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I,IBNAIRIE Â"RTIT!'R .BOTISSEAU'
R.OITSÊEAIr & C", Énrrpuns
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CONSEIT/ POIIR I,ES DROITS DAg MTNORINÉS JT'IVES
(courrÉ nns oÉr.Éoerrorqs Jrrrvns)
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LIBB.â'INTE ARTEUB BOIISSEATI
nOUSgl0AU & C,,, ÉprrEuBs
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Tout dtotlt de teptotductlon, lrcducllon ct odaptalbn exptesilmenrl técefiét
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, .aqqogiafions pa,c"itfisteË, . .,, . .,: . r a ....r..!:. , 22
oFAP[TA4IV,
I;e problème des.miqp.fités ,{ans le pfognamsre de paix
de la So.oial"déHro,oratiê
CHAPITRE V.
f,os droits des minorités dans les buts de gu,erre des pays
bel'llgérants 28
CHAPITNE VI.
L'action juive à la Conféren.ce de la P'aix et la consl,itu-
tion'idu < Comité lde! Délégations Juives auprès de
la Conférence de lâ Paix 32
CHAPITRE VII.
La proteotion 'des minorités dans ,les projets du paote de
la Société des Nations et ,la lutte du Japon pour
,1'égalité des raoes 45
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CHAPITBE VIII.
La
"- ou.estion des minorités devant lrs c tonseitl sqprême 1
o;i--Ë-îrOâilon:Ce ia < ,Commission des Noiuveaux ;
Eûats et dd'iîoËôtion des Minôii'tes
CHAPITRE IX.
uv
Le msmoranidu,m du ,q cormitré {es_Délégations Juives
î6ïitJ d* iË dintàrenoe-de ta-pair .. . . . . .. ' " 76
ChaPi'tie X'
Axnexr A. Traité dit des minori;téq,_ sign_q -lre {S. juih l9l9'
à versailles, entre leqEtats-unis d'Amér_iquet l'-uJIIl-
l4re rrit[ànnique, la Franae, I'fta'lie' 19 Japon et la
....."".."'':""'" r&t
Pologne ..........
,droits des .mino-
--
AxNrxe B. Memorandum conoernant les
-ritéi, présenté pal le-- u Co'mité des Détlésations
iuivtis âuprès de [a Conrférenoe de la Paix >. te10 mai t48
iglg, à là Conférence de la Paix
Axnnxr C. Dis,oours prononoé'par te Président \Vilson, le
3l mai lgl0, Ë ta truitiômq séanoo- p}énitè're de la
Conféren,oe rie la Paix (texte an$lais) r6.l
l
AYANT-PROPOS
-8-
histoire tout à fait complète, peut-ôtre le moment est-il déjà
venu de faire une tentative sérieuse pour donner un tableau
général, aussi eomplet que possible- dans les circonstances
actuelles, du développement de la question des minorités à
la Conférence de la Paix. De nombreux ouvrages: monogre-
phies historiques, articles juridiques, conférences politiques,
mémoires personrtels, ete., éman*nf, pour la plupart, d'hom-
mes cl'Etat et de juristes qui prirent personnellement part à la
Conférence et savent fort bien'ce qui se passe autour d'elle.
contiennenit, éparpillés et.non svstématisés, une foule de pré-
eieux faits, de{,ails et inform*tions; il s'agit de les recuei}lir.
de }es contrôler, de }cs grtuper, de les rédiger et ils peuvenl
constituer une base stre pour un solide aperçu historique.
No,tne tâshe a étq dans une large mesure, facilitée par le
fait que, grâce à des personnalités pol.itiques qui avaient suivi
de fort près Iæ trav*ux de la Confépence, nous avon{s pu obte-
nir quelques informations précieuses sur les débats qui se dé-
roulèrent au sein du Conseil Supnême au sujet de la question
des rninorités, ainsi, que certains autr.es renseignements et dé:
tails très imp'ortants, Ces informations sont. absolumenl
dignes de foi et lenr véracité ne saureit être mise en doute.
C'est un devoir agiéabÏe que nous accomplissons en expri-
mant ici à ces peisonnalités toute rrotre gratitude pour I'in-
térêt et I'appui qu'elles ont bien voulu nous témoigner au
cours de notre traveil.
Conjointement avec la question des minorités à la Confé-
rence de la Paix, cet ouvrage traite aussi de I'action juive elr
faveur de la pr,otection internationale des minorités. Ces
deux questions sont-elles connexes? De distingués savants
l'on souvent, et à maintes oe,casions affirmé et la tâche qrre
nous nous sommes imposée eonsistait à vérifier à quel point
I'aetion des représentantg juifs avait réellement contribué
aux travaux de Ia Conférence et exercé une influence dans
ce sens.
Dans eetto partie de notre étude, égalernent, nous
sûmmes loin d'élever une prétentiorr quelconque à avoin
épuisé la matière et il n'est nullement dans notre intention
de donner une histoire de toutes les démarches et actionE
qui ont été entreprises par les Juifs, pendant et, avcnf Ia
Conférence, en faveur de la garantie internationale des
droits des minorités.
- 9-
La plus grande attention devait être accordée à I'action
du <Comité des Délégations Juives auprès de la Conférence
de la Paixr, I'organe juif central créé dès après I'armistiae
dans le but de ptaider à la Conférence la câuse des minorités
juives et qui se composa,it des représentants légitimes des
populationi juives de I'Europe du Centre, de I'Est et du
Sud, ainsi que de représentants élus de millions de Juifs
d'autres peys. En conséquence, parallèlement au développe-
ment de la question des minorités à la Conférence, le présent
ouvrage expose et éclaire aussi I'action du Comité; en même
temps, il examine le rôle que cette institution fut appelée à
jouer dans Ïélaboration des traités des minorités.
Même sur ce point, I'on ne se trouve pas encore dans
une situation très privilégiée. Jusqu'à ce jour, le Comité
n'a pu, pour différentes raisons, publier les documents et,
matériaux les plus importants relatifs à son action pendant
les années l9I9-L920, susceptibles, s&ns nul doute, de
contribuer, dans une large mesure, à élucider le rôle qu'il
a joué dans,ce domaine. Une fois de plus, nous nous sommes
vu obligé de reehercher et de glaner à toutes sortes de sources
les éléments qui permettent de dresser un tableau général
des travaux du Comité.
Cet ouvrage a été écrit sur I'initiative du <Conseil pour
Ies Droits des Minorités Juives (Comité des Délégations
Juives)r. C'est sous ce nom que le Comité continue, depuis
aott {927, son existence. Qu'il nous soit permis de remercier
lci publiquement le <Conseibr et, tout particulièrement, son
Président Exécutif, M. Léo Motzkin, d'avoir bien voulu nous
charger de cette mission et pour la confiance qu'ils nous ,ont
ainsi témoignée.
Nous remercions également M. le Dr J. Robinson, avo-
cat à Kaunas, dlavoir bien voulu revoir le manuscrit, avec
une bienveillante attention; de même, nous tenons à expri-
mer notre profonde reconnaissance à M. H. Sinder, avocat
à Paris, pour les soins dévoués qu'il a apportés à la mise au
point du texte français de I'ouvrage.
Nos remereiements vont enfin aux bibliothécaires de la
Société des Nations pour l'extrême amabïlité et I'empresse-
ment avec lesquels ils ont toujours accueilli toutes nos
rlcmandes.
Genève, mars {929.
CHAPITRE PREMIER
l8-
assuner û,ux minorités une pert équitablo danS le ,béné{ice
et, l"gffectation des sontmes tui porlrraient êfre ottrib,urâes
sun les Tonds puhlics,par le buttget, de I'Dùat, les ;brr@uts
,munioip&lr.x ou aut,res,' dans un ùut d'édusation, de roliglon
ou de charité.
$o jurid;tque de ces obligations
- a)Caractère
I'article i. des traités des minorités prévoit que
ces dispositions doivent être reconnues par ehaque peys
respectif comme lois fondamentales, a,vec lesquelles a,ucune
loi, aucun règlement ni aucune action officielle ne peuven[
être en contradiction ou en opposition;
b) aux termes du àérnier article des traités, les
stipulations affectant des personnes appartenant à des
minorités de race, de religion ou de langue constituent des
obiigations d'intérêt, international, placées sous la garantie
de la société des Nations et ne pouvant être modifiées sans
I'assentiment de ta majorité du conseil de ladite société.
Tout membre du conseil de la société des l{arious
a,ura, le droit de signaler à I'attention du conseil toute in-
fraction ou danger d'infraction à l'une quelconque de ces
obligations et le conseil pourra alors procéder de telle fagon
et donner telles instructions qui lui paraîtront appropriées
et efficaces dans la circonstance.
Err cas de divergence d'opinion sur des questions de
droit ou de fait, concernant ces stipulations, entre un
membre du conseil de la société des Nations et un gouver-
nement soumis à ces obligations, cette divergenèe sera.
selon les termes de I'article {4 du pacte de la Société des
Nations, considérée comme un diffénend ayant un earactère
international.
A la demande de I'un quelconque des membres du
conseil de la société des Nations, chÀque différend sero
déféré à la cour Permanente de Justice lnternationale. qui
statue en dernier ressort.
. 9æ stipulations se trouvent, presque rittéralement, dans
tous les traités ooncernant les minorités. euelques iraités
comportent cependent encore toute une série diautres dis-
positions, ainsi par exemple les articles spéciaux en faveur
lu ]u protection des Juifs dans les Traitéô avec la pologne,
la Roumanie et la Grèoe, sur lesquels nous nous arrêterons
plus en détail par la suite; la protection spéciale des musul-
)
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ma,ns dans les Traités avec le Yougoslovie etla Grèce I I'auto-
nomie territoriale des Ruthènes dans le Traité &vso lo
Tchéooslovaquie; des droits spéoiaux pour les Szeckler et
les Soxotts en Transylvanie danb b Traité svec le Roumanie,
etc.
C.HAPITRE V
_31 _
alliées et associées tirassent, effectivement. des prineipes
py elles proclamés, les conclusions ei oorrséquettàrt
néoessaire's, il avait fallu que quelqu'un vînt devant la'Confé-
renoe de la Paix pour le revendiqler et I'exiger hautement.
or, ce fut_le grand mérite de la rèprésentatioi juive auprès
de le conférence de la P,aix que d'avoir accompti cette ta'crrà.
CHAPITRE II
PRÉCÉDENTS HISTORIQUES
nn àOciOant d'incorporer dans les traités de paix la
proteotion internationale oes minorités, la Conférence de la
Paix n'a, à proprement parler, rien créé de si nouveau gui
n'ait déjà,eu de profondes racines et d'importants précédents
dans le passé. En réalité, il s'agissait moins d'une innovation
que de I'application, sous une forme beaucoup plus étendue
et plus appropriée aux nouvelles circonstances, d'un prin-
cipe qui avait déjà deruière lui un Jong développement ot
toute une histoire.
Aussi, quand les différents Etats intéressés eurent sou-
levé de vigoureuses protestations contre les obligations qu'on
entendait leur imposer, les auteurs des traités leur reppe-
Ièrent tout simplement qu'au fond ils n'innovaient guère et
qu'ils poursuivaient une tradition Qui, développée durant
le XIX" siècle, est devenue une coutume bien établie, uno
norme du droit international européen.
Déjà dans les Traités de Vienne de 181.4-1.5, nous trou-
vons quelques dispositions eyent pour but de garantir la
liberté religieuse et l'égalité des droits. Par exemple, dans
I'eote final du 2I' j uitlet L8!,4 au suj et de la réunion de le
Belgique à Ia Hollande, ou dans le Protocole du 29 mars {.8r.5
relatif à la protection de la populatioq catholique dans le
territoire que le roi de Sardaigne oédait à la République de
Genève. En oe qui concerne la Pologne, le Congrès de
Vienne alla même jusqu'à lui r,econnaître des droits
nationaux, en disposant dans l'acte final du g juin l8l5 que
le Russie, la Prusse et I'Autriche devront créer pour leurs
suj.ets polonais des institutions qui leur (a,ssureront la
r16_
formes d'exis-
conservation de leur nationalité, d'après les
auxquels ils
;;;r politique que chacun des gou.'ernements'
leur accorder,'
--'- r
jïgera c-onvenable de
"Ip*ti.rrrr.rrt,
plus tardi ior-s de Ia reconnalssance de I'indépendance
de la Grèce, en I'année {.830, de I'autonomie des
Principaltés
de Moldaviô et de Valachie en {856, de t'indépendanct g:i*
Rorr*urrie, de la serbie et du Montenegro, en I'année {.878'
ui Ou la principauté bulgare auLonome, dans la même année,
tu concert âes Granà'es Puiss&nces exigea toujou-rs {tt
-nouve&ux Etats '),'qurls gtr les admettant au sein de la famille des
ùp6r- civilisés,principess'engagent à gouverner en accord
iurô certains londamentaux reconnus comme
formant la bsse de l;organisation politique et sociale du
monde. On considérait Jlors la liberté de croyance et de
conscience et l'égelité des droits civils et politiques comme
un minimum de"ces <principes généraux de justice et de
iit-rrtOr. En règle générate, côtte égahté s'étendait non seule-
ment aux culËs àhrétiens, mais encore à toutes les autres
religions sans distinction 0t, ,par .conséquent, aux Jutfs
éss.iement.
-"-- Cependant iI y eut aussi des excepti'ons'
l,otr clu iongfès de Vienne, les Juifs de Francfort-'sut-
Ie-Mein et d'auties villes allemandes envoyèrent des délé-
gatiorm cirargées de faire des démarches,-à cette occ-asion, en
faveur de l'émancipation des Juifs dans les Etats allemends;
mals ces délégations n'eurent pas de succès' Dans I'acte de
Vienne sur 1- <t0onstitution Fédérative de I'Allemaoqnerr,
l'égalité juive n'avait pas été garantie. Le seul article qui
fû[ admii consistait en ceci: - oII imposa à la Diète de la
confédération de I'Allemagne I'obligation de chercher les
molzens propres à assurer â tous les adeptes de la religion
j"ior U jouissance des droits oivils dans tous les Etats de la
"Confédération et I'on cléfendit à oeux de ce's Etats gui
avaient déjà accordé des droits à leurs ressortissants iuifs'
de les leur ,retirer.
Quaranûe ans environ après, nous voyons les .Jdi.fs
J
-20 -
Les disposition's concern&nt les minorité's insérées dans
les traité, des années LgLg-L920 ont été placées, ainsi gou
nous I'avons dit dans le chapitre précédent, sous la probec-
tion et le contrôle de la Société des Nations, en tant qu'organe
,opron e d,e la famille organisée des peu_pl'e_s, 9l dt Ia Cour
permanente de Justioe Internationale de la Haye, en tant
que Tribunal SuPrême du monde.
' usous I'empire des anciens egements éorivait le
Président de la conférence,de la Paix, M. Georges clemen-
cuu,r, dans sa fameuse lettr'e d:u24. juin-{-919 au Président du
conseil de Ministres de Pologne, M. Paderewski, la
d'exécution pour des prescriptions de cet ordre
"garantie
uieposait sur les Grandes Puissances. L'expérience a montré
qud cela était, en pratique, inopérant"'u . .
Il est hors de'douté que cétte aexpérienoe inopéranterr
dont parle la lettre de M. Clemenceau, est une allusion au
triste ïas de la Roumanie. A la face du monde entier, la
Roumanie viole 'ses engagements internationaux et le
<c0oncert des Grandes Pliisances,, ne fit ri'en pour la
contraindre à faire honneur à sa signature et à exécuter
honnêtement et loyalement I'article 4& du Traité de Berlin'
Le seul gouuetrrement qui ait considéré de son devoir
de protester cintre le traitement, injuste des Juifs en Rouma-
nie, rut celui des Etats-unis d'Amérlque, encore q}lil n'ait
pur pa*ticipé au congrès_ cle tserlin, et qu'il ne fût donc
humanitaire de
ilas i,artie bu traité. Par leur intervention provoquer une
iOOZi t.* Etats-Unis d'Amérique espéraient
action énergique de la part des Etats qui, étant co-signataires
du Traité de Berlin, avaient à ta fois le droit et le devoir
d'agir. En effet, le gouverne,ment britannique adnessa, dals
le àours de la ioO*e année, à toutes les autres grandes
puissances la propo'sition de faire une démarche aollective
auprès de la Rôumanie; la Russie ,et I'Allemsgne ne s'y é!a,nt
pur *otttré disposées ,et comme on considérait qu'une telle
intervention ne pouvait être entreprise que collectivement,
la démarch'e n'eut jamais li'eu.
Le précédent rôumain, comme on le voit, n'était pas des
plus ,ettôourageents.'Ires représentants juifs à la Conférenc'e
de la Paix nd cessènent de le rappeler; ils demandaient que
I'on ne renouvelôt pluS l'es fautes commises et que I'on créôt
un système de garÂnties efficaoes. Ces revendications furent
. T
à1
-
prises considération et, lors de la discussion des stipula-
-en
tions des minorités, les auteurs des traités cherchèreàt et
trouvèrent les voies et moyens susceptibles d'améliorer et de
consolider la protection desdites stipulations. La constitution
de la société des Nations et de la cour Penmanente de
Justice Internationele devai'ent en fournir la possibilité.
I
CHAPITRE III
IJA QUESTION DES MINORITÉS DANS I,ES
PROJETS DE PAIX DES ASSOCTATIONS
PACII'TSTES
Au eours de la gueme, différentes &ssociations et or81-
nisations paoifïstes }urent fondées dans toute une série de
pays. Leur but était de préparer d-es projets pour_la paix.à
venir ,et de mobiliser t'opiniôn publique en faveur d'une -paix
juste et équitabtre. Il va he soi q_t'e les.qu'estig,"* se rattachant
à I'applicôtiott du principe dit des nationalités ou de l'<auto-
déhràination> et do ion corrolaire, le problème de la
protection des minorités, ooeupèrent, dès le premier jour,
une place très importante, sinon la plus importante, dans
Ies travaux de ces organismes paciflstes.
Parmi les assoeiàtions qui ont prêté à ces questions trne
attention spéciale, cell'es qui méritent d'être citées en pre-
mier lieu Àont I't,Union des Nationalités>, à Lausanne, et
l'<Organisation centrale pour la Paix durablel, à la Haye.
Lors des conférenees des nati,onalités de Lausanne,
pendant les années {9tb et 1.9L6, fut élaboré un pro_jet de
i.déclaration des droits des nationalitésrr, QUi, d&n's I'esprit
de ses auteurs, devait servir de complément organique à la
déelaration historique des Droits de I'Homme et du Citoyen
et qui contenait .également le principe de I'autonomie
nationale 1).
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Mais, en ce qui coneerne le problème des minorités, ce
sont les travaux de l'<rOrganisation Centrale pour Ia Paix
durable>, fondée en {.9{.5 sur I'initiative d'une associetion
paciliste hollandaise, qui furent les plus concluants. A tra
conférence oir fut eréée cette organisation, prirent part des
délégués des pays neutres, de même que des représentants
de quelques Etats belligérants. Le paragraphe 2 du aPro-
gramme-Minimum> adopté, prévoyait, pour les minorités,
llégolité civile, la liberté religieuse et le libre usage de la
langue.
Une commission spéeiale, sous ta présidence du pro-
fesseur norvégien Halvdan Koht, s'est occupée, pendant les
années suivantes, de l'élaboration, en tous ses détails, du
paragnaphe 2 du programme-minimum. A Ia séance de
Copenhague de cette organisation, ,en octobre LgL7,, a été
adopté le projet eonnu sous le nom de <<projet d'un traité
international relatif aux droits des minorités nationalesn.
Il est diffieile de se prononcer sur Ia question de savoir
si I'activité des associations pacifistes a, eu une influence
directe sur l'élaboration des traités des minorités. Ces
assoeiations ont, s&ns doute, contribué à créer dans le
monde une opinion publigue disposée en faveur du principe
de Ia pnoteotion des minorités, ainsi qu'une ambiance
favorable pour les travaux futuns de la conférence de la
Paix dans ee domaine. Une influence directe ne peut cepen-
dant être déeelée. C'est d,vec ,raison que Fouques Duparc
observe: r<leur idée n'aurait sans doute pas triomphé si des
intérêts et des passions ne I'avaient appelée à la vie rrr),
faisant ainsi a[usion à I'action juive à ia confér.ence de la
Paix.
assemblé.*
"Lg*J* d.* rongres de communautés, etc,
-ruornâications
"orr*tituuri.r, juives et
réclament des
il-f**rrtrrrt-îur
les droits des Juifs'
laranties pour
juives,.qui étaient elles-
Mais bien avant ces ,collectivités
intéressées à obtenir une
mêmes, pour ui"ri oi*e, vitalement
p-;t.;iidn internationaie pour leurs droits, les Juifs
d'autres
paysavaientaussicommencéàsepréparersérieusementà
dO"iOOs qu'i-ls étaient'
la Conférence de la Paix, fermemetttpolitique. en l& mettant
a:Jl, a"ns la nuru"r. leur influence juive'
toïte entière au service de Ia cause
aux Etats-
Déjà en l,année {.91,5-, avait pris consistance
unis d'Amériqîe lliaer a'on congrès
juif qui _
devait 91t*
sur àu, nurus démocrati{ues. et natiônales' A la tête
convoqué
de ce -orror**rt uô troooait le iri*r
à Ia. Cour Suprême .des
ie-gotgrès eut lieu à Phila-
Etats-Unis, iVl-iooi, Br*ttdeis.
eprès la- signe'ture
delphie ,r, uoio*nr {918, immédiatement
millions de Juifs, it revêtit le
de l,armistice. nepresentant 3
caractère d'une manifestation gr,andiose. de I'union et de la
$lrrt,..po.ur être envoyée
solidarité juivïs.-l,,u OefOgation"qu'i1 grâcg .a' :tt
à la Conférence de la Pùx, était prédestinée,
relations tooiJJ p"tiil1rrières avec ia Délégation américaine
président 'wilson lui-même, à jouer un rôle très
et avec te Juives
important oaïs-Iùctivité du comité des Délégations t"
*ptOt de la Corrfé,,ttot de la Paix' Longtemps lYl1tt:
l,année {916, avait eu lieu un congrès des
Juifs d'Afrique
du Sud et, ep LgL7, un congrès des Juifs du Canada'
r/\<--
35__
Mack,
'après ,ôr, départ_
_- l,avocat Louis Marshall lui
;;;éh* àt pfor tard,'M. Nahum Sokolow. de M. Léo Motzkin
;;;it rempri, durant toute la du Comité' la Paix, les
conférence
fonctions de Secrétaire-Général
seules deux délégations juives n'avoient pas iugé
possible de se joindre à la représentation juive commune -
celles des organisations deJ Juifs anglais et français:
le
-iài"t Foreigî Committeeu et l'<Alliance Israélite Univer-
,à11.,,. Déjà 6u début de I'année {.91.9, .M. Nahum
Sokolow
alors &u nom de I'Organisation sioniste des
menait
- organisations en vue d'une -
action
pourperlers aveo lesdites
àoncàrÉe à la conférence.ce fut M. Louis Marshall qui
s'en
occupe tout particulièrement par la suite, mais sans résultat'
Les deux organisations citêes avaient déclaré qu'elles
n'etaient pu, d'urcord en ce qui -concernait la revendication
des droits nationeux que le Cômité avait décidé de
formuler
àt,-poo* cette raison de principe, ell'es ne,poltvutgÎt Jaire
c&use commune a"vec tui. l,a proposition du Comité, d9 lu
ju.i1e9 qui les
demander ces droits que pour les-colleotivités
réclameraient u*pt.ttement, n'ébranle pas- la résistance
de
;;r-;rgonisations. Restées en dehors du Comité, etles zui-
nirr"t,"e la Conférence de la Paix, leur propre -voie; elles
promirent, cependant, de ne. pes combattre devant les organes
àe la Coniérence la revendiôation de droits nationaux')'
'.
,-,!'à,orî,'iï*,iîi:î:Llâi:li:'14#,:Ë'"iË!"1ïu1îffi iii
N"ti"iiiï';rhié a"i' i" auuetin du comitê, iles Dêlésations
$àilelâ-a",
T"\^U*:l'"*!"i,*:':,tlli;"y;"1^t-r'J,;r'orAmericattlewishjon'
*o'i'tn"ti,ii;; ;";;;t"if i"^iiiiioi to Peace Conference and ol holL
ii,i'r " ô;;;;i'";i;;'iqi' f ",^l;:A t 4^{i"or^lu'i'h consress' .Pl'il"'
ài"iin"r;Idl;"itl,:::!]':,1:\:,ii:'ir.,f,î":;"#:pet:;k::I"i
tho'làir'"îlt;" niuin' piiiri on the Treaties'of Versailles, Scinf-Germain-
;.f;;; ilri"fu*ltiîi"';i ii; ài"i*udMinortty Treaties. Presented to thc
a17
i+ikil',,tt:ilkî,Ëïf;Ë','i:,îff
tion Sioniste et, Iei"iiliJ rqæ,lf
JËrîiîf,t{$'a$ï
Ëia-Confér"nce un bref memo-
randum d"o, -";;;;;iill iu t"'
l"qoi ii' d;ff;it'i;ï"i""onnuili"
-il;;pl:.I'if"""Lii aspirations et les
P"l"tiine >, de créer
revendicatioo, hirtoiiq;'.' et éeonomiques y
dans le pays a"r" juif possible,
oarantissaht ""o'iâifà{-oii*id""t,--uâ*i"irttatives
l'etubriri.*îïi"^_à'";--i;i;;'".ti;rlrï et rend-ant
-autonome'
:ilil:"ït",i*#àii*fr;;i, t" ;'é"til d'un Etat Le memoran'
pai"i";;é;id9r1 u" ià""tio"t, nl1. Nahum Sokolow et par
dum fut sigr,é
et M.
Louis Marshau.
res deux aniiens piaii"à',r"ù":'j"iilTi/:-M;"È
39-
Ie rôle qu'il a joué daps Ie travail préparatoire des traités
dits des minorités.
Encore que Ia fondation du comité des Délégations
Juives
lgprès de Ia corlférence de la paix fût, rai,
doute,-.I'événement Ie plus important dans Ia lutte ""r des
minorités juives pour leurs droi[s, il ne faut pu, ,.pu"aant
perdre de vue les diver,ses actions politiques qui avaient
déjà été entreprises, avant Ia confé*erce, àur* une série de
peys de I'Europe occidentale et aux Etats-unis o'nmerique,
afin d'appeler I'attention des gouvernements sur Ia précarite
des droits des Juifs et de s'assurer leur appui lors
de Ia
Conférence de Ia paix.
La Déclaration historique de Balfour, du z novembre
!917, contenait un ung*gu-ent de la part du gouv.rneroerrt
britannique en ce guf àoncerne la palestine seulement
et
n'avait pas pour but de toucher, sous une forme guelconque,
à Ia question des minolité,s juives dans les différents p;tr.
]t ::t vrai que, dans Ia déelaration, il avait été explicite'mJnt
indi,qué que par <l'étabrissement en parestine
rrnational pou'.Ie peuple juif....... rien ne
à'or, ty;-
sera fait qui puilse
r<porter préjudice....... aux droits et au
statut politiq"Ë ao"t
r,iouissent les Juifs dans tout autre pa,fs,
nement britannique, comme nous Ie savon, pu*
i oï, le gouver-
I'hisiorique
de la Déclaration, n'avait admis cette disfosition
dans le
texte défTnitif gue pour donner ainsi deË apaisements
à
certains milie,x,juifs assimilés I'Flurope oebidentale, qui
_de
appréhendaient beaueoup qu'à Ia suite àr la Déctaratibn
leurs droits ne fussent diminués.
Pour cette raison, il était naturel gue I'organisation
sioniste, voulant entreprendre quelque choïe afin
d'améliorer
la triste situation des iuifs en Rolmanie, - se ftt
adressée
spécialement à ee.sujet_eu gouvernement britannique;
àriu
avait d'ailleurs obtenu de lui au mois de mai-juin
eertaines promesses à cet égard
lgls,
).
question du ,,Joint'Foreign committeen du {g
!Juln. llllnr
lvtu, concernant I'attitude d_u gouvernement britannique
lllsurd
I(religious,deeiai,l
I'r,éma-nciqltion re[gïeuse, rioitr rf poiiffir,
and, pokti,eal emàncipation) des rïir, ,i*r,
Ies pays de I'Europe ,orientare, sir Graham
répondit, r; tô
(l) Report of the Delegation of the Jews of the Brîtish Empire, p.62,
-40-
juin L9{8, au nom du secrétaire d'Etat
pour les Affaires
Etrangères, que ale Gouvernement de Sa Majesté'- ainsi q"]l
^ae"raro publiquement, nourrit I,a plgr grande
;;;# déjb I'Europe de
<sympathie po", r;orirancipation des Juifs de
<l,Est et du Soà-nrt et est îrès désireux de faire
tout ce qui
juste et per-
aest en *o' porrooi* po,'* établir un règlement
<manent de la questiôn juive dans ces régions' ')
un mois prù, iard erroiton, 1e 2t+_juillet,1918, le Ministre
français des Àffui*., Etrangères, ry S',.Pichon' écrivait
dans le même u*p*it à I't<A"lliance Israétite
universelle>:
de la
ueue, fidèle aux iraditions généreuses qui sont celles-l.a
Ré-
<France, n'oubliant pas que, la pleryièl-e en Euro-pe'
uvolution français, * u.*rdé aui Juifs les droits du citoyen'
ale Gouvr*rutourt de la Républi'que souhaite l'émansiFalion
rtdes Juifs Oarr,I'nurope orientalb et qu'il 'est disposé
à faire
ce qui est en son pouvoir pour &mener un règlemen[
"io"t
*-À cle la question iuive- dans ces pays)) ')'
ujuste
' peu prèî a iu *O*e époque, I'e gbuvernement français
autres
chargeàit sànu0àmiffi d'Etuderrd'examiner aussi, entre
qorrtiorrs européennes, la <question iqt""t ,sur le territoire
par le
de la pologne iii.to*iqoe,, et te rappdrt fut préparé
*)'
professeur co.nnu E. Denis
En une autre,oeoasion, ie Ministre français des lLffqi,res
intérêt
Etrangères, tU. Fichon, ro,tiigtt" de nouveau le grand
que la"nra,nce portait à la question juive' .
Dans r* *ôporrse à un groupe-de_députés français au
,sujet de I'actioti at la Francé a tâ Conférence de la Paix t'en
faveur des Israélites comme des autres minorités>, M. liclgn
Iit ressortir que: <Le Gouvernement français a pris I'initia-
c<tive, dès le hOnot de la Conférence de la Paix, pour'assurer
(\ IbiA., p. 70,
ir\ Àili;r;"'e Is)aélite (Jnioerselle, p. 8-9'
tâj Ë."i1*i',"Ï;'a;îùti;i;"iri lu territoire de Ia Polocne Hîsto-
rioue. (Questions ît';;."& ô"-iiÈ itEtude. Tom" II)' Paris'
lgtg, ",i*peittËr.
' ' 'if i.- 223-245. ici les conclusions -auxquelles
;';J p.;:éir" pas sans_ intérêt..de donner
;;il;;"il"i.--ppltiUitité d'une garantie internationale
-ii"uiÈiî';'-i-"'';"ôi;
uUo.,iii'i;;ô;;t des
âîrii''"a"' ;'"irnent n3i 0."]o" se mêle de leurs
îîii"i;;, ;il;"il'l"J-"iil"oi'-i"t"ntiorrr,- les Alliés devront se garder
"[ nous donnent peut-être,le
; à;l;;i;-i"t.;;i;;-;il;it*.. con_seils. >
Nor sacrihces
à àLii-à. sulgérer quelques Qu'elles sont. timides ces conclu-
ri";;-; ;;bË "iË-àiÏitteJâu tu*t" uftérieur si clair de I'art. 12 du
traiié des minorités avec la Polognel
41
-
(un examen approfondi des questions juives par les pléni-
.notentiaires..... D1nq le progra,mme préparé p*, l.s délbgués
<français et soumis à la, conférencr "a nguré, dès le pr.Ëir*
rrjour, une Commission des Affaires juiies,) t)
' ces paroles de M. piehon se rapportaient probablement
au p_remier projet concernant la procédure de fa conférence
gyg le g'ouvernoment français avàit remis le zg novembre
I'9L8, à 'washington, au sous-seerétaire d'Etat amérieain
M. Robert Lansing et dans lequer il avait, entre autres, proposé
de créer aussi un eomité spècial, dit <.comité aes'Àraires
juivesr 2).
Dans le deuxièTu projet français, éraboré par M. André
Tardieu et soumis à Ia cônférence cte Ia paix au début de
janvier r9l?, il n'est pr,s question, .orn*, dans Ie projet
précédent, d'une commission spécialé pour les affaires
du problème des minôritér .n général. parmi ;ïivbs,
-*T
<,prineipes direct'urs, fïgure, en huitiè*J li.u,
les
ru J.,
peuples
_à
disposer d'eux--mêmes, eombiné avec Ie"à*àii droit des
minoritésr, 0t, en troisième lieu, parmi les uproblèmes
territoriauxr, sont rapperés de nouvïau, comme un point
rlistinet, <les droits deÀ minorités ethniquâs et religieus.r, j1.
. Ainsi q_ue nous Ie ve*ons plus loin, Ia confér"ence de la
Pqix est, elle
-aussi, passée p-a" les roê*., phases de dé-
veloppement. Parti'e tout d'abôrd de Ia néeessité ar gur*"ii*
les droits des Juifs, eile aboutit ensuite à tra proteo"tion
de
toutes les minorités en général.
u.1e. imporQScg. toute particulière doit, bien
entendu,
être attribuée à I'aetivite pontique des J;iir
aux Etats-unis
rl'Amérique. Le mouvement en faveur du congrès juif
prédomina, pendant querques années,
qui
dans t'àpirîion Ë"nri,iu"
J,oiy.t de- ce pe-y-s et qùi avait pour mot d'ordre: <défense des
drotts des Juifs à la conférenee de Ia paixr, ile pouvait
passer inaperçu de Ia <Maison Blaneher. aI,es
Juifs améri,
eains-écrit Ie <Nouvel annuaire internationat americail;:
* ont beaueoup eontribué à faire inserïre à I'ordre au jo,r,
r<de Ia conféren-ee de Ia paix
les erauses concernant Ies droits
,f
:i
jl
-44-
Affaires Etrangères, chargé des pourparlers de peix, exemina
les propositions de la commission sus-mentionnée qrri, dans
teurï fignes générales, étaient anologues &ux revendieations
formulé1s per les représentants juifs des autres- p&ys.
Nous avons vu que les gouvernements frençais et anglais
avaient déjà f,ait, un certain temps avant I'armistice et la
Conférence de la Paix, certaines promesses concernant
I'amélioration de la situation des Juifs dans les pays d'Europe
orientale. Or, à ce m'oment, il ne s'agissait toujours que de
l'émencipation religieuse, civile et politique, selon la vieille
formule du Traité de Berlin de 1878, et on était encore bien
loin de voir la question des minorités sous le jour oir le
Comité des Délégations Juives devait la poser per la suite
devant Ia Conférence de la Paix.
Fort de la confiance de 12 miltions de Juifs, le Comité
des Délégations Juives se présen[a devant la Conférence de
la Paix et exigea des maîtres du monde I'attribution
aux minorités juives, non seulement de la liberté et
de l'égalité neligieuses, mais aussi des droits natio-
naux culturels qui leur étaient néeessaires pour gne
existenee digne dà la qualité d'hommes et de peuple, einsi
que la rèeonnaissanee du même prineipe pour toutes les
autres minorités également.
CHAPITRE IV
fi
^,fl
-96-
Juives auprès de la Conférence de Ia Paixn était, elle aussi.
pénétrée du même esprit.
Le memora,ndum sus-mentionné atteignit le résultat
souhaité. Le manifeste de la Conférence de Stockholm
réelamait, en parlant de Ia Pologne, < la garantie du déve-
loppement éeonomique et de I'autonomie des minorités juives
et autresr. A la Gonférenoe de,l'<<Internationalen à Berne, en
février {919, c'est-à-dine quelques 'sema,ines après I'ouver-
ture de la Conférence de la Paix, a été votée une résolution
clemandant que l'on assurôt oux minorités un certain
minimum de droits garantis par Ia Société des Na,tions.
Deux mois plus tard, la Conférenoe Internationale
Soeialisto e expressément neconnu, a Amsterdam, Ie caractère
international du problème juif. Proclamant pour les Juifs
Ie droit de dispos:er d'eux-rnêmes, elle demandait pour eux
l'égalité des dnoits eivils et politiques dans tous ies pays,
I'autonomie nationale dans les pa;rs où ils vivent en ma,sseÊ
compaetes, la création d'un foyer national en Palestine et,
I'admission du peuple juif au sein de ta Soeiété des Nations.
Ce fut, s&ns nul doute, le grand mérite des <Poale Sionl
d'avoir obtenu, grâce à leurs efforts, que l'<<Internationale
Socialiste)) comprît dans son progrâ,mme officiel de paix la
proteetion internationale des Juifs et des minorités en
général. Ce mérite paralt d'autant plus saillant quand on
réfléehit à I'important facteur que présent"ait llopinion
publique socialiste pendant les négoeiations de la paix.
L'on ne pouvait cependant pas s'attendne à ce qu'en
formulant ainsi certains postulats en faveur des minorités,
Ia Social-Démocratie ptt eons&crer à eette question une plus
grande attention, voir,e se charger d'une initiative quet-
conque dans ,ce sens. Il ne faut donc nullement être surpris
qu'à I'anivée de Wilson €n Europe, B,vec son premier
projet du Pacte de la Soeiété des Nations,les soeial-démocrates
aient employé tous leurs efforts alin de déterminer 'Wilson
à inelure dans son second projet amendé une stipulati,on spé-
ciale oonoerna,nt Ia protection internationale des tra-
vailleurs, $a,ns faire également auprès de lui a,ucune dé-
march,e en faveur du problème des minorités. Ainsi qunon I'e
sait, leur væu &) en effet, été satisfuit.
Et si, dans le second projet du Pacte de la Société des
I
I
L
Nations, '\ililson a également fait une nouvelle proposition
concernant la protection internationale des <minorités
ethniques ou nationalesr, qui ne fTgurait, pes dans son
premier projet, il convient d'en attribuer llorigine à I'in{Iuen-
ce d'un tout autre facteur,
juives. - notamment des organisations.
CHAPITRE VII
-46-
Seul,lesecondprojetduPrésidentWilsondu{0janvier
les six nou-
,.gtg contient ,ro u*îirt"e oe cette nature. Parmi 'Wilson
vea,ux points lsupptementary agreements) que diverses per-
-r"ii;;ôuÉs et brrtôpe 1 sous I'influence deI'influence du
sonnes et de plusieurs facteurs, surtout
sous
projgt
prtiït' du général Smuts, -. eu premier- sixième était qu'il alait
iupi,àtto a'î.mffi"u, ru dernier piilt . It -
iô'"ru*e à la protôction des minorités et, ainsi conçu:
ala société des Nations demandera à tous les nouvea'ux
r<Etats, comme condition préalable à leur
reconnaiss&nce
(comme Etats indépenduttît ou autonomes, de s'en-gagg* à
<accorder à toutes tes minorités de race ou de
nationalité,dans
exactemult trei-
.,trt*:;uriaictiottt tttputtives, 191 pême1
orité de race ou de
<tement et sécurité qu'ifs urrotd.ttt à la maj
r< nationalité de leur PeuPle ))'
Presque tous }es auteurs qui 19. tott posé
la question de
savoir d'otr ortiu nàuvette disposition tiie son origine sont
arrivés e ta conAoriott qu'elle ï OtO incluse par \ililson dans
son pro;et sous I'influenoe directe des Juifs'
Lo professeur Georges Scelle écrit, dans t:t .3r!icle
sur al,élaboraiion du Pàcte, dans llouvrage de P' Munch,
<dans
q"l ruttr disposition trouve son origine anglo-saxons)) une prope-
r*('),1,i:J'i?,ïll;;!'i!:'i:"!:xito^::'nâi:*l'î;f"*,,'".T;'H"îl!:
Ïff.tri';"#*.{'i;il;!;*i;;:Fi:#"':ii':i:;:
-41 -
Le prof. charles Dupuis'), le Dr Miroslas Gonsio-
rowski ) et d'autres sa,v&nts émettent Ie même avis.
L',opinion de Ray Stannard Baker, dans son livre
Woodrous Wilson and, World Settlement, composé sur la
base des archives personnelles et inédites de Wilson, & une
valeur toute particulière. Lui aussi écrit expressément que
<cet article a été indubitablement Ie résultat de la propagen-
cle juiver 3) 4).
Si nous examinons de plus près le texte même de I'article
proposé, nous constatons qu'il ne parle pas de minorités
retigieuses, mais de minorités <ethniques ou nationales>
çruitat or national minorities). Or, I'une des principales re-
vendications des Juifs à la Conférence de la Paix ne consis-
tait-elte pas précisément à être considérés et reconnus comme
une minorité nationale? C'est donc à juste raison que Ray
Stannard Baker fait observer que <<les Juifs avaient toujours
exposé leur cause sous le même angle que les Lithuaniens en
Pologne ou les Slovènes en ltalie)) u)-
Ôn sait que le Président \Milson lit circuler son second
projet (le premier à Paris) parmi ses oollaborateurs et le
51
-
le nom ds trprojct Hurst-Millerrl, I+'article VI concernant les
ninorités ethniques 0u nationales eu suj et duguel aucuno
déoision n'avait été prise précédemment lot's des négociations
&vec Lond Ceoil fut maintenant entièrement supprimé. Quant
à l',antiolo VII oencernqnt la libenté pqligieuse, le représentant
hritannique I'approuv& encore une fois. Il devint I'article {9
du projet et, après a,voir subi une légère moditcation, il disait:
<Les Hautes Parties Contractantes sont d'accord de ne faire
(aucung loi interdisant Ie libre exercioe des cultes ou y met-
<rtant entrave et do n'établir aucunq distinotion de droit et de
ufait à. l'égard deg perponnes qui pratiqueraient une religion
<spéoialo Qu une aroyqnae ne portant pas atteinte à I'ordre
<public ou B,ux principes publics de moralel.
'Wilson
n'était pas très satisfait des propositions <Hurst-
Millerr. et, le jour même oir il les avait reçues, il établit un
nouveau projet ie troisième ù Paris et le quatrième en
général qui fut publié Ie lendemain 3 février. Nous y re-
trouyons- les artioles VI et VII de son anoien proJet, sans
aucun amendement ni modificatTon, ce qui montre claire-
ment que Wilson ne qonsenteit pas à le suppression de I'ar-
ticle VI concerr-ra,nt les minorités e[hniques ou nationales,
opérée par MM. Hurst et Miller.
Or, ce projet revisé ne devait cependant pas, ainsi quo
'Wilson
le désirait n)r être reaonnu oomme la base des travaux
de Ia tommission spéciale que la séance plénière de la Oonfé-
rence de la Paix du 25 janvier LgLg avait entne temps ohargde
de la préparation du Paete de la Société des l{ations.
C'est Ie projet <Hurst-Millern Qui fut adopté comme
charpente des délibératioRs de cette Commission.
iii
lrl
i tt
lii
.!rl ilr
,-Jl
-52-
queo lorsque la Commission de
Nous voyons de la sorte
la société des u,*tio"À, créée iuJ iu c'onférence de la Paix'
se mit au travail, le projet
ou ôacte de la société des Nations
qu,elles avait ,roû, Iôs yeux
ne ôotttenait qu'une disposition
ei- t'ega1i.té reliEieuses' Il est
spéciate oororrirîîri r* î6utta-
intéressant de ,upp.t., à ce
suiet qù, outts leJ projets offi-
de la Paix per les
ciels du pacre lililo"^nï-c;fé-.h"r
pouvernementsfrançaisetitatien,tepronlèmedesminorités
iliJ;ifù-é dans &ucun article ')'
DuSau{3f'évrier{.9{9'eur'entlieulesoremièresdéli-
bérations de f* Càm*ission
,iîo to"rs de ôes séances fut
-*rt de l'ariicle ci-dessus mentionné, dit
aussi.décidé l,
<,B.rticle religieuxtt. _21! rAiÀ ,^,r,,
GrâcoaulivredeM.D.HunterMiller,citédéjàpre-
of the
cédemment à plusieurs "tptittt' ,,'!: *lrafting
fois' les pro-
coaenant, oir ;"i^&;;;olt*t
p:Ï3, première
de la société des
cès-verb*o* oË, li""Ë.r de la-commission tous les détails des
Nations, nous connaissorr* Àuintenant ainsi que les
débats qui eurent lieu u" t";"i-À:^:,tl--îlicle'
-/'
motifs qui déterminèrent sa suppressrorr la sixième
pour la première fois, I'ariicle fut examiné à Wilson
,i" e féotier {-9t9. Après que
séance de la C;;;irsion I'article t9
âe presideni, de
eut donné lecture, en sa, q"Jfitu un autre
du projrt "no*ri-inin.rr, l,o"a
nrb.it cecil propose
Parties Contractantes' re-
texte ainsi ;;il "iuJ
Hautes
et I'intolérance religieuses
<connoissant dans ta persécutiàn
r.dessourcesfertileso.g"'*'',sontd'accord.p.o,urdéclarer
de s'intéresser &ux
(que la Sooié;;^à;* N-tià'ns * ir droit
(Gommotions politiques qul Jo-àorootent et dans le cas otl
-trouv.*u-
<le comité exôcutif qor Ia paix mondiale est me-
gouv.ernement d'un Etat à
anacée p*, f;*ùio' iiUnOrale ôu
<l,égard d, c,el; ;; cànressent
une foi, religion ou croya'nce
<suelconqo., îrr'cautes P;;ii;-
iontractantes autorisent le
ou à prendre lee mesures
;ô;ilé-Ë tJr-.ï;;;;ttétentations
questiontr
..qoi mettront fin à I'abus en '
M;;;;',î;;",,;;t*;:#;;*î;i^;;:;;
4ffi489.
-58-
Le Président'wilson fait ators remerquer que I'artiele lù
était_ motivé par le désir d',empêcher, dans favenir, toute
persécution et toute guerre religieuse. M. Hymans (Belgique)
craint qu'un abus puisse être fait du mot <intoléranée, et
que I'on puisse s'en autoriser pour faire appel à la soeiété
des Nati,ons et la faire juge de réclamations de partis poli-
tiques contre leurs gouvernements. M. orlanrlo (Italie)
oonstate qu'il faut être très prudent dans la rédaction d'un
tel article afin d'éviter qu'il ne se trouve en conflit avec Ia
constitution de certains Etats. M. Batalha Reis (portugat)
tui! observer que toutes les fois qu'une religion d'Ètat côsse
de l'être, ses adhérents se considèrent ipso fâclo comme per-
sécutés. M. Léon_Bourgeois (France) rappelle que les hypo-
thèses prévues dans I'article en discusiion étaient lrire*
qéjà par I'artigJr^ g (par la suite I'article l{), qui parle es
évènements intérieu.rs susceptibles de troubler'la paix. Après
une courte intervention de M. venizelos (Grèce), ii est dé;idé
de renvoyer I'article au comité de rédaction,
La séance suivante de Ia commission
eut lieu Ie lendemain, l0 février, avant midi. - laLeseptième
ôomité -de
rédaction avait, entre temps, préparé un nouveau texte de
l'article <religieulrr, t_ext_e qui- étàit, inspiré plutôt per la
dernière"pro_position de sir Robert cecil que pa* Ia fôrmule
du projet <Hurst-Mil]err : <Les Hautes pariies-contractantes,
(reconna,issant dans la persécution religieuse une
ca,use
<fréquente de gueme, s'engagent solennel'iement à la faire
<,disparaître de leurs territoirés, et autorisent le comité
exé-
ucutif, dans tous les cas oir celui-ci jugera que Ia paix
<mondiale se trouvera par Ià menacée- dàns on ptat
rrcorrque: à faire les représentations où à prendre les {uet-
<,nécessitées par les circonstancesr.
*.rïræ
Le nouveau texte du comité de rédaction ne fut pas très
bien accueilli &u ,sein de Ia commission et suscita ïne sé-
rieuse discussion. Le Président'wilson fTt alors une nouvelle
proposition. La traduction tittérale de I'article proposé, tel
qu'il figure dans le procès-verbal anglais de Ia ,éurrôe ,ri I*
suivante: r<Les Hautes parties con-tractantes conviennent
<de n'édicter aueune ]oi interdisant ou intervenant
aans le
r<libre exercice des_ cultes; elles décident de ne pes permettre
(gue la-pratique de croyances, religion ou
opirriônr, dont
t,l'exercice ne pourrait troubler I'ordre pubtic ou la
morale,
-54-
((viennemettreentraveàlavïe,àtalibertéouàlarecherche
;;;;;"heur de leur PeuPl.en', n'est pas tout à fait clair
et'
Comme on le voii, ce texte M' David
dans sa partîe *o*' dû; ssible, de supposor ![ue
n,'"tt, ft".il9sique'
Hunrer Miuer'iï;;iË;î"'
ii àtt imp o
de la langue
c&r ii-et"ii un maître
Wilson ait rédïgé ce texte, 'V/ilson est traduite
anelaise. L,idét de proposiiioï*ât
'a plus j#; p* le texte français tel qu'il
d,uîe façon beaucoup it*oçtit. de la séance: slre's
se trouv. o*rr*îJ;ïJt*r;rb;i décident qu'elles nt per-
<Hautes p*rtîes" ôà"i-erta1l,es d'une foi' re-
<.mettront pas que teuls titôuÀ 3dhér11ts
qui ne porte pes atteinte
t<ligion ou croya"ce quele:lg";'
**rrr* poiffiJs, soittt! Root cette raison
<à l,ordre ou et leur poursuite du
"o*
<inquiétés dans leur vie, r*"r"iiturie
par
"ottiî;position du président wilson fut soutenue
f'nrticle ne faisait
M. Léon Bourgeois, qu! nt' tt*"tqït-qot des
-cït"v*' a*ht le Déclarntion
aue conlir*rr-'1. principlP";;hÀ; fu êtro inquiété
ôroits de t,Hom;Ë';ilàï lt^peut lo dé-
de ses opinions dï ses croy&ncest)' Sur ce'
à raison 9u du Présï-
*Jopta la proposition
bat prit nn et'ia ôommissio"
dent-rvilsïJo"urume du !.t février,
séance de ta commissïon
r.^"11tre, du projet du
nn termina 1a discussiorr, urrJrlLiÀ*u
pacte et il fi îécidé de ,romm., un comité ce comité
comprenant
Larnaudr,î*iÀlos et vesnitch'
MM. Robert cecil, -b"r.
devait, sur tï des *Àainr*tions et amendements
proposés, pro.Ëa*'î tu 'eo"iio"-J"
p*:et' Le surlendemain'
le comité avait achevé .o*-tt""ail. Qùent à l''article ttfo-
ligieuxr, f. Jo*ite était u"riuO*A
i" Jotttfosion que' tenantil
compte des complication. i;
prJr.ttt"it cette question'
Mais' pour
serait préférablt at te supp'ri*'* "o*plètement' d'avis qu'une
le cas oir la îàmmi.sion i,r"ii
absolument
comité suggérait la rédaction
tetle clause dtt êË insérée,Je
suivante: ales ïIautes
p**ti$ Conhact*ti.t sont d'accord
dans le libre
(pour déelarer qu,&ucun. r"ir*-*ittteroiendra dont la
<exercice de toute religion ou opinion'
"oy*""' avec public et les
<pratique n,est pas inco*pliiilï.i respoctives, nul ne
''ordre
(mæurs, et que, dans f."r|l"*iâi"tion*
-55 -
(ser& troublé dans sa vie, sa liberté ou se poursuite du bon-
tcheur ,en raison de son adhésion à une telle croyange' re-
aligion ou opinion>
Dans le nouveau projet du comité, I'article rcreligieuxp
est devenu le Zl-ème au iieu du t9-ème et' 'quant au fond,
il n'était qu'une amélioration de la proposition du Président
'Wilson du {0 février.
Le 13 février LgLg,l'après-midi, à la dixième séance de
la Commission, I'article vint de nouveau en discussion, en
deuxième et dernière lecture.
Au début de la séance, le colonel House fit connaître que
le Président'Wilson, ne pouvant prendre part à la réunion,
attachait une importancé toute particulière à I'insertion de
I'article concernant les liberté et égalité religieuses. M. Lar-
naude (Frarrce) déclara qu'il appréciait I'importance qg'il y
avait à proclamer I'inviolabilité de la conscience humaine et
des manifestations du culte. Mais après examen de la question
rlans le eomité de rédaction, il était d'accord avec Lord Ro-
bert Cecil que la rédaction de ces considérations était si
difficile qutil valait mieux supprimer I'article.. Les prégcc_u-
pations du prOsident'Wilson se référaient certainement à des
buyt de I'Europe orientale oir de tels incidents sérieux
s'éiaient réellement produits; en I'occurence, it s'agissait
cependant surtout de pays oir la liberté de culte et de
eohscience était garantie. Néanmoins, comme le Président
'Wilson insistait sur I'insertion de cet article, il n'était pas
désireux d'en demander I'abrogation.
M. Batalha Reis (Portugal) fit remarquer que se longue
résidence dans quelques pays de I'Europe orientale I'avait
convaincu que les luttes que I'on croit être des luttes re-
ligieuses sont presque toujours des luttes de ra,ce. Iæs Juifs
qùi en Russie et en Pologne s,e eonvertissent au christia-
nisme, ne cessent pas pour cela, eux et leurs descendants,
d'être haïs et persécutés.
Lord Robert Cecil, président de la séanoe, fït observer
'Wilson désirait spécialement l'in-
que, comme le Président
clusion de I'article dans le texte, et oomme la Commission
I'avait agréé en principe, il ne croyait pes qu'on ptt Ie
supprimer.
-Après
Lord Robert Cecil, c'est le délégué japonai's, M. le
baron Makino, qui prit la parole; il proposa d'adjoindre à
-56-
I'artiele un second alinéa concernant l'égalité des r&cest
considérant <que les questions de religion et de r&ce pour-
raient
- - être traitées simultanémentrr'
i," proposition du baron Makino introduisit dans les plus
débats ùtOriuoos une certaine obscurité et I'on ne savait
*" Sé"O"al si I'on discutait I'article <religieux)) ou la propo-
sition japonaise.
AprOs que Lord Robert cecil et M. Wett!1glon . Koo,
détégué chinois, eurent pris position à ce sujet, M. venizelos
pffir" forméilement à le commission de supp_rimer
àoniplètement cet article. Il motiva sa proposition pa1.le^ fait
q"r iu question était très délicate et se heurtait à des difficul-
tts insurmontables; que, d'autne part, la question de race et
de religion serait ceriainement réglée daSs I'avenir par.la
Société"des Nations. La majorité dès membres de la Commis-
sion se rallia à la manièrô de voir de M. Venizelos et la
M. David Hunter
froposition de celui-ci fut, en effet, adopté.e.
Miller rraconte') que seuls le Brésil, la Chine et la Roumanie
étaient f,avorabi*. A I'article; comme on peut cependant le
constater per le discours de M. Orlandg, t la séance du i {
avril LgLgi), I'on doit y ajouter I'Italie éga-lement'
Après ciue la décision fut adoptée, le colonel House
'Wilson et que si
déclarà qu'ii en ferait part &u Président
àelui-ci tt'y dottttait paô son consentement, on serait obligé
de convoqùer ,rttu tto,rvelle réunion. En tout cas, il réservait
le droit Ou prOsident'Wilson de soulever, de nouve&u, cette
question au sein de la Conférence.
comme nous le voyons, la résolution du {3 février
concernant la suppression de I'article aneligieuxD se trouvait
en connexion étrojte avec I'exposition devant la Conférence
du problème de l'égalité des races.
La Commission savait parfaitement que cette question
n'était susceptible de provoquer que des divergences d'o,pinion
sérieuses au sein de ia Conference et elle avait pensé qu'en
suppri,mant I'article <religieuxD, elle se-débarasserait ainsi du
*ôtitt coup de toutes di'séussions ultérieures du problème de 3).
l'égalité dés races. C'est I'opinion de David Hunter Miller
(l) Pour plus de détails, ainsi que pour le textg-exact de tous les dis-
ri. Miller,- qp. l!t.t'.rir' Ï- p' ls.3:-lQl 291.-210-2ll' 268'
"o')r,' "";î-bl
m\'_qoà-i 4-Sç-49e, 573-574, .70.2-704. . ,,
-59-
ont toujours constitué une source féconde de troubles et de
guerres parmi les différents peuples à travers I'histoire et ont
ôonduit â des excès déplorables. Gomme la question des races
se trouve être une difficulté constante qui peut devenir aiguë
et dangereuse à tout moment dans I'avenir, il était désirable
que toùtes précautions soient prises dans le Pacte pour régler
ce suj et. If se rendait parfaitement compte des difficultés
s'oppôsant à la réalisation du principe contenu dans la
proposition, mais il ne croyait pas qu'elles fussent, insurmon-
iabies, si I'on attachait une importance suffisante &ux sé-
rieuses divergences de vues susceptibles de surgir entre les
peuples à oet égard. Ce qui pareissait impossible auparavant,
btaii maintenant sur le point d'être réalisé la eréation de
la Société des Nations en éteit un exemple -notable. L'amen-
dement avait été rédigé très prudemment et I'on ne songeait
pas à proposer ici une réalisation immédiate d'une égalité
idéale de traitement entre les peuples.
L'amendement énonçait simplement le principe d'égalité
et laissait aux chefs responsables des Etats membres de la
Société le soin de I'apptriquer. En un sens, cet amendement
pouvait être regardé comme une invitation s,ux gouverne-
ments et aux peuples à examiner de plus près et plus sé-
rieusement la question et à trouver un moyen acceptable
de sortir de I'impasse dans laquelle se trouvent jusqu'à
prés'ent les différents peuples. Si I'indépendance et I'intégrité
politique de I'un des membres de la Société des Nations
êtaient menacés par une guerre) une ou plusieurs nations,
convena,blement placées, devaient être préparées à prendre
les armes contre I'agresseur. Cela impliquait qu'un citoyen
d'une de ces nations devait être prêt au besoin à défendre
de sa propre personne les autres peuples et cela ne ser&
possible que si chacun sent qu'il est placé sur un pied d'éga-
iité avec 1e peuple qu'il entreprendra de défendre, au péril
de sa propre vie.
L amôndement japonais fut appuyé par le représentant
chinois, M. 'Wellington Koo, qui, en règle générale., so
comportait toujours, lors de la Conférence de ia Paix, avec
beaucoup de circonspection à l'égard de' toute proposition
émanant de la Délégation japonaise.
La question que la Délégation japonaise avait soumise
à la Commission était, sans nul doute, un sérieux problème
l,
i,
ji
ï
i
-60-
intéressant I'humanité et touchait au grand principe de l'éga-
Iité de tous les hommes. Mais c'était, en même temps, une
question pratique et, dans un certain sens, économique aussi'
Derrière elle se dissimulait le problème de I'immigration
des Japonais aux Etats-tlnis d'Amérique et aux Dominions
britanniques, question qui suscitait de tous temps dans ces
pays les plus grandes susceptibilités et inquiétudes.
Clest pourquoi le représentant britannique, Lord Robert
Cecil, s'empressa de faire remarquer que la proposition
,f aponaise soulevait, en ce qui concerne I'Empire britannique,
'l
j
-64-
de succ'ès'-Nous, â'vons d'ejà,' vu
ses efforts couronués
que la tentativË àu président wilson de garantir dans
droits des minorités
le pacte de la soriJiÀ des N,ations les et égalité religieuses'
ethniques et ,rutià"ui.r et les liberté insurmontables. II avait
se heurta, elle ;;-;; ; ;;s.difficuttés
et VII tant qu'il le put'
tléfendu tes articles'additionnels VI
mais à la fin iI dut Y renoncer' qu'aucun
I\ous avons fait remerquer pl-tt ..hautébabtis per *u* les
projets du paotl âu fu Sociéù Aes Nations
n'a touché la question des
puissances aUiàes et associées
minorités.Parcontre,ieprojetofficiel.dugouvern'P9''t
conférence de la Paix,
allemand, remis l" mai lgt"g à la
g
contenait
minorités' Le
un article spécial concernant lesaprotection
chapibre VII d; p-"jtt-lait oonsacré
à.1? des
rédigé: ttll sera assuré
minoritésr et tluiti.î. 54 était ainsi la Société . des
((a,ux minoritÀ- dur$ Ies Etals mor"nbres oe
en
<I{ations on. Jot*àmie nationale, lluL particulièrement
I'a,rt, les sciences
ace qui ,orr*rlrîiu tnttgoe,.l'école, fOgtiJe,
u""ord"sp'éciat ae'ciOJr'a de la réalisation
de
aet la presse. t" de quelle
((ce principe, iù;;i ut"oto disp.oser*. lotul*ment
r,façon tres rninoritO, pour.ro-nt fiire valoir leurs droits devant
<<les organes de la Société des
Nationsl ')'
Ër;Li* o" pacte de la société des Nations
Quant minorités ne fut
"""
éLablis pa, t.s'f-irîà*res, la protectio" g:r
l1!9ciété des Nations'
pas mentionnee'd*"' les nprinôiptt
de
hollandaise')
élaborés par ta-commission d'experts.officielle sur ulre
pes ptus que dans l'<avant-pro;et de convention par les trois
éIaboré
t_rrganisation ;uùàiq". internatiônale,,
le1 gouvernements cle
comités ,to*À,C reipectivement pa1.
Danemark,deNorvègeetdesuède')'Parcontre''!Stltsse minorités. Déià
prêta o^. gourde attËnûon au. problème,des
Département politique
en été i.gi.g, rr-ào**itter juridi{ue_du
pror. Max HuËer Qt la suite membre et, pen-
suisse, 1e
Cour Permanente
dant les anr,.é*r lgân-Lg27, Prêsident de tra
frrl.r"ationale âe ta Haye), dans son repport sur
de Justic.
(|)L,onsaitqueleConseil.pgnrême(Conseil.desChefsd'Etatetde 25 mars
Gouvernement) se liioir"i,"ifi'dr"Ë;Jï" \-0 *"'Ut"s et' depuis le>)'
ou,-pl"' exactement' â" q"utte. (< The bis Four
étant
1919, de cinq part qu'aù réunions où
donné que le ,"prerliii';ï'"i'ù;; i" it"""i, se
Ëî;i*ïedq"iJ;;îàÏt"""r,'""i;i'Ë;;'â;"JÔii."1.,1'51a:,iïf
:ffi;ï ëonl;i iËi;; n/L o'l""do' eût aË-1
-quitté
Paris i;,i'i:
*embres (MM' Wilson' Cle-
J';;;";;ii t-e'à"i"À.*
Conseil Suprême
menceau et Ltoyd c.îiô:"ù;i; à-;î;jJ.n"v s1.'""rd Baker, op. cit.,
(l) Le nom officiel de cette Commission était: << Commission des Nou-
o*u*'Etats >>. La plupart des auteurs la dénomme-nt cependanti < Commis-
sion des Nouveaux- Eiats et de protection
- des Minorités >> et nous suivons
leur exemple. Voir, entre autres, Manley O. Hudson, article cité dans Ce
qui se pasia rê,ellement à Paris en l9l8-t919, p.- 170.-
' (2)' Nous ne nous arrêterons pas,- dans- les développements q-ui vont
rde la Commission, car ils sont étrangers
suivie, sur cette partie des travaux
au problème traité dans lelprésent ouvrage.
(3) Alliance IsraéIite Unioerselle, p. 63.
(4) H. W. V. Temperley, op. cit.,vol. V, p. 124,133.
SG
F'd
l
J
---------.-1
,1
77-
protection des Minoritésl. A ce moment, déjà, le Comité avait
âennitivemenb établi, en sa majeure partie, son progra,mme'
de telle sorte qu'il pouvait engager immédiatement, sur la
base de ses revendications et postulats, des conv'ersa,tions
a,vec les membres de la tommission.
C'est à la date du {0 mai l9{9 que fut enregistrée offi-
ciellement au Secrétariat de la Conférence de la Paix la
réception du memorandum du <.Comité des Délégations Jui-
ves àuprès de la Conférence de la Paixrr. Ce document, quel-
que parcimonieux que nous soyons en épithètes, mérite s&ns
aucun doute d'être considéré comme un document de la
plus haute signification politique et de la plus grande
importance en ce qui concerne le sort de toutes les minorités
en Europe 1).
u[,e Comité des Délégations Juives auprès de la Confé-
rence de la Paix lisons-nous dans le préambule du
memorandum agissant au nom des diverses organisations
<soussignées et - qui plaident pour neuf millions de Juifs, a
<<l'honneur de vous soumettre les propositions suivantes, dont
<l'objet est la protection des diverses minorités nationales,
<celigieuses, ethniques ou linguistiques de Bulgarie, Egtho-
<nie, Finlande, Grèce, Lithuanie, Pologne, Roumanie, Russie,
aTchécoslovaquie, Ukraine, Yougoslavie et autres peys de
<l'Est ou du Centre de I'Europe, et vous prie de vouloir bien
<les incorporer dans les divers traités de paix qui font l'objet
<de vos délibérations...l
Le texte in efienso du memora,ndum étant publié à la
fin de cette étude, nous nous bornerons à en rnésumer ici briè-
vement le'contenu.
Les revendications énoncées dans le memorandum sont
divisées en deux parties. Dans les articles de la première
{
:i
T
I
1
ti
-80- {
(ca,ine et ceux des autres puissances européennes diri-
<<geantes, s'efforçant de les persuader que tous les groupes
<minoritaires, les Juifs y compris, méritent les droits tels
<qu'ils ont été éventuellement formulés dans le memor&n-
<.dumr t).
< La rédaction des traités dans le rep-
port du <Joint Foreign Committee>- lisons-nous
est, en effet, rede-
-
vable de beaucoup à la grande expérience de M. Louis
Marshall en tant qu'avocat constitutionnebr ').
Or, M. Louis Marshall fut le Président de la <Commission
Juridiquer, créée au sein de la <Commission du Memora,n-
dumr, vice-présitlent du Comité, puis, après le dépari de
M. Julian Mack, son président. Il n'est donc pas difficile de
deviner que le memora,ndum de I'institution qu'il représen-
tait ne pouvait qu'être la base de toutes ses négociations,
conversâ,tions, etc.
Dans son article sur la <Protection des Minoritésr,
Laust Moltesen aruive à la juste conclusion gue le projet
du Comité <offrait une base utilisable p,our les délibérations
de la Commission au suj,et d'un traité de protection des
minorités,, '). '
-88 -
texte définitif du traité 'avec Ie memorandum
du comité'
trouvons, pour
le démontre amplement. Non seulement nous
coffespondant
presque chaque'artiole du traité, ûr.p.ostulat
dans le memo*uùo-, mais souvent- il est
fait usage dans
Ies deux docuÀenh dôs mêmes termes. Bien {ue,^ quant au
-,aucotte
il"d; il n'existe différence entre le textre frangais et
i, ï*tr anglais, cependant, en ce qui conoerne la se reppro-
rédaction'
iàs textes ingtair Oo traité et du memorandum
frangais'
chent souvent îil I'un de I'autre que les textes
les deux textes
Pour cette ,alsôn, nous préfénons comperer .cet
anglais, tes texier t*ottçàit étant puUlies à la fin de
ouvrege:
Le memorandru'm d;tt' comite
Le d,es Minorité| A,aec d,es Délégations Juiaes auprès
-n Tra;tté
iotogne auZe iutn i.9i.9 de la Conlérence de ln Pat's
' d"u !.0 mar' L9{9.
Artiiole [. Artiole 9.
,"rftL7"!:ir:"#-,Polonaise
à Ia conférence de ta pgtu, fctes concer
#rrn|:i:{tÉh;:y::,i#:::t;,in"rna:*"eiizt:"it
J
84-
Artiole 3, al. 3.
Persons who have exencis€'d
the above right to oP-t must,
exoep,t where it is otherwise
provi'ded in the Treaty of Peaoe
with Ger,many, transfer withiin
the suroceeding twelve months
thelr plaoe of residenoe to the
State foq which theY have
o'pted. They witll be e,ntitled to
retain their immovab'le Pro-
p.enty in PolishterritorY, TheY
may oarry "with them their
movaibile property od every
. description. No export duties
may be imqposed u,pon them in
oonnection with the removal of
su'oh property.
.&
'i.
-86-
<A loulæ persormr qui sæaËenl
nées à l'intériwr ilesilites limitcs, à
I'exceplion ile celles qui usaient ob-
tenu la naturalisatîon ilau un paùs
éhonger autre que l'Ahffiàg;e,
l'Autqiche-Hongrte, h Russier). 1)
Artiole 6. i
-88-
Article 9, aL.2. Artitole 6.
Articlre 9, al. 3.
The provisilond of this Ar-
tiole shall aP,PlY to Polish oiti-
zens of German sPee'oh onlY in
that part of Polanrd whi'ch was
German territorY on August l,
19'1.4.
ii
tI
II
ilI
'ir
li
d,l
l{i
rt$
ilr
ilr
t
H
89-
Artiole tt. Artitcle 8.
Jews shall not be comprel- Those who observe any
led to perforrn any act whi,oh other day than Sunday as
oonstitutes a violation orf their Sabb,ath shall nôt be re-
theiir Sabbath, rlor shaùl they quined to perform any aots on
be placed un'der any disabili- their Sabbath or holy days
ty by reason of their refusal whioh by the tenets of their
to attend roourts of law or to faith are reganded as a dese-
perfonrr any legal business oration...
on theilSabbath. Thirs pro-
vision, however, shall not
exempt Jews from suoh ob-
ligations as shall be imposed
ujpon all other Polish ,oitizens
for the neoessary punposes o'f,
military servi,oor national de-
fenoe or the presiervation of
p.ublio order.
Poland declares her inten-
tion to nefrain from oFdering
or p.ermittinrg eleotions, wh,e-
ther generaù or loeal, to be
held on a Saturday, nor will
negistration tfor electoral or
other purposes be compellerd
to be performed on a Satur-
day.
Article 12, al. l. Chapter t,.
Poland agrees that t,he sti- The State of... rundertakes
pulations in the foregoing the ,fol,lowing o,bligations to
Artioles, so far as they affsot each Of t,he other Alli,e'd and
persons belonging: to raoial, Associated Powers, aild reco-
religious or linguistio mino- gnizes thern to be obligations
rities, consttitute obligations of international ooncern of
of iinternational ooncern and whioh the League of Nations
shal,l be pl'aoed unter the has jurirsdiction.
guarantee o,f the League of
Nations. They shall not be Artiote 9, '
modifierd without the assrent
of a majority of the Council Norre of the foregoing
of the League off Nations. The provisions shall be am,e,ndable
United States, the tsritish without the consent of the
Empire, France, It,aly and Ja- League of Nations-
il
I
1l
_90_
pan hereby agree not to with-
holtd their assent froim any
modification in thes,e Artioles
whioh is i[r due for'm assented
to by a majority of the Coun-
oil of the League of Nalions.
M_
d'autres postulats stipulés dans le memorandum et qui ne se
trouvent pas dans Ie texte définitif du traité des minorités.
Tous 'les auteurs qui sont amenés à mentionner le
memora,ndum du Comité des Délégati,ons Juives soulignent
&vec une reconnaissance toute particulière le fait que la
représentation juive à la Conférence de la Paix avait réclamé
des droits non pour les Juifs seuls, mais pour toutes les
minorités. C'est dans ce sens que sont formulés les dix
articles du memorandum. C'est dans Ie même esprit que
conclut I'exposé des motifs en ,disant notamment : rcsi
<à une époque oir le monde se reconstitue sur une base de
<rjustice et de liberté, les minorités nationales devaient seules
<être privées de ces biens, Ieur sort désespéré reculenait les
<,bornes du tragiQue >.
<icet'te tendance à considérer leur question du point de
vue d'un libéralisme universel est asse) ,courante -chez les
Juifs; générosité ou habileté suprême?,
Fouques Duparc 1). - écrit à ce sujet
<Pour des raisons de tactiquer):
général Ernst Ludwig, dans une oonférence - a décraré Ie. consul
à Budapest, sur
I'élaboration des traités des minorités, < ,les juiré ao-
roulèrent devant Ia Conférence non seulement - leur question
particulière, mais aussi, en même temps, le problème général
des minorités> ,).
cette suspioion à l'égard de la sincérité et de ]a loyauté
juive est tout à fait déplacée. Nulle <habileté, ni i<des *aiso.ts
de tactique, quelles qu'elles fussent, ne dictèrent I'attitude
des neprésentants juifs à Ia confénence de la paix. Les
Juifs ne voulurent pa,s revendiquer des privilèges particuliers
pour eux, mais ils défendirent un principe qu'ils considé-
raient comme juste et qui devait, pour ôette raison, être
'appliqué
aussi au même titre aux autres minorités.
ce nrest que dans une atmosphère de progrès et de
démocratie et dans un monde de pâix et de jristiàe que peut
9u peuple juif une ,existence tranquilie et
être assurée'aussi
paisible. Le comité des Délégations Juives s'était simplement
montré fidèle aux meilleures traditions séculaires du;ùdaisme
et aux intérêts des minorités juives en portant râ propre
r
93
(l) voir: R"port of t!" D.elegation of,.the lgntt o1 the British Empire,
p. 77 et suiv.; Alliance IsraéIite UnhsertàIle, p. ll .i'ru,u.
-léesDes
par
revendications 9péciales ne_ concernant que les Juifs furent formu-
Dar ces
ces, organisations dan-e .lp.
orcanisatiirr". dans letlrec additionnefes Ji.+i-^r^- ;i";i,
des ljttres ""ti;i;^--^tt-" distinctes, ^:-^:
)ar ex€mpl€,-
p3r
par dags_ la lettre du << Jornt
exemple,. dans_ ôo*;ift* > à-i;;
Foreign Committee
Joint F'oreign C";;i;-
à la << Commis-
sion
sron des Minorités.> (commissiol of Minorities)
Minorités,> (Co-mmissiol ;ui jgtg,-;;;;;-
a" 14 mai
Minoiiti".r) du 1919, concer-
nant Iq $hratron
n-ant ra sihration des, Jurts en Pologne, où furent tout spécialement
des_'Juifs rpe"iuL.""i-to"-
tou-
chées.les qu.estions re]ativq aq r?pqùement a"r terreiér l;ia;;-;-i;;"""r-
juifs, au boycot-
tage économiq.ue, au.droit des Juifs de travaill"r u-aii"n"É;; ;;;"-'réri"
Vroir : Repott of the Delegation oî the Jews of-tiu Eii-
ffitirir::i:ti
)
-gr4-
peuple juif depuis 1,919 -1920 jusqu'à ae jour relatant enco,re
malheureusement toujours des pogromes et des excès
commis dans différents peys sur les paisibles et inoffensives
populations juives, et ce aux yeux de tout le monde civilisé.
CHAPITRE X
:)
I
-96-
rités à une partie seulement des Etats nouvellement
créés ou agrandis alors que les autres Etats seraient
complètemént exempts de tout engegement de cette nature,
,r'uuàit pas manqué he'provoquer, dès le premier moment, un
grand àécontettit*tttt et une forte opposition B,u sein des
Étut* intér'essés. Ceux-ci virent dans cette tentative une
flagrante violation du principe de l'égalité, une greve atteinte
à léur souveraineté, un attentat intolérable contre leur unité
et une merque imméritée de méfiance à l'égard de leurs
bonnes intentions. Ils ne cessèrent de demander en quoi
d'autres Etats, possédant également des minorités, étaient
supérieurs à eux-mêmes, pourquoi la Conférence de 'Ia
Paix ne se souciait pas du sort des Allemands en Alsace-
Lorr,aine, &u Trentin, au Slesvig, à Eupen et Malmédy, en
1).
quoi la fioumanie et la Serbie étaient inférieur'es à I'Italie
dorrrme preuve de sa bonne volonté, la Pologle a]lé.qga, du
reste, qu;ett ce qui concerne l,a protec_tion des Juifs, par
u*r*pit, elle avÀit ,adopté déià event I'armistice, le traité
uélaboré. per les sionistes juifs et les Polonais de la finance
et du commercol 2)
Le mécontentement des .Etats intéressés se manifesta,
&vec une évidence particulière, à la huitième séance plénière
de la Conférence de la Paix du 3{ mai 4.9i.9. A I'ordre du
jour de cette séance, était insorit le projet du traité à
ôonclure avec I'Autriche contenant, entre &utnes' des articles
formulés dans le même sens que les articles 86 et 93 du
Traité de Versailles et qui devaient obtenir I'agrément de la
Roumanie, de la Yougoslavie, etc., pour ce qui touche - la
protection internationale de leurs minorités. A cette occasion
ie développe, à ta séance, un débat très animé {ui, per
-98-
pes, à l'égard des minorités, tout à fait la même. M. Bratiano
ôt tes représentants des autres Etats pouvaient être certains
qu'il ne s',agissait d'humilier personne, ni d'empiéter sur des
droits souvenains, de quelque nation que ce soit. Ils ne
devaient pas oublier non plus que le droit de contrôle n'est
pas confié a Oes gouvernements étrangers, mais à la Société
utt$.i'i|3'orurr.
réplisue de M. Bratiano, M. cl'emence&u
retorqua qu'il ne croyait pas qu'il fût humiliant pour -la
Roumanie do recevoir les conseils amic&ux donnés par des
Etats qui s'appellent les Etats-Unis d'Amérique, la Grande-
Bretagne, I'Italie et la France; qu'il pouvait être bien assuré
qu'auôun de ces Etats ne voulait exercer un pouvoir indû
en Rournanie.
La réponse de M. Clemenceau ne semble pes avoir
convaincu M. Bratiano. Dans un second et long discours, il
revint sur ses premiers erguments. Il se référa tout d'abord,
encore une fois, au principe de l'égatité. Il ne s'agissait pas
ici de conseils amicaux que le gouvernement roumain sqrait
toujours disposé à accepter, mais de conseils qu'on veut
inscrire dans des traités sous la forme d'engagements inter-
nati'onaux. La Russie était intervenue dans la politique de la
- la en fut son démembrement.
Turquie dans un but élevé protection des chrétiens
mais le résultat, pour la Turquie, -
Nous voulons, nous aussi continuait M. Br,atiano
établir un monde nouveau, qui prenne la place de I'ancien.
L'Etat doit trouver dans ses citoyens des fils et des soutiens
véritables. Le faif qu'une partie des citoyens sa,ura. que ses
droits sont garantis par la protection d'un Etat étranger,
rendra fragiles les fondations mêmes de I'Etat en question.
Le Président .du Conseil polonais, M. Paderewski, se
montra bien plus modéré que M. Bratiano. Son discour,s fut
extrêmement bref et il ne toucha à aucune des questions de
principe sur lesquelles M. Bratiano s'était si longuement
,eppesanti. En général, les paroles de M. Paderewski pro-
duisent I'impression qu'il ne désirait pes renouveler des
erguments et des considérations qu'il avait déià formulés
plus d'une fois dans 'd'autres circonstanoes; iI préférait se
borner à cette occasion à une brève déclaration.
Le Pologne, dit-il, accorderait à toutes les minorités de
r&ce, de langue et de culte, toutes les libertés qui leur avaient
k
s9-
déjà été accordées par les grandes nations et Etats ocoiden-
taux. Elle serait prête à élargir ces droits dans le même sens
que Ia société des Nations le jugerait utile pour tous les
Etats qui la constitueraient. - il- était oonvainco quë 0€s
garanties, une fois inscrites dans les lois fondamentales de Ia
Pologne par la Diète constituante, seraient en conformité
absolue a,vec I'esprit si noble et si élevé qui guidait le grand
labeur de la conférence de Ia paix. c,esî toùt ce qu'it"avait
à dire.
Après le r.eprésentant polonais, c'est M. Kramar, repré-
sentant de la Tchécoslovaquie, gui obtint la parole. ionfrai_
rement à M. Bratiano et à M. paderewski, il ôéclara, au nom
de la République Tchécoslovaque,,accepter le texte dô I'article
proposé. Il désirerait seulemgn! y voir supprimer quelques
mots, de sorte que dans |article il ne soit pas queËtion oe
dispositigns- uui pourront être jugées nécessair.u pâ* les prin-
cipales Puissances alliées et Àssociées, mais ^ d'rr' fraité
conclu d'un commun accord a,vec la Tchécoslovaquie.
Quant
au texte du traité des minorités, la T,chécoslova[uie alrait
à proposer quetques B,mendements et modifieations.
Au nom de I'Etat serbe-croate-slovène, M. Trumbic
déclara s'associer aux conclusions de M. Kramar; il de-
m&nda, en outre, {uê ra protection fût limitée aux territoires
ggl appartenaient_ arryalavant à I'Autriche-Hongrier-;t ;,
fût pas étendue à serbie, celle-ei étant, un Etai mâef*-
lu
dant et ayant des droits acquis.
La note d'apaisement qu'apportèrent à la discussion les
deux derniers orateurs contribua à oalmer I'atmosphère un
peu orageuse. Le président wilson prit alors Ia parole
et;
.dans un long_ et sérieux discours, il ô"posa son polrrt
de vue
dans Ia question et défendit la décision du consàl soprême.
En raison de I'importance et de I'intérêt partiàuliers
qui s'attachent à ce discours, nous le ,eproduisons ici
tn-ertenso t).
h
101 --
que ce soit ces Etats, mais de les aiider et d'ai,der la oausq.
commune. Nous espérons que vous n'hésiterez pas à accepter
notre point d,e vue, paroe que nous ne voyons pas d'aùtre
moyen de ré,gler cette question.
comment le gouvernement des Etats-unis, s'il croyait que
le règlernent intervenu contient des éléments instables et dan-
€rereux, pourrai't-il se présenter devant le congrès, devant le
peuple américain, et p.rétendre qu'il a aidé à assurer la paix
du mon'de? si le mon'de se trouve de nouvêau trouh,lé, sT les
conditions que nous regardons tous comme fondainentales sont
remises en question, la garantie qui vous est donnée veut dire
que les Etats-unis ;feront passer de ee côté de I'oeéan leur
armée et leur flotte. Est-ir sur,prenant Que, .dans oes condi-
tions, ils désitrent faire ,en sorte que le règlement des divers
problèmes leur paraisse entièrennent satislaisant?
_ Je'dirai en particulier à M. Bratiano que nous n'avons pas
le moindre désir d'empiéter sur ra souveraineté de son pâys,
que nous ne voulons rien faire qui puisse luil déplaire.
La Roumanie sortira de cet,te guerrè grande, puiàsantg, avee
des accroissements de territoire dr.rs à ll'effort commun' et à
la vigueur de nos armes.
Nous avons alors le droit d'insister sur oertaines condi-
tions qui, à notre avïs, rendront oe suecès déflnirtif.
Je prie mon ami M. Bnatiano, mon arni M. Kramar, mon
atmi M. Trurmbi,c, de croire eue, si nous n'avons mentignné,
dans I'arti,cle dont, il a été question tout à I'heure que lres
Grandes Puissanees, ce n'esû rpas que eelles-ei veuillent i,mpo_
ser leurs condittions, mais simrplement paree qu'elles désirent
s'assurer qu'el,les peuvent garantir de toutes les fornces dont
ellss rpeuvent dïsposer I'ensernble des avantag:es que ce Traité
vous donne, comme à nous.
rl s'agit de travailler en commun, et eette eollaboration ne
peut être fondée que sur un aecord. r-,aisser la solution de
ces questions à des nég:ociations ultérieures, comrme 'on en a
parlé, cela vourdrait dire Quo, Iorsque eette conférenoe aura
terminé ses travaux, des g.roupes séparés déeideralent entre
eux ce qui doit en réaùité faire partie de la base ,générale de
la PaTx du monde. Cela parait i,mpossible.
;'tsstpèrCI que nous arriverons c'est n.otne but à une
coopération eordiale et volontaire- sur Ia seule base-pOssible.
cette base, il faut bien I'expri,mer ainsi : c'est du cô[é où se
trouve la foroe que sera assuré le maintien de Ia paix ; c'est
du eôté de Ia foree que rdsidera ra garantie su'prême de oette
paix.
Il ne faut pas se m6prendre sur le sens que nous attri-
- 102-
buons aux mots : < la force >. Les Etats-Unis n'ont ;amais eU
augun dessein agre,ssif, et vous connaissez Ie motif de leur
intervention dans les affaires de I'ancien monde'
Nous poursuivons un but commun ; t'out ce que no'us dési-
rons, ,c'eÀt de vous a$der à atteindre ce but, de ooncert, avec
nous ; nOuS ne VoulOns que ROUS Assg'cier avec vous' afin de
vous servir, et nous ne voulons rien 'fairre qui soit contraine à
vos intérêts véritables.
'wilson ne mit pes_ fin &ux
Le disoours du Président
débats. G;est de nouveeu M. Brationo, Qui crut devoir ré-
pondre eux observations du Président'Wilson. Il déclara
maintenir son premier point de vue et persister dans. son
opposition. Il désir'ait attirer l'amicale attention du Président
Witrott sur le crainte que certaines applications de prin-
cipes, faites dans les meilleur'es intentions, n'aboutissent
prOcisément à des résultats'contraires au but que I'on pogr-
suivait, il ne pouvsit pas concevoir pourquoi, _dans d9t
conditions identiques, des peys ,comme la Roumanie
et comme la Serbie devnaient être traités autrement que
I'Italie. Les hommes se trouyanû aotuellement à Ia tête des
gouvernements des Grandes Puiss&nces sont imbus de ces
Iaéutr élevés, mais il peut fort bien arriver que des évolutions
politiques amènent ces mômes Etats à être représentés par
d'autrès hommes, ou bien que de nouvea,ux intérêts sur-
gissent qui les engagent à des actions conçues non pes en
iue de ces gr,attdà principes, mais en faveur de certains
intérêts spéciaux. Si les propo$itions roumaines n'étaient
pas
-p*r,admises, il est certain que la Roumanie ne conserverait
dans ,son intégrité, I'indépendance dont etle iouissait
par le passé, pour le règlement des questions d'ordre
intérieur
C'est M. Venizelos, Président du Conseil greo, qui de-
manda ensuite la parole pour la première fois. Il parla sur
un ton posé et en envisageant la possibilité d'aboutir à une
solution pratique. A son avis, il serait bon que les mernbres
du Conseil Suprême se réunissent aveo les représentants des
Etats intéressés dans qne séance commune pour délibérer
sur la question et, quand on serait autour d'une table, on
amivenait certainement à trouver un moyen susceptible, tout
en donnant satisfaction aux grandes Puissances, d'apaison
les inquiétudes tégitimes des puissano€s à intérêts limités.
_103_
Les débats étant, terminés, M. Clemenceau leva la
séance en déclarant que toutes les propositions seraient pri-
ses en considération.
Nous nous sommes arrêté longuement sur la séance
du 31 mai, oar, autant que nous le sachions, jusqu'à présent
elle n'a encore été décrite nulle part, ovec outant de détails.
Or, ces détails sônt, à n'en pas douter, d'une grande impor-
tance pour l'histoire du problème .des minorités à la Confé-
rence de la Paix et de l'élaboration des traités de paix.
Il pourrait paraître étrange que dans cette séance &ucun
des orateurs ne se soit élevé contre l,e fait, que les principales
Puissances alliées et associées entendaient imposer des obli-
gations relatives à la protection des minorités, précisément
&ux Etats et aux peuples qui furent pendant la grande
guerre leurs fïdèles soutiens et alliés et non à leurs ex-enne-
mis. Une telle doléance ett été cependant tout à fait, impos-
sible. En effet, longtemps avant le 3l mai, Ie Conseil Suprême
avait décidé, comme nous I'avons déjà fait remarquer en
passant, d'imposer des obligations internationales à I'Autri-
ehe, à la Bulgarie, à l,a Hongrie et à la Turquie et il avait
confié à la Commission le soin dtétablir les dispositions
utiles. Toute la discussion du 31. mai ne s'était-elle pas ins-
taurée précisément en connexion a,vec le projet du traité avec
I'Autriohe, qui contenait déjà à ce moment des clauses con-
cernant les minorités? La Pologne pouv'ait, à vrai dire, soule-
ver à cette séance Ia question de savoir pourquoi I'Allemegne
restait libre de toute obligation, ainsi qu'elle devait le faire
plus tard au sein du Conseil Suprême, comme aussi dans ses
lettres des i.6 et 26 juin 1919.
It[ous avons cependant déjà vu que le discours de
M. Paderewski avait, en général, revêtu le caractère tl'une
déclar.ation ne présentant â,ucuns motifs, observations ou
arguments particuliers.
Afin de prouver que la décision concernant I'Autriche,
la Bulgarie, Ia Hongrie et la Turquie ne se trouvait en a,ucune
contradiction avec le point de vue de principe de la Confé-
renoe, selon lequel la protection ne' devait être appliquée
qu'aux Etats nouveâ,ux et agrandis, quelques historiens
entendent faire ressortir que l'Autriche et la Hongrie pou-
vaient, à proprement parler, être considérées comme des
Etats nouvea,ux, et, quant à la Butgarie et à Ia Tunquie, elles
-104--
étaient déjà liées sur ce point par des traités internation&ux
antérieurs; la Conférence ne pouvait donc, à plus forte
raison, les affranchir de tout contrôle, mais elle devait plu-
tôt faire adapter leurs engagements antérieurs a.u nouveau
système, plus perfectionné ').
il esf intéiessant de noter que ces Etats n'opposèrent à
ce moment au.cune résistance à admettre des obligations
relatives à Ia protection des minorités. Cela se comprend
assez. La réalisation de cette protection devait, en effet, servir
en fin de compte, et en premier lieu, à protéger et sauve-
garder les parties de leurs populations qui en seraient dé-
tachées et se vemaient obligées de vivre sous une souveraineté
étrangère.
Ctest ainsi que la Délégation autrichienne de paix déclara
expressément à lo Conférence, dans sa réponse du {0 juillet
l9{9 ,concern&nt le projet du traité de paix, à elle soumis,
que les dispositions contenues d&ns la section V (Protection
des Minorités) rtsont absolument conformes aux idées ayant
<<servi de base à la constitution de Ia Répubtique Autrichien-
<ne-'allemande. Il n'y a donc aucune objection à sottlever
rrcontre l'établissement des garanties internationeles à créer
<<en faveur desdits principesr 2)
Dans sa note du 2& oetobre L9l'9, Ia Délégation bulgare
de paix répondit à la Conférence de la Paix dans les mêmes
termes 3).
(l ) En parlant de la possibilité gue la Conférence de Ia Paix avait de
réaliser Ia protection des minorités, non pas seulement pour une partie des
Etats, mais-pour tous, l'auteur du chapitre sur < Les Traités pour Ia pro-
tection des minorités >>, dans I Hislory of the Peace Conference of Paris,
de H. W. V. Temperley, vol. V, p. 142, s'exprime ainri : < Tout hommr
<< ayant une idée quelconque de I'opinion publique en cette matière ne saurait
<< admettre qulune telle proposition eût pu avoir une chance quelconque d'être
<< acceptée ou qu'il eût été sage d'insister là-dessus. Ce principe, une fois
<< adopté, eût pu être interprété de telle façon que les nègres des Etats de
<< I'Amérique du Sud se fussent trouvés placés sous Ia protection de la
<< Société des Nations, on eût pu en faire application aux Basques en Espa-
( Bne, aux Gallois et aux lrlandais.
< Il n'appartenait pas à Ia Conférence de Ia Paix d'examiner I'ordre
<< général dans Ie monde entier. Elle avait assez à faire en ne s'occupant que
<< des problèmes pratiques particuliers placés inévitablement devant ellè comme
< une conséguence de la guerre et de Ia responsbailité qu'elle ne pouvait
<< éluder. > I lll l'rtiF{{
@ Beficht iiber ilie Tiitigheit der ileusch-ôsterreichischen Friedensdele-
gotion in St.-Germain-en-Lage, Band l, p. 342.
_ _(3)-V"it H.-W.Vrlemperley, op, cil,, voj. IV (Chapter VII, Bl The
Bulgarîan Treaty), p. 413.
105
-
Et neuf mois environ plus tar.d, le Z0 février lg20, Ia
Délégation hongroise de paix écrivait .dans }e même sens:
<Nous répétons que la délégation de la Hongrie constate
(avec satisfaction que ces dispositions sont absolument
<<dans I'esprit de nos traditions historiques et de notre
<législation; elles ne contiennent rien de nouveau et la
<Délégation de Hongrie y adhère sans hésiterr 1).
A Ia Conférence de la paix de Lglg-lgz}, fut aussi
reconnue I'indépendance et la souveraineté de la Finlande.
cette rec,onnaissance ne fut cependant soumise à aucune
condition concernant les minorités. on essaie de I'expli-
quer pat tq fait que le territoire de I'Etat finrandais avait
appartenu auperavant à Ia Russie et que le conseil suprême
était alors d'avis que toutes les questions concernant cet
Etat pourraient recevoir leur solution au moment, seulement
oir la Russie serait, elle aussi, représentée.
Pour terminer, nous désirons enoore rappeler que la
conférence de la Paix n'imposa aucune obligÀtion touchant
ies 4inorités à I'Etn[ a,rabe nouvellement créZ, Ie Itredjaz.La
raison en est fort simple: ce pays possède une popùlation
complètement homogène.
-107-
positions nécessaires à inséner dans les traités avec les autres
peys.
- De même que toutes les autres commissions de la Confé-
rence, la a0ommission des nouvea,ux Etats et de protection
des Minorités> exerçait son activité d'après les dir'ectives
générales qu'elle avait reçues du Conseil Suprême. N'étaient
Àoumises à l'étude et à la décision du Conseil que des ques-
tions d'une importance toute parti'culière au sujet desquelles
I'accord n'avait pu se faire au sein de la Commission.
C'est ainsi que le Conseil Suprême trancha, dans s&
séance du {7 mai {9{.9, la question de savoir dans quelle
mesure il était opportun de concéder aux minorités mêmes
Ie droit,d'adresser directement des plaintes à la Société des
Nations ou à la Cour Permanente à créer par elle. Les parti-
sans de cette solution (les représentants des Etats-Unis
d'Amérique et de I'Italie) la justifiaient en disant qu'il serait
peut-être plus agréable à la Pologne que les Allemands qui
devraient vivre sur son temitoire eussent la possibilité de
s'adresser eux-mêmes aux institutions eppropriées, sa,ns
éprouver ainsi le besoin de recourir a,ux bons 'offices du
gouvernement allemand. A la suite d'une délibération
minutieuse, le Conseil Suprême jugea néanmoins plus conve-
nable de ne pes accorder ee droit aux membres cles groupes
minoritaires à l'égard de leurs propres gouvernements.
Au cours des séances du Conseil Suprême, fut, également
soulevée Ia question de savoir si le droit d'appeler I'attention i
-l
-108-
me aveient toujours en vu,e le problème juif et se deman-
daient constamment si la solution adoptée serait aussi
favorable aux Juifs. C'est ainsi qu'au cours de la séance
du {7 mai, lorsqu'on examina s'il convenait ou non de
donner aux minorités le droit de s'adresser directement à la
Société des Nations, M. Lloyd George fit expressémen[ res-
sortir qu'il était persuadé que les Juifs pourraient toujours
trouver un Etat prêt à se charger de leurs doléances. C'était
aussi I'opinion du Président 'Wilson').
Le Conseil Suprême s'est aussi occupé, à maintes re-
prises, des deux articles spécialement consacrés dans le
traité avec la Pologne à la protecti,on des Juifs, mais nous y
reviendrons dans le chapitre suivant.
L'opposition des Etats intéressés, pas plus que la séance
orageuse du 3{ mai, n'ébranlèrent en rien le point de vue
du Conseil Suprê,me qui maintint sa, précédente décision.
Il alla même jusqu'à prendre aussitôt après un engagement
formel à l'égard de l'Allemegne quant à I'introduction de la
protection des minorités.
Dans sa réponse du 29 mai L9l9 &ux conditions de paix
du 7 mai, après avoir déjà auparavant, dans son projet
officiel du pacte de la société des Nations, énoncé le postulat
de la protection internationale des minorités, ]a Délégation
allemande de Paix affirmait que <tl'Allemagne est en général
<partisan de la protection d.. minorités nationalesl cette
<<protection pourrait être réglée de la façon Ia plus appropriée
<dans Ie eadre de la Société des Nations. Cependant, I'Alle-
(magne se voit, d'ores et déjà, obligée de demander, dans
ale traité de paix, certaines garanties pour celles des mino-
arités allemandes qui, par suite de transfert de territoires,
<seraient mises sous une souver,aineté étrangère. Ces mino-
-..-(l) -Airpi -q_ue_$a51 Slannard B_akeg, op. cir., vol. I, p. 227, Ie dit,
I'idée de I'article ll du Pacte de la Société des Nations, dont- Wilson
avait coutume de parler _gomm! de son article favori >, et qui donne Ie
<<
droit à chaque nation d'appeler I'attention, à titre amical, sur toute cir-
constance qui menace de troubler Ia paix internationale ou la bonne entente
entre nations, serait née chez 'TVilson
en connexion avec I'article concernant
<< Ie: minorités ethniques et'nationales > qu'il avait proposé dans son second
projet du .Pacte.- Ray Stannard Baker ajàute_ : < Cetie stipulation donnera
< la possibilité _à I'Etat lithuanien ou yôugoslave de ro,r*.itre à Ia Société
<< des Nations des questions concernant Ie traitement de leurs frères de race
<< en Pologne-ou en Italie et aux Etats-tjnis, de soumettre des guestiogs
( çoncemant Ie traitement -des Juifr n'importe où, ?
-109-
(rités doivent ,obtenir la possibilité de dévetopper leur indi-
<vidualité allemande, surtout per la concession du droit
<<d'entretenir et de fréquenter des écoles et des églises alle-
<mandes, ainsi que de faire paraître des journaux allemands.
<<Il serait désirable que I'on créât, en outre, une autonomie
<rculturelle sur la base du cadastre national; l'Allemagne,
<de son côté ajoutait la note est décidée à traiter, sur
- les minorités étrapgères
(son territoire, - selon les mômes
aprincipesr').
Dans la même note, un peu plus loin, au chapitre <les
garanties dans les régions qui seront transférées à I'Estr,
I'Allemagne demande tout particulièrement la protection de
la minorité allemande en Pologne. Pour prouver à quel point
ure telle protection est"réellement nécessair,e, elle invoque
<<les massacres de la population juive)),-commis en Polo$ne
depuis le 1L novembre {.91.8, et r<les meurtres en m&sses de
<Pinsk...> 2).
A la note allemande du 2g mai LgLg,la conférence de
la Paix oppose I'ultimatum du {.6 juin lglg oir les pûissances
alliées et associées faisaient aussi réponse aux considé-
rations allemandes relatives à la protection des minorités.
ces Puissanoes <tsont prêtes à accorder des garanties a,ux
<<droits des minorités allemandes ,en matière d;éducation, de
<religion et de culture, dans les territoires transférés de
<l'Empire allemand aux nouveaux Etats créés par les Trai-
<tés. ces garanties seront placées sous la protôction de la
t<société des Nations. Les Puissances alliées et associées
(prennent acte de la déclarati,on des Délégués allemands que
al'Allemagne,est décidée à traiter sur son teruitoire les mino-
<rités
.étrgngrèes conformément aux mêmes principes))').
Ainsi donc, le 16 juin {glg, la conférence ae ta paix
avait, s&ns ambiguité, assuré officiellement à I'Allemagne
que le principe de la protection des minorités placée sooJ Ia
garantie de la société des Nations serait réalisé. or, ces
engagements du conseil suprême ne doivent, être considérés
que comme la manifestation de s& décision définitive et
(l) Le _texte de la lettre cité dans la plupart des ouvrages n'est pas
le texte authentique. Cela s'explique, vraisemblablement, par le fait que- Ie
texte en circulation a été extrait du numéro du journal français Le Temps
du 2 juillet 1919. Or, ce journal a, en réalité, publié un texte antérieur qui
se distingue du texte authentique par toute une iérie de remaniements rédac-
tionnels. Nous reproduisons ici la lettre dtaprès la publication officielle du
gouvenrement polonais. Voir : DéIégation Polonaîie à la Conférence ile
Ia Paix, p. 45-53.
-114-
CONFÉRENCE DE LA PAIX
Le Président.
_115_
le Congrès de Berlin, au moment, de la reconnaissanoe de la
souveraineté et de I'indép.endanoe de la Serbie, du Monténégro
et de la Roumanie. Je orois devoir rappeler à oet égard les
formules employées à cette oooasion par les plénipotentiaires
britanniques, français, italiens et allemands, lesquelles firgu-
rent dans le procès-verbal de séance du 28 juin 1878 :
< Lord Salisbury reconnalt I'inrdépendance de la Serbie, mais
pense qu'il serait opportun de stipuler, dans la Principauté,
le grand p.rincipe de la liberté religieuse. )>
-123-
peut-être justes, mais qu'il était cependant impossible d'obli-
ger, quant à présent, I'Allemagne à signer un traité de cette
nature. Il est intéressant de noter qu'au cours des débats, on
avait essayé de calmer M. Paderewski en lui disant que plus
tard, lorsque I'Allemagne solliciterait son entrée au sein de
la Société des Nations, il subsisterait toujours une possibi-
Iité de I'entretenir de cette question. Il fut également souligné
que plus le traitement de la minorité allemande par la Po-
Iogne serait favorable, et plus celle-ci serait fondée à s'atten-
dre à ce gue I'Allemagne réservât un bon traitement aux
Polonais. M. LtoSzd George fit observer à cette occasion qu'une
attitude équitable à l'égard des minorités était dans les
intérêts de Ia Pologne même, et Ie Président'Wilson ajouta
que ce n'est que de cette façon qu'elle pourrait faire des
Allemands <des citoyens satisfaits et fidèlesn.
Le 28 juin {.9{,9, Ie j,our même otr fut signé le Tr,aité de
Versailles, la Pologne appose s& signature sa,ns auoune
condition ni réserve sur le traité des minorités.
Ainsi prirent fin les négociations ardues et compliquées
qui avaient duré cinq semaines et dont I'issue, comme te fait
rem&rguer Hudson 1), n'était pas tout à ,fait certaine jus-
qu'au dernier moment.
Le premier traité des minorités signé, il était clair que
tous les autres Etats auxquels la Conférence avait décidé
d'imposer des obligations internationales, ne pourr,aient que
.suivre I'exemple polonais. C'est ce qui s''est produit, effec-
tivement, à I'exception, toutefois, de la Yougoslavie, et sur-
tout de la Roumanie.
Ces deux Etats ne voulurent, en aucune façon, se plier
à la volonté du Conseil Suprême et les négociations avec eux
exigèrent des mois entiers et souvent revêtirent un earactère
très sérieux. Ces deux Etats proposèrent comme solution
tnansactionnelle que les dispositions concernant la protection
des minorités ne s'oppliquassent qu'aux tenitoires qui leur
seraient conférés par la Conférence de la Paix et non au
reste de leurs pays. Mais le Conseil Suprême s'en tenait
fermement à sa décision et ne voulait consentir à aucun
compromis. L,,'on arriva bientôt à ce point que, après que les
:i
ti:
.L
'fr
.llt,
,fl
-t25 -
Au début d'octobre i.919, sir clerk rentra à Paris 0t,
dans son rapport au Conseil Suprême, il lui rendit compte
aussi de la résistance vigoureuse qui se manifestait en
Roumanie con[re le traité des minorités. Les négociations
a,vec la Roumanie furent encore poursuivies pendant quel-
ma,is s&ns aucun résultat.
- Asemaines,
ques
bout de patience, le Conseil Suprême envoya enfin à
la Roumanie, Ie 2& novembre L9L9, un ultimatum par lequel
il lui impartissait un délai de 8 jours pour remplir loutes
les demandes de la Conférence et la menaçait, en ca,s de non
exécution, de rompre avec elle toutes relations. Ce délai s'é-
coula sans qu'aucune réponse satisfaisante ftt parvenue de
la part de la Roumanie. Le 3 décembre, le Conseil Suprême
mi[ de nouve&u ce peys en demeure et lui accorda enctxe 6
jours, c'est-à-dire jusqu'au 8 décembre {9{9.
- Acculée, la Roumanie ne put plus user d'aucun subter-
fuge. Force lui fut de s'incliner et le 9 décembre, le représen-
tant, roumain à Paris, le général Coanda, signait le traité sur
les instructions du nouvèau Président du Conseil roumain,
le Dr Yaïda-Voevod.
A ta fin de I'année L9L9, des dispositions concernant les
des traités spéciaux
minorités étaient déjà signées
- dans par 6 peys: le 28
ou dans les traités de paix généraux
juin 19i.9 à Versailles, le traité avec la Pologne (entré en
vigueur le {0 janvier 1920) ; le {0 septembre LgL9, à St-
Germain-en-Laye, les traités avec I'Autriche et la Tchécoslo-
vaquie (entrés en vigueur le L6 juillet {.920) ; le 27 novembre
19i.9 à Neuitly-s-Seine a,vec la Bulgarie (entré en vigueur le
9 août {920) ; le 5 décembre 1919, la Yougoslavie donna son
agrément au tr,aité du {0 septembre i.919 de St-Germain-en-
Laye (entré en vigueur le {6 juillet {920) et Ie 9 décembre i.919
fut conctu à Paris le traité des minor{.tés &vec la Roumanie
qui entra en vigueur le 4 septembre 1920.
Au cours de I'année {920, ont été conclus des traités avec
la Hongrie, la Bulgarie, la Turquie et I'Arménie. Le traité
B,vec la Hongrie a été signé à Trianon Ie I* juin L920 (entré
en vigueur le 26 juin LgzL); le traité a,vec la Grèce à Sèvres le
{0 aott L920 (entré en vigueur le 30 août L924); Ie traité
signé à Sèvres le {0 eoût Lg20 &vec la Turquie n'a pas été,
comme on le sait, ratifié par celle-ci et a, été, per la suite,
remplacé par le traité de Lausanne du 24 juillet L923 (entré
_t26 _
en vigueur le 6 août L924). Par contre, le traité signé le {.0
août L920 à Sèvres â,vec I'Arménie nlest jamais entré en
vigueur par suite de la fin si tragique de l'Etat, arménien.
C'est le premier traité des minorités a,vec Ia Pologne qui a
servi de modèle pour l'éIabonation de tous les traités des
minorités. Il ne rentre pas dans le oadne de la présente étude
de faire un examen de doctrine et une analyse juridique des
différents traités ni de comparer leurs textes" On peut dire,
en règie générale, QUe les dispositions de tous les traités des
minorités sont, à peu de choses près, identiques. Coe,i ne fut
pas I'effet d'un hasard, mais le résultat d'une politique cons-
ciente que la Conférence de la Paix avait adoptée sur ce point.
L'échange de lettres à ce sujet â,vec les Délégations autrichien-
ne et hongroise de paix, montre avec clarté le point de vue
du Conseil Suprême en cette matière.
Le projet du traité des minorités avec I'Autriche du 2
juin l.9Lg subit, après avoir été remis à la Délégation autri-
chienne, des modifications de llond afin d'en faire concorder
la teneur a,vec le traité conclu avec la Pologne. Le Conseil
Suprême communiquait offici,ell'ement à I'Autriche, dans sB,
note du 2 septembre i.919: <Il semble que cette Délégation
<<ait également le désir que les devoirs imposés à I'Etat
aautrichien soient, autant que possible, les mêmes que ceux
<don[ se chargent d',autres Etats qui faisaient partie de I'an-
<<cien Empire austro-hongrois. Les Puissances alliées et
<associées ont donc modifié ces articles en vue de les faire
<<accorder a,vec les clauses insérées dans le Traité &vec la
<Pologner').
Plus tard, quand la Délégation hongroise de Paix de-
manda au Conseil Suprême d'adjoindre aux droits contenus
dans le projet qui lui fut soumis certaines autres dispositions,
la Conférenoe de la Paix lui faisait, le 6 mai L920,la réponse
suivante: <Quant aux articles nouveaux dont ta Délégation
<hongroise demande I'insertion pour assurer plus oomplète-
amert la protection des minorités hongroises dans les terri-
<<toires voisins, les Puiss&nces regrettent, qu'il leur soit tota-
<lement impossible de les prendre en considération. Les
rcègles à imp-oser pour la protection des minorités dans tous
(l) L'original porte : < dans I'Europe occidentale >. Il est de toute
qu'il _s'agit là d'une faute d'impression.
évidence_
Q) Lçt Négociatîons de la Paix hàngroise. Compte-Rqrdtr sur les tra-
vaux de^la Délégation de Paix de Hongrie à Narilly-s.-S. de janvier- à
nars 1920, tome II, p. 555.
CHAPITRE XII
(l) Délésation Polonaise à k Coûéretrce ile k Pdr, p. 18, ?Â, 28, 29.
--129_
leur vie religieuse. vers la fin du xvIII" siècle, la pologne
avait émancipé les Juifs cantonnés dans leurs ghettos et
même après la perte de son indépendance, elle s'était efforcée
cle leur conférer Ia plénitude des droits civiques. Les relations
polono-juives dur,ant tout le xIX" siècle furent empreintes
de bienveillance. Le désaccord actuel provenait de lbttitude
prise par les Juifs. La délégation polonaise dont, il
convient de ne pas I'oublier, M. Roman Dmowski, I'aclversaire
irréductible de l'égalité des droits des Juifs, fut I'une des
personnalités dirigeantes __ n'hésitait pas à, mettre en doute
la loyauté des Juifs envers I'Etat polonais en voie de créa-
tion paroe qu'ils auraient envisagé la cause polonaise comme
perdue.
La reconstitution de I'Etat polonais, {u0 res Juifs de-
vaient admettre comme un fait accompli, permettrait à la
nation polonaise de revenir à ses anciens piincipes dans la
question juive. Les relations entre Juifs et polonâis s,établi-
raient d'elles-mêmes en peu de temps d'une façon normale
et à la satisfaction des deux partis; tandis que la protection
accordée à la population juive en Pologne, én traniférant la
question sur le teruain international, pouruait seulement
créer des difficultés.
La Pologne combattait ensuite les droits qu'on désirait
accorder aux Juifs, faisant ressortir que les Juifs eux-mêmes
n'étaient pas d'accord sur ce point, les uns ne demandant
que J'égalité complète des droits, les autres une orgenisation
confessionnelle à part, dotée par I'Etat d'attributlons poli-
tiques, nationales, sociales, économiques, culturell.s ut li.r-
guistiques, qui transformeraient les Juifs en une nation
autonome. La Délégation pol,onaise rappelait également les
dissentiments entre leg partisans de lnhébreu et -du yiddisch.
La Pologne faisait valoir, en outre, que I'état de tran-
sition .9u.ry lequel se trouvait alors la- question juive ne
pe_rmettait guère de fixer, dans des form-es législaiives, les
r<droits nationaux et linguistiques des Juifsr sL pologne.
.
Elle se référait aussi à ceux d'entre les Juifs qui, bien qu'a"tta-
chés à leur religion, se regarclent comme étant de nationalité
polonaise, parmi lesquels les dispositions proposées provo-
queraient un profond mécontentement et donf eiles ïttire-
raient les protestations.
L'opposition de la Délégation polonaise se manifestait
-130-
evec une vigueur perticulière en ce qui concerne I'art. l0 du
projet de trâitO retatif au droit des communautés juives de
ôréôr un ou plusieurs comités scolaires et d'organis-er et de
diriger des écoles juives. Ce privilège ne manquerait pas. de
so,riéo.t affirmait la Pologne de la part des autres
- confessionnelles, des exi8ences analogues. It
organisations
pouvait ,conduire à l'établissement d'écoles réservées aux
êlèuæ d'une confession particulière, ce qui oontribuerait à
accentuer en Pologne les divergences religieuses. Cet, article
disait la Délégation polonaise était inadmissible, car il
-amènerait le fractionnement de -I'organisation politique en
organisations confessionnelles de droit pu-bl1c, privilégiées
soùr le rapport administr'atif, suivant I'esprit du Moyen Ag_e.
La pô[ogne ne se montrait guère plus satisfaite de
I'article concernant le repos du sabbat. Tout en convenant
que les Juifs avaient le droit de célébrer leur sabbat, la Délé-
$ation polonaise soulignait que ce droit pouvait devenir une
Jon*ce de ,conflits entre les Juifs et la population polonaise,
car la clause d'après laquelle <les Juifs ne seront pas astreints
<<à accomplir dei actes quelconques constituant une violation
<<de leur sabbatr, pouvait les autoriser à refuser les services
publics dans les emplois civils (fonctions de I'Etat, des
ôhemins de fer ou des communes) ou dans I'armée.
En refusant de donner a,u nouvel Etat polonais le temps
d'expérimenter dans la question juive les méthodes d'égalité
civique dont I'efficacité a été reconnue per les Etats-Unis, la
Grande-Bretagne, la France et I'Italie, et en distinguant la
population juive de son milieu à I'aide de privilèges spéciaux,
i*s C*andes Puiss&nces poursuivait la Délégation polonai-
se créaient une -
nouvelle question juive et assumaient
-
ainsi devant I'humanité une lourde respon'Sabilité 'pour le
cas oîr leur méthode, au lieu de continuer à résoudre pacifi-
quement la question, la poussereit dans des voies inconnues.
La Délégation polonaise ajoutait qu'on pouvait aussi ad-
mettre que les grandes Puissances se créaient par là de
fâcheusès surprises et elle essayait même de les intimider
en leur rappelÀnt que, se basant sur le précédent ainsi établi,
les Juifs, hbués d'une mobilité facile, ùclameraient ailleurs
également les privitèges nationaux dont ils jouiraient en
Pologne.
Comme on le voit, la Délégation polonaise, dans s&
_131 _
réponse 'du i.6 juin l9lg, avait consacré une attention sou-
tenue aux deux articles concernant spécialement les Juifs.
Elle cher,chait par tous arguments et objections possibles, et
souvent même contraires à la vérité, à persuader le Conseil
suprême que ces deux,articles étaient complètement inutiles
et même nuisibles et que le seul moyen dé résoudre conve-
nablement la question juive en pologne était de slen remettre
au gouvernemeni polonais lui-même. Les représentants juifs
à la conférence de la Paix durent, à ce moment, se ienir
constamment sur la brèche. Leur iacrre consistait à éclairer
les personnalités dirigeantes de ra conférence sur la situation
véritable de la grande collectivité juive de pologne, à leur
exposer leb besoins et misères de celte populationiainsi qu'à
prouver la nécessité absolue d'une garantie internationale
pour ses droits. Dans sa lettre à M. paderewski, M. clemen-
ceau se réfère d'ailleurs expressément aux uinformations
(parvenues à la ,connaissance des principales puissances
r<allié'es et associées en ce qui concernle les retations
entre les
<Juifs et les autres citoyens polonaisr.
rns objections de la Délégation polonaise n'obtinrent
pas le résultat visé. Elles ne furent pÀs. prises en considé_
ration, et les deux articles furent mâintenus dans le texte
définitif dq !rai!é a,vec quelques modifications, dont il sera
pallé plus loin. Le conseil suprême jugea seulement conve-
nable de consacrer un_paragrôprre spoclat
le lettre 'du 24 juin, adressée à-M. pbderewski et
[e sixième) dans
{ans le. chapitre précéd.*.qt, aux articles concernant"eproo,riie
lôs Juifs,
de justifier lgur nécessité absolue et d'indiquer dans quei
r
sens ces clauses devaient être comprises et interprétées.
L'article 4.0 du traité concernant I'enseignement dit:
<Des comités sc_olaires désignés sur place par leË
communa,u_
trtés_juives de Pologne, assureront, sour jr rotrtrôle gonerer
<de {'Etat, la répartiti,on de Ia part proportionnelle
des fonds
<publics assignée aux écoles juives-en àonformité de
I'article
---
<9, ainsi que I'organisation ei la direction de ces
ecotÀs.
- aI..,es dispositions de l'article g concernant I'emploi des
r<langues dans les écoles seront applicables auxdites
écolesr.
. A première lecture, l',on pourràit être tenté de croir.-t,ru
cet article n'est gu'gns répét1ti,on littérale de I'article o, q"i
le précède. En fait, il contient quelques modifications i;pâ;-
tantes qui prouvent avec évidence à quel point Ia conférôr.,
l,t
ii
lr
rl
il
ll
li
i;
-t32 -
de la Paix avait sincèrement cherché à assurer jouissance
aux Juifs,
u"u" ru plus oe procision et de garantie possible,la
de leurs droits.
Tout d'abord, il convient de faire remarquer- que dans
gouver-
I'article 9, alinéa â, it est question de I'obligation du
nement d,accorder a.ux minorités
(une part équitablel des
(l) Voir : .A,ndré Mandelstam, op. cit', p' 435-436' Comparer aussi :
tl
-133-
lettres déjà rappelées, le Conseil Suprême consentit à rema-
nier le texte pi.ôcédent en limitant lÀ disposition unique_ment
à r<des comités scolaires désignés sur placel et en excluant
ainsi la possibilité de créer aussi un comité scolaire central.
Il est encore une distinction frappante à faire dès qu'on
compere attentivement les textes des articles 9 et i-0 du tr'aité
avec la Pologne.
Aux terùes de I'article 9, alinéa 3, ltobligation contenue
dans cet article ne serait applicable, nous I'avons vu' &ux
ress,ortissants polonais de langue allemande gue dans les
parties de ta Pôlogne qui, au i.er aott Lql't*, étaient territoire
àilemand. Par conlre, farticle L0 n'énonce, en ce qui concer-
ne les Juifs, &ucune limitation à I'une quelconque de1-Parties
du territoire polonais. Ifor L. Evans y voit I'indice que
les Puissances se souciaient vraisemblablement plus de I'a-
venir de la langue des Juifs que de celui de I'allemand dans
I'ancienne Pologne congressiste 1).
La deuxièrne disposition en faveur'des Juifs, dans le trai-
té des minorités avec la Pologne figure à I'article 4.{ concer-
nant I'observance du sabbat. Cet articte stipule: <Les Juifs ne
<seront pas astreints à accomplir des actes quelconques
<constitùant une violation de leur sabbat, et ne devront être
<frappés d'aucune incapacité s'ils refusent de se rendre
uaevïnt les tribuna.ux ôu d'accomplir des ectes légaux le
<jour du sabbat. Toutefois, cette disposition ne dispensera
upas les Juifs des obligations imposées à tous les ressortis-
usants polonais en vue des nécessités du service militaire, de
<.la défônse nationale ou du maintien de I'ordre publie>.
<<La Pologne déclare son intention de s'abstenir de
<prescrire ou d'autoriser des élections, soit générales, soit
uioeales, qui auraient lieu un samedi; aucune inscription
<électoralé ou autre ne devra obligatoirement se faire un
<samedi>.
L'introduetion de cette disposition dans le traité avait,
elle aussi, nous I'avons dit suscité une résistance éner-
- -
gique de Ia part de Ia Délégation polonaise. La question a dt
ôtrb soumise à la décision du Conseil Suprême. On a I'im-
pression, .en considérant les délibérations du Conseil sur
(t) Ifor L. Evans. The Protection of the Mînorities. Brilish Year Book
of iniernational Lsp, 1923-1924. London, 1923, p. 108-l()9.
-134-
cette question, qu'â,u début les membres du Conseil n'avaient
peut-être pas ,complètement saisi en quoi, à proprement
parler, consistait I'importance pour les masses juives de cet
article, et quel rôle jouait le sabbat dans la vie juive. C'est
'Wilson avait demandé,
ainsi, par exemple, que le Président
au cours de la discussion, pour quelle raison les Juifs ne
désiraient pas que des élections eussent lieu le samedi, alors
que dans des peys chrétiens celles-ci se déroulent précisé-
ment le dimanche. Après avoir reçu de ses experts les infor-
mations et précisions nécessaires au sujet de cette question,
le Conseil Suprême établit définitivement le texte de cet arti-
cle, tel que nous le connaisson's maintenant.
Celui-ci ne se distingue du texte antérieur du 24- mai
que par le fait qu'au premier alinéa furent ajoutés les mots
suivants: aT,outefois ,cette disposition ne dispensera pas les
<Juifs des obligations imposées à tous les ressortissants
<polonais en vue des nécessités du service militaire, de la
adéfense nationale ou du maintien de I'ordre publior.
Pour éviter toute interprétation restrictive de I'article
Ll, les représentants juifs avaient demandé à la Conférence
d'assurer expressément aux Juifs dans cet article le droit
de travailler le dimanchel). Or, dès après la signature du
traité, il est apperu que la Conférence avait, commis une
grande erreur en ne prêtant pas à cette revendication I'atten-
'tion voulue. Le gouvernement polonais décida aussitôt d'in-
troduire le repos dominical obligatoire. Il viola ainsi la
Iiberté de croyance et de conscience de ses trois millions de
citoyens juifs, placés ainsi devant la grave alternative
d'enfreindre la sainteté du sabbat ou de ne travailler que 5
jours per semaine.
Tels sont le contenu et I'historique des deux articles
insérés dans le premier traité des minorités spécialement en
faveur des Juifs.
On pouvait, semble-t-il, s'attendre à ce que ces dispo-
sitions fussent aussi incorpor,ées dans les traités conclus avec
-136-
Aux termes de I'article l*3 du traité de Lausanne' <les
<<ressortissants turcs, appartenant aux minorités non-musul-
t<rIlB,IIes, ne seront pal âstreints à accomplir un acte quel-
ncotqué constituanl une violation de leur foi ou de leurs
.,pratiques religieuses, ni frappés d'aucune incapacité s'ils
nrefusônt de comparaltre devant les tribunaux ou d'accom-
<plir
' nquelque actelégal le jour de leur repos hebdomadaire...ir
-clair
est que ôes stipu,lations où il s'agit de minorités
non-musulm,anel s'appliquent aux Juifs également. Elles
diffèrent du texte du lraité grec en.ce qu'elles sont appli-
cables sur tout le territoire du peys et non seulement dans
certeins districts, et du texte des traités grec et polonais en
ee qu'elles ne contiennent pas I'interdiction concernant la
fïxatiôn d'élections le jour du sabbatl).
Le traité des minorités avec la Roumanie contient aussi
un article spécial relatif aux Juifs. La nécessité de I'intro-
duction de ôet article était dictée par toute I'histoire de la
qu,estion juive dans ce peys. Le Conseil Suprême, si disposé
qu'it ftt aux plus grandes concession's, ne- put_ et _ne voulu[
y renonoer. C'est I'article 7 du traité qui dit: <La Roumanie
i,s'engage à reoonnaître comme ressortissants"roumains, cle
<pleii d'roit et sans &ucune formalité, les Juifs.'habitant totts
uies territoires de Ia Roumanie et ne pouvant se prévaloir
<d'&ucune autre nationalitétr .
Cet article devait enfin résoudre la questi'on st doulou-
reus,e de la nationalité des Juifs en Roumanie, question qui
attendait sa solution depuis quarante et une longues années.
i
142
-
Empine allemand seront incorporés dans le territoire de la
Pologne;
Qu'aux termes dudit Traité de paix, les limites de Ia
Pologne qui n'y sont pes encore fixéôs, doivent être ultérieu-
rement déterminées par les Principales Puissances alliées et
assoeiées I
Les Etats-Unis d'Amérique, I'Empire britannique, la
France, I'Italie et le Japon, d'une part, eonfirmant leur re-
connaissa,nce de I'Etat polonais, constitué dans lesdites
limites, ,comme membre de la famille des Nations, souverain
et indépendant, et soucieux d'assurer ltexécution de I'article
93 dudit Tnaité de paix a,vec I'Allemagne;
La Pologne, d'autre part, désirant conformer ses insti-
tutions Eux principes de liberté et de justice, et en donner
une stre garantie à tous les habitants des territoires sur
lesquels elle a assumé la souveraineté;
A cet effet, les HAUTES PARTIES CONTRACTANTES,
représentées comme il suit:
(Suiaent les noms des plénipotentiai,res)
ont, après avoir échangé leurs pleins pouvoirs reconnus
-
en bonne et due forme, convenu des stipulations suivantes:
CHAPITRE i.er.
Article premter
_ La Pologne slengage à ce que les stipulations contenues
dans les articles 2 à 8 du présent chapitre soient reconnues
comme lois fondamentales, à ce qu'aucune loi, aucun règle-
ment ni aucune action officielle ne soient en contradiction
ou en opposition B,vec ces stipulations et à ce qu'aucune loi,
aucun règlement, ni aucune action offici,elle ne prévalent
contre elles.
Article P.
Article 3.
Article &.
Article 5.
La Pologne s'engage à n',apporter B,ucune entrave à
I'exercice du droit d'option, prévu par les Traités conclus ou
à conclure par les Puissa,nces alliées et, associées avec I'Alle-
magne, I'Autriche, la Hongrie ou la Russie, et permettant
aux intéressés d'acquérir ou non la nationalité potonaise.
Artic,le 6.
La nationalité polonaise sera, acquise de plein droit, par
le seul fait de la naissance sur le territoire polonais, à toute
personne ne, pouvant se prévaloir d'une autre nationalité.
Articte 7.
Tous les ressortissants polonais seront égaux devant
la loi et jouiront des mêmes droits civils et politiques sans
distinction de ra,ce, de laugage ou de religion.
La différence de religion, de croyance ou de confession
ne devra nuire à aucun ressortissant polonais en ce qu;
concerne Ia jouissance des droits civils et politiques, ûo-
tamment pour I'admission aux emplois publics, fonctions et
honneurs ou I'exercice des différentes professions et in-
dustries.
Il ne sera édicté aucune restriction contre le tibre usage
par tout ressortissaqt polonais d'une langue quelconque soit
dans les relations privées ou de commerce, soit en matière
de religion, de presse, ou de publications de toute nature
soit dans les réunions publiques.
Nonobstant l'établissement par le Gouvernement polo-
-facilités
nais d'une lanlue officielle, des eppropriées sôront
données a,ux ressortissants polonais de langue autre que le
polonais, pour I'usage de leur langue, soit oralement, soit
par ,écrit devant les tribunaux.
---145__
Article 8.
Les ressortissants polonais, appartenant à des minorités
ethniques, de religion ou de langue, j ouiront du même
traitement et des mêmes garanties en'droit et en fait que
les autres ressortissants polonais. Ils auront notamment un
dnoit égal à créer, diriger et contrôler à leurs frais des
institutions charitables, religieuses ou so,ciales, des écoles
et autres établissements d'éducation, avec le droit d'y faire
librement usage de leur propre langue et d'y exercer libre-
ment leur religion.
Article g.
Article 10.
Des comités scolaires désignés sur place per res commu-
nqut-és juives de Pologne, assureront, sous te contrôte géné-
de la part proportionnellJ des
ral de I'Etat, la répartition
fon'ds publics assignée aux écoles juives en conformité de
_146_
I'article 9, ainsi que I'organisation et la direction de ces
écoles.
Les dispositios de I'article I concernant I'emploi des
langues dans les écoles seront applicables auxdites écoles.
Article 4.1.
Article L2.
.t I
,, l
t47
-
ces articles, entre le Gouvernement polonais et I'une quel-
conque des Principales Puissances alliées et associées ou
toute autre Puissance, Membre du Conseil de la Société des
Nations, cette divergence sera, considérée comme un diffé-
rend ayant un caractère international selon les termes de
I'article L4 du Pacte de la Sooiété des Nations. Le G,ouverne-
ment polonais agrée que tout différend de ce genre sera, si
I'autre partie le demande, déféré à la Cour permanente de
Justice. La décision de la Cour permenente sera sens appel
et aura la même force et valeur qu'une décision rendue en
vertu de I'article 13 du Pacte.
LE PRÉSENT TRAITÉ, dont les textes français et an-
glais feront foi, ser,a ratifié. Il entrer& en vigueur en même
temps que le Traité de Paix avec I'Allernagne.
Le dépôt de ratification sera effectué à paris.
Les Puissances dont le Gouvernement a son siège hors
d'Europe auront Ia faculté de se borner à, fair,e connaître a,u
Gouvernement de la République française, par leur représen-
tant diplomatique à Paris, que leur ratification a été donnée
et, dans ce ca,s, elles devront en tr,ansmettre I'instrument
aussitôt que faire se pourr&.
un procès-verbal de dépôt de ratification sera dressé.
Le Gouvernement français remettra à toutes les puissan-
siglatair,es une copie conforme du procès-verbal de
c_gs
dépôt de ratification.
EN FoI DE QUOI les plénipotentiaires susnommés ont
signé Ie présent Traité.
Fait à versailles, le vingt-huit juin mil neuf cent dix-
neuf, en un 'seul exernplaire qui rèstera déposé dans les
archives du Gouvernement'de la Répubtiquô française et
dont les expéditions authentiques serônt t.mises à àhacune
des Puissa,noes signataires du Traité.
ANNEXE B.
To their Ercellencies
The President and the Members
Of the Peace Conference
1).
. Nous dgngg3s Ie texte anglais avant le français, celui-ci étant une
traduction de celui-ra.
i
I
.t
i
i
I
_149_
I. The state of..... undertakes the following obligations
to each of the other Altied and Associated -powers, and
recognizes them to be ,obligations of international concern
of which the League of Nations has jurisdiction :
l. 'without eny requirement of qualifying or other
proceeditrgs, the state of..... admits and declares to be.....
citizens :
a) All persons born in the territory reoognised to be.....
in this Treaty, who have not heretofore been naturalized in
some other country, and who \il/ere resident, or domiciled in
such temitory at any time since August Ist {g0g, or who
have meintained their relation to sucli territory within such
period by passport issued by the present or the former sove-
reignty ;
b) AII persons who were inhabitants of such territory
on August Ist Lgl,& ;
c) AII persons hereafter born in..... and subject to the
jurisdiction thereof.
Ary person bel,onging to crasses a) or b) mey however
within two years after the coming into force of this treaty
opt his former citizenship.
2. The state of..... egrees that all citizens of..... shalt
en1!y equal civil religious national and political rights,
without di,stinction as to birth, i"ace, nationality, languufr" o*
religion ; assumes the obligation to protect tËé rire] fiËerty
and property of its inhabitants and assures to them freedom
of religion and of the outward exercice thereof.
3. None of the foregoing rights shall be abridged, nor
shall any discrimination, disability or restriction whâhoever
be imposed by law or otherwise upon any person on account
of race, nationality or rerigion, nor shall he be denied the
equal protection of the law. All'existing laws, decrees and
ordinances in contravention herewith *te *rpealed.
4. The right of any person to use the rangueges of any
national minority of..... in business, private ùteicourse,
at
public meetings and in the press as weil as before the various
tribunals either orally or in writing shall not be limited .
_150_
nor shell any such national minority be restricted in the use
of such languages in its sehools and other institutions, nor
shall the validity of any transaotion or document be affected
by the use of ,any language whatever. schools which
employ the language of any national minority shell if their
,o,t**u, of study complies with the general educotional requi-
rements enjoy equal rights with all other schools of the same
grade. All existing languege restrictions a,re repealed.
5. The State of..... reeognizes the several national mino-
rities in its population &s eonstituting distinct, autonomous
organizations, and as such having equally the right to
estatrtistr, ma,nage and oontrol their schools and their reli-
gious, educational, charitable and social institutions.
Any person mey declare his withdrawal from such a
national minorit'y.
within the meaning of the articles of this chapter, the
Jewish population of.,..... shall constitute a national minority
with alt the rights therein speeified.
6. The State of..... egrees that to the extent that tho
establishment and the maintenance of sehools or religious,
educational, charitable or social institutions mey be provided
for by any state, departmental, munieipal or other budget,
to be paid for out of publie funds, each national minority
shall be all.oted a proportion of such funds based upon the
ratio between its numbers in the respeetive. a,re&s and the
entire population therein. Moreover, the authorities of each
nationàl minority shall be empowered to impose obligatory
contributions upon the members 'of such minority.
7. The State of..... agrees that each national mïnorit,v
shall have the right to elect sueh proportion of the entire
number of representatives in all State, departmental, muni-
cipal and other public eleetive bodies based upon the ratio
of its numbers in the respeetive electoral areas to the entire
population therein. They are to be chosen by independent
electoral oolleges or by such other equivalent methods &s
shall assure to sueh minorities like national proportional
representation,
-151-
8. Those who observe any other day than Sunday as their
Sabbath shall not be required to perform eny acts on their
Sabbath or holy da5's which by the tenets of their f,aith are
regarded a,s a, desecration, nor shall they be prohibited from
pursuing their secular affairs on Sundey or other holy days.
9. The State of..... egrees that the foregoing obligations
are hereby embodied in her fundamental law &s & bill of
rights, rvith which no law, regulation, or official action shall
conflict or interfere and as against which no law, regulati,on,
or official action shall have validity or effect. None of the
foregoing provisions shall be amendable without the consent
of the League of Nations.
II. Any of thb signatories of the treaty of which this
chapter shall oonstitute a part and any minority that rnay
be affected by a failure to observe or to effectuate any of
the provisions of this chapter shall be entitled to submit
their complaint for adjudication to the League of Nations
or to such tribunal as it may establish and up,on such con-
dition as it shall prescribe.
\ryith the expression of our high esteem and with full
confTdence in yôur exalted spirit- of jusfiô we have the
honor to subscribe ourselves.
Respectfully
Présidence du Comi,té ..
Vi,ce-Présidents :
Louis MARSHALL ;
Léon REICH ;
Israël ROSOFF ;
Nahum SOKOLO\M ;
Menahem USSISCHKIN ;
_158_
2. Their right of orgenizetion and development, &s
national minorities ;
3. The attainment of equality of status for individuals
and for national minorities.
4,. To socure the first of these groups of rights, it is
essential that the Treaty itself shall confer cltizenship
defined as set forth in clause {. of the proposals, otherwise
as happened in 1878, Iarge masses who are jusily entiiled
thereto will be deprived of it.
The history of the treatment of the Jews in Rumania
illustrates this.
For forty vears, Rumania has deriberately ignorecl the
rights which the Treaty of Berlin sought to -bestow upon
them and during that period she has persistenfly
to their burdens. Not to exceed {.000 out of her pb0.000"aO.O
Jews have thus far received naturalization and this only
by special legislative acts, the only method of naturali-
zation permitted, although it was intended by the powers
that all Jews should become citizens en bloc. A recent
Iaw which claimed to have accorded citizenship to them is
a sham. It also requires individual naturalization coupled
with conditions impossible of performa,nce and its operation
is limited to a period of three months.
The rights enumerated in c,lauses p and B constitute
the minima of those which a,re essential to the enjoyment
of freedom by the inhabitants of the lands under ôonsi-
deration
Especially important is clause 4 which relates to
Ianguage rights in states composed of heterogeneous
peoples who have passionately clung to their own tongues
for centuries and who, if deprived of the right to employ
them, would be thereby subjected to grave hardships and
disabilities.
2. Clauses 5, 6 and 7 contain guaranties essential to
national minority rights. These various 'lands which are
not ]ike those of 'Western Europe composed of homoge-
neous populations, always have been and if conflict
warfare is to be avoided in them - continue {,oand
must be
-
_154_
practically federations of nationalities which together form
the State.
The alternative to the grant of national minority r.ights
to these constituent nationalities is their domination ny the
maj ority nationalities. This would inevitably result not
only in the crushing out of the minority but in continuous
warfare which is apt once more to involve all Europe and
America in internecine conflict.
'Without these minority rrights,
Jews, Ukrainians,
Lithuanians and others within the neu/ polish, Rumanian
and other States would incur the danger of the annihiiation
of their ancient civilization, the destruction of their schools
and the suppression of their languages. In a word they
would be compelled to submit to complete absorption.
The cultural rights specified in clause b require for
their preserv&tion that the several minorities affected may,
as provided by clause 6, share proportionally in the public
funds devoted to the purposes therein specified. otherwise
the minority groups would be compelled to contribute
through taxation to the support of schools and the other
cultural institutions of the majority and at the same time
would he constrained by the urge of national self-preser-
vation to support with their ov/n funds their oï/n schools
and cultural institutions.
But Clauses 5 and 6 alone would not assurc full
socurity and prol,ection for the individual and national
rights set forth which, in these circumstances are deperrdent
on the exercise of the political right of national minorit;'
representation, as provided by Clause 7. By that guaranty
only cen the other rights sought to be conferred be
defended and vindicated peaceably, Iawfully and effec-
tively. Genuine patriotic citizenship will be furthered by
such B, mea,sure and that mutual distrust which inevitably
breeds urar would be averted.
Article B touches a subject which both from the stand-
point of religious liberty and economie equality is of a,
primary importanee. It relates to what is known os the
Sabbath guestion a,nd applies to those who regard a day
-ijF
'il.-
'l
_155_
other than Sunday as their day of rest. The Jews, for
example, constitute approximately fourteen per cent cl' the
population of Poland. They observe Saturday. 'Were they
precluded from pursuing their secular affairs on Sunday
they would be deprived -of one sixth of their economic
power. That would place them at a cruel disadvantage in
the struggle for existence. That they shall not be compelled
to desecrate the day which they and their ancestors heve
treasured as holy for centuries, is a principle equally in
conformity with every consideration of justioe.
The establishment of the League of Nations affords
international sanction for the rights thus conferrerl. A
tribunal will be thereby assured for the enforcement of the
obtigations which are to be automatioally assumed by the
sevelal new and enlarged States.
On. behalf of the nine million Jews of the lands which
are now to be reconstituted politically, we ask that this
Charter of Liberty be granted to them in common with
all other inhabitants and that complete emancipation and
the opportunity for their full development be guaranteod
to them. For centuries they have been bereft of thu most
elementary human rights and subjected to intolereble
oppression and hateful discrirnination. Ifl et this time
when the world is being reconstituted on the basis of justioe
and liberty, national minorities alone were to be deprived
of these blessings, the hopelessness of their fate would
transcend the limits of tragedy.
TEXTE F'BANçArS DU MEMORTTNDUM
A leurs Ercellences
Monsi,eur Ie Prési,dent et Messieurs les DéIégués
de Ia Conlérence de la Par,r
Le Comité des Délégati,ons Juiaes auprès de la Confé-
rence de Ia Pair, agî,ssant afl.t, nom des d:tuerses orga,ni,sations
soussignées et qui plandent pour neuf mi,Ilions de Jui,fs, a
I'honneur de Dous soumettre les propositions suiaantes dont
I'objet est Ia protection des diaerses minori,tés nationales,
religieuses, ethni,ques ou ltngui,sti,ques de Bulgari,e, Esthonie,
Finlande, Grèce, Lithuanie, Pologne, Roumante, Russie,
Tchéco-Slouaquie, Ukraine, Yougo-Slaaie et autres pays de
I'Est ou du Centre de I'Europe, et uous pri,e de aoulorl bten
les incorporer dans les d:taers traités de patr qui, font I'objet
de aos dékbérations, le droit étant réseraé de proposer telles
modâficati,ons qui, pourrar,ent deueni,r nécessmrei en rai,son
des conditions spéci,ales eri,stant dans plusieurs des paAs
ci-dessus dési"gnés.
I.
- La prend envers les puissances alliées
associées les obligations suivantes euxquelles elle reconnaît
et
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toire depuis cette date au moyen d'un pesseport délivré par
I'Etat précédent ou par 1a.........;
b) Toute personne ayant habité ce territoire, Ie Ler
Aott L91,4;
c) Toutes les personnes qui naîtront dorénavent en
et ressortiront à sa juridiction.
.
Toute personne rentrant dans les catégories e) et b)
peut, daqs un délai de deux ans à compter ae la mise en
vigueur du présent traité, opter pour son ancienne allégeance.
2. La .........:-déclare que tous ses citoyens jouiront de
tflo.its c.ivils, religieux, nâtionaux et potitiquer éguo*, sans
distinction de naissanbe, de ra,ce, de ïafionalité,î, râ"!",
ou de. Le.tigion et s'engage à protéger la vie, la iiberté et" la
propriété de tous ses habitants et à leur B,ssurer la liberté
en_ tout ce qui touche ra rerigion et I'exercice
extérieur du
culte.
3. Aucun des droits ci-dessus énumérés ne pourra être
amoindri; aucune exclusion, incapacité ou restriction ne
sauraient être imposées par ta toi o,, o. quelque autre maniè-
re pour des raisorrs race, de nationaliié oo o, religion, ni
-de
la protection égale des lois être déniée à qui,que ce so-it. T'ous
lois, décrets et ord'onnances contraires sànt par là abrogés.
4. Le droit de toute personne de se servir de la ou des
langues d'une minorité nationale de .......... dans le commerce,
Ies relati,ons privées, les réunions pubtiques
et Ia presse,
ainsi que devant les différents tribunà,r*, *it orate-eiqïàit
par écrit, ne.pourra être restreint; u,rc,rtrb minorité
nationate
ne pourna être empêchée de se servir de sa langue
dans ses
écoles et autnes inÀtitutions, ni la validité d'un
acte ou d,un
document être q.reÉtion en raison de ra rangue àur*
ri:r.enLei
Iaquelle il est rédigé. écoles qui se servent de rî rangue
d'une minorité nationale, à conoition que ]eur progr;*ï,
soif conforme au programme généraremànt
adopt'é, ;î"irr*t
des mêmes droits que tes autrei écores
de même degré. Toutes
Ies restrictions exiltantes concernant I'emploi
aJs dù;;,
sont abrogées.
5. La r.c,o'râ,ît res différentes minorités nationa,-
Ie.s.de sa population comme constituant
autant dlorganismes
distincts et autonomes et a1,ant comme
trrs àrs o*oit, eà*"
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à fonder, administrer et contrôler leurs écoles et autres
institutions religieuses, éducatives, charitables et sociales.
Toute personne peut par une déclaration expresse se
retirer de la minorité à laquelle elle appartient.
Aux termes des articles de ce chapitre, la population
juive de .......... constitue une minorité nationale jouissant de
tous les droits qui y sont spécifiés.
6. La....... accepte que, dans la mesure ou l'établissement
et le fonctionnement des écoles et autres institutions reli-
gieuses, éducatives, charitables ou sociales sont à la charge
d'un budget d'Etat, de département, de commune ou autre,
alimenté par les fonds publics, il soit alloué à chaque mino-
rité nationale une pert proportionnelle de ces fonds déter-
minée respectivement dans chaque région par le rapport du
chiffre de la minorité au chiffre global de la population. En
outre, les ,organes de chaque minorité nationale ont le droit
d'imposer &ux membres de cette minorité des impôts obli-
gatoires.
7. La ....... reconnaît à chaque minorité nationale le
droit de contribuer dans une certaine proportion à la for-
mation des différents corps électifs de I'Etat, du département,
de la commune ou autres, cette proportion étant déterminée
respectivement dans chaque circonscription par le rapport
numérique de Ia minorité à I'ensemble de la population. Ces
représentants seront élus par des collèges électoraux indé-
pendants ou par toute autre méthode équivalente qui B,ssu-
rena, à ces minorités la même représentation nationale pro-
portionnelle.
8. Les personnes qui ont pour jour de repos un jour
autre que le dimanche ne pourront être astreintes à accom-
plir en ce jour et à leurs autres jours de fête un travail que
leur loi religieuse considère comme un péché; elles ne serônt
pas non plus empêchées de vaquer à leurs affaires le diman-
che ou autres jour,s saints.
9. La ..... reconnaît que les obligations ci-dessus définies
font partie intégrante de la loi constitutionnelle en tant que
déclaration des,droits dont I'exercice ne saurait être restreint
ou tenu en échec par aucune l,oi, disposition ou action offi-
cielle, vu qu'en ce qui touche les dites obligations, les lois,
règlements ou ,actions officielles demeurent sans validité et
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-
de nul effet. Aucune des précédentes dispositions ne peut être
amendée sans I'agrément de la Ligue dôs Nations.
II. Tout. signatairc dq présent traité, dont, ee chapitre
-
fait partie, ainsi que toute minorité lésée par la violation ou
la non-exécution d'une des dispositions dï présent chapitre
sont fondés à s-oumettre, dans'les formes qui ieront presc*itrr,
leurs réclamations à Ia Ligue des Nations ou à 6ut autre
tribunal_ qui pou*a êtne institué par cette Ligue.
veuillez agréer, Monsieur te prosiaent ét Messieurs les
Délégués, I'expression de notre confiance dans vos sentiments
de justice et I'assura,nce de notre très haute considération.
Présidence du Comité :
Présidenl .. Julian 'W. MACK:
Vice-Prési,dents
Louis MARSHALL;
Léon REICH;
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Israël ROSOFF;
Nahum SOKOLO\M;
Menahem USSISCHKIN;
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I
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époque oir le monde se reconstitue sur une base de justice et
de liberté, les minorités nationales devaient seules être privées
de ces biens, leur sort désespéré reculerait les bornes du
tragique.
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ERRAT