisme).
19. Traduction fondée sur l'édition de P. Speck, Jamben auf verschiedene Gegenstände (Supple-
menta Byzantina 1), Berlin 1968.
20. Marin a traduit les épigrammes 4, 10, 14, 17, 26, 34, 35 et 61 dans Saint Théodore, Paris, 1906,
resp. p. 65, 48-49, 49, 158, 49-50, 158, 158 et 157.
LE STOUDITE, LE BÉNÉDICTIN ET LES GRANDES CATÉCHÈSES 219

Cette bibliographie est inégalement utilisée dans le corps de l'ouvrage. Par exemple, la
légende (p. 6) de la reproduction en quatrième de couverture de la célèbre miniature du
ménologe de Basile II pour le 11 novembre est fautive, car l'enlumineur n'a pas représenté
« Théodore Stoudite [qui] traverse le Bosphore pour rejoindre le monastère de Stoudios », mais
bien son successeur, l'abbé Naucrace, ramenant les reliques de l'higoumène le 26 janvier 844,
tandis que Théodore est figuré à gauche en prière (voir P. Franchi de' Cavalieri, Un'antica
rappresentazione délia traslazione di S. Teodoro Studita, An. Boll. 32, 1913, p. 230-235 et
D. Mouriki, The Portraits of Theodore Studites in Byzantine Art, JOB 20, 1971, p. 253,
cette dernière citée en bibliographie p. 128). La carte p. 31 semble datée et ne prend pas en
compte les suggestions déjà anciennes de R. Janin, Les églises et les monastères des grands
centres byzantins, II, Paris 1975, par exemple p. 181 pour le monastère de Sakkoudion
(livre cité ici p. 130) ou celles plus récentes de J.-Cl. Cheynet et B. Flusin dans Du
monastère Ta Kathara à Thessalonique : Théodore Stoudite sur la route de l'exil, REB 48,
1990, p. 193-211, par exemple p. 203 pour celui de Kathara (article cité ici p. 127). Il est
enfin singulièrement regrettable que, face aux moines que nous voyons surgir page après
page (certains connus, d'autres non), les prosopographies récentes n'aient pas été utilisées21,
elles qui ont déjà effectué Γ« étude prosopographique approfondie, se basant sur les autre
livres des catéchèses et sur la correspondance de Théodore » que F. de Montleau appelle de
ses vœux (p. 422 n. 35).

La seconde partie du volume contient les catéchèses elles-mêmes. Leur


présentation se caractérise par une grande clarté : les sermons de Théodore ont
reçu une numérotation en versets correspondant le plus souvent à des phrases
(mais dans la GC I 1, les versets 3 et 4 ne sont pas indiqués), ce qui permettra à
l'avenir de citer commodément ces textes22. Il faut surtout rendre hommage à l'an
notation, qui inclut de nombreuses notes inédites de Leroy, et qui se concentre sur
la spiritualité de Théodore - attention parfaitement justifiée par la nature de la
source et par la collection qui l'accueille. Leroy, pour l'influence basilienne, avait
déjà fait la plupart des repérages23. La traductrice va ici beaucoup plus avant : le
travail effectué contribuera à éclairer en profondeur la culture comme l'œuvre
religieuse de l'higoumène.

Il est inutile, sans l'édition du texte grec, de discuter en détail de chacun des renvois.
Notons un oubli : en GC I 5.22, le passage « Quelques os, n'est-ce pas, comme le dit le
divin Basile, tout ce que nous laisserons de notre réalité matérielle », est une citation de
L'homélie sur le mot 'Observe-toi toi-même'24. Au-delà de la sphère religieuse, on peut

21. Prosopographie der mittelbyzantinischen Zeit, éd. F. Winkelmann, R.-J. Lilie et al., Berlin
1998-2002, 7 t. (= PmbZ) et Prosopography of the Byzantine Empire I (641-867), éd. J. R. Marttndale,
CD Rom, Londres 2001 (= PBE I).
22. C'est ce système que nous utilisons ici, y compris pour nous référer au texte grec de Leroy sur
lequel cette numérotation a été reportée par F. de Montleau.
23. J. Leroy, L'influence de saint Basile sur la réforme studite d'après les Catéchèses, Irénikon
52, 1979, p. 491-506.
24. Rapprocher le texte basilien édité par S. Y. Rudberg, Stockholm-Göteborg-Uppsala 1962,
p. 321617 et celui de la catéchèse : ΟΰχΙ έν ολίγοις όστέοις, ώς ό θείος και μέγας Βασίλειος λέγει,
την ύπόστασιν ημών καταλειψόμεθα ;
220 OLIVIER DELOUIS

faire concernant la culture de Théodore les remarques suivantes. En GC I 84.8, l'higou-


mène écrit : « En tout cas, même parmi les auteurs profanes [...], il s'en trouve un pour
dire : 'J'appelle sage celui qui a atteint une vie sans taches et sans souillure, même s'il n'en
tend rien aux lettres, ni aux choses de l'esprit' » 25. Il s'agit certes d'une citation des Lois
de Platon, que l'on aurait pu mentionner (Lois 689 d.2-3), mais l'expression est depuis
longtemps un proverbe convenu, dont la connaissance ne suppose évidemment pas d'avoir
lu le philosophe dans le texte26. Aussi, quand la traductrice renvoie cette fois à Xénophon
et Platon en GC 1 22.15 pour l'expression « Nous versons de l'eau dans un tonneau percé »,
il faut davantage penser au parler populaire27. En GC I 18.16, Théodore approuve l'ap
ophtegme suivant : « C'est un proverbe aussi chez ceux du dehors que Tinsatiabilité des
désirs constitue la pauvreté la plus grande qui soit' », Λόγος γαρ έστι και των εξω ώς
μεγίστη ένδεια ή ορέξεων απληστία. Inconnue cette fois des répertoires de proverbes et
non relevée par la traductrice, l'expression, plutôt rare, n'est présente que chez le
philosophe David dit l'Invincible ou l'Arménien, commentateur d'Aristote au 6e siècle, où
elle est caractérisée comme un proverbe stoïcien28.

Les index forment la troisième partie du volume. L'index scripturaire et celui


des auteurs anciens sont soignés (p. 604-622), mais l'éditeur nous avertit qu'un
index thématique complet sera publié plus tard. Ce dernier est très nécessaire, car
l'index analytique des notions ou thèmes comme celui des diaconies des
monastères ne renvoient qu'aux pages où ces mots font l'objet d'une note.

La diaconie de l'économe ne bénéficie par exemple d'aucun renvoi, alors qu'on la


rencontre constamment dans la traduction. Le lecteur qui serait curieux, disons, de l'usage
des moulins aux monastères de Sakkoudion et de Stoudios ne sera dirigé, via les notes, que
vers GC 1 13.32-37 et 47.40-44, tandis que les meuniers sont aussi cités en 49.36 et 57.41.
On peut bien sûr, comme il est fait, s'appuyer sur l'étude liminaire de Leroy, mais on n'y
trouvera que les passages utilisés par l'auteur pour ses démonstrations, donc des références
parfois incomplètes, reposant sur des traductions différentes, et qui ne comprennent pas
l'indication des versets.

25. GC I 84.8 : κου, γοΰν τις και των εξω [...] εκείνον γάρ, φησί, σοφόν καλώ τόν βίον άρυπον
[lege αρρυπον ?] και άκηλίδωτον κεκτημένον, καν μήτε γράμματα μήτε νοείν έπίσταται.
26. Voir Ε. L. von Leutsch et F. W. Schneidewin, Corpus paroemiographorum graecorum,
Göttingen 1839-1851, 1 : D. VI 56 ; II : D. III 18 et Ap. XI 53.
27. GC I 22.15 : εις πίθον τετρημένον, το δη λεγόμενον, άντλοΰμεν. Cf. Corpus paroemio
graphorum graecorum, I : Ζ. II 62627, Plut. Boiss. 4 ; II : Μ. Ill 57 et Αρ. VI. 79.
28. Proverbe ainsi conservé : και γαρ κατά τους Στωικούς μεγίστη ενδειά έστιν ή των ορέξεων
απληστία dans Α. Busse, Davidis prolegomena et in Porphyrii Isagogen commentarium
(Commentaria in Aristotelem Graeca 18-2), Berlin 1904, p. 172728, répété p. 3631. David n'a pas été
pris en compte par H. von Arnim dans son édition des Stoicorum veterum fragmenta, Stuttgart 1905
[réimp. 1963]. Même idée et formulation proche dans le fragment présocratique suivant : μέζονες γαρ
ορέξεις μέζονας ένδειας ποιεΰσιν : Η. Diels et W. Kranz, Die Fragmente der Vorsokratiker, Zurich
1951-19526, Π, ρ. 189"
LE STOUDITE, LE BÉNÉDICTIN ET LES GRANDES CATÉCHÈSES 221

Plutôt que de vérifier page à page une traduction, disons-le dès maintenant,
généralement sûre, souvent élégante et parfois astucieuse, donnons quelques
remarques ponctuelles nées de la consultation de ces catéchèses, qui s'avère enthou
siasmante29. On y voit en effet Théodore, en particulier au début du recueil,
multiplier les voyages à Constantinople depuis le monastère de Sakkoudion (dont
l'histoire sera désormais mieux connue30), faire part des difficultés qu'il éprouve
pour mener à bien son projet, dont on devine qu'il tient à l'installation au presti
gieux monastère de Stoudios ; on rencontre encore notre abbé au patriarcat, puis au
palais, où le luxe déployé en plein carême le choque (67.1-4), tandis qu'auparavant
il a refusé d'aller rendre les honneurs à l'Empire, ce qui lui vaut les reproches du
pouvoir (58.7-14). On trouve dans ces textes, tout comme dans le livre II, des listes
de diaconies, ou emplois monastiques, proprement spectaculaires31, comptant
jusqu'à plus d'une trentaine de métiers (comme en 35.12-22 et 57.8-50), dont cer
tains définis avec un luxe de détails jusque-là inconnu. Il faudra lire la description
poignante et clinique du corps décomposé d'Euthyme, le jeune frère de Théodore
dont la biographie s'éclaire, échoué non loin de Cyzique, après un naufrage qui fit
disparaître dix moines (54.5-22) ; lire également le portrait du dandy de la capitale,
qui « arpentait les alentours du palais », « ne supportant pas sur ses chaussures la
moindre trace de boue », confronté au sein du monastère au bûcheron descendu
des « pentes escarpées » et qui jusque-là « frappait à pleins bras pins et chênes »
(50.27-36) ; voir comment, lorsqu'un consul qui « est célibataire et possède une
belle fortune » se présente au monastère, rare aubaine, il est immédiatement reçu
par Théodore, en deux jours seulement, comme πρωτοσχηματάριος et μοναχός
τέλειος, et cela même en l'absence des supérieurs du monastère, car, se justifie
l'abbé, « le renoncement n'est pas égal pour tous » (44.30-37). On sourira sûrement
de ses savoureuses attaques contre les extravagants ermites (42.10-15 ; 47.17-19 ;
79.15-17 ; 81.18-24), proprement inutiles d'après l'higoumène, quoique encore
bien vivants de son temps et disposant d'un pouvoir de fascination qui semble
intact. On s'étonnera enfin des conseils qui touchent aux plus infimes détails
pratiques : comment le cuisinier, « le visage noirci par la fumée, les vêtements
sales, tout le corps couvert de suie, suant et échauffé par [son] combat pour être
prêt à l'heure », doit faire fondre les oignons, nettoyer les ustensiles de cuisine
(5.32-37) ; comment le moine sortant de l'office peut vaincre les tentations par une
position de sommeil appropriée (14.21-23) ; comment chacun doit lutter contre
l'intolérable gaspillage, même minime, de légumes, de fruits, de tissu, d'huile
ou de vin (63.22-34) ; comment encore la distraction est interdite, même dans la
satisfaction des besoins les plus naturels (48.25-28) - la sexualité occupant
d'ailleurs dans ce livre une place envahissante. Bref, l'ensemble constitue une
source concrète, vivante et riche. Contrairement aux Petites Catéchèses dont le

29. N'ayant pu inclure le commentaire détaillé d'une source aussi substantielle dans le cadre
imposé de ces quelques pages, nous réservons sa publication pour un autre lieu.
30. Ce monastère reste à localiser avec assurance. Voir R. Janin, Les églises et les monastères des
grands centres byzantins, p. 177-181 et V. Ruggieri, Byzantine Religious Architecture (582-867): Its
History and Structural Elements (OCA 237), Rome 1991, p. 225-226.
31. Voir les GC I, 2, 11, 13, 16, 21, 28, 33, 35, 36, 41, 47, 49, 57.
222 OLIVIER DELOUIS

succès immense s'explique en partie par leur abstraction de tout détail sur le con
texte où elles furent produites, le livre I des Grandes Catéchèses, si peu diffusé
pour l'exacte raison inverse, nous conduit, bonheur de l'historien, en plein cœur
du quotidien de ces moines de l'an 80032.

Commençons par un aspect textuel et peut-être marginal, celui des titres des
sermons. Pour Leroy, ceux des Grandes et Petites Catéchèses ne pouvaient
remonter à Théodore. Selon un scénario qu'il a plusieurs fois défendu, parfait
ement valable dans ses grandes lignes, « peu de temps après la mort de Théodore,
une dizaine d'années tout au plus, le volumineux dossier des catéchèses a été
classé, divisé en deux groupes, et édité sous les noms de livre des petites catéchèses,
et livre des grandes catéchèses ». Puis, l'éditeur médiéval aurait ajouté un titre à ces
pièces, selon une « solution facile », un « procédé un peu simpliste » : « former le
titre de quelques mots de la catéchèse qui paraissent particulièrement import
ants»33. Nous pouvons aisément vérifier que cette technique est aussi celle du
livre I34, et il faut sur ce point corriger l'opinion de Georgios Fatouros, qui a cru
pouvoir inclure parmi les œuvres de Théodore « plus de cent titres des Grandes
Catéchèses écrites en trimètres iambiques »35. Cette fantaisie n'est bel et bien
attribuable qu'à l'innovation du moine Arsène, du monastère Saint-Jean-Baptiste
de Pétra à Constantinople, qui signe le Paris, gr. 891 en 1136, soit plus d'un siècle
après le Patmiacus 11136.
Leroy a toutefois passé sous silence un argument troublant. En effet, les titres
des GC I 27, 44 et 70 mentionnent respectivement les noms du frère Théososte,
de l'ancien consul Pierre et de l'économe Arsène37. Or ces noms n'apparaissent à
aucun moment dans le corps des catéchèses respectives, comme si Théodore évo
quait devant sa communauté des événements connus de tous qui n'exigeaient

32. Leroy écrivait ainsi : « Sur les 199 manuscrits des catéchèses de Théodore dont j'ai pu con
naître le contenu avec précision, seuls 37 contiennent des catéchèses qui n'appartiennent pas au seul
recueil des Petites Catéchèses », Études, p. 66.
33. J. Leroy, Petites Catéchèses, p. 343. Même opinion dans Études, p. 34-35. Voir déjà
I. Hausherr, Saint Théodore Studite. L'homme et l'ascète (d'après ses catéchèses) (OCA 6), Rome
1926, p. 82.
34. Deux exemples parmi d'autres : le titre de GC I 31, Περί βίου όρθρου, και δτν ήτοίμασταν
στέφανος ουράνιος τοις δια Θεόν πάντα έγκρατευομένοις reprend les mots de 31.10, στέφανος
ουράνιος ήτοίμασται ό του μαρτυρίου ήμίν ; celui de GC I 36, Περί των νοσοΰντων, ότι δει
ύπομένειν έν τοις διδομένοις, και πολύς ό μισθός emprunte à 36.14 : 'Επί δε τους άσθενοΰντας ό
λόγος. Δεδήλωταί μοι ώς ούκ ευχαρίστως δέχεσθε τα διδόμενα.
35. Ερ., ρ. 35*. Il faut ici relire GC II, p. λθ '-μ '.
36. Voir par exemple le passage de Περί του μη μεγαλΰνειν άλλον βίον πλείον των κοινο-
βιακώς διαβιοΰντων (GC I 42.T) à Κρείττω μοναχών μηδέα λέγειν βίον (CL, IX-2, 16, ρ. 43), ou
encore celui de Περί της κεκαθαρμένης ψυχής, δτι γνωστώς γνωρίζει τα αποκυήματα τής αμαρτίας
(GC Ι 39.Τ) à Ψυχή καθαρά γνώριμα τα πταιστέα (CL, ΙΧ-2, 52, ρ. 143). Voir encore J. Leroy,
Études, p. 35. Sur le manuscrit et son scribe, cf. E. Gamillscheg et D. Harlfinger, Repertorium der
griechischen Kopisten 800 - 1600, 2A, Vienne 1989, 40, p. 39.
37. Respectivement : Περί του μη έρωτάν τινας τους εξερχόμενους έκ τής φυλακής το τί και
πώς, και περί τής αναφανδόν έξαγγέλσεως του άδελφοΰ Θεοσώστου. Περί του καθηλώσθαι τω
φόβω τοΰ Κυρίου τους προσερχόμενους και περί τής άποταγής του άδελφοΰ Πέτρου. Περί τοΰ
οικονόμου 'Αρσένιου, όπως δει έπιτιμαν συμπαθητικώς, και τοΰ ΰπομένειν τους έπιτιμωμένους.
LE STOUDITE, LE BÉNÉDICTIN ET LES GRANDES CATÉCHÈSES 223

aucune précision de détail. Dès lors, comment supposer qu'après la mort de


l'abbé, le compilateur de ces textes ait retrouvé de lui-même et de mémoire le nom
de personnages que Théodore avait évoqués, sans les nommer, près de trente ans
auparavant ? Quand bien même ce compilateur eût été un compagnon de l'higou-
mène, est-il vraisemblable qu'il se soit souvenu de ces trois noms, confronté à
l'immense masse de documents qu'il eut alors à classer ? Le procédé peut être
jugé, à juste titre, « simpliste », mais ce n'est pas pour cette raison qu'il faut en
contester la paternité à Théodore, voire à un collaborateur de son vivant ; Théodore
prononçait des dizaines de catéchèses par an38. La qualité littéraire des titres n'était
peut-être pas sa première préoccupation.

F. de Montleau a choisi de pas rendre le tour prépositionnel περί suivi du génitif (« au


sujet de », « sur ») utilisé dans chacun d'entre-eux pour ne retenir que le substantif qui suit,
rétabli au nominatif. Si le sens n'est jamais vraiment trahi, c'est plutôt la démarche paréné-
tique de l'auteur qui s'en trouve modifiée, passant, par l'asyndète pratiquée, de l'invitation
à l'ordre. Ainsi Περί του πώς δει εύαρεστειν τω Κυρίω (GC I 1.T) n'est pas exactement
« II faut plaire au Seigneur », mais davantage « Sur la façon dont il convient de plaire au
Seigneur ». Le titre de GC I 84, Περί του έν ειρήνη και όμονοία διάγειν την αδελφότητα,
devenu « La fraternité doit vivre dans la paix et la concorde », est plus proche de « Sur la
conduite de la fraternité dans la paix et la concorde ». Il manque un mot dans la traduction
de Περί των παγίδων του διαβόλου, άναγγελτική πώς δει παρέλθει ν αύτάς (GC 1 68.T),
« Les pièges du diable ; comment il faut les éviter », où l'on corrige « catéchèse indiquant
la façon dont on doit les éviter », la substantivation de l'adjectif (ou l'ellipse, c'est selon,
du mot κατήχησις ou επιστολή) pour désigner un sermon ou une lettre étant fréquente
dans les œuvres de Théodore39. Le même procédé se trouve en GC I 35, Προτρεπτική οτι
κόρος ακόρεστος καΐ άπόλαυσις αιωνία τών αθεώρητων αγαθών, traduit par
« Rassasiement insatiable et jouissance éternelle des biens invisibles, voilà notre protrep-
tique ». La traductrice évoque là la technique rhétorique du discours antique (p. 207 n. 4 et
GC 1 13.4 où la traduction « invitation » est correcte), tandis qu'il suffit de lire : « Catéchèse
d'encouragement, que des biens invisibles la satiété est insatiable et la jouissance sans fin »,
ce dernier sens étant bien attesté à l'époque médio-byzantine40. Le souci de lisibilité peut
engendrer une modification globale de la structure du titre. Περί του ήνώσθαι τους
αδελφούς πνευματικώς ως εν σώμα, καν είς πολλά μέλη διαιρούνται (GC 1 3. Τ) devient
ainsi « L'unité spirituelle des frères : ils forment un seul corps bien qu'ils soient séparés en
plusieurs membres », alors que nous comprenons : « Que les frères soient unis spiritue
llementcomme un corps unique, etc. » On aurait pu enfin harmoniser le vocabulaire. En GC

38. J. Leroy, Études, p. 11 : « Tout compte fait, on peut estimer que Théodore s'adressa à ses
moines au moins 1500 fois dans la catéchèse du matin ».
39. Voir les textes qualifiés en titre de κατηχητική (Ερ. 381, 382, 433, 457, 480, 483, 488, 503) ;
παραινετική/ός (Ερ. 397 ; GC I 30 ; GC II 52, 55, 64, 92, 93, 99, 100, 101) ; προτρεπτική (GC I 35) ;
επαινετική (GC II 93) ; κατανυκτική (GC II 95) ; ou même ιστορική (PC 63).
40. Par exemple chez Théodore de Cyzique : την προτρεπτικήν έκείνην και ενθουσιασμού
πεπληρωμένην έπιστολήν, dans J. Darrouzès, Epistoliers byzantins du Xe siècle (AOC 6), Paris
1960, Lettre 25, p. 33734 et plus tard chez Michel Psellos, qui en donne, à propos d'un psaume, le
synonyme exact : έτερος δε προτρεπτικός, ως προτροπήν σημαίνων, dans L. G. Westerink, Poemata,
Stuttgart-Leipzig 1992, 53, p. 305?5.
224 OLIVIER DELOUIS

1 19.T, τα πειρατήρια του διαβόλου est traduit par « les tentations du diable », tandis que
la même expression en GC 1 62.T est plus justement rendue par « les pirateries du diable ».
De même, της πανωλεθρίου παρρησίας (GC 1 2.T et 48.T) est traduite en premier lieu par
« la très pernicieuse familiarité », en second par « très funeste ».

En franchissant les portes de l'abbaye de Sakkoudion, portons maintenant notre


attention sur la famille fondatrice et sur Platon, en premier lieu, dont l'importance
durant les premières années de Fhigouménat de son neveu est confirmée41 - un
oncle dont Théodore ne cesse d'invoquer l'autorité pour valider ses décisions en
l'appelant, c'est là une habitude, « mon père » ou « mon père, qui est aussi le
vôtre »42.

Même s'il apparaît seulement sous ce nom de « père », il est très regrettable que Platon
soit absent de l'index des noms propres. On verra donc pour l'oncle de Théodore : GC I
1.3 ; 4.3 ; 6.26 ; 9.27 ; 11.3 ; 16.36 ; 23.11 ; 25.6 ; 35.22 ; 38.12 ; 44.28 ; 45.24 ; 48.7 et
23 ; 55.44 ; 57.1 et 11 ; 57.27 ; 59.22 et 23 ; 60.6, 32 et 40 ; 61.3 ; 74.9 ; 76.2 ; 79.11. La
confusion avec Dieu le Père n'est pas à craindre, Théodore faisant toujours lui-même une
distinction claire, comme dans ces deux exemples : « Béni soit Dieu qui n'a pas repoussé la
prière de notre père », εύλογητός δε ό Θεός ος ουκ άπέστησε την προσευχήν του πατρός
ημών (23.11) ; « la grâce du Seigneur, avec la prière de notre père, vous gardera exempts
de tout dommage », ή χάρις του Κυρίου, μετά της ευχής του πατρός ημών, etc. (55.44).

Sur Joseph, futur archevêque de Thessalonique, que les sources postérieures à


806-807 ne nomment plus que par le titre qu'il revêt à cette date, nous trouvons
dans les catéchèses du livre I qui sont toutes antérieures les trois informations
suivantes : Joseph était semble-t-il plus âgé que Théodore, il était déjà prêtre
lorsque furent prononcées les Grandes Catéchèses et il avait le titre d'économe -
il fut donc le second de Théodore -, une charge qu'il exerça peut-être à la fois aux
monastères de Sakkoudion et de Stoudios. Les preuves s'en trouvent dans les
catéchèses 45, 57 et 58 : autant d'informations qui, en l'absence de toute Vie de
Joseph, permettront de compléter quelque peu sa biographie et de mieux apprécier
son rôle, mais dont la nouveauté semble avoir échappé à la traductrice43.

41. Sur Platon : Pmbz 6285 ; PBE I Platon 1 ; T. Pratsch, Theodoros Studites, p. 47-48 et p. 71 sqq.
42. Repérage des références à Platon dans les GC II par I. Hausherr, Saint Théodore Studite,
p. 77-78. On ne peut plus suivre cet auteur quand il croit lire dans le livre I « une absence d'allusion
à Platon », p. 85-86.
43. Econome et prêtre : GC 1 45, 57 et 58. L'indication d'âge (mais il faut se méfier des protestations
d'humilité de Théodore) pourrait être tirée de GC 1 45.26 : τοΰ πρεσβυτέρου [ici Joseph] του σαρκικώς
και πνευματικός κυριωτέρου μου. C'est J. Pargoire, Saint Joseph de Thessalonique, EO 9, 1906,
p. 278-282 et 361-356, ici p. 278, qui avait fixé la naissance de Joseph en 761/2, suivi par l'histori
ographiepostérieure (bibliographie dans PmbZ 3448). Toutefois, à partir de la seule Correspondance, la
notice de PBE I (Ioseph 2) contient une remarque allant dans notre sens : « He [Joseph] was apparently
older than Theodoros 15 : cf. e. g. Theod. Stud., Ep. 37[5] (Theodoros addressed him as άδελφοπάτορ),
Ep. 43[2] (he is styled της αδελφικής και πατρικής σου αγιοσύνης) ».
LE STOUDITE, LE BÉNÉDICTIN ET LES GRANDES CATÉCHÈSES 225

Une chose est sûre, Théodore est pris d'enthousiasme à partir du moment où il
prend de nouvelles responsabilités dans la Ville, constatant le succès rapide de son
œuvre et l'augmentation de son troupeau. La joie de son succès est perceptible
dans plusieurs passages et notamment dans les lignes suivantes, qu'il faut toute
foiscorriger :

« Et, véritable cité de Dieu, élevés et placés en haut de la montagne de la vertu, vous
vous êtes exposés à tous les regards dans la ville impériale, on parle de votre divine
manière de vivre et les hommes pieux tiennent en honneur votre saint nom, et cela
jusqu'au patriarche et [au pouvoir impérial même] » 44.

La traductrice, influencée par le contexte historique, donne en effet : « jusqu'à l'impérat


rice elle-même », une note de bas de page (p. 258 n. 4) renvoyant même à Irène : le passage
serait évidemment décisif pour les relations Théodore-Irène, mais nous restons très réticent
à cette lecture. Της βασιλείας est-il le génitif de ή βασίλεια, féminin de βασιλεύς, mot
rarissime à Byzance (et déjà rare dans la langue classique45), ou le génitif du très commun
ή βασιλεία (« royauté ») ? Chez Théodore en particulier, le premier sens n'est pas attesté
ailleurs46. L'erreur est plus franche dans la traduction de la catéchèse 58, où Théodore ne
demande pas à Joseph d'aller lire au palais une lettre « adressée à l'impératrice », mais bien
« à l'autorité impériale ». On lit en effet, par deux fois, ομοίως και τα προς την βασιλείαν
έχει et έπανάγνωσον δε και αυτά τα γράμματα τα προς την βασιλείαν (GC Ι 58.13 et
14), et non un hypothétique την βασιλείαν47. Quelques lignes plus haut, le même mot dans
la phrase ει πας ηγούμενος πάντως προσόψεται κα\ τη βασιλεία (58.7) est traduit par « tout
higoumène n'aura d'yeux que pour la cour », ce qui est plus juste, tandis que le pluriel, τα
βασίλεια, « palais impérial », est bien compris (58.8). Pour nommer l'impératrice d'après la
même racine, on verra les lettres 7 et 514 de Théodore à Ειρήνη βασιλίσση et Μαρία
βασιλίσση. Pour être conséquent, il aurait fallu examiner encore la possibilité du rap
prochement entre la lettre 7 de la Correspondance à Irène et la lettre mentionnée en GC 158.

Le livre I peut-il enfin être daté ? Par précaution, donnons la conclusion à


laquelle Leroy était parvenu après tant d'années de recherche : « II va de soi que
les données chronologiques qu'on peut glaner ici et là ne peuvent assurer que les
pièces aient été classées selon un ordre rigoureux »48. La datation du livre des

44. GC I 24.7 : Και ώς αληθώς πόλις του Θεοΰ επάνω του της αρετής ορούς άναβιβαζόμενοι
και άνακείμενοι εμφανείς γεγόνατε έν τή βασιλευοΰστ) πόλει, και περιλαλείται υμών το θεοπο-
λίτευτον και δια τιμής άγουσι το ιερόν υμών όνομα οι εύσεβοΰντες μέχρι και του άρχιερέως και
αυτής της βασιλείας. Même satisfaction de voir ses moines être un exemple pour le monde et pour
les autres moines de la ville impériale en GC III [65], CL IX-2, p. 181-182.
45. Voir ainsi l'entrée βασίλεια dans le Liddell-Scott.
46. J. Leroy, Réforme, p. 204, parle par erreur de la Basilissa (tout en renvoyant à l'édition de CL
IX-2, 74, p. 208, qui porte, tout comme le Patmiacus 111, της βασιλείας) ; une erreur corrigée dans
Études : « Théodore dit que ses moines sont connus dans la ville impériale, et qu'ils sont estimés du
Patriarcat et du pouvoir », p. 89.
47. Le microfilm du Patmiacus 1 1 1 de l'IRHT, que nous avons utilisé ici pour vérifier le texte grec,
confirme la première occurrence, mais est illisible pour les deux suivantes. Je fais donc confiance à l'a
ccentuation de Leroy, qui eut l'occasion à plusieurs reprises de travailler sur le manuscrit même à Patmos.
48. Études, p. 100.
226 OLIVIER DELOUIS

Petites Catéchèses a été établie avec assurance par Charles Van de Vorst, et
Leroy l'a acceptée avec des corrections de détail : il s'agit des dernières années de
la vie de Théodore, entre 821 et 82649. Les trois livres des Grandes Catéchèses
font quant à eux constamment mention de Platon et datent donc d'avant sa mort,
en avril 814. C'était la conclusion d'Irénée Hausherr pour le livre II, plus tard
confortée par Leroy pour l'ensemble des Grandes Catéchèses50. Les premières
bornes de la datation des Grandes Catéchèses seraient donc 794 - date d'acces
sion de Théodore à l'higouménat - et 814. Enfin, même s'il a varié sur le sujet51,
Leroy considérait en dernier lieu comme établi que la tradition manuscrite avait
conservé les entités des livres I, II et III dans un ordre chronologique. En leur sein,
les sermons auraient été classés selon la même logique52, et l'impression du
lecteur ne permet pas a priori de contester cette position.

Malheureusement, la chronologie des catéchèses présentée par F. de Montleau p. 26 ne


repose que sur une note manuscrite de Leroy qui n'est pas datée et ne correspond pas à la
position que le bénédictin adoptait dans l'ouvrage qu'il rédigeait juste avant sa mort ou
même dans ses articles précédents. Impossible d'admettre, d'après ce qui précède, que
Leroy ait daté les Petites Catéchèses des années 815-820 comme imprimé. Quant aux dates
données (GC I, 797-803 ; GC II, 804-808 et GC III, 811-813), elles correspondent à celles
proposées par Hausherr53, mais nous n'avons pas vu Leroy les justifier. Il s'agit là d'une
hypothèse selon laquelle les catéchèses datent des périodes de tranquillité que Théodore a
connues, soit dans les monastères de Sakkoudion et de Stoudios avant la mort de Platon
(quinze années environ au total, fin 797-janvier 809 et 811-avril 814, mais alors quelle
explication à la rupture entre les GC I et II ?), soit dans le monastère de Krèskentios à la
fin de sa vie (821-826)54.
Les éléments chronologiques donnés par la traductrice elle-même sont d'ailleurs à
prendre avec précaution. La mention de l'iconoclasme en commentaire de GC I 78.19
(p. 530 n. 21) où Théodore se plaint du « nombre de ceux qui s'opposent à la vérité » est
au mieux une coquille étant donné le contexte, et Théodore pense probablement à l'affaire
mœchienne. Autre exemple : la catéchèse 87 mentionne une incursion arabe, datée par la
traductrice de 802 (p. 563 n. 1) sans véritable discussion. Géographiquement, on ne peut
écarter l'hypothèse du raid de 798/799 sur Malagina, durant lequel les écuries impériales

49. C. Van de Vorst, La Petite Catéchèse de S. Théodore Stoudite, An. Boll. 33, 1914, p. 31-51
(= La Petite Catéchèse) ; J. Leroy, Nouveau témoin, p. 74 n. 1 ; Petites Catéchèses, p. 353.
50. 1. Hausherr, Saint Théodore Studite, p. 76-86 ; J. Leroy, Études, p. 86.
5 1 . Comparer Studitisches Mô'nchtum, p. 1 8 n. 20 = Monachisme, p. 46 n. 20 (« il semble que le livre
III contient des pièces qui sont antérieures à celles des deux autres ») et Études, p. 100 (« La Cat. III. 36
invite à considérer que les pièces de ce livre sont postérieures à celles des deux livres précédents »).
52. J. Leroy, Études, p. 34 : « Puisque les Lettres sont présentées selon un certain ordre chrono
logique, on peut espérer que les livres des Grandes Catéchèses le seront aussi ». On sait pourtant que
le livre II présente une anomalie de structure : il inclut un volumineux dossier de sermons adressés
uniquement aux monastères de la « fédération », hors Stoudios, placé entre les GC II 51 et 75. Pour
Leroy (Études, p. 100), ces textes sont contemporains des autres catéchèses du même livre.
53. 1. Hausherr, Saint Théodore Studite, p. 78.
54. J. Leroy, Études, p. 34 : « On peut espérer retrouver dans les trois livres des « Grandes
Catéchèses » - dans la mesure où l'on réussira à les reconstituer - les catéchèses qui datent des trois
périodes de paix et donc de vie monastique régulière ».
LE STOUDITE, LE BÉNÉDICTIN ET LES GRANDES CATÉCHÈSES 227

furent pillées55. Les années 803-804 sont tout aussi envisageables, même si les sources
grecques (Théophane mentionne en 804 une terrible défaite de Nicéphore en Phrygie) et
arabes ne correspondent pas toujours56. Nous démontrerons ailleurs que les Catéchèses du
livre I, si elles connaissent ponctuellement des séquences ordonnées, comme celles de deux
cycles pascals qui couvrent GC I 46-55 et 66-71, n'ont pas en fait été transmises dans un
ordre chronologique strict. Elles débutent assez clairement après le mois d'août 797, mais
leur terme n'est pas assuré : pour le déterminer, il faut reprendre la question de la datation
des premières catéchèses du livre II.

* * *

Le livre de Théodore refermé, il reste à reconnaître la taille des difficultés


auxquelles J. Leroy s'est heurté, mais aussi le courage de F. de Montleau d'avoir
passé outre et mené ce projet à bien. Pour qui voudrait connaître le monachisme
byzantin de l'intérieur, il faut dire sans exagération que l'ouvrage qu'elle nous
donne - et dont nous n'avons pas plus entamé la richesse que suffisamment
souligné les qualités - est désormais indispensable. Évidemment, les nombreuses
zones d'ombre font plus que jamais sentir la nécessité de la publication du texte
grec, que l'on ne peut que souhaiter, mais il serait illusoire de croire que les 261
Grandes Catéchèses préservées57, même parfaitement éditées, pourront permettre
de reconstruire un journal de bord plus précis et mieux daté des monastères de
Théodore. Peu importe d'ailleurs : le quotidien stoudite était répétitif, et nos
échantillons de vie, même discontinus, semblent significatifs.
C'est, pour finir, notre connaissance de Théodore lui-même, grâce à F. de Montl
eau, qui s'enrichit de quelques traits ; non pas celle de son caractère, toujours
aussi rigide en apparence, mais davantage celle de son projet - diffuser, normaliser,
administrer -, qui repose tout entier sur une problématique très éloignée des
roueries de l'homme politique déguisé en moine que l'historiographie aime
parfois caricaturer - un portrait-charge à la Daumier hautement facilité par la
médiocrité du Théodore politicien. De ce questionnement du Stoudite, radical et
profond, on empruntera à Patrick Henry la belle formulation : « Was the empire
the outpost of heaven in the world, or was the monastery the outpost of heaven in
the empire? »58. Cette dialectique et la variété des réponses que Théodore a pu
imaginer pour y répondre suffiraient à mieux saisir nombre de ses postures que,

55. E. W. Brooks, Byzantines and Arabs in the Time of the Early Abbasids, English Historical
Review 15, 1900, p. 728-747, ici p. 741-742 ; R.-J. Lilie, Die byzantinische Reaktion auf die
Ausbreitung der Araber. Studien zur Strukturwandlung des byzantinischen Staates im 7. und 8. Jhd.
(MBM 22), Munich 1976, p. 177-178 ; P. E. NiAVis, The Reign of the Byzantine Emperor Nicephorus I
(AD 802-811) (Historical Monographs 3), Athènes 1987, p. 191-192 ; C. Foss, Byzantine Malagina and
the Lower Sangarius, Anatolian Studies 40, 1990, p. 161-183 (repris dans Id., Cities, Fortresses and
Villages of Byzantine Asia Minor, Londres 1996, VII), ici p. 161-163.
56. Sources et analyse dans M. Canard, La prise d'Héraclée et les relations entre Harun ar-Rashid
et l'empereur Nicéphore Ier, Byz. 32, 1962, p. 345-379 et P. E. Mavis, op. cit., p. 186-220.
57. C'est du moins le décompte final établi par J. Leroy, Études, p. 349.
58. P. Henry, What was the Iconoclastic Controversy About?, Church History 45, 1976, p. 16-31,
ici p. 29.
228 OLIVIER DELOUIS

privés de Γ arrière-plan qui fut le sien, nous ne savons plus expliquer. Bien avant
l'aventure discutable de la seconde affaire mœchienne, bien avant le rôle mal taillé
de conseiller de Michel Ier et bien avant le basculement dans un second icono-
clasme qui viendra parasiter ses projets tout en lui conférant paradoxalement sa
sainteté, nous voyons comme en creux dans ces Grandes Catéchèses la belle
utopie de Théodore mise en pratique : le monachisme byzantin est réformable, il
poursuit une œuvre de sanctification cénobitique placée au cœur de l'histoire du
salut, il doit passer par la capitale impériale pour que cette autre Jérusalem le
proclame un modèle universel. L'appréciation du décalage entre ce que nous nom
merions volontiers une idéologie monastique et la sanction des faits est un autre
débat.

Olivier Delouis
Université Paris I Panthéon-Sorbonne

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