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MISS ZARO
Parle temps de chaleur et de pitees en cing on
tris acts qui courent la vile et thie, lecirque
¢st le seul endrotfréquentable perdant les longs
sci de @t parisien, C'est un spectacle charmant,
ATailleurs, en toute saison, et beaucoup pls lité=
rare qu'on ne pense; car on est sir dy voir tou-
ors de beaux toes, des reins soupls, des moles
nerveur, de divines cambrures de ferames, dadmi-
rables morceaux de sculpture modelée en pleine
Adair, et toute une vie factce, range, barioée,
faatasist et fanastque, qui vous transporte dans
Je rive des comtes et dans les prodiges de 'Epopé.
Cela vat bien es chansons hurls sou le eulage
vend des cafésconcerts, et les couplets des
revues auxquels des boutiquirs de there sate
Jent par quatre et quelquefcis pa six pour produire
‘un calembour déja viewx, et salir, sous Te
inepte de vaudeviliste, tout ce qui reste de bon
ans ta linérature et dans Vat, Les gymnastes ont
surlesaceurset ls fabricants de couplets cet inap
pricable avanage, c'est que, sis font patois des
betes, au moins i nen dient jamais,
Le cirque a pris une importance énorme dans
os pass et dans nos sports et les aerobates —
si méprists,jacis, et traités comme des parias de
Vari — ont conguis la force du poignet et la sou:
plese da jar, le nom plus reevé d'anises!, Le
trapéze et la barre fixe sont aujourd’hu lasés
Pi]
armies professors avouées, Danser sul corde,
cerever des ronds de papier et faire tournoyer des
assets de cure au bout d'un biton en Equilibre
surle net, consitue une postion scale tout aus
honorable que de crocheter les portes d'un
convent, dexpulser des érivains roylites et
barons et de porter des portefeuiles de ministre
sous le brat, Let sakimbanques sont devenus des
personnagesconsidérables qui voyagent comme de
grands seigneurs et vivent comme des banguiers.
[Le public les adore et les aclame; les princes es
admetent en leur intinit; les reporters les gue
tent; fs femmes les aiment, et les directeurs
payent comme on payaitles énos, aux temps d
Joins ob ily avait des tors. Dans les cirques
is rdnen, sent une cur, comme autres les
tis, composé de gentishorames, de jockeys et de
rmarchands de chevanx qui s'nlinentrespecteu-
semen devant leur sowveraineté en mail étil
dor’
Hier, ce qui este de tout Pars Pris at uni
autour de la nouvelle étoile du trapeze, exe gui
dit, dion élipser par laudace de ss exercies
ct la beauté de son corps Paste teujourstriom-
phantd'Océana™ Les habits pois s'empresient
auprts de miss Zaeo, dont le nom bizarre et gra
cicux Mamboie depuis quelques jours sur le aff
ches, Cest un endit vraiment curieux que ce cr
«que, le rendez-vous de tous ls habitants du quar
ter, comme is dent. Car pour eux, les Champs-
Eades, le quarter, c'est Pai, et c'est tout Paris.
Le rest pourrait briler ct seflondretquilsnes'en
inguéteraient as plus que de la Chine ov dv
Montenegro", Le quater send de la place de
1a Concorde au Bois. Tout le monde s'yconnait,
9Yoisine et fraterise en ce Pais dans Paris. Rare-
‘ment on sort du quarter, & moins daflaires urgen-
‘cs ou de plaisirs obligatoires. Comme dans un fau-
bourg de ville de province, on y cause presque de
porte & porte; on line le matin, avant déjeuner,
‘sur ses largestrottors; on y ébauche, oa y continue
des fits et des affaires; on y fait troter des che-
Vaux et on se communique des tuys, pour parler
le langage des bookmakers, Gentlemen, entral-
neurs, bookmakers, jockeys, belles-petices, caros~
sies, peintes et marchands de chevaus — tout ce
ui touche au sport et &I'Gcurie — peuplent le
quarter. Ils ont un langage & eux, clair, rapide,
‘Concis, qui peut se jeter d'une fenétre, d'une voir
‘ure, d'un cheval sont leur tiller, leur botier,
leurs journaux et leurs opinions. On’ peut die un
grand homme hors du quartier, mais on n'est pas
dtu quater
Le cirque ne pouvait mieux s'éablir qu’au
riliew de ee monde, cles pemionnaires du cirque,
cuyers et écuyéres, ne pouvaient sulle part toa.
ver un meilleur accuel, Gant, comme hi, du
métier, et, comme lui, ayant un commun amour
des chevaux. Aussi tus les sir fidlement, le
quarter vient au cirque et fail de ces belles éeu-
"ies, of reluisent les cuvres des boxes et es roupes
des chevaux, ua salon ot tout le monde se retrouve
«termine ensemble la journée ensemble commen-
ée. Ausstét qu'un nouvel aniste ou qu'une
Geuytre attendue parat sous la coupole ot régne
Franconi, c'est i qui fra les honneurs du quar-
tier 4 artise, et souhaitera la bienvenue &
Vécuytre, si elle est jolie, sous la forme parfumée
dimmenses bonquets et de splendides ccuronnes,
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Miss Zaco, i peine apparue, est ojala coquelu:
che du quartier, comme elle sera demain la coque:
Juche de Paris tou enter. Ele vient de Londres
directement, ainsi que toute gymnaste qui se res
pecte, &encontre des Eeuyeres, lequelles, comme
$Hlsa, ete Malibran de la haute Sol, doivent
ariver de Vienne. C'est la marque de fabrique,
Franconi la vit un soir, til fr celiernent émerveilé
quill engagea aussie au poids d'or. Miss Zao
«tune blonde jeune file de dx buit ans; ai dt
Jeune fil, je cris, et ne men dédis point. La Fon
taine a raconté, en un conte impérissable, com
tment esprit vient aux files, Cot esprit n'est
Point veru & miss Zaeo; du moins master Wieland,
son barnum (for ral novdties and rare criss)
Vaffrme, Cela se voit ailleurs &ces yeux nails et
caren, ce jeune visage de vierge, 3 cette chair
ferme et veloutée, colorée, de ci, de la, de petites
Plaques rosées, qui sont, ainsi que les physiologis
tes assurea, fleurs de vertu et de chaste vie, On
imagine généralement que les écuyéres, gymnas-
tes, et danseuses de corde, ménent une existence
dréglé, et qu’elles sent leurs forces et les bank
hotes des gentlemen dans l'énervernent des cabi-
‘nets particuliers. C'est une ctreur™, et sila vertu
dlisparaisait du thétre, on la retrouveraitcertane-
‘ment A vingt métres au-dessus du niveau de la mer,
sur un trapéze, un filde fer ou une catapulte. Miss
Zaeo n'est point jolie, dans expression paisienne
du mot; elle a dans la physionomie je ne sis quelle
dureté, qui étonne d’abord; mais un peintre et un
sculpteur tomberaient en ease devant les paien-
3‘es beautés de ce comps, qui trangparaiaet et
celle sous le mallet collant Le corsage bombs
taille mince, les hanches large e:superbement ren.
Aes, les jambes aux ataches fines, aux conan
ut, font de cote créaure I pis magnifique
Statue qu'un arte ait pu téver, En son costume
noir frangé d'argent, il est impossible de montrer
ls de nese de gnes, pls de gle, de pureté
dhe dewsin et d'ékgance feminine. Car elle est
femme, cee jeune fill; elle n'a aucune dea
fences hermaphrodits que donnent,d’oedinare,
aux femmes de son metir les exerices vio
ct le surménement des effo
‘musculaites", fr clone
On m’a, comté sa vie, vie monotone, ‘Sans aventu-
‘Fes romancsques, Elle resemble & celle des autres
artnes de son espice, a cee dilrence pits que
Ses parents n'éaentpoim du meter. Ce quiet
Fate, cat on cst presque toujours salimbanque de
ere en fils et de mite en fle
Miss Zaeo est née dans un comté Angleterre;
nas dle sin owe pete & Landes ves pe
ct su mére, Son pire tat un petit commergant
sna etme
ais tout d'un coup, ila site d'une spécuation
malheureuse, la rine entra dans la maison et avec
lle la misére. Disespéré et ne pouvant supporter
son maleu, le pre mourut. La petite Zaco avait
alors ois ans. Sa mére était soufante, infiae!
Que faite, & Londres, sans ressources, sans la pos-
bite d'un travail qucconque et d'un gag.
Pain? Elle réslut de quiter la vile et daler
Fetrouver son pays. Eile parti un soi, & ped, aver
fon enfant, Cait iver, fast oi. La neige
‘ombait, couvrant a terre d'un pais mantesy
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'ouate glacée, La pauvre femme marcha long-
temps; pus brste de fatigue, raid par le frid,
dle aflaisa su la route en plearant, Un homme
passa, qui entendit dans la nuit de fibles eémisse-
ments, [1 'approcha de 'endrot oi la mére gist
Avec sa petit fille, eu pité de tart de mistre et es
recut tutes les deux,
Cet homme, leur sauveur, était lié avec les
cuyers d'un cirque, t souvent il emmenait Zaeo
Aces représentations, qui Vamusaient ot Pntéres-
sient vivement. Les clowns, les gymnastes, avec
leurs costumes bizarres et brillans, Ia ravisaint
eneextase et souvent, le soir, rentxée chez son ami,
cll essayait de aie ls exercices qu'elle avait wus
On fut émerveé des. étonnantes. dispositions
quelle montra dans ses essai acrobatic en char
bre. Un jour, un écuyer Yasst sur un cheval, Le
cheval séchappa, courut vers une porte haute de
six pieds et d'un bond la tranchit. Tout le monde
Poussa un cr, croyant la petite fie percive. Pas du
tout. On ta revit bientét, emportée au galop du
cheval, tanquille et se tenant en selle comme une
écuytre consoramée, Ele ft un grand tour dans le
parc aterant Al hippodrome et revint, souriane et
toute heureuse de son escapade
‘Une autre fis, ce fut une aute peur, autrement
terrible; car, & mesure qu'elle grandisait, elle
‘montrait tous les jours plus dintrépidité et de cou-
sage, Le directeur du Cirque la trouva au miliew de
Ja cage des lions. Elle brandissait un fouet en main,
étcinglit — de toute sa force d'enfant — les cites
ses faves, qui se reacognaient dans la cage et, en
Gheves bien dressés, obéssaient la férule de ta
Petite dompteuse. Ce que voyant, ses amis décidt-
reat qu'on en frat une salimbangue,
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Karol Cytrowski, L'Abbé Jules D'octave Mirbeau en Tant Qu'exemple de L'influence de Fiodor Dostoïevski Sur Le Roman Français de La 2e Moitié Du XIXe Siècle
Lucía Campanella, "Le Journal D'une Femme de Chambre" Et "Puertas Adentro" de Florencio Sánchez: Rencontre Interocéanique de Deux Écrivains Anarchisants