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République Algérienne Démocratique et Populaire

Université Ibn Khaldoun -Tiaret-

Faculté des sciences humaines et sociales

Département de français

Le Bilinguisme

Exposé préparé par l’étudiant:

- Madi Ahmed - Année universitaire : 2009-2010


= Sommaire =

1-Introduction :

2-Définition de bilinguisme :

3-Histoire du bilinguisme:

4-Enseignement bilingue :

5-Différents types de bilinguisme :

6-Les causes du bilinguisme officiel:

7-Conclusion :

8-Biographie :

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1-INTRODUCTION:

(INTRODUCTION AUX CONCEPTS DE BILINGUISME ET D'ENSEIGNEMENT


BILINGUE)

Commençons par une définition du bilinguisme :

D'une façon générale, pour être bilingue, il faut parler couramment deux langues

Il faut aller plus loin : le concept est plus complexe qu'il n'y paraît.

Selon Baker (1996), il existe une distinction fondamentale entre la compétence

bilingue et l'utilisation de deux langues. Alors que certains individus bilingues

peuvent parler couramment deux langues mais ont tendance à préférer l'une d'entre

elles, d'autres peuvent moins bien maîtriser ces langues mais passer de l'une à l'autre

plus fréquemment. Autrement dit, une compétence bilingue fait référence aux quatre

dimensions de base (compréhension écrite et orale et expression écrite et orale) d'une

langue parlée couramment auxquelles bien sûr s'ajoute la réflexion.

D'autre part il existe l'utilisation d'au moins deux langues. Lorsqu'une personne

bilingue change de contexte, la langue utilisée change également.

"Au fil du temps et selon le lieu les deux langues d'un individu ne sont jamais statiques

mais changent et évoluent constamment" (Baker 1996 p. 14)*

En quoi le bilinguisme diffère-t-il de l'enseignement bilingue d'une discipline non


linguistique?

L'Enseignement Bilingue désigne l'enseignement de disciplines non

linguistiques au travers d'une langue étrangère. L'élève type est un élève dont la

langue maternelle est celle du pays où il réside, à qui on étudie, par exemple

la biologie et l'histoire en langue étrangère.

La pratique, que l'on appelle soit Immersion, soit Enseignement ou Education

Bilingue n'est en aucun cas une idée neuve. L'Académie de Socrate pourrait être

3
décrite comme exemple d'enseignement bilingue.
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*Pour plus de détails à propos de la complexité des définitions du bilinguisme, se référer au chapitre 1 de l'ouvrage de Baker (1996).

2-Définition de bilinguisme :

Certains linguistes plaident pour la définition maximale qui signifie que les "vrais"

bilingues sont aussi bien capables de s'exprimer dans une langue que dans l'autre et ont

une connaissance identique des deux langues. D'autres plaident pour la définition

minimale, basée sur l'utilisation correcte de phrases dans les deux langues pour la

communication courante. Les touristes qui sont capables de faire passer des

expressions et des idées en utilisant une langue qu'ils ne parlent pas couramment, sont

considérés comme bilingues.

Cependant, ces définitions ne précisent pas quelles sont les connaissances nécessaires

pour être considéré comme bilingue. Par conséquent, comme les personnes atteignant

l'idéal maximal sont rares, les étudiants peuvent être perçus comme ayant des

connaissances insuffisantes ce qui ferait de l'enseignement des langues un

enseignement sanctionné par l'échec plutôt que par la réussite.

L'enseignement de la chimie par exemple ne va pas exiger d'un enfant qu'il "parle" la

chimie comme le ferait un chimiste ayant reçu le prix Nobel, ou qu'il fasse du sport

pour atteindre un niveau d'athlète professionnel, mais l'enseignement des langues

quant à lui considère que tout ce qui n'est pas "maîtrise" d'une langue est insuffisant.

D'autre part, considérer que quelqu'un qui peut demander un café, s'il vous plaît en

plus d'une langue est multilingue simplifie de trop le processus d'acquisition d'une

autre langue.

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3-Histoire du bilinguisme:

Pendant longtemps le bilinguisme a été déprécié au profit du monolinguisme dominant

(en France et aux États-Unis par exemple). Bon nombre d'idées circulaient sur le fait

que l'enfant possédait moins de compétences dans chacune des deux langues, même sa

langue « maternelle ». Un chercheur américain a même essayé de prouver qu'il était

simplement moins « intelligent » que les monolingues. En effet, il avait évalué les

compétences d'enfants immigrés arrivés peu auparavant aux États-Unis et avait

« mesuré » leurs compétences uniquement en anglais, langue que les enfants

découvraient à peine.

Depuis, beaucoup de personnes défendent le bilinguisme. En effet, il apparaît comme

une solution au problème de la disparition des langues. On sait en effet que 90% des

langues sont actuellement menacées de disparition avant la fin du XXIe siècle.

Une telle perspective constitue un appauvrissement jamais rencontré dans l'histoire de

l'humanité.

L'institution du bilinguisme dans les territoires où existent des langues menacées

constitue un moyen de préserver ce patrimoine linguistique menacé, qui fait partie

intégrante du patrimoine culturel de l'humanité.

4-Enseignement bilingue :

Certaines régions ou pays ont un enseignement bilingue plus ou moins développé tel

que le Val d'Aoste (italien et français), l'Alsace (allemand et/ou alsacien et français), le

Canada (anglais et français), le Luxembourg (allemand et français),la France (langue

régionale et français), l'Allemagne (français ou anglais, et allemand), les Pays

d'Europe de l'Est (français ou allemand, et langue

du pays), le Maghreb (français et arabe).

5
5-Enseignement bilingue : une définition

Le dernier terme « enseignement bilingue », réfère au fait qu’une langue on

maternelle est utilisée, à côté de la langue maternelle, à la fois comme matière et

comme véhicule d’enseignement.1 Tandis que Jean Duverger et Jean-Pierre Maillard

soutiennent que « Il y a enseignement bilingue lorsque sont présentes deux langues

d’enseignement, deux langues véhiculaires, deux langues qui vont servir aux

apprentissages extralinguistiques.»2 Siguan et Mackey propose une définition qui est

en tout cas plus simple. Ils suggèrent que l’enseignement bilingue sans doute est un

système éducatif où l’enseignement est dispensé en deux langues, dont l’une est

normalement, mais pas toujours, la première langue des élèves.3 Puisque la langue est

une véhicule d ‘enseignement et de communication, c’est un médium, sans lequel

l’accès aux autres disciplines serait impossible.4 Dans cette composition nous ne

donnons pas la préférence à aucune en particulière : notre intérêt est de traiter les deux

langues d’une façon générale et parallèle. L’enseignement bilingue est également

l’entrée et l’exposition à des habitudes, attitudes et comportements culturels

extrêmement divers des deux savoirs ou cultures.

1
Ngalasso Mwatha Musanji, L’Enseignement bilingue en Afrique :
Modèles, expériences, perspectives dans Colloque : L ‘Enseignement
bilingue en Haïti 20 ans après la Réforme Bernard Université Quisqueya
(Haïti), 21-22 mars 2003, 19.

2
Ibid.

3
Siguan et Mackey, Education et bilingue, 42.

4
Musanji, L’enseignement bilingue en Afrique, 10.
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5-Différents types de bilinguisme

Acquérir une langue maternelle demande à un enfant environ 50 000 heures

dans les cinq premières années de son existence. Un temps très long passé à

écouter, à répéter, à faire des essais et à se tromper. Impossible de faire la même

chose lorsqu'on suit des cours de langue seconde une heure ou deux par semaine.

Mais comment faire lorsque le professeur ne parle que la langue à apprendre et

qu'on ne comprend que le quart des mots ? On se débrouille avec les nombreux

indices qui aident à capter le message : l'intonation, qui indique souvent les

intentions - bonnes ou mauvaises - de l'interlocuteur; le contexte, c'est-à-dire le

sujet de la leçon du jour ou la photo qui accompagne le texte à lire; finalement

en apprenant par cœur des listes de mots, des règles de grammaire, la

conjugaison des verbes, etc.

Cette façon d'apprendre une seconde langue est bien différente de celle qu'utilise

le petit enfant qui apprend sa langue maternelle sans s'en apercevoir par essais et

erreurs. Une différence importante entre l'acquisition de la langue maternelle et

d'une seconde langue est que le désir de communiquer est beaucoup moindre

dans le second cas, en particulier dans le contexte scolaire. Le corollaire est que

l'apprentissage d'une seconde langue par immersion dans un milieu où l'on parle

cette langue facilite son apprentissage, probablement parce que son utilisation

est encouragée. Une moins grande motivation a aussi été corrélée avec des taux

de dopamine moindres, ce qui correspond bien à ce qu'on s'attend d'un

neurotransmetteur associé au désir et au plaisir.

La pratique d'une langue dans un environnement où on la parle est ce qui nous

permet d'en internaliser la grammaire.

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C'est donc par l'exposition répétée à des phrases d'un certain type qu'on procède

à l'encodage implicite de ses règles grammaticales.

C'est ainsi que la compréhension et la production de phrases dans notre langue

maternelle se fera éventuellement sans effort.

Quant au bilinguisme, on en distingue trois types:

le bilinguisme coordonné et le bilinguisme composé, qui sont des bilinguismes

précoces, et le bilinguisme tardif lorsque la seconde langue est apprise après

l'âge de 12 ans.

Pour le bilinguisme coordonné, l'enfant développe deux systèmes linguistiques

parallèles, c'est-à-dire que pour un mot, il dispose de deux signifiants et de deux

signifiés. Le bilinguisme coordonné se développe par exemple lorsque chacun

des parents ne parle qu'une seule langue à l'enfant, ce qui permet à celui-ci de

construire deux systèmes distincts qu'il manipule avec aisance. C'est aussi le cas

des enfants adoptés en bas âge mais qui maîtrisent déjà une langue maternelle.

Encore une fois, la distinction entre les deux langues est claire pour l'enfant.

Pour le bilinguisme composé, l'enfant n'a qu'un seul signifié pour deux

signifiants, de sorte qu'il n'est pas capable de détecter les différences

conceptuelles qui existent entre les deux langues. C'est le cas des enfants dont

les deux parents sont bilingues et s'adressent à l'enfant indifféremment dans une

langue ou dans l'autre. Bien qu'elle parlera sans effort et sans accent les deux

langues, cette personne ne maîtrisera aucune des deux langues dans leur

subtilité. Autrement dit, elle n'aura pas à proprement parler de langue

maternelle.

Il existe bien sûr des cas intermédiaires entre ces deux pôles idéaux, puisque le milieu

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scolaire, social et professionnel influence aussi l'acquisition d'une seconde langue.

Quant au bilinguisme tardif, on le définit par opposition au bilinguisme précoce parce

qu'il survient après la période critique pour le langage.

Selon qu'il se fait avec immersion dans une communauté parlant cette langue ou non

(seulement par des cours), on pense qu'il fait alors appel davantage à la mémoire

implicite dans le premier cas et davantage à la mémoire explicite dans le second.

6-Les causes du bilinguisme officiel

Nous savons que les invasions ou les conquêtes militaires, les déplacements massifs de

population, le colonialisme, l'unification politique des États et la partition d'anciens

empires sont à l'origine du phénomène du multilinguisme. Plus de 80 % des États du

monde ont continué à promouvoir une langue dominante unique pour leurs institutions

et leur gouvernement. On peut se demander pourquoi 20 % des États ont plutôt pour le

bilinguisme officiel, ce qui semble les confiner à une certaine marginalisation.

La question paraît d'autant plus pertinente que même ces États ne peuvent s'empêcher

de résister à la glottophagie plus ou moins prononcée ou éviter l'inégalité des langues

en présence. Si les gouvernements de ces États acceptent de consacrer des sommes

d'argent parfois considérables et des ressources humaines importantes au maintien

d'une dualité linguistique très souvent déséquilibrée, c'est qu'il y va malgré tout de leur

intérêt.

Une constatation s'impose immédiatement: ce n'est pas la générosité qui motive les

États. On veut plutôt assurer la paix sociale, maintenir une unité politique au sein d'un

État multilingue, protéger une langue minoritaire forte, préserver une identité ethnique,

donner une fonction symbolique à une langue, favoriser le développement économique

ou même assimiler les minorités.

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1-Assurer la paix sociale :

Les États qui se résignent à adopter un bilinguisme officiel veulent avant tout éviter les

conflits ouverts entre la majorité dominante et la minorité dominée, surtout si celle-ci

constitue une masse critique imposante, par exemple 20 % ou plus de l'ensemble de la

population.

En d'autres termes, les États veulent assurer la paix sociale.

C'est le cas en Afghanistan (dari-pashtou), en Belgique (néerlandais-français), au

Canada (anglais-français), en Norvège (bokmål-nynorsk), en Tchécoslovaquie

(tchèque-slovaque). La Namibie et l'Afrique du Sud reconnaissent l'afrikaans et

l'anglais parce que les Afrikanders, ces descendants des colons néerlandais établis au

pays avant la guerre des Boers (1899-1902), forment aujourd'hui la majorité de la

population blanche; bref, une sorte de coalition entre minoritaires blancs pour mieux

dominer la majorité noire. En somme, ces États n'avaient probablement pas le choix:

ils devaient s'imposer le bilinguisme institutionnel pour assurer la stabilité sociale et

l'unité nationale.

C'est pour la même raison que d'autres États maintiennent une langue étrangère sur les

plans gouvernemental et administratif.

L'Inde, le Sri Lanka, les Philippines, le Vanuatu et Madagascar maintiennent la langue

coloniale ou les deux (au Vanuatu) parce que l'adoption d'une seule langue indigène

dominante entraînerait des réactions violentes de la part des minorités régionales qui

interpréteraient un tel choix politique comme de la provocation. Les minoritaires

acceptent d'autant mieux le bilinguisme français-langue nationale ou anglais-langue

nationale que cette première langue est étrangère.

10
L'adoption, comme seule langue officielle, de l'hindi (Inde), de l'ourdou (Pakistan), du

singhalais (Sri Lanka), du filipino (Philippines) ou du malgache officiel (Madagascar),

risquerait de faire exploser littéralement le sud de l'Inde (de langues dravidiennes) et

d'autres régions autonomistes (Assam, Cachemire , Pendjab, etc.) , le Pakistan

(majoritairement de langue pendjabi), le nord du Sri Lanka (de langue tamoule), le

nord et le centre de l'archipel des Philippines (respectivement de langues ilocano et

visayan) et les populations côtières (de langues malgaches autres que le mérina

dominant) de Madagascar. Ainsi, l'adoption de la langue étrangère n'est qu'un moyen

de temporiser, jusqu'à ce que l'autre langue officielle étende lentement mais sûrement

sa domination, et élimine la concurrence entre les langues nationales.

Cette politique difficilement avouable est appelée à prendre de l'ampleur, comme on

peut déjà le constater en Tanzanie, au Kenya, au Swaziland, au Lesotho,à Madagascar,

en Malaysia, où les langues coloniales perdent constamment du terrain au profit de la

langue nationale dominante.

Les gouvernements de ces pays entendent délaisser graduellement l'anglais pour

donner la place, selon le cas, au swahili, au siswati, au sésotho, au malgache ou au

malais. Ils abandonneront la langue coloniale le jour où ils seront assez forts pour

imposer l'unilinguisme sur leur territoire sans soulever des conflits ouverts.

2-Unifier politiquement un pays monolingue :

La reconnaissance de deux ou de plusieurs langues dans l'État permet de réunir dans

une même structure politique des individus ainsi que des groupes d'origines ethniques

et linguistiques diverses. La Belgique, la Suisse et la Finlande constituent sans doute

des cas exemplaires d'unification politique dans le respect des cultures et des langues,

même si l'État ne peut empêcher une certaine domination de s'y exercer sur le plan du

11
gouvernement central. Il faut reconnaître que la territorialité linguistique par

juxtaposition d'unilinguismes élimine en partie les conflits entre les langues.

À part de rares cas où les rapports de force imposent le respect des droits de chacun

des groupes, l'État contemporain unifie politiquement pour mieux résister

politiquement à des voisins plus puissants. Il est dans l'intérêt des pays multilingues

d'éviter des scissions territoriales qui feraient le jeu des pays voisins.

En d'autres termes, ces États sont plus forts bilingues mais unifiés politiquement

qu'unilingues mais scindés en deux ou plusieurs territoires autonomes.

L'unification politique permet de mieux résister à ses voisins. Le Canada entrerait

dans cette catégorie.

Plusieurs pays bilingues maintiennent une langue coloniale pour unir les nombreuses

ethnies qui l'acceptent dans la mesure où elle est étrangère. Par l'anglais, l'Inde unit

plus facilement ses 380 langues minoritaires et ses 16 langues constitutionnelles que

par l'hindi; de même pour les 67 langues du Pakistan, les quelque 59 langues du

Kenya et les 160 langues des Philippines. Par le français, Madagascar peut plus

facilement unifier ses 50 langues malgaches. En adoptant à la fois le français et

l'anglais, le Cameroun (avec 269 langues) et le Vanuatu (avec 112 langues) réussissent

à neutraliser les nombreuses langues parlées sur leur territoire. Dans la plupart de ces

États, la langue coloniale joue un rôle important, sinon exclusif, à l'école.

3-Privilégier une langue minoritaire forte :

Dans certains cas, l'État sent le besoin de protéger une langue minoritaire si elle se

révèle forte. La protection d'une langue minoritaire aux côtés d'une langue majoritaire

est possible si le coût politique n'est pas trop élevé, le coût économique étant le plus

souvent négligeable (environ 1 % du budget annuel d'un État).

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En fait, il faut surtout que la minorité bénéficie d'un poids politique. Là, la majorité

acceptera de la protéger, sinon elle l'ignorera ou prétendra que cette protection

coûterait trop cher aux contribuables.

En Finlande, la minorité suédoise constitue 7 % de la population et elle est dispersée

dans quelque huit communes isolées le long du golfe de Botnie.

Toutefois, la minorité suédoise a jadis été puissante en ce pays et son comportement

s'est révélé exemplaire lors des conflits avec la Russie tsariste; il s'agirait donc d'une

sorte de reconnaissance «pour services rendus».

Ce n’est qu’à partir de 1992, après l’adoption de la Loi sur la langue sami (1992) et la

signature de la Charte européenne des langues régionales ou minoritaires de 1992,

que la Finlande a accordé une protection identique à sa minorité lapone, pourtant bien

plus mal en point. Cette minorité de quelque 6400 membres, qui résident dans quatre

petites villes (Utsjoki, Inari, Enontekiö, Sondankylä) composées de 80 % à 90 % de

Lapons (ou Samis), bénéficient aujourd’hui de droits linguistiques similaires aux

suédophones du pays.

En Belgique, les 66 000 germanophones de la région allemande bénéficient d'une

protection absolument exemplaire pour une si petite minorité de 0,7 %. L'État belge est

officiellement trilingue et la région allemande jouit pleinement de ses droits

linguistiques.

Cette protection juridique accordée à la communauté allemande correspond à un coût

presque nul pour la Belgique. Elle se révèle d'autant plus positive pour l'État qu'elle lui

permet de redorer son image souvent ternie par les conflits entre Flamands et Wallons

et de s'attirer d'éventuels alliés.

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La Norvège est un pays dont on parle peu. Pourtant son bilinguisme est systématique

même si le bokmål est en meilleure position. Les quelques700 000 Norvégiens qui

parlent le nynorsk sont assurés de recevoir des services dans leur langue. Dans le

passé, la Norvège a connu des conflits linguistiques très virulents entre les tenants du

bokmål et ceux du nynorsk. La paix linguistique est revenue depuis que l'État a adopté

sa politique de bilinguisme officiel. Il faut dire que, là aussi, le coût du bilinguisme est

minime d'autant plus qu'il ne s'agit pas de deux langues distinctes, mais de deux

variétés d'une même langue. Tout locuteur nynorsk comprend un locuteur bokmål et

vice versa. Personne n'est tenu d'être bilingue, mais tous les formulaires de l'État

doivent l'être.

Le Canada est un État fédéral bilingue. Sa minorité est imposante: elle représente

25,6 % de la population. De plus, elle est concentrée à 96 % au Québec et dans les

régions limitrophes du Nouveau-Brunswick et de l'Ontario. Sans bilinguisme au sein

des institutions fédérales, le Canada n'existerait plus depuis longtemps.

Le bilinguisme anglais-français est l'une des conditions essentielles pour maintenir la

fédération canadienne. La minorité francophone du Canada représente sept millions de

locuteurs.

Il est vrai que, à l'instar des cas cités plus haut, le bilinguisme canadien ne représente

qu'une somme infime, soit 0,6 % du budget fédéral annuel.

En fait, le bilinguisme coûte moins cher que l'éclatement du pays. Il permet,

cependant, des avantages politiques considérables: une État unifié plus grand pour

mieux se défendre contre son puissant voisin. De plus, le bilinguisme canadien est

surtout attribuable au poids politique du Québec, mais il permet par ricochet d'assurer

une protection fédérale à la minorité anglophone du Québec.

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On fait ainsi d'une pierre deux coups.Quant à la Suisse, elle a été bilingue dès sa

création au XIIIe siècle; tous les cantons se sont librement associés au cours de

l'histoire à la Confédération helvétique dans un pacte perpétuel de défense contre les

envahisseurs. Dans de telles conditions, le respect de la langue de chacun des groupes

allait de soi et la tradition s'est maintenue.

Néanmoins, la Suisse n'a pas accordé la même protection à la minorité romanche dont

la langue ne bénéficie pas d'un statut officiel au niveau fédéral. Le poids politique des

populations romanches est d'ailleurs presque nul et la Confédération helvétique a

toujours jugé excessif le coût économique de la protection du romanche (0,9 % de la

population) dont le statut serait alors rendu égal à celui de l'allemand, du français et

de l'italien.

En somme, l'exemple de la Suisse semble confirmer la tendance que le bilinguisme est

généralement un «privilège» dont jouissent les États qui n'ont guère le choix d'agir

autrement; lorsqu'ils l'ont, comme pour le lapon en Finlande et le romanche en Suisse,

des raisons apparemment d'ordre économique interviennent pour «assouplir» certains

principes de justice distributive.

Deux autres cas bien particuliers: la Namibie et l'Afrique du Sud dont les deux langues

officielles sont l'anglais et l'afrikaans. Les minorités linguistiques qui ont réussi à

imposer l'usage de ces deux langues sont extrêmement puissantes; ce sont des peuples

conquérants. Et le bilinguisme officiel instauré dans les deux pays cités ne vient que

consacrer un état de fait.

4- Préserver une identité ethnique :

Par-delà la nécessité d'éviter les conflits et la sécession, et celle de garder un

instrument de communication qui assure le développement économique, on peut

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promouvoir le bilinguisme pour préserver l'identité ethnique.

C'est pour cette raison que certains pays d'Afrique, d'Asie et d'Océanie ont adopté cette

solution:

États bilingues Langues officielles


Burundi français-kirundi
Djibouti français-arabe
Érythrée arabe-tigrinia
Kenya anglais-swahili
Kiribati anglais-kiribati
Lesotho anglais-sesotho
Madagascar français-malgache
Malte anglais-maltais
Mauritanie français-arabe
Pakistan anglais-ourdou
Philippines anglais-filipino
Rwanda français-kinyarwanda
Samoa occidentales anglais-samoan
Seychelles anglais-français-créole
Swaziland anglais-siswati
Tanzanie anglais-swahili
Tonga anglais-tonguien

Il s'agit, pour la majorité d'entre eux, d'États faibles qui cherchent à protéger la langue

nationale par des frontières territoriales sécurisantes et qui ne peuvent imposer

l'unilinguisme de la langue nationale pour des raisons politiques et économiques; la

langue coloniale n'en continue pas moins d'exercer sa domination. L'idéal aurait été

peut-être que chacun de ces États impose un unilinguisme qui favorise la langue

nationale, mais le rapport de force ne s'y est pas prêté. Le processus est toutefois

bien amorcé dans quelques États: Madagascar, Tanzanie et Kenya.

5 Assigner à une langue un rôle symbolique :

Quelques États adoptent des lois pour attribuer une fonction symbolique ou une valeur

idéologique à une langue. Ainsi, on peut penser que l'Irlande est officiellement

bilingue bien davantage par affirmation symbolique de son caractère distinct

(du Royaume-Uni) que par nécessité.

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Le bilinguisme proclamé dans ce pays n'est point reflété dans les faits. Étant donné

que l'anglais est la langue maternelle de 98 % des Irlandais, il irait donc de soi que la

république d'Irlande reste officiellement unilingue anglaise. L'imposition du

bilinguisme institutionnel dans la législation et tous les symboles de l'État revêt ainsi

une fonction strictement symbolique, car on ne sauvegarde la langue de personne.

La république d'Haïti entre également dans cette catégorie. Le bilinguisme officiel ne

sert pas à protéger le créole, celui-ci n'étant pas en danger. Pour le moment, il sert tout

au plus à donner aux dirigeants une bonne conscience, celle d'avoir fait leur devoir,

sans même changer l'ordre des choses. En fait, le bilinguisme officiel demeure

strictement déclaratif, puisque cette disposition juridique ne se transpose pas dans la

réalité. On pourrait formuler la même observation pour les Comores puisque, dans cet

État, l'arabe n'est qu'une langue religieuse, les Comoriens étant musulmans. Dans les

faits, l'arabe n'est la langue maternelle de personne aux Comores.

Un dernier exemple, celui d'Hawaï. Rappelons que c'est le seul État américain à s'être

doté de deux langues officielles: l'anglais et l'hawaïen.

À l'exemple de l'irlandais en Irlande, l'hawaïen n'est à peu près plus parlé; on estime

que 250 personnes (de plus de 60 ans) le parlaient encore couramment à la maison en

1978. Pourtant, les insulaires parlant le tagalog, le chinois, le japonais ou l'anglais

tiennent à cette langue qui n'apparaît plus que dans la toponymie, l'odonymie (noms de

rue) et les inscriptions du gouvernement local. Objet archéologique, l'hawaïen

demeure le seul vestige autochtone destiné à forger une identité

commune aux nombreux groupes d'origines diverses vivant dans ces

îles du Pacifique.

17
6-Respecter les contraintes constitutionnelles :

C'est le propre des États non souverains de s'accommoder du bilinguisme imposé par

l'État central. Ces règles constitutionnelles existent pour presque tous les États de ce

type, sauf pour la Suisse, le Pakistan et l'Inde. Lorsque le bilinguisme étatique est

imposé de l'extérieur à un État régional, il sert ordinairement à protéger deux langues

au statut ambigu. En effet, la majorité du pays impose le bilinguisme à leur État

subalterne dans le but de protéger la langue du plus fort, la sienne, mais cet État a

intérêt à protéger la langue locale, ce qui suscite inévitablement des conflits.

En fait, le constat est simple: le bilinguisme officiel est le fardeau des États non

souverains qui,au sein d'un État central fort, sont parfois les seuls à devoir l'assumer

comme en Espagne,en Italie,au Danemark et aux États-Unis.

7- Assurer le développement économique :

L'un des avantages manifestes du bilinguisme est qu'il permet plus facilement à l'élite

dirigeante de communiquer avec l'extérieur, au plan des relations internationales. Par

exemple, les États-Unis peuvent communiquer avec près de 60 pays en anglais alors

que le bilinguisme anglais-français permet au Canada de communiquer avec près de 95

États. Cela demeure un avantage bien théorique puisque les Américains

communiquent avec presque tous les pays du monde... en anglais. Par ailleurs, même

si le bilinguisme facilite les communications avec l'étranger, il devient un obstacle à la

communication interne et une menace potentielle à l'intégrité territoriale.

En réalité, si de nombreux États conservent une langue coloniale sur les plans

gouvernemental, administratif, scolaire et culturel, c'est qu'ils ne peuvent tout

simplement pas s'en dispenser, les langues locales n'ayant pu assurer la relève après la

décolonisation.

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On ne voit pas en effet comment la plupart des États du continent africain et quelques-

uns d'Asie pourraient s'en passer dans un proche avenir,car il y va de leur

développement économique.

8- Assimiler les minorités:

Quelles que soient les raisons invoquées, le bilinguisme est avant tout destiné à éviter

de très graves conflits entre les groupes en présence.

Cette politique sert à temporiser et à éliminer les revendications des minorités pendant

que se poursuit l'oeuvre d'intégration et d'assimilation à la langue dominante.

Il est probable que ce soit l'intention inavouée des Italiens et des Espagnols en ce qui

concerne les communautés autonomes.

En tout cas, c'est l'affirmation catégorique du linguiste Gilles Bibeau:

Le bilinguisme national, c'est-à-dire commandé par l'État, à moins qu'il ne se


rapporte à l'existence dans l'État de deux régions proprement unilingues, ne
peut être autre chose qu'une mesure transitoire destinée à assimiler en douce
la minorité, sans créer de sentiment de rejet de ses valeurs culturelles et
linguistiques. La cote du bilinguisme monte d'autant plus haut que la
résistance à l'assimilation est plus grande.» (L'éducation bilingue en
Amérique du Nord, Montréal, Guérin, 1982, p. 174.)

C'est d'ailleurs une pratique aussi vieille que le monde et il n'est pas de peuples

majoritaires qui peuvent prétendre ne pas la retracer dans leur histoire d'une façon ou

d'une autre. Même les Égyptiens, les Chinois, les Aztèques et les Mayas y ont eu

recours il y a 3000 ans. Néanmoins, l'assimilation est freinée, sinon rendue impossible,

lorsque l'État sépare les langues sur le territoire en deux zones unilingues, comme en

Belgique (à l'exception de Bruxelles) et en Suisse.

19
7-Conclusion :

Le monde tourne aujourd’hui au rythme de la mondialisation. Lorsqu’on parle


de

mondialisation on pense au premier abord à une ouverture de l’économie à un


niveau

mondial, mais la mondialisation est loin de se limiter à ce domaine et touche tout


un

panel d’activités humaines : industrie, services, social, politique, culturel, et

linguistique. Comme dans toute évolution, on peut y trouver des avantages tout
comme

des inconvénients. Aux niveaux culturel et linguistique, qui nous intéressent plus

particulièrement dans ce travail, les partisans de la mondialisation la défendent


en

avançant qu’elle permet à l’homme d’ouvrir ses horizons d’un point de vue
culturel en

lui donnant accès à des sociétés, des langues et des visions différentes du monde
qui ne

peuvent que l’enrichir.

Le domaine linguistique ne semble pas échapper à cet argument de normalisation


des

rapports humains. En effet , l’essor des échanges internationaux réclame une

compréhension entre des personnes qui ne s’expriment souvent plus dans une
même

langue maternelle. Dans un tel contexte, comme le dit le linguiste français


André

Martinet, « la tendance à la réduction et à l’élimination finale de la situation


bilingue

est un trait général et permanent. Pour un individu donné, la vie serait plus
simple s’il

20
pouvait, dans toutes les circonstances, faire usage des mêmes unités
phonologiques ou

grammaticales. Si des pressions de diverses origines s’exercent dans un même


sens

pendant assez longtemps, l’une des langues en présence va tendre à disparaître. ».

C’est en 1982 qu’André Martinet formulait ce constat.

- Biographie :

-Ngalasso Mwatha Musanji, L’Enseignement bilingue en Afrique :

Modèles, expériences,

perspectives dans Colloque : L ‘Enseignement bilingue en Haïti 20

ans après la Réforme

Bernard Université Quisqueya (Haïti), 21-22 mars 2003, 19.

- Siguan et Mackey, Education et bilingue, 42.

-Musanji, L’enseignement bilingue en Afrique, 10.

-Les sites internet:

21
-www.wikipedia.com

-www.wikipedia.org

-www.vivre-bilingue.com

22

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