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Comment le grand-père de Bush a

aidé Hitler à accéder au pouvoir

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par Ben Aris, à Berlin, et Duncan Campbell, à Washington
The Guardian, samedi 25 septembre 2004.
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Pendant des dizaines d'années, des rumeurs liant la première famille américaine
à la machine de guerre nazie ont circulé. Aujourd'hui, le Guardian vous révèle ce que
l’actuel président ressent après tout ce qui a suivi l'application du "Trading with the
Ennemi Act" [la loi réprimant le commerce avec l'ennemi].

Le grand-père de George W. Bush, Prescott Bush, a été un sénateur américain. Il a aussi été directeur et actionnaire de
plusieurs sociétés qui ont tiré profit de leurs liens avec les bailleurs de fonds de l’Allemagne nazie.

Le Guardian, en fouillant dans les Archives Nationales Américaines, récemment ouvertes, a obtenu confirmation
qu’une société dont Prescott Bush était directeur était impliquée avec les architectes financiers du Nazisme. Ces
relations d'affaires se sont poursuivies jusqu'à la saisie en 1942 des capitaux de cette société, qui tombait sous le coup
de la loi "Trading with the Ennemi Act". Plus de 60 ans plus tard, ces relations d'affaires avec la machine nazie ont
conduit deux anciens ouvriers du bâtiment, esclaves à Auschwitz, à intenter une action civile contre la famille Bush.
Ces histoires ont été au coeur d'une controverse pré-électorale qui sent mauvais.

Saisi de cette preuve, un ancien procureur américain qui a poursuivi les crimes de guerre nazis a démontré que les
actes de l’ancien sénateur, pour avoir aidé et renforcé l’ennemi, auraient dû justifier des poursuites .

Ce débat autour du comportement de Prescott Bush est en effervescence depuis quelque temps déjà. Les ‘chats’ (ces
bavardages sur Internet) sont très nombreux au sujet des liens entre Prescott Bush et les Nazis, et beaucoup sont
inexacts et injustes. Mais ces nouveaux documents, dont un grand nombre n'a été déclassifié que l'année dernière,
montrent que Prescott Bush a travaillé et tiré profit de compagnies qui avaient été impliquées de très près dans le
financement de l’accession d’Hitler au pouvoir. Même après l’entrée en guerre de l'Amérique et alors que l'on
disposait déjà de renseignements significatifs concernant la politique et les plans des Nazis. Certains sous-entendent
même que l'argent que Prescott Bush a gagné grâce à ces relations d'affaires a aidé à établir la fortune de la famille
Bush et à mettre le pied à l’étrier à sa dynastie politique.

Aussi étonnant que cela paraisse, peu de ces relations, des Bush avec l'Allemagne, ont fait l’objet d’un examen public
rigoureux, en partie à cause du statut de secret conféré à la documentation qui l'impliquait. Mais aujourd’hui, l'action
en justice contre la famille Bush, intentée par deux survivants de l'Holocauste et qui réclament plusieurs milliards de
dollars de dommages et intérêts, ainsi que la publication imminente de trois livres sur ce sujet, menacent de faire de
cette histoire, relative aux affaires de Prescott Bush, une édition inconfortable pour son petit-fils, George W., alors
qu’il cherche à se faire réélire.

Bien que rien ne laisse suggérer dans ces documents que Prescott Bush ait eu la moindre sympathie pour la cause
nazie, ils révèlent néanmoins que la société pour laquelle il travaillait, Brown Brothers Harriman (BBH), a agi comme
base américaine pour l'industriel allemand — Fritz Thyssen — qui a aidé à financer Hitler au cours des années 1930,
avant de se quereller avec lui à la fin de la décennie. Le Gardian a pu voir la preuve montrant que Bush était le
directeur de l’Union Banking Corporation (UBC), basée à NewYork , qui représentait les intérêts américains de
Thyssen, et qu’il avait continué à travailler pour cette banque après l’entrée en guerre de l’Amérique.

L’énigme...

Bush siégeait aussi au conseil d'au moins une des sociétés qui faisaient partie d'un réseau multinational de sociétés de
couvertures, et qui permettaient à Thyssen de déplacer ses capitaux autour du monde.

Thyssen possédait la plus grande compagnie d'acier et de charbon d’Allemagne et il a construit sa richesse grâce aux
efforts d'Hitler pour réarmer l’Allemagne entre les deux guerres mondiales. Un des piliers de ce réseau corporatif
international construit par Thyssen, UBC travaillait exclusivement pour une banque néerlandaise, qui possédait
d’ailleurs UBC, et qui était elle-même contrôlée par Thyssen. Plus énigmatiques sont les liens de Bush avec la
Consolidated Silesian Steel Company (CSSC), basée en Silésie, sur la frontière germano-polonaise, et riche en
minerais. Pendant la guerre, cette société a profité de l’esclavagisme organisé par les Nazis dans les camps de
concentration, notamment à Auschwitz. La propriété de la CSSC a changé de mains plusieurs fois au cours des années
30, mais les documents des archives nationales américaines, déclassifiés l'année dernière, relient Bush à la CSSC, bien
qu'il ne soit pas très clair si lui et l’UBC étaient toujours impliqués dans cette société lorsque les actifs américains de
Thyssen furent saisis en 1942.

Trois séries d’archives expliquent clairement le rôle de Prescott Bush. Elles sont toutes trois facilement disponibles,
grâce à l’efficace système d'archives américain et à son personnel précieux et dévoué, tant à la Bibliothèque du
Congrès à Washington qu'aux Archives Nationales à l'Université du Maryland.

Le premier ensemble de dossiers, à la Bibliothèque du Congrès, sont des documents administratifs concernant
Harriman et montrent que Prescott Bush était directeur et actionnaire d'un certain nombre de compagnies impliquées
avec Thyssen.

Le deuxième ensemble de documents, qui se trouve aux Archives Nationales et qui est classé sous le numéro 248,
établit l’historique de la saisie des actifs de la compagnie. Ces documents établissent que le 20 octobre 1942 le
Séquestre des Propriétés Etrangères [Alien Property Custodian] a saisi les actifs de l'UBC, dont le directeur était
Prescott Bush. Après une étude détaillée des livres de la banque, d’autres saisies eurent lieu dans deux filiales, la
Holland-American Trading Corporation et la Seamless Steel Equipment Corporation. Dès le mois de novembre, cette
année-là, la Silesian-American Company — une autre société de Prescott Bush — avait aussi été saisie.

Le troisième ensemble de documents, provenant aussi des Archives Nationales, se trouve dans les dossiers concernant
IG Farben, qui a été poursuivie pour crimes de guerre.

Un rapport remis en 1942 par le Séquestre des Propriétés Étrangères établissait la liste des compagnies : "depuis 1939,
ces biens (acier et mines) étaient la possession du gouvernement Allemand, qui les dirigeait, et ont sans aucun doute
aidé considérablement l’effort de guerre de ce pays."

Prescott Bush, un charmeur d’un-mètre-quatre-vingt-dix et doté d’une belle voix, fonda la dynastie politique des Bush
et il a même été considéré une fois comme candidat présidentiel potentiel. Comme George (son fils) et George W (son
petit-fils) il a fait ses études à Yale où il fut, comme le furent ses descendants après lui, membre des Skull & Bones
[Crânes & Os], société secrète étudiante très influente. Il était capitaine d'artillerie pendant la première guerre
mondiale et il se maria en 1921 à Dorothy Walker, la fille de George Herbert Walker.

En 1924, son beau-père, un célèbre banquier d'investissement de St-Louis, l’a aidé à lui mettre le pied à l’étrier dans
les affaires, à New York, avec Averel Harriman, riche fils du magnat du chemin de fer, E. H. Harriman, qui était
devenu banquier.

Une des premières missions que Walker confia à Bush fut de diriger l’UBC. Bush était membre-fondateur de cette
banque et les documents administratifs qui le listent parmi les sept directeurs montrent qu'il a possédé une part dans
UBC d'une valeur de 125 dollars.

La banque fut créée par Harriman et le beau-père de Bush pour fournir une banque américaine aux Thyssen, la famille
industrielle la plus puissante d'Allemagne.

Auguste Thyssen, le fondateur de la dynastie avait été un donateur important lors de la première guerre mondiale pour
les efforts de guerre allemands, et au cours des années 1920, lui et ses fils Fritz et Heinrich établirent un réseau de
banques et de compagnies outre-mer. Ainsi, leurs actifs et leurs capitaux pourraient être transférés ‘off-shore’ s’ils
étaient de nouveau menacés.

Au moment où Fritz Thyssen hérita de cet empire d'affaires, en 1926, la reprise économique de l'Allemagne
s’affaiblissait. Après avoir entendu Adolf Hitler, Thyssen s’est retrouvé hypnotisé par le jeune semeur de discordes. Il
rejoignit le parti Nazi en décembre 1931 et avoua, dans son autobiographie intitulée "J’ai Payé Hitler", avoir financé
Hitler alors que les Nationaux-Socialistes n’étaient encore qu’un parti de frange radical. Il intervint plusieurs fois pour
tirer d'affaire le parti, alors que ce dernier se débattait : en 1928 Thyssen acheta le Barlow Palace sur Briennerstrasse, à
Munich, qu’Hitler avait converti en "Maison Brune" [Brown House], le siège social du parti Nazi. L'argent provenait
d'une autre institution off-shore de Thyssen, la Bank voor Handel en Scheepvarrt de Rotterdam.

A la fin des années 1930, Brown Brothers Harriman, qui prétendait être la plus grande banque d'investissement privée
du monde, et UBC avaient acheté et expédié en Allemagne des millions de dollars d'or, de carburant, d’acier, de
charbon et de bons du Trésor américain, à la fois alimentant et finançant les préparations de guerre d’Hitler.
Entre 1931 et 1933, UBC a acheté pour plus de 8 millions de dollars d’or, dont 3 millions de dollars furent expédiés à
l'étranger. Selon les documents dont The Gardian a pris connaissance, après qu'UBC eut été fondée, elle a transféré 2
millions de dollars vers les comptes de BBH, et entre 1924 et 1940 les actifs d'UBC s’élevaient autour de 3 millions de
dollars, ne baissant à 1 million qu’en de rares occasions.

En 1941, Thyssen a fui l'Allemagne après s’être querellé avec Hitler, mais il fut capturé et détenu en France jusqu’à la
fin de la guerre.

Durant toutes les années 30, il n'y avait rien d'illégal à faire des affaires avec les Thyssen et nombre d’entreprises
américaines, parmi les plus connues, avaient lourdement investi dans la reprise économique allemande. Cependant,
tout changea après que l'Allemagne eut envahi la Pologne en 1939. Même à cette date, on pourrait soutenir que BBH
était dans ses droits en continuant ses relations d'affaires avec les Thyssen, et ce jusqu'à la fin de 1941, puisque les
Etats-Unis étaient techniquement toujours neutres, du moins, jusqu'à l'attaque de Pearl Harbor. Le problème est né le
30 juillet 1942 lorsque le Herald Tribune de New York publia un article intitulé "L'ange d'Hitler a 3 millions de dollars
dans une banque américaine". Les énormes achats d'or d'UBC avaient fait s’élever des soupçons selon lesquels la
banque était en fait une "coquille artificielle et secrète", cachée à New York, pour Thyssen et d'autres huiles Nazies.
La Commission sur les Propriétés Étrangères (Alien Property Commission — APC) lança une enquête.

On ne conteste pas que le gouvernement américain ait saisi, en automne 1942, un ensemble d’actifs contrôlés par BBH
– y compris UBC et la SAC – en vertu du "Trading with Ennemi Act". La controverse est de savoir si Harriman,
Walker et Bush ont vraiment possédé, sur le papier, plus que ces sociétés.

Erwin May, attaché au Trésor et officier au département d'enquête de l'APC, examina les affaires d'UBC. La première
chose qui apparut fut que Roland Harriman, Prescott Bush et les autres directeurs ne détenaient pas réellement leurs
propres parts dans UBC, mais les détenaient simplement pour le compte de la Banque voor Handel. D'une façon
étrange, personne, y compris le président de l'UBC, ne semblait savoir qui possédait la banque basée à Rotterdam.

May écrivit dans son rapport, daté du 16 août 1941 : "l’Union Banking Corporation, immatriculée le 4 août 1924, est
entièrement possédée par la Banque voor Handel en Scheepvaart N.V de Rotterdam, Pays-Bas. Mon enquête n'a
produit aucune preuve quant à la propriété de la banque néerlandaise. M. Cornelis [sic] Lievense, le président d'UBC,
dit qu’il ne sait rien sur les propriétaires de la Banque voor Handel, mais croit qu’il est possible que le Baron Heinrich
Thyssen, le frère de Fritz Thyssen, puisse en posséder une part substantielle."

May disculpa la banque de l’accusation selon laquelle elle aurait constitué une base arrière dorée pour les chefs Nazis,
mais il décrivit un réseau de compagnies s'étendant d'UBC à travers l'Europe, l'Amérique et le Canada et expliqua
comment l'argent de voor Handel voyageait de ces compagnies vers UBC.

En septembre, May localisa les origines des membres non-américains du conseil d'administration et constata que le
Néerlandais HJ Kouwenhoven – qui avait rencontré Harriman en 1924 pour monter UBC –avait plusieurs autres
emplois : non seulement il était le directeur général de voor Handel, il était aussi le directeur de la banque d'Auguste
Thyssen, à Berlin, et directeur de l’Union Steel Works de Fritz Thyssen, la holding qui contrôlait l’empire Thyssen,
constitué de l’Acier et des mines de l’Allemagne.

En quelques semaines, Homer Jones, le chef de la division de recherche et d'enquête de l’APC envoya un
mémorandum au conseil de direction de l'APC recommandant que le gouvernement américain place UBC ainsi que ses
actifs sous séquestre. Jones citait dans ce mémorandum les directeurs de la banque, en y incluant le nom de Prescott
Bush et écrivait : "Les dites actions sont détenues par les individus susmentionnés, qui n’étaient toutefois que des
candidats agréés de la Banque voor Handel de Rotterdam, Pays-Bas, et qui sont possédées en réalité par un ou
plusieurs membres de la famille Thyssen et des ressortissants allemands et hongrois. Les 4.000 parts ci-avant établies
sont donc favorablement possédées et aident aux intérêts de ressortissants ennemis et sont séquestrables par l'APC,"
selon le mémorandum des Archives nationales dont le Gardian a pris connaissance.

La main dans le sac …

Jones recommanda que les actifs soient liquidés au profit du gouvernement, mais à la place, UBC fut maintenue
intacte et finît par retourner, après la guerre, aux actionnaires américains. Certains prétendent que Bush aurait vendu
ses part d’UBC après la guerre pour un montant de 1,5 millions de dollars – une somme colossale à l’époque – mais il
n’y a pas de preuve documentée pour étayer cette thèse. Aucune poursuite supplémentaire n’a jamais été engagée, et
l’enquête n’est pas allée plus loin, malgré le fait qu UBC ait été prise la main dans le sac à diriger une société écran
américaine pour le compte de la famille Thyssen, huit mois après l’entrée en guerre de l’Amérique et qu’il s’agissait
de la banque qui avait financé en partie l’ascension d’Hitler vers le pouvoir.

La partie la plus énigmatique de cette histoire reste entourée de mystère : c’est le lien, si il y en a un, entre Prescott
Bush, Thyssen, Consolidated Silesian Steel Company (CSSC) et Auschwitz.

L’associé de Thyssen dans United Steel Works, et qui possédait dans cette région des mines de charbon et des
fonderies d’acier, était Friedrich Flick, un autre magnat de l’acier qui détenait aussi des actions de IG Farben, la
puissante entreprise de l’industrie chimique allemande.

Les usines de Flick en Pologne utilisaient à plein régime le travail d’esclaves provenant des camps de concentration en
Pologne. Selon un article du New York Times publié le 18 mars 1934, Flick possédait les deux tiers de CSSC, tandis
que des "Intérêts américains" détenaient le reste.

Les documents provenant des Archives Nationales Américaines montrent que l’implication de BBH dans CSSC ne se
limitait pas, au milieu des années trente, à sieulement détenir ces actions. L’ami et frère “bonesman” de Bush, Knight
Woolley, un autre associé dans BBH, écrivit à Averill Harriman en janvier 1933, mettant en garde sur les problèmes
que rencontrait la CSSC après que les polonais eurent commencé leur nationalisation de ces usines. "La situation de la
Consolidated Silesian Steel Company est devenue de plus en plus critique, et, en conséquence, j’ai fait venir Sullivan
et Cromwell pour m’assurer que nos intérêts sont protégés," écrivit Knight. "Après avoir étudié la situation, Foster
Dulles insiste pour que leur homme en poste à Berlin soit mis au courant et qu’il dispose de l’information dont les
directeurs, là-bas, devraient disposer. Vous n’avez pas oublié que Foster est directeur et qu’il est particulièrement
attaché à s’assurer qu’aucune responsabilité ne puisse être attribuée aux directeurs américains."

Mais la propriété de la CSSC, entre 1939, lorsque les Allemands ont envahi la Pologne, et 1942, lorsque le
gouvernement américain a enquêté sur UBC et le SAC, n’est pas bien déterminée.

"La SAC possédait des mines de charbon et c’est elle qui possédait effectivement la CSSC entre 1934 et 1935, mais
lorsque la SAC fut contrôlée, il n’y avait pas de trace de la CSSC. Toute preuve concrète de propriété disparaît après
1935 et il ne reste que quelques traces en 1938 et 1939," rapporte Eva Schweitzer, journaliste et auteur du
livre ,"Ameica and The Holocaust", qui sortira le mois prochain.

La Silésie a rapidement été intégrée au Reich allemand après son invasion, mais tandis que les usines polonaises furent
saisies par les Nazis, celles qui appartenaient aux Américains, toujours neutres, ainsi qu’à d’autres nationalités, furent
traitées avec plus de précaution puisque Hitler espérait encore persuader les Etats-Unis de rester au moins en dehors de
la guerre en tant que pays neutre. Schweitzer dit que les intérêts américains étaient considérés au cas par cas. Les
Nazis ont racheté certaines usines, pas les autres.

Les deux survivants de l’Holocauste, qui poursuivent le gouvernement américain ainsi que la famille Bush en justice,
réclament des dommages et intérêts pour un montant de 40 milliards de dollars en compensation des bénéfices que les
deux parties ont tiré avec l’esclavagisme qui eut lieu à Auschwitz pendant la deuxième guerre mondiale.

Kurt Julius Goldstein, 87 ans, et Peter Gingold, 85 ans, ont engagé une action collective en Amérique en 2001, mais le
procès à été rejeté par la Juge Rosemary Collier sur la base que le gouvernement ne peut être tenu responsable selon le
principe de "la souveraineté de l’état".

Jan Lissmann, l’un des avocats de ces survivants, a déclaré: "Le Président Bush a retiré la signature du Président Bill
Clinton au traité [qui établissait cette cour], non seulement pour protéger les Américains, mais aussi pour se protéger
lui-même ainsi que sa famille."

Lissmann défend l’idée selon laquelle les procès relatifs aux génocides relèvent de la loi internationale, ce qui oblige
les gouvernements à rendre des comptes sur leurs actions. Il réclame que les attendus soient invalidés puisqu’il n’y pas
eu d’audience.

Dans leurs demandes, M. Goldstein et M. Gingold, président honoraire de la Ligue des Antifascistes, suggèrent que les
Américains étaient conscients de ce qui se passait à Auschwitz et auraient dû bombarder ce camp.

Les avocats qui ont aussi présenté une motion à La Haye, demandant une opinion pour savoir si la souveraineté de
l’état est une raison valable de refuser d’entendre leur cas. Un verdict est attendu d’ici un mois.

La pétition envoyée à La Haye établit: "A partir d’avril 1944, L’American Air Force aurait pu détruire, à l’aide de
raids aériens, le camp, ainsi que les ponts de chemin de fer et les voies ferrées entre la Hongrie et Auschwitz. Le
meurtre d’environ 400.000 victimes hongroises de l’Holocauste aurait pu être évité."

Le procès s’articule autour d’un ordre à exécution, passé le 22 janvier 1944 et signé par le Président Franklin
Roosevelt, qui demandait au gouvernement de prendre toutes les mesures pour sauver les Juifs européens. Les avocats
prétendent que cet ordre a été ignoré à cause de la pression exercée par un groupe de grosses sociétés américaines,
dont BBH, dans laquelle Prescott Bush était directeur.

Lissmann déclare : "Si la cour rend un avis positif cela causera au [Président] Bush d’énormes problèmes et le rendra
personnellement responsable du paiement des dommages et intérêts."

Le gouvernement américain et la famille Bush rejettent toutes les demandes qui ont été faites contre eux.

En plus du livre d’Eva Schweitzer, deux autres ouvrages sont sur le point d’être publiés et ils soulèvent le sujet de
l’histoire des affaires de Prescott Bush. L’auteur du second ouvrage, qui doit être publié l’année prochaine, John
Loftus, est un ancien procureur américain qui a poursuivi des criminels de guerre Nazis dans les années 70. Il vit
maintenant à St-Petersburg, en Floride, et gagne sa vie en tant que commentateur sur la sécurité pour Fox News et la
radio ABC. Loftus travaille sur un roman qui utilise une partie du matériel qu’il a réuni à propos de Bush. Loftus a
insisté pour dire que ce dans quoi Prescott Bush a été impliqué n’a été rien d’autre que ce que de nombreux autres
hommes d’affaires américains et britanniques faisaient à ce moment-là.

"Vous ne pouvez pas plus blâmer Bush pour ce que son grand-père a fait que vous ne pouvez blâmer Jack Kennedy
pour ce que son père à fait – acheter des actions nazies – mais ce qui est important c’est la couverture, comment cela a
-t-il pu marcher aussi bien pendant un demi siècle, et y a-t-il pour nous des conséquences à en tirer aujourd’hui ?" a-t-
il dit.

"Il s’agit du mécanisme qui permit de financer Hitler pour qu’il retourne au pouvoir ; Il s’agit du mécanisme qui
permit le réarmement de l’industrie du Troisième Reich ; il s’agit du mécanisme qui permit de rapatrier les profits
engendrés par les Nazis vers des propriétaires américains ; il s’agit du mécanisme qui permit de calmer les enquêtes
sur le blanchiment financier du Troisième Reich," dit Loftus, qui est aussi vice-président du musée de l’Holocauste à
St-Petersburg.

"L’Union Banking Corporation était une société holding pour les Nazis, pour Fritz Thyssen," dit Loftus. "A différents
moments, la famille Bush a essayé de le nier, disant qu’ils étaient détenus par une banque hollandaise et que ce n’est
que lorsque les Nazis annexèrent les Pays-Bas qu’ils réalisèrent alors que les Nazis contrôlaient apparemment cette
société et que c’est la raison pour laquelle les supporters de Bush prétendent que lorsque la guerre fut finie ils
récupérèrent leur argent. Les enquêtes engagées par le Trésor américain et les enquêtes des services de renseignements
en Europe ont toutes deux établi que c’est du pipi de chat. Ils ont toujours su qui étaient les ultimes bénéficiaires."

"Il n’y a plus personne d’encore vivant qui pourrait être poursuivi mais cela ne les a pas empêchés d’y échapper," dit
Loftus. "En tant qu’ancien procureur, je ferais le procès de Prescott Bush, de son beau-père (George Walker) et d’
Averill Harriman, pour avoir apporté de l’aide et renforcé l’ennemi. Ils sont restés au conseil d’administration de ces
sociétés alors qu’ils savaient qu’elles contribuaient aux bénéfices financiers de la nation Allemande."

Loftus a dit que Prescott Bush avait dû être conscient de se qui se passait en Allemagne à ce moment-là. "Je parie qu’il
n’était pas un gendre très brillant et qu’il faisait ce que Herbert Walker lui disait de faire. Walker et Harriman étaient
les mauvais génies, ils n’avaient que faire des Nazis pas plus que de leurs investissements avec les Bolcheviques."

Ce qui est aussi en question est combien d’argent Bush a gagné, grâce à cette implication. Ses supporters suggèrent
qu’il ne détenait qu’un jeton de présence. Loftus le conteste, et il cite des sources "du milieu de la banque et des
renseignements" et suggère que la famille Bush, par l’intermédiaire de George Herbert Walker et de Prescott, a reçu la
somme de 1,5 millions de dollars lors de cette implication. Toutefois, il n’y a pas de trace écrite de cette somme.

La troisième personne qui va publier sur ce sujet est John Buchanan, 54 ans, journaliste dans un magazine basé à
Miami, qui a commencé à examiner ces documents alors qu’il travaillait sur un scénario. L’année dernière, Buchanan
a publié ses découvertes dans la vénérable – et de circulation réduite – New Hampshire Gazette, sous le titre "Des
Documents dans les Archives Nationales Prouvent que le Grand-père de George Bush a Fait du Commerce Avec les
Nazis – Même Après Pearl Harbor". Il s’étend sur ce sujet dans son livre qui sera publié le mois prochain – "Fixing
America: Breaking the Stranglehold of Corporate Rule, Big Media and the Religious Right” [Réparer l’Amérique : En
finir avec l’étranglement causé par les règles des Corporations, les grands médias et la droite religieuse.]

Dans cet article, Buchanan, qui a surtout travaillé dans le commerce et dans la presse musicale avec un détour en tant
que reporter à Miami, prétendait que "les faits essentiel sont apparus sur Internet et dans des ouvrages relativement
obscurs mais ont été niés par les médias et la famille Bush comme étant des diatribes sans fondement. »

Buchanan souffre d’hypermanie, une forme de maniaco-dépression, et lorsqu’il s’est retrouvé débouté de son effort
initial pour intéresser les média, il a répondu par une série de menaces contre les journalistes et les maisons de presse
qui l’avaient éconduit. Ces menaces, contenues dans des méls, suggéraient qu’il exposerait les journalistes comme
étant des "traîtres à la vérité."

Sans surprise, il a rapidement rencontré des difficultés à voir ses appels retournés. Le plus sérieusement du monde, il
dut faire face à des accusations aggravées comme homme de paille à Miami, en relation avec un homme avec lequel il
s’était brouillé à propos du meilleur moyen de publier ses découvertes. L’accusation a été abandonnée le mois dernier.

Une biographie flatteuse …

Buchanan a dit qu’il regrettait que son comportement ait mis à mal sa crédibilité mais que son but principal avait été
de contenir la publicité qui était faite sur cette histoire. Loftus et Schweitzer disent tous deux que Buchanan est arrivé
avec une documentation qui n’avait encore jamais été rendue publique.

La famille Bush a largement réagi en ne faisant pas de commentaires sur toute référence à Prescott Bush. Brown
Brothers Harriman s’est aussi refusée à tout commentaire.

La famille Bush a approuvé récemment une biographie flatteuse sur Prescott Bush et qui s’appelle "Duty, Honour,
Country" [Devoir, Honeur, Patrie] écrite par Mickey Herskowitz. Les éditeurs, Rutledge Hill Press, ont promis que le
livre "parlerait honnêtement des accusations de relations d’affaires de Prescott Bush avec des industriels nazis ainsi
que d’autres accusations."

En fait, les accusations tiennent sur moins de deux pages. Le livre se réfère à l’histoire parue dans le "Herald-Tribune”
en disant : « Une personne dont le niveau d’éthique aurait été moins bien établi aurait paniqué … Bush et ses associés
chez "Brown Brothers Harriman" informèrent les organismes de contrôle du gouvernement que le compte de ce client,
ouvert à la fin des années 30, représentait en fait ‘la compensation d’une faveur pour un client’ … Prescott Bush a agit
rapidement et au grand jour au nom de la société, qui était bien desservie grâce à une bonne réputation qui n’avait
jamais été compromise. Il a ouvert tous ses livres et rendu tous ses documents publics. Pour ce est considéré
aujourd’hui, six décennies plus tard, comme relevant des scandales d’entreprises et des carrières ruinées, il a reçu alors
ce que l’on peut considérer comme le certificat suprême de bonne conduite."

L’histoire de Prescott Bush a été jugée tant par les conservateurs que par certains libéraux [démocrates] comme
n’ayant rien à voir avec l’actuel président. Il a aussi été suggéré que Prescott Bush était peu en relation avec Averill
Harriman et que les deux hommes s’opposaient politiquement.

Pourtant, des documents faisant partie du dossier Harriman comprennent un profil flatteur en temps de guerre paru
dans le "New York Journal American" et juste à côté, dans le dossier, il y a une lettre écrite par Prescott Bush au le
rédacteur financier de ce journal, remerciant le journal d’avoir publié ce profil. Il ajoutait que "la performance
d’Harriman et toute son attitude avait été une source d’inspiration et de fierté pour ses associés et ses amis."

The Anti-Defamation League [la ligue américaine contre la diffamation] soutient Prescott Bush et la famille Bush.
Dans une déclaration qu’ils ont faite l’année dernière, ils prétendent que "les rumeurs sur d‘éventuels ‘liens’ nazis avec
feu Prescott Bush … ont circulé en long et en large sur Internet, ces dernières années. Ces accusations ne tiennent pas
debout et ont des motivations politiques … Prescott Bush n’était ni un Nazi, ni un sympathisant nazi."

Cependant, l’une des plus anciennes publications juives du pays, “the Jewish Advocate”, a répandu la controverse
avec force de détails.

Plus de soixante ans après que Prescott Bush ait été brièvement mis en examen, à l’époque d’une guerre ancienne, son
petit-fils fait face à une autre sorte d’examen, mais un de cette sorte qui conforte votre perception selon laquelle, pour
certaines personnes, la guerre peut être un business profitable.

Traduit de l’anglais par Jean-François Goulon

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