ETUDES ANNEXES
a
Ir
LA LOI NATURELLE ET L'ECONOMIQUE
Une question de _terminologie
Un _aperqu historique et doctrinal
Liexpression "loi naturelle", telle que nous
eu pliloraph. bo Kéologic ,
Ltentendots, nfa point du‘tout le sens que lui donnent
les "phi logophes de la loi naturelle". Celui-ci, qui
se trouve chez certains économistes depuis le XVIIIe
sigcle, est voisin de ce qu'on appelle "lois de la na-
ture", comme "la loi de la gravitation”. Or ces deux
acceptions sont tellement sesoptions sone Selasnent agpentes l'une de l'autre,
uae”
quiiiteut considénencotils expression fommestaioter
[idle Joeibonend 8 senator ter
Le sens nouveau, dit viypovere économiste
a
suédots, Gunnar Myrdat,'")"4s more akin to the sense
(1) Voir The Times Literary Supplement, 26 mars, 1954,
Front article.in which it 1s used in the natural sciences and less
to notions of normative teleology. This change of
emphasis ia elready apparent in the works of the French
writers who followed the Physiocrats: Garnier (1754~
1621), Canard (+-Ca 1833), and, in particular, J.B. say
(1767-1832). It 18 well kmown that Ricardo (1772-1823)
had studied these authors", (2)
7 euene
Or, sur co mmo sens, Myrdal fait, giy le
vemarque trés pertinente que voici: "The peculiarity of
the doctrine of natural law is rather its attempt to
identify 'is' and ‘ought', the actual and the obligatory,
directly and without lengthy proofs; it simply equates
reason and nature. Notions of the philosophy of natural
law in this latter sense have markedly influenced the
Phystocrats" (2)
Afin de comprendre 1a portée de cect, 11 faut
se rappeler que 1'expression "loi naturelle” a regu,
(2) The Political Blement in the Development of Economic
Theory, traduit, par Paul streoten, de l’original
suédois, publié en Allemagne il y a un quart de sié-
cle, Routledge and Kegan Paul, 1953, p. 6. Cetto
traduction anglaise est précédée dlune préface spé-
cdalement écrite par l'auteur en 1953. 31 y oxprime,
sur la nature de 1'économique, une opinion fort dif-
férente de colle qu'il avait prise pour de l'acquis
il y @ vingt-cing ans. Nous la citons plus loin; la
pagination de cette récente préface est en chiffros
romains+
(3) Op. cit., p. 28.-3-
dans les temps modernes, une imposition trés différente
de celle qui se trouve dans 1'épftre aux Romains et
qu'ont retenue les grands moralistes chrétiens. Pour
‘doe (fie cllakne
saint Thomas, ssentiollementy quelque chose
de la raison pratique.
La loi est une régle dtaction; elle est ung mesure
de nos actes, selon laquelle on est sollicité & agir
ou eu contraire on en est détourné. Le mot 'loi! ne
vient-il pas du verbe latin qui signifie "lier" par ce
fait que la loi "oblige" a agir, c'ost-d-dire qu'elle
lie l'agent 4 une certaine maniére d'agir? Or ce qui
Pégle et co qui mesure les actes humains, c'est la
reigon, qui est le principe premier de nos actes déli-
dérés, comme il a été dit précédemment. Clest, on of-
fot, 4 1e raison qu'il appartient d'ordonner quelque
chose en vue d'une fins or, la fin est le principe pre-
mior de toute action,selon le Philosophe. Mais dans
tout genre d'étres, Ge qui est principe ost 2 la fois
régle et mesure de tout co qui se rapporte a ce genr
tel ost le cas de itunité dans le genre nombre, et
celui du premier mouvement dans le genre mouvement.
Il suit de 14 que la loi est oeuvre de la reison.(4)
En revanche, la nature, qui ne délibére pas,
étent détermingée ad unum, n'est nullement un premier
principe de son opération, au sens ot la raison en est
un. Tent et si bien que l'on dit de le nature qu'elle
est "agi" plutét qutelle ntagit. Aussi la lot se
trouve-t-elle "en celul qui pose la régle ou établit
1a mesure. Ces opérations [de régler et de mesurer}
étant propres @ le raison, la loi, essentiellement, se
trouve dans le seule raison", (5)
ete
(4) Ia-Itee, a. 90, a. 1,
adi.
(5) Ibid.