Les politiques publiques poursuivies dans les méga-
poles sont très différentes et dépendent bien évidem-
ment des cultures propres à chaque système écono-
mique et social. La cohérence et le contenu des
politiques d’innovation sont mieux exprimés dans la
région Île-de-France, par exemple, en raison des tradi-
tions nationales ; mais des expériences très intéres-
santes ont été également engagées ailleurs, même aux
États-Unis où la régulation par le marché est beau-
coup plus forte. De plus, on constate que l’efficacité
microéconomique des structures qui concourent à
l’innovation tend à devenir un élément central, au-
delà de la qualité des choix stratégiques et de l’impor-
tance des engagements en termes de fonds publics.
Ces comparaisons sont riches d’enseignements pour
la région Île-de-France, afin de lui permettre de valo-
riser au mieux les moyens publics significatifs prévus
dans les politiques de compétitivité territoriale déci-
dées au cours de ces dernières années, et d’ainsi main-
tenir la position forte qui est la sienne dans le jeu
mondial.
MODES DE VIE
HSBC (Hongkong and Shanghai Banking
Corporation)
L’Avenir des retraites
La nouvelle génération senior
Londres : HSBC, 2007, 55 p. Site Internet :
http://groupe.hsbc.fr/images/upload/fr/pdfpr/Etude
%2BfactsheetFOR3.pdf
Vieillissement / Modes de vie / Retraite
HSBC finance, depuis quelques années, une étude
annuelle sur l’attitude face à la retraite. Cette troisième
enquête, pour laquelle 21 000 personnes de 40 à 79
ans, dans 21 pays et territoires, ont été interrogées, ré-
vèle que ceux qui ont entre 60 et 79 ans jouent un rôle
crucial pour leur famille, la communauté et les lieux
de travail. Car si l’augmentation de la demande de
soins pour les plus de 80 ans suscite des interroga-
tions, les sexagénaires et septuagénaires, selon cette
enquête, se portent mieux, sont plus heureux et ont
plus d’énergie que leurs prédécesseurs. Ils sont certes
plus nombreux, mais dans l’ensemble ce sont des
adultes actifs qui participent à la vie de la société et
sans lesquels les familles, et même, dans certains cas,
les entreprises ne pourraient prospérer.
Les chiffres montrent en effet que les plus de 60 ans :
— contribuent à la société : par leur travail bénévole,
ils rapportent des milliards de dollars US à l’écono-
mie mondiale ;
— participent à la population active : les seniors tra-
vaillent et paient des impôts, contribuant ainsi à la
communauté et à l’économie ;
— aident leur famille : les seniors sont plus nombreux
à dispenser un soutien, une aide financière et des
soins à leur famille, et à leurs amis, qu’à en recevoir.
6 Bibliographie prospective - juin 2007 - n° 50
L’enquête révèle en outre que les personnes âgées de
60 à 79 ans se déclarent globalement en bonne santé.
Les personnes à la retraite ne regrettent pas leur tra-
vail, ou en tout cas moins qu’elles ne l’avaient prévu ;
elles déclarent, en majorité, ne pas connaître de diffi-
cultés financières.
Enfin, dans de nombreux pays, les plus de 60 ans ont
le sentiment d’avoir plus de contrôle sur leur vie que
les personnes âgées de 40 à 59 ans.
PROSPECTIVE
GARLAND Eric /
COATES Joseph F. (avant-propos)
Future, Inc. How Businesses Can Anticipate
and Profit from What’s Next
New York : AMACOM, 2007, 264 p.
Site Internet : http://compfutures.typepad.com/
Prospective (méthode) / Entreprises
Le livre d’Eric Garland comprend 15 chapitres divisés
en deux parties. La première, méthodologique, décrit,
après avoir vanté tous les mérites de l’approche pros-
pective, une séquence de tâches à effectuer pour
construire des scénarios et les valoriser dans son en-
treprise. Cette séquence est relativement classique :
poser le problème à étudier, définir et caractériser le
système concerné, identifier et qualifier les tendances
à l’œuvre ainsi que les forces et acteurs en présence,
formuler des prévisions, construire des scénarios et
diffuser les résultats obtenus. Les outils présentés sont
volontairement simplifiés pour être plus appropriables :
grille d’analyse STEEP (société, technologie, économie,
environnement, politique) pour analyser le système en
composantes et sous-composantes, graphiques des
liens existant entre les tendances (The Futures Whell),
matrice d’impacts croisés, approche très intuitive de
la construction et de la rédaction des scénarios, repère
(impact x probabilité) pour évaluer ces derniers, inté-
rêts comparés des différents modes de communication
adaptés à l’information prospective… L’ensemble est
étayé d’exemples. Un cas, l’avenir de la bière, sert de
fil rouge à la démonstration et, finalement, illustre quels
résultats l’on peut attendre de l’approche proposée.
La seconde partie de l’ouvrage analyse les évolutions
majeures à anticiper dans certains domaines structu-
rants : vieillissement démographique, écologie, santé,
technologie de l’information, biotechnologie, énergie,
nanotechnologie, médias et communications. Les syn-
thèses proposées ont pour but d’éclairer les apprentis
prospectivistes et dressent une sorte d’horizon sur le-
quel ils peuvent prendre appui pour bâtir leurs propres
réflexions. Sans être originales, celles-ci sont intéres-
santes et pédagogiques. Elles rendent compte à la fois
d’évolutions prévisibles comme le vieillissement des
sociétés occidentales, et de connaissances émergentes
susceptibles d’engendrer des ruptures d’abord techno-
logiques, puis sociétales.
L’ouvrage d’Eric Garland possède à l’évidence des
qualités : agréable et facile à lire, il donne accès à tout
professionnel soucieux de mieux appréhender l’avenir
de son organisation, une approche et quelques outils
souvent confinés au seul cercle des prospectivistes.
Traduit en français, il pourrait remplir un vide éditorial :
en France, les livres de prospective ont la forme soit
de manuels arides, soit de réflexions sur la prospec-
tive elle-même, soit d’essais visant à analyser une si-
tuation présente et à dessiner des avenirs possibles.
Manquent des ouvrages pratiques et « vulgarisateurs »
qui pourraient donner à la prospective la visibilité
qu’ont ainsi acquise d’autres modes managériaux :
marketing, qualité, risque…
Évidemment, une telle ambition n’est pas sans incon-
vénients. Par son « pragmatisme » et la volonté mani-
feste de pousser ses lecteurs à l’action, l’ouvrage sim-
plifie un « art » plus difficile à maîtriser qu’il n’y
paraît, gomme les risques afférents et manque souvent
de rigueur, de distance. Vouloir susciter à tout prix un
intérêt pour la prospective peut également conduire au
désaveu si l’on ne prévient pas des difficultés à sur-
monter ou de la valeur des résultats attendus…
Outre ce biais, Eric Garland adopte quatre partis pris
qui nous paraissent instructifs pour mieux situer son
approche.
Le processus de gestion de l’information y occupe
une place prépondérante : recueillir l’information,
s’assurer de la qualité de ses sources, la traiter avec
méthode puis la diffuser de manière optimale, consti-
tuent l’essentiel du travail. De son point de vue, la
prospective est plus une perspective à donner à des
connaissances existantes, qu’un véritable processus de
construction de connaissances, d’appropriation et
d’action.
À force de volonté didactique et de simplification, la
méthode perd en rigueur. Ainsi du vocabulaire pros-
pectif, l’auteur retient les tendances et néglige les no-
tions clefs d’invariants, de faits porteurs d’avenir, de
ruptures… Si le rôle des acteurs est évoqué, la notion
de jeu d’acteurs est ignorée. Les scénarios ne sont que
des images du futur sans que soit analysée la trajectoire
qui y conduit.
La dimension technologique est systématiquement
privilégiée et constitue le facteur clef du changement.
En se situant ainsi dans la lignée de la futurologie amé-
ricaine, Eric Garland adhère à une représentation ré-
ductrice de la réalité et de sa genèse qui n’est pas sans
conséquences sur la façon de faire de la prospective.
Enfin, une part belle est faite à l’individu et au sens
commun. Même si l’auteur souligne l’importance du
processus de diffusion de l’information, la dimension
« intelligence collective » est ignorée et l’initiateur de
la démarche prime sur l’ensemble des acteurs qui
pourraient y participer. Les experts sont, eux, objet de
méfiance…
Ces quatre partis pris ne sont pas sans nous poser des
questions de fond sur la prospective, mais également
sur la représentation que l’on a du monde.
Ainsi, Future, Inc. présente un double intérêt : il
constitue, d’une part, un ouvrage de sensibilisation
intéressant pour les néophytes, qui doit les inciter à
Bibliographie prospective - juin 2007 - n° 50
passer à la pratique et avant cela, espérons-le, aiguiser
leur curiosité et les encourager à approfondir leurs
connaissances en prospective ; il renseigne, d’autre
part, les plus avertis sur une manière de concevoir et
de faire de la prospective outre-Atlantique, non pas
tant pour juger que pour tenir lieu de miroir à leurs
propres pratiques.
Stéphane Cordobes
GRANDES TENDANCES
IFTF (Institute for the Future)
2007 Ten-year Forecast: Perspectives
(Executive Summary)
Palo Alto : IFTF, 2007, 6 p.
Site Internet : www.iftf.org/docs/TYF07_Exec_
Sum.pdf
Tendances / Prospective
Comme tous les ans, l’IFTF présente ses perspectives
pour les 10 années à venir sous forme de tendances
brièvement résumées. Appréhender l’avenir suppose,
selon l’Institut, de changer d’abord notre façon de
penser. Il conviendra notamment d’adopter une vision
à plus long terme : le changement climatique, le dé-
clin de l’économie basée sur les hydrocarbures, les
perspectives des biotechnologies sont des exemples
de phénomènes qui ont leurs racines dans le présent
mais des conséquences à très long terme. Des straté-
gies coopératives et des outils collaboratifs seront né-
cessaires pour affronter ces questions qui concernent
la planète entière.
Cette nouvelle façon de penser doit être « écolo-
gique » : pour appréhender la complexité de la société
humaine, multifactorielle, il est utile en effet de se ré-
férer à l’image de l’écosystème. De plus en plus,
notre façon de penser va prendre en compte les
connexions, les modèles économiques devront inté-
grer les externalités de toutes sortes.
Enfin, il faudra davantage apprendre à gérer les di-
lemmes que résoudre les problèmes, car les problèmes
de demain ne pourront être résolus. Des outils pour les
classer par priorités devront être développés, ainsi que
pour mettre d’accord de multiples groupes d’intérêt.
Parmi les tendances répertoriées, citons :
— l’essor des écotechnologies, l’écologie comme
source d’innovation ;
— les progrès en termes d’espérance de vie ;
— la menace pour la vie privée représentée par l’in-
vasion des technologies de l’information ;
— le développement du do-it-yourself dans l’industrie
(du design sur mesure à la fabrication à domicile) ;
— la demande croissante de produits biologiques et
éthiques qui pourrait conduire à l’émergence d’une
classe de « citoyens responsables » disposant d’un
réel pouvoir.
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