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Seule la réflexivité, qui est synonyme de méthode, mais une réflexivité réflexe, fondée sur un
« métier », un «œil» sociologique, permet de percevoir et de contrôler sur-le-champ, dans la
conduite même de l'entretien, les effets de la structure sociale dans laquelle il s'accomplit.
Comment prétendre faire la science des présupposés, sans travailler à se donner une science
de ses propres présupposés? Notamment en s'efforçant de faire un usage réflexif des acquis de
la science sociale pour contrôler les effets de l'enquête elle-même et s'engager dans
l'interrogation en maîtrisant les effets inévitables de l'interrogation.
Le rêve positiviste d'une parfaite innocence épistémologique masque en effet que la différence
n'est pas entre la science qui opère une construction et celle qui ne le fait pas, mais entre celle
qui le fait sans le savoir et celle qui, le sachant, s'efforce de connaître et de maîtriser aussi
complètement que possible ses actes, inévitables, de construction et les effets qu'ils produisent
tout aussi inévitablement.
Essayer de savoir ce que l'on fait, lorsqu'on instaure une relation d'entretien, c'est d'abord
tenter de connaître les effets que l'on peut produire sans le savoir par cette sorte d'intrusion
toujours un peu arbitraire qui est au principe de l'échange (notamment par la manière de se
présenter et de présenter l'enquête, par les encouragements accordés ou refusés, etc.); c'est
essayer de porter au jour la représentation que l'enquêté se fait de la situation, de l'enquête en
général, de la relation particulière dans laquelle elle s'instaure, des fins qu'elle poursuit, et
d'expliciter les raisons qui le poussent à accepter d'entrer dans l'échange. C'est en effet à
condition de mesurer l'ampleur et la nature du décalage entre l'objet de l'enquête tel qu'il est
perçu et interprété par l'enquêté, et l'objet que l'enquêteur lui assigne, que celui-ci peut essayer
de réduire les distorsions qui en résultent, ou, du moins, de comprendre ce qui peut être dit et
ce qui ne le peut pas, les censures qui empêchent de dire certaines choses et les incitations qui
encouragent à en accentuer d'autres.
C'est l'enquêteur qui engage le jeu et institue la règle du jeu; c'est lui qui, le plus souvent,
assigne à l'entretien, de manière unilatérale et sans négociation préalable, des objectifs et des
usages parfois mal déterminés, au moins pour l'enquêté. Cette dissymétrie est redoublée par
une dissymétrie sociale toutes les fois que l'enquêteur occupe une position supérieure à
l'enquêté dans la hiérarchie des différentes espèces de capital, du capital culturel notamment.
Le marché des biens linguistiques et symboliques qui s'institue à l'occasion de l'entretien varie
dans sa structure selon la relation objective entre l'enquêteur et l'enquêté ou, ce qui revient au
même, entre les capitaux de toutes espèces, et en particulier linguistiques, dont ils sont dotés.
(…) Lorsque rien ne vient neutraliser ou suspendre les effets sociaux de la dissymétrie liée à
la distance sociale, on ne peut espérer obtenir des propos aussi peu marqués que possible par
les effets de la situation d'enquête qu'au prix d'un travail incessant de construction.
Paradoxalement, ce travail est destiné à rester d'autant plus invisible qu'il sera plus réussi et
qu'il conduira à un échange doté de toutes les apparences du «naturel» (entendu comme ce qui
advient d'ordinaire dans les échanges ordinaires de l'existence quotidienne).
Le sociologue peut obtenir de l'enquêté le plus éloigné de lui socialement qu'il se sente
légitimé à être ce qu'il est s'il sait lui manifester, par le ton et surtout par le contenu de ses
questions, que, sans feindre d’annuler la distance sociale qui le sépare de lui (à la différence
de la vision populiste, qui a pour point aveugle son propre point de vue), il est capable de se
mettre à sa place en pensée.
Tenter de se situer en pensée à la place que l'enquêté occupe dans l'espace social pour le
nécessiter en l'interrogeant à partir de ce point et pour (en) prendre en quelque sorte son parti
(au sens où Francis Ponge parlait de « parti pris des choses»), ce n'est pas opérer la «
projection de soi en autrui» dont parlent les phénoménologues. C'est se donner une
compréhension générique et génétique de ce qu'il est, fondée sur la maîtrise (théorique ou
pratique) des conditions sociales dont il est le produit: maîtrise des conditions d'existence et
des mécanismes sociaux dont les effets s'exercent sur l'ensemble de la catégorie dont il fait
partie (celle des lycéens, des ouvriers qualifiés, des magistrats, etc.) et maîtrise des
conditionnements inséparablement psychiques et sociaux associés à sa position et à sa
trajectoire particulières dans l'espace social. Contre la vieille distinction diltheyenne, il faut
poser que comprendre et expliquer ne font qu'un.
Cette compréhension ne se réduit pas à un état d'âme bienveillant. Elle s'exerce dans la
manière, à la fois intelligible, rassurante et engageante de présenter l'entretien et de le
conduire, de faire en sorte que l'interrogation et la situation même aient un sens pour
l'enquêté, et aussi et surtout dans la problématique proposée: celle-ci, comme les réponses
probables qu'elle appelle, se déduit d'une représentation vérifiée des conditions dans
lesquelles l'enquêté est placé et de celles dont il est le produit. C'est dire que l'enquêteur n'a
quelques chances d'être véritablement à la hauteur de son objet que s'il possède à son propos
un immense savoir, acquis, parfois, tout au long d'une vie de recherche et aussi, plus
directement, au cours des entretiens antérieurs avec l'enquêté lui-même ou avec des
informateurs. La plupart des entretiens publiés représentent un moment, sans doute privilégié,
dans une longue suite d'échanges, et n'ont rien de commun avec les rencontres ponctuelles,
arbitraires et occasionnelles, des enquêtes réalisées à la va-vite par des enquêteurs dépourvus
de toute compétence spécifique.
La recherche documentaire a plutôt mauvaise réputation. On la considère souvent comme une étape
longue et fastidieuse dans la rédaction d'un ouvrage. Ceci est aujourd'hui plus vrai que jamais avec la
venue des nouvelles technologies de l'information, le Web etc... Il y a de quoi y perdre son latin... Mais
qu'à cela ne tienne, avec un peu de méthode et quelques trucs, on peut arriver à de bons résultats.
Peu importe la complexité de votre document, les principes que je vais exposer s'appliquent de la
même façon. Alors, mettons-nous au travail !
Méthodes et outils
Le point de départ et probablement le point le plus important est le sujet de votre travail. S'il n'est pas
bien délimité et défini, vous perdrez beaucoup de temps. Un sujet trop pointu, trop délimité ne donnera
presque pas de résultats tandis qu'à l'inverse un sujet trop général vous donnera une quantité
impressionnante de possibilités parmi lesquelles vous aurez du mal à vous retrouver. Un exemple à
l'appui : disons que vous désirez écrire un texte sur les problèmes d'alcoolisme chez les jeunes
garçons de 11 et 12 ans chez les autochtones de la réserve de Betsiamites en 1989. Avec un sujet
pareil, vous risquez fort de n'avoir que peu de références. Par contre si vous y alliez plutôt avec les
problèmes de toxicomanie chez les adolescents dans les réserves autochtones du Québec depuis les
années 80, vous couvriez le même thème et auriez sûrement de meilleurs résultats. La comparaison
est bien entendue extrême mais je crois qu'elle illustre bien mon propos. Avant de commencer votre
recherche, si vous avez de la difficulté à préciser votre sujet, parlez-en avec un professeur ou un
chercheur qui connaît bien le domaine, ils pourront vous donner un coup de main.
Une fois que le sujet est déterminé, par où commence-t-on ? La première démarche est de vous
rendre dans une bibliothèque. Qu'elle soit publique, nationale, d'enseignement ou de recherche, elle
regorge d'informations. Reste à savoir comment les trouver... D'abord, il vous faudra consulter le
catalogue de la bibliothèque. De nos jours la plupart ont un catalogue informatisé en ligne. Je vous
suggère d'utiliser la recherche par mots-clés (sujets). Celle-ci est très flexible car elle vous permet de
combiner différents mots avec les opérateurs booléens (et, ou, sauf). Si nous reprenons notre
exemple, voilà ce que cela pourrait nous donner : adolescents et autochtones et toxicomanies et
Quebec (Province). Selon le résultat obtenu à cette première tentative, réajustez votre tir soit en
précisant davantage ou l'inverse selon le cas. Une fois que cela est fait, prenez en note la cote des
documents c'est-à-dire le numéro de classement qui leur a été attribué. En jugeant par le titre, notez
les vedettes - matières (sujets) des ouvrages qui vous semblent les plus pertinents et réinterrogez de
nouveau. Vous pourrez peut-être ainsi repérer des ouvrages qui vous auraient échappé. Faites de
même avec les auteurs.
Il vous faut maintenant trouver les ouvrages sur les rayons. Normalement ils devraient être situés
sensiblement au même endroit. Profitez-en pour jeter un coup d'œil sur les autres documents
localisés près des vôtres, ils pourraient être intéressants. Une fois que vous les avez en main,
feuilletez-les pour vous assurer qu'ils correspondent bien à votre sujet.
Ensuite, à l'aide de la bibliographie de vos meilleurs résultats, vérifiez si votre bibliothèque possède
les volumes ou articles qui vous semblent pertinents. Pour les articles de périodiques, interrogez le
catalogue au titre de la revue et non au titre de l'article. Reste ensuite à vous assurer que la
bibliothèque possède bien l'année et le numéro du périodique dans lequel l'article a été publié.
Voilà vous avez en main une certaine quantité d'informations qui constitue la base de votre recherche.
Où chercher ensuite ? Les articles de journaux peuvent s'avérer très intéressants. Pour accéder à
cette information, il vous faudra utiliser les index de journaux. Pour cela, adressez-vous au personnel
d'information et de renseignements de votre bibliothèque qui se fera un plaisir de vous indiquer quels
sont ces index. D'ailleurs, peu importe les difficultés que vous rencontrerez dans vos démarches,
n'hésitez pas à faire appel à leurs services. Ce sont des spécialistes dans le domaine et de plus ils
connaissent très bien leur collection. La recherche dans ces index se fait par auteur, titre ou sujet.
Notez les références précises des articles qui vous intéressent. Vérifiez ensuite si ces journaux se
trouvent en bibliothèque.
Une autre possibilité s'offre à vous : le Web. En effet, il contient une source quasi infinie
d'informations. Par contre, compte tenu de l'absence de structure ou d'organisation de l'information, je
ne vous le recommande pas sauf en dernier recours car cela entraînerait une perte de temps
considérable. Une interrogation sur le Web ne vous donnerait comme résultat que l'occurrence des
termes utilisés sans tenir compte de la combinaison de ceux-ci. Reprenons notre exemple, si vous
tapiez les problèmes de toxicomanie chez les adolescents des réserves autochtones du Québec, le
moteur de recherche utilisé ne fera que chercher sur quels sites on retrouve ces mots mais sans les
regrouper. Ce qui vous donnera des références sur les autochtones mais pas seulement ceux du
Québec. Même chose pour chacun des termes. Il vous faudrait les consulter toutes, une à la fois, pour
peut-être en trouver quelques-unes qui seraient vraiment pertinentes. Par contre, le web peut s'avérer
utile pour des compléments d'informations par exemple pour obtenir des informations sur un auteur
important en particulier. Je vous propose plutôt de travailler avec les banques de données
spécialisées. Elles regroupent autant les volumes, les articles de périodiques, de journaux, compte-
rendus de conférences, colloques, thèses, etc.. De plus, l'interrogation se fait par mots-clés alors cela
vous facilitera la tâche et les résultats seront beaucoup plus intéressants. Si vous n'êtes pas familiers
avec cet outil, demandez de l'aide. Pour savoir quelles sont les banques de données dans votre
domaine, je vous donne le titre d'un répertoire qui en dénombre plusieurs mais vous pouvez aussi
demander au personnel de votre bibliothèque :
Une fois que vous aurez noté les références, vous devrez encore une fois vérifier si ces banques de
données existent dans votre bibliothèque. Si au cours de vos recherches les documents que vous
avez identifiés ne se trouvent pas sur place, il existe une alternative. En effet, compte tenu des
restrictions budgétaires connues ces dernières années, l'augmentation des coûts de la documentation
et la quantité toujours plus grande de celle-ci, le taux de change des monnaies etc., les bibliothèques
ne peuvent pas suffire à combler tous les besoins de leur clientèle. Pour pallier cette lacune,
beaucoup de bibliothèques ont maintenant un service de prêt entre bibliothèques. Ce service a pour
mission de trouver dans d'autres institutions, les ouvrages requis par leurs usagers. Pour se faire, ils
utilisent des banques de données spécialisées qui regroupent les catalogues de centaines de
bibliothèques de votre pays et même d'un peu partout dans le monde. Entre ces bibliothèques il existe
des règlements qui régissent le prêt ou l'emprunt. Toutefois vous devrez d'abord vérifier si vous
pouvez utiliser ce service car certaines bibliothèques en restreignent l'utilisation à certaines catégories
de leurs usagers. Aussi vous devrez être prévoyant et débuter tôt votre recherche car si vous deviez
faire appel au prêt entre bibliothèques vous auriez un délai pour le temps de la recherche et le temps
de livraison du ou des documents.
Conclusion
Voilà ! Le tour est joué. Une fois ces étapes complétées, vous aurez couvert de façon très
satisfaisante la documentation relative à votre sujet. Comme vous avez pu le constater, avec de la
méthode et quelques efforts, on peut arriver à de bons résultats. Bien entendu, le résultat de votre
recherche sera influencé par les outils que vous aurez à votre disposition. Toutefois, peu importe où
vous effectuerez vos recherches, en procédant de cette façon, vous obtiendrez toujours de bons
résultats. On pourrait résumer en disant qu'une recherche documentaire efficace repose sur trois
éléments essentiels : un sujet bien défini, une méthode rigoureuse et le choix de bons outils.
Les étapes d'une recherche : une vue d'ensemble
et des hypothèses
Il importe avant de commencer quoi que ce soit, de clarifier sa propre situation de chercheur :
quel est le cadre de la recherche ?
dans quel type de validation se situe-t-elle ? (spécialisée? généraliste ? fin de formation [Travail social
- paramédical ]...?
Quel peut-être le but de la recherche en référence au cadre dans lequel est inscrit l’étudiant
chercheur?
Une recherche part le plus souvent de quelque chose : un constat, une observation empirique, une
intuition, un intérêt personnel, parfois un présupposé, voire un a priori... Nous avons donc tous une
réponse avant même de rechercher et souvent elle n'est pas consciente. Le premier travail est de la
rendre consciente et de formuler le questionnement implicite qui la soutend, pour qu'elle ne fausse
pas la démarche, à notre insu.
Elle consiste en général à confirmer ou infirmer une hypothèse principale, expliquer de plus près les
raisons, les mécanismes, les causes, en référence aux hypothèses secondaires formulées qui
constituent les pistes que la démarche emprunte. La démarche est l'ensemble des moyens, des outils
d'analyse mis en place en lien avec la problématique.
Bien souvent la conclusion d'une recherche entraîne de nouvelles questions, donc de nouvelles
hypothèses. La recherche consiste alors en une chaîne de séquences de recherche.
Pour ne pas se perdre au cours d'une recherche, il faut ne pas chercher à vérifier quelque chose non
prévu dans les hypothèses. Ne pas changer de plan d'analyse en cours d'étude, c'est-à-dire se méfier
par exemple du passage en cours de recherche d'un plan sociologique à un plan psychologique ou
moral. L'hypothèse est inductive: à partir d'une observation on émet une loi générale qu'on se propose
de vérifier. La démarche est autant que possible déductive ; elle peut être aussi inductive en
multipliant les observations.
- une observation systématique: observer un phénomène sur lequel on n'a aucune prise, selon des
critères d'observation définis à l'avance ;
- une expérimentation qui revient à créer le phénomène, le provoquer, le maîtriser pour mieux en
étudier les mécanismes, mais cela est rare en sciences sociales.
Dans le cas d'une démarche expérimentale, on essaie de mettre en relation des variables sous forme
de tableaux croisés. Mais il est quelquefois difficile d'attribuer des valeurs à certaines variables (ex:
niveau culturel, opinion sur certains problèmes...). Il est alors nécessaire de trouver des indicateurs,
c'est-à-dire un aspect d'une variable qu'il est possible d'évaluer et qui la représentera.
Le choix de l'objet de recherche
Jean-Paul Jeannin
- Faire le point d'une situation, l’analyser (démonter l’objet, trier, classer ...)
- Eclairer et comprendre le sens d’un événement, d'une conduite sociale ;
- Saisir plus finement les logiques de fonctionnement d'une organisation ;
- Réfléchir avec justesse aux conséquences d'une décision politique
- Elucider, comment des personnes ou des groupes perçoivent un problème (mise à jour des
systèmes de représentations) etc...
Cependant, la rencontre “chercheur / objet de recherche” est toujours une histoire singulière ; elle
s’inscrit dans les choix profonds du premier, ses expériences, ses engagements... De nombreux
soucis seraient évités si les candidats chercheurs s’interrogeaient plus longtemps sur leurs
motivations à choisir tel ou tel thème. On ne choisit jamais un thème par hasard ; cependant, il faut
comprendre qu’une recherche, si elle commence bien avec une observation personnelle, une intuition,
voire une conviction, doit prendre ensuite de la hauteur, du recul, de la distance...
Combien de recherches en travail social tournent en rond par ce que le chercheur a commencé avec
une “réponse à priori” (à un problème non posé), toute la recherche consistant ensuite à “habiller”
cette conviction et a démontrer qu’elle est juste.
Il est donc prudent d’interroger le choix d’objet de recherche dès le début sur deux axes : les
caractéristiques du chercheur et les spécificités de l'objet d'étude. Mais c'est essentiellement la
relation entre les deux qui peut se révéler source de difficultés. Il s’agira de répondre de manière
explicite et authentique à deux séries de questions : l’une portant sur les caractéristiques de l'objet
d'étude ; l’autre concernant les caractéristiques du chercheur (ou du groupe de recherche).
Toute recherche en sciences sociales commence donc par des constats ou une intuition (dont il faut
savoir se distancier), ensuite il s’agit d'énoncer l’objectif de la recherche sous la forme d'une question
de départ.
Cette question se trouve imbriquée dans un grand nombre de questions parmi lesquelles il faut faire
un tri.
Par cette question, le chercheur tente d'exprimer le plus exactement possible ce qu'il cherche à savoir,
à élucider, à mieux comprendre. La question de départ est le fil rouge de la recherche.
Pour remplir correctement sa fonction, la question de départ doit avoir un certain nombre de qualités
de clarté, de faisabilité et de pertinence :
Par ailleurs l'étude devra se fonder sur ce qui existe, (et non sur un idéal qui devrait exister), l’intention
étant de comprendre ou expliquer le phénomène dans une optique non moralisatrice ou
philosophique.
Dans les mémoires de fin d’études de formation professionnelle (notamment D.E.) dans lesquels il est
demandé un projet professionnel, il est essentiel de distinguer les questions de type “comment faire
pour...” (qui orientent vers une hypothèse d’action ou résolutive), des questions du type “comment
cela fonctionne...” et “pourquoi est-ce ainsi...” (qui orientent vers une hypothèse de recherche
compréhensive ou explicative).
Tout sujet de recherche destiné à éclairer l’action (diagnostic, recherche préalable au projet
professionnel...), devra commencer d’abord par un questionnement explicatif (pourquoi), et aborder
seulement le résolutif en deuxième lieu.
Le racisme est-il plus fort dans certaines catégories sociales que dans d'autres ?
Est-il différent selon l'âge ?
Les enfants des villes ont-ils un vocabulaire plus étendu que ceux des campagnes ?
Existe-t-il un rapport entre le niveau scolaire des parents et celui de leurs enfants ?
Un alcoolo dépendant est-il accessible à la notion de contrat ?
L'égalité des chances devant l'enseignement a-t-elle tendance à décroître dans les sociétés
industrielles ?
Quelle est l’incidence de l’inégalité des chances devant l'enseignement sur la mobilité sociale ?
Raymond Boudon : “L'inégalité des chances ; la mobilité sociale dans les sociétés industrielles"
A. Colin Éditeur, Collection U. Paris, 1973).
La lutte étudiante n’est-elle qu'une agitation où se manifeste la crise de l’Université, ou porte-t-elle un
mouvement social capable de lutter au nom d 'objectifs généraux contre une domination sociale ?
Alain Touraine, F. Dubet, Z. Hégedus, M. Wieviorka
“Lutte étudiante”, Éditions du Seuil, Paris, 1978.
Commencer un travail de recherche en sciences sociale, impose cette première étape. Peu importe
qu’on lui consacre une heure, une journée ou une semaine, pourvu qu’elle se fasse avec l'aide critique
de collègues, d'amis, d'enseignants. Retravailler son questionnement de départ jusqu'à obtenir une
formulation satisfaisante et correcte, est indispensable. Le résultat de ce travail n'occupera sans doute
qu’une ou deux feuilles de papier mais il constituera le véritable point de départ de la recherche.
Procédure à suivre
1. Si la recherche est une commande (école, fin de formation), et que vous n’avez aucune idée
de départ
Définissez le thème et lisez un ou deux ouvrages sur celui-ci (ouvrages de synthèse ou mieux articles
de synthèse)
Repérez les zones de tension ou de contradiction
Consultez des professionnels du sujet
2. Si vous commencez avec une intuition ou des constats de terrain ou si vous avez terminé le
point n° 1
Listez toutes les questions qui se posent à vous et classez les en trois catégories :
- questions simples dont les réponses se trouvent quelque part sur le terrain - questions théoriques
générales
- questions complexes dont personne ne possède la réponse a priori Votre question de départ se
trouve probablement dans la troisième liste.
- testez cette question de départ auprès de votre entourage, de votre formateur guideur, et
professionnels concernés, pour vérifier ses qualités de clarté, de précision, et qu'elle est comprise de
la même manière par tout le monde,
- vérifiez si elle possède également les autres qualités et critères énoncés ci-dessus, reformulez-la en
tenant compte des remarques qui vous ont été faites.
L'exploration : lectures et entretiens exploratoires
Jean-Paul Jeannin
Le projet de recherche est donc momentanément orienté par un questionnement de départ, il s'agit
maintenant de se décentrer de la vision initiale (forcément limitée).
Un recueil d'information sur l'objet étudié va permettre de trouver différentes manières de l'aborder,
avec ses multiples dimensions.
L’exploration va ainsi permettre d’ouvrir les contenus du champs de travail, grâce à deux approches
souvent menées en parallèle : d'une part un premier niveau de lecture et de recherche documentaire,
et d'autre part des entretiens non directifs ou d'autres méthodes d’investigation sur le terrain (on
pourrait parler de pré-enquête pour cette phase exploratoire).
Les lectures
Les lectures préparatoires servent d'abord à s'informer des recherches déjà menées sur le thème du
travail et à situer la nouvelle contribution envisagée par rapport à elles. Grâce à ses lectures, le
chercheur pourra en outre mettre en évidence la perspective qui lui paraît la plus pertinente pour
aborder son objet de recherche.
De plus, la lecture proprement dite doit être effectuée à l'aide d'une grille de lecture appropriée aux
objectifs poursuivis. Enfin, des résumés correctement structurés, sous forme de fiches de lecture,
permettront de dégager les idées essentielles des textes étudiés et de les comparer entre eux.
Les entretiens exploratoires complètent concrètement les lectures ; ils permettent au chercheur de
prendre conscience d'aspects de la question, absents de sa propre expérience et de ses lectures.
Pourtant, ils ne peuvent remplir cette fonction que s'ils sont peu directifs car l'objectif ne consiste pas à
valider les idées préconçues du chercheur, mais bien à en construire de nouvelles fidèles à la réalité
du terrain.
Les fondements de la méthode sont à rechercher dans les principes de la non-directivité de Carl
Rogers, mais adaptés en fonction d'une application dans les sciences sociales. Trois types
d'interlocuteurs intéressent ici le chercheur : les spécialistes scientifiques de l'objet étudié (chercheurs
- enseignants), les témoins privilégiés (professionnels - associatifs...), et les personnes directement
concernées (public - usagers - bénéficiaires...).
D'une part, le discours entendu sera utilisé directement en tant que source d'information ; d'autre part,
son interprétation en tant que processus doit rendre compte de ce que l'interlocuteur exprime sur lui-
même sans que cela lui soit toujours perceptible. Les entretiens exploratoires sont souvent mis en
œuvre en même temps que d'autres méthodes complémentaires, telles que l'observation et l'analyse
de certains documents (compte-rendus - rapports...). Au terme de la phase exploratoire, le chercheur
est souvent amené à reformuler sa question de départ en tenant compte des enseignements de ses
lectures et des entretiens.
1. dans sa formulation actuelle la question de départ traduit-elle l’objectif de recherche clarifié par les
informations du travail exploratoire ?
3. en cas de réponse négative à l’une des deux premières questions, la question de départ doit être
modifiée ou reformulée entièrement.
La nouvelle question devra répondre positivement aux deux premières interrogations. S'il est
important qu'elle traduise aussi justement que possible l’objectif de recherche, elle n'en doit pas moins
conserver les qualités qui la rendent opérationnelle. Il est donc inutile de tenter d’y exprimer toutes les
nuances nécessaires pour préciser le sujet. Une question de départ trop développée, commence en
fait à traiter certains aspects de la problématique... ou tente d’apporter la réponse avant même
d’effectuer la recherche.
La problématique
Jean-Paul Jeannin
Dans une situation complexe il n’y a jamais de réponse directe à la question posée. Il y aura un “vide”
entre les données recueillies lors des premières lectures (les composantes de ce type de situation en
général) et la question finale à laquelle doit répondre provisoirement “l’Hypothèse”. Ce vide il faudra le
remplir en utilisant toutes les connaissances acquises (constats, observations, réflexion...), les
données concrètes recueillies lors de “l’Exploration” et notre réflexion créatrice, le tout mis en forme
dans un raisonnement logique argumenté et justifié par des références théoriques.
En bref la “Problématique” est un construit de l’ensemble des réponses aux questions que l’on doit se
poser à partir de l’énoncé de base de la situation problème, en vue de proposer une réponse
provisoire (“l’Hypothèse”), qui sera infirmée ou confirmée par “l’Observation” ou “Expérimentation”
(soit la vérification de la validité de la proposition, avec un outil d’investigation : “Questionnaire” -
“Entretiens” ou autres...). Le vide entre les données de base et “l’Hypothèse” doit être rempli à partir
de questions intermédiaires à inventer et dont les réponses progressives permettent de relier les
“deux bouts” de la situation problème.
En bref, l'ensemble thème, objet d'étude, champs d'analyse, théorie de référence, constitue la
problématique. Pour certains auteurs la problématique est la manière d’argumenter et de poser la
question, pour d’autres elle est plutôt le projet de traitement de la question. Quoi qu’il en soit, toute
problématique se termine par une question, et l’hypothèse constitue la réponse (provisoire), à cette
question.
• Premier temps : il convient de faire d'abord le point sur le problème tel qu'il est posé par les
constats de terrain, le questionnement de départ enrichi par la recherche documentaire (lectures) et
les entretiens de la phase exploratoire.
Concrètement, cela consiste, d'une part, à repérer et à décrire les différents aspects ou dimensions du
problème (sociologiques, psychologiques, économiques, politiques, institutionnelles, juridiques...etc et,
d'autre part, à prendre en compte le vécu du problème par les principaux protagonistes : population,
professionnels, hiérarchies, institutions...etc.
Il s’agira ensuite de montrer les liens et oppositions qui existent entre ces aspects ou dimensions et
points de vue d’acteurs. Enfin il faut replacer l’ensemble dans la perspective de diverses approches se
rattachant implicitement ou explicitement à des systèmes théoriques qui pourraient servir de cadre à
autant de problématiques.
• Dans un deuxième temps : il s'agit soit d'inscrire son travail dans un des cadres théoriques
exposés, soit de concevoir un nouveau modèle. L’étudiant aura souvent intérêt à se référer à un cadre
théorique existant. Ce choix se fait en tenant compte des convergences apparaissant entre le cadre
théorique, la question de départ et les autres informations retirées de la phase exploratoire. C'est à la
lumière de la problématique retenue que la question de départ prend un sens particulier et précis.
Lorsque celle-ci n'a pas été bien précisée antérieurement, le choix d'une problématique est aussi
l'occasion de reformuler la question de départ en référence à un cadre théorique particulier et de la
rendre plus précise.
• Dans un troisième temps : il s'agit d'expliciter sa problématique. Pratiquement, l'opération consiste
à exposer les concepts fondamentaux et la structure conceptuelle qui fondent les propositions qu'on
élabore en réponse à la question de départ et qui prendront forme définitive dans la construction.
Problématique et hypothèse
Il y a généralement plusieurs hypothèses dans une recherche. Distinguons:
- l’hypothèse principale
- les hypothèses secondaires
L'ensemble des hypothèses constitue le corps d'hypothèses, mais c’est l'ensemble thème, champs
d'analyse, corps d'hypothèses, théorie de référence,qui constitue la problématique.
Remarque: selon R.QUIWY la problématique est la manière de poser la question. Nous pensons
qu'elle est plutôt le projet de traitement de la question.
L'hypothèse
Jean-Paul Jeannin
Au départ de toute recherche, nous l’avons vu, il y a une question, par exemple :
- Le racisme est-il plus fort dans certaines catégories sociales que dans d'autres ?
- Est-il différent selon l'âge ?
- Les enfants des villes ont-ils un vocabulaire plus étendu que ceux des campagnes ?
- Existe-t-il un rapport entre le niveau scolaire des parents et celui de leurs enfants ?
2. La réponse à la question constitue l'hypothèse (thèse placée avant) : dans certains cas : oui ou
non ; dans d'autres cas : explications nécessitées par la question. L'hypothèse est ainsi une thèse de
départ, fixée a priori, une supposition.
3. Intérêt de l'hypothèse : elle détermine le thème, le champ d'analyse, et contient déjà en filigrane le
plan de la recherche, elle détermine par là-même la démarche, le plan d'étude. L’hypothèse est un fil
d'Ariane ; elle permet de ne pas se perdre en route puisqu'elle contient le but de l'étude, avec sa
confirmation ou son infirmation. Il n'est pas gênant qu'elle soit fausse, dans ce cas l'anti-thèse sera la
conclusion, on aboutira tout de même à un résultat.
4. Une hypothèse n'est pas une affirmation gratuite, elle s'inspire d'observations ou de
connaissances antérieures: observations personnelles, impressions, intuition ; observations
empiriques, construction théorique ; - résultat de lectures ; - recherches antérieures. Elle est ainsi,
déjà, l'aboutissement d'une pré-enquête que constitue la phase exploratoire.
5. L’hypothèse doit être opératoire : pour permettre une recherche, une exploitation, elle doit
reposer sur des concepts sûrs, avoir des conséquences vérifiables. Le plus souvent elle rend compte
d'un mécanisme ou d'une relation entre phénomènes.
6. Nous avons tous une hypothèse en début de recherche. Mais souvent elle n'est pas consciente.
Le premier travail est de la formuler : la rendre consciente pour qu'elle ne biaise pas la démarche, à
notre insu.
Les outils de la démarche de recherche ou "démarche diagnostic"
Jean-Paul Jeannin
L'expérimentation comprend l'ensemble des opérations par lesquelles le modèle d'analyse est
confronté à des données observables. Au cours de cette étape, de nombreuses informations sont
donc rassemblées. Elles seront systématiquement analysées dans l'étape ultérieure.
Concevoir cette étape de confrontation au réel, revient à répondre aux trois questions suivantes :
Observer quoi ? Sur qui ? Comment ?
Observer quoi ?
Les données à rassembler sont celles qui sont utiles à la vérification des hypothèses. Elles sont
déterminées par les indicateurs des variables. On les appelle les données pertinentes.
Quelles informations sont nécessaires pour tester les hypothèses ? Se rappeler hypothèses,
concepts, dimensions et indicateurs.
a. Compte tenu des informations nécessaires, quelle est l'unité d'observation qui s'impose (individu,
groupe, institution ou association, commune, pays...)
En fonction de ces délimitations, est-il plus judicieux de faire porter l'observation sur la totalité de la
population, sur un échantillon représentatif ou seulement sur des unités typiques de cette population ?
Tenir compte des délais, des ressources et de la méthode de collecte des données envisagés.
Observer comment ?
Cette troisième question porte sur les instruments de l'observation et la collecte des données
proprement dite.
Dans l'observation, l'important n'est pas seulement de recueillir des informations qui rendent compte
du concept (via les dimensions et indicateurs), mais aussi d'obtenir ces informations sous une forme
qui permet de leur appliquer ultérieurement le traitement nécessaire à la vérification des hypothèses. Il
est donc primordial d'anticiper, c'est-à-dire de s'inquiéter, dès la conception de l'instrument
d'observation, du type d'information qu'il fournira et du type de traitement (codage éventuel), et
d'analyse qui devra et pourra être envisagé.
Le choix entre les différentes méthodes de recueil des données dépend des hypothèses de travail et
de la définition des données pertinentes qui en découlent. En outre, il est également nécessaire de
tenir compte des exigences de formation nécessaires à une mise en œuvre correcte de chaque
méthode.
Ecriture et ré-écriture
Seules les traces écrites peuvent baliser une progression conceptuelle :
* chaque évolution de la pensée est perdue s'il n'existe pas de traces écrites
* chaque ré-écriture marque une évolution dans la démarche
* les intervales de temps (et la façon dont on les rempli) entre chaque ré-écriture sont décisifs pour la
maturation de l'idée de départ - la problématique - l'hypothèse
"Bouclage" ou "Reitération"
Rechercher nécessite un ordre logique et chronologique des étapes, mais cet ordre bien qu'existant
est théorique - la réalité est plus complexe : chaque étape constitue l'autre dans les deux sens. Les
différentes étapes sont donc en interaction ce qui suppose de nombreux "retours arrière" ou
"bouclages de rétroaction", au moins jusqu’a l’élaboration de l’hypothèse et du modèle d’analyse qui
marquent un étape décisive.
La méthode est un principe organisateur que l’on se donne, une façon de faire, un ordre et une
succession d’étapes dans l'utilisation d'un ensemble de techniques et outils. Il existe différentes
méthodes soit, différentes mises en formes particulières de la démarche, adaptées aux phénomènes
ou domaines étudiés.
L’approche objectiviste : la plus courante en recherche, postule une extèriorité du chercheur par
rapport à l’objet, et consiste à confronter des hypothèses théoriques, à des données d'observation ou
d'expérimentation. (méthode hypothético déductive). Les trois actes de cette méthode, sont :
La rupture avec, les évidences, les " allants de soi ", les préjugés, les implications
personnelles (effort de distanciation).
La construction d'une représentation théorique ou modèle logique et hypothèse
(proposition), et d’instruments de recherche, ( outils de recueil de données ).
La constatation ou expérimentation soumettant la proposition à l'épreuve des faits
en mettant en oeuvre les outils construits lors de l’étape précédente.
L’approche subjectiviste : plus inductive, postule que le chercheur ne peut être à l’extèrieur de
l’objet sur lequel il travaille, et part du terrain.
Jean-Paul Jeannin
LE PARCOURS D’UNE DEMARCHE DE RECHERCHE
Jean-Paul Jeannin
J’utilise cette grille depuis 1970 ; elle m’a été enseignée dans le cadre d’une recherche
conduite par la FORS (Fondation Pour la Recherche Sociale ; revue : Recherche Sociale) ;
elle permet de travailler sur la cohérence interne d’un texte (écrit ou transcription d’un
interview non-directif) ; elle cherche à dégager les oppositions structurantes posées par le
locuteur scripteur en choisissant les termes qu’il accepte et ceux qu’il refuse.
Après la présentation de la méthode, un exercice d’application est proposée avec deux textes
un peu dépaysants ; l’ensemble des étudiants rentrent très bien dans le jeu même s’ils hésitent
ensuite à se lancer sur les interviews qu’ils réalisent. Nous leur expliquons que l’opération
n°2, la Systématique (voir ci-dessous) est utile aussi dans un entretien de face à face, une
réunion de groupe de discussion parce qu’elle permet de décoder l’ensemble des enjeux mis
sur la table et le traitement des contradictions lors de la séance d’échanges. On constate que
rien ne se perd dans un groupe : toute position est reprise à un moment ou à un autre,
confrontée, intégrée, digérée ; c’est cela le travail du groupe, l’intelligence collective.
1. LES PRINCIPES
Il s'agit de passer de la grande variété des Idées, des formules. des mots (selon la définition de
l'ITEM retenu = unité de signification qui peut être l'idée. la phrase. le mot) exprimés dans un
discours au un ensembles de discours, un CORPUS défini (articles, Interviews. réponses a des
questions ouvertes) à l'unité représentés par le titre d'un thème, et cela en passant par un
certain nombre de RUBRIQUES ou CATEGORIES, ou SOUS-THEMES.
- soit Il faut inventer. à partir de la lecture du texte. les classements, les regroupements qui
vont être intéressants pour décortiquer les textes. faire sortir toute 1’information contenue ou
toutes les significations du discours (en vue de valider une hypothèse cf. le travail sur
l'Horoscope de Laurence BARDIN)
- soit les thèmes et sous-thèmes sont déjà posés (grille d'interviews) et on va donc reprendre
chacun de ces thèmes pour analyser ce qui a été dit par les uns et les autres.
(ce qui vient en plus, en dehors des thèmes prévue, sera exploité aussi car on essaie de ne rien
perdre d'intéressant).
II - OBJECTIFS
Il est double
A. - rendre compte d’abord de ce qui a été dit (descriptif)
B. - chercher à expliquer les faits, les jugements, les aspirations qui ont été recueillies
(compréhensif et explicatif)
A. Descriptif
1) à quantifier ceux qui en ont parlé (les concernés) par rapport à tous
ceux qui ont été interrogés (les sondés)
ATTENTION : Il ne faut pas seulement compter les Idées (le contenu) mais aussi noter les
formulations, les manières dont les gens expriment l'idée.
B. Explicatif
Faire des hypothèses d'explication sur ces façons de faire, de dire, de penser. d'aspirer que l,on
vient de mettre à jour.
III. CONSEILS PRATIQUES
A - pour la mise à plat, Il faut trouver le système le plus rapide, rentable, efficace.
L'expérience nous montre que :
- en petits groupes (3 ou 4). on peut travailler ensemble. en réalisant des sortes de fiches
pour chaque thème (un secrétaire est chargé de noter au fur et a mesure ce que chacun a
recueilli sur tel thème): après on fait la synthèse et les comptages.
- en groupes plus larges, on peut préparer des grilles de thèmes (au mur ou a faire circuler) et
chacun note ce qu'il a récolté. Après quelqu'un fait les comptages et la synthèse.
Partenariat :
Que signifie pour vous le partenariat :
Avez-vous des relations de partenariat avec d’autres communes :
Les rôles internes :
Interlocuteur Nature de la relation Fréquence de la relation
Participation :
Que signifie pour vous la participation ?
………………………………………………………………………..
Qui assiste aux assemblées de conseil ? (société civile, administrations,…)
……………………………………
Est-ce que la date et l’ordre du jour des séances sont affichés au siège de la commune ?
……………………
Est-ce-que vous demandez des copies des délibérations ?
………………………………………………………
De qui recevez vous orientations et/ou des instructions ?
………………………………………………………..
A qui vous rendez compte ?
……………………………………………………………………………………….
Quels sont les acteurs intégrés/participants lors de la planification ? (plan
d’action, budget, diagnostic, priorité) :
Quel est le processus de réalisation des activités planifiées ?
…………………………………………………..
Pensez-vous impliquer les associations dans la définition de vos priorités budgétaires ?
……………………
Quelles sont les délégations avec lesquelles vous travaillez le plus souvent ?
………………………………….
Comment appréciez-vous le rôle des délégations dans le développement local ?
…………………………..
Lors de la programmation tenez-vous compte des besoins locaux ?
…………………………………………..
Les participants comprennent-ils les objectifs des plans d’action ?
…………………………………………..
Les citoyens sont-ils informés sur les activités planifiées ?
……………………………………………………..
Quels sont les mécanismes mis en place pour la participation ? (réunion des membres du
conseil, assemblées) ?
…………………………………………………………………………………………………
……
Nombre de femmes représentées au conseil communal :
………………………………………………………..
Y a-t-il une relation entre le nombre des femmes dans votre commune et leur représentation
dans le conseil communal ?
……………………………………………………………………………………………….
Y a-t-il des associations féminines dans votre commune ?
………………………………………………………
Avez-vous des données sur la situation des femmes dans votre commune ? (activités
exercées, revenu, problèmes rencontrés) ?
……………………………………………………………………………………………
Les femmes participent-elles dans la planification des activités de développement
communautaire ?……..
Processus de participation des femmes pour la prise de décision ? oui non
Si oui, comment ?
………………………………………………………………………………………..
Y a-t-il une question à laquelle vous souhaitez répondre et qui n’a pas été soulevée ?
…………………
Partenariat :
Que signifie pour vous le partenariat :
……………………………………………………………..
Avez-vous des relations de partenariat avec d’autres communes :
……………………………….
Performance :
Quelles sont les initiatives et les décisions que peut prendre le Président ?
…………………………
Que peut-il décider de lui-même et dans quelles conditions ? :
……………………………………
Avez-vous un système de suivi-évaluation du plan ?
……………………………………………………
Quelle est l’influence de l’insuffisance en formation sur le rendement de votre association ?
………
Comment percevez-vous le rôle de l’administration locale et de la commune ?
…………………………
Registre des dépenses ? Administratif ? Financier ? :
……………………………………………
Que prenez-vous en compte pour réaliser vos activités ? :
……………………………………………………………..
De quoi tenez-vous compte ? :
………………………………………………………………………
Que faites-vous ? :
…………………………………………………………………………………………
Que visez-vous ? :
………………………………………………………………………………………………
Régularité des réunions et des assemblées générales ordinaires ? :
………………………………………
Pensez-vous que les membres du bureau de l’association ont eu suffisamment de formation
pour accomplir leurs tâches ? :
………………………………………………………………………………………….
Projets réalisés propres à l’association :
……………………………………………………………………
Y a-t-il une question à laquelle vous souhaitez répondre mais n’a pas été soulevée ? :
……………………
Avez-vous un plan de développement ou un plan d’action ? oui non
Si oui, Quelle est la durée du plan ?
…………………………………………………………
Comment avez- vous pu le concevoir ? :
……………………………………………………
Qui a été associé à la conception du document ? :
……………………………………
Si non, pourquoi ? expliquez :
……………………………………………………………………
Budget de l’association :
……………………………………………………………………………
Ressources du budget :
………………………………………………………………………………………
Comment établissez-vous le budget de votre association ? :
………………………………………………
Principaux postes de dépenses de votre budget :
…………………………………………………………
Rôle du président :
…………………………………………………………………………………………
Rôle des membres du bureau :
……………………………………………………………………
Comment articulez-vous vos budgets et plans de financement de projets :
……………………………
Nombre d’emplois créés :
……………………………………………………………………………
Quels sont les acteurs que vous consultez pour définir vos priorités ?
………………………………
Les acteurs internes à l’association ? :
……………………………………………………………
Les acteurs externes à l’association ? :………………………………………………………
Comment appréciez-vous le rôle des délégations dans le développement local ?………………
Citez les performances éventuelles :……………………………………………………………
Citez les contraintes et limites :………………………………………………………………
Perspectives attendues du bureau de l’association ? :
…………………………………………………………
A quoi reconnaîtra-t-on qu’une ADL a réussi sa mission (niveau de réalisation des actions,
nombre d’emplois créés, niveau de participation)? :
………………………………………………………………
Participation :
Que signifie pour vous la participation ?
……………………………………………………………
Qui assiste aux assemblées générales ordinaires (communes rurales, administrations) ? :
…………………
Quels sont les acteurs que vous associez à la conception de votre budget ? :
………………………………
Quel rôle jouent les autres membres de l’association dans l’élaboration du budget ? :
……………
Quels sont les acteurs qui participent aux différents processus (plan d’action, budget,
diagnostic, priorité) ?……..
Nombre de femmes adhérentes :
……………………………………………………………………
Quels sont les mécanismes mis en place pour la participation (réunions des membres du
bureau, assemblées) ? …
Nombre de femmes représentées au bureau de l’association :
……………………………………………
Est-ce que les femmes participent pour élaborer des projets ? :……………………………
Y a-t-il une question à laquelle vous souhaitez répondre mais n’a pas été soulevée ? :
…………
Questionnaire pour l’Administration
Administration (délégués(Entraite Nationale, Santé, Jeunesse et sports, agriculture),
représentants locaux, autorité locale) :………………………….
Nom de la délégation:………………………………………………
Date de création de la délégation :………………………………
Date de prise de fonction de la personne enquêtée :………………………………………
Nombre de communes touchées par la délégation :………………………………………
Partenariat :
Que signifie pour vous le partenariat :
……………………………………………………………..
Performance :
Avez-vous une copie de la nouvelle charte communale ? oui non
Si oui, qui consulte cette charte :
………………………………………………………………
Etes-vous informé des changements de la nouvelle charte communale ? oui non
Si oui, par quelle procédure :……………………………………………………………
Objectifs principaux de votre délégation ? :…………………………..………………………
Quelle est la finalité de la fonction de délégué ? :…………………………………………
Avez-vous un programme ? le processus ? son état d’avancement ? :
………………………………
Comment se fait la répartition des tâches en votre administration ? :
……………………………
Que prenez-vous en compte pour réaliser vos activités ?…………………………………
De quoi tenez-vous compte ? :…………………………………………………
Que faites-vous ? :…………………………………………………
Que visez-vous ? (objectifs, résultats visés) :…………………………………………………
Qu’est-ce qui est attendu de ce poste au niveau local ? :…………………………
Quelle est la contribution spécifique de votre délégation au développement local ? :
…………………
Que fait le délégué pour accomplir les missions qui sont assignées ? :…………………………
Qui gère les ressources humaines ? :……………………………………………
Combien de temps faut-il à votre avis pour maîtriser la gestion d’une délégation comme la
votre et de quelle qualifications faut-il disposer ? :
………………………………………………………………
Quelles sont les initiatives et les décisions que peut prendre le délégué ? :
…………………………
Que peut-il décider de lui-même et dans quelles conditions ? :…………………………………
Quelles sont les décisions déléguées et à quelles conditions ?…………………………………
Avez-vous déjà bénéficié des formations durant votre travail ? : oui non
Si oui, lesquelles :………………..…………………………
Quels sont les acteurs consultés pour définir les priorités ? :………………………………
acteurs internes à la délégation :…………………………………………..…
acteurs externes à la délégation :………………………………………………
Avez-vous un système de suivi-évaluation du plan ?……………………………………
Avez-vous un plan de développement ou un plan d’action ? : oui non
Si oui, comment avez-vous pu le concevoir :…………………………
qui a été associé à la conception du document :…………………………
Si non, pourquoi ? :…………………………………………………………………
Comment est établi le budget de votre délégation ? : :
…………………………………………………………
Quels sont les acteurs associés à la conception de votre budget ?…………………………
Quel rôle jouent les fonctionnaires de la délégation dans l’élaboration du budget ? :
…………………
Quels sont les principaux postes de dépenses de votre budget ? :
………………………………………
Citez les performances ou succès éventuels :
………………………………………………………
Citez les contraintes et les limites :……………………………………………
Rôle des fonctionnaires :………………………………………………
De qui recevez-vous des instructions ? recommandations ? :……………………….
A qui rendez-vous compte ? :……………………………………………
Rôle de la délégation et des autres acteurs dans le développement ?……………………
A qui reconnaîtra-t-on que le délégué a réussi dans sa mission ?…………………………
Y a-t-il une question à laquelle vous souhaitez répondre mais n’a pas été soulevée ? :
…………………
Participation :
Que signifie pour vous la participation ?………………………………………………………
Quels sont les mécanismes mis en place pour la participation
(réunions) ? ………………………
Quels sont les acteurs qui participent aux différents processus (plan d’action, budget,
diagnostic, priorité) ? :…………………………………………
Y a-t-il une question à laquelle vous souhaitez répondre mais n’a pas été soulevée ? :
……………
« La méthode des récits de vie et sa
pertinence dans la compréhension du phénomène migratoire »
Mounir Zouiten
Faculté des Sciences Juridiques,
La méthode de récits de vie est utilisée pour recueillir toute l'information sur
les itinéraires et trajectoires des personnes enquêtées. Pour ce faire,
l'enquêteur se met alors dans une position d'écoute totale et n'intervient à
aucun moment pour orienter ses interlocuteurs. Il adopte ce qui est
communément appelé : l'attitude non-directive dans les enquêtes de terrain. On
obtient, grâce à elle, un certain nombre de récits autobiographiques qui
reflètent des itinéraires complets que l'on soumet à l'analyse pour comprendre
les catégories de phénomènes que l'on cherche à éclairer.
Les actes effectués par les individus se reflètent dans leur discours lorsqu'ils
sont interrogés par les chercheurs. Ceux-ci les extraient à partir de ce qu'il y a
de psychologique, d'affectif et d'individuel chez les personnes qu'ils écoutent et
interrogent.
En recourant aux individus pour extraire des informations sur des phénomènes,
des processus et des interactions sociales, cette approche méthodologique a
posé - et continue de poser aujourd'hui même si c'est avec beaucoup moins de
vigueur - au moins deux questions de taille : l'individuel est-il réellement
révélateur du social ? La recherche fondée sur le matériau des récits de vie
peut-elle prétendre à la représentativité ?
L'individuel révélateur du social ?
Ce principe de saturation, qui a été défini par H.S. Becker (1977) et plus tard par
D. Bertaux (1980), intervient lorsque le chercheur atteint une certaine
récurrence des thèmes dans ses entretiens. En d'autres termes, c'est lorsqu'il
apparaît, au cours de la collecte des données, qu'un nouveau récit de vie - par-
delà son intérêt intrinsèque - n'apporte plus aucune nouvelle information pour la
recherche. Ainsi le chercheur arrête d'accumuler les données à partir du
moment où celles-ci ne lui fournissent plus d'éléments nouveaux par rapport à
ceux déjà recueillis. C'est la saturation qui met donc fin à l'échantillonnage.
Il va sans dire que l'on ne peut saturer sur l'ensemble des trajectoires. La
réalité de ceux-ci est irréductible dans sa totalité à l'analyse sociologique. Mais,
on sature sur des processus qui traversent ces trajectoires de part en part à
des moments précis. Comme l'écrit Jean Peneff : « Dans les textes édités, on
ne peut pas épuiser la description des parcours individuels et des nuances dans
les trajectoires. L'essentiel est de mettre à jour des processus sous un même
angle : par exemple l'accès à l'emploi pour des ouvriers migrants vers la ville »
(1990 : 80).
L'usage de cet instrument fut plus au moins délicat car nous devions maintenir
une attitude semi-directive à l'intérieur du canevas d'entretien, celui-ci ayant
une fonction de cadre (ne pas laisser digresser le narrateur hors du champ de la
recherche) et une fonction de précision (demander l'information que le
narrateur ne fournit pas spontanément). Nous y reviendrons plus loin.
À chacune des personnes qui a accepté de participer à notre étude, nous avons
promis d'assurer la confidentialité et l'anonymat de nos entretiens.
Confidentialité, au sens où leurs propos ne seraient pas rapportés hors du cadre
de la recherche ; anonymat, au sens où le compte rendu d'analyse serait discret
en particulier sur leur nom, un indice qui pourrait contribuer à les faire
reconnaître.
Cependant, même si la règle générale que nous nous sommes donnée en ce qui
concerne le processus de la réalisation des entretiens était la conduite semi-
directive, avec certains informateurs, il était nécessaire pour nous d'être un peu
plus directifs qu'avec d'autres. Cela, parce qu'ils n'évoquaient pas spontanément
certaines questions cruciales pour la recherche. Nous avons donc été
alternativement directif et non directif, et d'un entretien à l'autre, nous avons
été amené à poser des questions précises pour compléter les informations déjà
recueillies. C'est dire que dans la situation stratégique de chaque entretien, il
s'agissait, chaque fois pour nous, d'utiliser la dynamique spontanée de
l'entretien tant en fonction de nos objectifs que de notre problématique.
Après avoir mis en exergue notre attitude de la conduite des entrevues et nos
observations par rapport à la spécificité de notre terrain d'enquête, il nous faut
maintenant rendre compte de la manière dont nous nous sommes pris pour
organiser et traiter les données qualitatives recueillies.
Une fois que notre corpus de récits de vie a été constitué, nous avons
immédiatement procédé à un travail de mise en ordre nécessaire à l'opération
ultime de l'analyse et de l'interprétation du matériel collecté. Il s'agissait pour
nous de nous organiser afin de mettre en forme une synthèse de l'information
recueillie et élaborer une "représentation" ou un "modèle" de l'objet étudié.
Cette mise en ordre a commencé tout d'abord par la transcription des récits de
vie collectés. Nous avons traduit et transcrit dans la langue française tous les
entretiens qui ont été, eux, enregistrés dans la langue arabe dialectale des
personnes enquêtées. Ces récits de vie recueillis de la bouche de nos narrateurs
ont subi, de par cette opération, quelques modifications sémantiques. Comment
pouvait-il en être autrement puisque nous sommes passés d'une parole à un texte
qui, déjà, diffère quelque peu de la parole entendue, puis avons refait un texte
sur un texte. Cela dit, nous avons essayé, au fur et à mesure, que nous
traduisions et transcrivions dans le langage de l'écriture, de rester le plus
possible fidèle aux paroles et aux significations enregistrées.
Cependant, ces récits n'ont pas été intégralement retranscrits. Nous avons opté,
comme le suggère Jean-Pierre Deslauriers, pour une «transcription partielle»
(1991:67) en ne maintenant que «les réponses modales» (Bardin, 1989: 192).
Celles-ci demeurent caractéristiques du groupe de personnes étudié et
représentatives des thèmes privilégiés pour l'analyse de la migration rurale-
urbaine. Nous avons préféré couper systématiquement les répétitions, les
hésitations et les amorces de phrases sans suite, à moins qu'elles ne soient
porteuses d'un sens qui nous était perceptible. Nous avons également écarté
toutes les phrases qui, après lecture et relecture, nous demeuraient
incompréhensives ou dont le message pouvait rester ambigu. Nous avons enfin
éliminé les questions qui n'auront chaque fois servi qu'à lancer et à relancer le
récit du narrateur. Toujours dans le but de privilégier la fidélité absolue au
contenu plutôt que le respect scrupuleux de la forme parlée, nous n'avons pas
hésité lorsque nécessaire à restructurer les récits par la réunion logique des
passages traitant d'un même sujet ou d'un même épisode, cherchant toutefois à
conserver autant que possible le déroulement chronologique de la tranche de vie
racontée. Ce travail est évidemment arbitraire par rapport au texte initial, mais
il a le mérite de garantir la cohésion et de fournir une meilleure compréhension.
Nous avons ensuite procédé à ce que J. Poirier et al. appellent une «investigation
des thèmes», c'est-à-dire «une opération de découpage du texte en unités puis
une classification de ces unités en catégories» (1983: 207). Pour ce faire, nous
avons construit un cadre thématique catégoriel à partir des modules directement
issus du canevas d'entretien. Celui-ci nous a permis de rassembler pour chacune
des catégories et des sous-catégories thématiques les fragments du discours s'y
rapportant. Ces fragments comportent une information pertinente et
représentent des indicateurs d'une dimension que la problématique de la
recherche s'est donnée pour objectif de dégager. Chaque récit de vie a donc été
relu de manière à découper le texte pour le faire entrer dans le système
catégoriel. Concrètement, nous avons réservé un espace à gauche du texte pour
les annotations et les paragraphes étaient tous numérotés afin de faciliter la
classification des thèmes. Dans chacune des catégories du canevas d'entretien,
on indiquait les numéros de paragraphes de l'entretien transcrit y correspondant
ainsi qu'un petit résumé de l'information.
Pour donner à notre démonstration un caractère plus fiable, nous avons, au-delà
de ces deux dernières démarches analytiques, catégorielle et interrogative,
procédé, dans notre processus d'interprétation, par recoupements avec d'autres
sources. Ainsi, parallèlement à notre enquête par entretiens, nous avons mené
une importante recherche documentaire sur le contexte d'immigration et ses
caractéristiques socio-démographiques et économiques. Cette investigation
documentaire sur les monographies existantes nous a permis de trianguler nos
données et nous a servi de support d'interprétation aux récits de vie recueillis.
En conclusion
Nous pouvons dire que l’utilisation de cette méthode qualitative des récits de vie
nous a permis de recueillir des informations pertinentes sur le mouvement
migratoire et mener des analyses cohérentes non seulement sur les motivations
des migrants à prendre les chemins des villes mais également sur le processus de
leur insertion urbaine.
Références bibliographiques générales
- Blanchet Alain, Ghiglione Rodolphe, Massonnat Jean et Trognon Alain (1987), Les
techniques d’enquête en sciences sociales, Paris, Bordas, 197 p.
- Coenen Pierre (1989), Méthodes et techniques de recherche en sciences sociales,
Cahier de notes, La Pocatière, Coop Crité, automne, 69 p.
- Deslauriers Jean-Pierre (1991), Recherche qualitative, Québec, Edition McGraw-
Hill, 142 p.
- Dufour Stéphane, Fortin Dominic et Hamel Jacques (1991), L’enquête de terrain en
sciences sociales : l’approche monographique et les méthodes qualitatives,
Montréal (Québec), Editions Saint Martin, 183 p.
- Loubet Del Bayle J.L. (1986), Introduction aux méthodes des sciences sociales,
Toulouse, Privat, 234 p.
- Mucchielli Roger (1988), L’analyse de contenu des documents et des
communications, 6ème éd., Paris, les Editions sociales françaises, 189 p.
- Navez-Bouchanine Françoise (1990), Enquête, mode d’emploi : Techniques
d’enquête et collecte de données dans les études socioéconomiques, Casablanca,
Editions Al Khattabi, 292 p.
- Quivy Raymond et Van Campenhoudt Luc (1988), Manuel de recherche en sciences
sociales, Paris, Dunod, 271 p.