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Lettre ouverte au président Nicolas Sarkozy

sur le travail du dimanche

Monsieur le Président,

Je fais partie de ceux que votre discours prononcé au palais du Latran, le 20 décembre 2007, a
enthousiasmé. En effet, tout en respectant le principe de laïcité, auquel je suis profondément
attaché, vous avez officiellement reconnu qu’il était important « d’assumer les racines
chrétiennes de la France et même les valoriser, tout en défendant la laïcité parvenue à la
maturité ». Emporté par cet enthousiasme, je n’ai pas hésité - au risque d’être critiqué, et cela n’a
pas manqué d’arriver - à lire certains passages de votre discours en chaire, soulignant sa portée
historique. Quelle ne fut pas ma déception lorsque j’ai appris que vous souhaitiez modifier la loi
de 1906 sur le travail le dimanche !
Monsieur le Président, cette proposition, loin de « valoriser » nos racines chrétiennes, les bafoue.
En effet, nous inscrivant dans l’histoire du peuple d’Israël, le dimanche, premier jour de la
semaine pour les chrétiens, est par excellence un jour chômé, où le travail ne saurait devenir la
norme. Mais si à nos yeux de croyants, le dimanche est le « Jour de Dieu », il est aussi pour
nous, disciples du Christ, le « Jour de l’homme », puisque nous croyons que l’homme a été créé
à l’image de Dieu. De ce fait, tout ce qui touche l’homme, touche Dieu, et tout ce qui blesse
l’homme, blesse Dieu.
Or, votre projet privilégie une vision strictement économique qui blesse l’homme, puisqu’il va
favoriser la dislocation de la cellule familiale et du tissu associatif. S’il est adopté, nombre de
pères et de mères d’une famille, travaillant dans deux entreprises différentes, risquent de ne plus
avoir le même jour de repos. Cela causera un préjudice irréparable à l’équilibre de la cellule de
base de la société, et par là même à la société française tout entière. De même, comme l’ont
souligné de nombreuses associations, syndicats, partis politiques, et même députés, le dimanche
constitue par excellence le jour où se tissent les rapports sociaux à travers notamment les
rencontres sportives ou culturelles…
Monsieur le Président, ne l’oubliez jamais : comme l’a proclamé avec force Jean Paul II, pour qui
vous avez témoigné de votre admiration, l’économie est faite pour l’homme et non l’homme pour
l’économie. Je vous supplie donc de renoncer à étendre le travail dominical et de trouver d’autres
moyens pour améliorer le pouvoir d’achat des Français.

Vous remerciant de l’attention que vous porterez à ma requête, je vous prie de croire, Monsieur
le Président, à l’expression de ma haute considération.
Père Patrice Gourrier,
Curé de paroisse, psychologue, et « Grande Gueule » sur RMC

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