You are on page 1of 38
' - 5h - we Chapitre 5 Homogénéité et Science mathématique Si la géonétrie analytique comportait un sujet 'un par soi', elle. réaliserait, comms on 1'a vu, l'une des conditions primordiales d'une science démonstrative, D'autre part, cette unité essentielle du sujet, qui fonde celle de Ja science, postule, dans le cas des ma~ thématiques en particulier, lhomogénéité des éléments constituants. Inutile d!insister sur l'unité propre au contim + il suffit de se reporter aux définitions synthétique et analytique de la grandeur pour en saisir la réalité profonde. Une telle unité exige une parfaite homogénéité des parties (unité de forme) par rapport au tout. Un con- tim constitué de parties formellenent dissenblables implique contra- diction.» Si le sujet de 1a géométrie comporte l'unité 1a plus mani- feste, 1thomogénéité du nonbre apparait, par contre, plus difficile- nent, Elle s'impose, néannoins, car autrenent, 1'arithmétique porte- vrait eur un sujet pourva diune simple unité de raison, et le nom de science ne conviendrait pas strictement A cette discipline pourtant bien 6tablie. Pour ce motif, il importe de s'attarder ici & démontrer ‘Ihomogénéité essentielle du nombre prédicamsntal. 1, "Quae autem sunt diversarun spécierm, non possunt esse conti ay nua... Bt hoc non est esse umum sinpliciter." (In XI Motaph., z Bs lect. 10, n. 2346). - 155 - Cotte tentative revient A justifier la double définition du nonbre proposée par sristote, "Le nombre, dit-il, est une pluralité dtunités;" ot un peu plus bas : "Le nombre ost une miltiplicité mesu- rable par 1'un."* trois éléments interviement dans cos définitions ; Jes notions d'unité, de mltiplicité et de mesure. La difficulté, quant A Lhomogénéité du nombre, ressort avant tout du fait de sa pluralité. | Tl existe, en effet, différentes sortes de pluralités d'oi résultent diverses espéces de touts. En premier lieu, le tout acciden- tel constitué d'unités quelconques, came, par exemple, une collection atobjeta;? puis le tout qui inplique unité par sol; 41 ayparaft dans | ‘ la ligne de la substance ou au niveau de 1a relation. Des choses dis- ‘ tinctes entre elles, mais ordonnées essentiellenent les unes aux autres, oy constituent un tout de la seconde espéce. Ce dernier, 4 son tour, peut comporter un ensemble ordonné de différences formelles ou se composer de termes homogénes. Un exemple du premier genre serait le groupe des vingt premiers nombres impairs. Parmi ces divers touts, of se classe a le nombre ? TL s'agit de savoir, en effet, s'il réalise une unité a 'par soi! ou seulement une unité de collection accidentelle. a 1, Metaph., I, 1, 1053 a 30. 2, Toid., 6, 1087 a 3. pel 3. "Quandoque vero ex miltis fit compositum, ita quod totum com- positwn non est unun simpliciter, sed solum secundun quid; | i sicut patet in cumulo vel acervo lapidum, cum partes sunt in | ea actu, cum non sint contimas. Unde simpliciter quidem est | E multa, sed solun secundum quid unum, prout ista milta asso- cdantur sibi in loco," (In VII Metaph., lect. 17, n. 1672). = 156 - La réponse exige des précisions sur 1'unité par soi! qui peut s'observer au sein d'une mltiplicité. Comment parvenir & conci- ier tunité! et 'pluralité! numériques ? Cette question s'éclairera, son tour, par 1'étude de Ja division concomitante 4 n'inporte quelle pluralité. Cette derniére pourra comporter une division farnelle, conme celle présente dans 1a miltitude transcendantale ou entre divers noubres (dans ces cas, en effet, 1a forme devient principe de distinc tion); ou une division simplement matérieMe. Celle-ci implique iden- tité de forme ot, ainsi, 1'opposition des parties est imputable & la matiére, Deux segments de-ligne,par-exemple;-se-distinguent-par-1a- natiére intelligible, qui est toujours principe de distinction maté- rielle. 4A la lumiére de ces données, on peut se demander si Je non- ‘bre comporte division sevlement matérislle ou encore formelle. Cette derniére parait impossible puisqu'elle postule 1'hétérogénéité des éléments. La forme étant principe de distinction spécifique, le nombre serait constitué de parties hétérogénes. Ce qui s'oppose mani- festement A la définition de la quantité. Si des nombres différents se distinguent formellanent, parce que 1a derniére unité fixe chaque nombre dens son espéce propre, un nombre particulier axige, au contrai~ re, Llidentité formelle des unités constituantes, Il stagit ici d'une méme forne numériquement multiple, c'est-a-dire répétée pour chaque élément intégrant. Dans ce cas, le nombre ne pourrait-il pas aussi 1, In VIII Metaph., lect. 3, m. 1723.

You might also like