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COURS

METHODOLOGIES EN SCIENCES SOCIALES ET HUMAINES

Références bibliographiques :

Bardin Laurence (1989), L'analyse de contenu, Éditions PUF, Juin, Paris.


Bertaux Daniel (1980), L'approche biographique: sa validité méthodologique, ses
potentialités, dans Cahiers Internationaux de Sociologie, Vol. LXIX, pp. 197-225.
Bertaux Daniel (1986), Fonctions diverses des récits dans le processus de
recherche, dans Les récits de vie, théorie, méthode et trajectoires types, sous
la dir. de D. Desmarais et P. Grell, Éds. Saint-Martin de Montréal, pp. 21-34.
Bertaux Daniel (1989), Les récits de vie comme forme d'expression, comme
approche et comme mouvement, dans Histoires de vie, sous la dir. de Pineau G. et
Jobert G., Éd. l'Harmattan, Paris, pp. 17- 38.
Chalifoux, J.J. (1984), Les histoires de vie, B. Gauthier (éd.), Recherche
sociale: de la problématique à la collecte des données, Sillery: PUQ, pp. 277-291.
Deslauriers J.P. (1991), Recherche qualitative. Guide pratique, Eds. Mc Graw-
Hill, Collection Thema, Montréal, Toronto, New-York, Québec.
Ferrarotti, F. (1980), Les biographies comme instrument analytique et
interprétatif, dans Cahiers Internationaux de Sociologie, Vol. LXIX, pp. 227-
248.
Ferrarotti, F. (1983), Histoire et histoires de vie: la méthode biographique
dans les sciences sociales, Éd. Librairie des Méridiens, Paris
Legall Didier (1988), Les récits de la vie: approcher le social par le pratique,
dans Les méthodes de la recherche qualitative, sous la direction de J.P.
Deslauriers, PUQ, pp. 35-48.
Le Grand J.L. (1988), Histoire de vie de groupe. À la recherche d'une "lucidité
méthodologique", dans Sociétés, Revue des Sciences Humaines et Sociales, n°18,
Mai, Éd. Masson, Paris, Milan, Barcelone, Mexico, pp.3-4.
Peneff Jean (1990), La méthode biographique. De l'école de Chicago à l'histoire
orale, Éd. Armand Colin, collection U sociologie, Paris.
Poirier J., Clapier-Valladon S., Raybaut P. (1983), Les récits de vie: théorie
et pratique, Éd. PUF, Paris.
La situation d'enquête et ses effets
Pierre Bourdieu

La situation d’enquête, notamment l’entretien, qui met en relation un chercheur et ses


questions avec une personne (l’enquêté) dans les réponses de laquelle des informations sont
recherchées, produit sur cette personne des effets artificiels empêchant l’objectivité et la
représentativité de ces informations. Il s’agit alors pour le chercheur, par son savoir sur la
personne interrogée comme sur les effets de la situation d’enquête, d’adapter au mieux celle-
ci afin de la rendre la plus facile et la plus sensée pour la personne interrogée. C’est ce que
propose le sociologue français Pierre Bourdieu dans le texte suivant.

Extrait de: Pierre BOURDIEU, (sous la direction de), La misère du Monde.


Paris, Éditions du Seuil, collection Points, 1993.

Si la relation d'enquête se distingue de la plupart des échanges de l'existence ordinaire en ce


qu'elle se donne des fins de pure connaissance, elle reste, quoi qu'on fasse, une relation sociale
qui exerce des effets (variables selon les différents paramètres qui peuvent l'affecter) sur les
résultats obtenus. Sans doute l'interrogation scientifique exclut-elle par définition l'intention
d'exercer une forme quelconque de violence symbolique capable d'affecter les réponses; il
reste qu'on ne peut pas se fier, en ces matières, à la seule bonne volonté, parce que toutes
sortes de distorsions sont inscrites dans la structure même de la relation d'enquête. Ces
distorsions, il s'agit de les connaître et de les maîtriser; et cela dans l'accomplissement même
d'une pratique qui peut être réfléchie et méthodique, sans être l'application d'une méthode ou
la mise en œuvre d'une réflexion théorique.

Seule la réflexivité, qui est synonyme de méthode, mais une réflexivité réflexe, fondée sur un
« métier », un «œil» sociologique, permet de percevoir et de contrôler sur-le-champ, dans la
conduite même de l'entretien, les effets de la structure sociale dans laquelle il s'accomplit.
Comment prétendre faire la science des présupposés, sans travailler à se donner une science
de ses propres présupposés? Notamment en s'efforçant de faire un usage réflexif des acquis de
la science sociale pour contrôler les effets de l'enquête elle-même et s'engager dans
l'interrogation en maîtrisant les effets inévitables de l'interrogation.

Le rêve positiviste d'une parfaite innocence épistémologique masque en effet que la différence
n'est pas entre la science qui opère une construction et celle qui ne le fait pas, mais entre celle
qui le fait sans le savoir et celle qui, le sachant, s'efforce de connaître et de maîtriser aussi
complètement que possible ses actes, inévitables, de construction et les effets qu'ils produisent
tout aussi inévitablement.

Essayer de savoir ce que l'on fait, lorsqu'on instaure une relation d'entretien, c'est d'abord
tenter de connaître les effets que l'on peut produire sans le savoir par cette sorte d'intrusion
toujours un peu arbitraire qui est au principe de l'échange (notamment par la manière de se
présenter et de présenter l'enquête, par les encouragements accordés ou refusés, etc.); c'est
essayer de porter au jour la représentation que l'enquêté se fait de la situation, de l'enquête en
général, de la relation particulière dans laquelle elle s'instaure, des fins qu'elle poursuit, et
d'expliciter les raisons qui le poussent à accepter d'entrer dans l'échange. C'est en effet à
condition de mesurer l'ampleur et la nature du décalage entre l'objet de l'enquête tel qu'il est
perçu et interprété par l'enquêté, et l'objet que l'enquêteur lui assigne, que celui-ci peut essayer
de réduire les distorsions qui en résultent, ou, du moins, de comprendre ce qui peut être dit et
ce qui ne le peut pas, les censures qui empêchent de dire certaines choses et les incitations qui
encouragent à en accentuer d'autres.

C'est l'enquêteur qui engage le jeu et institue la règle du jeu; c'est lui qui, le plus souvent,
assigne à l'entretien, de manière unilatérale et sans négociation préalable, des objectifs et des
usages parfois mal déterminés, au moins pour l'enquêté. Cette dissymétrie est redoublée par
une dissymétrie sociale toutes les fois que l'enquêteur occupe une position supérieure à
l'enquêté dans la hiérarchie des différentes espèces de capital, du capital culturel notamment.
Le marché des biens linguistiques et symboliques qui s'institue à l'occasion de l'entretien varie
dans sa structure selon la relation objective entre l'enquêteur et l'enquêté ou, ce qui revient au
même, entre les capitaux de toutes espèces, et en particulier linguistiques, dont ils sont dotés.

(…) Lorsque rien ne vient neutraliser ou suspendre les effets sociaux de la dissymétrie liée à
la distance sociale, on ne peut espérer obtenir des propos aussi peu marqués que possible par
les effets de la situation d'enquête qu'au prix d'un travail incessant de construction.
Paradoxalement, ce travail est destiné à rester d'autant plus invisible qu'il sera plus réussi et
qu'il conduira à un échange doté de toutes les apparences du «naturel» (entendu comme ce qui
advient d'ordinaire dans les échanges ordinaires de l'existence quotidienne).

Le sociologue peut obtenir de l'enquêté le plus éloigné de lui socialement qu'il se sente
légitimé à être ce qu'il est s'il sait lui manifester, par le ton et surtout par le contenu de ses
questions, que, sans feindre d’annuler la distance sociale qui le sépare de lui (à la différence
de la vision populiste, qui a pour point aveugle son propre point de vue), il est capable de se
mettre à sa place en pensée.

Tenter de se situer en pensée à la place que l'enquêté occupe dans l'espace social pour le
nécessiter en l'interrogeant à partir de ce point et pour (en) prendre en quelque sorte son parti
(au sens où Francis Ponge parlait de « parti pris des choses»), ce n'est pas opérer la «
projection de soi en autrui» dont parlent les phénoménologues. C'est se donner une
compréhension générique et génétique de ce qu'il est, fondée sur la maîtrise (théorique ou
pratique) des conditions sociales dont il est le produit: maîtrise des conditions d'existence et
des mécanismes sociaux dont les effets s'exercent sur l'ensemble de la catégorie dont il fait
partie (celle des lycéens, des ouvriers qualifiés, des magistrats, etc.) et maîtrise des
conditionnements inséparablement psychiques et sociaux associés à sa position et à sa
trajectoire particulières dans l'espace social. Contre la vieille distinction diltheyenne, il faut
poser que comprendre et expliquer ne font qu'un.

Cette compréhension ne se réduit pas à un état d'âme bienveillant. Elle s'exerce dans la
manière, à la fois intelligible, rassurante et engageante de présenter l'entretien et de le
conduire, de faire en sorte que l'interrogation et la situation même aient un sens pour
l'enquêté, et aussi et surtout dans la problématique proposée: celle-ci, comme les réponses
probables qu'elle appelle, se déduit d'une représentation vérifiée des conditions dans
lesquelles l'enquêté est placé et de celles dont il est le produit. C'est dire que l'enquêteur n'a
quelques chances d'être véritablement à la hauteur de son objet que s'il possède à son propos
un immense savoir, acquis, parfois, tout au long d'une vie de recherche et aussi, plus
directement, au cours des entretiens antérieurs avec l'enquêté lui-même ou avec des
informateurs. La plupart des entretiens publiés représentent un moment, sans doute privilégié,
dans une longue suite d'échanges, et n'ont rien de commun avec les rencontres ponctuelles,
arbitraires et occasionnelles, des enquêtes réalisées à la va-vite par des enquêteurs dépourvus
de toute compétence spécifique.

Méthodologie en Sciences Sociales


Recherche documentaire : méthodes et astuces pour gagner du temps et
être plus efficace
Guy Breton

La recherche documentaire a plutôt mauvaise réputation. On la considère souvent comme une étape
longue et fastidieuse dans la rédaction d'un ouvrage. Ceci est aujourd'hui plus vrai que jamais avec la
venue des nouvelles technologies de l'information, le Web etc... Il y a de quoi y perdre son latin... Mais
qu'à cela ne tienne, avec un peu de méthode et quelques trucs, on peut arriver à de bons résultats.
Peu importe la complexité de votre document, les principes que je vais exposer s'appliquent de la
même façon. Alors, mettons-nous au travail !

Méthodes et outils

Le point de départ et probablement le point le plus important est le sujet de votre travail. S'il n'est pas
bien délimité et défini, vous perdrez beaucoup de temps. Un sujet trop pointu, trop délimité ne donnera
presque pas de résultats tandis qu'à l'inverse un sujet trop général vous donnera une quantité
impressionnante de possibilités parmi lesquelles vous aurez du mal à vous retrouver. Un exemple à
l'appui : disons que vous désirez écrire un texte sur les problèmes d'alcoolisme chez les jeunes
garçons de 11 et 12 ans chez les autochtones de la réserve de Betsiamites en 1989. Avec un sujet
pareil, vous risquez fort de n'avoir que peu de références. Par contre si vous y alliez plutôt avec les
problèmes de toxicomanie chez les adolescents dans les réserves autochtones du Québec depuis les
années 80, vous couvriez le même thème et auriez sûrement de meilleurs résultats. La comparaison
est bien entendue extrême mais je crois qu'elle illustre bien mon propos. Avant de commencer votre
recherche, si vous avez de la difficulté à préciser votre sujet, parlez-en avec un professeur ou un
chercheur qui connaît bien le domaine, ils pourront vous donner un coup de main.

Une fois que le sujet est déterminé, par où commence-t-on ? La première démarche est de vous
rendre dans une bibliothèque. Qu'elle soit publique, nationale, d'enseignement ou de recherche, elle
regorge d'informations. Reste à savoir comment les trouver... D'abord, il vous faudra consulter le
catalogue de la bibliothèque. De nos jours la plupart ont un catalogue informatisé en ligne. Je vous
suggère d'utiliser la recherche par mots-clés (sujets). Celle-ci est très flexible car elle vous permet de
combiner différents mots avec les opérateurs booléens (et, ou, sauf). Si nous reprenons notre
exemple, voilà ce que cela pourrait nous donner : adolescents et autochtones et toxicomanies et
Quebec (Province). Selon le résultat obtenu à cette première tentative, réajustez votre tir soit en
précisant davantage ou l'inverse selon le cas. Une fois que cela est fait, prenez en note la cote des
documents c'est-à-dire le numéro de classement qui leur a été attribué. En jugeant par le titre, notez
les vedettes - matières (sujets) des ouvrages qui vous semblent les plus pertinents et réinterrogez de
nouveau. Vous pourrez peut-être ainsi repérer des ouvrages qui vous auraient échappé. Faites de
même avec les auteurs.

Il vous faut maintenant trouver les ouvrages sur les rayons. Normalement ils devraient être situés
sensiblement au même endroit. Profitez-en pour jeter un coup d'œil sur les autres documents
localisés près des vôtres, ils pourraient être intéressants. Une fois que vous les avez en main,
feuilletez-les pour vous assurer qu'ils correspondent bien à votre sujet.
Ensuite, à l'aide de la bibliographie de vos meilleurs résultats, vérifiez si votre bibliothèque possède
les volumes ou articles qui vous semblent pertinents. Pour les articles de périodiques, interrogez le
catalogue au titre de la revue et non au titre de l'article. Reste ensuite à vous assurer que la
bibliothèque possède bien l'année et le numéro du périodique dans lequel l'article a été publié.

Voilà vous avez en main une certaine quantité d'informations qui constitue la base de votre recherche.
Où chercher ensuite ? Les articles de journaux peuvent s'avérer très intéressants. Pour accéder à
cette information, il vous faudra utiliser les index de journaux. Pour cela, adressez-vous au personnel
d'information et de renseignements de votre bibliothèque qui se fera un plaisir de vous indiquer quels
sont ces index. D'ailleurs, peu importe les difficultés que vous rencontrerez dans vos démarches,
n'hésitez pas à faire appel à leurs services. Ce sont des spécialistes dans le domaine et de plus ils
connaissent très bien leur collection. La recherche dans ces index se fait par auteur, titre ou sujet.
Notez les références précises des articles qui vous intéressent. Vérifiez ensuite si ces journaux se
trouvent en bibliothèque.

Une autre possibilité s'offre à vous : le Web. En effet, il contient une source quasi infinie
d'informations. Par contre, compte tenu de l'absence de structure ou d'organisation de l'information, je
ne vous le recommande pas sauf en dernier recours car cela entraînerait une perte de temps
considérable. Une interrogation sur le Web ne vous donnerait comme résultat que l'occurrence des
termes utilisés sans tenir compte de la combinaison de ceux-ci. Reprenons notre exemple, si vous
tapiez les problèmes de toxicomanie chez les adolescents des réserves autochtones du Québec, le
moteur de recherche utilisé ne fera que chercher sur quels sites on retrouve ces mots mais sans les
regrouper. Ce qui vous donnera des références sur les autochtones mais pas seulement ceux du
Québec. Même chose pour chacun des termes. Il vous faudrait les consulter toutes, une à la fois, pour
peut-être en trouver quelques-unes qui seraient vraiment pertinentes. Par contre, le web peut s'avérer
utile pour des compléments d'informations par exemple pour obtenir des informations sur un auteur
important en particulier. Je vous propose plutôt de travailler avec les banques de données
spécialisées. Elles regroupent autant les volumes, les articles de périodiques, de journaux, compte-
rendus de conférences, colloques, thèses, etc.. De plus, l'interrogation se fait par mots-clés alors cela
vous facilitera la tâche et les résultats seront beaucoup plus intéressants. Si vous n'êtes pas familiers
avec cet outil, demandez de l'aide. Pour savoir quelles sont les banques de données dans votre
domaine, je vous donne le titre d'un répertoire qui en dénombre plusieurs mais vous pouvez aussi
demander au personnel de votre bibliothèque :

Une fois que vous aurez noté les références, vous devrez encore une fois vérifier si ces banques de
données existent dans votre bibliothèque. Si au cours de vos recherches les documents que vous
avez identifiés ne se trouvent pas sur place, il existe une alternative. En effet, compte tenu des
restrictions budgétaires connues ces dernières années, l'augmentation des coûts de la documentation
et la quantité toujours plus grande de celle-ci, le taux de change des monnaies etc., les bibliothèques
ne peuvent pas suffire à combler tous les besoins de leur clientèle. Pour pallier cette lacune,
beaucoup de bibliothèques ont maintenant un service de prêt entre bibliothèques. Ce service a pour
mission de trouver dans d'autres institutions, les ouvrages requis par leurs usagers. Pour se faire, ils
utilisent des banques de données spécialisées qui regroupent les catalogues de centaines de
bibliothèques de votre pays et même d'un peu partout dans le monde. Entre ces bibliothèques il existe
des règlements qui régissent le prêt ou l'emprunt. Toutefois vous devrez d'abord vérifier si vous
pouvez utiliser ce service car certaines bibliothèques en restreignent l'utilisation à certaines catégories
de leurs usagers. Aussi vous devrez être prévoyant et débuter tôt votre recherche car si vous deviez
faire appel au prêt entre bibliothèques vous auriez un délai pour le temps de la recherche et le temps
de livraison du ou des documents.

Conclusion

Voilà ! Le tour est joué. Une fois ces étapes complétées, vous aurez couvert de façon très
satisfaisante la documentation relative à votre sujet. Comme vous avez pu le constater, avec de la
méthode et quelques efforts, on peut arriver à de bons résultats. Bien entendu, le résultat de votre
recherche sera influencé par les outils que vous aurez à votre disposition. Toutefois, peu importe où
vous effectuerez vos recherches, en procédant de cette façon, vous obtiendrez toujours de bons
résultats. On pourrait résumer en disant qu'une recherche documentaire efficace repose sur trois
éléments essentiels : un sujet bien défini, une méthode rigoureuse et le choix de bons outils.
Les étapes d'une recherche : une vue d'ensemble

(1) Poser des constats issus d'observations empiriques et d'un centre


d'intérêt

(3) Mettre en oeuvre


un programme de
2) Choisir un objet d'étude lectures

2 bis) Circonscrire l'objet de


recherche en posant une (3bis) procéder à
question précise des entretiens non
directifs

(4) Elaborer une


problématique

et des hypothèses

(6) Recueillir des


données de manière
(5) Construire systématique, et les
l'outil de traiter
recherche

(7) Interpréter les


résultats et écrire
l'analyse
Recherche en sciences sociales : la démarche
Jean-Paul Jeannin

Il importe avant de commencer quoi que ce soit, de clarifier sa propre situation de chercheur :
quel est le cadre de la recherche ?
dans quel type de validation se situe-t-elle ? (spécialisée? généraliste ? fin de formation [Travail social
- paramédical ]...?
Quel peut-être le but de la recherche en référence au cadre dans lequel est inscrit l’étudiant
chercheur?

Le début d'une recherche en sciences sociales

Une recherche part le plus souvent de quelque chose : un constat, une observation empirique, une
intuition, un intérêt personnel, parfois un présupposé, voire un a priori... Nous avons donc tous une
réponse avant même de rechercher et souvent elle n'est pas consciente. Le premier travail est de la
rendre consciente et de formuler le questionnement implicite qui la soutend, pour qu'elle ne fausse
pas la démarche, à notre insu.

Tout commence avec le choix du thème de la recherche, et si possible le sujet (délimitation du


champ de recherche).

Une recherche est donc une démarche en entonnoir :


La logique de recherche

Elle consiste en général à confirmer ou infirmer une hypothèse principale, expliquer de plus près les
raisons, les mécanismes, les causes, en référence aux hypothèses secondaires formulées qui
constituent les pistes que la démarche emprunte. La démarche est l'ensemble des moyens, des outils
d'analyse mis en place en lien avec la problématique.

Bien souvent la conclusion d'une recherche entraîne de nouvelles questions, donc de nouvelles
hypothèses. La recherche consiste alors en une chaîne de séquences de recherche.

Pour ne pas se perdre au cours d'une recherche, il faut ne pas chercher à vérifier quelque chose non
prévu dans les hypothèses. Ne pas changer de plan d'analyse en cours d'étude, c'est-à-dire se méfier
par exemple du passage en cours de recherche d'un plan sociologique à un plan psychologique ou
moral. L'hypothèse est inductive: à partir d'une observation on émet une loi générale qu'on se propose
de vérifier. La démarche est autant que possible déductive ; elle peut être aussi inductive en
multipliant les observations.

La démarche fait appel selon les cas à :

- une observation systématique: observer un phénomène sur lequel on n'a aucune prise, selon des
critères d'observation définis à l'avance ;

- une récolte de données au moyen d'entretiens, de questionnaires, etc.

- une expérimentation qui revient à créer le phénomène, le provoquer, le maîtriser pour mieux en
étudier les mécanismes, mais cela est rare en sciences sociales.

Dans le cas d'une démarche expérimentale, on essaie de mettre en relation des variables sous forme
de tableaux croisés. Mais il est quelquefois difficile d'attribuer des valeurs à certaines variables (ex:
niveau culturel, opinion sur certains problèmes...). Il est alors nécessaire de trouver des indicateurs,
c'est-à-dire un aspect d'une variable qu'il est possible d'évaluer et qui la représentera.
Le choix de l'objet de recherche
Jean-Paul Jeannin

Le but d'une recherche en sciences sociales

Pour les professionnels de la recherche, il s’agira de produire une connaissance scientifique


(éléments nouveaux faisant progresser la discipline)
Pour des étudiants en formation, il suffira de :

- Faire le point d'une situation, l’analyser (démonter l’objet, trier, classer ...)
- Eclairer et comprendre le sens d’un événement, d'une conduite sociale ;
- Saisir plus finement les logiques de fonctionnement d'une organisation ;
- Réfléchir avec justesse aux conséquences d'une décision politique
- Elucider, comment des personnes ou des groupes perçoivent un problème (mise à jour des
systèmes de représentations) etc...

Cependant, la rencontre “chercheur / objet de recherche” est toujours une histoire singulière ; elle
s’inscrit dans les choix profonds du premier, ses expériences, ses engagements... De nombreux
soucis seraient évités si les candidats chercheurs s’interrogeaient plus longtemps sur leurs
motivations à choisir tel ou tel thème. On ne choisit jamais un thème par hasard ; cependant, il faut
comprendre qu’une recherche, si elle commence bien avec une observation personnelle, une intuition,
voire une conviction, doit prendre ensuite de la hauteur, du recul, de la distance...

Combien de recherches en travail social tournent en rond par ce que le chercheur a commencé avec
une “réponse à priori” (à un problème non posé), toute la recherche consistant ensuite à “habiller”
cette conviction et a démontrer qu’elle est juste.

Il est donc prudent d’interroger le choix d’objet de recherche dès le début sur deux axes : les
caractéristiques du chercheur et les spécificités de l'objet d'étude. Mais c'est essentiellement la
relation entre les deux qui peut se révéler source de difficultés. Il s’agira de répondre de manière
explicite et authentique à deux séries de questions : l’une portant sur les caractéristiques de l'objet
d'étude ; l’autre concernant les caractéristiques du chercheur (ou du groupe de recherche).

Les questions à se poser pour l’objet de recherche :

- Quelle est l’ampleur de l’objet ?


- Quelle est sa situation dans le champ des connaissances ?
- Quelle est la signification sociale de l’objet ?
- Quel est le moment social de la recherche ?
- Quelles difficultés de traitement de l’objet peut on prévoir ?
Les questions à se poser pour le chercheur ou le groupe de recherche :

- Quel type d’intérêt est porté à l’objet ? (Implication - objectif implicite...)


- Quelles sont les capacités du chercheur pour traiter cet objet ? (Compétences)
- Quelle est la position sociale du chercheur ?
- De quelles ressources dispose-t-il pour étudier l’objet ? (Temps - moyens de déplacement, budget,
matériel informatique - accès à des sources de données...)
Le questionnement de départ
Jean-Paul Jeannin

Toute recherche en sciences sociales commence donc par des constats ou une intuition (dont il faut
savoir se distancier), ensuite il s’agit d'énoncer l’objectif de la recherche sous la forme d'une question
de départ.

Cette question se trouve imbriquée dans un grand nombre de questions parmi lesquelles il faut faire
un tri.

Par cette question, le chercheur tente d'exprimer le plus exactement possible ce qu'il cherche à savoir,
à élucider, à mieux comprendre. La question de départ est le fil rouge de la recherche.

Pour remplir correctement sa fonction, la question de départ doit avoir un certain nombre de qualités
de clarté, de faisabilité et de pertinence :

• Les qualités de clarté : précise - concise et univoque;

• Les qualités de faisabilité : réaliste ;

• Les qualités de pertinence : vraie question

Par ailleurs l'étude devra se fonder sur ce qui existe, (et non sur un idéal qui devrait exister), l’intention
étant de comprendre ou expliquer le phénomène dans une optique non moralisatrice ou
philosophique.

Dans les mémoires de fin d’études de formation professionnelle (notamment D.E.) dans lesquels il est
demandé un projet professionnel, il est essentiel de distinguer les questions de type “comment faire
pour...” (qui orientent vers une hypothèse d’action ou résolutive), des questions du type “comment
cela fonctionne...” et “pourquoi est-ce ainsi...” (qui orientent vers une hypothèse de recherche
compréhensive ou explicative).

Tout sujet de recherche destiné à éclairer l’action (diagnostic, recherche préalable au projet
professionnel...), devra commencer d’abord par un questionnement explicatif (pourquoi), et aborder
seulement le résolutif en deuxième lieu.

Au départ de toute recherche, il y aura donc toujours une question :

Le racisme est-il plus fort dans certaines catégories sociales que dans d'autres ?
Est-il différent selon l'âge ?
Les enfants des villes ont-ils un vocabulaire plus étendu que ceux des campagnes ?
Existe-t-il un rapport entre le niveau scolaire des parents et celui de leurs enfants ?
Un alcoolo dépendant est-il accessible à la notion de contrat ?

La question permet de définir le thème, l'objet d'étude, le champ d'analyse :

Psychologique : relation propre à un individu, analyse d'attitudes, d'aptitudes, de perceptions


Sociologique : phénomènes relatifs aux groupes humains, sociétés
Anthropologique : phénomènes observés dans certaines ethnies, certaines civilisations

Exemples de questions de départ célèbres :

L'égalité des chances devant l'enseignement a-t-elle tendance à décroître dans les sociétés
industrielles ?
Quelle est l’incidence de l’inégalité des chances devant l'enseignement sur la mobilité sociale ?
Raymond Boudon : “L'inégalité des chances ; la mobilité sociale dans les sociétés industrielles"
A. Colin Éditeur, Collection U. Paris, 1973).
La lutte étudiante n’est-elle qu'une agitation où se manifeste la crise de l’Université, ou porte-t-elle un
mouvement social capable de lutter au nom d 'objectifs généraux contre une domination sociale ?
Alain Touraine, F. Dubet, Z. Hégedus, M. Wieviorka
“Lutte étudiante”, Éditions du Seuil, Paris, 1978.

Une question de départ présente


3 critères Clarté - Faisabilité - Pertinence
et 6 qualités
1. Précise (ni vague, ni confuse)
2. Concise (pas trop longue)
3. Univoque (ni embrouillée, ni "à tiroirs")
4. Réaliste (en rapport avec les moyens)
5. 5. Explicative (permettant de comprendre)
6. Travaillable (possibilité d'y apporter une réponse)

Travail du questionnement de départ

Commencer un travail de recherche en sciences sociale, impose cette première étape. Peu importe
qu’on lui consacre une heure, une journée ou une semaine, pourvu qu’elle se fasse avec l'aide critique
de collègues, d'amis, d'enseignants. Retravailler son questionnement de départ jusqu'à obtenir une
formulation satisfaisante et correcte, est indispensable. Le résultat de ce travail n'occupera sans doute
qu’une ou deux feuilles de papier mais il constituera le véritable point de départ de la recherche.

Procédure à suivre

1. Si la recherche est une commande (école, fin de formation), et que vous n’avez aucune idée
de départ

Définissez le thème et lisez un ou deux ouvrages sur celui-ci (ouvrages de synthèse ou mieux articles
de synthèse)
Repérez les zones de tension ou de contradiction
Consultez des professionnels du sujet

2. Si vous commencez avec une intuition ou des constats de terrain ou si vous avez terminé le
point n° 1

Listez toutes les questions qui se posent à vous et classez les en trois catégories :

- questions simples dont les réponses se trouvent quelque part sur le terrain - questions théoriques
générales
- questions complexes dont personne ne possède la réponse a priori Votre question de départ se
trouve probablement dans la troisième liste.

3. Formulez un projet de question de départ

- testez cette question de départ auprès de votre entourage, de votre formateur guideur, et
professionnels concernés, pour vérifier ses qualités de clarté, de précision, et qu'elle est comprise de
la même manière par tout le monde,

- vérifiez si elle possède également les autres qualités et critères énoncés ci-dessus, reformulez-la en
tenant compte des remarques qui vous ont été faites.
L'exploration : lectures et entretiens exploratoires
Jean-Paul Jeannin

Le projet de recherche est donc momentanément orienté par un questionnement de départ, il s'agit
maintenant de se décentrer de la vision initiale (forcément limitée).

Un recueil d'information sur l'objet étudié va permettre de trouver différentes manières de l'aborder,
avec ses multiples dimensions.

L’exploration va ainsi permettre d’ouvrir les contenus du champs de travail, grâce à deux approches
souvent menées en parallèle : d'une part un premier niveau de lecture et de recherche documentaire,
et d'autre part des entretiens non directifs ou d'autres méthodes d’investigation sur le terrain (on
pourrait parler de pré-enquête pour cette phase exploratoire).

Les lectures

Les lectures préparatoires servent d'abord à s'informer des recherches déjà menées sur le thème du
travail et à situer la nouvelle contribution envisagée par rapport à elles. Grâce à ses lectures, le
chercheur pourra en outre mettre en évidence la perspective qui lui paraît la plus pertinente pour
aborder son objet de recherche.

Le choix des lectures demande à être fait en fonction de critères précis :

• Liens avec le questionnement de départ


• Dimension raisonnable du programme de lecture
• Éléments d'analyse et d'interprétation
• Aproches diversifiées (disciplinaire, par supports : ouvrages, revues, internet...)
• Temps disponible pour la réflexion personnelle, les échanges de vues, l’écriture.

De plus, la lecture proprement dite doit être effectuée à l'aide d'une grille de lecture appropriée aux
objectifs poursuivis. Enfin, des résumés correctement structurés, sous forme de fiches de lecture,
permettront de dégager les idées essentielles des textes étudiés et de les comparer entre eux.

Les entretiens exploratoires

Les entretiens exploratoires complètent concrètement les lectures ; ils permettent au chercheur de
prendre conscience d'aspects de la question, absents de sa propre expérience et de ses lectures.
Pourtant, ils ne peuvent remplir cette fonction que s'ils sont peu directifs car l'objectif ne consiste pas à
valider les idées préconçues du chercheur, mais bien à en construire de nouvelles fidèles à la réalité
du terrain.

Les fondements de la méthode sont à rechercher dans les principes de la non-directivité de Carl
Rogers, mais adaptés en fonction d'une application dans les sciences sociales. Trois types
d'interlocuteurs intéressent ici le chercheur : les spécialistes scientifiques de l'objet étudié (chercheurs
- enseignants), les témoins privilégiés (professionnels - associatifs...), et les personnes directement
concernées (public - usagers - bénéficiaires...).

Attitudes à adopter au cours d’un entretien exploratoire

• poser le moins de questions possible


• intervenir de manière aussi ouverte que possible
• s'abstenir de s'impliquer soi-même dans le contenu
• veiller à ce que l'entretien se déroule dans un environnement adéquat
• enregistrer les entretiens. En cas de prise de notes, prévoir un temps de travail aussitôt après
l’entretien, pour mettre les notes en forme (trier, classer les idées), et les compléter de mémoire
éventuellement.

L'exploitation des entretiens est double

D'une part, le discours entendu sera utilisé directement en tant que source d'information ; d'autre part,
son interprétation en tant que processus doit rendre compte de ce que l'interlocuteur exprime sur lui-
même sans que cela lui soit toujours perceptible. Les entretiens exploratoires sont souvent mis en
œuvre en même temps que d'autres méthodes complémentaires, telles que l'observation et l'analyse
de certains documents (compte-rendus - rapports...). Au terme de la phase exploratoire, le chercheur
est souvent amené à reformuler sa question de départ en tenant compte des enseignements de ses
lectures et des entretiens.

Reformulation de la question de départ

Il s’agit de confronter la question de départ aux informations recueillies au cours de la phase


exploratoire et de l'adapter éventuellement au développement de la réflexion issue des apports de
celle-ci. Cette restructuration de la question de départ se conçoit en trois temps :

1. dans sa formulation actuelle la question de départ traduit-elle l’objectif de recherche clarifié par les
informations du travail exploratoire ?

2. reste-t-elle le fil conducteur de la démarche ? Si oui, pourquoi ? Si non, pourquoi ?

3. en cas de réponse négative à l’une des deux premières questions, la question de départ doit être
modifiée ou reformulée entièrement.

La nouvelle question devra répondre positivement aux deux premières interrogations. S'il est
important qu'elle traduise aussi justement que possible l’objectif de recherche, elle n'en doit pas moins
conserver les qualités qui la rendent opérationnelle. Il est donc inutile de tenter d’y exprimer toutes les
nuances nécessaires pour préciser le sujet. Une question de départ trop développée, commence en
fait à traiter certains aspects de la problématique... ou tente d’apporter la réponse avant même
d’effectuer la recherche.
La problématique
Jean-Paul Jeannin

Dans une situation complexe il n’y a jamais de réponse directe à la question posée. Il y aura un “vide”
entre les données recueillies lors des premières lectures (les composantes de ce type de situation en
général) et la question finale à laquelle doit répondre provisoirement “l’Hypothèse”. Ce vide il faudra le
remplir en utilisant toutes les connaissances acquises (constats, observations, réflexion...), les
données concrètes recueillies lors de “l’Exploration” et notre réflexion créatrice, le tout mis en forme
dans un raisonnement logique argumenté et justifié par des références théoriques.

En bref la “Problématique” est un construit de l’ensemble des réponses aux questions que l’on doit se
poser à partir de l’énoncé de base de la situation problème, en vue de proposer une réponse
provisoire (“l’Hypothèse”), qui sera infirmée ou confirmée par “l’Observation” ou “Expérimentation”
(soit la vérification de la validité de la proposition, avec un outil d’investigation : “Questionnaire” -
“Entretiens” ou autres...). Le vide entre les données de base et “l’Hypothèse” doit être rempli à partir
de questions intermédiaires à inventer et dont les réponses progressives permettent de relier les
“deux bouts” de la situation problème.

En bref, l'ensemble thème, objet d'étude, champs d'analyse, théorie de référence, constitue la
problématique. Pour certains auteurs la problématique est la manière d’argumenter et de poser la
question, pour d’autres elle est plutôt le projet de traitement de la question. Quoi qu’il en soit, toute
problématique se termine par une question, et l’hypothèse constitue la réponse (provisoire), à cette
question.

Concevoir une problématique se fait donc en trois temps :

• Premier temps : il convient de faire d'abord le point sur le problème tel qu'il est posé par les
constats de terrain, le questionnement de départ enrichi par la recherche documentaire (lectures) et
les entretiens de la phase exploratoire.

Concrètement, cela consiste, d'une part, à repérer et à décrire les différents aspects ou dimensions du
problème (sociologiques, psychologiques, économiques, politiques, institutionnelles, juridiques...etc et,
d'autre part, à prendre en compte le vécu du problème par les principaux protagonistes : population,
professionnels, hiérarchies, institutions...etc.

Il s’agira ensuite de montrer les liens et oppositions qui existent entre ces aspects ou dimensions et
points de vue d’acteurs. Enfin il faut replacer l’ensemble dans la perspective de diverses approches se
rattachant implicitement ou explicitement à des systèmes théoriques qui pourraient servir de cadre à
autant de problématiques.

• Dans un deuxième temps : il s'agit soit d'inscrire son travail dans un des cadres théoriques
exposés, soit de concevoir un nouveau modèle. L’étudiant aura souvent intérêt à se référer à un cadre
théorique existant. Ce choix se fait en tenant compte des convergences apparaissant entre le cadre
théorique, la question de départ et les autres informations retirées de la phase exploratoire. C'est à la
lumière de la problématique retenue que la question de départ prend un sens particulier et précis.
Lorsque celle-ci n'a pas été bien précisée antérieurement, le choix d'une problématique est aussi
l'occasion de reformuler la question de départ en référence à un cadre théorique particulier et de la
rendre plus précise.
• Dans un troisième temps : il s'agit d'expliciter sa problématique. Pratiquement, l'opération consiste
à exposer les concepts fondamentaux et la structure conceptuelle qui fondent les propositions qu'on
élabore en réponse à la question de départ et qui prendront forme définitive dans la construction.

Problématique et hypothèse
Il y a généralement plusieurs hypothèses dans une recherche. Distinguons:
- l’hypothèse principale
- les hypothèses secondaires
L'ensemble des hypothèses constitue le corps d'hypothèses, mais c’est l'ensemble thème, champs
d'analyse, corps d'hypothèses, théorie de référence,qui constitue la problématique.
Remarque: selon R.QUIWY la problématique est la manière de poser la question. Nous pensons
qu'elle est plutôt le projet de traitement de la question.
L'hypothèse
Jean-Paul Jeannin

Au départ de toute recherche, nous l’avons vu, il y a une question, par exemple :

- Le racisme est-il plus fort dans certaines catégories sociales que dans d'autres ?
- Est-il différent selon l'âge ?
- Les enfants des villes ont-ils un vocabulaire plus étendu que ceux des campagnes ?
- Existe-t-il un rapport entre le niveau scolaire des parents et celui de leurs enfants ?

1. La question définit le thème, l'objet d'étude, le champ d'analyse :

- psychologique : relation propre à un individu, analyse d'attitudes, d'aptitudes, de perceptions...

- sociologique : phénomènes relatifs aux groupes humains, sociétés...

- anthropologique : phénomènes observés dans certaines ethnies, certaines civilisations...

2. La réponse à la question constitue l'hypothèse (thèse placée avant) : dans certains cas : oui ou
non ; dans d'autres cas : explications nécessitées par la question. L'hypothèse est ainsi une thèse de
départ, fixée a priori, une supposition.

3. Intérêt de l'hypothèse : elle détermine le thème, le champ d'analyse, et contient déjà en filigrane le
plan de la recherche, elle détermine par là-même la démarche, le plan d'étude. L’hypothèse est un fil
d'Ariane ; elle permet de ne pas se perdre en route puisqu'elle contient le but de l'étude, avec sa
confirmation ou son infirmation. Il n'est pas gênant qu'elle soit fausse, dans ce cas l'anti-thèse sera la
conclusion, on aboutira tout de même à un résultat.

4. Une hypothèse n'est pas une affirmation gratuite, elle s'inspire d'observations ou de
connaissances antérieures: observations personnelles, impressions, intuition ; observations
empiriques, construction théorique ; - résultat de lectures ; - recherches antérieures. Elle est ainsi,
déjà, l'aboutissement d'une pré-enquête que constitue la phase exploratoire.

5. L’hypothèse doit être opératoire : pour permettre une recherche, une exploitation, elle doit
reposer sur des concepts sûrs, avoir des conséquences vérifiables. Le plus souvent elle rend compte
d'un mécanisme ou d'une relation entre phénomènes.

6. Nous avons tous une hypothèse en début de recherche. Mais souvent elle n'est pas consciente.
Le premier travail est de la formuler : la rendre consciente pour qu'elle ne biaise pas la démarche, à
notre insu.
Les outils de la démarche de recherche ou "démarche diagnostic"
Jean-Paul Jeannin

Le sondage L’observation "armée" L'observation participante


(avec grilles)

Le questionnaire Le questionnaire avec questions Le récit de vie


en passation assistée ouvertes + quelques questions préformées L'entretien non directif
Le questionnaire avec questions L'entretien semi- directif
fermées et préformées + quelques avec guide d'entretien
questions ouvertes L'entretien directif
avec questions précises
dans un ordre précis
L'expérimentation
Jean-Paul Jeannin

L'expérimentation comprend l'ensemble des opérations par lesquelles le modèle d'analyse est
confronté à des données observables. Au cours de cette étape, de nombreuses informations sont
donc rassemblées. Elles seront systématiquement analysées dans l'étape ultérieure.

Concevoir cette étape de confrontation au réel, revient à répondre aux trois questions suivantes :
Observer quoi ? Sur qui ? Comment ?

Observer quoi ?

Les données à rassembler sont celles qui sont utiles à la vérification des hypothèses. Elles sont
déterminées par les indicateurs des variables. On les appelle les données pertinentes.

Définition des données pertinentes :

Quelles informations sont nécessaires pour tester les hypothèses ? Se rappeler hypothèses,
concepts, dimensions et indicateurs.

Observer sur qui ?


Il s'agit ensuite de circonscrire le champ des analyses empiriques dans l'espace géographique et
social ainsi que dans le temps. Selon le cas, le chercheur pourra étudier soit l'ensemble de la
population considérée (population exhaustive), soit seulement un échantillon représentatif ou
significatif de cette population.

Délimitation du champ d'analyse et sélection des unités d'observation :

a. Compte tenu des informations nécessaires, quelle est l'unité d'observation qui s'impose (individu,
groupe, institution ou association, commune, pays...)

b. quelles sont les limitations à donner au champ d'analyse :

• Combien d'individus, institutions, établissements...


• De quel type, classe, nature...
• Quelle est la zone géographique à considérer ?
• Quelle est la période de temps à prendre en compte ?

En fonction de ces délimitations, est-il plus judicieux de faire porter l'observation sur la totalité de la
population, sur un échantillon représentatif ou seulement sur des unités typiques de cette population ?

Tenir compte des délais, des ressources et de la méthode de collecte des données envisagés.

Observer comment ?
Cette troisième question porte sur les instruments de l'observation et la collecte des données
proprement dite.

L'observation comporte en effet trois opérations :


1 - Concevoir l'instrument capable de fournir les informations adéquates et nécessaires pour tester les
hypothèses, par exemple un questionnaire d'enquête, un guide d'interview ou une grille d'observation
directe.
2 - Tester l'instrument d'observation avant de l'utiliser systématiquement, de manière à s'assurer que
son degré d'adéquation et de précision est suffisant.
3 - Le mettre systématiquement en œuvre et procéder ainsi à la collecte des données pertinentes.

Dans l'observation, l'important n'est pas seulement de recueillir des informations qui rendent compte
du concept (via les dimensions et indicateurs), mais aussi d'obtenir ces informations sous une forme
qui permet de leur appliquer ultérieurement le traitement nécessaire à la vérification des hypothèses. Il
est donc primordial d'anticiper, c'est-à-dire de s'inquiéter, dès la conception de l'instrument
d'observation, du type d'information qu'il fournira et du type de traitement (codage éventuel), et
d'analyse qui devra et pourra être envisagé.

Le choix entre les différentes méthodes de recueil des données dépend des hypothèses de travail et
de la définition des données pertinentes qui en découlent. En outre, il est également nécessaire de
tenir compte des exigences de formation nécessaires à une mise en œuvre correcte de chaque
méthode.

Choix de la méthode d'observation la plus adéquate :

• De quel type d’information s’agit-il ? Quantitatives ? Qualitatives ?


• Quel est le positionnement épistémologique adopté : objectiviste ? subjectiviste ?
• S’agira-t-il d’un sondage, d’un questionnaire... et avec quelle sorte d’analyse ? ( statistique - tri
croisé...)
• S’agira-t-il d’entretiens (de quelle nature ?), d’observation participante, de récits de vie... (Cf. fiches
concernant les outils, et le tableau récapitulatif)
LES PRINCIPES DE BASE D’UN TRAVAIL DE RECHERCHE

L'organisation et la philosophie du travail :


* Une recherche est un effort constant de rigueur et d'organisation jamais achevé, une remise en
cause permanente de ses façons de voir et de faire, une connaissance seulement approchée, jamais
atteinte...

Le temps : donnée fondamentale d'un projet de recherche


* Le temps imparti à un projet ou une recherche n'est pas indéfini, et l’on ne peut trouver avant d'avoir
commencé à chercher, il est donc nécessaire de : débuter le plus tôt possible - se rendre disponible -
définir un échéancier - progresser régulièrement - investir fortement - fournir un effort soutenu - gérer
son temps avec précision…

Ecriture et ré-écriture
Seules les traces écrites peuvent baliser une progression conceptuelle :
* chaque évolution de la pensée est perdue s'il n'existe pas de traces écrites
* chaque ré-écriture marque une évolution dans la démarche
* les intervales de temps (et la façon dont on les rempli) entre chaque ré-écriture sont décisifs pour la
maturation de l'idée de départ - la problématique - l'hypothèse

"Bouclage" ou "Reitération"
Rechercher nécessite un ordre logique et chronologique des étapes, mais cet ordre bien qu'existant
est théorique - la réalité est plus complexe : chaque étape constitue l'autre dans les deux sens. Les
différentes étapes sont donc en interaction ce qui suppose de nombreux "retours arrière" ou
"bouclages de rétroaction", au moins jusqu’a l’élaboration de l’hypothèse et du modèle d’analyse qui
marquent un étape décisive.

La démarche est une manière de progresser vers le but.

La méthode est un principe organisateur que l’on se donne, une façon de faire, un ordre et une
succession d’étapes dans l'utilisation d'un ensemble de techniques et outils. Il existe différentes
méthodes soit, différentes mises en formes particulières de la démarche, adaptées aux phénomènes
ou domaines étudiés.

L’approche objectiviste : la plus courante en recherche, postule une extèriorité du chercheur par
rapport à l’objet, et consiste à confronter des hypothèses théoriques, à des données d'observation ou
d'expérimentation. (méthode hypothético déductive). Les trois actes de cette méthode, sont :

La rupture avec, les évidences, les " allants de soi ", les préjugés, les implications
personnelles (effort de distanciation).
La construction d'une représentation théorique ou modèle logique et hypothèse
(proposition), et d’instruments de recherche, ( outils de recueil de données ).
La constatation ou expérimentation soumettant la proposition à l'épreuve des faits
en mettant en oeuvre les outils construits lors de l’étape précédente.

L’approche subjectiviste : plus inductive, postule que le chercheur ne peut être à l’extèrieur de
l’objet sur lequel il travaille, et part du terrain.

Jean-Paul Jeannin
LE PARCOURS D’UNE DEMARCHE DE RECHERCHE

1ère Etape - LE CHOIX DE L’OBJET DE RECHERCHE


Déterminer le thème puis l’objet - tester la faisabilité…

2ème Etape - LE QUESTIONNEMENT DE DÉPART


Lister toutes les questions qui se posent. Séparer les questions simples (réponses sur le terrain ou
dans des ouvrages), des questions complexes auxquelles personne n’a de réponse satisfaisante à
priori, la question de départ se trouve dans ces questions. Formuler la question de départ en veillant à
respecter les qualités de clarté, de faisabilité, de pertinence.

3ème Etape - L'EXPLORATION


• Les lectures
- Sélectionner les textes (en fonction du thème, de l’objet, de la question…)
- Lire avec méthode (se donner une logique de progression)
- Faire des fiches de lecture (se doter d’un système de classement, un codage)
- Comparer les textes entre eux, établir des synthèses, schèmatiser…
• Les entretiens exploratoires
- Rencontrer professionnels et/ou personnes concernées
- Se préparer à l'entretien (définir un argumentaire sans livrer ses intentions)
- Adopter une attitude d'écoute et d'ouverture ( + enregistrer ou prendre des notes)
- Décoder les discours (analyser le sens, au delà du discours apparent)
- Comparer les entretiens entre eux, établir des synthèses, schèmatiser…
• Comparer les synthèses des textes et des entretiens, schèmatiser…

4ème Etape - LA CONSTRUCTION (Problèmatique/ Hypothèse)


• Faire le point des lectures et des entretiens (analyser les convergences, écarts…)
• Se donner un cadre théorique (se référer à une théorie formulée par un auteur)
• Expliciter la problématique retenue (monter en quoi il y a « tension d’idées »)
• Construire le corpus d’hypothèses et le modèle d’analyse en précisant:
- les concepts, les dimensions et indicateurs de chaque hypothèse
- les relations entre les concepts
- les relations entre les hypothèses

5ème Etape - LA VALIDATION ou OBSERVATION (Enquête / recueil des données)


- Délimiter le champ d'observation ( quoi ? qui ? ou ? combien ?…)
- Concevoir l'outil d'observation (questionnaire, entretiens, récits de vie…etc)
- Tester l’outil d'observation (test du questionnaire, de la grille d’entretien ou d’observation)
- Procéder au recueil des informations.

6ème Etape - L'ANALYSE DES INFORMATIONS


- Décrire et préparer les données pour l'analyse
- Mesurer les relations entre les variables
- Comparer les résultats attendus et les résultats observés
- Rechercher la signification des écarts…

7ème Etape - LA REDACTION


Au fur et à mesure de la recherche, la problèmatique et le protocole d’enquête ont été rédigés. A
l’issue de l’analyse des données, il reste à « discuter », c’est à dire confronter les résultats obtenus
avec les hypothèses :
- rappeler la démarche, énoncer les résultats obtenus, les enseignements à en tirer…
- mettre en évidence les nouvelles connaissances et leurs conséquences pratiques ;
- conclure.

Jean-Paul Jeannin
J’utilise cette grille depuis 1970 ; elle m’a été enseignée dans le cadre d’une recherche
conduite par la FORS (Fondation Pour la Recherche Sociale ; revue : Recherche Sociale) ;
elle permet de travailler sur la cohérence interne d’un texte (écrit ou transcription d’un
interview non-directif) ; elle cherche à dégager les oppositions structurantes posées par le
locuteur scripteur en choisissant les termes qu’il accepte et ceux qu’il refuse.

Après la présentation de la méthode, un exercice d’application est proposée avec deux textes
un peu dépaysants ; l’ensemble des étudiants rentrent très bien dans le jeu même s’ils hésitent
ensuite à se lancer sur les interviews qu’ils réalisent. Nous leur expliquons que l’opération
n°2, la Systématique (voir ci-dessous) est utile aussi dans un entretien de face à face, une
réunion de groupe de discussion parce qu’elle permet de décoder l’ensemble des enjeux mis
sur la table et le traitement des contradictions lors de la séance d’échanges. On constate que
rien ne se perd dans un groupe : toute position est reprise à un moment ou à un autre,
confrontée, intégrée, digérée ; c’est cela le travail du groupe, l’intelligence collective.

ANALYSE STRUCTURALE SIMPLIFIEE


Cette méthode simplifiée, qui peut être utile au sociologue, comporte cinq opérations :

1. Recherche du vraisemblable culturel : il s’agit de repérer dans le texte les mots


définis et ceux qui ne sont pas définis. On relève tous les termes qui dépassent le
niveau primaire et on les groupe selon leurs connotations :
 Technique (quelle ?)
 Philosophique
 Psychologique
 Sociologique
 Psychosociologique
 Historique

On obtient ainsi une première approche du niveau culturel du destinateur et du public


visé. (Approche de la nature disciplinaire/épistémique des contenus)
2. Recherche de la systématique : il s’agit de repérer les oppositions fondamentales, de
rnoter les mots ou les suites de mots qui s’opposent. (un des membres de l’opposition
peut être sous-entendu ; en ce cas on le met entre parenthèses). En général, on obtient
2 ou 3 oppositions de fond. (disjonction et conjonction)
3. Mise à jour du vraisemblable combinatoire : on recherche les mécanismes du
discours, les diverses figures employées :
 Les causes et les effets
 Les équivalences
 Les moyens et les buts
 Les gradations (les plus ou les moins)
 Les comparaisons et les métaphores
 Le tout et la partie
Agencement linguistique du discours
4. Recherche du rapport entre destinateur et destinataire : on repère les indices qui
révèlent celui qui parle (par exemple : "nous", "on", "je", "moi", "l'enfant",
"l'éducateur", …) et celui ou ceux qui sont visés par le discours (le tout-venant, les
militants, les scientifiques…)
5. Recherche des instances du langage : les autorités idéologiques derrières lesquelles
on s'abrite, les gens que l'on cite. Ces autorités peuvent être manifestes (on les cite) ou
implicites (on emploi des termes qui renvoient à tel auteur, telle pensée).
Modalités de référenciation au savoir
Bibliographie
• Revue "communications" n°8, 1967, Seuil, Paris
• La sociologie face aux médias, J Griffi
• Mythologies, Roland Barthes
Document: Consignes pour l’analyse de contenu

CONSIGNES POUR L'ANALYSE DE CONTENU

1. LES PRINCIPES

Il s'agit de passer de la grande variété des Idées, des formules. des mots (selon la définition de
l'ITEM retenu = unité de signification qui peut être l'idée. la phrase. le mot) exprimés dans un
discours au un ensembles de discours, un CORPUS défini (articles, Interviews. réponses a des
questions ouvertes) à l'unité représentés par le titre d'un thème, et cela en passant par un
certain nombre de RUBRIQUES ou CATEGORIES, ou SOUS-THEMES.

- soit Il faut inventer. à partir de la lecture du texte. les classements, les regroupements qui
vont être intéressants pour décortiquer les textes. faire sortir toute 1’information contenue ou
toutes les significations du discours (en vue de valider une hypothèse cf. le travail sur
l'Horoscope de Laurence BARDIN)

- soit les thèmes et sous-thèmes sont déjà posés (grille d'interviews) et on va donc reprendre
chacun de ces thèmes pour analyser ce qui a été dit par les uns et les autres.

(ce qui vient en plus, en dehors des thèmes prévue, sera exploité aussi car on essaie de ne rien
perdre d'intéressant).

II - OBJECTIFS
Il est double
A. - rendre compte d’abord de ce qui a été dit (descriptif)
B. - chercher à expliquer les faits, les jugements, les aspirations qui ont été recueillies
(compréhensif et explicatif)

A. Descriptif

Il faut aboutir pour chaque thème

1) à quantifier ceux qui en ont parlé (les concernés) par rapport à tous
ceux qui ont été interrogés (les sondés)

2) à quantifier les situations. jugements, aspirations communes ou divergentes (ex.10 sur 15


concernes disent qu/Ils font, ou pensent, ou aspirent à...) en dégageant d'abord les tendances
les plus fortes et ensuite les plus marginales.

ATTENTION : Il ne faut pas seulement compter les Idées (le contenu) mais aussi noter les
formulations, les manières dont les gens expriment l'idée.

B. Explicatif

Faire des hypothèses d'explication sur ces façons de faire, de dire, de penser. d'aspirer que l,on
vient de mettre à jour.
III. CONSEILS PRATIQUES

A - pour la mise à plat, Il faut trouver le système le plus rapide, rentable, efficace.
L'expérience nous montre que :
- en petits groupes (3 ou 4). on peut travailler ensemble. en réalisant des sortes de fiches
pour chaque thème (un secrétaire est chargé de noter au fur et a mesure ce que chacun a
recueilli sur tel thème): après on fait la synthèse et les comptages.

- en groupes plus larges, on peut préparer des grilles de thèmes (au mur ou a faire circuler) et
chacun note ce qu'il a récolté. Après quelqu'un fait les comptages et la synthèse.

B. - pour la recherche d'hypothèses explicatives, on peut prévoir 2 temps : des suggestions


individuelles et ensuite un temps de discussion en groupe.
Modèles de questionnaires

Questionnaire adressé à une commune rurale


sur le partenariat, la performance et la participation

Commune rurale : …………………………………………………………….


Qualité de l’enquêté : (Président, Secrétaire Général, élu, fonctionnaire, technicien, autre
responsable) : Activité à l’extérieur du secteur associatif :
……………………………………………………….
Niveau d’instruction et/ou de qualification :
……………………………………………………………
Coordonnées :
………………………………………………………………………………………………
Date de prise de fonction :
……………………………………………………………………………..
Nom de la commune :…………………………………………………………………………..
Date de création de l’institution :………………………………………………………………..

Partenariat :
Que signifie pour vous le partenariat :
Avez-vous des relations de partenariat avec d’autres communes :
Les rôles internes :
Interlocuteur Nature de la relation Fréquence de la relation

Les rôles externes :


Interlocuteur Nature de la relation Fréquence de la relation

La commune a-t-elle des relations avec le conseil régional et le conseil provincial :


Avez-vous réalisé des projets en partenariat ?……………………………..
Si oui, avec qui :……………….. Combien de projets :……………………..Budget :
………………..
Etes-vous prêt à concevoir un plan d’action en partenariat : oui non
Si oui, avec les associations ?………………………………………..
Si oui, dans quels domaines :
……………………………………………………………………
Si non, pourquoi :
……………………………………………………………………………….
avec les délégations ?
…………………………………………………………………………….
Si oui, dans quels domaines :
……………………………………………………………………
Si non, pourquoi :
……………………………………………………………………………….
avec les associations et les délégations ?
………………………………………………………….
Si oui, dans quels domaines :
……………………………………………………………………
Si non, pourquoi :
……………………………………………………………………………….
Quels sont pour vous les acteurs importants dans le développement ?
………………………………………..
Quelles relations avez-vous avec l’environnement de la commune (association-privé-
administration) ? :…
Quels sont les services publics représentés dans votre commune ? :
………………………………………….
Quels sont les services publics avec lesquels vous travaillez ? :
…………………………………………………
Avez-vous travaillé avec des intervenants nationaux et internationaux ? oui non
Si oui, lesquels ?
………………………………………………………………………………………….
dans quels domaines ?
……………………………………………………………………………
comment se fait le premier contact avec ces intervenants ?
…………………………………
Avez-vous déjà réalisé des projets en commun avec des associations ? oui non
Si oui, indiquez les projets les plus importants:
………………………………………………
Si non, indiquez les raisons de l’absence de collaboration :
………………………………….
Y-a-t-il des conventions entre les associations et la commune ? :
………………………………………………
Est-ce-que vous soutenez matériellement les associations ? : oui non
Si oui, nature et/ou montant de l’aide :
……………………………………………………………
Si non, motifs :
………………………………………………………………………………
pensez-vous pouvoir les soutenir dans l’avenir ?………………………………………..
Pensez-vous pouvoir impliquer les associations dans la définition de vos priorités
budgétaires ?…………
La commune accepte-t-elle les associations comme partenaire ?
………………………………………………..
Si oui, comment ? :
……………………………………………………………………………………
Si non, pourquoi ? :
…………………………………………………………………………………...
Pensez-vous être en mesure de vous associer avec d’autres partenaires pour le développement
de la commune rurale ? :
…………………………………………………………………………………………………
Y-a-t-il une question à laquelle vous souhaitez répondre mais n’a pas été soulevée ?
…………………………
Performance :
Avez-vous une copie de la nouvelle charte communale ? oui non
Si oui, qui consulte cette charte ?
…………………………………………………………………….
Êtes-vous informé des changements de la nouvelle charte communale ? oui non
Si oui, par quelle procédure? :
……………………………………………………………………...
Selon vous, quel est le rôle du conseil communal ?
………………………………………………………………
Combien de fois par an le conseil communal se réunit-il en session ordinaire et
extraordinaire ?……………….
……………………………………………………………………………………
Avez-vous un plan de développement communal ? le processus ? son état d’avancement ?
……………………….
……………………………………………………………………………
Comment se fait la répartition des tâches en votre commune ? (organigramme)
…………………………….
Qui gère les ressources humaines ?
………………………………………………………………………………
Quelle est la finalité de la fonction du président ?
……………………………………………………………
Quelles sont les initiatives et les décisions que peut prendre le président ?
…………………………………….
Que peut-il décider de lui-même et dans quelles conditions ?
…………………………………………………
Quelle est la contribution spécifique de cette fonction aux objectifs de l’institution ?
………………………..
Qu’est-ce-qui est attendu de ce poste au sein de l’institution ?
………………………………………………..
A quoi reconnaitra-t-on que le président a réussi dans sa mission ?
……………………………………………
Que fait le président pour accomplir les missions qui lui sont assignées ?
Activités et tâches permanentes :
…………………………………………………………………………….
Activités et tâches épisodiques :
……………………………………………………………………………..
Avez-vous déjà bénéficié des formations durant votre travail à la commune ? oui non
Si oui, lesquelles ? :
……………………………………………………………………………………
Pensez-vous que les ressources humaines en votre commune ont eu suffisamment de
formation pour accomplir leurs tâches ?:
……………………………………………………………………………………..
Quelle est l’influence de l’insuffisance en formation sur le rendement de votre commune ?
……………..
Est-ce-qu’il y a un processus de suivi-évaluation ? oui non
Si oui, comment ? :
……………………………………………………………………………………
Comment évaluez-vous le travail des associations ?
…………………………………………………………….
Combien représente le budget d’investissement ?
……………………………………………………………
le budget de fonctionnement ?
……………………………………………………………..
principaux postes de dépenses de votre budget ?
…………………………………………..
Comment vous établissez le budget de votre commune ?
……………………………………………………..
Quels sont les acteurs que vous associez à la conception de votre budget ?
…………………………………..
Quels rôles jouent les autres élus dans l’élaboration du budget ?
…………………………………………….
les autres membres du bureau ?
……………………………………………………………
les autres élus ?
…………………………………………………………………………………
Avez-vous une monographie communale ?
………………………………………………………………………
Quel est votre rôle dans la commune rurale ?
………………………………………………………………….
Rôle des administrations locales, associations, privé ?
………………………………………………………..
Connaissez-vous le type et le nombre des intervenants en contact direct et indirect avec la
commune ?…
Connaissez-vous le type et le nombre d’associations existant dans la commune ?
…………………………..
Connaissez-vous le statut des associations ?
……………………………………………………………………..
Quels sont les ressources de revenus de votre commune ?
………………………………………………………
Quel est le processus de la récupération de ces revenus ?
……………………………………………………….
Avez-vous un plan d’action pour votre commune ?
……………………………………………………………
Ces ressources sont-elles suffisantes pour la réalisation des activités de votre plan d’action ?
……………….
Combien de temps faut-il, à votre avis pour maîtriser la gestion d’une institution comme la
vôtre et de quel type de qualification faut-il disposer :
………………………………………………………………………
Comment se fait la planification des projets dans votre commune ?
…………………………………………
Comment vous définissez vos priorités ?
………………………………………………………………………..
Quels sont les acteurs que vous consultez pour définir vos priorités ?
Acteurs internes :
………………………………………………………………………………………
Acteurs externes :
………………………………………………………………………………………
Les actions des plans d’actions touchent-elles les besoins des femmes et
enfants ?
Si oui, comment ? :
……………………………………………………………………………………
Si non, pourquoi pas? :
……………………………………………………………………………...
Quels sont les projets que vous avez réalisés ? (taille et enveloppe)
…………………………………………
Que prenez-vous en compte pour réaliser vos activités ?
……………………………………………………….
De quoi tenez-vous compte ? (données et contraintes)
………………………………………………………..
Que faites-vous ? avec quels outils, techniques, documents ?
………………………………………………….
Que visez-vous ? (objectifs, résultats visés)
………………………………………………………………………
Avez-vous un plan de développement ou un plan d’action ? oui non
Si oui, comment avez-vous ou le concevoir ?
……………………………………………………………
quelle en est la durée ? :
…………………………………………………………………………..
qui a été associé à la conception du document ?
…………………………………………….…
Si non, pourquoi ? expliquez:
………………………………………………………………………...
Quel est le matériel disponible dans votre commune ?
…………………………………………………………
Avez-vous une base en informatique ?……………………………………
……………………………………..
Quels sont vos moyens de communication ?
……………………………………………………………………..
Comment classez-vous les projets par priorité ?
……………………………………………………………….
Quelles sont les perspectives de la commune rurale ?
……………………………………………………………
Y a-t-il une question à laquelle vous souhaitez répondre mais n’a pas été soulevée ?
…………………………

Participation :
Que signifie pour vous la participation ?
………………………………………………………………………..
Qui assiste aux assemblées de conseil ? (société civile, administrations,…)
……………………………………
Est-ce que la date et l’ordre du jour des séances sont affichés au siège de la commune ?
……………………
Est-ce-que vous demandez des copies des délibérations ?
………………………………………………………
De qui recevez vous orientations et/ou des instructions ?
………………………………………………………..
A qui vous rendez compte ?
……………………………………………………………………………………….
Quels sont les acteurs intégrés/participants lors de la planification ? (plan
d’action, budget, diagnostic, priorité) :
Quel est le processus de réalisation des activités planifiées ?
…………………………………………………..
Pensez-vous impliquer les associations dans la définition de vos priorités budgétaires ?
……………………
Quelles sont les délégations avec lesquelles vous travaillez le plus souvent ?
………………………………….
Comment appréciez-vous le rôle des délégations dans le développement local ?
…………………………..
Lors de la programmation tenez-vous compte des besoins locaux ?
…………………………………………..
Les participants comprennent-ils les objectifs des plans d’action ?
…………………………………………..
Les citoyens sont-ils informés sur les activités planifiées ?
……………………………………………………..
Quels sont les mécanismes mis en place pour la participation ? (réunion des membres du
conseil, assemblées) ?
…………………………………………………………………………………………………
……
Nombre de femmes représentées au conseil communal :
………………………………………………………..
Y a-t-il une relation entre le nombre des femmes dans votre commune et leur représentation
dans le conseil communal ?
……………………………………………………………………………………………….
Y a-t-il des associations féminines dans votre commune ?
………………………………………………………
Avez-vous des données sur la situation des femmes dans votre commune ? (activités
exercées, revenu, problèmes rencontrés) ?
……………………………………………………………………………………………
Les femmes participent-elles dans la planification des activités de développement
communautaire ?……..
Processus de participation des femmes pour la prise de décision ? oui non
Si oui, comment ?
………………………………………………………………………………………..
Y a-t-il une question à laquelle vous souhaitez répondre et qui n’a pas été soulevée ?
…………………

Questionnaire pour l’Association


Association (président, trésorier, secrétaire général, population) :
………………………………….
Activité à l’extérieur de l’association :
…………………………………………………………….
Niveau de qualification :
……………………………………………………………………………

Partenariat :
Que signifie pour vous le partenariat :
……………………………………………………………..
Avez-vous des relations de partenariat avec d’autres communes :
……………………………….

Les rôles internes :


Interlocuteur Nature de la relation Fréquence de la relation

Les rôles externes :


Interlocuteur Nature de la relation Fréquence de la relation

Avez-vous réalisé des projets en partenariat ?……………………………..


Si oui, avec qui :……………….. Combien de projets :……………………..Budget :
………………..
Quels sont pour vous les acteurs importants dans le développement ?
………………………………………..
Avez-vous déjà réalisé des projets avec la commune ? oui non
Si oui, actions les plus importants :
………………………………………………………………………
Si non, raisons de cette absence de collaboration :
………………………………………………………….
Quels sont les rapports entre l’association et les délégations ministérielles ? :
………………………………
Avez-vous déjà réalisé des projets ou actions avec des services extérieurs de l’Etat ? oui
non
Si oui, quelles sont les délégations ou administrations avec lesquelles vous travaillez
le plus
souvent ?…….
Quels sont les projets réalisés ou actions entreprises avec les délégations ?
…………..
Si non, Pourquoi :
………………………………………………………………………………….
Quelle est la finalité de la fonction du Président de l’association ?
…………………………………………….
Y-a-t-il une question à laquelle vous souhaitez répondre mais n’a pas été soulevée ?
…………………………
Comment définissez-vous vos priorités ?
……………………………………………………………………
Avez-vous déjà bénéficié des formations durant votre travail avec l’association ? oui non
Si oui, lesquelles ? :
…………………………………………………………………………
Les associations acceptent-elles la commune comme partenaire ? oui non
Si oui, comment ? :
……………………………………………………………………………
Si non, pourquoi ? :………………………………………………………………………
Pensez-vous être en mesure de vous associer à la commune rurale et les autres administrations
dans la définition des priorités du développement local et dans la réalisation des actions à
entreprendre ?………………………..
Quels sont les objectifs principaux de l’association ? :
……………………………………………
Est-ce que vous recevez un soutien financier des communes ? ou d’autres administrations ?
oui non
Si oui, indiquez la nature et/ou le montant du soutien :…………………………………
Si non, indiquez les motifs :
……………………………………………………………………
Comment se fait la répartition des tâches en votre association ?
…………………………………
Avez-vous un programme ? Le processus ? Son état d’avancement ? :
…………………………………
Avez-vous une copie de la nouvelle charte communale ? oui non
Si oui, qui consulte cette charte :
……………………………………………………………………………
Etes-vous informés des changements de la nouvelle charte communale ? oui non
Si oui, par quelle procédure ? :
…………………………………………………………………

Performance :
Quelles sont les initiatives et les décisions que peut prendre le Président ?
…………………………
Que peut-il décider de lui-même et dans quelles conditions ? :
……………………………………
Avez-vous un système de suivi-évaluation du plan ?
……………………………………………………
Quelle est l’influence de l’insuffisance en formation sur le rendement de votre association ?
………
Comment percevez-vous le rôle de l’administration locale et de la commune ?
…………………………
Registre des dépenses ? Administratif ? Financier ? :
……………………………………………
Que prenez-vous en compte pour réaliser vos activités ? :
……………………………………………………………..
De quoi tenez-vous compte ? :
………………………………………………………………………
Que faites-vous ? :
…………………………………………………………………………………………
Que visez-vous ? :
………………………………………………………………………………………………
Régularité des réunions et des assemblées générales ordinaires ? :
………………………………………
Pensez-vous que les membres du bureau de l’association ont eu suffisamment de formation
pour accomplir leurs tâches ? :
………………………………………………………………………………………….
Projets réalisés propres à l’association :
……………………………………………………………………
Y a-t-il une question à laquelle vous souhaitez répondre mais n’a pas été soulevée ? :
……………………
Avez-vous un plan de développement ou un plan d’action ? oui non
Si oui, Quelle est la durée du plan ?
…………………………………………………………
Comment avez- vous pu le concevoir ? :
……………………………………………………
Qui a été associé à la conception du document ? :
……………………………………
Si non, pourquoi ? expliquez :
……………………………………………………………………
Budget de l’association :
……………………………………………………………………………
Ressources du budget :
………………………………………………………………………………………
Comment établissez-vous le budget de votre association ? :
………………………………………………
Principaux postes de dépenses de votre budget :
…………………………………………………………
Rôle du président :
…………………………………………………………………………………………
Rôle des membres du bureau :
……………………………………………………………………
Comment articulez-vous vos budgets et plans de financement de projets :
……………………………
Nombre d’emplois créés :
……………………………………………………………………………
Quels sont les acteurs que vous consultez pour définir vos priorités ?
………………………………
Les acteurs internes à l’association ? :
……………………………………………………………
Les acteurs externes à l’association ? :………………………………………………………
Comment appréciez-vous le rôle des délégations dans le développement local ?………………
Citez les performances éventuelles :……………………………………………………………
Citez les contraintes et limites :………………………………………………………………
Perspectives attendues du bureau de l’association ? :
…………………………………………………………
A quoi reconnaîtra-t-on qu’une ADL a réussi sa mission (niveau de réalisation des actions,
nombre d’emplois créés, niveau de participation)? :
………………………………………………………………
Participation :
Que signifie pour vous la participation ?
……………………………………………………………
Qui assiste aux assemblées générales ordinaires (communes rurales, administrations) ? :
…………………
Quels sont les acteurs que vous associez à la conception de votre budget ? :
………………………………
Quel rôle jouent les autres membres de l’association dans l’élaboration du budget ? :
……………
Quels sont les acteurs qui participent aux différents processus (plan d’action, budget,
diagnostic, priorité) ?……..
Nombre de femmes adhérentes :
……………………………………………………………………
Quels sont les mécanismes mis en place pour la participation (réunions des membres du
bureau, assemblées) ? …
Nombre de femmes représentées au bureau de l’association :
……………………………………………
Est-ce que les femmes participent pour élaborer des projets ? :……………………………
Y a-t-il une question à laquelle vous souhaitez répondre mais n’a pas été soulevée ? :
…………
Questionnaire pour l’Administration
Administration (délégués(Entraite Nationale, Santé, Jeunesse et sports, agriculture),
représentants locaux, autorité locale) :………………………….
Nom de la délégation:………………………………………………
Date de création de la délégation :………………………………
Date de prise de fonction de la personne enquêtée :………………………………………
Nombre de communes touchées par la délégation :………………………………………

Partenariat :
Que signifie pour vous le partenariat :
……………………………………………………………..

Les rôles internes :


Interlocuteur Nature de la relation Fréquence de la relation

Les rôles externes :


Interlocuteur Nature de la relation Fréquence de la relation

Etes-vous en mesure de concevoir un plan d’action en partenariat ? oui non


Avec les associations ? oui non
Si oui, dans quels domaines :
…………………………………………………………………………..
Si non, pourquoi ? : ……………………..
……………………………………………………………….
Avec les communes ? oui non
Si oui, dans quels domaines :
…………………………………………………………………………..
Si non, pourquoi ? : ……………………..
……………………………………………………………….
Avec les communes et les associations ? oui non
Si oui, dans quels domaines :
…………………………………………………………………………..
Si non, pourquoi ? : ……………………..
……………………………………………………………….
Avez-vous déjà réalisé des projets avec les associations ? oui non
Si oui, projets les plus importants :
………………………………………………………………………
Si non, raisons de cette absence de collaboration :
………………………………………………………….
Avez-vous déjà réalisé des projets en partenariat ? oui non
Si oui, avec qui :………………………….…Combien de projets :……………Budget :
……………………
Est-ce-que vous soutenez les associations ? oui non
Si oui, indiquez la nature et/ou le montant de l’aide :
………………………………………………
Si non, envisagez-vous de les soutenir dans l’avenir ? :
………………………………………
Envisagez-vous d’impliquer les associations dans la définition de vos priorités d’action ?
oui non
Si oui, comment :……………………………………………………
Quels sont pour vous les acteurs importants dans le développement ? :
………………………………….
Quelles relations avez-vous avec l’environnement (commune, association, privé,
administrations ?………
Quelles sont les communes avec lesquelles vous travaillez le plus souvent ? :…………………
Quels sont les principaux projets réalisés avec les communes ? :
………………………………………
Comment appréciez-vous le rôle des communes dans le développement local ? :
………………
Avez-vous reçu des soutiens d’autres départements lesquels ? :
………………………………………………
Comment sont définies les priorités d’action ? :……………………………
Pensez-vous être associés avec la commune rurale et les associations ? :………………………
Y-a-t-il une question à laquelle vous souhaitez répondre mais n’a pas été soulevée ?
…………………………

Performance :
Avez-vous une copie de la nouvelle charte communale ? oui non
Si oui, qui consulte cette charte :
………………………………………………………………
Etes-vous informé des changements de la nouvelle charte communale ? oui non
Si oui, par quelle procédure :……………………………………………………………
Objectifs principaux de votre délégation ? :…………………………..………………………
Quelle est la finalité de la fonction de délégué ? :…………………………………………
Avez-vous un programme ? le processus ? son état d’avancement ? :
………………………………
Comment se fait la répartition des tâches en votre administration ? :
……………………………
Que prenez-vous en compte pour réaliser vos activités ?…………………………………
De quoi tenez-vous compte ? :…………………………………………………
Que faites-vous ? :…………………………………………………
Que visez-vous ? (objectifs, résultats visés) :…………………………………………………
Qu’est-ce qui est attendu de ce poste au niveau local ? :…………………………
Quelle est la contribution spécifique de votre délégation au développement local ? :
…………………
Que fait le délégué pour accomplir les missions qui sont assignées ? :…………………………
Qui gère les ressources humaines ? :……………………………………………
Combien de temps faut-il à votre avis pour maîtriser la gestion d’une délégation comme la
votre et de quelle qualifications faut-il disposer ? :
………………………………………………………………
Quelles sont les initiatives et les décisions que peut prendre le délégué ? :
…………………………
Que peut-il décider de lui-même et dans quelles conditions ? :…………………………………
Quelles sont les décisions déléguées et à quelles conditions ?…………………………………
Avez-vous déjà bénéficié des formations durant votre travail ? : oui non
Si oui, lesquelles :………………..…………………………
Quels sont les acteurs consultés pour définir les priorités ? :………………………………
acteurs internes à la délégation :…………………………………………..…
acteurs externes à la délégation :………………………………………………
Avez-vous un système de suivi-évaluation du plan ?……………………………………
Avez-vous un plan de développement ou un plan d’action ? : oui non
Si oui, comment avez-vous pu le concevoir :…………………………
qui a été associé à la conception du document :…………………………
Si non, pourquoi ? :…………………………………………………………………
Comment est établi le budget de votre délégation ? : :
…………………………………………………………
Quels sont les acteurs associés à la conception de votre budget ?…………………………
Quel rôle jouent les fonctionnaires de la délégation dans l’élaboration du budget ? :
…………………
Quels sont les principaux postes de dépenses de votre budget ? :
………………………………………
Citez les performances ou succès éventuels :
………………………………………………………
Citez les contraintes et les limites :……………………………………………
Rôle des fonctionnaires :………………………………………………
De qui recevez-vous des instructions ? recommandations ? :……………………….
A qui rendez-vous compte ? :……………………………………………
Rôle de la délégation et des autres acteurs dans le développement ?……………………
A qui reconnaîtra-t-on que le délégué a réussi dans sa mission ?…………………………
Y a-t-il une question à laquelle vous souhaitez répondre mais n’a pas été soulevée ? :
…………………

Participation :
Que signifie pour vous la participation ?………………………………………………………
Quels sont les mécanismes mis en place pour la participation
(réunions) ? ………………………
Quels sont les acteurs qui participent aux différents processus (plan d’action, budget,
diagnostic, priorité) ? :…………………………………………
Y a-t-il une question à laquelle vous souhaitez répondre mais n’a pas été soulevée ? :
……………
« La méthode des récits de vie et sa
pertinence dans la compréhension du phénomène migratoire »

Mounir Zouiten
Faculté des Sciences Juridiques,

Economiques et Sociales, Souissi, Rabat

L’objet de ce texte est d’élucider les principaux éléments définissant la méthode


dite de récits de vie - ou biographique ou encore d'histoires de vie - et sa
pertinence quant à la compréhension du phénomène migratoire au Maroc. Nous
n’exposerons pas les résultats auxquels nous sommes parvenus sur le phénomène
migratoire au Maroc, mais plutôt l’approche méthodologique utilisée et sa mise en
œuvre en vue d’appréhender la problématique en question.

Le recueil des récits de vie : une méthodologie qualitative

La méthode de récits de vie est utilisée pour recueillir toute l'information sur
les itinéraires et trajectoires des personnes enquêtées. Pour ce faire,
l'enquêteur se met alors dans une position d'écoute totale et n'intervient à
aucun moment pour orienter ses interlocuteurs. Il adopte ce qui est
communément appelé : l'attitude non-directive dans les enquêtes de terrain. On
obtient, grâce à elle, un certain nombre de récits autobiographiques qui
reflètent des itinéraires complets que l'on soumet à l'analyse pour comprendre
les catégories de phénomènes que l'on cherche à éclairer.

L'approche biographique permet de comprendre, d'éclairer et d'expliquer les


processus engendrés par des groupes d'individus et les situations sociales que
l'on connaît mal ou très peu. L'objectif est de l'ordre de la compréhension en
profondeur.

Cette méthode constitue une approche particulière parmi l'ensemble des


méthodes qualitatives. Elle est de plus en plus considérée comme l'une des
techniques intensives les plus fécondes (Bertaux, 1980, Poirier et al., 1983 ;
Ferrarotti, 1983 ; Legall, 1988). Elle connaît un retour en force qui s'inscrit dans
le contexte des processus de créativité scientifique et dans celui de la diversité
et du pluralisme théorique et méthodologique (Peneff, 1990).
Le défi de cette méthode est de rapprocher le chercheur du réel concret en
recourant au sujet et aux acteurs sociaux sur le terrain. La technique essaie de
connaître le déroulement de la vie d'une personne donnée en mettant l'accent
sur les circonstances qu'elle a rencontrées au cours de son expérience et sur les
choix qu'elle a dû faire. La personne est au centre de l'entreprise. Elle fait le
récit de son expérience de vie dans une interaction de face à face. Cette
méthode peut être définie « comme étant un récit qui raconte l'expérience de
vie d'une personne. Il s'agit d'une œuvre personnelle et autobiographique
stimulée par un chercheur de façon à ce que le contenu du récit exprime le point
de vue de l'auteur face à ce qu'il se remémore des différentes situations qu'il a
vécues » (Chalifoux, 1984 : 280).

Les actes effectués par les individus se reflètent dans leur discours lorsqu'ils
sont interrogés par les chercheurs. Ceux-ci les extraient à partir de ce qu'il y a
de psychologique, d'affectif et d'individuel chez les personnes qu'ils écoutent et
interrogent.

En recourant aux individus pour extraire des informations sur des phénomènes,
des processus et des interactions sociales, cette approche méthodologique a
posé - et continue de poser aujourd'hui même si c'est avec beaucoup moins de
vigueur - au moins deux questions de taille : l'individuel est-il réellement
révélateur du social ? La recherche fondée sur le matériau des récits de vie
peut-elle prétendre à la représentativité ?
L'individuel révélateur du social ?

Depuis le début de son utilisation à l'intérieur de la discipline sociologique,


notamment par des sociologues américains tels que W.I. Thomas et F. Znaniecki
(1924) et ceux de l'école de Chicago, la méthode biographique a rencontré des
réticences, plus ou moins fortes selon les périodes. On lui a reproché le fait de
privilégier l'individuel, le subjectif, alors qu'il n'est de sociologie que du collectif
et de science que du général. L'expérience du sujet ne peut être, selon cette
critique, directement et d'une manière prévalente matière à élaboration
scientifique. Le soupçon porte avant tout sur la légitimité scientifique de la
démarche : n'y-a-t-il pas un paradoxe à s'adresser à des individus, dans leur
particularité, à travers leur vécu, leur personnalité, pour atteindre ce qui est
social ? Comment en recourant à l'individu, peut-on se rapprocher du social ?
Comment se servir de la singularité individuelle pour atteindre le social ?

En fait, comme le souligne M.F. Chanfrault-Duchet, « envisager l'approche


biographique comme une régression vers l'individuel et le subjectif, c'est
(simplement) confondre le moi intime de l'autobiographie et le moi social du récit
de vie » (1988 : 26). Celui-ci est certes le discours d'un acteur personnel, c'est-
à-dire d'un individu qui se constitue comme sujet pensant et agissant, mais c'est
aussi celui d'un individu qui appartient à un groupe social précis.

Pourtant, c'est justement ce discours, à double dimension exprimée par


l'individu-narrateur mais représentant en fait son groupe d'appartenance, qui
intéresse au premier chef la méthode biographique. Celle-ci vise à découvrir dans
l'histoire de la vie personnelle d'un informateur la signification vécue d'une
réalité sociologique. La singularité, prise en compte par la méthode, n'est en fait
que le moyen de révéler un certain vécu social. « Si les récits de vie nous
intéressent, a écrit Daniel Bertaux, ce n'est pas comme histoires personnelles
mais dans la mesure où ces histoires "personnelles" ne sont que le prétexte à
décrire un univers social mal connu ou méconnu (...) À travers les yeux du
narrateur ce n'est pas lui que nous voulons regarder, mais son monde (les récits
d'expérience) » (1980 : 216-217).

Dans cette perspective, la production d'un récit de vie cherche sa finalité en


dehors et au-delà de lui-même. En recueillant la parole autobiographique, on
tente de comprendre à travers elle des processus sociaux. Ce qui est ainsi visé et
à saisir, c'est ce qui est sociologique dans le discours des personnes
interrogées ; c'est l'élucidation du social. L'individu est pris comme échantillon
de son groupe d'appartenance avec lequel il partage l'expérience sociale vécue.
C'est bien dans ce sens que Edward Sapir écrivait : « si l'on enregistre comme
tel un témoignage individuel, cela ne veut pas dire qu'on attache du prix à
l'individu, entité adulte et singulière, mais qu'on le prend pour échantillon de la
communauté » (1967 : 90).

L'usage se fait bien entendu dans une perspective compréhensive cherchant à


explorer et éclaircir des situations et des actes sociologiques malconnus ou
méconnus. Ces situations et ces actes représentent des expériences concrètes
que seul le récit de vie est en mesure d'exprimer. « Sauf à vivre directement
une situation, note Daniel Bertaux, la meilleure façon de la connaître est à
travers les récits de vie. Comment saurions-nous autrement et tout à la fois ce
que sont les situations d'immigrant, de mineur de fond, de marin-pêcheur, de
fille de tisserand, d'artisan-serrurier, de gangster, d'institutrice de village,
d'ouvrier boulanger ? Les récits de vie donnent à voir le social, sous ses multiples
facettes, non pas comme reflets désincarnés de structures abstraites mais
comme assemblage d'expériences vécues » (1989 : 34).

En ce sens, il convient également de rappeler ici le point de vue de W.I. Thomas


et F. Znaniecki dans l'introduction de leur ouvrage sur le paysan polonais : «
C'est parce que le sociologue est dans l'impossibilité d'expérimenter lui-même
personnellement toutes les situations "sociales" que le document personnel (la
biographie) représente le type de donnée le plus parfait sur lequel il puisse
jamais espérer travailler » (1924 : 7).

Pour la connaissance du champ social, la méthode biographique peut donc, en


étant utilisée adéquatement, apporter un type d'information approprié. Elle
tente d'accéder à ce niveau de connaissance «en ne s'attachant pas
spécifiquement à l'individualité elle-même, pour elle même, mais bien plus à la
particularité de l'expérience sociale vécue » (Legall, 1988: 37). Cette stratégie
de recherche s'appuie sur l'idée que « la vie sociale est méthodiquement
accomplie par les membres. Dans les caractéristiques de ces accomplissements
résident les propriétés des faits sociaux de la vie quotidienne : le caractère
répétitif, routinier, standardisé, transpersonnel et trans-situationnel des
membres » (Coulon, 1987: 84).
En élucidant «les subjectivités partagées», pour reprendre l'expression de J.L.
Le Grand (1988: 3), relatives aux pratiques communes et constantes des
membres d'une communauté, la méthodologie des récits de vie met également à
jour l'existence des interactions des rapports individu/société. Comme le
soulignent J. Balan et E. Jelin (1980: 281) : « l'histoire de vie individuelle donne
un sens à l'expérience quotidienne, aux pratiques usuelles et au réseau de
relations sociales de chacun ». Elle permet ainsi d'accéder, au-delà de
l'articulation entre expériences individuelles et expériences collectives, à
l'articulation des rapports sociaux sous-tendant les pratiques sociétales. C'est,
selon l'expression de Daniel Bertaux, l'accès au niveau du "méso-social", tout
comme le rappelle Danielle Desmarais (1986:10) qui dégage à la fois la prégnance
des structures sociales sur les individus concrets et le jeu des acteurs à
l'intérieur de ces structures. Cette interaction entre le système et l'acteur
touche particulièrement, selon Y. Chevalier (1989 : 69), à la socialisation de
l'acteur à travers différentes instances sociales.

Dans cette démonstration sur le caractère social du récit individuel, il est à


noter, par ailleurs, que l'énonciation d'un "moi social" au cours d'un entretien
biographique dépend surtout du statut protocolaire de l'enquête elle-même.
Représentant en quelque sorte une institution (en général enquête universitaire
en sciences sociales), cette dernière conditionne la "réponse" narrative
individuelle dans une direction de représentativité par rapport à un groupe
d'appartenance. Ainsi, comme le note M.F. Chanfrault-Duchet : « le sujet
sollicité est contraint d'assumer, face au chercheur-enquêteur (l'institution), le
statut d'enquêté-représentant du groupe étudié, et donc de mettre en œuvre
les stratégies discursives correspondantes : emploi du "on" et du "nous" qui, par
delà le "je", renvoient à ce groupe » (1988 : 29).

Si le récit de vie exprime la réalité sociale du groupe d'appartenance à travers


les voix individuelles, pourrions-nous aller jusqu'à dire pour autant que la
méthode soit représentative ?
La représentativité dans l'approche biographique : le principe de saturation

Dans l'enquête biographique, la thématique choisie au départ focalise les récits


sur une certaine catégorie de phénomènes. Ce qui est saisi, comme nous venons
de le voir, ce n'est pas la subjectivité, mais ce sont, à travers la subjectivité,
certaines aspects de la réalité sociale. C'est pourquoi il ne s'agit pas de recueillir
une narration mais de multiplier les récits de manière à recueillir le social.

Cependant, il n'est pas question ici de représentativité statistique de personnes


à entretenir. Il n'y a pas de test statistique pour déterminer le nombre.
D'ailleurs, ce n'est pas de cette démarche que la méthodologie des récits de vie
procède.

Les récits de vie recueillis par vagues successives constituent un échantillonnage


progressif, selon le principe de saturation. L'énoncé même de celui-ci montre
qu'aucune quantification à priori n'est possible : on ne se rapproche pas du point
de saturation à partir d'un échantillon à priori. La question de la taille optimale
de l'échantillon ici n'a pas de sens, car on s'engage dans une démarche d'un
autre ordre et d'une autre logique qui consiste plutôt à "se laisser prendre par la
vague".

Ce principe de saturation, qui a été défini par H.S. Becker (1977) et plus tard par
D. Bertaux (1980), intervient lorsque le chercheur atteint une certaine
récurrence des thèmes dans ses entretiens. En d'autres termes, c'est lorsqu'il
apparaît, au cours de la collecte des données, qu'un nouveau récit de vie - par-
delà son intérêt intrinsèque - n'apporte plus aucune nouvelle information pour la
recherche. Ainsi le chercheur arrête d'accumuler les données à partir du
moment où celles-ci ne lui fournissent plus d'éléments nouveaux par rapport à
ceux déjà recueillis. C'est la saturation qui met donc fin à l'échantillonnage.

Parlant de cette saturation, qui intervient quand il y a redondance, Daniel


Bertaux écrit : « Si, une fois dégagé clairement le caractère de ce qui se
retrouve dans de nombreux cas, il apparaît qu'il s'agit bien d'un "objet
sociologique", c'est-à-dire qu'il s'agit de quelque chose qui relève du social et
non du psychologique, du collectif et non de l'individuel, alors on peut affirmer
avoir atteint un premier niveau de saturation » (1986 : 28).
Selon J. Poirier, S. Clapier-Valladon et P. Raybaut, «dans toutes les enquêtes par
entretiens, on constate une saturation de l'information par répétitivité : il est
rare que l'on voie apparaître des informations nouvelles après le 20 ème ou le 30ème
entretien » (1983 : 144).

Il va sans dire que l'on ne peut saturer sur l'ensemble des trajectoires. La
réalité de ceux-ci est irréductible dans sa totalité à l'analyse sociologique. Mais,
on sature sur des processus qui traversent ces trajectoires de part en part à
des moments précis. Comme l'écrit Jean Peneff : « Dans les textes édités, on
ne peut pas épuiser la description des parcours individuels et des nuances dans
les trajectoires. L'essentiel est de mettre à jour des processus sous un même
angle : par exemple l'accès à l'emploi pour des ouvriers migrants vers la ville »
(1990 : 80).

Arrivé à cet objectif de montrer des exemples fréquents, le chercheur n'est-il


pas en droit d'avancer qu'il est alors en présence d'un échantillon représentatif
ou, plus exactement, que la récurrence des thèmes dans les entrevues est un
indicateur de représentativité spécifique à ce type d'approche ? C'est bien, en
tout cas, ce que soutient Daniel Bertaux quand il écrit : « Lorsque la saturation
est atteinte, elle confère une base très solide à la généralisation : à cet égard,
elle remplit pour l'approche biographique très exactement la même fonction que
la représentativité de l'échantillon pour l'enquête par questionnaire » (1980:
208).

Ce type d'approche a ses limites, nous en sommes conscients. On ne peut


prétendre à partir d'une rencontre dans une vingtaine de ménages immigrants
cerner toute l'ampleur et la profondeur d'une situation qui touche des millions
d'individus. Néanmoins, si un individu n'est jamais le juste représentant de sa
catégorie sociale, il n'est jamais non plus, à moins d'exception, un cas isolé en
dehors de toutes influences de sa catégorie sociale.

Comment avons-nous utilisé l'outil méthodologique des récits de vie ? Quel


matériau cette approche nous a –t-elle permis de recueillir ? Quels problèmes
avons-nous rencontrés en l'utilisant dans le contexte du terrain de notre
enquête ? Quelle analyse nous a-t-elle permis d'élaborer ?
Guide d'entretien et identification des informateurs

Avant d'effectuer les entretiens avec un certain nombre de migrants ruraux,


nous avons préalablement élaboré, d'une part, un guide d'entretien sous forme
d'une grille de questions biographiques et nous nous sommes fixés, d'autre part,
un certain nombre de critères pour le choix des personnes à interroger.

En ce qui concerne le guide d'entretien qui nous a servi d'instrument de


cueillette de données, celui-ci a été conçu et élaboré en vue de produire une
information fiable sur les thèmes que nous avons privilégiés dans le but
d'appréhender la problématique de la migration rurale-urbaine au Maroc.

Ce guide, qui constitue le cadre thématique de l'enquête, comporte un certain


nombre de modules sur les thèmes principaux de la recherche. Il a été conçu
comme une sorte de canevas permettant d'éviter une trop grande dispersion du
récit et de systématiser le type d'information désiré. De ce fait, sa qualité est
de faciliter l'approfondissement de chacun des thèmes prévus. Les quelques
interrogations qu'il comporte servent de fil conducteur au narrateur de manière
à lui faciliter l'orientation de ses interventions pour lui permettre d'approfondir
chaque thème et de compléter l'information.

L'usage de cet instrument fut plus au moins délicat car nous devions maintenir
une attitude semi-directive à l'intérieur du canevas d'entretien, celui-ci ayant
une fonction de cadre (ne pas laisser digresser le narrateur hors du champ de la
recherche) et une fonction de précision (demander l'information que le
narrateur ne fournit pas spontanément). Nous y reviendrons plus loin.

Conduite et réalisation des entretiens


Nous avons effectué nous-même toutes les entrevues et nous avons ainsi été en
mesure d'observer plusieurs éléments de la vie des migrants. En tout, 30
entrevues ont été menées. De type semi-structuré, elles ont duré de une à deux
heures, et ont été enregistrées sur magnétophone avec le consentement des
personnes choisies. L'entretien se déroule face à l'informateur, de préférence
chez lui, mais ce n'est pas une nécessité absolue. Certains entretiens se sont
déroulés dans les lieux publics du quartier: cafés, places centrales, coins de rues,
près de mosquées...

Au début de la rencontre, nous énumérions les thèmes sur lesquels portait


l'entretien. Il s'agissait de couvrir tous les thèmes en suivant les pistes
avancées par les questions du canevas.

À chacune des personnes qui a accepté de participer à notre étude, nous avons
promis d'assurer la confidentialité et l'anonymat de nos entretiens.
Confidentialité, au sens où leurs propos ne seraient pas rapportés hors du cadre
de la recherche ; anonymat, au sens où le compte rendu d'analyse serait discret
en particulier sur leur nom, un indice qui pourrait contribuer à les faire
reconnaître.

En général, nous avons adopté une attitude semi-directive au moment de la


conduite des entretiens. Cette attitude nous a permis un contrôle minimal du
processus de mémorisation et une liberté maximale laissée au narrateur.

Cependant, même si la règle générale que nous nous sommes donnée en ce qui
concerne le processus de la réalisation des entretiens était la conduite semi-
directive, avec certains informateurs, il était nécessaire pour nous d'être un peu
plus directifs qu'avec d'autres. Cela, parce qu'ils n'évoquaient pas spontanément
certaines questions cruciales pour la recherche. Nous avons donc été
alternativement directif et non directif, et d'un entretien à l'autre, nous avons
été amené à poser des questions précises pour compléter les informations déjà
recueillies. C'est dire que dans la situation stratégique de chaque entretien, il
s'agissait, chaque fois pour nous, d'utiliser la dynamique spontanée de
l'entretien tant en fonction de nos objectifs que de notre problématique.

Au-delà de ces principes d'ordre général sur la conduite et la réalisation des


entrevues, nous avons, au cours de notre travail de terrain, relevé quelques faits
et noté, dans notre cahier de bord, quelques remarques qu'il nous semble
pertinent de rappeler ici. Ces observations et remarques peuvent être formulées
et résumées de la manière suivante :

- le fait d'avoir une personne-ressource qui habite, elle-même, le quartier choisi


pour l'enquête est une chose des plus importantes pour le déroulement du travail
d'enquête. C'est un leurre d'imaginer ou de prétendre recueillir des récits de vie
au hasard, sans faire la connaissance préalablement des personnes à interviewer.
Pour obtenir un récit de vie, il ne suffit pas de sonner à une porte, de tendre un
micro et d'écouter humblement. Les populations concernées se méfient beaucoup
des "intrus" qui se présentent seuls dans leur quartier. Elles ne peuvent faire
confiance à l'enquêteur-chercheur que si, celui-ci, leur est présenté en tant que
tel par une personne-ressource, un intermédiaire de confiance. Celle-ci, doit
être, à son tour, crédible aux yeux des populations du quartier afin que le travail
se déroule dans un véritable climat de confiance ;

- la présence du magnétophone a altéré, dans certains cas, le climat d'aise et de


confiance. Certaines personnes qui ont bien accepté de raconter leur expérience
migratoire ont exprimé en effet une certaine gène, voire même une crainte de
parler librement devant l'appareil. Elles estimaient qu'elles «n'avaient pas
l'habitude d'être enregistrées et que seules les personnes instruites pouvaient
le faire». On leur a expliqué, en plus des garanties préservant la confidentialité
et leur anonymat, qu'il nous était concrètement impossible de prendre des notes
instantanément que le déroulement de leur discours. Toutefois, certaines
personnes interviewées ont, au cours des toutes premières minutes de leur récit,
fait attention à l'appareil enregistreur. Ceci se sentait au niveau de leurs
hésitations et de leurs différentes tentatives de soigner leur langage. Elles ont
fini, dans une grande partie, par oublier l'existence du magnétophone et leur
communication devint plus spontanée et authentique ;

- il est difficile pour un enquêteur homme de rentrer en contact et d'interviewer


des femmes immigrantes. Cela s'explique par le manque d'informatrices capables
d'accepter de raconter leur itinéraire migratoire et d'être enregistrées sans
l'autorisation maritale, dans le cas des femmes mariées, et parentale dans le cas
des célibataires. Ce problème justifie d'ailleurs le nombre réduit des récits de
vie des femmes dans notre échantillon. Celles qui ont bien voulu le faire ont été
contactées en dehors de leur lieu d'habitation ;
- l'interlocuteur idéal n'existe pas. Les immigrants ruraux sont, dans la plupart
des cas, incapables de raconter amplement leur itinéraire migratoire. Ils ont des
difficultés d'expression et de communication. Cela s'explique par leur faible
capital d'instruction. Certains d'entre eux terminent l'histoire de leur
expérience migratoire et se taisent au bout de quelques minutes de prise de
parole. D'où l'intérêt des questions de relance préalablement préparées et qui
permettent aux narrateurs de revenir sur quelques faits majeurs marquant leur
cheminement migratoire. Par contre, certains immigrants lettrés, racontent
relativement bien leur cheminement migratoire. Ils savent préciser les
motivations qui les ont conduits à prendre le chemin de la ville et sont capables
de mettre l'accent sur ce qui leur paraît essentiel dans le processus migratoire.
Certains extraits de leur discours montrent qu'ils sont même capables de
prendre du recul pour interpréter leur expérience migratoire en particulier et
celle des autres en général.

Après avoir mis en exergue notre attitude de la conduite des entrevues et nos
observations par rapport à la spécificité de notre terrain d'enquête, il nous faut
maintenant rendre compte de la manière dont nous nous sommes pris pour
organiser et traiter les données qualitatives recueillies.

Mise en ordre et traitement des récits de vie recueillis

Une fois que notre corpus de récits de vie a été constitué, nous avons
immédiatement procédé à un travail de mise en ordre nécessaire à l'opération
ultime de l'analyse et de l'interprétation du matériel collecté. Il s'agissait pour
nous de nous organiser afin de mettre en forme une synthèse de l'information
recueillie et élaborer une "représentation" ou un "modèle" de l'objet étudié.

Cette mise en ordre a commencé tout d'abord par la transcription des récits de
vie collectés. Nous avons traduit et transcrit dans la langue française tous les
entretiens qui ont été, eux, enregistrés dans la langue arabe dialectale des
personnes enquêtées. Ces récits de vie recueillis de la bouche de nos narrateurs
ont subi, de par cette opération, quelques modifications sémantiques. Comment
pouvait-il en être autrement puisque nous sommes passés d'une parole à un texte
qui, déjà, diffère quelque peu de la parole entendue, puis avons refait un texte
sur un texte. Cela dit, nous avons essayé, au fur et à mesure, que nous
traduisions et transcrivions dans le langage de l'écriture, de rester le plus
possible fidèle aux paroles et aux significations enregistrées.
Cependant, ces récits n'ont pas été intégralement retranscrits. Nous avons opté,
comme le suggère Jean-Pierre Deslauriers, pour une «transcription partielle»
(1991:67) en ne maintenant que «les réponses modales» (Bardin, 1989: 192).
Celles-ci demeurent caractéristiques du groupe de personnes étudié et
représentatives des thèmes privilégiés pour l'analyse de la migration rurale-
urbaine. Nous avons préféré couper systématiquement les répétitions, les
hésitations et les amorces de phrases sans suite, à moins qu'elles ne soient
porteuses d'un sens qui nous était perceptible. Nous avons également écarté
toutes les phrases qui, après lecture et relecture, nous demeuraient
incompréhensives ou dont le message pouvait rester ambigu. Nous avons enfin
éliminé les questions qui n'auront chaque fois servi qu'à lancer et à relancer le
récit du narrateur. Toujours dans le but de privilégier la fidélité absolue au
contenu plutôt que le respect scrupuleux de la forme parlée, nous n'avons pas
hésité lorsque nécessaire à restructurer les récits par la réunion logique des
passages traitant d'un même sujet ou d'un même épisode, cherchant toutefois à
conserver autant que possible le déroulement chronologique de la tranche de vie
racontée. Ce travail est évidemment arbitraire par rapport au texte initial, mais
il a le mérite de garantir la cohésion et de fournir une meilleure compréhension.

Nous avons ensuite procédé à ce que J. Poirier et al. appellent une «investigation
des thèmes», c'est-à-dire «une opération de découpage du texte en unités puis
une classification de ces unités en catégories» (1983: 207). Pour ce faire, nous
avons construit un cadre thématique catégoriel à partir des modules directement
issus du canevas d'entretien. Celui-ci nous a permis de rassembler pour chacune
des catégories et des sous-catégories thématiques les fragments du discours s'y
rapportant. Ces fragments comportent une information pertinente et
représentent des indicateurs d'une dimension que la problématique de la
recherche s'est donnée pour objectif de dégager. Chaque récit de vie a donc été
relu de manière à découper le texte pour le faire entrer dans le système
catégoriel. Concrètement, nous avons réservé un espace à gauche du texte pour
les annotations et les paragraphes étaient tous numérotés afin de faciliter la
classification des thèmes. Dans chacune des catégories du canevas d'entretien,
on indiquait les numéros de paragraphes de l'entretien transcrit y correspondant
ainsi qu'un petit résumé de l'information.

En rassemblant les éléments de l'enquête et en organisant et structurant le


corpus des entretiens selon les thèmes prévus, le système catégoriel nous a
surtout permis d'entamer la phase d'analyse. Celle-ci a été menée sous une
double perspective : thématique catégorielle et interrogative ; ces deux
catégories permettent de déceler adéquatement ce qu'est la réalité vécue du
groupe immigrant et d'établir, par conséquent, les éléments d'une définition de
la pratique d'immigrants comme pratique sociale.

En effet, la première technique d'analyse thématique catégorielle correspond à


l'analyse de contenu classique (Bardin, 1989). Elle permet, en privilégiant la
répétition fréquentielle des thèmes - tous entretiens confondus -, de balayer au
niveau manifeste l'ensemble des entretiens dans le but «de mettre en évidence
les constantes des récits, les régularités qui constituent le fond commun aux
réponses des sujets» (Poirier et al., 1983 : 150). «Faire une analyse thématique,
avait souligné Laurence Bardin, consiste à repérer des noyaux de sens qui
composent la communication et dont la présence ou la fréquence d'apparition
pourront signifier quelque chose pour l'objectif choisi» (1989 : 105).

La seconde technique interrogative se situe, elle, à un niveau d'abstraction plus


élevé. Elle confronte le matériel recueilli aux concepts théoriques. À partir des
informations touchant les problèmes de recherche, nous avons tenté, d'un côté,
de dévoiler les stratégies qui s'élaborent et se déploient pour orienter les
pratiques, guider la gestion des ressources et satisfaire les besoins nécessaires
à la migration et, de l'autre, de voir quel est le réseau social qui, à chaque
moment de l'itinéraire migratoire, élabore et met en œuvre la stratégie
correspondante.

Pour donner à notre démonstration un caractère plus fiable, nous avons, au-delà
de ces deux dernières démarches analytiques, catégorielle et interrogative,
procédé, dans notre processus d'interprétation, par recoupements avec d'autres
sources. Ainsi, parallèlement à notre enquête par entretiens, nous avons mené
une importante recherche documentaire sur le contexte d'immigration et ses
caractéristiques socio-démographiques et économiques. Cette investigation
documentaire sur les monographies existantes nous a permis de trianguler nos
données et nous a servi de support d'interprétation aux récits de vie recueillis.

En conclusion

Nous pouvons dire que l’utilisation de cette méthode qualitative des récits de vie
nous a permis de recueillir des informations pertinentes sur le mouvement
migratoire et mener des analyses cohérentes non seulement sur les motivations
des migrants à prendre les chemins des villes mais également sur le processus de
leur insertion urbaine.
Références bibliographiques générales

- Blanchet Alain, Ghiglione Rodolphe, Massonnat Jean et Trognon Alain (1987), Les
techniques d’enquête en sciences sociales, Paris, Bordas, 197 p.
- Coenen Pierre (1989), Méthodes et techniques de recherche en sciences sociales,
Cahier de notes, La Pocatière, Coop Crité, automne, 69 p.
- Deslauriers Jean-Pierre (1991), Recherche qualitative, Québec, Edition McGraw-
Hill, 142 p.
- Dufour Stéphane, Fortin Dominic et Hamel Jacques (1991), L’enquête de terrain en
sciences sociales : l’approche monographique et les méthodes qualitatives,
Montréal (Québec), Editions Saint Martin, 183 p.
- Loubet Del Bayle J.L. (1986), Introduction aux méthodes des sciences sociales,
Toulouse, Privat, 234 p.
- Mucchielli Roger (1988), L’analyse de contenu des documents et des
communications, 6ème éd., Paris, les Editions sociales françaises, 189 p.
- Navez-Bouchanine Françoise (1990), Enquête, mode d’emploi : Techniques
d’enquête et collecte de données dans les études socioéconomiques, Casablanca,
Editions Al Khattabi, 292 p.
- Quivy Raymond et Van Campenhoudt Luc (1988), Manuel de recherche en sciences
sociales, Paris, Dunod, 271 p.

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