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Guinée Equatoriale

Pour mauvais rendement, le gouvernement démissionne

C’est devant les écrans de la télévision nationale que lé désormais ancien


Premier ministre équato-gunéen, Ricardo Mangué Obnama Nfubea a
présenté vendredi dernier, la démission de son gouvernement. Aux yeux
du président Obiang Nguema, ce gouvernement n’a pas été à la hauteur.

Par Kadje Kamga

C’est un fait très rare dans les démocraties africaines pour qu’on ne le
remarque pas: La démission d’un gouvernement pour des raisons
d’inefficacité. Ricardo Mangue Obnama Nfubea a pris à bras le corps son
courage pour reconnaître ses limites dans l’exercice de ses fonctions et la
gestion des affaires en tant que Premier ministre de Guinée Equatoriale. Il
ne s’est pas retiré tout seul, mais son gouvernement avec. De son côté, le
président Obiang Nguema a accepté la démission, en qualifiant ledit
gouvernement d’un « des pires jamais formés. » Dans les chancelleries
africaines, on se demande bien ce qui explique une telle défection. Pour
l’ex-Pm cependant, il est clair que les missions assignées par le chef de
l’Etat n’ont pas été atteintes. Et il l’a avoué à mots découverts : « Nous
n'avons pas pu atteindre tous les souhaits de son excellence le président
de la République, de faire de notre pays, un pays développé et
prospère. » Bien avant cela, présentant sa démission, il a dû clarifier son
acte: « Par impératif constitutionnel (...) j'ai décidé de présenter ma
démission comme Premier ministre chef du gouvernement et de celle de
mon équipe gouvernementale, avec un esprit civique et le privilège
d'avoir servi le peuple (...) sous les directives de son excellence le
président de la République » Voici, qui explique la réaction acerbe du chef
de l’Etat Equato-guinéen. Il a eu des mots très durs à l’endroit d’une
équipe gouvernementale qui « n'a pas travaillé comme elle devait le
faire », et ne présentant pas à la face du monde son véritable visage. Ceci
est un peu surprenant pour ceux qui savent que ce pays de un million
d’habitants est le troisième producteur de pétrole en Afrique, après le
Nigeria et l’Angola.

Inefficacité et prise de conscience

Certains membres du gouvernement démissionnaire, ont été mêlés à des


affaires de corruption, et d’autres à des tentatives de coup d’Etat comme
celle menée par le mercenaire britannique Simon Mann en 2004. Celui-ci a
d’ailleurs écopé de trente quatre ans d’emprisonnement ferme.
Le gouvernement Mangue, en place depuis août 2006 avait remplacé un
autre gouvernement démissionnaire. Obiang Nguema à l’époque avait
vivement critiqué l’équipe sortante, l’accusant de « corruption »,’
«d’ignorance», « d’irrégularités » et de « mauvaise gestion. »
Manifestement, l’équipe appelée à la rescousse, n’a guère mieux fait, alors
que Obiang Nguema avait tonné : « S'il faut changer de gouvernement, on
change tout le gouvernement. »
Mais quels enseignements les autres gouvernements d’Afrique peuvent-ils
tirer d’une telle situation ? Le tableau que présente certains
gouvernements en Afrique est celui du rallye vers la longévité au poste. A
titre d’exemple, on ne peut s’empêcher de lorgner du côté du
gouvernement d’Ephraim Inoni qui date de septembre 2007. Qu’attend
donc le Pm pour rendre son tablier ? Le chef de l’Etat Paul Biya a plusieurs
fois dit sa déception d’avoir une équipe qui ne fait qu’à sa tête, ignorant la
feuille de route gouvernementale. Une équipe qui a lamentablement
échoué, mais qui tient à se maintenir en place, espérant être reconduit. Le
remaniement au Cameroun est imminent. Mais Inoni aurait pu sauver la
face, en démissionnant tout simplement de son poste, en reconnaissant et
en assumant son échec, sans attendre la douche froide que l’homme
d’Etoudi réserve souvent à ses ministres. C’est cela aussi, il nous semble,
entrer dans le giron des hommes politiques qui savent quitter les affaires
avant que…
KK

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