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T140

Numéro d'ordre: 99-30 Année 1999

THESE

présentée devant
L'ECOLE CENTRALE DE LYON

pour obtenir le grade de


DOCTEUR

spécialité
GENIE CIVIL

par
Bruno BORNAREL
Ingénieur diplômé de l'Ecole Centrale de Lyon

FONDATIONS SUPERFICIELLES SUR PENTE


ET ESSAI PRESSIOMETRIQUE
APPROCHE NUMERIQUE

Soutenue le 14 Juin 1999 devant le jury d'examen composée de:

MM.
R. KASTNER Président
M. BOULON Rapporteur
P.Y. HICHER Rapporteur
CAMBOU Directeur de thèse
CHAPEAU Examinateur
P. MESTAT Examinateur
G. OLIVARI Examinateur
Y. CANEPA Examinateur

LABORATOIRE DE TRIBOLOGIE ET DYNAMIQUE DES SYSTEMES


(UMR C5513)
DEPARTEMENT DE MECANIQUE DES SOLIDES
GENIE MECANIQUE - GENIE CIVIL
ECOLE CENTRALE DE LYON

36, Avenue Guy de Collongue 69131 ECULLY CEDEX


Numéro d'ordre. 99-30 Année 1999

THESE

présentée devant
L'ECOLE CENTRALE DE LYON

pour obtenir le grade de


DOCTEUR

spécialité
GENIE CIVIL

par
Bruno BORNAREL
Ingénieur diplômé de l'Ecole Centrale de Lyon

FONDATIONS SUPERFICIELLES SUR PENTE


ET ESSAI PRESSIOMETRIQUE
APPROCHE NUMERIQUE

Soutenue le 14 Juin 1999 devant le jury d'examen composée de:

MM.
R. KASTNER Président
M. BOULON Rapporteur
P.Y. HICHER Rapporteur
CAMBOU Directeur de thèse
CHAPEAU Examinateur
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ECOLE CENTRALE DE LYON
LISTE DES PERSONNES HABILITEES A ENCADRER DES THESES
Arrêté du 30.03.92 (Art. 21) et Arrêté du 23.11.88 (Art.21)
MISEAJOURdu 22.12.1998

Directeur : Etienne PASCAUD


Directeur Adjoint - Directeur des Etudes: Léo VINCENT
Directeur Administration de la Recherche : Francis LEBOEUF

LABORATOIRE NOM-PRENOM GRADE

CENTRE DE GENIE AURIOL Philippe PROFESSEUR ECL


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KRAHENBUHL Laurent DIRECTEUR DE RECHERCHE CNRS


NICOLAS Laurent CHARGE DE RECHERCHE CNRS

EQUIPE ANALYSE CHEN Uming PROFESSEUR ECL


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SOUTEYRAND Elyane CHARGE DE RECHERCHE CNRS


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ROUSSEAU Jacques PROFESSEUR ENISE


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On n'est pas vieux tant que l'on
cherche.

Jean Rostand

Connaissant les hommes, je donne


toujours raison aux femmes.

José Cabanis

L'humanité qui devrait avoir six


mille ans d'expérience retombe en
enfance à chaque génération.

Tristan Bernard
A Fabienne et Fanny,

A ma famille,

A mes amis.
Je ne saurais assez remercier Bernard Cambou d'avoir accepté d'encadrer ce travail de
recherche. Toujours disponible, il a su me remettre sur la bonne voie dans les moments
difficiles. Sa vigilance et sa rigueur ont permis à cette thèse d'aboutir.

Christian Chapeau a été l'initiateur de ce projet de recherche. Malgré ses occupations


professionnelles, il a toujours fait en sorte que mon travail de recherche puisse se poursuivre
dans de bonnes conditions. Je l'en remercie.

Je suis redevable à Gilbert Olivan d'avoir lu mon mémoire de thèse avec une extrême
attention. Son regard critique et les discussions animées que nous avons eues ont été riches en
enseignements.

Je remercie Marc Boulon et Pierre-Yves Hicher, les rapporteurs, pour avoir accepté avec
gentillesse les délais très courts qui leur ont été imposés pour évaluer le travail accompli.
Merci encore à Yves Canepa et Philippe Mestat: le premier m'a fait bénéficier de sa grande
expérience, et, le second, outre ses connaissances en méthodes numériques, a apporté un soin
tout particulier à la correction du mémoire. Merci aussi à Richard Kastner d'avoir bien voulu
assumer la responsabilité de présider le jury de thèse.

Enfin j'ai une pensée amicale pour l'ensemble des personnes côtoyées pendant ces quelques
années au sein du laboratoire. L'ambiance conviviale et chaleureuse qui y a régné, et qui ne
s'est jamais démentie, a rendu ces moments fort agréables.
Table des matières

Introduction 5

Chapitre i

Données bibliographiques 7

L'essai pressiométrique 8
1.1. Le pressiomètre avec forage préalable 8
1.2. Le pressiomètre autoforeur 9
1.3. Interprétation théorique de l'essai pressiométrique 11
1.3.1. Cadre général de l'approche en grandes déformations 12
1.3.1.1. Hypothèses de base 12
1.3.1.2. Description des contraintes et des déformations 12
1.3.1.3. Les équations d'équilibre et les conditions aux limites 14
1.3.1.4. Les variations de volume 14
1.3.1.5. Le cas des petites déformations 15
1.3.2. Prise en compte du comportement du sol 16
1.3.2.1. Approche basée sur une analyse globale du comportement du sol 17
1.3.2.2. Approche basée sur un comportement élastoplastique du sol 19
1.3.3. Analyse en petites déformations sans l'hypothèse de déformation plane 21
1.3.4. Détermination des pressions limite à l'infini et conventionnelle 22
1.3.5. Exemples de courbes pressiométriques théoriques 22
Capacité portante des fondations superficielles 23
2.1. Définitions 23
2.2. Méthodes de calcul de la capacité portante 24
2.2.1. Les règles actuelles 24
2.2.2. Interprétation directe d'essais in situ 25
2.2.3. Application de la théorie de la plasticité parfaite 27
2.3. Influence de la présence d'une pente 30
Etat de contrainte initial dans un massif de sol 31

Chapitre 2

Éléments de la qualité d'une modélisation numérique en géotechnique 35

Introduction 36
Principe de la méthode des éléments finis en déplacement 36
2.1. Principe de la méthode 36
2.2. Résolution des problèmes non linéaires 37

i
2.3. Application à l'élastoplasticité 39
Modélisation d'un problème de mécanique des sols 39
3.1. Analyse géométrique du problème 39
3.2. Conditions aux limites 40
3.3. Discrétisation spatiale du milieu 41
3.4. Modélisation du chargement et de l'état initial 42
3.5. Modélisation du comportement du sol 42
Précision des résultats 43
4.1. Choix du type d'élément 43
4.2. Problème des calculs à la rupture en plasticité 44
4.3. Critères de convergence 44
Le code de calcul CESAR-LCPC 44

Chapitre 3

Les lois de comportement en élastoplasticité 47

La théorie de l'élastoplasticité 48
Modèle de Mohr-Coulomb 50
Modèle CJS 54
3.1. Comportement élastique 54
3.2. Comportement plastique 55
3.2.1. Mécanisme plastique isotrope 55
3.2.2. Mécanisme plastique déviatoire 56
Modèle CAM-CLAY modifié 63
4.1. Comportement élastique 63
4.2. Comportement plastique 64
4.2.1. Analyse de l'essai de compression isotrope 64
4.2.2. Concept d'état critique 65
4.2.3. Expression du travail plastique 65
4.2.4. Formalisme des matériaux standard 66
Jeux de paramètres de base 67
5.1. Jeu de paramètres [CJS-A] pour le modèle CJS 69
5.2. Jeu de paramètres [CC-A] pour le modèle Cam-Clay modifié 70

Chapitre 4

Modélisation de l'état de contrainte initial dans une pente 71

Introduction 72
Notations 72
Modélisation d'un massif comportant une pente 73
3.1. Caractéristiques géométriques du modèle 73
3.2. Modélisation de la genèse de la pente 74

2
3.3. Modélisation du comportement du sol 76
3.4. Modélisation numérique 76
3.5. Présentation des résultats 77
Analyse Pour un comportement élastique du sol 78
4.1. Cas théorique du massif élastique semi-infini à surface plane 78
4.1.1. Massif semi-infini à surface horizontale (f3 = 0) 79
4.1.2. Massif semi-infini à surface inclinée (f3 0) 79
4.2. État de contrainte dans le massif de dimensions finies 80
4.3. Chemins de contrainte suivis au cours de la genèse de la pente 84
Analyse pour un comportement élastoplastique du sol 86
5.1. Sols fins - modèle Cam-Clay modifié 87
5.2. Sols granulaires - modèle CJS 89
Conclusions 91

Chapitre 5

Modélisation de l'essai pressiométrique 93

Introduction 94
1.1. Hypothèses de base 94
1.2. Positionnement du problème 95
Méthodologie proposée 96
2.1. Inconvénients liés à cette méthode 96
2.2. Caractéristiques géométriques et conditions aux limites 97
2.3. Cas du massif horizontal 98
2.4. Mode opératoire de l'essai pressiométrique 99
2.5. Établissement des courbes pressiométriques 100
Modélisation numérique 101
3.1. Étude paramétrique pour un massif horizontal 101
3.2. Choix des paramètres pour les simulations numériques 102
3.3. Maillages utilisés 103
Simulations réalisées 104
4.1. Cas du massif de sol horizontal 104
4.2. Cas du massif de sol en pente 104
Analyse des résultats pour le massif horizontal 106
Analyse des résultats pour le massif en pente 108
6.1. Valeurs de la pression limite conventionnelle 109
6.1.1. Influence de l'état initial et de la position de l'essai 111
6.1.2. Comparaison avec un massif horizontal 115
6.2. Déformée de la sonde 118
6.3. Chemins et profils de contrainte 124
6.4. Conditions de réalisation de l'essai pressiométrique 127
Conclusions 130

3
Chapitre 6

Modélisation de l'essai d'enfoncement d'une fondation superficielle 131

Influence de la largeur de la fondation B sur le facteur de portance N 132


1.1. Règles pressiométriques 132
1.2. Calculs par éléments finis 134
Influence de l'état initial sur un calcul de fondation 138
2.1. Sols granulaires - modèle CJS 139
2.2. Sols fins - modèle Cam-Clay modifié 140
2.3. Conclusions 142
Comparaison avec des essais réalisés en centrifugeuse 142
3.1. Présentation des essais réalisés en centrifugeuse au LCPC 143
3.2. Simulations numériques réalisées par O. Maréchal 144
3.3. Simulations numériques réalisées avec le modèle de comportement CJS 145
3.3.1. Généralités 145
3.3.2. Résultats des essais de laboratoire 145
3.3.3. Conditions des simulations et calage des paramètres 146
3.3.4. Les simulations réalisées 148
3.4. Analyse des courbes d'enfoncement 150
3.5. Analyse des coefficients réducteurs de portance 152
3.5.1. DIB = O - Cas élémentaires (ie, io) 152
3.5.2. D/B = O - Massif en pente (in) 154
3.5.3. DIB = O - Massif en pente. Charge excentrée (i) 155
3.5.4. D/B = O - Massif en pente. Charge inclinée, 6> 0 (ioí) 156
3.5.5. D/B = O - Massif en pente. Charge inclinée, 6<0 (i8) 158
3.5.6. D/B = O - Massif en pente. Charge inclinée et excentrée, 6 > O (isrj) 161
3.5.7. DIB = O - Massif en pente. Charge inclinée et excentrée, 6 < O (io) 162
3.5.8. DIB = 1/2 - Fondation encastrée 164
3.6. Conclusions 165
3.6.1. Considérations générales 165
3.6.2. Valeurs des différents coefficients réducteurs 166
Essais pressiométriques et essais d'enfoncement de fondation 167
4.1. Présentation des résultats 167
4.2. Analyse des résultats 171

Conclusions 173

Principaux résultats 173


Perspectives 174

Bibliographie 175

4
Introduction

Le problème de l'estimation de la capacité portante des fondations superficielles a fait l'objet


de nombreuses études, tant théoriques qu'expérimentales. Dans les règles actuellement en
vigueur en France, deux approches sont ainsi proposées: la première, théorique, est basée sur
la théorie de la plasticité parfaite, et la seconde, empirique, sur l'interprétation directe d'essais
in situ. Dans les deux cas, les formules de base proposées correspondent à une configuration
simple de référence, le massif de sol étant à surface libre horizontale et la fondation soumise à
une charge verticale centrée. Les cas plus complexes, et notamment la présence d'une pente,
sont traités par l'intermédiaire de coefficients réducteurs appliqués aux formules de base. Les
valeurs à considérer pour les différents coefficients réducteurs ne font pas l'unanimité, et ce
problème reste d'actualité.

Dans ce contexte, le cadre général de ce travail de recherche est l'étude de l'influence de la


présence d'une pente sur la capacité portante des fondations superficielles filantes.
Parallèlement, la méthode de calcul empirique basée sur l'interprétation directe de l'essai
pressiométrique est analysée dans ce cas particulier. L'ensemble de cette étude est menée à
partir d'une approche numérique, en utilisant un code de calcul de type éléments finis.

Le Chapitre i rassemble les données bibliographiques générales concernant d'une part l'essai
pressiométrique, et, d'autre part, le calcul de la capacité portante des fondations superficielles.
La méthode des éléments finis, le code de calcul utilisé, ainsi que les aspects importants
garants de la qualité d'une simulation numérique, sont présentés dans le Chapitre 2. Le
Chapitre 3 concerne la modélisation du comportement des sols: après un rappel de la théorie
générale de l'élasto-plasticité, les formulations des différents modèles de comportement
utilisés dans cette étude sont exposées.

La modélisation d'un problème géotechnique nécessite la prise en compte de l'état de


contrainte initial au sein du massif de sol. Cet état initial dépend du type de sol modélisé et de
l'historique des chargements que le massif a subi au cours du temps. L'objet du Chapitre 4 est
d'analyser l'influence, pour différents types de sols, de plusieurs historiques de chargements
sur l'état de contrainte résultant dans le massif. Les différents états de contrainte et
d'écrouissage ainsi obtenus seront utilisés comme états initiaux dans les simulations
Oultérieures d'essais pressiométrique et d'enfoncement de fondation.

Le Chapitre 5 est consacré à la modélisation numérique d'un essai pressiométrique réalisé


dans une pente. Le problème réel, à trois dimensions, est ramené à un problème en deux
dimensions en admettant l'hypothèse de déformation plane de la sonde pressiométrique dans
un plan horizontal. Sont analysés dans ce chapitre l'influence de plusieurs paramètres : le type
de sol, l'état de contrainte initial au sein du massif, la position de réalisation de l'essai.

Dans le même esprit, le Chapitre 6 traite de la simulation numérique d'essais d'enfoncements


de fondations établies à proximité d'un talus. L'influence de l'état initial du massif de sol est

5
d'abord étudié. Puis, à partir des résultats expérimentaux obtenus au cours d'une campagne
d'essai réalisés en centrifugeuse, des simulations numériques sont réalisées dans le but
d'étudier les différents coefficients réducteurs de portance. Enfin, les résultats obtenus sont
rapprochés de ceux issus de l'étude de l'essai pressiométrique.

6
Chapitre i

Données bibliographiques

Résumé:

L 'objet de ce chapitre est de présenter les éléments bibliographiques essentiels concernant les
sujets abordés dans cette étude. Le calcul de la capacité portante des fondations
superficielles, l'interprétation théorique de l'essai pressiométrique, et l'estimation de l'état
de contrainte initial dans un massif de sol sont présentés, aussi bien au niveau des
développements théoriques qu'au niveau des règlements et usages actuellement en vigueur.

7
Données bibliographiques Chapitre i

1. L'essai pressiométrique

Les premières tentatives de réalisation d'essais d'expansion cylindrique dans les sols en place
ont été réalisées par Kögler en 1934, mais n'ont pas abouti. C'est Louis Ménard, en 1957, qui
a mis au point le pressiomètre avec forage préalable, largement utilisé aujourd'hui en France.
D'autres types de pressiomètre, avec des modes opératoires différents, ont vu le jour depuis,
notamment les pressiomètres autoforeurs et les pressiomètres foncés. L'essai pressiométrique
permet d'obtenir la réponse du sol à partir d'une courbe d'expansion donnant le volume
injecté en fonction de la pression dans la sonde. Il faut noter que les résultats obtenus sont
fortement dépendants du pressiomètre utilisé.

1.1. Le pressiomètre avec forage préalable

Le pressiomètre est mis en place dans un forage réalisé au préalable, ce qui provoque une
décompression et donc un remaniement du sol autour de la sonde. Comme les résultats sont
très sensibles à la qualité de réalisation de l'essai, le mode opératoire a été normalisé [LCP
1971], [AIFN 1991]. Le chargement s'effectue à pression contrôlée par paliers, suivant une
progression arithmétique. L'essai étant rapide, donc en conditions non drainées, il s'interprète
en contraintes totales. Une courbe d'expansion type, représentée sur la figure 1-1, se
décompose habituellement en trois phases

une première phase: (O p Po ; O V V0) au cours de laquelle la sonde est mise en


contact avec le terrain. A priori, po est différente de la contrainte totale initiale horizontale
dans le massif.

une deuxième phase : (Po p pr; Vo V Vf) dite pseudo-élastique, caractérisée par
une réponse approximativement linéaire du sol. La pression atteinte à la fin de cette phase
est la pression de fluage Pf. Cette partie de la courbe permet de définir le module
pressiométrique EM donné par:

EM=2(1+v)[Vo+fv0 Pf Po
2 )VfVo

où y est le coefficient de Poisson du sol. Cette expression est obtenue à partir de l'analyse
théorique de l'expansion d'une cavité cylindrique dans un milieu infini élastique isotrope et
homogène, en faisant l'hypothèse de déformation plane de la sonde (pas de déformation
axiale).

une troisième phase: (Pf p ; Vf V) correspond à l'apparition d'une forte non-linéarité de


la courbe d'expansion due à la mise en plasticité du sol. Pour les très grandes
déformations, la pression tend vers une valeur limite. C'est la pression limite, notée p,
définie comme l'asymptote de la courbe pressiométrique quand le volume tend vers
l'infini. En pratique il est difficile, voire impossible, d'accéder à cette valeur de la

8
Données bibliographiques Chapitre i

pression ; la pression limite est alors définie comme la pression provoquant le doublement
du volume initial de la sonde (V1=2Vo) : c'est la pression limite conventionnelle, notée
Pic.

A
E
o

V1=2Vo

Vf

vo

I1 phase phase 3' phase


recompression du sol p se u d o-élastique plastique Pression

Po Pf Pic Pb.

Figure 1-1 - Pressiomètre avec forage préalable - Courbe d'expansion type.

L'exploitation de cet essai est essentiellement basée sur une interprétation directe, et repose
sur des formulations empiriques. Le rapport (EM/ptc) permet notamment de classer les sols en
différentes catégories et, dans le cas des sols purement cohérents Ménard [MEN 1963] a
proposé d'estimer la cohésion non drainée c en fonction de la pression limite conventionnelle
Pic par l'expression:

pic po [1-2]
u
a
a étant un paramètre représentatif du sol, fonction du rapport (EM/p1). Mais l'utilisation la
plus courante de cet essai est l'estimation de la capacité portante des fondations qui est reliée
directement à la pression limite conventionnelle par des fonnules empiriques simples. Cette
approche est aujourd'hui très largement utilisée en France.

1.2. Le pressiomètre autoforeur


Ce type de pressiomètre a été développé pour pallier l'inconvéi'iient majeur du pressiomètre
avec forage préalable: un remaniement important du sol autour de la sonde. L' appareil

9
Données bibliographiques Chapitre i

réalisant son propre forage, il se met en place directement et la perturbation du terrain est
minimisée. Le chargement peut se faire à pression ou à déformation contrôlée, et avec
différentes vitesses de sollicitation. Un chargement suffisamment lent peut donc permettre de
se rapprocher d'un essai en conditions drainées. La mesure de la pression interstitielle en cours
d'essai est aussi réalisable, mais s'avère difficile dans la pratique. Une courbe d'expansion
type, comparée à celle obtenue au pressiomètre avec forage préalable, met en évidence les
différences suivantes (figure 1-2)

il n'y a pas de phase de recompression du sol, la valeur de la contrainte totale initiale


horizontale dans le massif, estimée par po, est plus faible que celle obtenue à l'aide du
pressiomètre avec forage préalable, et certainement plus réaliste.

la partie pseudo-élastique n'apparaît pas, il n'est donc pas possible de définir une pression
de fluage Pf, ni un module pressiométrique EM suivant la même formulation que dans
l'essai avec forage préalable. Le comportement est aussi beaucoup plus raide en début
d'essai, et pour une même pression appliquée, les déformations obtenues sont nettement
inférieures.

E
Pressiomètre autoforeur
o
Pressiomètre avec forage praIable

Pression
O
Po (autoforeur)

Figure 1-2 - Comparaison des courbes pressiométriques.

Le LCPC qui a développé un des modèles de pressiomètre autoforeur, [BAG 1972], [BAG
1978], propose de caractériser la courbe réponse par les paramètres suivants:

les modules de cisaillement sécants G2, G5 et G20, obtenus respectivement pour des

lo
Données bibliographiques Chapitre i

déformations volumiques relatives de la sonde de 2%, 5% et 20% correspondant aux


pressions appliquées P2, p5 et P20 (figure 1-3).
s le coefficient d'identification i caractérisant le type de sol et défini par:

P20 P5 [l-3]
f3-
p20 po

II n'est pas possible d'utiliser les résultats obtenus avec le pressiomètre autoforeur dans les
relations empiriques établies pour le pressiomètre avec forage préalable. Par contre, le
pressiomètre autoforeur, qui minimise le remaniement du sol, se prête mieux à une
interprétation théorique de la courbe d'expansion.

Figure 1-3 - Pressiomètre autoforeur - Interprétation de la courbe d'expansion.

1.3. Interprétation théorique de l'essai pressiométrique


L'essai pressiométrique peut être schématisé par l'expansion d'une cavité cylindrique dans un
massif de sol infini, une pression étant appliquée sur la paroi interne de la cavité. L'analyse
théorique de ce problème a fait l'objet d'un grand nombre d'études, plus ou moins complexes
suivant les hypothèses prises en compte. Ces hypothèses concernent les points suivants

l'approche en petites ou en grandes déformations,

. la modélisation du comportement du sol,

11
Données bibliographiques Chapitre i

la modélisation des variations de volume dans le sol,

l'état de contrainte initial dans le massif,

les chemins de contraintes suivis autour de la cavité.

1.3.1. Cadre général de l'approche en grandes déformations

La convention de signe adoptée est celle de la mécanique des sols : les contraintes sont
positives en compression. Sauf mention du contraire, les équations sont exprimées en
contraintes totales.

1.3.1.1. Hypothèses de base

Les hypothèses de base sont les suivantes:

le sol est un milieu isotrope et homogène. Le problème est donc axisymétrique et l'étude
est réalisée en coordonnées cylindriques;

les déformations suivant l'axe de la cavité sont nulles, le mode de déformation est donc la
déformation plane dans le plan perpendiculaire à l'axe;

le rayon initial de la cavité est non nul, et tous les points du massif sont initialement dans
un même état de contrainte dont les directions principales sont radiales et orthoradiales.

1.3.1.2. Description des contraintes et des déformations

L'approche en grandes déformations [SD 1984] de l'expansion d'une cavité cylindrique


nécessite la prise en compte de la configuration actuelle déformée de la cavité. En
coordonnées cylindriques, la position d'un point matériel est repérée par (R,e,Z) dans la
configuration initiale de référence notée co, et par (r,O,z) dans la configuration déformée à
l'instant t, notée C (figure 1-4).

Le même repère orthonormé fixe (Ê1 )i..1,3 est utilisé dans les deux configurations, Ê3 étant
l'axe de la cavité cylindrique. Avec les hypothèses précédentes, la position d'un point matériel
dans la configuration déformée ne dépend que de la composante radiale r, et s'exprime par les
relations suivantes

r = r(R)
[1-4]

z=Z

12
Données bibliographiques Chapitre i

Figure 1-4 - Configuration initiale et configuration déformée.

La transformation qui permet de passer d'un vecteur élémentaire dk dans C0 à d dans C est
caractérisée par le tenseur gradient, noté [F], tel que : d = [F]d5. Ce tenseur s'exprime en
coordonnées cylindriques par:

oo
[F}= ° o [l-5]

o o i

Si on choisit une description Eulérienne du problème, c'est-à-dire par rapport à la


configuration actuelle C , la déformation peut être décrite à partir du tenseur de Cauchy-Green
gauche [B] ou du tenseur des déformations pures gauche [V] définis par : [B]=[F][F]T=[V]2
avec [F]=[ V] [R] et [R] le tenseur de rotation, orthogonal. Dans le cas étudié, il vient:

[B]= {FJFT = [Fr = [vr


[v]= [F] [1-6]
[R]= [i]: tenseur unité

La dernière relation [R]=[1] signifie qu'il n'y a pas de rotation matérielle pour passer de la
configuration initiale à la configuration actuelle, ce qui simplifie le problème engendré par la
prise en compte des grandes déformations. En particulier, les directions principales du tenseur
des contraintes initiales étant radiales et orthoradiales (état de contrainte initialement
orthotrope), la déformation de la cavité soumise à une pression interne se fera sans rotation

13
Données bibliographiques Chapitre i

des directions principales de contrainte et de déformation, qui resteront fixes et confondues.

Le tenseur qui décrit les déformations dans la configuration déformée peut alors s'exprimer en
fonction de [B] ou de [V] sous différentes formes, par exemple [SD 1984]

{1 = _{[vr - [i]}, o
[1-7]
[h]=ln[V]=ln[B]

Les dilatations et les distorsions du milieu considéré s'exprimeront en fonction des


composantes du tenseur des déformations par des relations différentes suivant la forme
retenue. Le tenseur logarithmique [h], est appelé le tenseur de Hencky.

Dans cette approche Eulérienne, les contraintes sont représentées par le tenseur de Cauchy, ou
tenseur des contraintes vraies, noté [it]. Dans la configuration déformée, le vecteur
contrainteTh qui s'applique sur un élément de surface ds de normale ñ sera donné par
= [it] ii. Le tenseur des contraintes de Cauchy [it] s'identifie donc au tenseur des contraintes
réelles mesurées dans la configuration déformée.

1.3.1.3. Les équations d'équilibre et les conditions aux limites

D'après les hypothèses de départ, [it] ne dépend que de la composante radiale r. En statique et
en l'absence de forces de volume, l'équation d'équilibre dans un plan (r,O) s'écrit:

dit i
r' -
[1-8]
r
dr

Les conditions aux limites s'expriment en fonction du tenseur des contraintes de Cauchy [it].
En effet, la pression imposée dans la cavité correspond bien à une condition aux limites
exprimée dans la configuration déformée. À l'infini, les déplacements sont nuls et les
configurations initiales et déformées sont confondues, le tenseur des contraintes restant
constant et égal au tenseur initial des contraintes [it]ø=[Th]t.,. Si r est le rayon actuel de la
sonde et p la pression appliquée à l'instant t, les conditions aux limites en contraintes
s'écrivent:

I()
j r r=r, =p+(itr)
[i-9]
i[it]_ = [it]0

1.3.1.4. Les variations de volume

Un élément de volume élémentaire dv0 dans la configuration initiale se transforme en un

14
Données bibliographiques Chapitre i

élément de volume dv dans la configuration déformée par la relation dv = J dv0 , où J = det[F]


est le jacobien de la transformation. La variation relative de volume est donc:

dvdv0 [1-101
dv0 - dRR

La trace du tenseur de mesure des déformations n'est pas égale, comme en petites
déformations, à la variation relative de volume, et en particulier:

dvdv0
trace [h] trace[ I
dv0

Il faut donc être prudent dans l'extrapolation aux grandes déformations d'une condition
cinématique sur les déformations volumiques exprimée en petites déformations.

1.3.1.5. Le cas des petites déformations

Toutes les grandeurs s'expriment dans la configuration initiale confondue avec la


configuration déformée. Le vecteur contrainte Í' qui s' applique sur un élément de surface dS
de normale Ñ sera donné par: 'Î' = {] Ñ, [cs] étant le tenseur des contraintes. Tous les
tenseurs de mesure des déformations se réduisent au tenseur [c}. Si u(R) est le déplacement
d'un point matériel, les composantes de [E] s'écrivent:

u
ER
R [1-12]
du
E0 =-

Les équations d'équilibre et les conditions aux limites deviennent:

IclYR
I--:(°
i
)0
[1-13]
=+()0
{[1R = [cJ

La déformation volumique est alors définie par:

= - dvdv0 - trace [cl [1-14]


vo

Pour les sables, les variations de volume en phase plastique peuvent être modélisées par

15
Données bibliographiques Chapitre i

l'angle de dilatance i, supposé constant et défini classiquement en petites déformations et


sous forme incrémentale [HAN 1958]. En déformation plane, iv s'exprime en fonction des
composantes principales du tenseur des petites déformations [c] par la relation:

da
-- - ds1
sin i =dy13 +de3
da1d83
[1-15]

L'interprétation de ií dans le plan de Mohr des déformations (d = dilatations principales, dy


= distorsion) est donnée sur la figure 1-5. Si l'angle i est constant, la variation de volume
n'est pas limitée même pour les très grandes déformations. Ce type de modélisation est en
contradiction avec la réalité expérimentale et la notion d'état critique, et constitue donc une
simplification du comportement réel des sols.

Figure 1-5 - Définition de l'angle de dilatance en déformation plane.

1.3.2. Prise en compte du comportement du sol

Deux approches sont principalement utilisées dans la littérature pour l'interprétation théorique
de la courbe d'expansion pressiométrique. Elles reposent sur des hypothèses différentes
concernant le comportement du sol.

16
Données bibliographiques Chapitre i

1.3.2.1. Approche basée sur une analyse globale du comportement du sol

Cette approche ne nécessite pas la définition explicite d'une loi de comportement. L'état de
contrainte actuel au temps t est supposé être complètement déterminé par la connaissance des
déformations à cet instant. Cette hypothèse impose de considérer un chargement monotone et
revient à traduire la réponse du sol par un comportement global de type élastique non linéaire.
Le matériau étant isotrope la loi de comportement peut se mettre sous la forme [SD 1984]:

[](t) = S [BJ() = o [i] + a1 [B] + [1-16]

Les aj étant des fonctions des invariants du tenseur [B]. En introduisant le déplacement u(R)
d'un point matériel, le même repère fixe étant utilisé dans les configurations initiales et
actuelles, on peut écrire:

drdu
=1+=1+c R
[1-17]

dR dR

et donc:

Er]S[B]S)1r=5dr'\(ER,aO) [1-18]

Le tenseur [it] s'exprime en fonction des composantes du tenseur des petites déformations [a].
La donnée d'une condition imposée sur les variations de volume fournit une relation
supplémentaire entre E et Ce, et permet d'écrire l'équation d'équilibre [1-8] sous la forme:

dt dit
itrIO =-r---=f(E0)---- [1-19]

f(s0) dépend de la modélisation des variations de volume, et peut s'exprimer de façon


explicite. La relation [1-19] est vérifiée en tout point du milieu et donc au niveau de la surface
de la cavité. Dans un essai pressiométrique, si r est le rayon actuel de la sonde et R son rayon
initial, E=(se) = (r-R)íR représente une déformation mesurable de la sonde et p=(it).-
(7Cr) la pression appliquée. La courbe donnant (ltr - en fonction de qui caractérise la
réponse du sol au niveau de la sonde, peut alors se déduire par dérivation de la courbe
pressiométrique, et s'exprime sous la forme:

(itr _lto)rr = ' dc, [l-20]

17
Données bibliographiques Chapitre i

Étude sans variation de volume:

Les premières études, [PAL 1972], [BAG 1972], [BAG 1978], se placent dans le cas d'un
matériau incompressible. La condition d'incompressibilité et la relation reliant (7tr-lt0) et la
déformation de la sonde c s'écrivent:

dvdv0 r dr
RdR
1=0
dv0 [l-21]
dp
= , + c,).(2+ c,)

Étude de Wroth et al:

Les auteurs ont introduit une condition variation de volume non nulle [WRO 1975]. Cette
condition n'est pas donnée sur un volume élémentaire, mais sur des volumes finis

-= vv0
iXv
y0 y0
ER
[1-22]

Où L est positif pour un matériau contractant, négatif pour un matériau dilatant, ER la


composante orthoradiale du tenseur des petites déformations. La courbe réponse du sol
devient:

.(1+e,).(2+c, L) dp
(r _7t0)r=r [1-23]
(1+Lc,) dc,

Si £ = O (incompressibilité), on retrouve bien l'expression [1-2 1].

Étude de Selvadurai:

Dans un cadre plus général, Selvadurai [SEL 1984] est parti de l'expression de la variation
relative d'un élément de volume élémentaire dv0 sous la forme:

dvdv0 r dr
- R dR15m122E0I
[1-24]
dv0

X et X2 étant deux scalaires positifs. Dans ce cas, lf peut s'interpréter comme un angle de
dilatance défini en grandes déformations, mais sous forme non incrémentale. [E] est le tenseur
des grandes déformations défini par:

18
Données bibliographiques Chapitre i

[E] = [12 = {{] - [i]} [1-25]

La courbe réponse du sol s'écrit alors:

[xisinw+1_J1+xix2sin2w1 dp
(itr - = + E)(2 +
-
[1-26]
[x, sin - 8(2 + 1 + X1X2 sin2 w)] dE,

Pour un sol incompressible, ijí tend vers O, on retrouve donc l'expression [1-2111.

1.3.2.2. Approche basée sur un comportement élastoplastique du sol

Elle consiste à se donner une loi de comportement de type élastoplastique. Les lois de ce type
sont souvent définies en petites déformations, sous forme incrémentale. Comme il n'y a pas de
rotation des directions principales, la dérivée par rapport au temps d'un tenseur objectif reste
un tenseur objectif (invariance par rotation).

Une loi de comportement incrémentale, écrite en petites déformations, pourra donc être
utilisée en grandes déformations en remplaçant [ci] par [it], [s] par le tenseur de mesure des
déformations choisi, et en écrivant les équations d'équilibre et les conditions aux limites dans
la configuration actuelle déformée. Le tenseur de Hencky joue dans ce cas un rôle particulier;
il peut se décomposer de manière additive en une partie élastique et une partie plastique, sous
forme incrémentale ou totale:

J [h] = [hie + [h] [1-27]


[dh] = [dh]e + [dh]

Ces relations ne seront vérifiées pour les autres tenseurs de mesure des déformations que dans
l'hypothèse supplémentaire des petites déformations élastiques.

Dans les études présentées ci-dessous, le sol se comporte comme un matériau élastoplastique
parfait, suivant à la rupture le critère de Mohr-Coulomb. Les hypothèses communes à ces
études sont les suivantes

l'élasticité est linéaire et caractérisée par le module d'Young E et le coefficient de Poisson


V.

L'état de contrainte initial est isotrope : (it1)o=(it0)o=(îr2)0= Po.

Les déformations élastiques sont supposées négligeables devant les déformations


plastiques.

19
Données bibliographiques Chapitre i

Le problème est traité en petites déformations pour la partie élastique, en grandes ou en


petites déformations pour la partie plastique.

La contrainte verticale 1u est supposée être toujours la contrainte principale intermédiaire


et n'intervient donc pas dans le critère de rupture, qui s'écrit en coordonnées cylindriques:

(Thr - it0)(; +it0)sin ç., - 2ccosq) = Ø [1-28]

q) étant l'angle de frottement interne etc la cohésion du sol.

Les variations de volume sont décrites par la donnée d'une relation entre les composantes
du tenseur de mesure des déformations.

Au cours du chargement, il y a apparition d'une zone plastique autour de la sonde. Les


équations d'équilibre et les conditions aux limites permettent d'obtenir l'expression
analytique de la courbe pressiométrique donnant la pression p appliquée dans la sonde en
fonction du rayon initial R, et du rayon actuel r, de la sonde.

Étude sans variation de volume:

Le premier modèle date des années 1950 : [HIL 1950], [MEN 1957], [GIB 1961]. Le
problème est traité en petites déformations élastiques et en grandes déformations plastiques.
L'incompressibilité se traduit par la relation

dvdv,, r dr [1-29]
dv0

L'équation de la courbe d'expansion est alors donnée par la formule [1-30] pour les
matériaux purement cohérents (c=c,q)=0) et la formule [1-311 pour les matériaux frottants et
cohérents (c,q)).

E
p= 1+lnl [1-30]
po+cu[ [2(1+V)cj r2

p+ccotgq)
- (i+sin)[2(1 E i Çi "° [1-3 1]
p0 +ccotg(p ) (Po +ccotgq))sinq) r,

Pour les sables, l'hypothèse de variation de volume nulle en phase plastique n'est pas réaliste,
elle est démentie par les observations expérimentales. Certains auteurs ont donc introduit des
variations de volume en phase plastique.

20
Données bibliographiques Chapitre i

Étude de Hughes et al.:

L'étude est réalisée en petites déformations élastiques et plastiques [HUG 1977]. Les
variations de volume sont modélisées par la relation classique [1-15] où i est l'angle de
dilatance, et la courbe d'expansion s'écrit:

sinp )(1+sinW)

p+ccotg _(1+sin)[( E 27r, Rs]] (

Po +ccotg(p +ccotg)sin(1+sin) R [1-32]

La limitation de cette approche est qu'elle ne permet pas d'estimer la pression limite à l'infini.

Étude de Yu et al.:

Le problème à été repris d'une manière plus générale par un calcul en grandes déformations
pour la partie plastique et en petites déformations pour la partie élastique {YU 1991]. Le
tenseur de mesure des déformations est le tenseur de Hencky [h]. La condition de variation de
volume est donnée par l'expression:

sin 'ji =
dhdh dhr+dho
[1-33]
dhdh dhrdh0

Ce qui est une façon de définir l'angle de dilatance iji en grandes déformations. La courbe
d'expansion s'exprime par:

p+ccotg(p E
_(1+sin(p) [1-34]
Po +ccotg(p 2(1 + v)(p0 + c cot gç) sin p r5

Dans le cas incompressible, pour 'qi=O, on retrouve bien l'expression [1-3 1], et en petites
déformations, l'expression [1-32].

1.3.3. Analyse en petites déformations sans l'hypothèse de déformation plane

Les études précédentes supposent que l'état de contrainte initial est isotrope (OraocTz) et que
la contrainte verticale reste toujours la contrainte principale intermédiaire. Wood et Wroth
[WOO 1977] ont constaté expérimentalement que, dans certains cas, peut être la contrainte
principale majeure. À partir de ces considérations, une étude réalisée en petites déformations
par Monnet et Khlif [MON 1994], basée sur un comportement élastoplastique parfait du sol

21
Données bibliographiques Chapitre i

(critère de Mohr-Coulomb), montre l'existence possible de deux zones plastiques. Suivant


l'état initial des contraintes, deux expressions sont obtenues pour la courbe d'expansion d'un
matériau frottant:

si K0 (1+sin(p) > i : une seule zone plastique avec ao<z<r. La relation [1-32] reste
valable.

si Ko (1+sinp) < 1: deux zones plastiques, l'une avec Yo<cYz<r et l'autre avec crz<e<r:

(sine) (i+SÎn)
Po E (i + sin(p) r, - R s 1+srnp
[1-35]
p= (i + sn ) [K ° 2
2(1 + v)p0 sin (i + sin w) R, J]

K0 étant le coefficient de pression des terres au repos, défini comme le rapport des contraintes
horizontales et verticales initiales.

1.3.4. Détermination des pressions limite à l'infini et conventionnelle

Pour un matériau frottant et cohérent, la pression limite à l'infini est donnée en grandes
déformations par l'équation [1-34] en faisant tendre r, vers l'infini:

+ c cot g E
Po +ccotg(p
- (i + sin )
2(1+v)(p0 +ccotg(p)sinq
[1-36]

La pression limite conventionnelle, correspondant au doublement du volume de la sonde, est


donnée par [1-37] en grandes déformations et par [1-38] en petites déformations.

sin,
( ( j. .,(1+sini)
+ c cot g E
p0+ccotg(p
- (i + ) 2(1+v)(p0+ccotgp)sinq
1-
2
[1-37]
J

sin
(i+sni)
i 1+SiflÇ J
+ccotg E
- 1+sin[2(i+V)(P +ccotg)sin 2(_1)j 1
[1-38]
Po +ccotgp

1.3.5. Exemples de courbes pressiométriques théoriques

Le sol a un comportement élastoplastique parfait (critère de Mohr-Coulomb) caractérisé par


les paramètres E, y ,c, ip et w. À partir des résultats obtenus au paragraphe précédent, les
courbes d'expansion pressiométrique sont tracées en petites et en grandes déformations, dans
le cas incompressible (=O) et avec =7° Les paramètres choisis pour les simulations sont:
E=100MPa, v=O,3, c=O, p=40° et po=45kPa. La comparaison de ces courbes (figure 1-6)

22
Données bibliographiques Chapitre i

amène aux constatations suivantes:

les calculs en petites déformations conduisent à une réponse plus raide du sol que celle
obtenue en grandes déformations, et ne permettent pas d'accéder aux pressions limites à
l'infini.

la prise en compte d'une hypothèse d'incompressibilité conduit à une réponse moins raide
du sol que celle obtenue avec la prise en compte d'une dilatance dans la phase plastique.

les pressions limites conventionnelles obtenues pour le doublement du volume de la sonde


(V=2Vo) sont différentes suivant que le calcul s'effectue en petites ou en grandes
déformations, avec ou sans dilatance.

PD - 41= 70

PD - 111=0

GD - 111=70
1/

E GD - W= O

PD : Petites déformations
GD Grandes déformations
ljf= O Calcul sans variation de volume
llfr 7° : Calcul avec dilatance

po
o V=2V0
R IR 0(s onde)

Figure 1-6 - Essai pressiométrique comparaison des méthodes d'analyse.

2. Capacité portante des fondations superficielles

2.1. Définitions

Soit une fondation de largeur B, de longueur L, encastrée à une profondeur D (figure 1-7). La
fondation est dite filante (ou continue) si LIB > 5, sinon c'est une semelle isolée. Elle est

23
Données bibliographiques Chapitre i

considérée comme superficielle si les mécanismes de rupture mis en jeu au cours d'une
sollicitation entraînent des déformations importantes en surface, en pratique si DIB < 1,5. La
capacité portante q d'une fondation soumise à un chargement donné est la contrainte
moyenne maximale que le sol peut reprendre sans atteindre la rupture.

Figure 1-7 - Fondations superficielles - Notations.

2.2. Méthodes de calcul de la capacité portante

Dans la pratique, il existe deux approches classiques pour déterminer la capacité portante
d'une fondation superficielle:

La première, analytique, est basée sur la théorie de la plasticité parfaite. Elle nécessite la
connaissance des caractéristiques intrinsèques c et ( du sol.

La deuxième, empirique, est fondée sur l'interprétation directe d'essais in situ comme le
pressiomètre ou le pénétromètre.

Ces deux approches donnent une formule de base pour une configuration de référence : une
fondation superficielle filante (à base horizontale) rigide et rugueuse, soumise à une charge
verticale centrée, reposant sur un massif de sol semi-infini homogène à surface horizontale.
La réalité est souvent plus complexe et peut faire intervenir une multitude de facteurs comme
la géométrie de la semelle, son inclinaison, l'inclinaison etiou l'excentrement de la charge, la
présence d'un substratum, l'hétérogénéité du sol, la présence d'une pente. Dans la pratique, il
faudra appliquer à la formule de base des coefficients correcteurs de réduction de portance.

2.2.1. Les règles actuelles

Les deux approches coexistent dans la pratique même si actuellement, en France, la méthode
basée sur l'essai pressiométrique est la plus couramment utilisée. L'évolution des
recommandations ou règlements relatifs au calcul des fondations montre l'évolution des
usages dans ce domaine: le document FOND 72 [FON 1972] et le DTU 13.12 applicable aux
marchés privés de travaux [DTU 1988] mentionnent les deux approches. Dans le
FASCICULE 62 applicable aux marchés publics de travaux [FAS 1993], le calcul basé sur la

24
Données bibliographiques Chapitre i

théorie de la plasticité parfaite n'apparaît plus. Pourtant 1'EUROCODE 7, actuellement en


projet [EUR 1998] et appelé à devenir la future norme européenne, prendra en compte les
deux méthodes.

2.2.2. Interprétation directe d'essais in situ

Dans cette approche empirique, la capacité portante de la fondation est reliée directement à
une caractéristique de rupture mesurée dans le sol en place la pression limite pour le
:

pressiomètre, la résistance de pointe pour le pénétromètre. Pour l'essai pressiométrique, le


FASCICULE 62 définit la formule de base de la capacité portante des fondations
superficielles par:

q1 = k Pe +q0 [1-39]

qo étant la contrainte verticale initiale dans le sol au niveau de la fondation, q1 la contrainte de


rupture de la semelle sous une charge verticale centrée, k le facteur de portance expérimental,
et p*le la pression limite nette équivalente du sol. Si le terrain est homogène, pee* est calculée
en établissant un profil linéaire des pressions limites nettes sur l'intervalle [D,D+2/3B], D
étant la hauteur réelle d'encastrement de la fondation (figure 1-8):

* 2
Pe = p(Ze) = t [1-40]

où p1* est la pression limite nette définie par:

[1-41]

avec Po la contrainte horizontale totale initiale dans le sol au niveau de l'essai et Ptc, la
pression limite conventionnelle.

Le facteur de portance expérimental k dépend de la géométrie de la fondation, de la hauteur


d'encastrement équivalente De et de la nature du sol. Le tableau 1-1 donne les valeurs de k
pour les sols fins et pulvérulents ainsi que les ordres de grandeur des pressions limites pour
ces types de sols (d'après le Fascicule 62).

La hauteur d'encastrement équivalente De, différente de la hauteur d'encastrement réelle D,


permet de prendre en compte le fait que les caractéristiques mécaniques des sols de surface
sont en général plus faibles que celles des sols situés sous la fondation. De est donné par
l'expression

D =--fp(z)dz [1-42]
P d

25
Données bibliographiques Chapitre i

La profondeur d est prise égale à zéro, sauf s'il existe des couches de sol de surface de très
mauvaises qualité ne devant pas être prises en compte.

Figure 1-8 - Calcul de la pression limite nette équivalente.

Type de sols Expression de k Pression limite (MPa)

A Argiles et limons mous 0,8 + 0,25 .[O,6 + O4}] <0.7

Argiles, B Argiles et limons fermes 0,8 .11 + 0,35 0,6 + O4) 1.2 - 2.0
L
.
L
Limons
[ ( B'\D1
C Argiles très fermes à dures 0,8 [1 + 0,50 (0,6 + 04) > 2.5
]

A Lâches [i + 0,35 O,6 + 0,4J <0.5


]
Sables, B Moyennement compacts [i + 0,50 jO,6 + O4'J 1.0 - 2.0
Graves
LB]
C Compacts [i + 0,80 f0,6 + 04J > 2.5

Tableau 1-1 - Valeurs du facteur de portance k (d'après le Fascicule 62).

26
Données bibliographiques Chapitre i

2.2.3. Application de la théorie de la plasticité parfaite

Le sol est supposé se comporter comme un matériau élastique parfaitement plastique, et suit à
la rupture le critère de Mohr-Coulomb caractérisé par les paramètres intrinsèques c (cohésion)
et ( (angle de frottement interne) du sol. Le choix d'une cinématique de rupture, inspirée de
constatations expérimentales, et la superposition d'équilibres limites ont conduit à la formule
de base dite de Buisman-Terzaghi [TER 1943]:

q =yB N +yD Nq +c N [1-43]

avec y le poids volumique du sol et N, Nq, N les facteurs de portance (sans dimension) ne
dépendant que de l'angle de frottement interne ( du sol. Les valeurs de Nq et N obtenues par
les différentes expressions proposées dans la littérature sont très proches, les formules les plus
courantes étant:

Nq = etan.tan2.+')
;4 [1-44]
2)

N = (Nq - 1).cotan(q) [1-45]

Pour N il n'existe pas d'expression théorique rigoureuse, mais des formules approchées ou
des valeurs obtenues par calculs numériques (abaques). Les valeurs proposées par les
différents auteurs, à partir d'hypothèses sur le schéma de rupture, varient sensiblement. Les
plus utilisées sont rassemblées dans le tableau 1-2, [TER 1943], [CAQ 1956] et [GIR 1973].

O)
p (en N Terzaghi N Caquot N Giroud
20 5 5 3,5
25 10 10,4 8,1
30 20 21,8 18,1
35 42 48 41,1
40 100 113 100
42 160 164 144
44 260 244 209
46 - 366 309

Tableau 1-2 - Valeurs du facteur de portance k (d'après le Fascicule 62).

À cette incertitude sur les valeur de N s'ajoute le problème du choix approprié de l'angle de
frottement interne p. Ny dépend en effet fortement de la valeur de p dont la détermination
précise à l'aide d'essais de laboratoire est difficile. De plus, les observations expérimentales
montrent que l'angle de frottement interne q d'un matériau donné dépend d'un certain nombre

27
Données bibliographiques Chapitre i

de paramètres:

il est tout d1abord bien connu que ( dépend de la densité initiale du matériau, l'angle de
frottement augmentant avec la densité.

de plus, le critère de Mohr-coulomb, même à densité fixée n'est qu'une approximation de


la réalité, le critère réel de rupture des sols présentant une certaine courbure. L'angle de
frottement interne dépend de la valeur de la contrainte moyenne : ( diminue quand la
contrainte moyenne augmente.

le type de sollicitation appliquée influe aussi sur la valeur de (p: les valeurs obtenues pour
un chemin en déformation plane, correspondant au cas des fondations filantes, sont
supérieures à celles obtenues pour un chemin triaxial axisymétrique correspondant aux cas
des fondations circulaires. La figure 1-9, d'après [MES 1997], illustre les relations
proposées par différents auteurs entre les angles de frottement interne (ppi pour un chemin
en déformation plane et pour un chemin triaxial.

Bishop (1966)
-e-..- Green(1972)

-e-- LndeetLee(l976)
r Hansen (1979)

Io 20 30 40 50 60

(I (degr6s)

Figure 1-9 - Influence du type d'essai sur la valeur de l'angle de frottement interne.

Enfin, de nombreux essais expérimentaux ont montré que Ny dépend de la largeur B de la


fondation superficielle, alors que selon la théorie il ne dépend que de l'angle de frottement
interne (p : [DEBE 1965], [TCH 1966], [YAM 1977], [AMA 1984], [KIM 1985]. Ces
résultats expérimentaux, réalisés sur des modèles réduits à gravité normale (1g), ou en

28
Données bibliographiques Chapitre i

centrifugeuse, indiquent que pour un matériau donné, N1 est à peu près constant pour des
fondations de largeur B supérieure à quelques dizaines de centimètres, et augmente fortement
pour des fondations plus petites. La figure 1-10, d'après Tcheng [TCH 1966], montre un
exemple de l'influence de B sur les valeurs de N1 pour différentes densités initiales d'un sable.
Aucune interprétation de cet effet d'échelle ne fait actuellement l'unanimité, même si un
certain nombre d'explications ont été avancées [GAR 1994]:

un mécanisme de rupture progressive sous la fondation [YAM 1977], [HAB 1985], [KIM
1985], [HAB 1989];
l'influence du diamètre moyen "d" des grains du modèle. L'effet d'échelle disparaîtrait pour
des fondations de largeur B supérieure à 30d [STE 1977];
la variation de l'angle de frottement p avec la pression moyenne [DEBE 1965], [TCH
1966];
l'anisotropie éventuelle du sol [KIM 1985];
la cohésion, même très faible, qui peut exister dans un sable sec dense. Une cohésion de
lkPa peut multiplier par deux la capacité portante d'une fondation de 10cm de large [GAR
1994].

Concernant la modélisation en centrifugeuse, les expérimentations montrent qu'il n'y a pas


d'effet d'échelle entre le modèle centrifugé et la fondation prototype modélisée : les mêmes
valeurs de N1 sont obtenues.

jI
1500

-I
zw
1000
Q-
X
w

k500-
-

1 65
160
1,55

o IO 20 30
LARGEUR DE LA SEMELLE Bcm

Figure 1-10 - Influence de la largeur B sur N1 d'après Tcheng ETCH 1966].

29
Données bibliographiques Chapitre i

2.3. Influence de la présence d'une pente

L'influence de la présence d'une pente sur la capacité portante des fondations superficielles
filantes a fait l'objet de nombreuses études théoriques et expérimentales. Une synthèse très
complète, ainsi que de nouveaux résultats issus d'essais réalisés en centrifugeuse, ont été
présentés par Bakir et al. [BAK 1994]. De nombreux auteurs ont ainsi proposé des
coefficients correcteurs à appliquer aux facteurs de portance issus de l'approche théorique du
calcul de la capacité portante des fondations superficielles. Pour tenir compte de la présence
d'une pente et de l'inclinaison de la charge (figure 1-11), le Fascicule 62 introduit un
coefficient correcteur isr à appliquer dans le calcul de la capacité portante définie à partir des
résultats d'essais pressiométriques [FAS 1993]

q = (i)k P;e +q0 [1-46]

Les expressions donnant les valeurs du coefficient correcteur i en fonction des valeurs de
l'angle de la pente f, de la hauteur d'encastrement équivalente De, et de l'inclinaison de la
charge , sont données dans le tableau 1-3. L'angle f' est un angle fictif utilisé dans le calcul
du coefficient correcteur. Il faut noter que ces expressions ne sont données que pour des sols
purement frottants.

Les abaques issues de ces formules et permettant de calculer les valeurs de i, dans le cas où
ö=D=O, sont représentées sur la figure 1-12. Les formules empiriques proposées sont basées
essentiellement sur des essais réalisés en centrifugeuse sur un seul type de sol, et la
détermination de coefficients réducteurs fiables et réalistes reste un problème d'actualité.

Figure 1-11 - Fondation superficielle sur pente. Notations

30
Données bibliographiques Chapitre i

D 6 Coefficient correcteur i
"
d"
o o =v B)
= 1_[o,9tan(2_tanmax{11_iJ,o}121

D'\
1 = 2(f) = i--IIi--es 1+ [max{(i_jJo}]2 e
f 9O) )
D O
r
'45.1_/1.}F 13--]
[ V'
D 6<0 i=2(ö+')
D 6>0 =in{2(6),2('_6)}
Tableau 1-3 - Expression du coefficient correcteur i [FAS 1993].

Figure 1-12 - Abaque donnant i dans le cas 6=d=O [FAS 1993].

3. État de contrainte initial dans un massif de sol

L'état de contrainte initial dans un massif de sol est très difficile à connaître à priori car il
dépend de la nature du sol, mais surtout de l'histoire géologique que ce massif a suivi au cours

31
Données bibliographiques Chapitre i

du temps. Pour un massif à surface horizontale, l'approche habituelle consiste à supposer que
les contraintes principales sont verticale et horizontale, et que la contrainte effective verticale
équilibre le poids des terres. Il est courant d'utiliser le coefficient de pression des terres au
repos, noté K0, pour estimer la valeur de la contrainte effective horizontale, qui de plus
dépend fortement de l'histoire des contraintes. K0 est défini comme rapport de la contrainte
effective horizontale à la contrainte effective verticale:

K0 [1-47]
=

Pour un sol soumis à une histoire géologique complexe (cycles de chargement-déchargement),


le rapport de surconsolidation, noté R, est défini comme le rapport de la contrainte effective
verticale maximale subie par le sol à la contrainte effective verticale actuelle:

[1-48]
R - (o.')" max

De nombreuses études expérimentales ont montré que le coefficient K0 dépend de l'histoire


des chemins de contrainte suivis par le sol et du rapport de surconsolidation R [BRO 1965],
[MAY 1982]. La figure 1-13 schématise une histoire simplifiée des contraintes pour un massif
de sol homogène à surface horizontale. Le chemin OA représente la sédimentation initiale du
sol qui se trouve dans un état normalement consolidé, le chemin AB une décharge provoquant
une surconsolidation et le chemin BC une recharge à partir de cet état.

A
OA : chargement initiai (K)
AB : premier déchargement (Kgc)
BC : premier rechargementi (Kr)

Figure 1-13 - Histoire simplifiée des contraintes (d'après [MAY 1982]).

32
Données bibliographiques Chapitre i

Pour les sols normalement consolidés (chemin OA), le coefficient des terres au repos est
constant et peut être estimé par la formule de Jaky [JAK 1944]
2
1+ sin (p'
K=(1sin(p') 1+ sin (p'
[1-49]

Cette formule est couramment utilisée sous la forme simplifiée suivante:

K = 1sin (p' [1-50]

Au cours d'une première décharge (chemin AB), le sol devient surconsolidé, et son rapport de
surconsolidation n'est plus constant. Le coefficient de pression des terres au repos augmente
et différentes formulations empiriques ont été proposées, par exemple [SCHM 1966]

K = K (Roc)°' = (i - [1-51]

Un nouveau chargement (chemin BC) entraîne une diminution du coefficient de pression des
terres au repos. Un même rapport de surconsolidation peut donc correspondre à différentes
valeurs de K0, les points D et E de la figure 1-13 illustrant cette possibilité. Dans ce cas,
Mayne a proposé la formule suivante [MAY 1982]:

r,'
V-ocr R
"-0 =(1sin(p') (i-sin')
[1-52]
(R
LOC)max I

(cr') max
V
avec:(R OC ) max
min

Dans le cas où la surface libre du massif présente une géométrie complexe (présence d'une
pente par exemple), ces formules ne sont plus valables, l'état de contrainte en tout point
n'étant pas connu à priori. Dans un tel cas, il faudra procéder à des mesures in situ (sondages,
pressiomètre autoforeur), qui, de toute manière, ne pourront donner qu'une information locale
et partielle. Dans le cadre d'une modélisation numérique, l'initialisation de l'état de contrainte
pourra être réalisée en essayant de reproduire l'histoire géologique du massif, si celle-ci est
connue.

33
Données bibliographiques Chapitre i

34
Chapitre 2

Éléments de la qualité d'une modélisation numérique en


géotechnique

Résumé:

Grâce à l'évolution toujours plus rapide de la puissance des outils informatiques, la


modélisation numérique est de plus en plus utilisée pour les problèmes de mécanique des sols.
Plusieurs méthodes de résolution existent, la méthode des éléments finis et la méthode des
différences finies étant les pius couramment employées. Parallèlement, le développement de la
théorie de la plasticité a permis de mettre au point des modèles de comportement pour les sols
pouvant être introduits dans les codes de calcul. La méthode des éléments finis en
déplacement associée à un modèle de comportement de soi permet de traiter un grand nombre
de problèmes de mécanique des sois. Ii ne faut toutefois pas oublier les nombreuses
hypothèses et limitations liées à ce type de méthode. Les principales recommandations pour
réaliser des simulations numériques réalistes et significatives sont rappelées ici. Le code de
calcul retenu pour cette étude sera aussi brièvement présenté.

35
Éléments de la qualité d'une modélisation numérique en géotechnique Chapitre 2

Introduction

La modélisation numérique dans le cadre de la mécanique des sols nécessite de trouver un


juste équilibre entre la complexité du problème réel étudié et l'obtention d'un modèle
suffisamment simple et réaliste pour être exploité. L'utilisation de la méthode des éléments
finis en déplacement est largement utilisée et, associée à une loi de comportement adaptée,
elle permet d'appréhender un bon nombre de problèmes liés au comportement des sols.
Toutefois, les hypothèses et simplifications apportées dans la modélisation, ainsi que les
limitations liées à la méthode numérique elle-même ont une grande influence sur la précision
et la validité des résultats obtenus. Les principales recommandations permettant de réaliser
une modélisation de qualité sont rappelées ici succinctement.

Principe de la méthode des éléments finis en déplacement

La méthode des éléments finis en déplacement [ZIE 1977], [DHA 1984], est une méthode de
calcul approché permettant de résoudre numériquement un problème de mécanique des
milieux continus. Par application d'un principe variationnel et discrétisation du milieu
considéré, le problème se ramène à la résolution d'un système d'équations algébriques dont
l'inconnue est le champ de déplacement.

2.1. Principe de la méthode

Le milieu continu modélisé est divisé en un nombre fini de sous-domaines de forme


géométrique simple appelés éléments. Le champ de déplacement Ue à l'intérieur d'un élément
est calculé en fonction du champ de déplacement U d'un nombre limité de points, appelés
noeuds de l'élément, par l'intermédiaire de fonctions d'interpolation

Ue=[NIU [2-1]

Les fonctions d'interpolation représentées par [N] sont des fonctions des coordonnées des
noeuds mais sont indépendantes des déplacements aux noeuds. En petites déformations, le
champ de déformation 8e sur un élément se calcule alors par:

= ELIUe = [L][NJu = [B]U [2-2]

[L] étant un opérateur linéaire de dérivation. L'application du principe des travaux virtuels sur
le volume total V, somme des volumes ve de tous les éléments, permet alors d'écrire:

J[BlTcydve
= f [N]TF,, dye +f [N]Tr, ds F [2-3]

F est le vecteur des forces nodales issu des chargements imposés dans le volume V (F) et sur

36
Éléments de la qualité d'une modélisation numérique en géotechnique Chapitre 2

la surface extérieure S (Fa) du domaine. Le champ de contrainte approché cYe dans un élément
est calculé à partir du champ de déformation Ee en utilisant la loi de comportement du milieu
définie par la matrice de comportement [D]:

ae = [D]; + a0 = [DIB] U + cy [2-4]

où a0 est le champ de contrainte initial existant dans le milieu en l'absence de déformation.


En définissant la matrice de rigidité globale [K] du système par:

[K] = J[BIT[D][BIdVe [2-5]

Le système d'équations [2-3] peut s'écrire sous la forme:

F(U)=[K]U+F [2-6]

Si la loi de comportement est linéaire, ce système d'équations se résout facilement par


inversion directe de la matrice de rigidité.

2.2. Résolution des problèmes non linéaires

Dans le cas d'une loi de comportement non linéaire, la matrice de rigidité [K] dépend du
champ de déplacement U et le système d'équations [2-6] n'est plus directement inversible.
Les chargements sont alors appliqués par incréments successifs, et la résolution s'effectue par
un processus itératif. Si à partir d'un état d'équilibre, un chargement est appliqué, le vecteur
résidu c1(U), qui caractérise le déséquilibre du système, est défini par:

[2-7]

où F(U) est le vecteur des forces nodales correspondant aux contraintes en équilibre et
vérifiant le système d'équations non linéaires [2-6], et P représente le vecteur des forces
nodales correspondant au chargement appliqué. Le processus de résolution itératif est basé sur
une linéarisation des équations d'équilibre [2-6] sous la forme:

û)[Ç}u= ¿(u) [2-8]

où [K,] est la matrice de rigidité linéarisée du système. Si U est une solution approchée telle
que cI(U)O, une nouvelle solution U1 peut être estimée par:

= u, {K,J1 c1(u1) [2-9]

37
Éléments de la qualité d'une modélisation numérique en géotechnique Chapitre 2

L'algorithme général de résolution du problème non linéaire se présente alors comme suit:

Initialisation de , U, [Kß}

Boucle sur les incréments de chargement

calcul du résidu initial cJ

Boucle sur les itérations

calcul de la matrice de rigidité [KJ


calcul des déplacements AU = [Ks f1 c1
calcul des déformations
calcul des contraintes par la loi de comportement

calcul du résidu actuel 4 = P f [B]Tc dVe


- V

Test de convergence

Fin boucle sur itérations

Fin boucle sur les incréments

Figure 2-1 - Algorithme de résolution d'un problème non linéaire.

Plusieurs méthodes itératives existent suivant le choix de la matrice de rigidité linéarisée


[K1} et notamment:

[K,]=[K] ; la matrice de rigidité tangente calculée à chaque itération (méthode de Newton-


Raphson) et définie par:

dF
[Kt1jf[BIT{BIdVe [2-10]
V

[K]=[Ko] ; la matrice de rigidité tangente initiale calculée à la première itération du premier


incrément de chargement et conservée constante (méthode dite des contraintes initiales). Cette
méthode est schématisée sur la figure 2-2.

38
Éléments de la qualité d'une modélisation numérique en géotechnique Chapitre 2

FA

P
//)IA»

F(U1) --

K0

F(U0)

o
UD U1 U
U

Figure 2-2 - Principe de la méthode dite des contraintes initiales.

2.3. Application à l'élastoplasticité


Pour une loi de comportement élastoplastique donnée sous forme incrémentale par une
relation du type : la difficulté réside dans le calcul à chaque itération des
dy=[DJdE,

contraintes en équilibre vérifiant la loi de comportement. Ce calcul nécessite l'emploi de


schémas d'intégration pas à pas, implicites ou explicites suivant les méthodes. Il faut aussi
tenir compte des éventuels mécanismes d'écrouissage et de l'évolution des paramètres qui les
caractérisent, et vérifier que l'état de contrainte final ne viole pas les critères de plasticité.
Pour chaque loi de comportement, il convient de choisir la méthode d'intégration la mieux
adaptée.

3. Modélisation d'un problème de mécanique des sols

3.1. Analyse géométrique du problème

Cette analyse permet, en tenant compte des symétries éventuelles et du mode de


fonctionnement supposé du modèle de définir la géométrie globale. Dans la plupart des cas,
on se ramènera à une étude bidimensionnelle en condition axisymétrique ou de déformation
plane. Une étude tridimensionnelle, coûteuse numériquement, ne s'impose que lorsque la
complexité du problème ne permet pas la simplification bidimensionnelle. Dans ce cas, il faut

39
Éléments de la qualité d'une modélisation numérique en géotechnique Chapitre 2

bien sûr disposer de moyens informatiques adaptés.

3.2. Conditions aux limites

Les conditions aux limites permettant de modéliser un milieu infini sont imposées sur les
déplacements. II s'agira en général d'imposer un déplacement nul sur les axes de symétrie et
aux frontières du système. Le choix de la taille du modèle dépend du problème traité : les
conditions aux limites aux frontières du système, qui représentent souvent le comportement
du système à l'infini, doivent être respectées. Ceci impose des dimensions minimales au
modèle par rapport aux dimensions caractéristiques du problème étudié. De plus, il faut noter
que ces dimensions dépendent de la loi de comportement utilisée pour le sol. En particulier,
un sol très dilatant nécessitera des conditions aux limites plus éloignées qu'un sol contractant.

Il existe à ce sujet des recommandations dans la littérature [MES 1993J, mais il faudra dans
chaque cas s'assurer que ces conditions aux limites sont bien respectées. La figure 2-3 donne
les dimensions minimales recommandées pour un modèle de fondation superficielle.

Figure 2-3- Dimensions recommandées pour un modèle de fondation superficielle.

40
Éléments de la qualité d'une modélisation numérique en géotechnique Chapitre 2

3.3. Discrétisation spatiale du milieu

C'est une des étapes importantes de la modélisation. Il faut à la fois limiter le nombre
d'éléments et obtenir une précision suffisante des résultats. La réalisation d'un maillage
efficace doit tenir compte des paramètres suivants [MES 1997a]

la taille des éléments : le maillage doit être suffisamment fin (petits éléments) dans les
zones à fort gradient de contrainte et de déplacement. La transition vers des zones maillées
plus grossièrement doit se faire progressivement (le rapport maximal entre les dimensions
des éléments adjacents ne doit pas excéder deux). Dans la pratique, il est bon de réaliser
plusieurs simulations avec des maillages de densités différentes pour trouver la densité
minimale qui ne perturbe pas le résultat des calculs.

la forme des éléments : les éléments mis en place doivent être le moins possible déformés
par rapport à l'élément de référence, pour éviter des problèmes numériques liés au calcul
du Jacobien de la transformation. Cette déformation s'apprécie d'une part à l'aide du
facteur de forme, noté R, défini comme le rapport de la plus grande dimension de
l'élément à la plus petite, et d'autre part par la distorsion de l'élément caractérisée par la
valeur de ses angles internes. Les caractéristiques géométriques d'un élément type sont
représentées sur la figure 2-4.

Pour une bonne modélisation du champ de contraintes, il est admis que le facteur de forme
doit être inférieur à 3 (figure 2-5). Concernant la distorsion, les angles internes des éléments
doivent rester dans des limites admissibles : 15°<a<165° [RED 1993] (figure 2-6).

Figure 2-4 - Exemples de caractéristiques géométriques d'éléments.

41
Éléments de la qualité d'une modélisation numérique en géotechnique Chapitre 2

Figure 2-5 - Exemples de rapports de forme.

Figure 2-6 - Exemples d'éléments trop distordus.

3.4. Modélisation du chargement et de l'état initial

II est nécessaire d'essayer de traduire le plus justement possible les sollicitations appliquées.
Dans le cas de chargements complexes, notamment l'application de sollicitations successives,
l'utilisation de lois de comportement non linéaire impose de reconstituer numériquement
l'histoire du chargement. L'état initial des contraintes au sein du massif est aussi prépondérant
quant à la réponse du modèle à une sollicitation ultérieure. De plus, la décomposition du
chargement doit se faire sous la forme d'incréments suffisamment petits pour traduire de
façon réaliste le comportement non linéaire (ce point doit être vérifié dans la pratique pour
chaque cas étudié).

3.5. Modélisation du comportement du sol

Le choix de la loi de comportement du sol est assez délicat. En effet, quel que soit son degré
de complexité, un modèle de comportement ne peut traduire qu'une partie de la réalité
complexe du comportement d'un sol. II est important de bien cerner le domaine de validité
d'un modèle, qui est toujours développé pour certains types de sols, et pour des chemins de
sollicitations particuliers. Se pose aussi le problème de l'identification des paramètres du
modèle. Ceux-ci peuvent être délicats à déterminer, et un jeu donné de paramètres ne permet

42
Éléments de la qualité d'une modélisation numérique en géotechnique Chapitre 2

pas forcément de traduire correctement l'ensemble des réponses d'un sol soumis à des chemins
de sollicitation différents.

4. Précision des résultats

4.1. Choix du type d'élément

La précision sur l'inconnue principale, le champ de déplacement, dépend du degré choisi pour
les fonctions d'interpolation. Les inconnues secondaires comme les champs de déformation et
de contrainte, qui en sont directement déduites par différenciation, sont d'un ordre directement
inférieur. Le choix du type d'élément conditionne donc la précision obtenue. Dans les
problèmes de comportement non linéaire, la précision sur le calcul du champ de contrainte est
très importante. Les éléments suivants sont donc recommandés [MES 1997a] (figure 2-7):

le triangle à six noeuds (T6) et le quadrilatère à huit noeuds avec intégration réduite (Q8)r
en deux dimensions;

le tétraèdre à dix noeuds (Tb), le pentaèdre à quinze noeuds (P15) et l'hexaèdre à vingt
noeuds (H20) en trois dimensions.

Il existe aussi des éléments de haute précision, mais les temps de calcul nécessaires devenant
très importants, leur utilisation reste encore limitée.

Figure 2-7 - Types d'éléments couramment utilisés pour les problèmes non linéaires.

43
Éléments de la qualité d'une modélisation numérique en géotechnique Chapitre 2

4.2. Problème des calculs à la rupture en plasticité


L'observation du comportement des sols montre qu'à la rupture les déformations deviennent
très grandes. Suivant le type de sol et de sollicitation, la rupture s'opère soit à volume
constant, soit avec variation de volume. Dans tous les cas, il existe une relation imposée entre
les taux de déformations plastiques. Il a été montré [SLO 1982], [DEB 1984], que pour la
méthode des éléments finis en déplacement, seuls certains types d'éléments sont à même de
donner des résultats corrects pour ce type de problème et notamment:

en déformation plane (2D) : les éléments T6 et Q8 (avec intégration réduite);

en axisymétrique (2D) : l'élément Q8 (avec intégration réduite)

4.3. Critères de convergence

Pour les problèmes non linéaires, le système d'équations [2-7] est résolu à chaque étape de
chargement par un processus itératif, dont la convergence à chaque itération peut être
appréciée par un critère de tolérance portant sur différentes grandeurs

la norme du résidu ct' < 8.

la norme des déplacements - <Sd

le travail - u1) < ,


(u)u0I

Le choix des valeurs des tolérances s conditionne la précision des résultats, elles doivent être a
priori inférieures à 1%. La satisfaction de ces critères n'assure pas forcément la convergence
de la suite des déplacements U. La convergence du processus itératif n'est certaine que si la
suite des taux de convergence qi défini par:

q1 - IIixu [2-11]
IIL1J i-ill

est strictement décroissante et possède une limite strictement inférieure à un [MIES 1993],
[MIES 1988]. Cette condition est donc à vérifier pour chaque simulation.

5. Le code de calcul CESAR-LCPC

Le code de calcul CESAR-LCPC est développé depuis 1981 au Laboratoire Central des Ponts
et chaussées [HUM 1989]. C'est un programme général de calcul par la méthode des éléments
finis en déplacement, particulièrement adapté à la résolution des problèmes de génie civil et
industriel. Il se compose de deux outils graphiques interactifs, un pré-processeur (MAX) et un

44
Éléments de la qualité d'une modélisation numérique en géotechnique Chapitre 2

post-processeur (PEGGY), et du code de calcul proprement dit (CESAR):

le pré-processeur permet de modéliser le problème (maillage et données nécessaires);

le post-processeur permet de récupérer et d'analyser les résultats des simulations.

Les différents types de modules et d'éléments disponibles permettent de traiter un grand


nombre de problèmes de mécanique des sols en deux ou trois dimensions : élasto-plasticité,
consolidation, diffusion, contact. Pour la modélisation des massifs de sols, plusieurs lois de
comportement sont proposées et celles qui seront utilisées par la suite sont décrites au
Chapitre 3.

Certaines lois de comportement ont été développées avec une élasticité non linéaire qui
permet de mieux décrire le comportement réel des sols. Toutefois, ce type de loi entraîne des
difficultés, notamment pour une utilisation dans les simulations numériques. Dans le cas de
sollicitations monotones, où les déformations plastiques sont prépondérantes, l'utilisation de
l'élasticité linéaire s'avère suffisante; elle sera utilisée pour toutes les simulations numériques
réalisées dans cette étude.

Pour les problèmes non linéaires en élasto-plasticité, l'analyse se fait en petites déformations
(une approche en grandes déformations est à l'étude), et à chargement contrôlé. Dans le cas
des lois de comportement non linéaires, la méthode dite de Newton-Raphson modifiée (ou
méthode des contraintes initiales) sera utilisée.

45
Éléments de la qualité d'une modélisation numérique en géotechnique Chapitre 2

46
Chapitre 3

Les lois de comportement en élastoplasticité

Résumé:

Ce chapitre débute par un bref rappel des notions de base de la théorie de l'élastoplasticité.
Les formulations analytiques des trois lois de comportement utilisées dans le cadre de cette
étude sont ensuite présentées. Enfin, des jeux de paramètres de base sont choisis pour les lois
de comportement CJS et Cam-Clay modifié. lis seront utilisés dans la majorité des
simulations numériques réalisées par la suite.

47
Les lois de comportement en élastoplasticité Chapitre 3

1. La théorie de l'élastoplasticité

Dans le cadre général de la théorie de l'élastoplasticité [HIL 1950], [MAN 1966], {SAL
1974], [CI-TA 1985], basée sur une approche thermodynamique, de nombreux modèles de
comportement pour les sols ont été développés. Ces modèles tentent de décrire le
comportement non linéaire et irréversible des sols réels.

En petites déformations, ils sont exprimés sous une forme incrémentale, et le tenseur des
vitesses de déformation se décompose en une partie élastique et une partie plastique sous la
forme:

dE - d + dE [3-1]

Les observations expérimentales montrent qu'il existe un domaine dans l'espace des
contraintes à l'intérieur duquel le comportement des sols est élastique. Pour une sollicitation
quelconque, ce domaine d'élasticité est délimité dans l'espace des contraintes par une surface
F(c), appelée surface de charge. La condition F(J)=0 est appelée critère de plasticité.
Lorsqu'elle est vérifiée, le point représentatif de l'état de contrainte est situé sur la surface de
charge, et le comportement du matériau dépend de la direction de l'incrément de contrainte
(figure 3-1):

en charge, le comportement est élasto-plastique:

F()=0 et

dc
aF
>0 [3-2]

dE = dc +

en décharge, le comportement est élastique:

F(1)= o

[3-3]

dE1 = de

48
Les lois de comportement en élastoplasticité Chapitre 3

aF 7
-'V
/ - -, dO(charge)

F(o)=O dO(décharge)

Domaine élastique

Figure 3-1 - Notion de surface de charge.

Pour un matériau parfaitement plastique, la surface de charge est fixe alors que, pour un
matériau écrouissable, elle dépend de l'histoire de la sollicitation par l'intermédiaire de forces
thermodynamiques, notées Xk, associées à des variables d'écrouissages, notées k. La surface
de charge est alors une fonction des contraintes et des variables d'écrouissage
F=F(Yjj,Xk(ak)).

Dans la théorie des Matériaux Standard Généralisés (MSG), les lois d'évolution de la
déformation plastique et des variables d'écrouissage sont données par les relations:

dc' =dX-
J [3-4]
ii

dak [3-5]

où dX est le multiplicateur plastique, un scalaire positif. La condition de consistance, qui


s'exprime en charge par dF=O, et la donnée d'une loi d'évolution des forces
thermodynamiques, sous la forme Xk=Xk(otk), permettent d'exprimer le multiplicateur
plastique par:

dX = [3-6]

49
Les lois de comportement en élastoplasticité Chapitre 3

où H est le module d'écrouissage défini par:

ÒF aXk aF
H- aXk òXkk
[3-7]

Dans la théorie classique des Matériaux Standard, seule la loi d'évolution des déformations
plastiques donnée par [3-4] est vérifiée. Les variables d'écrouissages k sont alors fonction des
déformations plastiques jj', et les forces thermodynamiques Xk s'expriment par une relation
du type:

Xk(k) = xk{ak(a)J [3-8]

Le module d'écrouissage H devient alors:

H__ax
a aXk
kjj k a [3-9]

Enfin, il existe une classe de matériaux dits Non Standard pour lesquels il faut introduire une
nouvelle fonction G(c Xk(ak)), différente de la fonction de charge F, et qui permet de décrire
l'évolution des variables d'état (déformation plastique et variables d'écrouissage).

Pour un matériau donné, l'ensemble des états de contrainte admissibles définit un domaine
dans l'espace des contraintes délimité par la surface de rupture. Quelle que soit la sollicitation,
il y aura rupture dès que l'état de contrainte atteint cette surface. La rupture est obtenue quand
le module d'écrouissage H s'annule, la déformation plastique devenant indéterminée et infinie.
Pour un matériau parfaitement plastique, la surface de rupture est confondue avec la surface
de charge.

Trois modèles, qui ont été introduits dans le code de calcul CESAR, sont décrits ci-après : le
modèle de MOHR-COULOMB, le modèle CJS, et le modèle CAM-CLAY modifié.

2. Modèle de Mohr-Coulomb

C'est un des modèles les plus utilisés en raison de sa simplicité et de la signification physique
de ses paramètres qui correspondent à des caractéristiques identifiables des sols. Il peut être
utilisé pour les sols pulvérulents, les sols cohérents à court terme et à long terme. Le
comportement modélisé est du type élastique parfaitement plastique. La partie élastique est
linéaire isotrope, et le critère de rupture est composé de deux droites symétriques dans le plan
de Mohr (y = contrainte normale,'r = contrainte tangentielle). Il est caractérisé par la cohésion
c, et l'angle de frottement interne p du sol (figure 3-2).

50
Les lois de comportement en élastoplasticité Chapitre 3

A
'r
)q

O a3
cYn

Figure 3-2 - Critère de rupture de Mohr-Coulomb.

Dans l'espace des contraintes principales (al,a2,a3), l'équation de la surface de charge F(cy),
confondue avec la surface de rupture, est donnée par:

F(a)= (c - c3)(ai + a3)sin(p - 2ccosq) = O [3-10]

C'est une pyramide de section hexagonale dont l'axe est la droite (ii): al=a2=cy3 (figure 3-3).
Sa représentation dans le plan déviatoire ([1): al+a2+c33=0, orthogonal à (z) est donnée sur la
figure 3-4. Lorsque ç=O, le critère de rupture dégénère en un cylindre de section hexagonale,
c'est le critère de Tresca.

Le matériau modélisé est généralement non standard. La prise en compte de l'angle de


dilatance i, permet de définir le potentiel plastique G du modèle s'écrit:

G(a1)= (ai _a3)_(ai +a3)sinw [3-11]

Pour des chemins de sollicitation particuliers, l'angle de dilatance peut s'exprimer en fonction
des incréments de déformation plastique principaux dc par les relations données dans le
tableau 3-1. dc = de + d + d est l'incrément de déformation volumique plastique.

Chemin de sollicitation Angle de dilatance ii,j


Essai triaxial axisymétrique (al> a2 = a3) d
sin -- - 2d
Essai en déformation plane (ai> cy2> a3) .

d1 d3
p p

Tableau 3-1 - Expression de l'angle de dilatance i pour différents chemins de sollicitation.

51
Les lois de comportement en élastoplasticité Chapitre 3

Figure 3-3 - Surface de rupture du modèle de Mohr-Coulomb.

Compression
Triaxiale - --

Triaxiale

Figure 3-4 - Critère de rupture dans le plan déviatoire (Il).

52
Les lois de comportement en élastoplasticité Chapitre 3

Le modèle est donc complètement défini par 5 paramètres: E, V, c, p, , qui peuvent être
identifiés à partir de deux essais triaxiaux axisymétriques de compression réalisés sous des
contraintes de confinement différentes. La modélisation d'un tel essai par le modèle de Mohr-
Coulomb est représenté sur la figure 3-5. La signification et la détermination des paramètres
sont données ci-dessous:

E et y caractérisent le comportement élastique et sont déduits des pentes initiales des


courbes réponses en contraintes et déformation volumique;

c et p caractérisent la rupture du matériau et s'identifient à partir des valeurs des


contraintes obtenues à la rupture;

i caractérise la dilatance et se déduit de la pente lors de la rupture de la courbe réponse en


déformation volumique.

Figure 3-5 - Modèle de Mohr-Coulomb. Essai triaxial.

53
Les lois de comportement en élastoplasticité Chapitre 3

3. Modèle CJS

Le modèle CJS (Cambou, Jafari, Sidoroft), développé à l'École Centrale de Lyon [CAM
1988], [ELA 1992], [LAM 1993], a été construit sur la base d'observations sur le
comportement macroscopique des milieux granulaires soumis à des sollicitation complexes. Il
est bien adapté aux sols pulvérulents et aux sols fins normalement consolidés. Les principales
notations utilisées dans la description du modèle sont définies ci-dessous:

tenseur des contraintes


contraintes principales
1a : pression atmosphérique
droite d'équation: = =
I : premier invariant de
tenseur isotrope unité
partie déviatoire du tenseur des contraintes
deuxième invariant de
fi : plan déviatoire d'équation : Y + 2
+ =O
angle de Lode d' un tenseur [t] dans le plan déviatoire
tenseur des déformations
partie élastique de
partie plastique de
déformation volumique plastique liée à la variation de I
déformation plastique liée à la variation de (s
partie isotrope de
e' : partie déviatoire de

avec: '1 = kk = - , SIT =

3.1. Comportement élastique


Le comportement élastique du modèle est non linéaire et l'incrément de déformation élastique
est donné par l'expression:

ds.. dl1
dE -+jS1 [3-12]

K et G sont respectivement les modules tangents de déformation volumique et de cisaillement


qui sont exprimés par les relations suivantes:

54
Les lois de comportement en élastoplasticité Chapitre 3

,r in 4G0I
K = K:[--j 4G0I - 9nKs
[3-13]

G=G [3-14]
°[3Pa

G0, K et n sont des constantes du modèle. Dans le cas où l'élasticité linéaire est suffisante
pour décrire le comportement du sol, le module d'Young B et le coefficient de Poisson y
équivalents sont donnés par:

9KG0
E [3-15]
- 3K: +G0
3K-2G,
- 6K +2G0 [3-16]

3.2. Comportement plastique


Le comportement plastique est défini dans le cadre des matériaux standard généralisés et est
régi par deux mécanismes, un mécanisme isotrope et un mécanisme déviatoire. La
déformation plastique totale stécrit alors sous forme incrémentale:

de =-da61 +de? [3-17]

est une déformation isotrope dépendant de la variation de la contrainte moyenne (I/3).


Bile est associée à un écrouissage isotrope dépendant d'une variable scalaire notée y.

E? dépend de la variation de (Sii/li) et se décompose en une partie isotrope c et une partie


déviatoire e?. Elle est associée à un écrouissage isotrope (dépendant d'une variable scalaire
notée r) et un écrouissage cinématique (dépendant d'une variable tensorielle notée c).

3.2.1. Mécanisme plastique isotrope

La surface de charge, notée F, est un plan orthogonal à la droite (is). Son équation est:

(11,Q(v)) =---Q(v) [3-18]

y étant la variable d'écrouissage scalaire associée à la force thermodynamique Q. L'évolution


des paramètres d'écrouissage est définie par la relation:

55
Les lois de comportement en élastoplasticité Chapitre 3

dQ = Kdv = K-dv [3-19]

K étant une constante du modèle. Les lois d'évolution s'écrivent alors:

dv = d?1 = [3-20]

de = d?sJ - =d = dX' [3-21]


-

3.2.2. Mécanisme plastique déviatoire

La déformation plastique de ce mécanisme se décompose en une partie volumique et une


partie déviatoire:

[3-22]

L'équation de la surface de charge, notée F1, est donnée par:

Fd X1(c ), R(r)) = q11h(Oq ) - R(r) I [3-23]

avec:

q1 = sii - IiX
q11 =

q =jdet(q)
1/6

h(Oq) = (i - y cos(30q))

cos(30q) =

où y est une constante du modèle. La surface de charge est représentée dans l'espace des
contraintes principales sur la figure 3-6, et dans le plan déviatoire (fl) sur la figure 3-7.

56
Les lois de comportement en élastoplasticité Chapitre 3

Figure 3-6 - Surface de charge du mécanisme plastique déviatoire.

Figure 3-7 - Surface de charge du mécanisme plastique déviatoire (plan déviatoire).

Les paramètres X1j et R sont les forces thermodynamiques associées respectivement aux
variables d'écrouissage cjj et r. Xj mesure la translation de la surface de charge (écrouissage
cinématique), R mesure sa dilatation (écrouissage isotrope). L'évolution des paramètres
d'écrouissage est définie par les relations suivantes (figures 3-8 et 3-9):

57
Les lois de comportement en élastoplasticité Chapitre 3

A [3Pa 13/2
dR=g(r)dr= dr [3-24]
(1+Br)2[ Ii
3/2
dX = a[!î] da1 [3-25]

a, A, B, et n étant des constantes du modèle. Les lois d'évolution s'écrivent alors:

rd
(-Ji
dEr" [3-26]

dr=dX-=dXI1 [3-27]

dc1 = clXd[dev[.F] dj
[Q13 - [3-28]

avec:
(aF i
Q = devJ = partie déviatoire de = -j- dev--

=
Q11 =

où et 42 sont des constantes du modèle. La relation [3-28], qui diffère de l'expression issue
de la théorie des matériaux standard généralisés, a été proposée par Chaboche et Lemaître
[CHA 1985]. EIle permet de prendre en compte un écrouissage cinématique non linéaire. Le
multiplicateur plastique s'exprime alors par:

aFd
do3
[3-29]
H
= (i )2[]Ä[aQ(Q x)+g(r)]

58
Les lois de comportement en élastoplasticité Chapitre 3

Figure 3-8 - Mécanisme plastique déviatoire - Écrouissage Isotrope.

Figure 3-9 - Mécanisme plastique déviatoire - Écrouissage Cinématique.

Pour obtenir une modélisation réaliste des variations de volume, la relation classique [3-26]
n'est pas satisfaisante. Elle a été modifiée et s'exprime sous la forme:

d
ÍaFd (aFd
da? [ai (\11k1)1j [3-30]

j étant un tenseur normé tel que rjjTj=l. Dans ces conditions, la déformation plastique
vérifie les relations suivantes

dai1=O [3-3 1]

59
Les lois de comportement en élastoplasticité Chapitre 3

de' =i \Sfl [3-32]


) S11

avec:

11JJ
- J +3[SH]
1, = --_1signe
. (s1de)
13[SflII )
s=

13 étant une constante du modèle et s l'état de contrainte déviatoire correspondant à la surface


caractéristique, notion introduite par Luong [LUO 1980]. La surface caractéristique définit
deux domaines dans l'espace des contraintes, l'un contractant et l'autre dilatant. Elle a la
même forme que la surface de charge et est définie par l'équation (figure 3-10):

RI1
[3-33]
- h(O,)

R étant une constante du modèle. La rupture est atteinte quand le module d'écrouissage H
s'annule, c'est-à-dire quand les deux conditions suivantes sont réunies : g(r)=0 et Q1=4X. Les
valeurs limite prises par R et Xj définissent la surface de charge limite et sont données par:

[3-341

[3-35]

La surface de rupture est la courbe enveloppe de toutes les surfaces de charge limites. En
supposant qu'elle a la même forme que la surface de charge, et qu'à la rupture sj et X,j sont
colinéaires, son équation s'écrit (figure 3-10):

[3-36]

Le rayon de rupture Rr étant alors donné par: R' = +

60
Les lois de comportement en élastoplasticité Chapitre 3

Surface caracteristique

Figure 3-10 - Surface caractéristique - Surface de rupture.

Le modèle est donc complètement défini par la donnée de 12 paramètres:

K, G0, n, K ,y, A, B, a, , 2' 13, R

La détermination des paramètres du modèle se fait à partir des essais suivants (figure 3-11):

un essai isotrope avec déchargement;


un essai de compression triaxiale avec déchargement à différents niveaux;
un essai d'extension triaxiale.

Dans la pratique, la détermination des paramètres du modèle s'effectue à l'aide d'outils


informatiques.

61
Les lois de comportement en élastoplasticité Chapitre 3

Figure 3-11 - Modèle CJS - Principe d'identification des paramètres.

62
Les lois de comportement en élastoplasticité Chapitre 3

4. Modèle CAM-CLAY modifié

Les lois de comportement de ce type ont été développées à Cambridge à partir des années
1960 [ROS 1958], [SCHO 1968]. Ce sont des lois élasto-plastiques qui sont bien adaptées au
comportement des argiles reconstituées normalement consolidées. Les principales notations
utilisées dans la description du modèle Cam-Clay modifié sont les suivantes:

tenseur des contraintes


sii : partie déviatoire du tenseur des contraintes
p : pression moyenne
q : déviateur du tenseur des contraintes
tenseur des déformations
e1 : partie déviatoire du tenseur des déformations
s,, : déformation volumique
déviateur du tenseur des déformation
partie élastique de
partie plastique de
e : indice des vides
W' : travail plastique

kk
avec: p=--- , q=.s1s E,, = dW=pds+qdc.

4.1. Comportement élastique

L'incrément de déformation élastique s'écrit sous la forme:

i dl1
ds =ds [3-37]

Seule la partie isotrope des déformations est non linéaire et les modules de cisaillement
tangents et volumiques, G et K, sont donnés par:

G=G0 [3-38]

(1+ e0)
K- 3K
[3-39]

G0 est le module de cisaillement classique de l'élasticité linéaire, K et e0 sont des constantes


du modèle. Dans le cas où l'élasticité linéaire est suffisante pour décrire le comportement du

63
Les lois de comportement en élastoplasticité Chapitre 3

sol, G et K s'expriment en fonction du module d'Young E et du coefficient de Poisson V par


les relations classiques

B
3-4O]
2(1+ y)
E [3-41]
K=K0
- 3(1-2V)

4.2. Comportement plastique

Il est basé sur quatre concepts de base : l'analyse de l'essai de compression isotrope, le
concept d'état critique, l'expression du travail plastique et le formalisme des matériaux
standard.

4.2.1. Analyse de l'essai de compression isotrope

Dans le plan [ln(p),e], p étant la pression moyenne et e l'indice des vides, les résultats d'un
essai de compression isotrope sur une argile reconstituée donnent des courbes qui sont
assimilables à des droites (figure 3-12). La courbe de pente X obtenue au cours du premier
chargement isotrope est appelée Courbe de consolidation vierge. Elle représente le
comportement élastoplastique du matériau. Les courbes de pentes iç obtenues au cours d'un
déchargement, représentent son comportement élastique non linéaire. Les équations de ces
courbes sont:

e=e [3-42]

eeK _Kln[] [3-43]

ex, X et 1 sont des constantes du matériau, Pi une pression de référence. La pression de


consolidation Pc est la pression moyenne maximale subie par le sol et définit donc la limite
d'élasticité actuelle. En petites déformations les relations suivantes sont vérifiées

eK =(XK)1n1) dp PC
«pl) C
(Xi) d eK
[3-44]

IL
1+e0
- eKeO
1+e0
{dek =(1+e0)de

e0 étant l'indice des vides initial du sol.

64
Les lois de comportement en élastoplasticité Chapitre 3

A
e

ex

e0

e'

décharge
e

a'
courbe vierge isotrope

courbe d'état critique

ln(p ) !fl(Pco) lfl(Pc) in (p)

Figure 3-12 - Essai de compression isotrope sur une argile.

4.2.2. Concept d'état critique

La réalisation d'essais triaxiaux montre que lorsqu'un matériau atteint le pallier d'écoulement
plastique, la variation de volume devient nulle et le rapport q/p reste constant. On appelle cet
état "l'état critique". Il est caractérisé par les relatiôns suivantes, où M et F sont des
constantes du matériau:

q = Mp [3-45]

F =e+Xln(p/p1) [3-46]

4.2.3. Expression du travail plastique

L'incrément de travail plastique dans un état de contrainte quelconque (p,q), noté dW(p,q),
est supposé s'écrire en fonction des incréments de travail plastique dW(p,q=O) et
dW(p=O,Mp), sous la forme:

65
Les lois de comportement en élastoplasticité Chapitre 3

dW(p,q) [dw1(p,o)]2 + [dW'(O, Mp)]2


[3-47]

qui est équivalente à la relation suivante:

dW(p,q)=pdc +qdE =J(pdc)2 +(Mpdc)2 [3-48]

4.2.4. Formalisme des matériaux standard

À partir de ces considérations, Péquation de la surface de charge F dans le plan (p,q) est
donnée par l'équation (figure 3-13):

F[p,q,pC(ek)]= M2p2 +q2 M2pp =0 [3-49]

Le matériau modélisé étant standard, la loi d'évolution des déformations plastiques s'écrit:

d =d) [3-50]

L'évolution de la surface de charge est décrite par l'évolution de la force thermodynamique Pc


associée à la variable d'écrouissage eK. Les relations données par [3-44] permettent d'écrire:

p(i+eo)
JdPC=(X)deK_ (XK) da
[3-5 1]

(1+ e0
[Pc PcOPI

OÙ c0 est la pression de consolidation initiale. Le multiplicateur plastique dX est alors donné


par:

aFd aFd

ii
do'.
'J
do'..
ii
-

[3-52]

H
M2p(XK)(1+eo)M2(2p_pc)

La rupture est obtenue pour H=0, c'est-à-dire quand P=Pc12. Le point représentatif des
contraintes se trouve alors sur la droite d'état critique, et q=Mp.

66
Les lois de comportement en élastoplasticité Chapitre 3

Figure 3-13 - Surface de charge dans le plan (p,q).

Le modèle est donc complètement défini par la donnée de sept paramètres:

E, V, X, K, M, e0,

Leur identification peut s'effectuer à partir des essais suivants:

un essai de compression isotrope ou un essai oedométnque (X, ic);


deux essais triaxiaux axisymétriques (E, y, M).

Les deux paramètres restant, e0 et Peo, dépendent de l'état initial du sol. Ils sont à estimer dans
chaque cas étudié.

5. Jeux de paramètres de base

Cette étude repose avant tout sur une analyse qualitative du comportement d'un massif de sol
soumis à diverses sollicitations. Afin de comparer les résultats des différents problèmes
étudiés (état initial au sein du massif, essai pressiométrique, capacité portante de fondations),
il faut choisir un jeu de paramètres de base pour les deux lois de comportement considérées,
CJS et Cam-Clay modifié. Sauf mention du contraire, toutes les simulations numériques
seront réalisées en utilisant ces jeux de paramètres.

Les paramètres équivalents correspondant au modèle de Mohr-Coulomb sont estimés pour les
deux lois de comportement. Ils sont issus de simulations numériques d'essais réalisés en
condition triaxiale et en condition de déformation plane (modèle constitué d'un élément
quadrilatère à huit noeuds). Les figures 3-14 et 3-15 montrent des exemples de courbes
triaxiales obtenues.

67
Les lois de comportement en élastoplasticité Chapitre 3

Figure 3-14 - Simulation numérique d'un essai triaxial. Modèle CJS. [CJS-A].

Figure 3-15 - Simulation numérique d'un essai triaxial. Modèle Cam-Clay. [CC-A].

68
Les lois de comportement en élastoplasticité Chapitre 3

5.1. Jeu de paramètres [CJS-A] pour le modèle CJS


Les paramètres retenus sont rassemblés dans le tableau 3-2. Ils sont issus d'une identification
réalisée sur un sable de Labenne moyennement dense. Les angles de frottement ( et de
dilatance i équivalents sont très différents suivant les conditions de l'essai simulé.

Jeu de paramètres [CJS-A]


Paramètres Modèle CJS Mohr-Coulomb équivalent
Poids volumique y = 15 kN/m3 y = 15 kN/m3
E=6OMPa E=6OMPa
Elasticité linéaire
v=0,3 v=0,3
Essai triaxial Déformation plane
n=0,6 e =0 e =0
(p = 43,9°
K = 65 MPa = 11,8° = 16,2°
G0 =0
R = 0,18
Plasticité 13 = -0,5
y=O,85
A = 0,76 iO3 Pa1
B=5,891OE3Pa1
a =0,12103Pa1
= 0,01
25,5
Tableau 3-2 - Jeu de paramètres [CJS-A] du modèle CJS.

69
Les lois de comportement en élastoplasticité Chapitre 3

5.2. Jeu de paramètres [CC-A] pour le modèle Cam-Clay modifié

Les paramètres sont présentés dans le tableau 3-3. ils sont issus de paramètres trouvés dans la
littérature et correspondent à une argile de Cran.

Jéu de paramètres [CC-A] - -.

Paramètres Modèle Cam-Clay modifié Mohr-Coulomb équivalent


Poids volumique y = 15 kN/m3 y = 15 kN/m3
Élasticité linéaire E = 15 MPa E = 15 MPa
v=0,3 v=0,3
X = 0,1 Essai triaxial Déformation plane
k=0,08 c=0 c=0
Plasticité M = 1,3 = 32,3° = 38,6°
e0=2 'qj=O
Pco =0

Tableau 3-3 - Jeu de paramètres [CC-A] du modèle Cam-Clay modifié.

Là encore, les angles de frottements équivalents dépendent des conditions considérées. Pour
l'essai triaxial, l'angle de frottement équivalent p' est donné par:

3M
51fl( = [3-53]
6+M

70
Chapitre 4

Modélisation de l'état de contrainte initial dans une pente

Résumé.

L'état de contrainte dans un massif de sol en place dépend à la fois du type de sol et de
l'historique des sollicitations subies par le massif La modélisation numérique d'un problème
géotechnique mettant en jeu un massif de sol nécessite donc la détermination de l'état initial
du massif Si la géométrie du massif est complexe (présence d'une pente, par exemple), cette
initialisation devra être réalisée numériquement. L'histoire des sollicitations sera alors prise
en compte par l'intermédiaire des variables d'écrouissage de la loi de comportement, qui
traduisent la mémoire du matériau. À partir de procédures numériques simplifiées
reproduisant différents historiques de création d'une pente au sein d'un massif de sol, les états
de contraintes et d'écrouissage obtenus sont analysés.

71
Modélisation de l'état de contrainte initial dans une pente Chapitre 4

1. Introduction

L'état de contrainte dans un massif de sol en place est fortement dépendant de l'historique des
sollicitations subies par le massif au cours du temps. La modélisation par les éléments finis
d'un problème géotechnique au sein d'un massif de sol pose donc le problème de
l'initialisation du champ de contrainte:

dans le cas d'un massif à surface horizontale, l'état de contrainte est connu, il est
complètement déterminé par l'estimation du coefficient de pression des terres au repos K0
(voir Chapitre 1);
dans le cas d'un massif à géométrie complexe, l'état de contrainte est difficile à estimer,
son initialisation ne peut se faire que par simulation numérique de l'historique supposé.

À partir de l'analyse des mécanismes que l'on peut estimer raisonnables de l'historique de
création d'une pente, différentes procédures simplifiées de simulations de cette histoire sont
définies. Pour une loi de comportement élastoplastique donnée, l'application de ces procédures
à un massif comportant une pente, par l'intermédiaire de simulations numériques, permettra
d'étudier l'influence de la genèse de la pente sur l'état de contrainte et d'écrouissage obtenu au
sein du massif.

2. Notations

Les notations suivantes seront utilisées (figure 4-1):

= composantes du tenseur de contraintes


= contraintes principales
= premier invariant de
p = pression moyenne
A=droite:c1 2 3

= composante de la partie déviatoire de


si = composantes principales de s
s = deuxième invariant de s
= angle de Lode
q = déviateur
P= plan(p,q)
fl= plan déviatoire (s11,O): cY +o+a3 =0
= tenseur des déformations
y = poids volumique du sol
E = module d' Young
y = coefficient de Poisson

72
Modélisation de l'état de contrainte initial dans une pente Chapitre 4

Avec:
i
sii = .-0i
01 = trace [ci]
s = trace [s]2

o li +cY
P3cYxx +01g

)2 )2]
q= = +(a +( 3( + + z)

Figure 4-1 - Notations.

3. Modélisation d'un massif comportant une pente

3.1. Caractéristiques géométriques du modèle

La géométrie et les dimensions du modèle considéré sont définies sur la figure 4-2. Le massif
est soumis à son seul poids propre et comporte un talus de hauteur h dont la surface est
inclinée d'un angle I3 par rapport à l'horizontale. La dimension caractéristique d du modèle
définit la distance à laquelle sont appliquées les conditions aux limites.

Le problème est traité en déformation plane dans le plan (O,X,Y), avec des conditions aux
limites en déplacement : les déplacements horizontaux sont nuls sur les limites verticales du
massif, les déplacements verticaux sont nuls sur la base.

73
Modélisation de l'état de contrainte initial dans une pente Chapitre 4

La hauteur du talus est fixée à h=10 mètres, la dimension caractéristique d est prise égale à 20
mètres. Il faudra vérifier lors des simulations que la valeur de d est suffisante pour ne pas
perturber les résultats. L'angle f3 est fixé à 26,5° (tanf3=1/2).

A
Y

X
o
d

d
4

y
u=O 1x1

VI
u=O

X
v=O

Figure 4-2 - Caractéristiques du modèle.

3.2. Modélisation de la genèse de la pente

D'un point de vue géotechnique, la genèse d'une pente met en jeu différents mécanismes qui
peuvent être soit d'origine géologique, soit d'origine anthropique. Le tableau 4-1 récapitule
les cas les plus courants rencontrés dans la pratique.

Mécanisme Origine géologique Origine anthropique


Dépôt Dépôt naturel (éboulis, alluvions) Remblai
Déblai Érosion naturelle Excavation
Surcharge et déblai Surcharge historique disparue Excavation en masse
(glacier, érosion en masse)
Tableau 4-1. Mécanismes de genèse d'une pente.

Pour simuler de façon simplifiée ces trois types de mécanismes réels, trois procédures de
genèse de la pente sont considérées, appelées respectivement procédures de tassement,

74
Modélisation de l'état de contrainte initial dans une pente Chapitre 4

d'excavation et de surconsolidation. Ces procédures se décomposent en différentes phases et


sont décrites dans le tableau 4-2 et sur la figure 4-3.

Mécanisme réel Nom de la - '1


- - Phase n°1 Phase n°2
simule Procedure
Tassement de la pente
Dépôt Tassement soumise à son poids propre -

Tassement du massif Excavation par annulation


Déblai Excavation horizontal soumis à son de la contrainte normale
poids propre sur la surface excavée
Tassement du massif Excavation par annulation
horizontal soumis à son de la contrainte normale
Surcharge Surconsolidation poids propre et à une sur la surface excavée et de
et déblai contrainte verticale la pression Po sur la partie
p0=500kPa appliquée à la non excavée
surface du massif
Tableau 4-2. Description des procédures de simulation de la genèse de la pente.

Mécanisme DEPOT, REMBLAI DEBLAI, EROSION SURCHARGE DISPARUE

Procédure TA SSEM ENT EXCAVATION SUR CONSOLIDATION


(Etat final) (Consolidation normale) (Surconsolidation faible) (Surconsolidation forte)

po=500kPa

1ère Phase

2èmephase Yo yo

Figure 4-3 - Schématisation des procédures de simulation de la genèse de la pente.

75
Modélisation de l'état de contrainte initial dans une pente Chapitre 4

La simulation numérique de l'excavation est réalisée par annulation progressive du vecteur


contrainte s'exerçant sur chaque facette correspondant aux cotés des éléments finis constituant
la limite de la surface excavée (figure 4-4). Sur une facette de normale ñ, le vecteur-contrainte
initial 'Fr° (avant excavation) est donné par:

[4-1]

L'excavation est simulée de façon incrémentale; à chaque incrément i une fraction Xi du


vecteur contrainte est retranchée et celui-ci devient:

P11 =(ix) [4-2]

Cette procédure est menée jusqu'à annulation du vecteur contrainte sur la facette considérée.

Figure 4-4 - Simulation numérique de l'excavation.

3.3. Modélisation du comportement du sol

Pour décrire le comportement des sols meubles, deux modèles élastoplastiques avec
écrouissage seront utilisés : le modèle Cam-Clay modifié pour les sols fins (argiles
normalement consolidées ou surconsolidées) et le modèle CJS pour les sols granulaires
(sables, graves ou argiles normalement consolidées). Ces deux lois de comportement sont
associées à une élasticité linéaire et leurs mécanismes plastiques ont été décrits au Chapitre 3.
Le comportement élastique linéaire du massif sera aussi étudié au préalable et servira de
référence.

3.4. Modélisation numérique

Le problème est traité en contraintes effectives. Les simulations numériques sont réalisées en
petites déformations en utilisant la méthode des éléments finis à l'aide du logiciel CESAR
développé au LCPC. La méthode de Newton-Raphson modifiée est utilisée pour les calculs
non linéaires (voir Chapitre 2). Les chargements sont appliqués par incréments successifs.

76
Modélisation de l'état de contrainte initial dans une pente Chapitre 4

Le maillage est constitué de 1510 éléments triangulaires à 6 noeuds (figure 4-5). Une
contrainte initiale isotrope valant 1 kPa est appliquée dans tout le massif pour éviter des
problèmes numériques sur les éléments proches de la surface (liés à l'apparition de contraintes
de traction).

BAR-LcPC othii. MC)


Ecol. C.ntr1. Lyon
poi - elO

i
MAILLAGZ

ZOOM
TRAcZtJR.: 2
ZUITZ...: O

Figure 4-5 - Maillage utilisé.

3.5. Présentation des résultats

La représentation des états de contrainte pourra se faire soit dans le plan P (p,q), soit dans le
plan déviatoire 11 (sn,O). La trace des états de contrainte obtenus sur une coupe A-B
horizontale située à une profondeur de 2,50 mètres, ainsi que les chemins de contrainte suivis
aux points C (X=2m, Y=-2,5m) et D (X=-lm, Y=-2,5m) au cours des procédures de
simulation de la genèse de la pente seront analysés (Figure 4-6).

77
Modélisation de l'état de contrainte initial dans une pente Chapitre 4

-- Y=-2.5m
D C

Figure 4-6 - Définition de la coupe et des points étudiés.

4. Analyse Pour un comportement élastique du sol

En comportement élastique linéaire, le même état de contrainte final est obtenu quelle que soit
la procédure utilisée pour simuler la genèse de la pente. Cet état de contrainte est tout d'abord
étudié. Dans un deuxième temps, les chemins de contrainte suivis au cours des différentes
procédures de genèse sont analysés.

4.1. Cas théorique du massif élastique semi-infini à surface plane

Le sol se comporte comme un matériau élastique linéaire isotrope, l'état de contrainte ne


dépend donc pas de l'histoire des sollicitations et la loi de comportement peut se traduire sous
la forme classique:

(1+v) y
E
ij_joiij [4-3}

Le massif est supposé infini dans les directions Ox et Oz=OZ, sa surface libre est inclinée d'un
angle 3 par rapport à l'horizontale (figure 4-7). Les équations d'équilibre et la condition aux
limites sur la surface libre permettent de déterminer complètement le tenseur des contraintes.

78
e,

;'iiiiii/iiiiiii/iiiii/iiiiiii///i/i//ii/i

coo,o,c$

c
-' .Ç,_o#\" 3
'. '
çC gÇC _i't«
? ?' ' ,,-
,_,\
ef,.
F-

fr'
C*\C?.'. co:#.
s:'°
\), ?
0S'
c
-'

,oçcÑ

o 4_
41

\e ,ç- .o,ç.

ÑO
Modélisation de l'état de contrainte initial dans une pente Chapitre 4

cY =yycosf3K'
=yysinf3
[4-6]
=yycos13
zz =yycos3K'

xx =yycos13(K' cos2I3_sin2I3)
=yysin13(K c0s213_sin2I3)
[4-7]
= y y cos [3 [(K' + 2)sin2 [3 + cos2 13]
cY =yycos13K'

avec: Y y cos [3 et K' le coefficient de pression des terres au repos correspondant au cas
du massif à surface horizontale. La pression moyenne p et le déviateur q, qui sont
indépendants du repère considéré, s'écrivent en un point quelconque du massif:

p=---yy(2K0+1)cos[3
[4-8]
q = y y .jcos2 í3(K - 2K0 - 2)+ 3

Toutes les composantes du tenseur des contraintes sont nulles sur la pente, et les directions
principales ne sont alignées ni avec (O,x,y,z) ni avec (O,X,Y,Z).

4.2. État de contrainte dans le massif de dimensions finies

Les paramètres élastiques choisis pour le sol sont : y=l5 kN/m3, E=60 MPa et v=0,3. Les
directions principales de contraintes dans le massif sont représentées sur la figure 4-8, les
isovaleurs de cYyy sur la figure 4-9, celles de axy sur la figure 4-10. Pour la coupe A-B, les
profils des contraintes sont représentés sur la figure 4-11, les profils de p et q sur la figure
4-12, la trace des états de contraintes dans le plan P(p,q) sur la figure 4-13. L'analyse de ces
résultats conduit aux constatations suivantes

l'état de contrainte au point A (défini sur la figure 4-6) est très proche de l'état de
contrainte théorique pour un massif horizontal infini.
l'état de contrainte en B diffère complètement de celui obtenu pour le cas théorique du
massif semi-infini incliné. Les composantes du tenseur des contraintes ne sont pas nulles
en B, la contrainte de cisaillement xy dépend de x sauf pour une zone très limitée de la
pente et les directions principales sont parallèles à la pente. Dans ce cas, en effet, la
présence des surfaces libres horizontales ne respecte pas la symétrie du massif infini. Par
contre, un calcul simple montre que sans faire l'hypothèse du milieu infini dans la
direction Ox, la condition limite à la surface du massif impose une condition entre p et q
donnée par [4-9]. Cette condition représentée sur la figure 4-13 est bien vérifiée dans ce
cas.

80
Modélisation de l'état de contrainte initial dans une pente Chapitre 4

p=(1+v) [4-9]
q =J1_V+V2
cEZRR-LcPC .odui. IfQL
poi - oiD
Incr.w..nt: 2
COMTRAI)ITES PRDICIPALE
.cb.11.
.IOOE+OÇ

zoox 1
TRACEUR.: 2
Ea.Lx.: 3
VALEUR..: 4
BUITE...: O

Figure 4-8 - Directions principales de contrainte.

Ecois C.utral. Lyon


CEB3-LC aodul. )IC)E.
poi - .10
Xncr.nt: 2
ONTRAIWTE BY

-.
-. Ef
Ef
-.
-. Ef
Ef
-.
-. Ef
II -. r +
+

i
TRACEUR.: 2
SUITE...: O
-,.- '.-,..-.

I - 7_

-
-S
-

_-2_ -.--

Figure 4-9 - Isovaleurs de yy.

81
Modélisation de l'état de contrainte initial dans une pente Chapitre 4

Eco3. Central. Lyon


cEAR-Lcpc aodul.
p.l - .10
Xncr.n: 2
CISAZLLEXEWT GXY

j ll!tI
oo
TRAUR.: 2
1
SUrer...: D
I

Figure 4-10 - Isovaleurs de oxy.

4E+4

3E +4

cY

2E+4

ocx=ozz
i E+4

cY

-1E+4 M assif horizontal semi infini : valeurs theoriques

M assif en pente de dimensions finies : valeurs simules,,

A B
j
-2E+4
-20 -15 -10 -S 0 5

X (m)

Figure 4-11 - Profil des contraintes sur la coupe A-B.

82
Modélisation de l'état de contrainte initial dans une pente Chapitre 4

4E+4

3E+4

2E+4

f M assif horizontal semi infini valeurs théoriques - -


IE+4 - -

Massif en pente de dimensions finies valeurs simulées

o
-20 -15 -10 -5 O 5

X (m)

Figure 4-12 - Profil de p et q sur la coupe A-B.

Figure 4-13 - Élasticité. Trace des contraintes sur A-B dans le plan (p,q).

83
Modélisation de l'état de contrainte initial dans une pente Chapitre 4

4.3. Chemins de contrainte suivis au cours de la genèse de la pente

Les figures 4-14 et 4-15 représentent le chemin de contrainte suivi par le point C au cours des
différentes procédures de simulation de création de la pente, respectivement dans les plans (P)
et (fi). L'état de contrainte obtenu est évidemment identique, mais les chemins suivis diffèrent
suivant la procédure considérée.

Le chemin de contrainte suivi est linéaire au cours de la procédure de tassement mais


fortement non linéaire et correspondant à une décharge lors de la deuxième phase de la
procédure d'excavation. La procédure de surconsolidation, non représentée, donne un chemin
analogue à celui de l'excavation avec une décharge beaucoup plus importante.

30000

Massif horizontal

- A
¿3d!
20000

10000

/ Trace des contraintes sur A-B


- ---p- Chemins de contrainte en C
- Tassement
2 - Excavation

I.
0
o 10000 20000 30000
p (Pa)

Figure 4-14 - Élasticité - Contraintes sur la coupe A-B - Plan (P).

84
Modélisation de l'état de contrainte initial dans une pente Chapitre 4

si
Massif
horizontal

$-- Trace des contraintes sur A-B


- - -+ - Chemins de contrainte en C
- Tassement
2 - Excavation

S2 S3

Figure 4-15 - Élasticité - Contraintes sur la coupe A-B - Plan déviatoire ([I).

II peut sembler étonnant que les chemins de contrainte suivis au cours d'une décharge et
représentés dans les plans (P) et (H) soient non linéaires alors que le comportement du
matériau est élastique linéaire. Pour clarifier ce point, les évolutions des composantes du
tenseur des contraintes, de p et de q, au cours de la procédure d'excavation et en un point de la
surface excavée sont représentées sur la figure 4-16.

Soit [cr0] l'état de contrainte initial dans le massif à surface horizontale. Lors de la simulation
de l'excavation, à la fin d'un incrément de déchargement k caractérisé par le pourcentage
global d'excavation Xk, le vecteur contrainte est donné par l'équation [4-2]. La figure 4-16
montre que les composantes du tenseur des contraintes varient linéairement en fonction du
pourcentage d'excavation Xk, et peuvent donc s'écrire sous la forme:

5ij = ij Xk [4-10]

Les cjj étant des paramètres scalaires. À partir de cette expression, l'évolution de la pression
moyenne p et du déviateur q s'écrivent:

85
Modélisation de l'état de contrainte initial dans une pente Chapitre 4

I axx +ayy +YZZ LcYkk +yy +


IP= 3
Pot PoXk 3
[4-111
r1
i

j
1=[[(axx_YY) 2 2 21
j+3ay]2

L'évolution de la pression moyenne p est donc linéaire, contrairement à celle du déviateur q.


En effet, le développement du premier terme de q est donné par [4-12]. Ce terme ne peut être
linéaire en Xk.

/ '2 )2
(axx-cYyy) =(ox- Y-(axx-aYY)Xk [4-12]

Figure 4-16 - Analyse de la non-linéarité des chemins de contrainte.

Les chemins de contraintes suivis au cours des différentes procédures de simulation de


création de la pente (en particulier, les chemins non linéaires suivis au cours d'une décharge)
laissent penser que l'utilisation de lois de comportement élastoplastiques non linéaires avec
écrouissage conduira à des états de contrainte et d'écrouissage différents dans le massif.

5. Analyse pour un comportement élastoplastique du sol

Les jeux de paramètres des lois de comportement sont ceux définis au Chapitre 4: [CJS-A] et
[CC-A]. Pour des raisons de lisibilité, la coupe A-B sera limitée à sa portion X -5m.

86
Modélisation de l'état de contrainte initial dans une pente Chapitre 4

5.1. Sols fins - modèle Cam-Clay modifié

La figure 4-17 montre que les états de contrainte obtenus sur la coupe A-B sont très
différenciés suivant la procédure utilisée pour la genèse de la pente. De plus, l'état
d'écrouissage des différents points de la coupe dépend lui aussi fortement de l'historique du
massif:

pour la procédure de tassement, chaque point matériel suit un chemin de contrainte


linéaire. Tous les points sont donc en plasticité et à chacun d'eux correspond une surface
de charge différente (figure 4-18).

pour la procédure d'excavation, après la première phase de tassement du massif


horizontal, tous les points sont dans le même état de contrainte et d'écrouissage
correspondant à une surface de charge unique (puisque ces points sont situés à la même
profondeur). Au cours de la deuxième phase (excavation), tous les points restent soit très
proches de cette surface de charge, soit sont ramenés à l'intérieur et se retrouvent donc
dans un état élastique (figure 4-19).

pour la procédure de surconsolidation, le comportement est similaire à celui observé pour


l'excavation mais avec d'une part, une surface de charge beaucoup plus grande, et d'autre
part, les états finaux de contrainte de tous les points de la coupe localisés dans le domaine
élastique au-delà de la droite d'état critique, dans la zone de comportement surconsolidé
(figure 4-20).

15000 100000

-'---- Tassement
Excavation
L
Surconsolidation
10000

o- 50000
C- M assit
horizontal

5000

I I
0
0 10000 20000 50000 75000

p (Pa)

Figure 4-17. Cam-Clay - Contraintes sur la coupe A-B - Plan (p,q).

87
Modélisation de l'état de contrainte initial dans une pente Chapitre 4

Figure 4-18. Cam-Clay - Tassement - État d'écrouissage sur A-B.

15000

- - Chemin de contrainte en D ,,q


4,
Excavation

10000

Massif
horizontal

5000

Zone élastique

10000 20000
p (Pa)

Figure 4-19. Cam-Clay - Excavation- État d'écrouissage sur A-B.

88
Modélisation de l'état de contrainte initial dans une pente Chapitre 4

300000

250000 Chemin de contrainte en D


Surco n so lid a tb n
Massif
horizontal

200000

150000

100000

50000

Zone élastique

100000 200000 300000 400000


p (Pa)

Figure 4-20. Cam-Clay - Surconsolidation - État d'écrouissage sur A-B.

5.2. Sols granulaires - modèle CJS

Les états de contrainte sur la coupe A-B sont assez proches dans le plan (p,q) (figure 4-21)
mais plus nettement différenciés dans le plan déviatoire (figure 4-22).

30000

25000 Massif
Tassement horizontal
Excavation
Surconsolidation
20000

P_:. 15000

10000

-----*--- Chemin de contrainte en D


5000 1 - Tassement
2 - Excavation
3 - Surconsolidation

10000 20000 30000


p (Pa)

Figure 4-21. CJS - Contraintes sur la coupe A-B - Plan (p,q).

89
Modélisation de l'état de contrainte initial dans une pente Chapitre 4

La complexité des mécanismes plastiques de cette loi rend plus difficile l'analyse des états
finaux d'écrouissage, mais on peut faire la constatation suivante: aucune des trois procédures
de genèse de la pente ne conduit à une remise en élasticité des points considérés. En effet, les
états de contraintes obtenus et les chemins suivis sont très différents de ceux produits par un
comportement élastique. Cela est dû à l'activation de l'écrouissage cinématique déviatoire
même au cours des phases de décharge des procédures d'excavation et de surconsolidation.

Massif
horizontal

-i-- Tassement
Ø Excavation
* Surconsolidation
Chemin de contrainte en D

EID- Tassement
©- Excavation
®- Surconsolidation

Figure 4-22 - CJS - Contraintes sur la coupe A-B - Plan déviatoire.

90
Modélisation de l'état de contrainte initial dans une pente Chapitre 4

6. Conclusions

L'analyse réalisée dans cette partie conduit aux conclusions suivantes:

pour les sols granulaires, peu sensibles au phénomène de surconsolidation, l'historique des
chargements subis par le massif de sol a peu d'influence sur l'état de contrainte final
obtenu,

pour les sols fins, la surconsolidätion joue un rôle important. Suivant l'historique des
chargements et le degré de surconsolidation imposé, les états de contrainte et d'écrouissage
du sol peuvent être fortement différents.

Ces deux conclusions mettent bien en évidence les difficultés liées à la définition de l'état
initial du sol pour la modélisation du comportement d'un ouvrage sur une pente, difficultés
souvent éludées dans la pratique courante. Toutefois, il faut noter que la modélisation retenue
pour décrire le comportement surconsolidé des sols fins, ici l'élasticité linéaire, est une
approche trop simplifiée pour décrire la réalité complexe du comportement des sols. Les
résultats obtenus dans ce domaine ne peuvent donc donner des informations qualitatives.

Ces différents états de contrainte et d'écrouissage obtenus peuvent servir d'état initial dans le
cadre de la modélisation d'une sollicitation ultérieure du massif (essai pressiométrique, essai
d'enfoncement de fondation). L'influence éventuelle de l'historique du massif par
l'intermédiaire de la modélisation de ces états initiaux sera étudiée dans les chapitres suivants.

91
Modélisation de l'état de contrainte initial dans une pente Chapitre 4

92
Chapitre 5

Modélisation de l'essai pressiométrique

Résumé.

Dans cette partie, la modélisation d'un essai pressiométrique réalisé au sein d'un massif
comportant une pente est analysée. Ce problème à trois dimensions, a priori coûteux en temps
de calcul, est décomposé en plusieurs étapes ne nécessitant pas des moyens informatiques
trop importants. Les simulations sont réalisées par la méthode des éléments finis, en utilisant
des lois de comportement élastoplastiques avec écrouissage pour modéliser le comportement
du sol. Les résultats du chapitre précédent sont intégrés par l'intermédiaire de la prise en
compte de conditions initiales au sein du massif résultant de différents historiques simulés.
Les influences du modèle de comportement, de la présence de la pente et des conditions
initiales sur la réponse du modèle soumis à un essai pressiométrique, sont alors analysés.

93
Modélisation de l'essai pressiométrique Chapitre 5

1. Introduction

Ce chapitre est consacré à la modélisation numérique, par la méthode des éléments finis en
déplacement, d'un essai pressiométrique dans un massif de sol comportant un talus. Les
objectifs sont multiples, et concernent principalement l'analyse de l'influence des facteurs
suivants sur les résultats de l'essai

les conditions initiales au sein du massif, par l'intermédiaire de la prise en compte de son
histoire géologique (cf. Chapitre 4),

la position de l'essai par rapport à la pente,

le type de sol étudié et le modèle de comportement considéré.

1.1. Hypothèses de base

Les hypothèses générales prises en compte sont les suivantes:

les simulations sont réalisées en petites déformations,

l'essai est analysé en conditions drainées (en contraintes effectives),

le mode de déformation de la sonde pressiométrique est la déformation plane (pas de


déformation verticale).

L'approche en petites déformations ne permet pas d'obtenir une valeur de la pression limite à
l'infini (cf. Chapitre 1). La pression limite conventionnelle obtenue pour le doublement du
volume de la sonde sera donc choisie comme représentative de l'essai pressiométrique. Une
approche en grandes déformations serait plus réaliste, mais les codes de calcul permettant ce
type d'analyse, pour des lois de comportement complexes, sont encore peu courants.

Toutes les simulations sont effectuées en contraintes effectives, ce qui suppose que l'essai est
réalisé en conditions drainées, sans prendre en compte le couplage entre les phases liquide et
solide.

L'hypothèse de déformation plane de la sonde est communément admise et a fait l'objet de


nombreuses vérifications expérimentales, dans le cas d'essais pressiométriques réalisés dans
un massif à surface horizontale. Sa validité dépend de divers facteurs dont la présence de
cellules de garde de part et d'autres de la cellule de mesure, l'élancement de la sonde. Cette
hypothèse permet de simplifier grandement la modélisation de l'essai pressiométrique dans
une pente, et sera donc admise dans la suite de cette étude.

94
Modélisation de l'essai pressiométrique Chapitre 5

1.2. Positionnement du problème


La présence de la sonde pressiométrique au sein de la pente ne permet pas de traiter ce
problème en deux dimensions, mais impose une analyse en trois dimensions. La symétrie par
rapport au plan (OXZ) permet de simplifier le modèle, qui est schématisé sur la figure 5-1.
Dans l'optique d'une modélisation complète par une approche de type éléments finis, ce
problème impose un maillage constitué d'un très grand nombre d'éléments. En effet, il faut
prendre en considération les points suivants:

les dimensions du massif doivent être suffisamment grandes pour procéder au calcul de
l'état initial au sein du massif de façon réaliste, avec des conditions aux limites
suffisamment éloignées,

la modélisation de l'essai pressiométrique nécessite un maillage très fin autour de la sonde.

Ces deux conditions rendent difficile la réalisation d'un modèle global incluant la totalité du
massif et la sonde pressiométrique. En tout état de cause, les moyens informatiques utilisés
dans cette étude n'autorisent pas une telle approche, surtout si des modèles de comportement
élastoplastiques non linéaires complexes sont utilisés.

Figure 5-1 - Schématisation du problème.

95
Modélisation de l'essai pressiométrique Chapitre 5

2. Méthodologie proposée

Pour résoudre ces difficultés, le problème est découplé: les simulations de l'état initial au sein
du massif et de l'essai pressiométrique seront réalisées successivement. L'essai
pressiométrique est simulé sur un modèle simplifié reposant sur l'hypothèse de déformation
plane de la sonde. Le problème peut alors se décomposer en trois étapes successives:

étape : simulation de l'état initial dans le massif (20)

Le calcul de l'état initial au sein du massif est réalisé en deux dimensions et en déformation
plane (figure 5-2). Cette initialisation se fera conformément à l'étude du Chapitre 4, suivant
différentes procédures de simulation de l'historique du massif et en considérant les deux
modèles de comportement de sol déjà utilisés.

2ème
étape: récupération et interpolation de l'état initial

Les valeurs des contraintes et des variables d'écrouissage correspondant à la loi de


comportement considérée sont récupérées sur une coupe horizontale, à la profondeur de
réalisation de l'essai pressiométnque (figure 5-2). Les contraintes sont issues des noeuds des
éléments situés sur la coupe, tandis que les paramètres d'écrouissage proviennent des points
d'intégration des éléments adjacents. Toutes ces données sont recalculées par interpolation aux
points dont les coordonnées correspondent aux noeuds et aux points d'intégration du modèle
simplifié à trois dimensions utilisé pour simuler l'essai pressiométrique (figure 5-2).

3ème
étape : initialisation et simulation de l'essai pressiométrique (3D)

Les contraintes et les variables d'écrouissage sont initialisées dans le modèle à trois
dimensions représentant une couche de sol d'épaisseur unité (1 mètre) située à la profondeur
considérée (figure 5-2). La simulation de l'essai pressiométrique proprement dit est alors
réalisée par application d'une pression dans la cavité cylindrique représentant la sonde
pressiométrique.

2.1. Inconvénients liés à cette méthode

La méthode proposée rend accessible la simulation numérique du problème envisagé sans


nécessiter des moyens informatiques trop importants. Néanmoins, elle présente quelques
inconvénients

l'hypothèse de déformation plane de la sonde est nécessaire,


la récupération, l'interpolation, et la réutilisation du champ de contrainte et des variables
d'écrouissage constituent des opérations laborieuses qui ont nécessité des modifications
dans la source du code de calcul, et le développement d'outils logiciels spécifiques,
pour chaque position de réalisation de l'essai pressiométrique (X,Z), la distance

96
Modélisation de l'essai pressiométrique Chapitre 5

horizontale de l'axe de la sonde pressiométrique à la surface libre de la pente D varie et


nécessite la réalisation d'un maillage à trois dimensions spécifique (figure 5-2).

Z A

xn
X
o p'.

D1 D

(X,Z) Postion de l'essai

Récupération des contraintes et des variables d'écrouissage


Zone considérée pour la modélisation 3D de l'essai pressiom étrique

Figure 5-2 - Modèles 2D et 3D. Méthodologie proposée.

2.2. Caractéristiques géométriques et conditions aux limites

Le modèle de massif de sol en déformation plane considéré pour simuler l'état initial est celui
qui a été présenté au Chapitre 4. La pente fait un angle de 26,5° (tan3=lI2) par rapport à
l'horizontale, les dimensions et les conditions aux limites restent identiques.

97
Modélisation de l'essai pressiométrique Chapitre 5

Les caractéristiques géométriques du modèle à trois dimensions utilisé pour simuler l'essai
pressiométrique sont reportées sur la figure 5-3. L'épaisseur n'intervient pas dans l'hypothèse
de déformation plane et est fixée arbitrairement à un mètre. D représente la distance du centre
de la sonde pressiométrique au bord libre de la pente, et dépend donc de la position où est
réalisé l'essai. Le rayon de la sonde est de trois centimètres et correspond à un pressiomètre de
type Ménard, couramment utilisé en France.

Les conditions aux limites sont définies sur la figure 5-3 : des déplacements nuls sont imposés
aux frontières du modèle, sauf sur la surface libre de la pente. La distance D1 représente la
distance d'application des conditions aux limites à l'infini. Cette valeur n'est pas connue a
priori ; elle sera déterminée à l'aide d'une étude paramétrique réalisée au paragraphe 3.1.

Figure 5-3 - Modèle 3D. Caractéristiques géométriques et conditions aux limites.

2.3. Cas du massif horizontal

Ce cas est important car il servira de référence par rapport aux simulations effectuées dans la
pente. De plus, il va être utilisé pour réaliser une étude paramétrique permettant de choisir la
distance d'application des conditions aux limites D1 , ainsi que les différents paramètres des
simulations numériques.

La méthodologie en trois dimensions exposée précédemment pourrait être appliquée, mais il


est plus simple de traiter directement le problème en deux dimensions et en conditions
axisymétriques. L'état initial géostatique est obtenu par simulation du tassement d'un massif
horizontal soumis à la gravité. Cette simulation est réalisée à partir d'un modèle de massif à

98
Modélisation de l'essai pressiométrique Chapitre 5

deux dimensions en déformation plane.

Les caractéristiques géométriques du modèle pressiométrique et les conditions aux limites


appliquées sont représentées sur la figure 5-4. L'hypothèse de déformation plane se traduit par
des déplacements nuls imposés sur les faces inférieure et supérieure du modèle.

v=O
A

p- u= O

-o
r 'V

vO
Dl
3cm

Figure 5-4 - Caractéristiques géométriques du modèle 2D axisymétrique.

2.4. Mode opératoire de l'essai pressiométrique


La réalisation de l'essai pressiométrique proprement dit dépend du type de pressiomètre
modélisé (figure 5-5):

le pressiomètre avec forage préalable (PFP) nécessite une modélisation en deux étapes: à
partir de l'état initial du massif, il faut tout d'abord simuler la réalisation du forage
(décompression du sol), avant l'application de la pression simulant le chargement,

le pressiomètre autoforeur (PAF) : à partir d'un état initial donné du massif, la réalisation
du forage ne modifie pas l'état initial et une pression est alors appliquée dans la sonde. Ce
type d'essai peut donc être modélisé en une seule étape.

Par souci de simplification, toutes les simulations seront basées sur une procédure de type
pressiomètre autoforeur, et réalisées en une seule étape. La procédure correspondant au
pressiomètre avec forage préalable sera modélisée sur un essai particulier pour en étudier
l'influence.

99
Modélisation de l'essai pressiométrique Chapitre 5

Dédó'si6ndu sol Expahion

PFP
-
Etat initial

Forage Essai

Pas de décompression

PAF

Figure 5-5 - Modes opératoires de l'essai pressiométrique.

2.5. Établissement des courbes pressiométriques

Les courbes pressiométriques seront données sous la forme r/r0 = f(p-po), où r0 est le rayon
initial de la sonde, r son rayon actuel, Po la contrainte radiale horizontale initiale au niveau de
la sonde, et p-po la pression appliquée dans la sonde à l'incrément de chargement considéré.

Le rayon actuel r de la sonde est obtenu directement dans le cas du massif horizontal (modèle
axisymétrique). Pour le modèle en trois dimensions, ce rayon est une valeur moyenne calculée
à partir de la surface de la sonde, décrite par le polygone dont les sommets sont les noeuds du
maillage.

V étant le volume actuel de la sonde et V0 son volume initial, la pression limite


conventionnelle Pc est la pression appliquée qui correspond au doublement du volume de la
sonde ou encore à une variation relative du rayon de 41 %:

p =(PPo) pour:
[5-1 J

V0
=100% ou=iJ-1=41%
r0

loo
Modélisation de l'essai pressiométrique Chapitre 5

3. Modélisation numérique

3.1. Étude paramétrique pour un massif horizontal


Cette étude préliminaire a pour objet de fixer les différents paramètres, numériques ou
géométriques, intervenant dans les simulations. Elle est réalisée pour les deux lois de
comportement CJS et Cam-Clay modifié, dans le cas d'un essai pressiométrique réalisé au
sein d'un massif à surface libre horizontale. L'influence des paramètres suivants est étudiée:

la taille du modèle (distance d'application des conditions aux limites), en mètres,


I : le nombre d'incréments de chargement réalisés,
T : la tolérance sur les résultats (sur les trois critères de convergence), en %,
N : le nombre d'éléments (dans une direction radiale sur la distance D)
E : la taille du premier élément adjacent à la sonde.

Les maillages sont constitués d'éléments quadratiques à huit noeuds avec intégration réduite.
Les essais pressiométriques sont simulés à une profondeur de 5 mètres. Pour chaque
paramètre étudié, différentes simulations sont réalisées pour trouver la valeur minimale à
partir de laquelle la valeur de la pression limite ne varie plus de façon significative.

Les résultats des essais réalisés et les valeurs des paramètres utilisés sont rassemblés dans le
tableau 5-1 (modèle CJS) et le tableau 5-2 (modèle Cam-Clay). La figure 5-6 représente les
courbes pressiométriques obtenues pour le modèle CJS dans le cas de l'étude de l'influence de
la taille D du modèle.

Paramètres initiaux : D=12m - 1=40 - T=5% - N=40 - E=8mm


Paramètre étudié Valeurs du paramètre et pressions limites conventionnelles
Tai11e-D 4m 8m 12m 16m
Pc (kPa) 821 765 750 744
Incréments - I 20 30 40 50
pcO1) 771 757 750 745
Tolérance - T 0,5% 1% 2% 5%
Ptc (kPa) 745 745 747 750
Nombre éléments N 19 éléments 40 éléments 82 éléments
Taille 1e élément E 16 mm 8 mm 4 mm
P!c (kPa) 749 750 750
Paramètres retenus : D= 12m - 1=40 - T=5% - N=40 - E=8mm
Tableau 5-1 - Modèle CJS. Étude paramétrique.

101
Modélisation de l'essai pressiométrique Chapitre 5

Paramètres initiaux : D1=12m - 1=25 - T=5% - N=40 - E=8mm


Paramètre étudié Valeurs du paramètre et pressions limites conventionnelles
Taille-D1 4m. 8m 12m 16m
p(kPa) 390 389 389 389
Incréments - I 15 25, '. 35 50
Pic (lcPa) 390 389 389 389
Tolérance - T 0,5% 1% 2% 5%
p1(kPa) 388 388 388 389
Nombre éléments N 19 éléments 40 élérneñts 82 éléments
Taille 1 élément E 16 mm 8 nun: 4
ptc(kPa) 389 389 389
Paramètres retenus : D1=4m - 1=25 - T=5% - N=40 - E=8nrim
Tableau 5-2 - Modèle Cam-Clay modifié. Étude paramétrique.

60 I S I I t

D
:
PIc=744 - DL=1 6m

,j'j
- Paramètres : '4

incréments = 40 A-- Plc=750 . DL=12m


Tolérance = 5%
50
---- Plc=765 - DL=8m
/
1er élément = 8 mm

-
41°!.
-..-- Plc=821 - DL=4m
r
40 -
-

r/,,
-

30 £ L

r,/
r1
-
r.,
r/

o. I I I I I I

O lOO 200 300 400 500 600 700 800 900


Pression appliquée P-Pa (kPa)

Figure 5-6 - Modèle CJS. Influence de la taille D1 du modèle.

3.2. Choix des paramètres pour les simulations numériques

Les valeurs retenues pour les différents paramètres sont regroupées dans le tableau 5-3. Ii
ressort de cette étude que le choix de la distance d'application D1 des conditions aux limites
est prépondérant et dépend du sol modélisé. Le modèle CJS, avec les paramètres choisis,

102
Modélisation de l'essai pressiolnétrique Chapitre 5

génère une dilatance significative, ce qui impose une taille de modèle beaucoup plus grande.
Ces mêmes paramètres seront utilisés dans les simulations en trois dimensions d'essais
pressiométriques réalisés dans la pente.

Modèle Taille - D Éléments - N 1er élément - E Tolérance - T Incréments - I


CJS 12m 40 8mm 5% 40
Cam-Clay 4m 40 8mm 5% 25

Tableau 5-3 - Choix des paramètres pour les simulations numériques.

3.3. Maillages utilisés

Les maillages (2D) utilisés pour modéliser le massif de sol au cours du calcul de l'état initial
sont du même type que celui présenté au Chapitre 4. Ils sont constitués d'éléments
triangulaires à 6 noeuds et comportent en moyenne 1500 éléments.

Pour chaque position de l'essai pressiométrique, il est nécessaire de réaliser un maillage


spécifique prenant en compte la position de l'essai pressiométrique et sa distance à la pente
D. Les maillages (3D) utilisés pour modéliser l'essai pressiométrique en trois dimensions
comportent en moyenne 600 éléments pentahèdriques à 15 noeuds. Sur la figure 5-7 et la
figure 5-8, deux exemples de maillages utilisés sont représentés.

CESAR-LCPC *ociule XAIb


ta -
HAIL.LAGE

WON
TRACEUR.: 2
'1
SUITE...: O

Figure 5-7 - Maillage 3D utilisé au point: X = +2m, Z, = -5m.

103
Modélisation de l'essai pressiométrique Chapitre 5

CESÀR-LCPC *odule MATh


Ecole Central, Lyon
ti - xxxxx

MAILLAGE

ZOOM 1
TRACEUR.: 2
SUITE...: O

1111!ii/,'
I "/i111ij

Xl = -.4000E+Ol X2 = .1000E+02 yl = -.1400E-03 Y2 = .1200E+02

Figure 5-8 - Maillage 3D utilisé au point: X, = +8m, Z = -5m.

4. Simulations réalisées

Les types de sol sont modélisés à l'aide des lois de comportement CJS et Cam-Clay modifié.
Les jeux de paramètres utilisés pour les lois de comportement sont identiques à ceux définis
au Chapitre 3 : [CJS-A] et [CC-A].

4.1. Cas du massif de sol horizontal

Des essais pressiométriques sont simulés pour des profondeurs comprises entre 0,25 et 30
mètres. Pour une profondeur donnée, ce cas correspond à un essai réalisé suffisamment loin de
la pente pour s'affranchir de son influence.

4.2. Cas du massif de sol en pente

Les essais pressiométriques sont simulés en différents points de la pente dont les positions
sont définies sur la figure 5-9. Les états initiaux correspondent aux trois procédures de
simulation de création de la pente déjà utilisées au Chapitre 4 : procédure de tassement,
d'excavation et de surconsolidation. Deux types de pressiomètres sont modélisés
pressiomètre autoforeur et pressiomètre avec forage préalable. Une synthèse des simulations

104
Modélisation de l'essai pressiométrique Chapitre 5

réalisées dans la pente est présentée dans le tableau 5-4.

Z = -1 L,
E
Z = -2,5
A:

Z = -5
HD C
. F

2/1
X=-2 X=-1 X=+2 X=+6 X=+8

Figure 5-9 - Positions étudiées pour l'essai pressiométrique dans la pente.

Position Xp(m) Zp(m) Type d'essai Loi de État initial


de l'essai comportement (Procédure)
A -1 -2,5 PAF CC T, E, S
B +2 -2,5 PAF CC T, E, S
PFP CJS,CC Tassement
C +2 -5 PAF CJS,CC T, E, S
D -1 -5 PAF CC T,E,S
E -1 -1 PAF CC T,E,S
F +8 -5 PAF CJS,CC T, E, S
G +6 -5 PAF CJS,CC T, E, S
H -2 -5 PAF CJS T, E, S
Notations:
PAF: Pressiomètre autoforeur Procédures d'initialisation:
PFP : Pressiomètre avec forage préalable T : Tassement
CJS : Loi CJS E : Excavation
CC : Loi Cam-Clay modifiée S : Surconsolidation
Tableau 5-4 - Synthèse des simulations réalisées dans la pente.

105
Modélisation de l'essai pressiométrique Chapitre 5

5. Analyse des résultats pour le massif horizontal

L'état initial des contraintes et de l'écrouissage correspond à la procédure de tassement d'un


massif horizontal soumis à son seul poids propre. Les résultats de l'essai ne dépendent que de
la profondeur z à laquelle il est réalisé.

Les courbes d'expansion pressiométrique obtenues pour différentes profondeurs, comprises


entre 0,25 et 30 mètres sont représentées sur la figure 5-10 (modèle CJS) et sur la figure 5-11
(modèle Cam-Clay modifié). Ces différents essais permettent de tracer pour les deux lois de
comportement, et pour les paramètres choisis, le profil de la pression limite conventionnelle
en fonction de la profondeur Z de l'essai (figure 5-12).

Pour les deux modèles Cam-Clay et CJS, les profils présentent une courbure marquée pour
des profondeurs Z 15m, plus importante pour le modèle CJS. Pour des profondeurs
supérieures, ils deviennent quasi-linéaires.

Ce type de comportement (non-linéarité pour des faibles profondeurs, puis quasi-linéarité) a


été constaté expérimentalement dans les sables [DEL 1995]. Combarieu [COM 1997] a
proposé une explication de ce phénomène en considérant un module d'Young variant avec la
profondeur.

Dans les simulations réalisées, l'élasticité linéaire est utilisée avec un module d'Young
constant. Par contre, la courbure de la surface de rupture du modèle CJS, qui conduit à un
angle de frottement équivalent décroissant avec la profondeur pourrait être la cause de ce
phénomène. De plus, pour des modèles de comportement élastoplastiques avec écrouissage, le
module plastique est dépendant de la valeur de la pression moyenne.

Enfin, il faut noter que dans le Fascicule 62 [FAS 1993] le calcul de la pression limite
équivalente est basé sur une approximation linéaire de la pression limite en fonction de la
profondeur.

106
Modélisation de l'essai pressiométrique Chapitre 5

50 ---rr
0,25m * Profondeur croisssante 30m

41%
40

30

20

10

Modèle CJS

I I I

0 200 400 600 800 1000 1200 1400 1600 1800 2000
PPo (kPa)

Figure 5-10 - Modèle CJS. Massif horizontal. Courbes d'expansion.

50
0,25m * Profondeur croisssante 30m

41%
40

30

20

10

Modèle Cam-Clay

i I

0 200 400 600 800 1000 1200 1400

PPo (kPa)

Figure 5-11 - Modèle Cam-Clay modifié. Massif horizontal. Courbes d'expansion.

107
Modélisation de l'essai pressiométrique Chapitre 5

Figure 5-12 - Massif horizontal. Pressions limites en fonction de la profondeur.

6. Analyse des résultats pour le massif en pente

La position d'un essai dans la pente est repérée par ses coordonnées X et Z dans le repère
fixe (O,X,Z). Il est intéressant de considérer aussi les deux paramètres suivants qui
caractérisent la position de réalisation de l'essai (figure 5-13):

D la distance horizontale au bord libre de la pente;


H la distance verticale à la surface libre.

Pour la pente considérée dont la tangente vaut 1/2, D et H sont reliés par les relations
suivantes:

D =-2ZX
[5-2]
XO =
X D
XO =' H=Z----=--

108
Modélisation de l'essai pressiométrique Chapitre 5

Figure 5-13 - Position d'un essai pressiométrique dans la pente.

6.1. Valeurs de la pression limite conventionnelle

Les différentes pressions limites conventionnelles obtenues pour toutes les simulations
effectuées sont rassemblées dans le tableau 5-6 pour le modèle Cam-Clay modifié et dans le
tableau 5-5 pour le modèle CJS. Les distances sont exprimées en mètres et les pressions limite
conventionnelles en kPa.

les résultats d'essais réalisés dans la pente correspondent aux états initiaux notés T, E et S
qui résultent des différentes procédures de simulation de création de la pente : procédures
de tassement, d'excavation et de surconsolidation,

les résultats d'essais réalisés dans un massif horizontal correspondent à l'état initial noté H.
Pour une position de l'essai pressiométrique caractérisée par (X,Z), deux essais sont
réalisés un à la profondeur Z et un à la profondeur H correspondante (figure 5-13).

109
Modélisation de l'essai pressiométrique Chapitre 5

Massif en Massif
Modèle Cam-Clay modifié
pente horizontal
Position X Z, D H État initial P1 (kPa) pic (Zr) pic (Hr)
H - 231,5 231,5
T 217
A -1 -2,5 6 2,5
E 230
S 608
H - 231,5 155
T 157
B 2 -2,5 3 1,5
E 212
S 614
H - 390 331
T 317
C 2 -5 8 4
E 348
S 658
H - 390 390
T 353,5
D -1 -5 11 5
E 359
S 697
H - 111 111
T 109
E -1 -1 3 1
E 125
S 579
H - 390 111
T 121,5
F 8 -5 2 1
E 307
5 635
H - 390 195
T 209
G 6 -5 4 2
E 325
S 649

Tableau 5-5- Modèle Cam-Clay modifié. Pressions limites conventionnelles.

110
Modélisation de l'essai pressiornétrique Chapitre 5

Massif en Massif
Modèle CJS horizontal
pente
Position X Z, D H État initial Pj pente P1 (Zr) Pic (Hr)
H - 747 661
T 610
C 2 -5 8 4
E 611
S 623
H - 747 310
T 296
F 8 -5 2 1
E 158
S 159
H - 747 452
T 429
G 6 -5 4 2
E 356
s 358
H - 747 747
T 704
H -2 -5 12 5
E 731
5 746
Tableau 5-6 - Modèle CJS. Pressions limites conventionnelles.

6.1.1. Influence de l'état initial et de la position de l'essai

La position des différents essais est rappelée sur la figure 5-14. Deux types de représentations
sont utilisées pour interpréter les résultats

les valeurs des pressions limites obtenues en fonction de la procédure de simulation de la


genèse de la pente: figure 5-15 (CJS) et figure 5-17 (Cam-Clay),

les valeurs des pressions limites obtenues en fonction de la distance à la pente D pour les
points situés à la profondeur Z=-5m: figure 5-16 (CJS) et figure 5-18 (Cam-Clay).

Figure 5-14 - Rappel de la position des essais.

111
Modélisation de l'essai pressiométrique Chapitre 5

L'ensemble de ces résultats permet d'analyser l'influence de l'état initial et de la position de


l'essai pour les deux lois de comportement considérées. Ces résultats sont à rapprocher de
l'analyse de l'état initial au sein d'une pente conduite au Chapitre 4.

pour la loi CJS (figures 5-15 et 5-16), les valeurs des pressions limites obtenues pour les
procédures d'excavation et de surconsolidation sont très proches, pour tous les points
considérés. Le modèle est donc peu sensible au degré de surconsolidation ce qui est
conforme au comportement des matériaux pulvérulents et confirme les résultats obtenus
au Chapitre 4.

La procédure de tassement conduit à des pressions limites supérieures pour les points
proches de la pente F et G. Cet écart peut s'expliquer à l'aide de la figure 4-20 qui montre
que la trace des états de contrainte dans le plan déviatoire est différente dans le cas de la
procédure de tassement. La forme de la surface de rupture dans ce plan, qui n'est pas
isotrope, est à l'origine de cette différence de comportement. De plus, quand la position de
l'essai s'éloigne de la pente (point H), les trois procédures donnent des valeurs de la
pression limite très proches. Quand elle s'en rapproche, les valeurs des pressions limites
diminuent.

pour la loi Cam-Clay modifié (figures 5-17 et 5-18), qui modélise le comportement des
matériaux fins, l'influence de la surconsolidation apparaît nettement. En effet, la
procédure de surconsolidation (état fortement surconsolidé) conduit à des pressions
limites élevées et variant peu en fonction de la position de l'essai pour les points situés à
une même profondeur. Dans ce cas, le comportement du sol est essentiellement élastique.

La procédure d'excavation (état surconsolidé) donne un comportement analogue, avec des


pressions limites moins fortes. Quand la position de l'essai s'éloigne de la pente, on
retrouve la même valeur que celle obtenue avec la procédure de tassement, l'effet de la
surconsolidation s'estompe.

Pour la procédure de tassement, les pressions limites diminuent quand la position de l'essai
se rapproche de la pente, ce qui traduit l'influence de celle-ci sur les résultats de l'essai.

112
Modélisation de l'essai pressiométrique Chapitre 5

800
-
700 - H

C
600 - C

500 -
û- G
400 -
AG-

300 - F
-
200 -
+F
100
t t t.
Tassement Excavation Surconsolidation
I I
o
ETAT INITIAL

Figure 5-15 - Modèle CJS. Influence de l'état initial.

Figure 5-16 - Modèle CJS. Influence de l'état initial pour Z=-5m.

113
Modélisation de l'essai pressiométrique Chapitre 5

Figure 5-17 - Modèle Cam-Clay. Influence de l'état initial.

Figure 5-18 - Modèle Cam-Clay. Influence de l'état initial pour Z=-5m.

114
Modélisation de l'essai pressiométrique Chapitre 5

6.1.2. Comparaison avec un massif horizontal

Les résultats d'un essai pressiométrique réalisé dans la pente et ceux d'essais réalisés au sein
d'un massif horizontal (état normalement consolidé) seront comparés pour les points situés à
la profondeur Z--5 mètres, pour les procédures de tassement et d'excavation. La procédure de
surconsolidation ne sera pas considérée car elle devrait être comparée au cas d'un massif de
sol horizontal surconsolidé.

À chaque position d'un essai de coordonnées (X,Z) correspond une hauteur H définissant la
profondeur de l'essai par rapport au terrain naturel. La pression limite obtenue dans la pente
pour une position donnée d'un essai est comparée à celle qui serait obtenue pour un essai dans
un massif horizontal à la profondeur H (figure 5-19). Les pressions limite obtenues aux
points H, D, C, G, F, et le profil des pressions limites associé pour un massif horizontal sont
représentés en fonction de D sur la figure 5-20 (modèle CJS) et la figure 5-21 (modèle Cam-
Clay):

avec le modèle CJS, il apparaît que les pressions limites dans la pente sont légèrement
inférieures, mais d'un ordre de grandeur comparable, à celles correspondant au massif
horizontal, pour les deux états initiaux considérés. Loin de la pente, au point H, les valeurs
deviennent très proches,

avec le modèle Cam-Clay modifié, le même type de comportement apparaît pour la


procédure de tassement, mais les écarts constatés sont beaucoup plus faibles pour les
points proches de la pente. Par contre, quand on s'éloigne de la pente, les pressions limites
deviennent inférieures à celles du massif horizontal, et s'en rapprochent moins rapidement.
Avec la procédure d'excavation, les pressions limites obtenues proches de la pente sont
nettement supérieures à celles obtenues à la profondeur H dans le massif horizontal.

Figure 5-19 - Comparaison avec un massif horizontal.

115
Modélisation de l'essai pressiométrique Chapitre 5

X,.

=-5m

H G
.

1000
.4

= zp H=D/2
800

600

400

CJS-Zp=-5m
-4-- Pente (Tassement)
200
-'i---- Pente (Excavation)
Horizontal (profondeur Hp)

0
20 16 12 8 4 0

D (m)

Figure 5-20 - Modèle CJS. Comparaison avec un massif horizontal.

116
Modélisation de l'essai pressiométrique Chapitre 5

=-5m

D G

500

HP = ZP H= DI2
400

300

200

loo
Cam-Clay - Zp = - 5m
----- Pente (Tassement)
N
-4.--- Pente (Excavation)
Horizontal (profondeur Hp)

o
20 16 12 8 4 0

D(m)

Figure 5-21 - Modèle Cam-Clay. Comparaison avec un massif horizontal.

117
Modélisation de l'essai pressiométrique Chapitre 5

6.2. Déformée de la sonde

Le problème étudié n'est pas de révolution par rapport à l'axe de symétrie de la sonde, aussi
bien au niveau de la géométrie qu'au niveau des conditions aux limites. Aussi est-il intéressant
d'observer le mode de déformation de la sonde au cours des essais. La configuration du
modèle dans le plan de l'essai est rappelée sur la figure 5-22. Les points S1, S2, S3 sont des
points particuliers de la sonde suivant les directions OX et OY.

Figure 5-22 - Configuration dans le plan de l'essai. Position des points Si,S2, S3.

Le profil déformé de la sonde, pour une déformation moyenne correspondant à la pression


limite conventionnelle (&/ro=41%), est analysé pour les deux lois de comportement.

Les déformations sont comparées pour une initialisation selon la procédure de tassement aux
points situés à la profondeur Z=-5m : figures 5-23, 5-24 et 5-25 (CJS), 5-27, 5-28 et 5-29
(Cam-Clay).

L'influence des différentes procédures de simulation de l'état initial au sein du massif


(tassement, excavation, surconsolidation) est étudiée au point F: figures 5-26 (CJS) et 5-30
(Cam-Clay).

L'examen de ces résultats concernant le mode de déformation de la sonde conduit aux


constatations suivantes, valables pour les deux modèles de comportement:

118
Modélisation de l'essai pressiométrique Chapitre 5

la déformée de la sonde est isotrope quand l'essai est réalisé loin de la pente (points D et
H). Ce qui confirme qu'en ces points l'influence de la présence de la pente s'estompe;

la déformée de la sonde n'est pas isotrope pour les autres points (F, G, C). Quand la
position de l'essai se rapproche de la pente, les valeurs des déplacements évoluent:

- le déplacement radial au point Si(-u) diminue,

- le déplacement radial au point S2(v) reste à peu près constant,

- le déplacement radial au point S3(u) augmente,

- le déplacement orthoradial au point S2(u) augmente;

la valeur du déplacement orthoradial au point S2(u) est très faible;

au point F, le choix de la procédure de simulation de l'état initial influe peu sur la


déformée de la sonde pour une même déformation moyenne de la sonde de 41%.

119
Modélisation de l'essai pressiométrique Chapitre 5

z = -i
tE
Z=-2,5
A

Z = -5
H0 G H
2/1
X=-2 X=-1 X=+2 X=6 X=+8

006

CJS - Point H - Tassement


005 u= 0,009 cm
v= 1,22 cm

0.04

Y (m) 0.03

002

001

000
-2 06 -2.05 -2 04 -203 -2 02 -201 -200 -199 -1.98 -1.97 -1.96 -1.95 -1.94

X (m)

Figure 5-23 - CJS. Procédure de tassement. Déformée de la sonde au point H.

0.06

CJS - Point F - Tassement


0.05 u= 023 cm
v= 1,23 cm

0.04

Y (m) 0.03

0.02

0.01

u= -103 cm s s3 u=1,41 cm
0.00 -
7.94 7.95 7.96 7.97 7.98 7.99 8.00 8.01 8.02 8.03 8.04 8.05 8.06

X (m)

Figure 5-24 - CJS. Procédure de tassement. Déformée de la sonde au point F.

120
Modélisation de l'essai pressiométrique Chapitre 5

Figure 5-25 - Modèle CJS. Tassement. Déplacement des points de la sonde.

0.06

CJS - Point F $---- Tassement


0.05 Excavation

* Surconsolidation
0.04

Y (m) 0.03

0.02

0.01

0.00
7.94 7.95 7.96 7.97 7.98 7.99 800 8 01 8.02 8.03 8.04 8 05 8.06

X (m)

Figure 5-26 - CJS. Déformée de la sonde au point F. Influence de l'état initial.

121
Modélisation de l'essai pressiométrique Chapitre 5

0.06

Cam-Clay - Point D - Tassement


0.05 u= 0,019cm
v= 1,25 cm

0.04

Y (m) 0.03

0.02

0.01

u= -1,20 cm u=1 21 cm
s
0.00
-1.06 -1.05 -1.04 -1.03 -1.02 -1.01 -1.00 -0.99 -0.98 -0.97 -0.96 -0.95 -0.94

X (m)

Figure 5-27 - Cam-Clay. Procédure de tassement. Déformée de la sonde au point D.

0.06

Cam-Clay - Point F - Tassement


0.05 u= 0,12 cm
v= 1,26cm

0,04

Y (m) 0.03

0.02

0.01

ur1,33 cm
s s3
0.00
7.94 7.95 7.96 7.97 7.98 7.99 8.00 8.01 8.02 8.03 8.04 8.05 8.06

X (m)

Figure 5-28 - Cam-Clay. Procédure de tassement. Déformée de la sonde au point F.

122
Modélisation de l'essai pressiométrique Chapitre 5

Figure 5-29 - Modèle Cam-Clay. Tassement. Déplacement des points de la sonde.

0.06

Cam-Clay - Point F 4'--- Tassement


0.05 - Excavation

* Surconsolidation

0.04

Y (m) 0.03

0.02

0.01

0.00
7.94 7.95 7.96 7.97 7.98 7.99 8.00 8.01 8.02 8.03 8.04 8.05 8.06

X (m)

Figure 5-30 - Cam-Clay. Déformée de la sonde au point F. Influence de l'état initial.

123
Modélisation de l'essai pressiométrique Chapitre 5

6.3. Chemins et profils de contrainte

On considère le point S3 qui est le point de la sonde le plus proche de la pente (cf. §
précédent). En ce point, la contrainte radiale est dirigée suivant OX, la contrainte
.

orthoradiale o suivant OY et la contrainte verticale suivant OZ.

La figure 5-31 montre l'évolution des contraintes au noeud S3 au cours des incréments de
chargement, pour différentes positions de réalisation de l'essai H, D, G et F. La première
partie des courbes concerne la procédure d'initialisation de tassement, et, la seconde, l'essai
pressiométrique.

Sur la figure 5-32 sont représentés dans le plan (p,q) et dans le plan déviatoire (xd,yd) les
chemins de contraintes suivis en S3 pour le modèle CJS. L'état initial est simulé à partir de la
procédure de tassement.

La figure 5-33 reprend les mêmes résultats pour le modèle Cam-Clay, avec une comparaison
des procédures de tassement et d'excavation.

124
Modélisation de l'essai pressiométrique Chapitre 5

200 - 200 -
POINT D - Cam-Clay rr POINT H - CJS

- 150 - j 017
150

- -

''loo 'ioo

50
- --
50 -

0rz
O

I I I ¡ I I ¡

30
0 10
Incréments 20 30 0 10
Incréments 20
200 - 200 -
POINT G - Cam-Clay Orr POINT G - CJS

150 j 150 - j

-
I

ii:: i
O-- -
-I - -

I
:00

-
rz
-

0 10
Incréments 20 30 0 10
Incréments 20 30

-i
200 - 200 -i-

POINT F - Cam-Clay [POINT F - CJS

150 - J
rï 150 j

- Tassement Pressimètre
'100 j 100
Tassement Pressiomtre (y
-

50 - 50

°
orz
0 10
Incréments 20 30 0 10
Incréments 20 30

Figure 5-31 - Procédure de Tassement. Évolution des contraintes au point S3.

125
Modélisation de l'essai pressiométrique Chapitre 5

loo loo
POINT H PÓINTH

75 , i 75 -, r

5O 5O

25 r 25

o o
o 25 50 75 ioo -50 -25 0 25 50
p (kPa) Xd (kPa)
loo ioo ,

POINT G PINT G

75 -, r-- i 75 r r

5O e-50-
-

25 r 25 -

' I I
o o
0 25 50 75 100 -50 -25 0 25 50
p (kPa) Xd (kPa)
100 100-
POINT F POINT F
-
i r r 75 - i r -i

50 e-50 -

25 r i 25 r r i

I I
o o I

0 25 50 75 100 -50 -25 0 25 50


p (kPa) Xd (kPa)

Figure 5-32 - Modèle CJS. Tassement. Chemins de contrainte en S3.

126
Modélisation de l'essai pressiométrique Chapitre 5

loo
POINT D - Tassement
A
loo
POINT F - Tassement f
- -, r-- 75 r-

2:
- /
/f
A /

5 O 25 50 75 100
p (kPa) p (kPa)
loo
POINT D - Excavation f loo
POINT F - Excavation f
75 75 ' r -
r

5O

2:
O,P
p (kPa)
75100
2:
1 p (kPa)
75 100

Figure 5-33 - Modèle Cam-clay. Tassement et Excavation. Chemins de contrainte en S3.

6.4. Conditions de réalisation de l'essai pressiométrique

Toutes les simulations précédentes ont été réalisées en simulant le mode opératoire d'un
pressiomètre de type autoforeur. La comparaison avec un essai avec forage préalable est
réalisée au point A (X=-1,Z=-2.5) et pour un état initial obtenu à partir de la procédure de
tassement.

Les courbes d'expansion obtenues sont représentées sur la figure 5-34 (CJS) et la figure 5-36
(Cam-Clay). Les figures 5-35 et 5-37 montrent les détails de ces courbes au début de l'essai
pressiométrique.

La phase de décompression du sol dans la simulation de l'essai avec forage préalable est
modélisée par une étape de calcul au cours de laquelle l'excavation est simulée par annulation
progressive des contraintes à la surface de la sonde. Pour le modèle CJS, le déconfinement n'a
pu être mené que jusqu'à 90% (divergence numérique), alors que pour le modèle Cam-Clay il

127
Modélisation de l'essai pressiométrique Chapitre 5

est réalisé à 100%.

Pour les deux modèles de comportement, les simulations réalisées permettent de constater les
points suivants:

les pressions limites obtenues par la simulation d'un pressiomètre autoforeur (PAF) sont
inférieures à celles par la simulation d'un pressiomètre avec forage préalable (PFP). Les
différences constatées sont faibles, presque imperceptibles pour le modèle CJS.

le début des courbes pressiométriques montre que le déconfinement conduit à des


déformations relatives de la sonde très faibles, moins de 0,25%. De plus, les réponses du
sol sont pius raides pour un pressiomètre de type PAF que pour un pressiomètre de type
PFP.

Ces différences de comportement constatées entre les deux modes opératoires sont
qualitativement conformes aux observations expérimentales rappelées au Chapitre 1. Par
contre, elles sont quantitativement très faibles. En particulier, il apparaît que le déconfinement
de la sonde dans le cas du pressiomètre de type PEP n'est pas modélisé de façon réaliste.

Figure 5-34 - Comparaison des modes opératoires. Courbe complète.

128
Modélisation de l'essai pressiométrique Chapitre 5

1.00

cJs
---'--- PEP (d=90%)
0.75 PAF

L L
0.50

0.25 r

Etat initial

0.00

-0.25
-25 O 25 50 75

PPo (kPa)

Figure 5-35 - Comparaison des modes opératoires. Détail du début de la courbe.

45 T n s,
i\V/V0= 1O0 fr)

f-
Cam-Clay 'fr

---$--- Pressiomètre Ménard (d=100%)


30 O Pressiomètre Autoforeur n

15 T T -I

0- L J.

-15
-20 0 20 40 60 80

PPo (kPa)

Figure 5-36 - Comparaison des modes opératoires. Courbe complète.

129
Modélisation de l'essai pressiométrique Chapitre 5

1.00 r

Cam-Cia

--4--- Pressiomètre Ménard (d=100%)


r
0.75 Pressiomètre Autoforeur

t-
0.50

0.25 II
i,
0.00

-0.25
-20 -10 0 10 20

PPo (kPa)

Figure 5-37 - Comparaison des modes opératoires. Détail du début de la courbe.

7. Conclusions

La relative lourdeur de la méthode employée qui nécessite plusieurs étapes, l'utilisation de lois
de comportement non linéaires qui conduit à des temps de calcul importants (jusqu'à 12
heures pour un essai pressiométrique dans la pente), limitent les possibilités de faire varier les
différents paramètres du problème. Ainsi les simulations n'ont été réalisées que pour une seule
valeur de la pente, un seul jeu de paramètres pour chaque loi de comportement, et en quelques
points seulement de la pente.

Toutefois, cette étude de la simulation d'un essai pressiométrique dans un massif comportant
une pente permet de mettre en évidence deux points importants:

pour un sol sensible au phénomène de surconsolidation, la définition de son état initial et


donc la connaissance de l'historique des chargements est prépondérante, et influence
fortement son comportement ultérieur lors d'un essai pressiométrique. Dans le cadre de
simulations numériques, il est alors indispensable de simuler cet historique.

pour un sol pulvérulent, quelle que soit la procédure de simulation de l'état initial, et pour
un sol fin normalement consolidé (modèle Cam-Clay, procédure de tassement) la pression
limite obtenue pour une position donnée de l'essai pressiométrique réalisé dans la pente
est peu différente de celle qui résulte d'un essai réalisé dans un massif horizontal à la
profondeur H (distance verticale à la surface)

130
Chapitre 6

Modélisation de l'essai d'enfoncement d'une fondation


superficielle

Résumé.

Cette partie concerne la simulation numérique d'essais d'enfoncement de fondations


superficielles filantes au sein d'un înassf comportant une pente. L'analyse portera
successivement sur différents aspects de ce problème: influence de l'état de contrainte initial,
influence de la présence de la pente, influence de combinaisons de chargements complexes.
Ces résultats seront comparés à ceux obtenus lors d'une campagne d'essais réalisés en
centrifugeuse. Enfin, l'ensemble de ces résultats sont rapprochés de l'étude de l'essai
pressiométrique dans une pente menée au chapitre précédent.

131
Modélisation de l'essai d'enfoncement d'une fondation superficielle Chapitre 6

1. Influence de la largeur de la fondation B sur le facteur de portance N

Considérons une fondation superficielle filante non encastrée, reposant sur un massif de sol à
surface horizontale et soumise à un chargement vertical centré. Pour un sol non cohérent,
l'application de la théorie de la plasticité parfaite conduit à estimer la contrainte de rupture par
la formule de Terzaghi (cf. Chapitre 1.2.2.3)

i
Qe =Y BN [6-1]

Le facteur de portance N ne dépend a priori que de l'angle de frottement interne p du sol.


Pourtant, les résultats expérimentaux mettent en évidence une dépendance de N par rapport à
la largeur B de la fondation, N augmentant lorsque B diminue (cf. Chapitre 1.2.2.3). Ce
problème est approfondi à partir de deux approches différentes, qui résultent d'un double
questionnement:

l'influence observée de la taille de la fondation sur N est-elle implicitement prise en


compte par l'application des règles pressiométriques, qui sont de nature empirique ? Si tel
est le cas, les simulations numériques d'essais pressiométriques dans un massif à surface
horizontale permettent-elles une meilleure compréhension de ce phénomène?

est-il possible de mettre en évidence ce phénomène à partir de simulations numériques


d'un essai de chargement de fondation?

1.1. Règles pressiométriques

La formule empirique donnant la contrainte de rupture sous la fondation en fonction de la


pression limite conventionnelle p s'écrit (cf. Chapitre 1.2.2.2):

2
qt=kp(z) avec z=-B [6-2]

Le facteur expérimental k dépend de la géométrie de la fondation, de la valeur de


l'encastrement et de la nature du sol. Dans le cas d'une fondation filante non encastrée, k=O,8
pour les argiles et k=1 pour les sables. Si on admet la validité des deux écritures [6-11 et [6-2]
pour la contrainte de rupture q, leur rapprochement permet d'estimer N par:

N=jq= 2k p(z)
2
B
avec z=-B
2
[6-3]

N est donc proportionnel à p*(z=2B/3)fB. Or, les résultats expérimentaux montrent que la
pression limite ne varie pas toujours linéairement en fonction de la profondeur de réalisation
de l'essai. Dans un tel cas, N dépendra forcément de B. L'approche pressiornétrique, d'origine

132
Modélisation de l'essai d'enfoncement d'une fondation superficielle Chapitre 6

empirique, contient donc implicitement la possibilité d'une dépendance entre B et N. Dans le


chapitre précédent, les simulations numériques réalisées ont permis de tracer le profil de la
pression limite conventionnelle nette p en fonction de la profondeur z de réalisation d'un
essai pressiométrique au sein d'un massif à surface horizontale. La figure 6-1 reprend les
résultats obtenus avec le modèle CJS, toujours avec le jeu de paramètres [CJS-A]. Cette
courbe peut être décrite avec une bonne précision à l'aide d'une fonction puissance de la
profondeur, représentée sur la même figure:

p =313 [z]°'54 [6-4]

Figure 64 - Modèle CJS. Profil de la pression limite en fonction de la profondeur.

À partir de cette expression analytique, la courbe donnant N1=(2k/y) p*(z=2B/3)IB en


fonction de B est représentée sur la figure 6-2 , avec un facteur expérimental k=1. Cette
expression de N est issue des formules pressiométriques (cf. [6-3]). La forme obtenue pour
cette courbe est en accord avec les observations expérimentales (cf. Chapitre 1, figure Figure
1-101-10). Par contre, les ordres de grandeurs des valeurs de Ny sont faibles. Ce problème
sera abordé au paragraphe 6.4.

En utilisant la loi de comportement CJS, cette approche numérique basée sur l'interprétation
d'essais pressiométriques permet donc de traduire au moins qualitativement l'influence de la
largeur de la fondation sur le facteur de portance N1.

133
Modélisation de l'essai d'enfoncement d'une fondation superficielle Chapitre 6

Figure 6-2 - Évolution de N en fonction de B à partir des règles pressiométriques et des


simulations numériques réalisées avec le modèle CJS.

1.2. Calculs par éléments finis

Woodward et Griffiths, [WOODW 1998:1, [GRI 1982], ont étudié l'influence de la largeur B
de la fondation sur le facteur de portance N par des simulations numériques de type éléments
finis. Ils ont montré en analysant l'influence de divers paramètres sur la précision des calculs
que, si certaines conditions portant sur la finesse de la discrétisation du massif sont respectées,
N est indépendant de B pour la loi de comportement considérée. Les conditions à respecter
portent sur la finesse du maillage autour de la fondation et notamment sur le nombre
d'éléments, leur taille, le nombre de points d'intégration (points de Gauss). La précision des
résultats dépend en effet de la précision de l'interpolation des contraintes sous la fondation,
dont la répartition est fortement non linéaire.

Dans leur étude, le sol est modélisé par une loi de comportement élastique parfaitement
plastique, non associée (iií=O), avec le critère de rupture de Mohr-Coulomb. Mais ces résultats
sont-ils encore valables avec un modèle de comportement plus complexe, comme le modèle
CJS ? Pour étudier ce point, des simulations d'enfoncement de fondation ont été réalisées avec
les deux lois de comportement et pour deux largeurs différentes de la fondation. Les
principales hypothèses et caractéristiques des simulations sont les suivantes

les calculs sont réalisés en déformation plane, la géométrie et les conditions aux limites du
modèle sont représentées sur la figure 6-3. Deux largeurs sont considérées pour la
fondation, B=2m et B=4m;

134
Modélisation de l'essai d'enfoncement d'une fondation superficielle Chapitre 6

Figure 6-3 - Modèle de fondation sur massif horizontal.

les deux maillages sont proportionnels et constitués de 705 éléments quadratiques à huit
noeuds avec intégration réduite (2x2 points de Gauss). La finesse des maillages autour de
la fondation respecte les conditions mises en valeur par Woodward [WOODW 1998]

la fondation filante est rigide et rugueuse, son comportement est élastique linéaire avec
E=40000 Mpa et v=0,2. Le chargement s'effectue par l'intermédiaire d'une force
ponctuelle verticale centrée Q/2 appliquée par incréments successifs sur la face supérieure
de la fondation. La contrainte de rupture q=QIB est calculée au dernier incrément de
chargement avant la divergence du calcul. La méthode de résolution utilisée est la
méthode dite des contraintes initiales.

Les paramètres choisis pour le modèle de Mohr-Coulomb sont donnés dans le tableau 6-1. Le
nombre d'itérations est limité à 5000, la tolérance sur la solution est fixée à 1%. L'état de
contrainte est initialisé avec K0=0,5. Les courbes donnant la valeur du paramètre sans
dimension 2q/(yB) en fonction du tassement relatif s/B (en %) de la fondation sont
représentées sur la figure 6-4. La valeur obtenue à la rupture est indépendante de la largeur B
de la fondation et vaut N=32. La valeur donnée par les tables de Giroud [GIR 1973] est
N=4 1,8.

135
Modélisation de l'essai d'enfoncement d'une fondation superficielle Chapitre 6

E y C iv
l5kN/m3 6OMPa 0,3 0 35° 11°

Tableau 6-1 - Paramètres du modèle Mohr-Coulomb.

40

35 r -I -,

: Ny= 32

25

20

J
15

lo M oh r-Cou tom b

-4-- B=2m
L
-A-- B=4m
/
0 1 2 3 4 5 6

s/B (%)

Figure 6-4 - Calcul de N. Modèle Mohr-Coulomb.

Pour le modèle CJS, les paramètres sont toujours ceux du jeu [CJS-A]. Ils correspondent à un
matériau dont les paramètres équivalents e, q) et ic (les valeurs sont obtenues par simulation
numérique d'essais homogènes réalisés en conditions triaxiales et de déformation plane) sont
les suivants

essai triaxial: c=0, p=38,2° etlIf=11,8°


essai en déformation plane: c=0, ip=43,9° et =16,2°

Le nombre d'itérations est limité à 10000, la tolérance sur la solution est fixée à 1%. Des
considérations liées à la convergence numérique (non prise en compte par le modèle en l'état
actuel des contraintes de traction) rendent nécessaire l'application d'une contrainte initiale
supplémentaire q=9 kPa dans le massif. Cette contrainte est équivalente à une surcharge
uniforme q appliquée sur toute la surface du massif (figure 6-5). L'état de contrainte initial est
donc, avec un K0 égal à 0,5:

136
Modélisation de l'essai d'enfoncement d'une fondation superficielle Chapitre 6

=yz+q [6-5]
lOh = K0 o

Figure 6-5 - Schématisation de la surcharge initiale q.

La formule de Terzaghi donnant la capacité portante de la fondation et l'expression de N qui


en découle sont alors données par:

{q +q =:YBNy +q5Nq
[6-6]

N =-[q1 +qs(1_Nq)}

Deux séries de simulations sont menées pour les deux valeurs de la largeur B de la fondation:
la première avec : (y=O,q=9kPa) permet de calculer Nq, qui s'avère ne pas dépendre de B ; la
deuxième avec: (y=15kN/m3,q=9kPa) donne une estimation de N. Les résultats sont
rassemblés dans le tableau 6-2. À titre de comparaison, les tables de Giroud donnent
N(ip=38,2°)=72 et N(p=43,9°)=2OO.

Largeur de la fondation Nq (y=O,q=9kPa) N (y=15kN/m3,q=9kPa)


B=2m 90 160
B=4m 90 143

Tableau 6-2 - Valeurs des coefficients de portance. Modèle CJS.

Il apparaît donc que la valeur de N augmente légèrement quand B diminue, ce qui est
conforme aux tendances mentionnées précédemment, déduites d'observations expérimentales.
Contrairement au modèle de Mohr-Coulomb, le modèle CJS met en évidence une influence de
la largeur de la fondation sur le facteur de portance N. Cette capacité découle sûrement de la
prise en compte par le modèle d'un angle de frottement équivalent dépendant de la pression

137
Modélisation de l'essai d'enfoncement d'une fondation superficielle Chapitre 6

moyenne (surface de rupture non linéaire), mais ceci reste à vérifier.

Une remarque s'impose concernant les résultats obtenus : l'additivité des deux termes en N et
Nq dans l'expression de la contrainte de rupture n'a pas pu être vérifiée avec le modèle CJS, à
cause de la contrainte initiale q imposée. Cette propriété est donc implicitement supposée
pour l'interprétation des résultats, ce qui représente une hypothèse forte.

2. Influence de l'état initial sur un calcul de fondation

L'étude du Chapitre 4 a montré que l'historique de création d'une pente et le type de sol
modélisé influent sur l'état de contrainte et d'écrouissage obtenu au sein du massif. Comme
pour l'essai pressiométrique (Chapitre 5), l'influence de ces états initiaux sur les résultats d'un
essai d'enfoncement de fondation va être analysée. Les caractéristiques principales et les
conditions des simulations numériques réalisées sont les suivantes

le massif considéré est le même que celui étudié au Chapitre 4. Ses dimensions, les
conditions aux limites et le maillage sont identiques, seule la fondation ayant été ajoutée.
La fondation est superficielle filante (calcul en déformation plane), non encastrée, rigide et
rugueuse; de largeur B = 0,9m et de hauteur H = 0,3m. Le matériau constituant cette
fondation est considéré comme élastique avec pour paramètres: E = 40.000 MPa et y =
0,2. Elle est située en bord du talus (figure 6-6);

les états initiaux considérés sont ceux qui résultent des trois procédures de genèse de la
pente précédemment définies : procédures de tassement, d'excavation et de
surconsolidation. À partir de ces états initiaux, la fondation est soumise à une charge
verticale centrée Q par incréments successifs.

Les résultats sont présentés sous forme de courbes donnant le tassement vertical réduit sous le
centre de la fondation s/B (en %) en fonction de la contrainte moyenne sous la fondation q (en
kPa) (figure 6-7). À titre de comparaison, la configuration de référence du massif horizontal
est aussi représentée. Dans ce cas, l'état de contrainte initial correspond à un état normalement
consolidé du sol (tassement du massif sous son poids propre); les résultats doivent donc être
comparés uniquement au cas du massif en pente normalement consolidé.

138
Modélisation de l'essai d'enfoncement d'une fondation superficielle Chapitre 6

Figure 6-6 - Caractéristiques du modèle.

Figure 6-7 - Fondation superficielle en tête de talus.

2.1. Sols granulaires - modèle CJS

Pour cette loi de comportement, l'influence de la genèse du massif sur la réponse du modèle
est peu sensible (cf. Chapitre 4). En effet, les mécanismes plastiques ne conduisent pas à une
remise en élasticité du massif lors des procédures d'excavation et de surconsolidation. La
comparaison des courbes obtenues dans le massif en pente montre que les pentes initiales sont
très proches et que les valeurs des contraintes à la rupture sont peu différentes (figure 6-8).

Ces différences peuvent s'expliquer par la forme de la surface de rupture dans le plan
déviatoire qui n'est pas isotrope; Un écart sur le chemin de contrainte dans ce plan conduira à
des valeurs différentes à la rupture.

139
Modélisation de l'essai d'enfoncement d'une fondation superficielle Chapitre 6

1400

cJ s e;

$--- Tassement
L
1200 Excavation

* Surconsolidation
r;.
e; massif horizontal
norm alem ent
Horizontal con solidé
q.

1000 T r ç.,

e;

q.

'I

800 e;

q.

'I
L
600 -J

I
massif
400 en pente

200

o 10 15 20 25 30
s/B (%)
Figure 6-8 - Fondation superficielle sur pente - Modèle CJS.

2.2. Sols fins - modèle Cam-Clay modifié

L'influence de la genèse de la pente sur le comportement du massif lors de l'essai de


chargement de la fondation est très importante (cf. Chapitre 4). Les courbes des réponses
obtenues (figure 6-9) diffèrent non seulement par leurs pentes initiales mais aussi par les
valeurs des contraintes à la rupture. Ces comportements peuvent s'expliquer en se référant à
l'étude des contraintes dans la pente réalisée au Chapitre 4 dans lequel les chemins de
contraintes suivis et l'état d'écrouissage dans le massif ont été analysés

140
Modélisation de l'essai d'enfoncement d'une fondation superficielle Chapitre 6

500
massif en pente
fortem en t
400 su rcon solid é

I I I I I
300
o 20 40 60 80 100 120
180 r
Cam-Clay

150
--- Tassement
r
m assif horizontal
Excavation

* Surconsolidation
,
n orm alem en t
consolidé
120 I O
_____ Horizontal
r

o-
-
I massif en pente.
n orm alem ent
I consolidé
L .1
60

massif en pente
surcon solidé
30

o 20 30 40
s/B (%)

Figure 6-9 - Fondation superficielle sur pente - Modèle Cam-clay.

la procédure de surconsolidation (état fortement surconsolidé) traduit un comportement de


type élasto-plastique parfait avec une pente initiale très forte, et conduit à une contrainte à
la rupture élevée. En effet l'état initial étant fortement surconsolidé, les points de la zone
concernée sont situés à l'intérieur du domaine élastique et proches de la droite d'état
critique;

la procédure d'excavation (état surconsolidé) conduit à une pente initiale intermédiaire car
une partie seulement du massif est en élasticité. Par contre, l'existence de points proches à
la fois de la surface de charge et de la droite d'état critique conduit à la contrainte à la
rupture la plus faible;

la procédure de tassement (état normalement consolidé) conduit à un comportement


essentiellement plastique. On obtient la pente initiale la plus faible due au phénomène

141
Modélisation de l'essai d'enfoncement d'une fondation superficielle Chapitre 6

d'écrouissage du matériau. La contrainte à la rupture est supérieure à celle obtenue pour la


procédure d'excavation car les points du massif sont initialement beaucoup moins proches
de la droite d'état critique.

2.3. Conclusions

Comme dans le cas d'un essai pressiométrique, l'état de contrainte initial au sein du massif
peut influer sur les résultats d'un essai ultérieur d'enfoncement de fondation. Cette influence
est très marquée pour les sols fins, mais peu sensible pour les matériaux pulvérulents.
Toutefois, ces résultats ont été obtenus pour des lois de comportements spécifiques et des jeux
de paramètres déterminés ; ils ne permettent donc pas de tirer des conclusions générales.

3. Comparaison avec des essais réalisés en centrifugeuse

Suite aux travaux de Bakir [BAK 1994], une nouvelle campagne d'essais en centrifugeuse
[MAR 1999] a été menée au LCPC de Nantes [COR 1986]. Des essais d'enfoncement de
fondations filantes superficielles sur pente ont été réalisés, en considérant différentes positions
pour la fondation et différentes combinaisons de chargement (inclinaison, excentrement, etc.).
Dans le cadre de sa thèse O. Maréchal [MAR 1999], a simulé certains de ces essais par la
méthode des éléments finis. II a réalisé de nombreuses simulations avec pour objectif
d'étudier les différents coefficients de réduction de portance. La figure 6-10 rappelle la
signification des différents paramètres caractérisant le problème étudié:

13
angle de la pente,
B largeur de la fondation,
D hauteur d'encastrement
d distance horizontale de la base de la fondation au bord libre de la pente,
Q charge totale appliquée,
e excentrement de la charge,
6 inclinaison de la charge.

e >01
L4_) Q

8>0

:1

4
B d

Figure 6-10 - Rappels de la signification des différents paramètres.

142
Modélisation de l'essai d'enfoncement d'une fondation superficielle Chapitre 6

Le coefficient réducteur pour un cas particulier de chargement etlou de position de la


fondation est défini comme le rapport entre la contrainte verticale de rupture du cas considéré
et la contrainte de rupture obtenue pour la configuration de référence associée. Cette
configuration de référence correspondant à une même profondeur d'encastrement, une charge
verticale centrée et un massif à surface horizontale. Le coefficient réducteur s'écrit donc:

va[B,D,d,3,e,]
- [6-7]
q ref[B,D,d=eo43=O,e=S=O}

3.1. Présentation des essais réalisés en centrifugeuse au LCPC

La campagne expérimentale a consisté en la réalisation de 79 essais d'enfoncement de


fondations superficielles filantes en bord de talus [MAR 1999]. Les principales
caractéristiques des conditions expérimentales sont décrites brièvement ci-dessous

le massif de sol est constitué de sable de Fontainebleau référencé B3 (LCPC). Le sable est
mis en place par pluviation, puis arasé par passes successives pour réaliser la pente. Dans
tous les essais, la pente est taillée à 2 pour i (tan3=1I2). Suite à une confusion dans la
manipulation des containers de sable, une première série d'essais a été réalisée avec du
sable vierge, le reste avec du sable usagé, déjà utilisé auparavant. Les écarts importants
constatés sur les capacités portantes et les essais de laboratoires réalisés sur les deux
sables amènent à considérer deux types de sol, de propriétés mécaniques différentes

le sable de Fontainebleau "vierge" (B3),


le sable de Fontainebleau "usagé" (B2);

le modèle de fondation utilisé, réalisé en aluminium et la fondation prototype ont les


dimensions suivantes (tableau 6-3):

Modèle expérimental Prototype


B (cm) L (cm) LIB Accélération B (m) L (m)
4 28 7 50g 2 14

Tableau 6-3 - Dimensions de la fondation prototype et du modèle expérimental.

le chargement de la fondation, précédé d'une consolidation du massif, s'effectue par


paliers, la charge étant maintenue constante pendant cinq minutes;

la charge de rupture retenue est la charge maximale appliquée à la fondation, tous les
essais ayant présenté une rupture avec un pic de déplacement marqué.

143
Modélisation de l'essai d'enfoncement d'une fondation superficielle Chapitre 6

3.2. Simulations numériques réalisées par O. Maréchal

Les simulations numériques ont été réalisées avec le code de calcul par éléments finis
CESAR-LCPC, en utilisant un modèle de comportement de sol élasto-plastique parfait avec
critère de rupture de Mohr-Coulomb. Compte tenu de la dispersion des résultats
expérimentaux, O. Maréchal a choisi de réaliser ses simulations numériques sans calage sur
les courbes expérimentales, mais en estimant les paramètres de la loi de comportement du sol
à partir des résultats d'essais de laboratoire. Les paramètres qu'il a retenus correspondent au
sable usagé B2 (tableau 6-4):

Yd E y c (p iii
16 kN/m3 65 MPa 0,33 4,5 kPa 37,50 375 0
Tableau 6-4 - Paramètres retenus pour les simulations réalisées par O. Maréchal.

La fondation est rigide, rugueuse et non pesante ; elle a une largeur de 2 mètres et une hauteur
de i mètre. Son comportement est élastique linéaire avec E=7 1000 MPa et v=0,34. La
méthode de résolution numérique utilisée est la méthode dite DFP [MES 1994]. Cette
méthode, qui conduit à une convergence rapide des calculs, nécessite une loi de comportement
associée, ce qui impose que l'angle de frottement q et l'angle de dilatance i soient égaux.
Cela conduit à une valeur forte de l'angle de dilatance (=37,5°) par rapport aux valeurs
communément constatées pour les sables. Ce choix (sp=iji) est justifié par Maréchal sur la base
d'une étude numérique qui montre que, pour ce modèle de comportement, la contrainte de
rupture sous la fondation dépend très peu de l'angle ì [MES 1994]. Ce résultat sera discuté au
paragraphe 6.4.

Les simulations sont réalisées en condition de déformation plane et des déplacements nuls
sont imposés aux limites du massif, dont les dimensions sont données sur la figure 6-1 1. L'état
de contrainte initial au sein du massif est obtenu par un premier calcul de tassement du massif
sous l'effet de son poids propre.

144
Modélisation de l'essai d'enfoncement d'une fondation superficielle Chapitre 6

30m 30m 10m


4 .4

* £
4
d=7B
15 m

35 m I2( V
A

u=0

u=0 20m

VrO
y z y
4
70 m

Figure 641 - Caractéristiques géométriques du modèle.

3.3. Simulations numériques réalisées avec le modèle de comportement CJS

3.3.1. Généralités

Les simulations sont réalisées à partir du maillage fourni par O. Maréchal. Les dimensions et
les conditions aux limites sont donc celles de la figure 6-11. Par contre, la démarche adoptée
est différente: elle est basée sur le calage des paramètres du modèle CJS par rapport aux
essais expérimentaux correspondant au sable de Fontainebleau usagé B2. Ne disposant pas des
essais de laboratoire nécessaires pour une identification complète des paramètres du modèle
(aucun essai triaxial n'ayant été réalisé), la procédure suivante d'identification a été retenue:

> choix d'un jeu de paramètres initial trouvé dans la littérature et correspondant à un sable de
Fontainebleau, calage des paramètres sur les essais expérimentaux de référence réalisés en
centrifugeuse; puis vérification des ordres de grandeur des paramètres équivalents du
modèle de Mohr-Coulomb. Les paramètres p et jí équivalents étant obtenus par
simulation numérique d'essais triaxiaux en éléments finis.

3.3.2. Résultats des essais de laboratoire

Le poids volumique mesuré des massifs de sols mis en place dans les containers varie très peu
et sera fixé à Yd=16 kN/m3. Les essais de laboratoire ont consisté en une analyse
granulométrique et des essais de cisaillement à la boîte de Casagrande. Les informations
principales tirées de ces essais sont résumées dans le tableau 6-5

145
Modélisation de l'essai d'enfoncement d'une fondation superficielle Chapitre 6

Yd (lcN/m3) e ei emax Dr (%) p(°),c(kPa) p(°),c=0 'i'(°)


16 0,65 0,58 0,88 74,6 37,5 - 6 39 - 0 11,5

Tableau 6-5 - Valeurs moyennes des caractéristiques du sable B2.

L'estimation de l'angle de dilatance donnée dans le tableau 6-5 à été obtenue à partir des
résultats des essais de cisaillement à la boîte de Casagrande par application de la relation
suivante [BOL 1986]

= + 0,8 ií [6-8]

et sont respectivement les angles de frottement correspondant au pic et au pallier des


courbes de cisaillement.

3.3.3. Conditions des simulations et calage des paramètres

Les dimensions et les propriétés élastiques de la fondation sont identiques à celles utilisées par
O. Maréchal. L'état initial au sein du massif est obtenu par une première simulation dans
laquelle le modèle est soumis à son seul poids propre (une contrainte initiale homogène =5
kPa étant imposée). Après annulation des déplacements, les états de contrainte et
d'écrouissage obtenus sont considérés comme état initiaux dans les simulations d'enfoncement
de fondation. Le chargement est appliqué par incréments successifs et est modélisé par une
force ponctuelle Q, appliquée sur la face inférieure de la fondation. Le tassement réduit s/B
(exprimé en pourcentage) sera utilisé pour mesurer le déplacement de la fondation, s étant le
déplacement vertical du point situé au milieu de la face inférieure de la fondation. Dans ces
simulations, la fondation est considérée comme rugueuse, l'interface sol-fondation n'étant pas
modélisée.

La méthode de résolution utilisée est toujours la méthode dite des contraintes initiales. Une
étude paramétrique et la nécessité de limiter les temps de calculs ont conduit aux choix
suivants pour les paramètres numériques: nombre maximal d'itérations égal à 10000,
tolérance pour la convergence égale à 0,5%, et environ 30 incréments de chargement. La
contrainte de rupture est la contrainte verticale moyenne sous la fondation obtenue au dernier
incrément de chargement avant la divergence du calcul.

Le calage des paramètres de la loi est effectué à partir des essais expérimentaux réalisés en
centrifugeuse dans la configuration de référence (DIB=7 ) avec le sable B2. Le jeu de
paramètres retenu, noté [CJS-B], est détaillé dans le tableau 6-6

146
Modélisation de l'essai d'enfoncement d'une fondation superficielle Chapitre 6

E y n K R y A B a
130 0,35 0,6 65 0,15 -0,44 0,85 5,85 38,18 0,9 0,01 6,89
(MPa) (MPa) (kPa (kPa (kPa
1) 1) 1)

Tableau 6-6 - Jeu de paramètres [CJS-B].

La simulation de l'essai de référence avec ce jeu de paramètres est comparée aux résultats
expérimentaux sur la figure 6-12. La simulation reproduit assez fidèlement les courbes
expérimentales : la forme de la réponse ainsi que la valeur de la contrainte de rupture sont très
proches.

-T 1

1.
2

-. 4
ca
a)
J

'Q)
L-
4-
d=7B
4
E
Q)
(I) n°13
(I) n°12
I. lo
n°1 1

Cas de référence
12

14
-I ¡
Essais en centrifugeuse
Modèle CJS

I I I I I I

o 300 600 900 1200 1500 1800


Contrainte moyenne verticale : q (kPa)

Figure 6-12 - Calage des paramètres du modèle CJS.

Les simulations numériques (réalisées avec CESAR sur un élément) d'un essai triaxial et d'un
essai en déformation plane permettent d'estimer l'angle de frottement interne ip et l'angle de

147
Modélisation de l'essai d'eîzfoncement d'une fondation superficielle Chapitre 6

dilatance iv équivalents correspondants à la loi de Mohr-Coulomb pour le jeu de paramètres


[CJS-B]. De plus, la contrainte initiale imposée dans toutes les simulations peut être
assimilée à une légère cohésion. Les ordres de grandeur obtenus (tableau 6-7) sont corrects au
regard des valeurs issues des essais de cisaillement réalisés en laboratoire.

Condition de l'essai Angle de frottement Angle de dilatance Cohésion


( ljJ C

Triaxial = 36,8° = 14° c = 3,7 kPa


Déformation plane = 42,5° = 18,8 c = 4,6 kPa
Tableau 6-7 - Valeurs des paramètres Mohr-Coulomb équivalents pour le jeu [CJS-B].

3.3.4. Les simulations réalisées

L'ensemble des configurations simulées sont explicitées dans les tableaux 6-8 et 6-9. Les
conventions de signe utilisées sont celles définies sur la figure 6-10.

tanl3 DJB díB efß 6 coefficient réducteur


o o i
8 1/8 0
o 15° i6

o o i
1/2 1/2

1 -1/8
o
+ 1/8
-15°
o I6
+15°

Tableau 6-8 - Synthèse des configurations simulées pour DIB = 1/2.

148
Modélisation de l'essai d'enfoncement d'une fondation superficielle Chapitre 6

tanl3 DIB d/B eIB coefficient réducteur


o o
1/8 0
le
1/4 0
7 50

o loo is
15°
o
0 0
2
- 1/8
o o
+ 1/8
-1/8
o
+ 1/8
2O0
150
-10°
-5°
o o 50
+ 10°
+150
+20°
150
1/2 0
- 10°
50 i5I
50
0
+7°
+ loo
+15°
-15°
100
50
2 0 50
+ 10°
+150
-15°
100
-1/8 +5°
+ 10°
+15°
O e5I3
150
-10°
50
+1/8
+ 10°
+15°

Tableau 6-9 - Synthèse des configurations simulées pour D/B = O.

149
Modélisation de l'essai d'enfoncement d'une fondation superficielle Chapitre 6

3.4. Analyse des courbes d'enfoncement

Avant d'aborder l'analyse des coefficients réducteurs, il est important de comparer les courbes
d'enfoncement obtenues par les simulations numériques et celles issues des essais en
centrifugeuse. Sur les figures suivantes (figures 6-13 et 6-14), les courbes d'enfoncement de
huit configurations de chargement différentes sont représentées.

03
'n

n 07
-o
'w
=
08
E
w
'n
'n
w
I-

d/B = 7 dIB = 7 e = 1/8

Essais en centrifugeuse Essais en centrifugeuse

Modèle CJS -4- Modele CJS

300 600 905 1200 1500 1800


0 200 400 600 800 1000
Contrainte moyenne verticale : q0 (kPa) Contrainte moyenne verticale : q0 (kPa)
00

Cas d/B=Q

EssaI en centrifugeuse
05 -- Modèle CJS

G,

C
s,
E
05
'n
'n
'u
I-

25 d/B=1
Essais es centrifugeuse
-- Modèle CJS
30
0 50 f00 150 200 250 300 350 400
Contrainte moyenne verticale : q0 (kPa) 200 400 600 800 1000 1200
Contrainte moyenne verticale q0 (kPa)

Figure 6-13 - Comparaison des courbes d'enfoncement (1).

150
Modélisation de l'essai d'enfoncement d'une fondation superficielle Chapitre 6

Cas d/B=1 +15' Cas dIB=2

Essai en centrifugeuse Essai en centrilugeuse

--- Modèle CJS ---- Modèle CJS

w
(n

n
0
-w 3

C
n12 0)
E
w
(n
w
I-

di B

2s0 400 600 800 1000 100 200 300 400 500 600
Contrainte moyenne verticale : q (kPa) Contrainte moyenne verticale q.. (kpa)

Cas d/B=1 .=-15'.e/B=-1/8 Cas d/B=2 .


Essai en centrifugeuse
Essai en cenlrilugeuse
--- Modèle CJS
-4-- Modèle CJS f

0n
C
w
E 3
w
(n
(n
(0
I-

300 400 500 600 200 400 600 800 1000


100 200
Contrainte moyenne verticale q (kPa) Contrainte moyenne verticale q,, (kPa)

Figure 6-14 - Comparaison des courbes d'enfoncement (2).

Il apparaît que la qualité de reproduction des essais est variable. L'analyse de l'ensemble des
courbes obtenues (qui ne sont pas toutes représentées) montre que l'estimation de la capacité
portante est globalement satisfaisante. Pour les tassements, les résultats sont plus dispersés.
Néanmoins, on constate que, dans tous les cas où la charge est inclinée vers la pente (&<O), les
tassements sont sous-estimés, alors que, lorsqu'elle est inclinée vers l'intérieur du massif
(&O), ils sont surestimés. Ces constatations mettent en évidence la difficulté de reproduire
avec fiabilité un nombre important d'essais expérimentaux. De plus, ces essais sont eux-
mêmes dépendants du mode opératoire choisi et de leurs conditions de réalisation.

Une analyse détaillée de ces courbes réponses nécessiterait l'étude du mouvement d'ensemble
de la fondation au cours du chargement (déplacement horizontal, rotation). Cette étude n'a pas

151
Modélisation de l'essai d'enfoncement d'une fondation superficielle Chapitre 6

été menée dans le cadre de ce travail.

3.5. Analyse des coefficients réducteurs de portance

Les simulations ont été réalisées en prenant en compte des positions (D,d) et des chargements
(e,) différents. Les résultats permettent de calculer les valeurs des coefficients réducteurs
correspondant. Celles-ci seront comparées aux valeurs obtenues avec le modèle de Mohr-
Coulomb, aux valeurs expérimentales, et aux valeurs issues des règlements en vigueur.

3.5.1. DIB = O - Cas élémentaires (ie , i6)

D/B=O e>0 6>0


Référence je is

dJB e/B q (kPa) coefficient réducteur


o o 1470 1

1/8
0
1170 jeO,79
1/4 810 jeO,55
50 1136 i5=0,77
0 10° 886 i=0,60
15° 705 i=0,48
Tableau 6-10 - Modèle CJS. Cas de chargements élémentaires.

pour une charge excentrée (figure 6-15), la valeur de je obtenue avec le modèle CJS se
situe dans la moyenne des résultats expérimentaux mais au-dessus du fuseau formé par les
expressions proposées dans le Fascicule 62 et le DTU 13.2. Les simulations réalisées avec
le modèle de Mohr-Coulomb donnent des valeurs situées dans ce même fuseau;

pour une charge inclinée (figure 6-16), les valeurs de i obtenues par les différentes
approches diffèrent peu et sont en concordance avec les expressions issues des textes
réglementaires.

152
Modélisation de l'essai d'enfoncement d'une fondation superficielle Chapitre 6

1 .0

0.9 HO 1e

0.8 D/B = O

0.7

o 0.6 -4- Simulations CJS


E 0.5 --k- SimulationsMC
LJJ Centrifugeuse
z; 0.4
0.3

0.2

0.1

0.0
0.00 0.10 0.20 0.30 0.40 0.50

Excentrement relatif e/B

Figure 6-15 - Coefficient minorateur je.

1 .0

0.9
-4- Simulations CJS -- - io
D/B = O
0.8 --e- SimulationsMC
0.7 1JJ Centrifugeuse

o 0.6
E 0.5

0.4
4-
4-
0.3
C-)

0.2

0.1

0.0
o 10 20 30 40 50

Angle en degrés

Figure 6-16 - Coefficient minorateur i.

153
Modélisation de l'essai d'enfoncement d'une fondation superficielle Chapitre 6

3.5.2. DIB = O - Massif en pente (in)

i13

D/B=O
tan 3 = 1/2

d/B e/B qr (kPa) i13

O O 0 535 0,36
1 0 0 900 0,61
2 0 0 1110 0,75
Tableau 6-11 - Modèle CJS. Coefficient ip.

Les valeurs de ip obtenues avec le modèle CJS sont légèrement inférieures aux valeurs
expérimentales mais supérieures à celles proposées dans le Fascicule 62 et par Bakir [BAK
94]. Le modèle de Mohr-Coulomb donne des valeurs proches, voire un peu inférieures à ces
valeurs recommandées (figure 6-17).

1.0

0.9
i13

0.8 DIB = O
tan 13 = 1/2
0.7

o 0.6
E 0.5

0.4
4-
0.3 --4- Simulations CJS

0.2 - -zv - Simulations MC


cj Centrifugeuse
0.1

0.0
O 2 3 4 5 6 7 8

distance relative à la pente dIB

Figure 6-17 - Coefficient minorateur i13.

154
Modélisation de l'essai d'enfoncement d'une fondation supeificielle Chapitre 6

3.5.3.DIB=O - Massif en pente. Charge excentrée (i)

d/B e/B 6 qr (kPa) e13 e j13

-1/8 0 440 0,30 0,28


0
+1/8 0 570 0,39
-1/8 0 690 0,47 0,48
1
+1/8 0 745 0,51

Tableau 6-12 - Modèle CJS. Coefficient i.

Ce cas n'est pas explicitement traité dans les règlements qui de plus ne prennent pas en
compte le signe de l'excentrement. Les valeurs du tableau 6-12 montre que, pour un
excentrement relatif e/B = ± 1/8, les valeurs de (i)cjs obtenues avec le modèle CJS sont du
même ordre de grandeur que le produit (ie . i )cs et toujours un peu supérieures au produit (ie
i )iasc. issu du Fascicule 62 (figure 6-18). Cette configuration n'a été traitée ni avec le
modèle de Mohr-Coulomb, ni par des essais en centrifugeuse.

1.0 -T r

0.9 1e13
DIB = O
0.8 tan 13 1/2

Simulation CJS ---

0.2 r -4- e/B=+1/8


0.1 --e.- e/B=-1/8

0.0
o 2 3 4 5 6 7 8 9 10

distance relative à la pente : dIB

Figure 6-18 - Coefficient minorateur e

155
Modélisation de l'essai d'enfoncement d'une fondation superficielle Chapitre 6

3.5.4. DIB = O - Massif en pente. Charge inclinée, ô > O (i)

6>0
i6l

DIB=0
tan f3 1/2

cl/B e/B ô qr(kPa) i


50 850 0,58
+100 1014 0,69
o 0
+15° 820 0,56
+20° 564 0,38
+5° 1215 0,83
+7° 1211 0,82
1 0
+10 1152 0,78
+15° 879 0,60
50 1365 0,93
2 0 +10° 1152 0,78
+15° 840 0,57
Tableau 6-13 - Modèle CJS. Coefficient i3 (6> 0).

Pour les trois distances relatives à la pente cl/B = 0,1,2 les valeurs de iß issues des simulations
numériques encadrent celles données dans le Fascicule 62 par excès pour le modèle CJS et
par défaut pour le modèle de Mohr-coulomb (figures 6-19, 6-20 et 6-2 1).

De plus, les modèles numériques traduisent bien l'existence d'un extremum donné par les
valeurs du Fascicule 62. Les seules valeurs expérimentales disponibles concernent un angle
6=+15° et se situent entre les valeurs du Fascicule 62 et celles obtenues avec le modèle CJS.

156
Modélisation de l'essai d'enfoncement d'une fondation superficielle Chapitre 6

1.0

0.9 -j 1f3, &O


0.8
D/B = O
d/B = O
tan f3 = 1/2
0.7
Fasc62+'
oO.6
E 0.5
-I
, --- - Simulation CJS
a-)
0.4 - - Simulation MC

0.3

0.2

0.1 L-- i8 Fasc 62


0.0
0 5 10 15 20 25 30 35 40 45 50

Angle 6>0 en degrés

Figure 6-19 - Coefficient minorateur i613 pour 6> 0 et dJB = 0.

1.0 r r

0.9
-4- SimulationCJS 1f3, >O
D/B = O
0.8 / --a--- Simulation MC
/ d/B = i
0.7 Centrifugeuse tan f3 = 1/2
cOJ

o 0.6 4 i r r

E 0.5
o
a-)
0.4
4-
4-
0.3
C.)

0.2

0.1

0.0
0 5 10 15 20 25 30 35 40 45 50

Angle 6> 0 en degrés

Figure 6-20 - Coefficient minorateur i513 pour 6 > O et d/B = 1.

157
Modélisation de l'essai d'enfoncement d'une fondation superficielle Chapitre 6

1.0 r r

0.9-"2&
/ -4 - Simulation CJS 1813, 6>0
DIB = O
0.8 'A - - Simulation MC d/B = 2
h,'» .- '-. cj Centrifugeuse tan 13 = 1/2
I-.
oO.6 ' -" \ f
E

0.4

0.3
C-)

0.2

0.1 i8 Fasc 62

0.0
0 5 10 15 20 25 30 35 40 45 50

Angle 6> 0 en degrés

Figure 6-21 - Coefficient minorateur i pour 6 > O et d/B = 2.

3.5.5. DIB =0 - Massif en pente. Charge inclinée, 6<0 (isp)

ô<0

D/B=0
tan 13 = 1/2
N

d/B e/B 6 qr (kPa) i i. i


50 448 0,30 0,28
-10° 325 0,22 0,22
-15° 243 0,16 0,17
-20° 179 0,12 -
-5° 707 0,48 0,47
1 0 -10° 522 0,35 0,37
150 410 0,28 0,29
-5° 1000 0,68 0,58
2 0 -10° 866 0,59 0,45
-15° 666 0,45 0,36
Tableau 6-14 - Modèle CJS. Coefficient i (6 < 0).

158
Modélisation de l'essai d'enfoncement d'une fondation superficielle Chapitre 6

Pour les trois valeurs de dJB=O,1,2 considérées (figures 6-22, 6-23 et 6-24), les valeurs de isi
obtenues par simulations numériques sont nettement supériéures à celles du Fascicule 62 pour
une inclinaison de la charge supérieure à 50 Elles encadrent par contre les valeurs données par
le produit (i3 . )Fasc62 calculé à partir du Fascicule 62. De plus, le tableau 6-14 montre que,
pour le modèle CJS, le produit (i3 i)cj est très proche du coefficient global (i3)cJS, sauf
pour d/B=2.

Les quelques valeurs expérimentales disponibles sont, quant à elles, assez proches des valeurs
issues des calculs numériques.

-4- Simulations CJS


i 3f3,
D/B = O
0.4 --k- Simulation MC
dIB = O
tan f3 = 1/2
c) Centrifugeuse

0.0
-30 -25 -20 -15 -10 o

Angle 3<0 en degrés

Figure 6-22 - Coefficient minorateur 3f3 pour 6 <0 et d/B = 0.

159
Modélisation de l'essai d'enfoncement d'une fondation superficielle Chapitre 6

0.8 1 r

0.7 - - - - 4 - Simulations CJS D/B = O

0.6
--h- Simulation MC d/B = i
tan 13 = 1/2
cj Centrifugeuse
;.-. 0.5 1
o
E 0.4
1)

. 0.3 I.

o
0.2 i. iFasc 62
0.1
i5Fasc 62
0.0
-30 -25 -20 -15 -10 -5 O

Angle 8< 0 en degrés

Figure 6-23 - Coefficient minorateur i8 pour 6 < 0 et dJB = 1.

1.0 1 -I

0.9
-4- Simulations CJS D/B = O
d/B = 2
0.8 --û- Simulation MC
tan (3 = 1/2 --+
o 0.6
0.7 Centrifugeuse

.7
.--
1
E 0.5

0.4
4-
C.)
0.3
- i5.iFasc62 -
0.2 1 -I

0.1
riFasc62
0.0
-30 -25 -20 -15 -10 -5 0

Angle 6< 0 en degrés

Figure 6-24 - Coefficient minorateur i pour S <0 et d/B = 2.

160
Modélisation de l'essai d'enfoncement d'une fondation superficielle Chapitre 6

3.5.6.DIB=O - Massif en pente. Charge inclinée et excentrée, 6 > O (ie)

o>o

e>0 e<O
D/B = O
tan 13 = 1/2

dJB e/B 6 qr (kPa) ie .


50 543 0,37 0,46
-1/8 +100 640 0,43 0,55
+150 590 0,40 0,44
0 50 717 0,49 0,46
+1/8 +10° 837 0,57 0,55
+150 637 0,43 0,44

Tableau 6-15 - Modèle CJS. Coefficient eo (6 >0).

Les cas de chargement complexes avec excentrement de la charge ne sont pas traités dans le
Fascicule 62. L'excentrement peut alors être pris en compte par le produit de (e)Fasc62 et de
()Fasc62 donnés par le Fascicule 62. Cette approche ne tient pas compte du signe de
l'excentrement. Ces configurations n'ont pas été testées en centrifugeuse, ni avec le modèle de
Mohr-Coulomb. Avec le modèle CJS, seul le cas d/B=O a été simulé (figure 6-25). On observe
une influence du signe de l'excentrement sur les valeurs des coefficients réducteurs:

pour efB = -1/8, le coefficient réducteur numérique (i)cjs est proche du produit (e.)Fasc62
issu du Fascicule 62;

pour eíB = +1/8, les valeurs obtenues sont nettement supérieures. Pour de faibles inclinaisons
de la charge, elles sont peu différentes du produit (e.8)Fasc62 avec dfB=1. Avec un
excentrement opposé à la pente, le modèle se comporte comme si la distance à la pente
augmentait.

161
Modélisation de l'essai d'enfoncement d'une fondation superficielle Chapitre 6

0.8

Modèle CJS
0.7 1e6f3, 6>0
DIB = O
,, 0.6
--4.- e/B=+118 d/B = O
---- e/B=-1/8 tan f3 = 1/2

0.5
o
o
E 0.4
o
.9 0.3
4-
e) 'e j5 Fasc 62
o
0.2

0.1

0.0
o 10 15 20 25 30

Angle 6> 0 en degrés

Figure 6-25 - Coefficient minorateur pour 6 > O et d/B = O.

3.5.7. DIB = O - Massif en pente. Charge inclinée et excentrée, 8 < O (ie)

6<0

e>0 e<0 DIB = O


tan f3 1/2

CESAR - modèle CJS Fascicule 62


dJB e/B 6 q (kPa) je e e
-1O 251 0,17 0,17 0,09 0,14
- 1/8
-15° 198 0,13 0,13 0,04 0,11
O
-1O 345 0,23 0,17 0,09 0,14
+ 1/8
-15° 251 0,17 0,13 0,04 0,11
Tableau 6-16 - Modèle CJS. Coefficient (6 < 0).

À partir du Fascicule 62, le coefficient réducteur de portance peut être estimé soit par
(e.)Fasc62, soit par (i.i8 )Fasc62. Les valeurs numériques et expérimentales obtenues
montrent que la seconde forme semble mieux adaptée (figures 6-26 et 6-27).
Là encore, comme le montre la figure 6-26, avec un excentrement opposé à la pente, le
modèle se comporte comme si la distance à la pente augmentait.

162
Modélisation de l'essai d'enfoncement d'une fondation superficielle Chapitre 6

0.6

1e8f3, 8<0
Modèle CJS D/B = O
0.5 r
d/B = O
-4- e/B=+1/8 tan 13 = 1/2
0.4 --o- e/B=-1/8
Q

E 0.3

Q)

'-Q) 0.2
o
C-)

0.1 ---je i8. iFasc 62


i. iFasc 62
0.0
-40 -35 -30 -25 -20 -15 -10 -5 o

Angle 6< 0 en degrés

Figure 6-26 - Coefficient minorateur pour 6 <0 et dJB = 0.

0.5 r

Simulation MC 1e 613,6<0
D/B = O
0.4
Centrifugeuse
d/B = 1
tan 13 = 1/2
Q)

o 0.3 r
Q

Q
Q)
0.2

a)
o
C)

0.0
-40 -35 -30 -25 -20 -15 -10 -5 o

Angle 8< 0 en degrés

Figure 6-27 - Coefficient minorateur i pour 6 < O et d/B = 1.

163
Modélisation de l'essai d'enfoncement d'une fondation superficielle Chapitre 6

3.5.8. DIB = 1/2 - Fondation encastrée

Cette partie présente les résultats de quelques simulations réalisées avec un encastrement
relatif D/B = 1/2.

D/B=1/2 e>O

CESAR - modèle CJS Centrifugeuse Fascicule 62


d/B c/B 6 qr (kPa) i qr (kPa) jOE

0 0 2040 1 2596. 1 1

8 1/8 0 1850 e = 0,91


2041 je0,79 le = 0,73
2404 eO,93
0 15° 1034 iö=0,51 1422 i6=0,55 i=O,54
Tableau 6-17 - Modèle CJS. Cas élémentaires pour une fondation encastrée.

e>O,ö>O
, i ,

D/B = 1/2
d/B=1
tan 3 = 1/2

CESAR - CJS Fascicule 62


d/B e/B 6 qr(kPa) ja 'a
0 1060 i = 0,52 i = 0,58 -
0 -15° 522 i = 0,26 i = 0,26 iö . i = 0,31
1 +15° 1430 i=0,70 i=0,54 -
1/8 0 850 i1 = 0,42 e i = 0,42 -
+1/8 0 1010 j = 0,49 e = 0,42 -

Tableau 6-18 - Modèle CJS. Cas complexes. Fondation encastrée.

Les résultats sont récapitulés dans les tableaux 6-17 et 6-18. Le premier constat est que, pour
le cas de référence, la simulation avec le modèle CJS conduit à une contrainte de rupture
nettement plus faible que le résultat expérimental. On peut cependant remarquer que l'écart

164
Modélisation de l'essai d'enfoncement d'une fondation superficielle Chapitre 6

constaté est du même ordre de grandeur que la différence mesurée pour les deux essais
expérimentaux réalisés dans les mêmes conditions pour eIB = +1/8.

Par contre, les valeurs des coefficients réducteurs obtenues par les différentes approches
(numérique, expérimentale et Fascicule 62) sont dans l'ensemble assez proches. Pour aller
plus loin dans l'analyse, il faudrait disposer de résultats expérimentaux complémentaires.

3.6. Conclusions

L'analyse des résultats des simulations réalisées avec le modèle de comportement CJS, et leur
comparaison avec d'une part, les simulations utilisant le modèle de Mohr-Coulomb et, d'autre
part, les résultats des essais expérimentaux, permettent de tirer un certain nombre de
conclusions sur les valeurs des différents coefficients de réductions de portance. Il faut noter
que la présente étude se limite au cas d'un sol non cohérent.

3.6.1. Considérations générales

Les tendances générales (figure 6-28) dans les ordres de grandeur des valeurs des coefficients
réducteur obtenus par les différentes approches, sans rentrer dans le détail de certains cas
particulier, sont les suivantes:

l'ensemble des valeurs obtenues au cours de la campagne d'essai en centrifugeuse


considérée [MAR 1999] sont supérieures aux valeurs issues des textes réglementaires
actuels, à savoir le DTU 13.2 (uniquement pour un massif horizontal) et le Fascicule 62.
Or, les valeurs des coefficients réducteurs proposées dans le Fascicule 62 et liées à la
présence d'une pente, sont issues des travaux de Bakir [BAK 1994] et résultent pour
l'essentiel d'une campagne d'essais réalisés en centrifugeuse. Ce qui pose le problème de la
validité des règles empiriques basées sur un petit nombre de résultats expérimentaux;

les simulations numériques réalisées avec les deux lois de comportement CJS et Mohr-
Coulomb conduisent à des valeurs presque systématiquement décalées : celles obtenues
avec le modèle CJS sont dans leur grande majorité proches des valeurs expérimentales.
Elles sont donc aussi supérieures à celles issues du Fascicule 62. Par contre, le modèle de
Mohr-Coulomb conduit à des valeurs assez nettement inférieures aux résultats
expérimentaux mais assez proches, voire inférieures, à celles du Fascicule 62. Le modèle
CJS dont les paramètres ont été calés sur l'expérience traduit assez fidèlement dans leur
globalité les résultats obtenus en centrifugeuse au cours de cette campagne d'essais.

165
Modélisation de l'essai d'enfoncement d'une fondation superficielle Chapitre 6

L
1a Essais en Modèle Modèle de
centrifugeuse CJS Mohr-Coulomb

Fascicule 62
- (référence)

Figure 6-28 - Tendances générales des valeurs des coefficients réducteurs.

3.6.2. Valeurs des différents coefficients réducteurs

Cette étude comparative tend à confirmer les règles du Fascicule 62 pour un certain nombre
de configurations de chargement, mais les règles actuelles semblent perfectibles pour certains
cas complexes. De plus, certaines combinaisons de chargement ne sont pas envisagées dans le
Fascicule 62. Notamment, le cas d'un excentrement de la charge combiné avec un ou plusieurs
autres paramètres (pente, inclinaison) n'est pas explicitement traité, pas plus que l'influence du
signe de l'excentrement.

Le tableau 6-19 présente une synthèse des résultats expérimentaux et numériques analysés.
Les valeurs des coefficients réducteurs qui semblent correctes au vu des résultats de cette
étude sont explicitées. Cette synthèse reprend largement les conclusions établies par O.
Maréchal. Certaines configurations complexes nécessiteraient à l'évidence une étude
approfondie.

Coefficient Règles actuelles Synthèse des résultats


réducteur expérimentaux et numériques
Valeurs les plus acceptables
DTU - Fasc.62 (e)Fasc62 = 1-2efB
DTU - Fasc.62 (6)Fasc62
j Fasc.62 ()Bakir (Valeurs de Bakir)
- (ie . )Fasc62 (e>O et e<O)
Fasc.62 (iö . í)Fasc62
1613
Fasc.62 (1613)Fasc62

ì<O e>O - ?
e<O - (i . j8. 13)Fasc62
1e813
6>0 e>O -
e<O - (ie . l813)Fascó2

Tableau 6-19 - Synthèse des résultats.

166
Modélisation de l'essai d'enfoncement d'une fondation superficielle Chapitre 6

4. Essais pressiométriques et essais d'enfoncement de fondation

4.1. Présentation des résultats


La modélisation numérique d'un essai pressiométrique et celle d'un essai d'enfoncement de
fondation ont été traitées séparément. À ce stade de l'étude, il devient nécessaire de rapprocher
les résultats de ces deux approches. Il convient en effet de vérifier si les résultats des
simulations sont en accord avec la formule de base (fondation non encastrée sur un massif à
surface horizontale, charge verticale centrée) du Fascicule 62 issue des règles
pressiométriques (cf. Chapitre 1.2.2.2, Chapitre 6.1.1), et qui donne la contrainte de rupture
sous la fondation en fonction de la pression limite conventionnelle p*,e:

* 2
q_qo=kppj(z) avec z=D+--B [6-9]

Dans le cas d'une fondation filante, les valeurs du facteur de portance expérimental k issues
du Fascicule 62 sont rappelées dans le tableau 6-20.

Type de sol a k
A lâche 0,25
Sable B moyennement compact 0,35
k = 1.[1+O6a]
C compact 0,50
A molle 0,35
Argile B ferme 0,50
k = 08[1+06(a)-]
C très ferme à dures 0,80
Tableau 6-20 - Facteur de portance expérimental k.

À partir des différentes simulations de chargement d'une fondation réalisées précédemment,


un facteur de portance numérique (kp)num est calculé par [6-9] et comparé aux valeurs issues
du Fascicule 62, (kp)Fasc62. Les essais pressiométriques correspondant aux différents cas
doivent être réalisés à une profondeur z = D + 2/3 B, D étant la hauteur d'encastrement de la
fondation et B sa largeur. L'état de contrainte initial à prendre en compte et correspondant à la
profondeur z, est calculé à partir de simulations numériques du tassement d'un massif
horizontal sous son poids propre. Les capacités portantes sont définies comme la contrainte
moyenne verticale sous la fondation correspondant à un tassement relatif s/B = 10%.

Les résultats rassemblés dans le tableau 6-21 montrent que les valeurs de (kp)num sont
fortement surestimées par rapport au (kp)Fascú2 du Fascicule 62, dans un rapport compris entre
3 et 4,5.

167
Modélisation de l'essai d'enfoncement d'une fondation superficielle Chapitre 6

Jeu de B D D+(2/3)B qp-qo (kp)num (kp)Fasc62


paramètres (10%) [D+(2/3)B]
CJS (m) (m) (m) (kPa) (kPa) numérique Fasc. 62
[CJS-AJ 2 0 1,33 1640 466 3,5 1

iif=11,8° 4 0 2,65 1900 638 3 1

[CJS-B] 2 0 1,33 1370 360 3,8 1

c= 14° 2 1 2,33 1700 395 4,3 1,15


[CJS-BJ
2 0 1,33 950 210 4,5 1
Wtr3,3
Tableau 6-21 - Modèle CJS - Estimation numérique du facteur de portance.

Les simulations réalisées avec le jeu de paramètres [CJS-B] pour deux valeurs de l'angle de
dilatance iii=14° et iji=3,3°, montrent que la capacité portante de la fondation dépend de la
valeur de i. Avec un modèle élastique parfaitement plastique et le critère de rupture de Mohr-
Coulomb, cette influence de la dilatance n'est pas mise en évidence [MES 1994].

Les courbes d'enfoncement de fondation et d'expansion de la sonde pressiométrique sont


représentées sur les figures 6-29 et 6-30 pour ces deux valeurs de l'angle de dilatance. 11
apparaît que la capacité portante de la fondation et la valeur de la pression limite dépendent
fortemeni de la valeur de l'angle de dilatance : pour les deux essais, une diminution de l'angle
de dilatance entraîne une diminution des valeurs obtenues à la rupture.

Ce résultat apporte un argument intéressant pour l'utilisation des règles pressiométriques. En


effet, il semble plus physique de relier la capacité portante à la pression limite qui intègre le
phénomène de dilatance plutôt que de la relier au seul angle de frottement (comme dans
l'approche classique basée sur la théorie de la plasticité parfaite).

168
Modélisation de l'essai d'enfoncement d'une fondation superficielle Chapitre 6

Modèle CJS
-t
Paramètres [CJS- B]
- I I J

I I I

7 I T I

I I t I

I I I I

I I t
I t t I t

I I t I t

o t I I I

t I I I I

I I t I

I I I I I

I I I t t

0)8 I t t

I
t

t
I t

s10 I
I

I
I
I

t
I

I
I

.4-. I I t I t

I t t I I

Q) t I t t

E12 t

t
I

I
t
I
t I

cl) t I I I I

CI) I I I I t

cl) t I t

iij=t14°
I I

I I t I

I 14 t t t t
t
I

H1f=33°
16

18

I i t ¡
20
0 300 600 900 1200 1500 1800
Contrainte moyenne verticale q, (kPa)

Figure 6-29 - Influence de l'angle de dilatance sur un essai d'enfoncement de fondation.

169
Modélisation de l'essai d'enfoncement d'une fondation superficielle Chapitre 6

50
A
3,30 ii= 14°
j=
4k

41% 1k

40
1k

1k

L
30

L L L
20

JA

IA

IA

IA
Modèle CJS
lo L JA
JA Paramètres [CJS- B]
IA
IA
LA
IA
(A
Profondeur z = i ,33m

o loo 200 300 400 500

PPo (kPa)

Figure 6-30 - Influence de l'angle de dilatance sur un essai pressiométrique.

170
Modélisation de l'essai d'enfoncement d'une fondation superficielle Chapitre 6

4.2. Analyse des résultats

Les simulations numériques réalisées avec le modèle CJS ne permettent donc pas de retrouver
les ordres de grandeur du coefficient de portance expérimental k donnés par le Fascicule 62.
L'analyse des causes conduisant aux écarts importants constatés, qui n'a pas été menée dans le
cadre de cette étude, pourrait concerner les points suivants

l'étude des modalités d'établissement des règles pressiométriques actuelles et, notamment:
les conditions de réalisation et le nombre des résultats expérimentaux utilisés, la méthode
d'estimation des charges de rupture des fondations (critère de rupture retenu) et en
particulier la prise en compte de déformations différées, l'établissement des profils
pressiométriques (méthode d'interpolation retenue), les caractéristiques des sols
considérés;

l'étude détaillée des conditions de réalisation des simulations numériques et de l'influence


de divers facteurs dont : les caractéristiques des sols modélisés (dilatance), les lois de
comportement utilisées et les chemins de contrainte suivis, l'état de contrainte initial dans
le massif de sol (valeur de K0).

171
Modélisation de l'essai d'enfoncement d'une fondation superficielle Chapitre 6

172
Conclusions

1. Principaux résultats

Les principaux résultats issus de cette étude numérique de l'influence de la présence d'une
pente sur la capacité portante des fondations superficielles et les résultats d'essais
pressiométriques sont les suivants:

les simulations numériques réalisées permettent de traduire l'influence de Phistorique des


sollicitations subies par un sol sur son comportement. L'état initial à considérer dans le
cadre de la modélisation d'un problème géotechnique doit donc être clairement défini et
prendre en compte l'histoire des sollicitations. Pour les matériaux sensibles au phénomène
de surconsolidation, cette histoire du chargement peut avoir une influence très importante
sur son comportement ultérieur. Il faut toutefois noter que la modélisation correcte du
comportement des sols dans le domaine surconsolidé est délicate. La modélisation utilisée
dans cette étude, qui prend en compte un comportement purement élastique linéaire, ne
permet pas de traduire ce phénomène de manière réaliste. Les résultats concernant la
surconsolidation ne permettent donc d'obtenir que des informations qualitatives;

pour l'essai pressiométrique, les simulations réalisées montrent que pour des sols
normalement consolidés l'influence de la présence de la pente peut se traduire
simplement:

pour un essai dans la pente (figure 31), si H est la distance verticale séparant la position de
réalisation de l'essai à la surface libre du massif, la pression limite obtenue est peu
différente de celle correspondant à l'essai réalisé à la profondeur H au sein d'un massif à
surface horizontale.

Figure 31 - Influence de la pente sur un essai pressiométrique.

concernant les essais d'enfoncement de fondation sur une pente, le modèle CJS a montré
une bonne capacité à reproduire des essais expérimentaux réalisés en centrifugeuse. Cette
étude a permis de confirmer les valeurs de majorité des coefficients réducteurs Pour
certains chargement complexes, non traités dans les règles actuelles, des formulations ont
été proposées pour les coefficients réducteurs.

173
2. Perspectives

L'ensemble de cette étude repose sur un certain nombre d'hypothèses et sa portée est limitée
par les choix retenus pour les configurations étudiées, les lois de comportement et les
caractéristiques des sols. Dans le cadre des sujets abordés, de nombreuses perspectives
d'approfondissement peuvent donc être envisagées:

Concernant l'essai pressiométrique:

vérification de l'hypothèse supposée de déformation plane du massif en pente en trois


dimensions (expérimentale, numérique);
essais expérimeñtaux dans une pente et comparaison avec des simulations numériques;
compléments de l'étude numérique (angle de la pente, position de l'essai, loi de
comportement, types de sols modélisés);
proposer des règles de calcul de la pression limite dans la pente en fonction des
différents paramètres (géométrie, type de sol);
calculs en grandes déformations, comportement à court terme;

Concernant les fondations superficielles:

compléments de l'étude numérique des coefficients réducteurs;


analyse de la cinématique de la fondation à la rupture (déplacements, rotations);
analyse détaillée des valeurs du facteur de portance numérique k pour un massif
horizontal;
effetdeladilatance;
comparaison avec les résultats pressiométriques réalisés dans une pente.

174
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dernière page de la thèse

AUTORISATION DE SOUTENANCE

Vu les dispositions de l'arrêté du 30 Mars 1992,

Vu la demande du Directeur de Thèse

Monsieur B. CAMBOU

et les rapports de

Monsieur M. BOULON
Professeur - Laboratoire 3S - BP 53 - 38041 GRENOBLE Cedex 9

et de

Monsieur P.Y. HICHER


Professeur - Laboratoire de Génie Civil de Nantes Saint Nazaire - Ecole Centrale de Nantes - 1, rue de la
Noé - 44072 NANTES Cedex 03

Monsieur BORNAREL Bruno

est autorisé à soutenir une thèse pour l'obtention du grade de DOCTEUR

Spécialité: Génie Civil

Fait à Ecully, le 9juin 1999

Le Directeur

Pour! Dki1
Le Direct úAdj
E. PASCAUD
Résume

Dans les règles actuellement appliquées en France, deux méthodes coexistent pour le
calcul de la capacité portante des fondations superficielles. La première est basée sur
l'application de la théorie de la plasticité parfaite. La seconde, empirique, repose sur
l'utilisation des résultats d'essais pressiométriques. Pour les deux méthodes, les configurations
complexes (inclinaison etlou excentrement de la charge, présence d'une pente) sont traitées
par l'intermédiaire de coefficients réducteurs appliqués aux formules de référence donnant la
capacité portante d'une fondation établie sur un massif horizontal et soumise à une charge
verticale centrée.

La présente étude a pour objet l'analyse de la méthode pressiométrique dans le cas


d'une fondation superficielle filante établie à proximité d'une pente. Elle est réalisée à partir
d'une approche numérique, en utilisant un code de calcul aux éléments finis. Le comportement
du massif de sol est modélisé par deux lois de comportement élasto-plastiques avec
écrouissage: le modèle CJS pour les sols granulaires et le modèle Cam-Clay modifié pour les
sols fins.

L'étude se décompose en trois parties: dans la première, l'état de contrainte initial au


sein d'un massif en pente est analysé, en prenant en compte différentes histoires de
sollicitations. Elle met en évidence l'importance de cette histoire sur l'état final obtenu. La
deuxième partie concerne la simulation d'un essai pressiométrique réalisé dans une pente. Les
résultats sont analysés en étudiant l'influence de la position de réalisation de l'essai et de l'état
initial considéré. La troisième partie concerne la modélisation de l'essai d'enfoncement d'une
fondation superficielle située à proximité d'une pente. Après l'étude de l'influence de l'état de
contrainte initial sur la réponse du modèle, les essais réalisés lors d'une campagne d'essai en
centrifugeuse sont simulés, en utilisant la loi de comportement CJS. Les résultats obtenus sont
interprétés en terme de coefficients réducteurs et comparés aux règles en vigueur. Enfin, un
rapprochement et une synthèse de tous les résultats obtenus sont proposés.

Mots clés : fondations superficielles, capacité portante, pente, pressiomètre, éléments finis,
simulations numériques, lois de comportement, contraintes initiales.

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