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1 La lettre du Physicien Explorateur

La lettre du Physicien Explorateur


n°1
Septembre 2010

Comité de rédaction : Thom Delavande, Steph Lefèvre.

Au sein de notre petit comité de rédaction, nous menons de nombreuses


discussions sur la science en général, sur la physique en particulier. Nous
parlons aussi souvent des apprentissages qui incitent les jeunes à s’intéresser
à la science, qui suscitent de l’intérêt pour découvrir et comprendre la
Nature qui nous entoure.
Nous essaierons de faire partager ces discussions dans ces lettres du
Physicien Explorateur.

On propose d’aborder dans cette première lettre un des thèmes les plus
passionnant de la physique moderne, celui du Temps.

Petites réflexions sur les déformations du Temps


A la fin du 19ème siècle, les expériences de Michelson et Morley ont prouvé
l’existence d’une vitesse constante de la Lumière, quel que soit le
mouvement de l’observateur. Pour tenter de répondre à cette problématique,
des scientifiques avant-gardistes, comme Lorentz, Poincaré ou Einstein ont
imaginé de nouveaux concepts physiques, ils ont remis en cause l’approche
habituelle que l’on avait du Temps.

On ne peut être que fasciné par les idées de ces scientifiques, qui à partir de
contradictions entre expérience et théorie, on eu l’audace de proposer un
nouveau concept, celui du Temps déformable.
Dans ces petites réflexions, s’inspirant des idées de ces physiciens, on
proposera quelques nouvelles équations décrivant ces déformations du
Temps. On espère que cela amènera le lecteur à méditer sur cette notion de
Temps déformable, qui encore aujourd’hui est bien difficile à appréhender.
Réflexions sur les déformations du Temps 2

Déformation des durées dans une dimension de l’Espace et une


dimension du Temps
Soit un expérimentateur E1 se considérant immobile dans une dimension x
de l’Espace et une dimension t du Temps. Il mesure pour la vitesse de la
Lumière : dx = c .
dt

Soit un deuxième expérimentateur E2, qui avance dans la dimension x à la


vitesse v par rapport à E1 (dans un sens ou dans l’autre).
Suivant le principe de relativité dans l’Espace, pour E1, l’expérimentateur
E2 doit mesurer une vitesse de la Lumière : dx = c ± v , le symbole ±
dt
indiquant les deux sens possibles.

Si cette vitesse est supérieure à c, avec c + v , E2 avance dans le sens


inverse de la Lumière.
Si cette vitesse est inférieure à c, avec c − v , E2 avance dans le même sens
que la Lumière.

Or, à la fin du 19ème siècle les expériences de Michelson et Morley ont


montré que E2 ne mesure pas c ± v , mais bien c pour la vitesse de la
Lumière.

Comment expliquer ce non respect du principe de relativité ?

C’est là que sont intervenus Lorentz, Poincaré et surtout Einstein. Ils ont
proposé pour E2 un temps différent de celui de E1.
Ainsi, E2 possède un temps propre avec des petites durées dt ' différentes de
celles dt de E1.

E2 peut alors mesurer : dx = c .


dt '

Reste à trouver la relation entre dt et dt ' , c’est-à-dire entre les petites


durées de E1 et celles de E2, relation qui permet de retrouver pour E2 la
mesure d’une vitesse c constante de la Lumière.

On peut par exemple poser : dt ' = c ± v dt .


c
3 La lettre du Physicien Explorateur

Suivant E1, l’expérimentateur E2 mesure : dx = c ± v (1).


dt

Or, comme les durées dt ' sont déformées de dt ' = c ± v dt , avec


c
c
dt = dt ' , on remplace dt par dt ' , et on obtient :
c±v
dx
=c±v,
c
dt '
c±v
et donc dx = c .
dt '

On retrouve bien dx = c , c’est-à-dire que l’expérimentateur E2 mesure bien


dt '
dans son temps propre dt ' une vitesse de la Lumière égale à c.

On notera que dans les équations de Lorentz et Einstein, la déformation des


durées généralement donnée est du type :
c 2 − v 2 2 (c + v)(c − v) 2 .
dt ' 2 = dt = dt
c2 c2

On propose de voir cette déformation comme la multiplication des deux cas


possibles, l’un dans le même sens de la Lumière, l’autre dans l’autre sens, le
sens n’étant pas explicitement indiqué (on y reviendra dans les deux
interludes).

On peut finalement poser une déformation des durées du type :


c ± v dt '
β= = .
c dt

Déformation des distances dans une dimension de l’Espace et une


dimension du Temps
Ce qu’on a proposé précédemment pour des petites durées dt ' , réitérerons
le pour des petites distances dx ' .
Réflexions sur les déformations du Temps 4

On va maintenant supposer que E2 possède des petites distances dx '


différentes de celles dx de E1.

On peut par exemple poser : dx' = c dx .


c±v

Suivant E1, l’expérimentateur E2 mesure pour la vitesse de la Lumière :


dx
= c ± v (2).
dt

Or, comme les distances dx ' sont déformées de dx' = c dx , avec


c±v
c±v
dx' = dx , on remplace dx par dx ' , et on obtient :
c
c±v
dx'
c = c±v.
d'

On retrouve bien dx' = c , c’est-à-dire que E2 mesure bien selon ses


dt
distances propres dx ' , une vitesse de la Lumière égale à c.

Comme précédemment, on notera que dans les équations de Lorentz et


Einstein, la déformation généralement donnée est du type :
c2 − v2 (c + v)(c − v) .
dx = 2
dx' = dx'
c c2

On propose également de voir cette déformation comme la multiplication


des deux cas possibles, l’un dans le même sens de la Lumière, l’autre dans
l’autre sens.

On pose finalement une déformation des distances égale à :


c ± v dx
α= = .
c dx'

Interlude 1, expérience dans deux dimensions de l’Espace


5 La lettre du Physicien Explorateur

On propose ici une petite expérience qui permet de retrouver facilement les
déformations des durées de Lorentz. Cette petite expérience est tirée du livre
d’A. Jacquard, l’Equation du nénuphar cité en bibliographie.

Soit d’abord un miroir et un expérimentateur E1 fixe par rapport à ce miroir,


localisé à une distance D de ce miroir. L’expérimentateur E1 envoie un
signal lumineux vers le miroir.

La durée de l’aller retour du signal lumineux est de :


2D .
dt =
c

Figure 1 : E1 immobile par rapport au miroir

Soit ensuite un miroir et un expérimentateur E2, qui avance à une vitesse v


le long de ce miroir. Celui-ci est toujours fixe (voir la figure 2). E2 envoie
un signal lumineux vers le miroir. Notons 2D’, le trajet aller retour du signal
lumineux tenant compte du mouvement de E2.

La durée de l’aller retour du signal lumineux est différente de celle de E1.


Pour E2, on peut la noter : dt '= 2D' .
c

La distance parcourue par E2 entre l’émission du signal lumineux et sa


réception est de : vdt ' .

Suivant le théorème de Pythagore on a :


Réflexions sur les déformations du Temps 6

vdt ' 2 .
D' 2 = D 2 + ( )
2
D’où : dt ' 2 = dt 2 + ( vdt' ) 2 .
c

On retrouve :
c 2 − v 2 2 (c + v)(c − v) 2
dt ' 2 = dt = dt .
c2 c2

Figure 2 : E2 avance à la vitesse v par rapport au miroir fixe

Interlude 2, ramener la précédente expérience à une seule dimension de


l’Espace
Reprenons la précédente expérience, par un autre type de réflexion.

Lorsqu’on analyse cette expérience, on constate pour E1 et E2, une distance


parcourue par la Lumière suivant y identique. C’est uniquement la distance
parcourue par la Lumière suivant x qui varie.

Puisque la distance est la même suivant y, on peut sans regret éliminer cette
dimension y, et retomber dans le cas plus simple d’une seule dimension x de
l’Espace. Dans cette dimension x, suivant E1 et E2, la Lumière n’a pas
accompli la même distance.

Ayant éliminé la dimension y, on peut alors s’interroger sur la vitesse de la


Lumière suivant x, à la fois pour E1 et E2 ?
7 La lettre du Physicien Explorateur

S’inspirant de l’interlude 1, on pourrait penser que cette vitesse est nulle


pour E1. Erreur ! Car quel que soit le mouvement, la vitesse de la Lumière
est toujours égale à c, à la fois pour E1 et E2.

Quel est alors le sens de cette vitesse de la Lumière dans la dimension x ?


On constate qu’il n’est pas précisé, ni pour E1, ni pour E2. Il va alors falloir
tenir compte des deux sens possibles de la Lumière.

E2 ayant une vitesse v par rapport à E1, on retombe finalement dans l’étude
des déformations des durées dans une dimension de l’Espace et une
dimension du Temps, avec prise en compte implicite des deux sens possibles
de la Lumière.
On reprend donc la relation entre les durées de E1 et E2 :
c±v .
dt ' = dt
c

Ou autre façon de tenir compte des deux sens possibles :


c 2 − v 2 2 (c + v)(c − v) 2
dt ' 2 = dt = dt .
c2 c2
On retrouve donc bien la relation proposée par Lorentz et Einstein.

Intéressons nous enfin au cas plus général, avec à la fois des déformations
des distances et des durées.

Déformation des distances et des durées dans une dimension de


l’Espace et une dimension du Temps
Pour mesurer une vitesse de la Lumière toujours constante, on a vu qu’on
pouvait jouer soit sur les durées, soit sur les distances, c’est-à-dire remettre
en cause soit la nature du Temps, soit celle de l’Espace.

Néanmoins, peut-on jouer à la fois sur les deux ? On va répondre par


l’affirmative à cette question, proposant la possibilité de déformations
concomitantes des distances et des durées.
On constatera d’ailleurs l’existence d’une relation entre ces déformations
des distances et des durées.

Selon E1, l’expérimentateur E2 doit toujours mesurer :


Réflexions sur les déformations du Temps 8

dx
= c±v.
dt

Or, suivant ses durées dt ' et distances dx ' propres, E2 mesure :


dx'
=c.
dt '

dx dt'
On a posé précédemment : α = et β = .
dx' dt

En partant de : dx = c ± v , on remplace par les petites durées et distances de


dt
E2, et on obtient : αβdx' = c ± v .
dt '

Or dx' = c .
dt '

c±v
On a donc : αβ =
c

On obtient ainsi une relation importante qui lie la vitesse c, la vitesse v, et


les déformations α et β des distances et durées de E2 par rapport à E1.

En prenant les deux sens possibles, on obtient :


c2 − v2
α α β β =
+ − + −
avec les exposants + et - symbolisant les différents
c2
sens possibles dans le Temps et l’Espace.

Cette dernière équation est particulièrement intéressante, car contrairement


aux équations de Lorentz et d’Einstein, qui ont un seul degré de liberté, on a
ici une équation à deux degrés de liberté possibles.

En effet, dans les équations de Lorentz et d’Einstein du type


c2 − v2 c2 − v2
α +α − = ou β β
+ −
= , une fois la vitesse v choisie, on a
c2 c2
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automatiquement les déformations des durées et des distances, sans autre


degré de liberté possible.
c2 − v2
Ici, avec α α β β =
+ − + −
, une fois la vitesse v choisie, on a
c2
finalement une infinité de valeurs possibles pour α +α − et pour β + β − .

Ces deux degrés de liberté permettent d’entrevoir que pour une même
vitesse v, on peut avoir deux causes différentes : soit déformer les distances,
soit déformer les durées.

C’est l’hypothèse fondamentale de l’essai l’Hypothèse Temps Lumière écrit


par T. Delavande, membre de notre petit comité de rédaction.
Il est proposé dans cet essai de rapprocher d’une part les déformations des
durées de l’électricité, et d’autre part les déformations des distances de la
gravitation (et du magnétisme, mais là c’est encore plus compliqué).
Les lecteurs souhaitant aller plus loin pourront télécharger cet essai sur
http://www.scribd.com/doc/25262686/Hypothese-temps-lumiere.

Mini bibliographie
Ci-joint deux ouvrages remarquables qui ont inspiré ces petites réflexions.
[1] A. Einstein, La relativité. Payot et Rivages, Paris, 2001 (pour l’édition en livre
de poche).
[2] A. Jacquard, L’Equation du nénuphar, Les plaisirs de la science. Calmann-
Lévy, Paris, 1998.

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