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Mon été en chimie
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Ebook119 pages1 hour

Mon été en chimie

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About this ebook

Y a-t-il un bon usage des maladies? Peut-on guérir d'une pathologie grave en l'affrontant sans tarder et en essayant de minimiser les effets de l'autosuggestion? Que peut nous enseigner sur nous-même la maladie? Parvient-elle à nous apprendre à mieux vivre?

Un dimanche de mars elle découvre une boule dure dans un de ses seins. Ce livre est le récit complet de la traversée de la maladie. De la découverte à l'annonce du diagnostic puis aux traitements. Elle lutte, fait face avec courage et mobilise sa vision de la vie.

LanguageEnglish
PublisherLe signe bleu
Release dateDec 30, 2012
Mon été en chimie
Author

Vera Ouchakov

Vera Ouchakov est née quelque part en Crimée quelques temps avant la chute du mur. Elle vit à Paris où elle écrit la plupart du temps.

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    Mon été en chimie - Vera Ouchakov

    Mon été en chimio

    par Véra Ouchakov

    Published by Le signe bleu at Smashwords

    Copyright 2012 Le signe bleu

    All rights reserved. Without limiting the rights under copyright reserved above, no part of this publication may be reproduced, stored in or introduced into a retrieval system, or transmitted, in any form, or by any means (electronic, mechanical, photocopying, recording, or otherwise) without the prior written permission of both the copyright owner and the above publisher of this book.

    Smashwords Edition, License Notes

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    **********

    Y a-t-il un bon usage des maladies? Peut-on guérir d'une pathologie grave en l'affrontant sans tarder et en essayant de minimiser les effets de l'autosuggestion? Que peut nous enseigner sur nous-même la maladie? Parvient-elle à nous apprendre à mieux vivre?

    Parce qu'il vaut mieux prévenir que guérir, je dédie ces quelques pages à ceux qui voudront les lire et s'en inspirer pour être au meilleur de leur vie.

    Tout s'est révélé ce dimanche de mars où, dans mon bain, je m'octroie enfin un moment de détente et je me tâte en imitant les gestes de ma gynécologue. Et, là, à l'angle droit de mon sein droit, je découvre une petite boule dure. Bizarre. J'essaie de penser aux causes matérielles qui auraient pu déclencher la formation d'un hématome. Cet accrochage devant le Luxembourg où un chauffeur de bus macho n'a pas supporté que je le devance au feu et m'a envoyée buter sur volant, vers mon pare-brise? Mais, tout de suite, je pense aussi au pire et je ne parviens pas à comprendre comment j'aurais pu être atteinte d'une tumeur maligne: aucune hérédité dans ma famille et, surtout, des examens médicaux impeccables! Et récents. Je ne néglige jamais rien; j'anticipe, bien au contraire. J'observe à la lettre les conseils dispensés par les campagnes des prévention, etc. J'ai même été fort amusée et intéressée par le dernier soutien-gorge sorti au Japon avec des lignes à suivre pour mieux réaliser une palpation dans les conditions du cabinet médical. Je me suis surtout inspirée des gestes de ma gynécologue que je m'applique à refaire fréquemment; mais je n'ai rien décelé en dépit de mes examens répétés. Mes seins étaient toujours souples comme ils doivent l'être quand ils sont sains. Mais, maintenant...

    Que s'est-il passé alors? Ma dernière échographie de contrôle, en double lecture, était parfaite. J'en avais eu le commentaire par ma gynécologue que j'ai continué à consulter; elle avait fait un frottis et un examen complet fin décembre dernier, soit moins de trois mois avant ma découverte. Elle n'avait rien décelé à la palpation. Elle me suit depuis vingt ans. Je l'ai rencontrée lors du périple que j'ai mené pour lutter contre la stérilité et qui s'est soldé par une odyssée de l'adoption. Avec elle, j'ai déjà échappé à deux grossesses extra-utérines; danger mortel. Jamais deux sans trois? Je décide de ne pas attendre et de prendre aussitôt rendez-vous. Je passe mon temps à essayer d'oublier. Tout se passe comme si, en moi, une sorte de cocon se mettait en place, comme si je sécrétais une toile qui me rendait imperméable à l'angoisse. Même si l'inquiétude m'habitait.

    Le lendemain, je passais à l'action et entamais la course contre la montre. En fin de journée, ma gynécologue m'obtient un rendez-vous en urgence dans un laboratoire. Allez-y, pour vous rassurer!, me dit-elle. Je restais dans l'expectative, encore dubitative. Je me sentais en pleine forme.

    Le mardi matin, je me précipite au laboratoire et les médecins enchaînent les examens: radio, écho et biopsie. Je sens que les choses tournent mal; c'est grave mais je pratique un déni soupçonneux de la réalité. Comment était-ce possible? J'imaginais que le cancer se préparait durant des années et que ses manifestations ne pouvaient se révéler en quelques mois. Je voulais me raccrocher à cette interprétation. Je pensais à mon amie, Françoise, morte à trente-sept ans d'un cancer du sein à cause du retard insensé apporté à son opération. Je l'entends encore me dire: J'ai tout préparé! C'est une boule d'allaitement; rien de grave pour mon médecin; j'attendrai le bon moment pour allonger mes vacances de Noël... De toutes les manières, je ne suis jamais malade! J'ai une santé de fer. Pauvre Françoise! Pendant qu'elle calculait ses périodes de congé, le cancer gagnait ses ganglions et métastasait dans ses os. Déjà, elle n'arrivait plus à nager dans la piscine municipale. Elle n'y croyait pas davantage que mon beau-père qui, lui, imaginait souffrir de rhumatismes et n'avait consulté qu'après avoir remarqué du sang dans ses urines. Trop tard. Il faut dire aussi que leurs médecins respectifs avaient tout fait pour les rassurer. L'une croyait devoir se faire enlever une boule d'allaitement et l'autre imaginait souffrir d'un lumbago. Est-ce que la proximité du médecin traitant et de son patient n'aliène pas l'esprit critique du spécialiste? Il n'arrive pas à croire que son malade, devenu presque son ami, puisse passer du côté des condamnés à l'exil vers l'au-delà.

    Moi, je vivais à cent à l'heure, toujours pressée, toujours en retard. Deux enfants, deux garçons au stade de la préadolescence, désireux de s'émanciper mais pas pour tout. Leur désir d'autonomie se limite au choix de leurs vêtements, de leurs loisirs, de leurs amis; mais rien de décisif sur le front du rangement, de l'hygiène, etc. Avant d'aller travailler, je les dépose au collège; leur établissement est assez éloigné de la maison et je préfère leur éviter la fatigue des transports. Mais je finis pas en subir les conséquences: je fais le taxi deux fois par jour; j'accepte volontiers cette contrainte mais elle existe et pèse sur moi. Heureusement, mon mari est plutôt autonome, lui, et très peu exigeant. Dans l'ensemble, je fais en sorte de mettre à profit toutes les secondes de la journée. Est-ce que, pour autant, je suis à l'écoute de moi-même? J'essaie de me dévouer à ma famille en assumant toutes les tâches matérielles mais est-ce que j'en écoute vraiment chacun des membres? Suis-je assez attentive à leurs attentes et à leurs frustrations? Quand j'ai fait les courses, le ménage, la cuisine, le rangement, est-ce que je peux affirmer être vraiment apte à suivre la scolarité des garçons en toute décontraction? D'autant que, comme tous les représentants du sexe masculin, ils mettent beaucoup de temps à prendre conscience de la nécessité du travail à fournir pour obtenir une récompense, à court, moyen ou long terme.

    Aujourd'hui, la banalisation de la psychanalyse nous a imposé de traquer les messages de notre psychisme; sous toutes leurs formes, consciente, inconsciente, onirique, linguistique, etc. Le totalitarisme de l'aveu nous enferme dans une démarche culpabilisatrice - surtout, nous, les femmes, qui sommes coupables de tout, de toute éternité; d'ailleurs toutes les mythologies en témoignent depuis la plus haute antiquité, la Mésopotamie.

    Et notre corps? Il est exhibé mais maltraité, amaigri par force, affublé d'artifices à la mode. Martyre de la graisse, dictature de l'hygiénisme sectaire. Un esprit sain dans un corps sain. Cette formule nous vient d'un auteur latin, un certain Juvénal, adepte du politiquement incorrect. Il conseille à son lecteur de prier les dieux pour qu'ils lui accordent la fermeté de l'âme, la capacité à affronter les aléas du sort et sa propre finitude. La santé de l'esprit et du corps vient, pour lui, de l'exercice de la vertu, de la cohérence à établir entre soi et le monde, entre soi et la vie que l'on choisit. Ces recommandations ne séduisaient pas davantage ses contemporains que les nôtres. L'harmonie entre psyché et soma n'est pas vraiment prise au sérieux. Pourtant, j'essayai de faire des efforts pour entretenir ma forme: de la marche un peu tous les jours, vingt kilomètres de jogging, en deux fois, par week-end, ce n'était pas si mal pour une intellectuelle. Je ne cherche pas la compétition, surtout en sport; j'ai toujours considéré d'un œil critique les drogués de l'entraînement qui, à force de vouloir s'aligner au marathon de Paris, maltraitent leurs articulations et se retrouvent handicapés par une opération du genou ou de je ne sais quel tendon.

    Je consommais le plus possible d'aliments biologiques, même s'il est difficile de savoir comment sont élevés les animaux, nourris les poissons, traités les légumes, développés les fruits, conditionnés et conservés les aliments en général. Je sais réguler mon appétit... J'avais même acheté un livre de conseils consacré à l'alimentation et rédigé par un cancérologue connu. Que me serait-il arrivé, alors, si je ne l'avais pas suivi?

    L'être humain ne se réduit pas à sa petite mécanique biologique; ou plutôt son harmonie globale résulte d'un équilibre à trouver, dans les échanges biochimiques, entre le physique et le psychique. Je ne suis pas sûre de ne pas avoir eu la faiblesse de me laisser déstabiliser par les manipulations mentales collectives. J'y reviendrai.

    En attendant les résultats de la biopsie, je m'encourageais à la lucidité. Il faisait si beau ce printemps-là. Il était difficile de penser que les choses iraient si mal pour moi. Et pourtant. Mieux valait affronter la vérité pour essayer d'anticiper l'évolution... Pourquoi se masquer la réalité? Parce qu'elle est trop laide pour nous? Déesse romaine de la lumière, Diane naît traumatisée: les douleurs éprouvées par sa mère la détournent à jamais de procréer. Elle refuse son statut de femme, qui, dans l'antiquité, se réduit à l'enfantement. Le mythe est intéressant: elle en a déjà trop vu avant de naître. On ne dit rien sur son frère jumeau, Phébus-Apollon, qui illumine le ciel diurne alors que, déesse de la féminité, elle éclaire la voûte céleste dans la nuit. Les deux jumeaux se complètent

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