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L’Afrique, Terre d’Investissements

d’
Le paysage du continent a significativement changé : une croissance économique forte et
durable, un fort accroissement des investissements directs étrangers, une stabilité politique
grandissante, et une amélioration des pratiques et de gouvernance des entreprises qui
favorise un irrésistible environnement attractif aux investissements. Et ce n'est pas une
surprise si certaines bonnes performances des marchés financiers s’observent en Afrique,
surtout subsaharienne.

Olivier Lumenganeso
Economiste, analyste financier et stratégiste global
Spécialiste des marchés émergents

A l’égard de l’Afrique, les clichés sont nombreux et perdurent. Le continent est souvent présenté comme une
terre durablement pauvre (près de 45% de la population du continent vit avec moins de 1 dollar par jour),
ravagée par la guerre, les maladies, la famine, politiquement instable, et à l’écart de la mondialisation. Ce regard
n’est pas sans rapport avec la réalité d’une Afrique qui qui émerge péniblement de plusieurs décennies perdues.
Mais il ignore les bouleversements à l’œuvre dans la région dont peu encore saisisse aujourd’hui la mesure, ni
les opportunités. Ainsi, le continent demeure une zone d’investissement injustement oubliée dans les allocations
d’actifs, puisqu’il n’attire que 5% des flux de capitaux destinés aux pays en développement, et ne contribue qu’à
4% du produit intérieur brut (PIB) mondial, 3% des exportations mondiales des services commerciaux, 2% du
commerce mondiall des marchandises, et 1% des flux mondiaux des capitaux.

Pourtant, depuis le début du millénaire, les fondamentaux du continent semblent fortement s’améliorer et l’Afrique
n’est plus ce concentré de tous les malheurs du monde mais bien un continent en mouvement, voire un nouvel
eldorado pour le business. Un continent avec certes des défis majeurs, mais aussi d’énormes opportunités et des
accomplissements essentiels. Car l’Afrique est riche. Un véritable trésor, fait non seulement de matières
premières, mais aussi d’énergies renouvelables, d’eau, de ressources agricoles, et d’un capital humain jeune,
éduqué, et dynamique. Il est vrai qu'avec près d'un milliard d'habitants (15% de la population mondiale et un âge
médian de 17 ans),), l'émergence d'une véritable classe moyenne (avec un pouvoir d’achat de près de 860
milliards de dollars en 20081), une grande concentration (60%) des terres arables disponibles dans le monde, un
potentiel
tiel quasi inépuisable d'énergies renouvelables (9 % des ressources renouvelables mondiales en eau et
40% du potentiel hydroélectrique mondial),
mondial une richesse du sous-sol sol avec près de 100 milliards de barils
baril de
gisement de pétrole, d'immenses réserves de gaz et autres matières premières2, l'Afrique dispose d'énormes
opportunités pour les investisseurs.. A cela, ill faut rajouter une croissance économique robuste de près de 5 % en
moyenne depuis près de 10 ans, qui s'est maintenue à près de 2.6 2 % dans la récente récession mondiale, mais
qui devrait repartir dès cette année. Comme partout ailleurs, en effet, 2009 a été une année difficile pour les
économies africaines subsahariennes. La baisse des exportations de la région, des investissement directs
étrangers (IDE),), des transferts de fonds des travailleurs à partir de l’étranger, et de
de l’aide internationale a causé
un ralentissement du taux de croissance de la demande domestique réelle.. La consommation domestique totale t
(publique et privée) a vu son taux de croissance ralentir, de 6.75% sur la période 2004-20082004 à 5% en 2009.
L'investissement brut a aussi vu saa croissance ralentir de 10% à 6% au cours de la même période. La croissance
annuelle du PIB réel a ralenti à 2.1% (3.9% pour les pays exportateurs de pétrole,
pétrole, 4.3% pour les pays à faibles
revenus, et -1.8%
1.8% pour les pays à revenus moyens). Légèrement plus faible, ce taux reste tout de même

1
Selon la Banque Mondiale, unee nouvelle classe moyenne jouissant d’une “petite prospérité”, est en train de voir le jour en
Afrique. Elle compte aujourd’hui une vingtaine de millions de personnes,
personnes contre 12.88 millions en 2000. En 2030, elle estime
qu’elles seront environ 43 millions. Plus encore, de plus en plus d’africains ont aujourd’hui accès à des emplois urbains,
leurs revenus augmentent ainsi substantiellement.
substantiellement. En 2008, environ 85 millions de ménages ont gagné 5’000
5 dollars ou
plus, un niveau au dessus duquel ils commencent à consacrer plus de la moitié de leurs revenus à d’autres postes de
dépenses que l’alimentation.
2
L’Afrique
que compte pour certains métaux à savoir : platine (89%), Chrome (81%), Manganèse (61%), bauxite (30%) et l’or
(40%). Au même moment, sa part dans la production mondiale est estimée par exemple à 50% pour le diamant, 15% pour la
bauxite, 25% pour l’or, 20% pour l’uranium, 6 à 8% des réserves mondiales de charbon et de cuivre, près de 20% des
réserves utilisables d’uranium, 12 % des réserves mondiales de pétrole,
pétrole, et 8% des réserves de gaz.
gaz

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supérieur à celui des pays de la zone euro (-4.9% de croissance l’année dernière). Pour 2010 (2011), les
prévisions du FMI indiquent une amélioration de la croissance avec des taux attendus à 5% (5.5 %,
respectivement), faisant ainsi du continent la troisième zone de croissance au monde après l’Asie émergente, et
le Moyen Orient. Le PIB africain par tête d’habitant s’accroît lui aussi à un rythme soutenu de près de 3% en
moyenne entre 1995 et 2008 (un taux identique à celui de l’Amérique latine contre 8% en Asie du Sud Est, sur la
même période).

L’instabilité politique et les conflits civils violents ont été le lot des pays africains, depuis les indépendances de
1960. Et les choix politiques y ont aussi joué un rôle non négligeable. En effet, la plupart des gouvernements
africains de postindépendance ont choisi des systèmes politiques de partis uniques, nationalistes, souvent
militaires. Cependant, plusieurs pays ont depuis 20 ans arrêté leur structure unilatéralistes pour adopter des
systèmes plutôt multipartistes. Certes, certaines zones demeurent encore instables, mais la paix, bien que
parfois fragile, est bien là. La démocratie, naissante aussi mais active, a conduit à l’élection d’une nouvelle élite
qui met, tant bien que mal, en place des réformes institutionnelles importantes. Ainsi, depuis 1990, 42 des 48
pays en Afrique subsaharienne ont tenu des élections pluripartites et de plus en plus d’africains ont aujourd'hui le
droit de choisir leurs leaders aux urnes. En 2010-2011, une dizaine de scrutins présidentiels sont programmés en
Afrique sub-saharienne, au Burkina, Niger, Nigeria, en République démocratique du Congo mais aussi en
Guinée, à Madagascar, et en Côte d'Ivoire, trois pays enfoncés dans de graves crises et où les élections ont été
maintes fois reportées. Ainsi, malgré des difficultés certaines et multiples, les élections sont devenues restent la
formule la plus acceptable pour désigner des responsables politiques du continent dans la légalité.

L’Afrique est donc en marche: elle a atteint un stade auquel elle peut espérer sortir de la longue période de
stagnation économique. Les dix dernières années ont, en effet, été marquées par la reprise de la croissance et
l'amélioration de la gouvernance dans nombreux États africains, qui semblent dorénavant mieux placés pour
saisir les opportunités offertes par une économie mondiale en rapide évolution. Certes, l’embellie de l’économie
mondiale et le boom des matières premières ont joué un rôle primordial dans cette nouvelle dynamique
économique. Mais pas seulement. Comme souligné précédemment, de vrais changements structurels ont été
consentis avec l’aide des organisations internationales. Certains pays ont su, par exemple, réinvestir la manne
financière des matières premières pour diversifier davantage leurs économies, évitant ainsi de dépendre
uniquement des exportations. Plus intéressant encore, la décomposition de la croissance économique du
continent montre que la part de la demande domestique n’a cessé de prendre de l’ampleur, passant à près de
150% du taux de croissance enregistré en 2007, alors même qu’elle ne pesait même pas plus de 20%
(principalement les dépenses gouvernementales) en 2000. La consommation privée compte désormais pour près
de 60% de la croissance économique contre une contribution négative à la fin des années 1990s. La formation
brute de capital fixe n’a contribué, elle, que pour moins de 25% à la croissance économique, une taille bien faible
par rapport à l’Asie du Sud Est, par exemple. Une analyse plus détaillée de la distribution sectorielle de la
croissance économique du continent, dans la période 2002 à 2007, montre que les matières premières ont
contribué pour 24% de la croissance du PIB. Ajoutés aux 12% de l’agriculture, la contribution des ressources
naturelles à la croissance du PIB s’élève alors à 36%. Le reste provient des secteurs comme les dépenses
totales gouvernementales (14%), les transports et télécommunications (10%), le secteur manufacturier (9%), le
secteur financier (6%), le secteur des affaires (5%), l’immobilier (5%), le tourisme (2%).

Symbole des fondamentaux et perspectives économiques solides retrouvés, l'éclosion de nombreuses bourses
de valeurs mobilières africaines, preuve la plus éclatante des efforts du continent pour devenir un participant à
part entière dans l'économie mondiale. Et bien que la plupart des marchés financiers de la région soient encore
petits, ils ne cessent de croître. En fait, une vingtaine de bourses ont vu le jour en Afrique, au cours des deux
dernières décennies. La moitié des 54 pays africains possède une place boursière. Dans un effort de promouvoir
la coopération régionale, les marchés financiers africains ont établi depuis 1993 une association regroupant 29
bourses appartenant à 26 pays3. Le nombre de sociétés inscrites dans les différents marchés boursiers est passé
de 1'786 en 2005 à 2’110 aujourd’hui. La plupart des bourses de l'Afrique sont petites, comparées à celles dans
les pays en voie de développement. L’Afrique du Sud possède près de la moitié des sociétés inscrites, suivie par
l’Egypte (18%), et le Nigéria (10%). Le nombre moyen des titres inscrits est de 68.

3
African Securities Exchange Association (ASEA: www.africansea.org).

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La capitalisation boursière est passée de
près de 250 milliards de dollar en 2002 à
526 milliards fin 2007. Johannesburg est la
place financière la plus capitalisée du
continent avec 805 milliards de dollars en
2009, suivi par Le Caire (91 milliards),
Casablanca (65 milliards), et Lagos (33
milliards). En pourcentage du PIB, cela
représente 290% pour l’Afrique du Sud,
71% pour le Maroc, 54% pour l’Ile Maurice,
près de 50% pour l’Egypte. Seuls 7
marchés bénéficient d’une réelle activité en
termes de volume d’échanges (en
pourcentage de la capitalisation boursière) :
Afrique du Sud (171%), l’Egypte (113%), le
Nigéria (63%), le Maroc (54%), la Tunisie (25%) le Kenya (11%), et l’île Maurice (10%).

Bien qu’encore immatures dans certains pays,


les bourses financières africaines ont enregistré
des performances particulièrement saisissantes,
avec une rentabilité moyenne composé de près
de 11%, durant les dernières années. Sur la
même période, les marchés émergents, dans
l’ensemble, ont surperformé avec près de
11.5% de rentabilité. Rien qu’au premier
trimestre de 2010, le Ghana a rapporté 32.5%, le
Nigéria 19%, le Kenya 18.3%, l’Afrique frontière
14.5%. Historiquement, certains marchés
africains ont un meilleur rendement ajusté du
risque (2.14) que ceux des pays industrialisés
(1.18), du monde (1.27), voire de l’ensemble des
marchés émergents (2.00). Les betas sont aussi
très faibles sur la même période (0.19, en
moyenne), à l’exception de l’Afrique du Sud
(0.91) et la Namibie (0.65) qui sont plus proches
des marchés développés (hors ces deux pays, le
beta moyen est de 0.06). Aussi, les marchés
africains sont globalement peu corrélés, entre
eux (à l’exception de l’Afrique du Sud et de la Namibie), aux marchés émergents, et surtout aux marchés
développés. Cette faible corrélation des bourses africaines avec celles des économies développées offre, par
ailleurs, des vraies opportunités de diversification dans un portefeuille d’actions globales.

Cependant, l'Afrique n'apparaît toujours pas complètement sur l'écran radar des investisseurs internationaux,
sauf pour les plus téméraires qui repoussent les frontières, à la recherche de la prochaine génération de pays
émergents. Mais les choses changent. En effet, le rendement et la performance des actions des sociétés cotées
sur les bourses africaines, l’évolution à la hausse des prix des matières premières, le rapide retour sur
investissement, des fondamentaux macrofinanciers favorables et l’amélioration du climat des affaires incitent
toujours plus d’investisseurs internationaux à prendre des positions sur ce continent. Par exemple, les
investisseurs en actions émergentes se découvrent eux aussi un vif intérêt pour l’Afrique: les fonds
d’investissements globaux y déploient jusqu’à 10% de leur portefeuille. Par ailleurs, l’éclosion de nombreux fonds
de placement et d’investissement dédiés à l’Afrique en témoigne.

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Matrice des corrélations et analyse rentabilité/risque des marchés africains (2003-2007)

Kenya Ghana Egypte Ile Tunisie Nigéria Zambie Namibie Botswana Maroc Afrique Pays Monde Pays
Maurice du Sud dévéloppés émergents
Kenya 1.00 -0.02 0.07 0.08 0.00 0.01 -0.01 -0.11 -0.04 -0.01 -0.09 -0.03 -0.03 -0.04
Ghana 1.00 -0.02 -0.02 -0.02 0.03 -0.02 -0.04 -0.04 -0.03 -0.05 -0.01 -0.01 -0.02
Egypte 1.00 0.11 -0.01 0.06 0.17 0.15 0.04 0.15 0.08 0.08 0.09 0.19
Ile Maurice 1.00 0.04 0.05 0.04 0.08 -0.05 0.03 0.06 0.01 0.02 0.11
Tunisie 1.00 0.01 -0.07 -0.03 0.08 0.11 0.01 0.14 0.14 0.10
Nigéria 1.00 0.04 -0.04 0.08 0.08 -0.02 0.01 0.01 0.00
Zambie 1.00 0.08 0.07 0.03 -0.08 -0.18 -0.18 -0.11
Namibie 1.00 0.04 0.10 0.64 0.44 0.46 0.49
Botswana 1.00 0.03 0.07 0.06 0.06 0.02
Maroc 1.00 0.09 0.16 0.16 0.15
Afrique du Sud 1.00 0.64 0.66 0.75
Pays dévéloppés 1.00 1.00 0.75
Monde 1.00 0.78
Pays émergents 1.00
Kenya Ghana Egypte Ile Tunisie Nigéria Zambie Namibie Botswana Maroc Afrique Pays Monde Pays
Maurice du Sud dévéloppés émergents
Rendement annualisé 31% 34% 83% 35% 19% 34% 40% 28% 31% 36% 27% 13% 14% 30%
Volatilité 21% 12% 29% 13% 9% 21% 17% 20% 11% 18% 19% 11% 11% 15%
Rendement/Volatilité 1.48 2.83 2.86 2.69 2.11 1.62 2.35 1.40 2.82 2.00 1.42 1.18 1.27 2.00
Beta vs. Pays émergents -0.06 -0.01 0.37 0.09 0.06 0.00 -0.13 0.65 -0.01 0.21 0.91 0.55 0.58 1.00
Source: MSCI, Bloomberg, Bourses locales. Moy: Moyenne. Méd: Médiane. Ect: Ecart-type.

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Pour répondre, en effet, aux attentes des investisseurs et leur proposer des placements attractifs, les sociétés
de gestion lancent désormais des fonds essentiellement investis sur ces zones. Fonds en actions, obligations,
hedge funds (fonds spéculatifs, alternatifs, ou de couverture), et private equity (ou capital investissement) se
développent à vitesse supérieure sur le continent africain. Certains de ces fonds affichent des performances très
enviables, et des fois fortement décorrelées. Il est aussi possible d'investir directement dans les plus grandes
valeurs africaines dans la trentaine des places financières que compte le continent. Cependant, à cause de la
faible liquidité de certains marchés, de la fiscalité très importante et du contrôle des capitaux dans certaines
capitales, il est recommandé d’investir à la bourse africaine en mutualisant les risques à l’aide de fonds communs
de placements ou de trackers (ETF).

Pour preuve que les marchés africains intéressent davantage, ces fonds communs de placement sont de plus en
plus nombreux. Parmi d’autres, le fonds Orbis Africa de Orbis Investment management Ltd. Créé en juillet 1998,
il possède un encours de 1.4 milliards de rands sud-africains. Fortement concentré en actions Sud Africaines, le
fonds focalise ses investissements dans le secteur manufacturiers et les services cycliques sud africains. Depuis,
son lancement, le fonds a engendré une performance cumulée de près de 30% au premier trimestre de cette
année 2010. En 2005, trois autres fonds vont voir le jour. Il s’agit de Imara African Opportunities (137 millions de
dollars d’encours), Investec Pan Africa (201 millions de dollars), et Magna Africa (45.5 millions d’euros). A
l’exception du premier qui investit près de 40% dans le secteur de la consommation au Nigéria, les deux autres
fond concentrent une bonne partie de leurs placements dans des actions financières, égyptiennes pour l’un et
sud africaines pour l’autre. D’autres comme Africa Pioneer, Standard Bank Equity Africa, JP Morgan Africa, DWS
Invest Africa, Nordea Africa, Silk African Lions, avec des tailles presque similaires et offrir une réelle exposition
aux marchés africains des plus liquides et matures aux marchés frotières africains comme le Ghana, le Kenya, la
Namibie, etc. La plupart de ces fonds sont donc panafricains bien qu’ils se concentrent essentiellement sur les
trois grands marchés que sont l’Afrique du Sud, l’Egypte, et le Nigéria, et sur trois grandes secteurs dont les
matériaux, les financières, et l’industrie.

Il existe aussi des trackers (ETFs) qui permettent d’obtenir des positions sur les excellentes perspectives
économique qu’offre le continent. Ces derniers, comme pour la plus part des fonds de placement, se concentrent
sur les marchés les plus liquides et les secteurs les plus attractifs. Les investisseurs peuvent cibler l’Afrique du
Sud via les trackers AFS, EEA, EZA, SZR ; l’Egypte via EEY (EGPT). D’autres ETFs comme AFK, GAF, et
INPAF sont un peu plus diversifiés, bien que fortement exposés finances et matériaux Sud-africains.

Les fonds d’investissement sont aussi de plus en plus actifs en Afrique. Qu’ils financent le démarrage,
l’accompagnement ou l’acquisition d’entreprises non-cotées en bourse, ils illustrent l’intérêt majeur que portent
les capitaux privés et même publiques pour les perspectives économiques et de développement du continent.
Ces fonds, de toutes tailles, privés et/ou publiques, prennent donc des participations dans des entreprises
africaines, des banques, des institutions de microfinance (IMF), et même d’autres fonds d’investissement dédiés
au continent. Leur démarche est donc celle du capital développement : investir aux côtés d'entrepreneurs du
secteur privé des pays en développement, dans une relation de partenariat à long terme.Beaucoup d’entre eux
se spécialisent, soit par zone géographique, soit par secteur d’activité (Agri Vie, par exemple), mais également
en fonction de la taille des « cibles ». Ainsi, à côté des gros fonds (Kingdom Zephyr Africa, HSBC Kingdom Africa
Investments) qui « chassent » les grandes entreprises, d’autres se concentrent sur les petites et moyennes
entreprises (PMEs), levier de croissance et véritables moteurs du développement dans le continent. Parmi tant
d’autres, on peut citer sud-africain Pamodzi Investment Holdings de doter, avec des institutions financières
américaines, un fonds panafricain de 1.3 milliard de dollars. Le Pamodzi Resource Fund (PRF), d’une durée de
10 ans, est dédié à l’investissement dans le secteur minier et aux infrastructures connexes, en Afrique
Subsaharienne. Le russe Renaissance Capital entend lever plus d’un milliard de dollars pour investir surtout dans
les actions, les obligations et le private equity. Le fonds londonien Blakeney Management, qui a des
engagements en Afrique depuis une bonne dizaine d’années, investit notamment en Angola, au Mozambique et
en Ethiopie, misant sur les pays qui ont réussi à se sortir de plusieurs années de violent conflit.

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Fonds de placement et ETFs africains

Fonds Gérant Code ISIN* Création Taille (plus grande) Allocation Performance cumulée (%)
millions Pays poids (%) Secteur poids (%) lancement 1 année 2009
Africa Pioneer African Alliance AAAPFDI KY** 2007 USD 41.1.- Egypte 25.9 Financier 23.7 - - 1.2
DWS Invest Africa DWS Invest GmbH LU0329759764 10.07.2008 EUR 211.4.- Afrique du Sud 22.5 Matériaux 30.7 16.7 26.1 76.5
Imara African Opportunities Imara Asset Management Ltd VGG471891082 01.06.2005 USD 137.6 Nigeria 23.0 Consommation 39.0 22.6 10.1 11.8
Investec Pan Africa Investec SA GB00B0VZ3K42 30.11.2005 USD 201.6.- Egypte 22.6 Financier 40.5 8.0 18.2 35.7
JP Morgan Africa JP Morgan SA LU0355584466 14.05.2008 USD 225.2.- Afrique du Sud 39.2 Financier 29.1 16.3 25.7 51.4
Magna Africa Charlemagne Capital IE00B1Y4QV72 29.12.2005 EUR 45.5.- Afrique du Sud 57.0 Financier 30.0 - 27.5 54.8
Nordea Africa Stanlib Asset Management LU0390856663 17.11.2008 EUR 26.92.- Afrique du Sud 32.9 Financier 32.3 34.9 18.4 25.2
Orbis Africa Orbis Investment management Ltd BMG6767D1048 01.07.1998 ZAR 1'445.- Afrique du Sud 96.0 Industriel 35.0 29.6 24.1 30.3
Standard Bank Equity Africa Stanlib Asset Management IE00B23Q2M41 14.08.2007 USD 72.2.- Nigeria 32.7 Financier 51.3 -49.0 3.0 -
Silk African Lions Silk Invest LU0389403337 01.03.2009 EUR 45 .14 Egypte 23.6 Financier 24.1 - - -
*: International Securities Identification Number; **: Code Bloomberg
EUR: euro; USD: dollar américain; ZAR: rand sudafricain
Les performances sont au 30 juin 2010

Symbole Dénomination Gérant Code ISIN Référence Classe Cotation Encours (plus grande) Allocation
Indice d'actifs millions Pays poids (%) Secteur poids (%)
AFK Market Vectors Africa Index Van Eck Global DJ Africa TITANS 50 Actions 10.07.2008 USD 58.69 Afrique du Sud 20.25 Financier 23.7
AFS LYXOR South Africa Lyxor Asset Management FR0010464446 FTSE/JSE Top 40 Actions 29.08.2007 EUR 53.51 Afrique du Sud 100 - -
EEA EASYETF STHAFR BNP Paribas Asset Management FR0010636571 FTSE/JSE Top 40 Actions - - Afrique du Sud 100 - -
EEY (EGPT) EASYETF EGYPT BNP Paribas Asset Management FR0010636522 DJ EGX TITANS 20 Actions 24.07.2008 EUR 92.03 Egypte 100 Financier 43.85
EZA iShares MSCI South Africa Index iShares 464286780* MSCI South Africa Actions 03.02.2003 USD 440.97 Afrique du Sud 100 Matériaux 28.59
GAF SPDR S&P Emerging Middle East & Africa State Street Global Markets 78463X806* S&P Mid-East & Africa BMI Actions 19.03.2007 USD 128.33 Afrique du Sud 66.8 Financier 28.96
INPAF LYXOR Pan Africa Lyxor Asset Management FR0010636464 SGI Pan Africa. Actions 22.09.2008 EUR 24.69 Afrique du Sud 34.92 Matériaux 35.16
SZR WisdomTree South African RAND WisdomTree 97717W158* USD/ZAR Actions 25.06.2008 USD 8.80 Afrique du Sud 100 - -
*: CUSIP: Committee on Uniform Security Identification
EUR: euro; USD: dollar américain; ZAR: rand sudafricain

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Pour sa part, Emerging Capital Partners (ECP), fonds d’investissement américain doté de 1.8 milliard de dollars,
se focalise sur le développement des marchés financiers africains et sur les opérations de fusion-acquisition dans
le secteur bancaire. En partenariat avec le marocain Attijari Invest, il a lancé le Moroccan Infrastructure Fund (98
millions de dollars). En juillet 2010, ECP a annoncé avoir levé près de 613 millions de dollars pour son
portefeuille ECP Africa Fund III, leur septième fonds sous gestion, dont l’objectif premier est des participations
majoritaires dans des entreprises à forte croissance à travers des actions ou des obligations convertibles. Quant
au Emerging Africa Infrastructure Fund (EAIF), créé en 2002,est un fonds américain de partenariat public privé,
avec un capital de 600 millions de dollar investis dans la dette avec comme objectif le financement de
construction et développement d'infrastructure privée dans 47 pays à travers l'Afrique subsaharienne. EAIF, qui
peut fournir entre 10 millions à 36.5 millions de dollars, vise des financements dans des projets à travers une
vaste gamme de secteurs incluant des télécoms, le transport, l'eau et l’énergie. Plus récemment, Abu Dabhi
Financial Services et le japonais SBI Holdings ont lancé conjointement un fonds Afrique, Frontier Africa Fund,
doté de 100 millions de dollars, conjointement capitalisé, pour investir au Nigeria, au Ghana, en Egypte, en
Tunisie et au Maroc, dans une gamme de secteurs incluant le secteur bancaire, et la consommation. D’autres
fonds continents sont aussi actifs. Tuninvest, le leader du capital investissement en Tunisie, a créé, en 2006, le
Maghreb Private Equity Fund II (55 millions d’euros) et qu’AfricInvest a lancé, il y a deux ans, le fonds AfricInvest
Financial Sector (20 millions d’euros), dédié au secteur financier dans les pays africains post-conflits ou opérant
dans des activités de niche.

Mais on assiste aussi à un réel phénomène nouveau: même les fonds spéculatifs entrent dans la danse. Tudor
Investments, fonds spéculatif américain qui pèse près de 6.3 milliards de dollars, a pris une participation dans
Africa Opportuniy Fund, un véhicule d’investissement placé dans la brasserie tanzanienne, les
télécommunications sénégalaises et l’assurance égyptienne. Le financier suisse Nicolas Clavel a lancé le premier
fonds spéculatif européen entièrement dédié à l’Afrique le 1er juillet 2007 : le Scipion African Opportunities Fund,
qui ambitionne de lever 700 millions de dollars. L’objectif du fonds indiciel Ai 40 (Classe I) de ce hedge fund vise
à offrir aux investisseurs une alternative africaine aux marchés émergents traditionnels (Brésil, Russie, Inde, Asie
et Chine). Il couvre huit pays du continent qui comptent les plus fortes capitalisations boursières, dont le total
avoisine les 200 milliards d’euros dans l’indice (Afrique du Sud, Egypte, île Maurice, Kenya, Maroc, Tunisie,
Nigeria et Afrique de l’Ouest via la Bourse régionale des valeurs mobilières (BRVM) d’Abidjan, en Côte d’Ivoire).

Coté fonds publics, les exemples ne manquent pas. Créé en 2002, Investissement & Partenaires (I&P) a pour
vocation d’accompagner des IMF et des PMEs africaines. I&P consacre une bonne partie de ses activités au
financement d’entreprises de taille moyenne, son apport en fonds propres (oscillant entre 150 à 750 000 euros).
Mais, à l’instar de ses congénères, I&P ne se borne pas à apporter son argent. Il veille aussi à le faire fructifier,
puisqu’il vise à terme la cession de sa participation et ainsi la réalisation d'une plus-value venant rémunérer sa
prise de risque. Ce qui passe notamment par une activité de conseil en management, salutaire pour bien des
entreprises. Les Fonds d’Investissement et de Soutien aux Entreprises Africaines (FISEA) est un autre dispositif
mis en place en 2009 par l’Agence Française de développement dont l’objectif est d’investir dans la création
d’entreprises africaines majeures en leur offrant un accès à des capitaux propres et un appui dans la gestion de
leurs investissements. Comme pour beaucoup de ces fonds, les interventions se font par prises de participation
financière minoritaire directe ou indirecte (fonds de fonds), pour des montants allant de 1 à 10 millions d’euros,
sur une période de 7 à 10 ans. Avec 50 millions d’euros investis par an, FISEA devrait financer d’ici cinq ans une
soixantaine de projets. Au Canada, le Fonds d’investissement du Canada pour l’Afrique (FICA) est doté de
212 millions de dollars américains, avec pour objectif d’opérer des investissements privés en participation sur
l’ensemble de l’Afrique. FICA est constitué d’un investissement d’ancrage de 81 millions de dollars, souscrit par
le gouvernement du Canada, le reste étant réuni auprès d’investisseurs tiers. Il vise de stimuler la croissance
économique en fournissant du capital de risque à des entreprises du secteur privé productives et rentables. Le
FICA s’emploie également à susciter des avantages directs et indirects importants sous forme d’échanges et de
flux des investissements accrus entre l’Afrique et le Canada. En Suisse, le Swiss Investment Fund for Emerging
Markets (SIFEM) est mandaté par le SECO (Secrétariat d’Etat à l’économique) de fournir du financement à long-
terme aux fonds de capital investissement et autres institutions financières dédiés aux marchés émergents.
SIFEM focalise ainsi principalement sur les fonds de PMEs (70%), fonds d’infrastructures (15%), et les fonds
d’IMF (15%). Son portefeuille combiné est très fortement diversifié régionalement, et contient près de 6%
d’investissement sur l’Afriques, cependant.

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D’autres fonds sont spécialisés par secteur. Mixta Africa, par exemple, est une société européenne
espagnole, créée en 2005, qui opère dans le secteur immobilier en Afrique. Depuis sa création, la
société travaille dans le but de construire des logements bon marché en Afrique, en réponse à la
carence immobilière en biens de ce type sur le continent. Mixta Africa possède un portefeuille de projets
en Algérie, en Egypte, au Maroc, en Mauritanie, au Sénégal, et en Tunisie. Son capital est composé de
29% par Kingdom Zephyr Africa, 11% par la Société Financière Internationale, et le reste par des fonds et
sociétés privés comme Morgan Stanley Fonds Immobiliers qui en détient 20%. Le fonds Agribusiness Investment
Fund (Agri-Vie Fund MPCC) est un fonds de capital-investissement à capital fixe avec pour vocation de prendre
des participations dans des sociétés du secteur agroalimentaire situées principalement en Afrique australe et
orientale. consiste à tirer parti des perspectives exceptionnelles inhérentes au secteur agroalimentaire
subsaharien, tant en termes de capacité de développement que de plus-value. Initiative conjointe d’un des plus
grand groupe d’investissement en Afrique du Sud, Sanlam Private Equity et du groupe d’investissement SPAKtif
Investment Ltd, le Fonds est axé sur les composants à forte valeur ajoutée de la chaîne de valeur du secteur
agroalimentaire, notamment dans les branches concernant les intrants, la transformation, la commercialisation et
la distribution de produits dérivés de l’agriculture, de l’écotourisme, de l’aquaculture et de la sylviculture. Agri-Vie
finance activement des projets qui favorisent l’intégration régionale, observant rigoureusement les critères de
gouvernance et de transparence. Une première contribution au Fonds, d’un montant de 40 millions de dollars
américains, a été versée par des investissements initiaux provenant des secteurs de l’assurance, des finances
ainsi que de la fondation américaine WK Kellogg. La BAD (Banque Africaine de développement ) a une
participation de 15 millions de dollars américains dans ce fonds.

L’Afrique semble donc être sur la voie de devenir une nouvelle puissance avec laquelle le monde devra compter.
Alors même que la récente crise financière et économique mondiale a vraiment menacé la croissance
économique à court terme du continent, les perspectives à long terme du continent pour se développer dans la
génération suivante de marchés émergents restent fortement encourageantes. Ce potentiel économique va
probablement reposer sur le développement de secteurs clés comme les matières premières, les infrastructures,
l’agriculture, et surtout, les biens et services de consommation. Si l'Afrique mérite l'attention des investisseurs,
ceux-ci ne doivent pas en ignorer les dangers : forte pauvreté4, violence ethnique, stabilité politique fragile,
risque de nationalisation, volatilité des taux de change, contrôle des capitaux, etc. Néanmoins, face donc à des
économies émergents en plein essor, l’Afrique demeure une zone d’investissement injustement délaissée. Ce
désintérêt semble relativement injustifiée au regard de la nette amélioration des fondamentaux économiques et
de l’abondance des ressources naturelles. Ainsi, les actions africaines apportent désormais des performances
supérieures ajustées au risque et offrent de réelles opportunités de diversification dans la gestion de portefeuille.
L’Afrique, terre d’investissements, apparaît désormais comme l’un des marchés les plus prometteurs du monde.

4Les Nations Unies estiment que le continent aura besoin d'un taux de croissance économique moyen de 7% par an pour
que les Objectifs du Millénaire pour le développement, consistant à diviser par deux le taux de pauvreté dans la région,
soient atteints d'ici à 2015.

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