Professional Documents
Culture Documents
LIL232
Module Handout
By Jean-Jacques Paradissis
FRENCH LAW ioannis@paradissis.com
Objectives
This module builds on the 1st semester of French Law. Understanding the substance and
principles of the most important issues related to public and private law in France, is the
primary objective of the module. Students also develop their ability to work with French
legal terminology. Students learn to critically identify legal issues when reading articles
published in the national press.
Assessment Criteria
A Content
1. Identification of Issues
Students should demonstrate the ability to identify the legal issues raised by the
title.
2. Research
Students should demonstrate the ability to analyse the relevant law, recognising
gaps and inconsistencies, and to apply it to the issues raised by the title.
2
FRENCH LAW ioannis@paradissis.com
5. Conclusions
1. Structure
2. Clarity of expression
3. Conciseness
4. Grammar, Spelling and Punctuation
5. Legibility
The assessment strategy is designed to discover whether the student has: understood the
main principles of French law and relevant legal terminology; undertaken the required
reading; and developed a critical awareness of the central tensions in the area.
Content
THEMES :
3
FRENCH LAW ioannis@paradissis.com
Pattern of Delivery
Methods of Teaching/Learning
The method of teaching is by seminars only. The seminars will start by introducing the
students to the subject areas and provide an overview to enable students to understand the
basic principles and underlying concepts. Then, students will be asked to make a
presentation. Students will be provided with signposts to background and supplementary
reading. During seminars ALL students will be expected to demonstrate they have
researched the topic area and to apply that research to discuss given legal problems.
Students will be expected to present logical arguments founded on legal authorities. Their
ability to challenge the propositions of others and to respond to challenges to their own
will be monitored and developed. The teaching and learning strategy is designed to
stimulate private study using derivative and original sources, both paper based and
electronic and to develop an understanding and critical awareness of the essential
principles and underlying philosophies and values of the French legal system.
Selected Texts/Journals
EXPECTED PURCHASE
John Bell, Sophie Boyron, Simon Whittaker, Principles of French Law, Oxford University
Press, 1998 (£34.99).
4
FRENCH LAW ioannis@paradissis.com
Andrew West, The French legal system, Butterworths, 2nd ed. 1998 (£21.95).
Robert Mckeon, Walter Cairns, Introduction to French Law, Cavendish Publishing, 1995
(£24.00).
Christian Dadomo, Susan Farran, French Substantive Law, Sweet & Maxwell, 1996
(£23.95).
Governmental database of
Senate http://www.senat.fr/
NB : All extracts of court decisions & extracts from the Civil Code reproduced herein have been taken from
http://www.legifrance.gouv.fr , except for articles 516 to 624 of the Code Civil which have been reproduced from
http://perso.wanadoo.fr/gd.melison/index.htm
The law is current as of October 2004. You are advised to always check for any amendments using the French
Governmental database of legal texts http://www.legifrance.gouv.fr
5
FRENCH LAW j.paradissis@surrey.ac.uk
THEME 1 : L’ ORGANISATION DE LA
JUSTICE EN FRANCE
L'ordre judiciaire
Premier Jugement
Juridictions civiles Juridictions pénales Juridictions spécialisées
6
FRENCH LAW j.paradissis@surrey.ac.uk
Appel
COUR D'APPEL
Contrôle (Pourvoi)
COUR DE CASSATION
Cette Cour ne rejuge pas l'affaire mais elle vérifie si les lois ont été correctement
appliquées par les tribunaux et les cours d'appel. Elle est située à Paris.
7
FRENCH LAW j.paradissis@surrey.ac.uk
L'ordre administratif
1er Jugement
TRIBUNAL ADMINISTRATIF
Exemples : refus de permis de construire, contestation d'un plan d'occupation des sols ou du
tracé d'une autoroute, expropriation, demande de réparation des dommages causés par
l'activité des services publics, refus de titre de séjour, expulsion d'un étranger, contestations
relatives aux impôts directs et à leur recouvrement, litiges relatifs aux marchés publics...
JURIDICTIONS SPECIALISEES :
Appel
8
FRENCH LAW j.paradissis@surrey.ac.uk
Si l'une des parties n'est pas satisfaite du permier jugement, elle peut faire appel. La
Cour administrative d'appel réexamine alors l'affaire déjà jugée.
Contrôle
CONSEIL D'ETAT
Il vérifie que les Cours administratives d'appel ont correctement appliqué la loi. Il
statue directement sur certaines affaires concernant les décisions les plus
importantes des autorités de l'État. Pour certaines affaires (rares), il est juge d'appel.
Il est situé à Paris, au Palais Royal.
- lorsque les tribunaux de l'ordre administratif et judiciaire ont pris sur la même affaire des
décisions contradictoires.
Les membres du tribunal des conflits sont nommés pour 3 ans. C'est le ministre de la Justice qui préside
le tribunal. Dans la pratique cependant, c'est le vice-président, élu par le tribunal qui assure la présidence.
le ministre de la Justice ne vient présider qu'en cas de partage égal des voix au sein du tribunal.
Source: Ministère de la Justice
http://www.justice.gouv.fr/justorg/justorg.htm
9
FRENCH LAW j.paradissis@surrey.ac.uk
10
FRENCH LAW j.paradissis@surrey.ac.uk
contractants d'organiser leur système judiciaire de telle sorte que leurs juridictions puissent garantir à chacun le
droit d'obtenir une décision définitive sur les contestations relatives à ses droits et obligations de caractère civil dans
un délai raisonnable (Vocaturo c. Italie, arrêt du 24 mai 1991, série A no 206-C, p. 32, § 17).
La Cour relève des périodes d'inactivité imputables aux juridictions internes. Il s'écoula une année entre la saisine
du tribunal de grande instance et la première ordonnance d'expertise ; il s'écoula ensuite sept mois entre
l'ordonnance d'opérations complémentaires et la désignation d'un expert chargé de les conduire ; ce n'est que dix
mois après le dépôt des conclusions par les parties que le tribunal de grande instance ordonna, le 16 janvier 1991,
une nouvelle expertise. Finalement, il n'a adressé aucun rappel à l'expert et n'a pris aucune ordonnance lui
enjoignant de conclure, alors que cette expertise a duré plus de deux ans et huit mois. Concernant la Cour de
cassation, la Cour relève qu'il s'est écoulé dix mois entre la désignation du conseiller rapporteur et le dépôt de son
rapport.
31. A la lumière de ce qui précède, et compte tenu de l'enjeu du litige pour le requérant, la Cour estime que les
juridictions internes n'ont pas agi avec la diligence particulière requise par l'article 6 § 1 de la Convention en pareil
cas.
32. Dans ces circonstances, la Cour conclut à une violation de l'article 6 § 1 de la Convention.
II. SUR L'APPLICATION DE L'ARTICLE 41 DE LA CONVENTION
33. Aux termes de l'article 41 de la Convention,
« Si la Cour déclare qu'il y a eu violation de la Convention ou de ses Protocoles, et si le droit interne de la Haute
Partie contractante ne permet d'effacer qu'imparfaitement les conséquences de cette violation, la Cour accorde à la
partie lésée, s'il y a lieu, une satisfaction équitable. »
A. Dommage
[...]
37. La Cour estime que le prolongement de la procédure au-delà du « délai raisonnable » a causé au requérant un
préjudice moral justifiant l'octroi d'une indemnité. Statuant en équité, comme le veut l'article 41, elle lui alloue à ce
titre 4 000 EUR.
11
FRENCH LAW j.paradissis@surrey.ac.uk
I - Les communes
12
FRENCH LAW j.paradissis@surrey.ac.uk
Depuis la loi du 31 décembre 1982 (loi PLM), les trois plus grandes villes
françaises, Paris, Lyon et Marseille, sont dotées d'un statut particulier, qui se
traduit par un découpage de la commune en secteurs (correspondant à Paris
aux arrondissements).
La coopération intercommunale.
II - Les départements
13
FRENCH LAW j.paradissis@surrey.ac.uk
Son budget est alimenté, en plus des impôts directs locaux et des
subventions de l'État, par les ressources tirées du produit de la vignette et
des droits d'enregistrement.
Ses ressources fiscales spécifiques sont constituées par les taxes sur les
cartes grises et les permis de conduire.
14
FRENCH LAW j.paradissis@surrey.ac.uk
Toutefois, leur autonomie financière reste limitée car elles n'ont pas le
pouvoir de créer leurs propres impôts et une grande part de leurs ressources
est constituée de subventions étatiques.
CONSTITUTION DE 1958
1
Loi constitutionnelle n° 2003-276 du 28 mars 2003, article 5. Ancienne rédaction :
Les collectivités territoriales de la République sont les communes, les départements, les territoires d’outre-mer. Toute autre
collectivité territoriale est créée par la loi.
Ces collectivités s’administrent librement par des conseils élus et dans les conditions prévues par la loi.
Dans les départements et les territoires, le délégué du Gouvernement a la charge des intérêts nationaux, du contrôle administratif
et du respect des lois.
15
FRENCH LAW j.paradissis@surrey.ac.uk
Aucune collectivité territoriale ne peut exercer une tutelle sur une autre. Cependant, lorsque l'exercice
d'une compétence nécessite le concours de plusieurs collectivités territoriales, la loi peut autoriser l'une d'entre elles
ou un de leurs groupements à organiser les modalités de leur action commune.
Dans les collectivités territoriales de la République, le représentant de l'Etat, représentant de chacun des
membres du Gouvernement, a la charge des intérêts nationaux, du contrôle administratif et du respect des lois.
Article 72-1.2 -
La loi fixe les conditions dans lesquelles les électeurs de chaque collectivité territoriale peuvent, par
l'exercice du droit de pétition, demander l'inscription à l'ordre du jour de l'assemblée délibérante de cette collectivité
d'une question relevant de sa compétence.
Dans les conditions prévues par la loi organique, les projets de délibération ou d'acte relevant de la
compétence d'une collectivité territoriale peuvent, à son initiative, être soumis, par la voie du référendum, à la
décision des électeurs de cette collectivité.
Lorsqu'il est envisagé de créer une collectivité territoriale dotée d'un statut particulier ou de modifier son
organisation, il peut être décidé par la loi de consulter les électeurs inscrits dans les collectivités intéressées. La
modification des limites des collectivités territoriales peut également donner lieu à la consultation des électeurs
dans les conditions prévues par la loi.
Article 72-2.3 -
Les collectivités territoriales bénéficient de ressources dont elles peuvent disposer librement dans les
conditions fixées par la loi.
Elles peuvent recevoir tout ou partie du produit des impositions de toutes natures. La loi peut les autoriser
à en fixer l'assiette et le taux dans les limites qu'elle détermine.
Les recettes fiscales et les autres ressources propres des collectivités territoriales représentent, pour chaque
catégorie de collectivités, une part déterminante de l'ensemble de leurs ressources. La loi organique fixe les
conditions dans lesquelles cette règle est mise en oeuvre.
Tout transfert de compétences entre l'Etat et les collectivités territoriales s'accompagne de l'attribution de
ressources équivalentes à celles qui étaient consacrées à leur exercice. Toute création ou extension de compétences
ayant pour conséquence d'augmenter les dépenses des collectivités territoriales est accompagnée de ressources
déterminées par la loi.
La loi prévoit des dispositifs de péréquation destinés à favoriser l'égalité entre les collectivités
territoriales."
Article 72-3.4 -
La République reconnaît, au sein du peuple français, les populations d'outre-mer, dans un idéal commun de
liberté, d'égalité et de fraternité.
La Guadeloupe, la Guyane, la Martinique, La Réunion, Mayotte, Saint-Pierre-et-Miquelon, les îles Wallis
et Futuna et la Polynésie française sont régis par l'article 73 pour les départements et les régions d'outre-mer, et pour
les collectivités territoriales créées en application du dernier alinéa de l'article 73, et par l'article 74 pour les autres
collectivités.
Le statut de la Nouvelle-Calédonie est régi par le titre XIII.
La loi détermine le régime législatif et l'organisation particulière des Terres australes et antarctiques
françaises.
Article 72-4.5 -
Aucun changement, pour tout ou partie de l'une des collectivités mentionnées au deuxième alinéa de
l'article 72-3, de l'un vers l'autre des régimes prévus par les articles 73 et 74, ne peut intervenir sans que le
consentement des électeurs de la collectivité ou de la partie de collectivité intéressée ait été préalablement recueilli
dans les conditions prévues à l'alinéa suivant. Ce changement de régime est décidé par une loi organique.
Le Président de la République, sur proposition du Gouvernement pendant la durée des sessions ou sur
proposition conjointe des deux assemblées, publiées au Journal officiel, peut décider de consulter les électeurs d'une
collectivité territoriale située outre-mer sur une question relative à son organisation, à ses compétences ou à son
régime législatif. Lorsque la consultation porte sur un changement prévu à l'alinéa précédent et est organisée sur
proposition du Gouvernement, celui-ci fait, devant chaque assemblée, une déclaration qui est suivie d'un débat.
2
Loi constitutionnelle n° 2003-276 du 28 mars 2003, article 6
3
Loi constitutionnelle n° 2003-276 du 28 mars 2003, article 7
4
Loi constitutionnelle n° 2003-276 du 28 mars 2003, article 8
5
Loi constitutionnelle n° 2003-276 du 28 mars 2003, article 8
16
FRENCH LAW j.paradissis@surrey.ac.uk
Article 73.6 -
Dans les départements et les régions d'outre-mer, les lois et règlements sont applicables de plein droit. Ils
peuvent faire l'objet d'adaptations tenant aux caractéristiques et contraintes particulières de ces collectivités.
Ces adaptations peuvent être décidées par ces collectivités dans les matières où s'exercent leurs
compétences et si elles y ont été habilitées par la loi.
Par dérogation au premier alinéa et pour tenir compte de leurs spécificités, les collectivités régies par le
présent article peuvent être habilitées par la loi à fixer elles-mêmes les règles applicables sur leur territoire, dans un
nombre limité de matières pouvant relever du domaine de la loi.
Ces règles ne peuvent porter sur la nationalité, les droits civiques, les garanties des libertés publiques, l'état
et la capacité des personnes, l'organisation de la justice, le droit pénal, la procédure pénale, la politique étrangère, la
défense, la sécurité et l'ordre publics, la monnaie, le crédit et les changes, ainsi que le droit électoral. Cette
énumération pourra être précisée et complétée par une loi organique.
La disposition prévue aux deux précédents alinéas n'est pas applicable au département et à la région de La
Réunion.
Les habilitations prévues aux deuxième et troisième alinéas sont décidées, à la demande de la collectivité
concernée, dans les conditions et sous les réserves prévues par une loi organique. Elles ne peuvent intervenir
lorsque sont en cause les conditions essentielles d'exercice d'une liberté publique ou d'un droit
constitutionnellement garanti.
La création par la loi d'une collectivité se substituant à un département et une région d'outre-mer ou
l'institution d'une assemblée délibérante unique pour ces deux collectivités ne peut intervenir sans qu'ait été
recueilli, selon les formes prévues au second alinéa de l'article 72-4, le consentement des électeurs inscrits dans le
ressort de ces collectivités.
Article 74 7. -
Les collectivités d'outre-mer régies par le présent article ont un statut qui tient compte des intérêts propres
de chacune d'elles au sein de la République.
Ce statut est défini par une loi organique, adoptée après avis de l'assemblée délibérante, qui fixe :
- les conditions dans lesquelles les lois et règlements y sont applicables ;
- les compétences de cette collectivité ; sous réserve de celles déjà exercées par elle, le transfert de
compétences de l'Etat ne peut porter sur les matières énumérées au quatrième alinéa de l'article 73, précisées et
complétées, le cas échéant, par la loi organique ;
- les règles d'organisation et de fonctionnement des institutions de la collectivité et le régime électoral de
son assemblée délibérante ;
- les conditions dans lesquelles ses institutions sont consultées sur les projets et propositions de loi et les
projets d'ordonnance ou de décret comportant des dispositions particulières à la collectivité, ainsi que sur la
ratification ou l'approbation d'engagements internationaux conclus dans les matières relevant de sa compétence.
La loi organique peut également déterminer, pour celles de ces collectivités qui sont dotées de l'autonomie,
les conditions dans lesquelles :
- le Conseil d'Etat exerce un contrôle juridictionnel spécifique sur certaines catégories d'actes de
l'assemblée délibérante intervenant au titre des compétences qu'elle exerce dans le domaine de la loi ;
- l'assemblée délibérante peut modifier une loi promulguée postérieurement à l'entrée en vigueur du statut
de la collectivité, lorsque le Conseil constitutionnel, saisi notamment par les autorités de la collectivité, a constaté
que la loi était intervenue dans le domaine de compétence de cette collectivité ;
6
Loi constitutionnelle n° 2003-276 du 28 mars 2003, article 9. Ancienne rédaction :
Le régime législatif et l’organisation administrative des départements d’outre-mer peuvent faire l’objet
de mesures d’adaptation nécessitées par leur situation particulière.
7
Loi constitutionnelle n° 2003-276 du 28 mars 2003, article 10. Ancienne rédaction :
Les territoires d’outre-mer de la République ont une organisation particulière tenant compte de leurs intérêts
propres dans l’ensemble des intérêts de la République.
Les statuts des territoires d’outre-mer sont fixés par des lois organiques qui définissent, notamment, les
compétences de leurs institutions propres, et modifiés, dans la même forme, après consultation de l’assemblée
territoriale intéressée.
Les autres modalités de leur organisation particulière sont définies et modifiées par la loi après consultation de
l’assemblée territoriale intéressée.
ancien article 74 avant la Loi constitutionnelle n°92-554 du 25 juin 1992, article 3: Les Territoires d’outre-mer de
la République ont une organisation particulière tenant compte de leurs intérêts propres dans l’ensemble des
intérêts de la République. Cette organisation est définie et modifiée par la loi après consultation de l’assemblée
territoriale intéressée.
17
FRENCH LAW j.paradissis@surrey.ac.uk
- des mesures justifiées par les nécessités locales peuvent être prises par la collectivité en faveur de sa
population, en matière d'accès à l'emploi, de droit d'établissement pour l'exercice d'une activité professionnelle ou
de protection du patrimoine foncier ;
- la collectivité peut participer, sous le contrôle de l'Etat, à l'exercice des compétences qu'il conserve, dans
le respect des garanties accordées sur l'ensemble du territoire national pour l'exercice des libertés publiques.
Les autres modalités de l'organisation particulière des collectivités relevant du présent article sont définies
et modifiées par la loi après consultation de leur assemblée délibérante.
Article 74-1.8 -
Dans les collectivités d'outre-mer visées à l'article 74 et en Nouvelle-Calédonie, le Gouvernement peut,
dans les matières qui demeurent de la compétence de l'Etat, étendre par ordonnances, avec les adaptations
nécessaires, les dispositions de nature législative en vigueur en métropole, sous réserve que la loi n'ait pas
expressément exclu, pour les dispositions en cause, le recours à cette procédure.
Les ordonnances sont prises en conseil des ministres après avis des assemblées délibérantes intéressées et
du Conseil d'Etat. Elles entrent en vigueur dès leur publication. Elles deviennent caduques en l'absence de
ratification par le Parlement dans le délai de dix-huit mois suivant cette publication.
Article 75. -
Les citoyens de la République qui n’ont pas le statut civil de droit commun, seul visé à l’article 34,
conservent leur statut personnel tant qu’ils n’y ont pas renoncé.
8
Loi constitutionnelle n° 2003-276 du 28 mars 2003, article 11
9
Loi constitutionnelle n° 95-880 du 4 août 1995, article 12. Ancienne rédaction : «Les territoires d’outre-mer
peuvent garder leur statut au sein de la République.
S’ils en manifestent la volonté par délibération de leur assemblée territoriale prise dans le délai prévu au premier
alinéa de l’article 91, ils deviennent soit département d’outre-mer de la République, soit groupés ou non entre eux,
États membres de la communauté.»
10
Loi constitutionnelle n° 95-880 du 4 août 1995, article 14. Ancienne rédaction :
«Article 77. - Dans la Communauté instituée par le présente Constitution, les États jouissent de l’autonomie ; ils s’administrent eux-mêmes et
gèrent démocratiquement et librement leurs propres affaires.
Il n’existe qu’une citoyenneté de la Communauté.
Tous les citoyens sont égaux en droit, quelles que soient leur origine, leur race et leur religion. Ils ont les mêmes devoirs.
Article 78. - Le domaine de la compétence de la Communauté comprend la politique étrangère, la défense, la monnaie, la politique économique
et financière commune ainsi que la politique des matières premières stratégiques.
Il comprend, en outre, sauf accord particulier, le contrôle de la justice, l’enseignement supérieur, l’organisation générale des transports extérieurs
et communs et des télécommunications.
Des accords particuliers peuvent créer d’autres compétences communes ou régler tout transfert de compétence de la communauté à l’un de ses
membres.
Article 79. - Les États membres bénéficient des dispositions de l’article 77 dès qu’ils ont exercé le choix prévu à l’article 76.
Jusqu’à l’entrée en vigueur des mesures nécessaires à l’application du présent titre, les questions de compétence commune sont réglées par la
République.
Article 80. - Le Président de la République préside et représente la Communauté.
Celle-ci a pour organes un Conseil exécutif, un Sénat, et une Cour arbitrale.
Article 81. - Les États membres de la Communauté participent à l’élection du Président dans les conditions prévues à l’article 6.
Le Président de la République, en sa qualité de Président de la Communauté, est représenté dans chaque État de la Communauté.
Article 82. - Le Conseil exécutif de la Communauté est présidé par le Président de la Communauté. Il est constitué par le Premier ministre de la
République, les chefs du Gouvernement de chacun des États membres de la Communauté et par les ministres chargés pour la Communauté des
affaires communes.
Le Conseil exécutif organise la coopération des membres de la Communauté sur le plan gouvernemental et administratif.
L’organisation et le fonctionnement du Conseil exécutif sont fixés par une loi organique (Ordonnance n° 58-1254 du 19 décembre 1958).
Article 83. - Le Sénat de la Communauté est composé de délégués que le Parlement de la République et les assemblées législatives des autres
membres de la Communauté choisissent en leur sein. Le nombre de délégués de chaque État tient compte de sa population et des responsabilités
qu’il assume dans la Communauté.
Il tient deux sessions annuelles qui sont ouvertes et closes par le Président de la Communauté et ne peuvent excéder chacune un mois.
Saisi par le Président de la Communauté, il délibère sur la politique économique et financière commune avant le vote des lois prises en la
matière par le Parlement de la République et, le cas échéant, par les assemblées législatives des autres membres de la Communauté.
Le Sénat de la Communauté examine les actes et les traités ou accords internationaux visés aux articles 35 et 53 et qui engagent la Communauté.
Il prend des décisions exécutoires dans les domaines où il a reçu délégation des assemblées législatives des membres de la Communauté. Ces
décisions sont promulguées dans la même forme que la loi sur le territoire de chacun des États intéressés.
18
FRENCH LAW j.paradissis@surrey.ac.uk
Article 76. -
Les populations de la Nouvelle-Calédonie sont appelées à se prononcer avant le 31 décembre 1998 sur les
dispositions de l'accord signé à Nouméa le 5 mai 1998 et publié le 27 mai 1998 au Journal officiel de la République
française.
Sont admises à participer au scrutin les personnes remplissant les conditions fixées à l'article 2 de la loi
n° 88-1028 du 9 novembre 1988.
Les mesures nécessaires à l'organisation du scrutin sont prises par décret en Conseil d'État délibéré en
conseil des ministres.
Article 77. -
Après approbation de l'accord lors de la consultation prévue à l'article 76, la loi organique, prise après avis
de l'assemblée délibérante de la Nouvelle-Calédonie, détermine, pour assurer l'évolution de la Nouvelle-Calédonie
dans le respect des orientations définies par cet accord et selon les modalités nécessaires à sa mise en œuvre :
- les compétences de l'État qui seront transférées, de façon définitive, aux institutions de la Nouvelle-
Calédonie, l'échelonnement et les modalités de ces transferts, ainsi que la répartition des charges résultant de ceux-
ci ;
- les règles d'organisation et de fonctionnement des institutions de la Nouvelle-Calédonie et notamment les
conditions dans lesquelles certaines catégories d'actes de l'assemblée délibérante pourront être soumises avant
publication au contrôle du Conseil constitutionnel ;
- les règles relatives à la citoyenneté, au régime électoral, à l'emploi et au statut civil coutumier ;
- les conditions et les délais dans lesquels les populations intéressées de la Nouvelle-Calédonie seront
amenées à se prononcer sur l'accession à la pleine souveraineté.
Les autres mesures nécessaires à la mise en oeuvre de l'accord mentionné à l'article 76 sont définies par la
loi.
Conseil constitutionnel
Une loi organique (Ordonnances n° 58-1255 et 58-1257 du 19 décembre 1958) arrête sa composition et fixe ses règles de fonctionnement.
Article 84. - Une Cour arbitrale de la Communauté statue sur les litiges survenus entre les membres de la Communauté.
Sa composition et sa compétence sont fixées par une loi organique.
Article 85. - Par dérogation à la procédure prévue à l’article 89 les dispositions du présent titre qui concernent le fonctionnement des institutions
communes sont révisées par des lois votées dans les mêmes termes par le Parlement de la République et par le Sénat de la Communauté. (Un
cas de révision d’article 85 : Loi constitutionnelle n°60-525 du 4 juin 1960).
"Les dispositions du présent titre peuvent être également révisées par accords conclus entre tous les États de la Communauté ; les dispositions
nouvelles sont mises en vigueur dans les conditions requises par la constitution de chaque État." (Loi constitutionnelle n°60-525 du 4 juin 1960)
Article 86. - La transformation du statut d’un État membre de la Communauté peut être demandée soit par la République, soit par une résolution
de l’Assemblée législative de l’État intéressé confirmée par un référendum local dont l’organisation et le contrôle sont assurés par les institutions
de la Communauté. Les modalités de cette transformation sont déterminées par un accord approuvé par le Parlement de la république et
l’assemblée législative intéressée.
Dans les mêmes conditions, un État membre de la Communauté peut devenir indépendant. Il cesse de ce fait d’appartenir à la Communauté.
"Un État membre de la Communauté peut également, par voie d’accord, devenir indépendant sans cesser de ce fait d’appartenir à la
Communauté."
"Un État indépendant non membre de la Communauté peut également, par voie d’accord, adhérer à la Communauté sans cesser d’être
indépendant."
"La situation de ces États au sein de la Communauté est déterminée par les accords conclus à cet effet, notamment les accords visés aux
alinéas précédents ainsi que, le cas échéant, les accords prévus au deuxième alinéa de l’article 85." (Loi constitutionnelle n°60-525 du 4 juin
1960)
Article 87. - Les accords particuliers conclus pour l’application du présent titre sont approuvés par le Parlement de la République et
l’assemblée législative intéressée.
11
Rétabli par la loi constitutionnelle n°98-610 du 20 juillet 1998.
19
FRENCH LAW j.paradissis@surrey.ac.uk
Le Conseil constitutionnel a été saisi le 19 mars 2003 de la loi constitutionnelle relative à l’organisation
décentralisée de la République, approuvée par le Parlement réuni en Congrès le 17 mars 2003, par:
Mme Michèle André, MM. Bernard Angels, Bertrand Auban, Jean-Pierre Bel, Jacques Bellanger, Mme
Maryse Bergé-Lavigne, M. Jean Besson, Mme Marie-Christine Blandin, M. Didier Boulaud, Mmes
Yolande Boyer, Claire-Lise Campion, M. Bernard Cazeau, Mme Monique Cerisier-ben Guiga, MM.
Gilbert Chabroux, Michel Charasse, Raymond Courrière, Roland Courteau, Marcel Debarge, Jean-Pierre
Demerliat, Claude Domeizel, Michel Dreyfus-Schmidt, Mme Josette Durrieu, MM. Claude Estier, Jean-
Claude Frécon, Bernard Frimat, Charles Gautier, Jean-Pierre Godefroy, Jean-Noël Guérini, Claude Haut,
Mme Odette Herviaux, MM. André Labarrère, Serge Lagauche, Louis Le Pensec, André Lejeune, Jacques
Mahéas, Jean-Yves Mano, François Marc, Marc Massion, Gérard Miquel, Jean-Marc Pastor, Daniel
Percheron, Jean-Claude Peyronnet, Jean-François Picheral, Bernard Piras, Jean-Pierre Plancade, Mmes
Danièle Pourtaud, Gisèle Printz, MM. Daniel Raoul, Paul Raoult, Daniel Reiner, Roger Rinchet, Gérard
Roujas, Claude Saunier, Michel Sergent, Jean-Pierre Sueur, Michel Teston, Jean-Marc Todeschini, Pierre-
Yvon Trémel, André Vantomme, Marcel Vidal et Henri Weber, sénateurs ;
Le Conseil constitutionnel,
1. Considérant que la compétence du Conseil constitutionnel est strictement délimitée par la Constitution
; qu’elle n’est susceptible d’être précisée et complétée par voie de loi organique que dans le respect des
principes posés par le texte constitutionnel ; que le Conseil constitutionnel ne saurait être appelé à se
prononcer dans d’autres cas que ceux qui sont expressément prévus par ces textes ;
3. Considérant qu’il résulte de ce qui précède que le Conseil constitutionnel n’a pas compétence pour
statuer sur la demande susvisée, par laquelle les sénateurs requérants lui défèrent, aux fins
d’appréciation de sa conformité à la Constitution, la révision de la Constitution relative à l’organisation
décentralisée de la République approuvée par le Congrès le 17 mars 2003,
Décide :
Article 1
Le Conseil constitutionnel n’a pas compétence pour se prononcer sur la demande susvisée.
20
FRENCH LAW j.paradissis@surrey.ac.uk
Article 2
La présente décision sera publiée au Journal officiel de la République française.
Délibéré par le Conseil constitutionnel dans sa séance du 26 mars 2003, où siégeaient : MM. Yves Guéna,
président, Michel Ameller, Jean-Claude Colliard, Olivier Dutheillet de Lamothe, Pierre Joxe, Pierre
Mazeaud, Mmes Monique Pelletier, Dominique Schnapper et Simone Veil.
Le président, Yves Guéna
21
FRENCH LAW j.paradissis@surrey.ac.uk
Si ce thème est devenu d'actualité, et même d'une brûlante actualité, s'il est
apparu nécessaire d'aménager une responsabilité pénale des membres du
gouvernement, c'est principalement en raison de l'affaire du sang
contaminé. C'est pour juger les trois ministres impliqués dans cette affaire
(l'ancien Premier ministre, M. Laurent Fabius, l'ancien ministre des Affaires
sociales, Mme Georgina Dufoix, et l'ancien secrétaire d'Etat à la Santé, M.
Edmond Hervé) qu'on a révisé l'article 68 de la Constitution par la loi
constitutionnelle du 27 juillet 1993. Celle-ci instaure la Cour de justice de la
République en lieu et place de la Haute Cour pour juger les Ministres
pénalement responsables, tandis que la Haute Cour reste seule compétente
pour juger le Président. Cette loi crée un nouveau titre à la Constitution de la
V° République qui s'intitule "Titre X - De la responsabilité pénale des
membres du Gouvernement", composé de deux articles. Le premier, l'article
68-1, qui fixe le principe de la responsabilité pénale des membres du
22
FRENCH LAW j.paradissis@surrey.ac.uk
23
FRENCH LAW j.paradissis@surrey.ac.uk
Pour conclure sur une opinion toute personnelle, on dira que le fait même
que l'article 68 de la Constitution et le nouvel article 68-1 sont devenus des
articles importants, voire fondamentaux, de la Constitution de la Vème
République, telle qu'elle est pratiquée aujourd'hui, est le symptôme
inquiétant de l'affaissement de la responsabilité politique sous la Vème
République. Loin d'être un renforcement de notre Etat de droit, c'est un
affaiblissement de notre démocratie représentative...
CONSTITUTION DE 1958
Article 26. -
Aucun membre du Parlement ne peut être poursuivi, recherché,
arrêté, détenu ou jugé à l'occasion des opinions ou votes émis par
lui dans l'exercice de ses fonctions.
Aucun membre du Parlement ne peut faire l'objet en matière criminelle
ou correctionnelle, d'une arrestation ou de toute autre mesure privative ou
restrictive de liberté qu'avec l'autorisation du bureau de l'assemblée dont il
fait partie. Cette autorisation n'est pas requise en cas de crime ou de délit
flagrant ou de condamnation définitive.
La détention, les mesures privatives ou restrictives de liberté ou la
poursuite d'un membre du Parlement sont suspendues pour la durée de la
session si l'assemblée dont il fait partie le requiert.
24
FRENCH LAW j.paradissis@surrey.ac.uk
Article 53-2. -
La République peut reconnaître la juridiction de la Cour pénale
internationale dans les conditions prévues par le traité signé le 18 juillet
1998.13
Article 67. -
Il est institué une Haute Cour de justice.
Elle est composée de membres élus, en leur sein et en nombre égal,
par l’Assemblée nationale et par le Sénat après chaque renouvellement
général ou partiel de ces assemblées. Elle élit son président parmi ses
membres.
Une loi organique14 fixe la composition de la Haute Cour, les règles de
son fonctionnement ainsi que la procédure applicable devant elle.
Article 68. -
Le Président de la République n’est responsable des actes accomplis dans
l’exercice de ses fonctions qu’en cas de haute trahison. Il ne peut être mis
en accusation que par les deux assemblées statuant par un vote identique
au scrutin public et à la majorité absolue des membres les composant ; il est
jugé par la Haute Cour de justice.15
Article 68-116. -
Les membres du Gouvernement sont pénalement responsables des
actes accomplis dans l’exercice de leurs fonctions et qualifiés crimes ou
délits au moment où ils ont été commis.17
Ils sont jugés par la Cour de justice de la République
La Cour de justice de la République est liée par la définition des crimes
et délits ainsi que par la détermination des peines telles qu’elles résultent
de la loi.
12
Les trois derniers alinéas ont été introduits par la Loi Constitutionnelle no. 95-880 du 4 août 1995, article 7.
13
Loi Constitutionnelle no. 99-568 du 8 juillet 1999
14
Ordonnance n° 59-1 du 2 janvier 1959
15
Deuxième alinéa abrogé par la loi constitutionnelle n° 93-952 du 27 juillet 1993
ancien alinéa : (Les membres du Gouvernement sont pénalement responsables des actes accomplis dans l’ exercice
de leurs fonctions et qualifiés de crimes ou délit au moment où ils ont été commis. La procédure définie ci- dessus
leur est applicable ainsi qu’ à leurs complices dans le cas de complot contre la sûreté de l’ Etat. Dans les cas
prévus au présent alinéa, la Haute Cour est liée par la définition des crimes et délits ainsi que par la détermination
des peines telles qu’ elles résultent des lois pénales en vigueur au moment où les faits ont été commis.)
16
Loi constitutionnelle n° 93-952 du 27 juillet 1993
17
alinéa inchangé par rapport au début de l’ancien article 68 alinéa 2
25
FRENCH LAW j.paradissis@surrey.ac.uk
Article 68-2. -
La Cour de justice de la République comprend quinze juges : douze
parlementaires élus, en leur sein et en nombre égal, par l’Assemblée
nationale et par le Sénat après chaque renouvellement général ou partiel de
ces assemblées et trois magistrats du siège à la Cour de cassation, dont l’un
préside la Cour de justice de la République.
Toute personne qui se prétend lésée par un crime ou un délit commis
par un membre du gouvernement dans l’exercice de ses fonctions peut
porter plainte auprès d’une commission des requêtes.
Cette commission ordonne soit le classement de la procédure, soit sa
transmission au procureur général près la Cour de cassation aux fins de
saisine de la Cour de justice de la République.
Le procureur général près la Cour de cassation peut aussi saisir
d’office la Cour de justice de la République sur avis conforme de la
commission des requêtes.
Une loi organique18 détermine les conditions d’application du présent
article.
Article 68-319. -
Les dispositions du présent titre sont applicables aux faits commis
avant son entrée en vigueur.
26
FRENCH LAW j.paradissis@surrey.ac.uk
27
FRENCH LAW j.paradissis@surrey.ac.uk
28
FRENCH LAW j.paradissis@surrey.ac.uk
Cour de Cassation
Arrêt du 10 octobre 2001 (M. Michel Breisacher)
[extrait]
[…]
Attendu que, rapproché de l'article 3 et du titre II de la Constitution, l'article
68 doit être interprété en ce sens qu'étant élu directement par le
peuple pour assurer, notamment, le fonctionnement régulier des
pouvoirs publics ainsi que la continuité de l'État, le Président de la
République ne peut, pendant la durée de son mandat, être entendu
comme témoin assisté, ni être mis en examen, cité ou renvoyé pour
une infraction quelconque devant une juridiction pénale de droit
commun ; qu'il n'est pas davantage soumis à l'obligation de
comparaître en tant que témoin prévue par l'article 101 du Code de
procédure pénale, dès lors que cette obligation est assortie par
l'article 109 dudit Code d'une mesure de contrainte par la force
publique et qu'elle est pénalement sanctionnée ;
Que, la Haute Cour de justice n'étant compétente que pour connaître des
actes de haute trahison du Président de la République commis dans
l'exercice de ses fonctions, les poursuites pour tous les autres actes
devant les juridictions pénales de droit commun ne peuvent être
exercées pendant la durée du mandat présidentiel, la prescription
de l'action publique étant alors suspendue ;
[…]
29
FRENCH LAW j.paradissis@surrey.ac.uk
30
FRENCH LAW j.paradissis@surrey.ac.uk
Extrait de : Conseil d’Etat. Rapport public 2004. Jurisprudence et avis de 2003 – Un siècle de
laïcité (Etudes et documents n.55), 2004. (p. 268-252)
32
FRENCH LAW j.paradissis@surrey.ac.uk
33
FRENCH LAW j.paradissis@surrey.ac.uk
3°) Il résulte de ce qui a été dit ci-dessus que le fait pour un agent du service de
l’enseignement public de manifester dans l’exercice de ses fonctions ses croyances
religieuses, notamment en portant un signe destiné à marquer son appartenance à une
religion, constitue un manquement à ses obligations ; Les suites à donner à ce
manquement, notamment sur le plan disciplinaire, doivent être appréciées par
l’administration sous le contrôle du juge, compte tenu de la nature et du degré de
caractère ostentatoire de ce signe, comme des autres circonstances dans lesquelles le
manquement est constaté ;
35
FRENCH LAW j.paradissis@surrey.ac.uk
36
FRENCH LAW j.paradissis@surrey.ac.uk
Alpes-de-Haute-Provence ;
Sur les conclusions tendant à l’application de l’article L. 761-1 du code de
justice administrative :
Considérant que les dispositions de l’article L. 761-1 font obstacle à ce que
l’Etat, qui n’est pas, dans la présente instance, la partie perdante, soit
condamné à payer à l’ASSOCIATION CULTUELLE DU VAJRA TRIOMPHANT, la
somme qu’elle demande au titre des frais exposés par elle et non compris
dans les dépens ;
DECIDE :
Article 1er : L’arrêt de la cour administrative d’appel de Marseille en date du
16 mai 2002 est annulé.
Article 2 : La requête de l’ASSOCIATION CULTUELLE DU VAJRA TRIOMPHANT
dirigée contre le jugement du tribunal administratif de Marseille en date du
9 juin 1998 et ses conclusions tendant à l’application de l’article L. 761-1 du
code de justice administrative sont rejetées.
port conduit à se faire reconnaître immédiatement par son appartenance religieuse. Ces signes -le voile
islamique, quel que soit le nom qu'on lui donne, la kippa ou une croix de dimension manifestement excessive-
n'ont pas leur place dans les enceintes des écoles publiques. En revanche, les signes discrets d'appartenance
religieuse resteront naturellement possibles.
La loi s'applique dans les écoles, les collèges et les lycées publics. Elle ne concerne donc pas les
établissements d'enseignement privés, qu'ils aient ou non passé avec l'Etat un contrat d'association à l'enseignement
public. Elle s'applique aux élèves, sachant que les personnels de l'éducation nationale sont d'ores et déjà soumis au
principe de stricte neutralité que doit respecter tout agent public. L'interdiction qu'elle institue vaut évidemment
pour toute la période où les élèves se trouvent placés sous la responsabilité de l'école, du collège ou du lycée, y
compris pour les activités se déroulant en dehors de l'enceinte de l'établissement (sorties scolaires, cours d'éducation
physique et sportive, etc.).La loi prendra effet à compter de la rentrée scolaire suivant sa publication. Ce délai
permettra de procéder à un important travail d'explication, d'échange et de médiation, notamment avec les autorités
religieuses de notre pays. Les collèges et les lycées publics le mettront également à profit pour adapter leur
règlement intérieur : même si la loi est d'application directe, il est souhaitable, dans un souci de pédagogie, que ses
dispositions soient transcrites dans l'acte qui rassemble les règles applicables à la vie interne de l'établissement.
La mise en œuvre de la loi devra également être assurée en usant du dialogue et de la concertation, et en
recourant à une démarche fondée sur l'explication et la persuasion, soucieuse de faire partager aux élèves les
valeurs de l'école républicaine.
Les manquements à l'interdiction fixée par la loi seront passibles de sanctions, comme tout manquement
aux obligations des élèves. Conformément aux principes qui régissent la procédure disciplinaire, toute sanction sera
proportionnée à la gravité du manquement. La loi s'appliquera aux établissements scolaires français à l'étranger
dans les conditions fixées par décret en Conseil d'Etat, compte tenu de leur situation particulière et des accords
conclus avec des Etats étrangers.
Elle a vocation à s'appliquer à l'outre-mer dans des conditions qui dépendent de la répartition des
compétences entre l'Etat et les collectivités concernées.
La loi s'appliquera de plein droit aux départements et régions d'outre-mer, conformément au principe
d'identité législative posé par l'article 73 de la Constitution. Elle s'appliquera également, dans les mêmes conditions,
à Saint-Pierre-et-Miquelon, en vertu de la loi n° 85-595 du 11 juin 1985 relative au statut de l'archipel.
A Wallis et Futuna et à Mayotte, l'Etat exerce la compétence en matière d'enseignement, et ces deux
collectivités d'outre-mer régies par l'article 74 de la Constitution sont soumises au principe de spécialité législative :
il y a donc lieu de prévoir une mention expresse d'application de la loi.
En Nouvelle-Calédonie, la loi s'appliquera dans les établissements publics d'enseignement relevant
provisoirement de la compétence de l'Etat en application du III de l'article 21 de la loi organique n° 99-209 du 19
mars 1999 relative à la Nouvelle-Calédonie.
En Polynésie française, en revanche, la loi ne pourra pas s'appliquer dès lors que les établissements qu'elle
vise relèvent de la compétence des autorités territoriales en vertu du statut d'autonomie de cette collectivité d'outre-
mer.
Ce texte s'inscrit dans le droit fil de l'équilibre qui s'est construit patiemment depuis des décennies dans
notre pays autour du principe de laïcité. Il ne s'agit pas, par ce projet de loi, de refonder la laïcité, mais de permettre,
en rappelant les principes et les valeurs de l'école, de la faire vivre dans la fidélité aux idéaux de la République.
PROJET DE LOI [...]
38
FRENCH LAW j.paradissis@surrey.ac.uk
« Art. L. 141-5-1. - Dans les écoles, les collèges et les lycées publics, le port de signes ou
tenues par lesquels les élèves manifestent ostensiblement une appartenance religieuse
est interdit.
Le règlement intérieur rappelle que la mise en oeuvre d’une procédure disciplinaire est
précédée d’un dialogue avec l’élève. »
Article 2
I. - La présente loi est applicable :
1° Dans les îles Wallis et Futuna ;
2° Dans la collectivité départementale de Mayotte ;
3° En Nouvelle-Calédonie, dans les établissements publics d’enseignement du second degré
relevant de la compétence de l’Etat en vertu du III de l’article 21 de la loi organique n° 99-209
du 19 mars 1999 relative à la Nouvelle-Calédonie. [...]
Article 3
Les dispositions de la présente loi entrent en vigueur à compter de la rentrée de l’année scolaire
qui suit sa publication.
Article 4
Les dispositions de la présente loi font l’objet d’une évaluation un an après son entrée en
vigueur.
La présente circulaire précise les modalités d’application de la loi du 15 mars 2004. Elle
abroge et remplace la circulaire du 12 décembre 1989 relative à la laïcité, au port de signes
religieux par les élèves et au caractère obligatoire des enseignements, la circulaire du 26
octobre 1993 sur le respect de la laïcité, et la circulaire du 20 septembre 1994 relative au
port de signes ostentatoires dans les établissements scolaires.
39
FRENCH LAW j.paradissis@surrey.ac.uk
I. - Les principes
La loi du 15 mars 2004 est prise en application du principe constitutionnel de laïcité
qui est un des fondements de l’école publique. Ce principe, fruit d’une longue histoire,
repose sur le respect de la liberté de conscience et sur l’affirmation de valeurs communes
qui fondent l’unité nationale par-delà les appartenances particulières.
L’école a pour mission de transmettre les valeurs de la République parmi lesquelles l’égale
dignité de tous les êtres humains, l’égalité entre les hommes et les femmes et la liberté de
chacun y compris dans le choix de son mode de vie. Il appartient à l’école de faire vivre ces
valeurs, de développer et de conforter le libre arbitre de chacun, de garantir l’égalité entre
les élèves et de promouvoir une fraternité ouverte à tous. En protégeant l’école des
revendications communautaires, la loi conforte son rôle en faveur d’un vouloir-vivre-
ensemble. Elle doit le faire de manière d’autant plus exigeante qu’y sont accueillis
principalement des enfants.
En préservant les écoles, les collèges et les lycées publics, qui ont vocation à accueillir tous
les enfants, qu’ils soient croyants ou non croyants et quelles que soient leurs convictions
religieuses ou philosophiques, des pressions qui peuvent résulter des manifestations
ostensibles des appartenances religieuses, la loi garantit la liberté de conscience de
chacun. Elle ne remet pas en cause les textes qui permettent de concilier, conformément
aux articles L. 141-2, L. 141-3 et L. 141-4 du code de l’éducation, l’obligation scolaire avec
le droit des parents de faire donner, s’ils le souhaitent, une instruction religieuse à leurs
enfants.
Parce qu’elle repose sur le respect des personnes et de leurs convictions, la laïcité ne se
conçoit pas sans une lutte déterminée contre toutes les formes de discrimination. Les
agents du service public de l’éducation nationale doivent faire preuve de la plus grande
vigilance et de la plus grande fermeté à l’égard de toutes les formes de racisme ou de
sexisme, de toutes les formes de violence faite à un individu en raison de son appartenance
réelle ou supposée à un groupe ethnique ou religieux. Tout propos, tout comportement qui
réduit l’autre à une appartenance religieuse ou ethnique, à une nationalité (actuelle ou
d’origine), à une apparence physique, appelle une réponse. Selon les cas, cette réponse
relève de l’action pédagogique, disciplinaire, voire pénale. Elle doit être ferme et résolue
dans tous les cas où un élève ou un autre membre de la communauté éducative est victime
d’une agression (qu’elle soit physique ou verbale) en raison de son appartenance réelle ou
supposée à un groupe donné.
2.1. La loi interdit les signes et les tenues qui manifestent ostensiblement une
appartenance religieuse
40
FRENCH LAW j.paradissis@surrey.ac.uk
Les signes et tenues qui sont interdits sont ceux dont le port conduit à se faire
immédiatement reconnaître par son appartenance religieuse tels que le voile
islamique, quel que soit le nom qu’on lui donne, la kippa ou une croix de
dimension manifestement excessive. La loi est rédigée de manière à pouvoir
s’appliquer à toutes les religions et de manière à répondre à l’apparition de
nouveaux signes, voire à d’éventuelles tentatives de contournement de la loi.
La loi ne remet pas en cause le droit des élèves de porter des signes religieux
discrets.
Elle n’interdit pas les accessoires et les tenues qui sont portés communément par des
élèves en dehors de toute signification religieuse. En revanche, la loi interdit à un élève de
se prévaloir du caractère religieux qu’il y attacherait, par exemple, pour refuser de se
conformer aux règles applicables à la tenue des élèves dans l’établissement.
2.2. La loi s’applique aux écoles, aux collèges et aux lycées publics
2.3. La loi ne modifie pas les règles applicables aux agents du service public et
aux parents d’élèves
Les agents contribuant au service public de l’éducation, quels que soient leur
fonction et leur statut, sont soumis à un strict devoir de neutralité qui leur
interdit le port de tout signe d’appartenance religieuse, même discret. Ils doivent
également s’abstenir de toute attitude qui pourrait être interprétée comme une
marque d’adhésion ou au contraire comme une critique à l’égard d’une croyance
particulière. Ces règles sont connues et doivent être respectées.
La loi ne concerne pas les parents d’élèves. Elle ne s’applique pas non plus aux candidats
qui viennent passer les épreuves d’un examen ou d’un concours dans les locaux d’un
établissement public d’enseignement et qui ne deviennent pas de ce seul fait des élèves de
l’enseignement public. Ceux-ci doivent toutefois se soumettre aux règles d’organisation de
l’examen qui visent notamment à garantir le respect de l’ordre et de la sécurité, à
permettre la vérification de l’identité des candidats ou à prévenir les risques de fraudes.
2.4. Les obligations qui découlent, pour les élèves, du respect du principe de
laïcité ne se résument pas à la question des signes d’appartenance religieuse
La loi du 15 mars 2004 complète sur la question du port des signes d’appartenance
religieuse le corpus des règles qui garantissent le respect du principe de laïcité dans les
écoles, collèges et lycées publics.
Les convictions religieuses des élèves ne leur donnent pas le droit de s’opposer à
un enseignement. On ne peut admettre par exemple que certains élèves prétendent, au
nom de considérations religieuses ou autres, contester le droit d’un professeur, parce que
c’est un homme ou une femme, d’enseigner certaines matières ou le droit d’une personne
n’appartenant pas à leur confession de faire une présentation de tel ou tel fait historique ou
religieux. Par ailleurs, si certains sujets appellent de la prudence dans la manière de les
aborder, il convient d’être ferme sur le principe selon lequel aucune question n’est
exclue a priori du questionnement scientifique et pédagogique.
41
FRENCH LAW j.paradissis@surrey.ac.uk
d’assiduité ni aux modalités d’un examen. Les élèves doivent assister à l’ensemble
des cours inscrits à leur emploi du temps sans pouvoir refuser les matières qui leur
paraîtraient contraires à leurs convictions. C’est une obligation légale. Les convictions
religieuses ne peuvent justifier un absentéisme sélectif par exemple en éducation physique
et sportive ou sciences de la vie et de la Terre. Les consignes d’hygiène et de sécurité ne
sauraient non plus être aménagées pour ce motif.
Des autorisations d’absence doivent pouvoir être accordées aux élèves pour les
grandes fêtes religieuses qui ne coïncident pas avec un jour de congé et dont les
dates sont rappelées chaque année par une instruction publiée au Bulletin officiel de
l’éducation nationale. En revanche, les demandes d’absence systhématique ou prolongée
doivent être refusées dès lors qu’elles sont incompatibles avec l’organisation de la scolarité.
L’institution scolaire et universitaire, de son côté, doit prendre les dispositions nécessaires
pour qu’aucun examen ni aucune épreuve importante ne soient organisés le jour de ces
grandes fêtes religieuses.
III. - Le dialogue
Aux termes du second alinéa de l’article L. 141-5-1 du code de l’éducation tel qu’il résulte
de la loi du 15 mars 2004, « le règlement intérieur rappelle que la mise en oeuvre d’une
procédure disciplinaire est précédée d’un dialogue avec l’élève ».
Le second alinéa de l’article L. 141-5-1 illustre la volonté du législateur de faire en sorte que
la loi soit appliquée dans le souci de convaincre les élèves de l’importance du respect du
principe de laïcité. Il souligne que la priorité doit être donnée au dialogue et à la pédagogie.
Lorsqu’un élève inscrit dans l’établissement se présente avec un signe ou une tenue
susceptible de tomber sous le coup de l’interdiction, il importe d’engager immédiatement le
dialogue avec lui.
Le chef d’établissement conduit le dialogue en liaison avec l’équipe de direction et
les équipes éducatives en faisant notamment appel aux enseignants qui connaissent l’élève
concerné et pourront apporter leur contribution à la résolution du problème. Mais cette
priorité n’est en rien exclusive de tout autre choix que le chef d’établissement pourrait au
cas par cas juger opportun.
Pendant la phase de dialogue, le chef d’établissement veille, en concertation avec
l’équipe éducative, aux conditions dans lesquelles l’élève est scolarisé dans l’établissement.
Dans les écoles primaires, l’organisation du dialogue est soumise en tant que de
besoin à l’examen de l’équipe éducative prévue à l’article 21 du décret n° 90-788 du 6
septembre 1990.
Le dialogue doit permettre d’expliquer à l’élève et à ses parents que le respect de la
loi n’est pas un renoncement à leurs convictions. Il doit également être l’occasion d’une
réflexion commune sur l’avenir de l’élève pour le mettre en garde contre les conséquences
de son attitude et pour l’aider à construire un projet personnel.
Pendant le dialogue, l’institution doit veiller avec un soin particulier à ne pas heurter
les convictions religieuses de l’élève ou de ses parents. Le principe de laïcité s’oppose
évidemment à ce que l’Etat ou ses agents prennent parti sur l’interprétation de pratiques
ou de commandements religieux.
Le dialogue devra être poursuivi le temps utile pour garantir que la procédure
disciplinaire n’est utilisée que pour sanctionner un refus délibéré de l’élève de se conformer
à la loi.
42
FRENCH LAW j.paradissis@surrey.ac.uk
ANNEXE
Modèle d’article à insérer dans le règlement intérieur de l’établissement :
« Conformément aux dispositions de l’article L. 141-5-1 du code de l’éducation, le port de
signes ou de tenues par lesquels les élèves manifestent ostensiblement une appartenance
religieuse est interdit.
Lorsqu’un élève méconnaît l’interdiction posée à l’alinéa précédent, le chef d’établissement
organise un dialogue avec cet élève avant l’engagement de toute procédure disciplinaire. »
43
FRENCH LAW j.paradissis@surrey.ac.uk
THEME 5 : LA CONCEPTION
FRANÇAISE DU SERVICE PUBLIC
service public peut, le cas échéant, être confié à un opérateur privé. On parle
alors de "délégation" du service public. Mais, dans tous les cas, il y aura eu
une décision publique, pour la création du service et pour la détermination de
ses conditions d’organisation et de fonctionnement. La décision ainsi prise
émane des pouvoirs publics. Il s’agira très souvent de l’État. Mais ce peuvent
être aussi les pouvoirs politiques locaux dans le cadre des lois qui organisent
la décentralisation territoriale. Il existe ainsi en France de nombreux services
publics régionaux, départementaux ou surtout communaux. Enfin, le service
public ainsi créé va être soumis à un régime juridique spécifique, distinct du
régime de droit commun des activités commerciales marchandes. Ce régime
comporte des éléments communs sur lesquels on reviendra. Mais il peut
aussi varier selon la nature du service concerné.
gratuites et ils sont largement soumis aux règles du droit public. Mais leur
organisation est beaucoup plus diversifiée et ils associent largement, pour la
fourniture de leurs services à la population, des établissements de nature
diverse, non seulement publics comme les hôpitaux ou les écoles, mais aussi
privés comme les établissements d’enseignement privé sous contrat ou les
nombreuses associations qui, en matière d’action sanitaire ou sociale,
reçoivent des fonds publics pour accomplir des tâches d’intérêt général.
Les services à caractère économique, juridiquement connus sous le
vocable de "services publics industriels et commerciaux" (SPIC),
constituent la troisième catégorie. À la différence des précédents, ils sont
fournis sur le marché, ce qui veut dire que leurs prestations sont payantes et
couvrent normalement leurs coûts de fonctionnement. Ils sont soumis à un
régime juridique mixte, qui associe le droit public et le droit privé.
Ces services ont pris forme dans le courant du 20e siècle au fur et à
mesure que l’État affirmait plus directement son rôle pour la satisfaction d’un
certain nombre de besoins fondamentaux dans les domaines de l’énergie, du
transport, de la communication, etc. Leur existence a été consacrée par une
décision célèbre du tribunal des conflits (arrêt Société commerciale de
l’ouest africain, dit du "bac d’Eloka", 1921). En font notamment partie la
fourniture du gaz et de l’électricité, le transport ferroviaire, la poste et les
télécommunications. Ils emploient aujourd’hui environ un million de
personnes.
Deux modèles d’organisation ont coexisté pour ces services : le
monopole confié à un établissement public national comme Électricité de
France (EDF), Gaz de France (GDF), SNCF, La Poste, France Télécom, etc. ; la
gestion locale assurée par la collectivité publique elle-même ou par un
opérateur privé concessionnaire du service public (schéma fréquent pour
l’alimentation en eau).
aisément satisfaite que la première, tant il est vrai que les couches sociales
privilégiées restent toujours, quels que soient les efforts déployés pour
assurer une égalité réelle, en meilleure posture pour utiliser à bon escient les
possibilités d’accès et les moyens du service. Ainsi, par exemple, dans le
domaine de l’éducation.
L’égalité d’accès au service est permise par sa gratuité ou sa quasi-
gratuité, s’agissant des services administratifs et sociaux et par la pratique de
prix abordables et "péréqués", s’agissant des services économiques. La
fourniture du service peut être ainsi assurée pour tous, et dans les régions les
plus reculées du territoire, ce que ne permettrait évidemment pas sa
soumission aux règles ordinaires du marché.
La neutralité du service public est le prolongement de l’égalité. Elle
impose aux gestionnaires du service de ne pas faire de discrimination ou de
favoritisme en fonction des opinions politiques, des choix philosophiques ou
des convictions religieuses des utilisateurs du service ou de ses agents. Dans
le domaine de l’enseignement, cette exigence de neutralité s’intègre dans le
concept plus large de laïcité. Comment concilier la neutralité de l’école et
l’expression de la liberté de conscience des élèves ? La question du port du
foulard islamique à l’école a récemment fourni au Conseil d’État une nouvelle
occasion de préciser sa jurisprudence sur ce point.
Un dernier principe, enfin, est le principe dit de mutabilité ou
d’adaptabilité. Il signifie que l’autorité publique peut et doit modifier
l’organisation et le fonctionnement du service pour s’adapter aux nouveaux
besoins. Ni le concessionnaire du service, ni ses utilisateurs n’ont droit à son
maintien en l’état. La mise en oeuvre de ce principe ne va pas, elle non plus,
sans poser problème. D’une part, le sens des changements à opérer peut
prêter à discussion, notamment lorsque sont invoquées des considérations de
rentabilité que récusent certains défenseurs du service public. D’autre part,
la mise en oeuvre effective de ces changements n’est pas toujours facile à
imposer face à certaines réactions corporatives.On le voit, les principes de
fonctionnement du service public ont parfois davantage le caractère
d’objectifs à poursuivre, que celui de règles effectivement respectées. Leur
existence n’en est pas moins essentielle. Elle témoigne du degré d’exigence
que la nation assigne aux actions menées en son nom.
50
FRENCH LAW j.paradissis@surrey.ac.uk
51
FRENCH LAW j.paradissis@surrey.ac.uk
pour faire déclarer l’État civilement responsable du dommage, sur le fondement des
articles 1382 à 1384 du code civil. Le conflit fut élevé et le Tribunal des conflits
attribua la compétence pour connaître du litige à la juridiction administrative.
L’arrêt Blanco consacre ainsi la responsabilité de l’État, mettant fin à une
longue tradition d’irresponsabilité, qui ne trouvait d’exceptions qu’en cas de
responsabilité contractuelle ou d’intervention législative, telle la loi du 28 pluviôse
an VIII pour les dommages de travaux publics. Il soumet toutefois cette
responsabilité à un régime spécifique, en considérant que la responsabilité qui peut
incomber à l’État du fait du service public ne peut être régie par les principes qui
sont établis dans le code civil pour les rapports de particulier à particulier. La
nécessité d’appliquer un régime spécial, justifié par les besoins du service public,
est ainsi affirmée. Le corollaire de l’existence de règles spéciales réside dans la
compétence de la juridiction administrative pour connaître de cette responsabilité,
en application de la loi des 16 et 24 août 1790, qui interdit aux tribunaux
judiciaires de "troubler, de quelque manière que ce soit, les opérations des corps
administratifs". Au-delà même de la responsabilité, l’arrêt reconnaît le service
public comme le critère de la compétence de la juridiction administrative, affirme la
spécificité des règles applicables aux services publics et établit un lien entre le fond
du droit applicable et la compétence de la juridiction administrative.
Si l’arrêt Blanco est à bien des égards fondateur du droit administratif,
l’évolution ultérieure de la jurisprudence doit conduire à nuancer les règles qu’il
dégage en matière de répartition des compétences. Le service public n’est plus un
critère absolu de la compétence du juge administratif : en particulier, les litiges
relatifs à des services publics industriels et commerciaux relèvent en principe de la
juridiction judiciaire (voir T.C. 22 janvier 1921, Société commerciale de l’Ouest
africain , p. 91). Or la transformation du service des tabacs et des allumettes en
entreprise publique en a fait un service public à caractère industriel et commercial,
de telle sorte qu’une solution différente serait aujourd’hui appliquée à l’espèce.
Pour ce qui est des services publics gérés par des personnes privées, il est
nécessaire que le dommage résulte à la fois de l’accomplissement d’un service
public et de l’exercice d’une prérogative de puissance publique (par ex. : 23 mars
1983, S.A. Bureau Véritas et autres, p. 133). Enfin, la loi modifie parfois dans
certains domaines la répartition des compétences entre les deux ordres de
juridiction, telle la loi du 31 décembre 1957 transférant aux tribunaux judiciaires
le contentieux des dommages de toute nature causés par des véhicules, au nombre
desquels devrait être compté le wagonnet de l’affaire Blanco .
Le droit de la responsabilité administrative, depuis l’arrêt Blanco , s’est
construit sur un fondement essentiellement jurisprudentiel, de façon autonome par
rapport au droit civil. Il ne s’ensuit toutefois pas que les solutions dégagées par le
juge administratif soient radicalement différentes de celles dégagées par le juge
judiciaire, ni que le code civil ou les principes dont il s’inspire ne s’appliquent
jamais à la responsabilité administrative, comme le montre la responsabilité
décennale des constructeurs. Et si la principale spécificité du droit administratif
résidait au départ dans l’absence de caractère général et absolu de la responsabilité
de l’État, celle-ci a été reconnue de plus en plus largement, y compris en l’absence
de faute, que ce soit sur le terrain du risque ou sur celui de la rupture d’égalité
devant les charges publiques. Il en résulte un régime dans certains cas plus
favorable aux victimes que le droit civil, par exemple en matière de responsabilité
médicale (Ass. 9 avril 1993, Bianchi , p. 127).
52
FRENCH LAW j.paradissis@surrey.ac.uk
53
FRENCH LAW j.paradissis@surrey.ac.uk
conditions qu'une entreprise privée, auquel cas le juge compétent est le juge
judiciaire.
Il était déjà admis que, pour certaines opérations isolées, l'administration
pouvait agir comme un simple particulier sans user de prérogatives de puissance
publique. L'admettre pour un service entier était plus délicat. Le Tribunal des
conflits valida toutefois cette innovation et donna ainsi naissance, bien que le
terme ne soit pas utilisé dans sa décision, à la notion de service public
industriel et commercial.
C'est ainsi que des organes essentiellement administratifs, comme les
collectivités publiques par exemple, peuvent exploiter de tels services : c'est le cas
de l' s'agissant du services des monnaies et médailles (CE, Bouvet, 9 janvier 1981,
p. 4). A l'inverse, certains établissements auxquels la loi ou le décret les instituant
a attribué un caractère industriel et commercial peuvent cependant exercer
partiellement ou totalement des fonctions administratives. Tel est le cas par
exemple de l'Office nationale des forêts (TC, 9 juin 1986, Commune de Kintzheim
c/ Office national des forêts, p. 448).
Pour identifier un service public industriel et commercial, le juge, loin
de s'en tenir aux qualifications parfois trompeuses des textes, à moins qu'ils
ne soient de niveau législatif, met en œuvre plusieurs critères dont les
principaux sont l'objet du service, l'origine des ressources, les modalités du
fonctionnement.
La qualification d'industriel et commercial donnée par la loi ou par le juge à
un service entraîne en principe la compétence du juge judiciaire pour trancher les
litiges le concernant. Mais cette compétence n'est pas générale : dans le domaine de
la responsabilité en premier lieu, puisque le juge administratif se reconnaît
compétent pour connaître des dommages de travaux publics causés à des tiers
ainsi que des dommages causés par des services publics industriels et
commerciaux dans l'exercice de prérogatives de puissance publique ; dans le
domaine des contrats ensuite, puisque certains contrats relatifs à des services
publics industriels et commerciaux, si le service est géré par une personne morale
de droit public, peuvent avoir le caractère de contrat administratif si le second
critère nécessaire à cette qualification est réuni, ce second critère pouvant prendre
plusieurs formes (contrat d'exécution de travaux publics, contrat d'occupation du
domaine public, clauses exorbitantes du droit commun et enfin contrat confiant
l'exécution même du service public). S'agissant du personnel enfin, les litiges les
opposant au service relèvent toujours du juge judiciaire à l'exception du directeur
et du comptable, s'il a la qualité de comptable public (Section, 8 mars 1957,
Jalenques de Labeau, p. 158). Enfin, le juge administratif est compétent pour juger
de la légalité des actes de portée générale des services publics industriels et
commerciaux (TC, 15 janvier 1968, Compagnie Air France c/ Epoux Barbier, p.
789).
54
FRENCH LAW j.paradissis@surrey.ac.uk
Le cadre européen
(Source : http://www.vie-publique.fr/dossier_polpublic/regulation_sp/europe.shtml
55
FRENCH LAW j.paradissis@surrey.ac.uk
s'agisse des transports ferroviaires, des services postaux, de l'énergie ou des
télécommunications.
Article 86 CE
Article 16 CE
56
FRENCH LAW j.paradissis@surrey.ac.uk
THEME 6 : L'UNION ET LA
SEPARATION DU COUPLE EN DROIT
FRANÇAIS (LE MARIAGE, LE PACS, LE DIVORCE)
I. - MODERNISER LA LÉGISLATION
Il suppose que les époux s'entendent tant sur la rupture que sur l'ensemble de ses
conséquences.
Les époux pourront toujours choisir de recourir à un avocat commun ou avoir chacun leur
propre conseil.
Ils devront présenter au juge une convention réglant toutes les conséquences de leur
séparation.
Le magistrat l'homologuera et prononcera le divorce à l'issue d'une seule audience, au lieu de
deux actuellement, si la convention préserve suffisamment les intérêts des enfants et les intérêts
propres de chacun des époux.
Ce n'est qu'en cas de refus d'homologation qu'une seconde audience sera organisée si une
nouvelle convention est présentée par les époux dans un délai maximum de six mois. (Articles 230,
232, 250 à 250-3 nouveaux du code civil).
Dans cette hypothèse, les époux acceptent le principe de la rupture du mariage sans
considération des faits à l'origine de celle-ci, mais ne parviennent pas à un accord global sur les
conséquences de la séparation qu'il reviendra au juge de trancher.
58
FRENCH LAW j.paradissis@surrey.ac.uk
La philosophie de ce type de divorce est profondément modifiée puisqu'il ne repose plus sur
un double aveu de faits rendant la vie commune intolérable mais sur le simple accord des parties
relativement à leur rupture.
Pour mettre fin à l'insécurité juridique, voire aux manoeuvres dilatoires qui affectent
actuellement cette procédure, l'acceptation ainsi recueillie par le juge ne sera plus susceptible de
rétractation, même par la voie de l'appel.
La procédure applicable est également largement remaniée, l'accord des époux, assistés de
leur avocat respectif, pouvant être recueilli dans des formes simplifiées et constaté par le juge à tout
moment de la procédure. (Articles 233, 234 et 253 nouveaux du code civil).
Il est prononcé en cas de violation grave des devoirs et obligations du mariage qui rendent
intolérable le maintien de la vie commune.
Il est apparu inutile de maintenir l'hypothèse spécifique de la violation renouvelée de ces
obligations, celle-ci étant incluse dans la notion de gravité.
Le recours à la médiation familiale, qui favorise la reprise du dialogue et la recherche de
solutions consensuelles constituera pour ce type de divorce, un domaine privilégié. (Articles 242 à
246 nouveaux du code civil).
2° Sur le plan processuel, le parti a été pris de renvoyer au nouveau code de procédure civile
la plupart des règles régissant les cas de divorce.
Néanmoins, les grandes étapes du déroulement de la procédure figureront dans le code civil.
Le projet de loi institue un tronc commun pour toutes les procédures autres que le divorce par
consentement mutuel. L'objectif est de simplifier la demande en divorce et de préserver les chances
de rapprochement des époux sur le principe de la rupture et ses conséquences.
La requête initiale en divorce ne comportera donc plus l'indication des motifs de la séparation.
Ce n'est qu'après la tentative de conciliation que l'époux demandeur devra opter pour l'une des trois
procédures contentieuses et précisera, le cas échéant, les torts qu'il impute à son conjoint.
Ainsi, l'audience de conciliation, qui constitue le temps fort de la procédure, ne devrait plus
être le lieu de conflits exacerbés pour se recentrer sur l'organisation de la vie de la famille et les
véritables enjeux de la séparation (articles 251 et 252 nouveaux du code civil).
Dans cette perspective, les mesures susceptibles d'être prises lors de l'audience de conciliation
sont étendues afin de permettre, notamment, de préparer très en amont le prononcé du divorce et la
liquidation du régime matrimonial (articles 254 et 255 nouveaux du code civil).
59
FRENCH LAW j.paradissis@surrey.ac.uk
II. - RENDRE LES PROCEDURES PLUS EFFICACES ET MOINS
CONFLICTUELLES
[…]
Trois axes sont privilégiés :
* Apaiser les relations conjugales pendant la procédure […]
A cet effet, le projet de loi prévoit de dissocier les conséquences du divorce de la répartition
des torts. Alors qu'aujourd'hui, un époux divorcé à ses torts exclusifs se voit privé de toute prestation
compensatoire, celle-ci ne pourra dorénavant lui être refusée que si l'équité le commande au regard
des circonstances particulières de la rupture (article 270 nouveau du code civil). […]
* Favoriser le règlement complet de toutes les conséquences du divorce au moment de
son prononcé. […]
* Adapter le dispositif relatif à la prestation compensatoire. […]
Article 145
Néanmoins, il est loisible au procureur de la République du lieu de célébration du mariage, d'accorder des dispenses d'âge
pour des motifs graves.
Article 146
Il n'y a pas de mariage lorsqu'il n'y a point de consentement.
Article 146-1
Le mariage d'un français, même contracté à l'étranger, requiert sa présence.
Article 147
On ne peut contracter un second mariage avant la dissolution du premier.
Article 148
Les mineurs ne peuvent contracter mariage sans le consentement de leurs père et mère ; en cas de dissentiment entre le
père et la mère, ce partage emporte consentement.
[…]Article 161
En ligne directe, le mariage est prohibé entre tous les ascendants et descendants légitimes ou naturels, et les alliés dans la
même ligne.
Article 162
En ligne collatérale, le mariage est prohibé, entre le frère et la sœur légitimes ou naturels.
Article 163
Le mariage est encore prohibé entre l'oncle et la nièce, la tante et le neveu, que la parenté soit légitime ou naturelle.
Article 164
Néanmoins, il est loisible au Président de la République de lever, pour des causes graves, les prohibitions portées :
1º par l'article 161 aux mariages entre alliés en ligne directe lorsque la personne qui a créé l'alliance est décédée ;
2º (abrogé) ;
60
FRENCH LAW j.paradissis@surrey.ac.uk
3º par l'article 163 aux mariages entre l'oncle et la nièce, la tante et le neveu.
Article 165
Le mariage sera célébré publiquement devant l'officier de l'état civil de la commune où l'un des époux aura son domicile
ou sa résidence à la date de la publication prévue par l'article 63, et, en cas de dispense de publication, à la date de la
dispense prévue à l'article 169 ci-après.
Article 166
La publication ordonnée à l'article 63 sera faite à la mairie du lieu du mariage et à celle du lieu où chacun des futurs époux
a son domicile ou, à défaut de domicile, sa résidence.
Article 180
Le mariage qui a été contracté sans le consentement libre des deux époux, ou de l'un d'eux, ne peut être attaqué que par les
époux, ou par celui des deux dont le consentement n'a pas été libre.
S'il y a eu erreur dans la personne, ou sur des qualités essentielles de la personne, l'autre époux peut demander la nullité
du mariage.
Article 181
Dans le cas de l'article précédent, la demande en nullité n'est plus recevable, toutes les fois qu'il y a eu cohabitation
continuée pendant six mois depuis que l'époux a acquis sa pleine liberté ou que l'erreur a été par lui reconnue.
Article 182
Le mariage contracté sans le consentement des père et mère, des ascendants, ou du conseil de famille, dans les cas où ce
consentement était nécessaire, ne peut être attaqué que par ceux dont le consentement était requis, ou par celui des deux
époux qui avait besoin de ce consentement.
Article 183
L'action en nullité ne peut plus être intentée ni par les époux, ni par les parents dont le consentement était requis, toutes
les fois que le mariage a été approuvé expressément ou tacitement par ceux dont le consentement était nécessaire, ou
lorsqu'il s'est écoulé une année sans réclamation de leur part, depuis qu'ils ont eu connaissance du mariage. Elle ne peut
être intentée non plus par l'époux, lorsqu'il s'est écoulé une année sans réclamation de sa part, depuis qu'il a atteint l'âge
compétent pour consentir par lui-même au mariage.
Article 184
Tout mariage contracté en contravention aux dispositions contenues aux articles 144, 146, 146-1, 147, 161, 162 et 163,
peut être attaqué soit par les époux eux-mêmes, soit par tous ceux qui y ont intérêt, soit par le ministère public.
Article 185
Néanmoins, le mariage contracté par des époux qui n'avaient point encore l'âge requis, ou dont l'un des deux n'avait point
atteint cet âge, ne peut plus être attaqué :
1º lorsqu'il s'est écoulé six mois depuis que cet époux ou les époux ont atteint l'âge compétent ;
2º lorsque la femme, qui n'avait point cet âge, a conçu avant l'échéance de six mois.
Article 186
Le père, la mère, les ascendants et la famille qui ont consenti au mariage contracté dans le cas de l'article précédent, ne
sont point recevables à en demander la nullité.
Article 187
61
FRENCH LAW j.paradissis@surrey.ac.uk
Dans tous les cas où, conformément à l'article 184, l'action en nullité peut être intentée par tous ceux qui y ont un intérêt,
elle peut l'être par les parents collatéraux, ou par les enfants nés d'un autre mariage, du vivant des deux époux, mais
seulement lorsqu'ils y ont un intérêt né et actuel.
Article 188
L'époux au préjudice duquel a été contracté un second mariage, peut en demander la nullité, du vivant même de l'époux
qui était engagé avec lui.
Article 189
Si les nouveaux époux opposent la nullité du premier mariage, la validité ou la nullité de ce mariage doit être jugée
préalablement.
Article 190
Le procureur de la République, dans tous les cas auxquels s'applique l'article 184 et sous les modifications portées en
l'article 185, peut et doit demander la nullité du mariage, du vivant des deux époux, et les faire condamner à se séparer.
Article 191
Tout mariage qui n'a point été contracté publiquement, et qui n'a point été célébré devant l'officier public compétent, peut
être attaqué par les époux eux-mêmes, par les père et mère, par les ascendants et par tous ceux qui y ont un intérêt né et
actuel, ainsi que par le ministère public.
Article 202
Il produit aussi ses effets à l'égard des enfants, quand bien même aucun des époux n'aurait été de bonne foi.
Le juge statue sur les modalités de l'exercice de l'autorité parentale comme en matière de divorce.
Article 203
Les époux contractent ensemble, par le fait seul du mariage, l'obligation de nourrir, entretenir et élever leurs enfants.
Article 204
L'enfant n'a pas d'action contre ses père et mère pour un établissement par mariage ou autrement.
Article 205
Les enfants doivent des aliments à leurs père et mère ou autres ascendants qui sont dans le besoin.
Article 206
Les gendres et belles-filles doivent également et dans les mêmes circonstances, des aliments à leur beau-père et belle-
mère, mais cette obligation cesse lorsque celui des époux qui produisait l'affinité et les enfants issus de son union avec
l'autre époux sont décédés.
Article 207
Les obligations résultant de ces dispositions sont réciproques.
Néanmoins, quand le créancier aura lui-même manqué gravement à ses obligations envers le débiteur, le juge pourra
décharger celui-ci de tout ou partie de la dette alimentaire.
Article 208
Les aliments ne sont accordés que dans la proportion du besoin de celui qui les réclame, et de la fortune de celui qui les
doit.
Le juge peut, même d'office, et selon les circonstances de l'espèce, assortir la pension alimentaire d'une clause de variation
permise par les lois en vigueur.
Article 209
Lorsque celui qui fournit ou celui qui reçoit des aliments est replacé dans un état tel, que l'un ne puisse plus en donner, ou
que l'autre n'en ait plus besoin en tout ou partie, la décharge ou réduction peut en être demandée.
62
FRENCH LAW j.paradissis@surrey.ac.uk
Article 210
Si la personne qui doit fournir des aliments justifie qu'elle ne peut payer la pension alimentaire, le juge aux affaires
familiales pourra, en connaissance de cause, ordonner qu'elle recevra dans sa demeure, qu'elle nourrira et entretiendra
celui auquel elle devra des aliments.
Article 211
Le juge aux affaires familiales prononcera également si le père ou la mère qui offrira de recevoir, nourrir et entretenir dans
sa demeure, l'enfant à qui il devra des aliments, devra dans ce cas être dispensé de payer la pension alimentaire.
Article 212
Les époux se doivent mutuellement fidélité, secours, assistance.
Article 213
Les époux assurent ensemble la direction morale et matérielle de la famille. Ils pourvoient à l'éducation des enfants et
préparent leur avenir.
Article 214
Si les conventions matrimoniales ne règlent pas la contribution des époux aux charges du mariage, ils y contribuent à
proportion de leurs facultés respectives.
Si l'un des époux ne remplit pas ses obligations, il peut y être contraint par l'autre dans les formes prévues au code de
procédure civile.
Article 215
Les époux s'obligent mutuellement à une communauté de vie.
La résidence de la famille est au lieu qu'ils choisissent d'un commun accord.
Les époux ne peuvent l'un sans l'autre disposer des droits par lesquels est assuré le logement de la famille, ni des meubles
meublants dont il est garni. Celui des deux qui n'a pas donné son consentement à l'acte peut en demander l'annulation :
l'action en nullité lui est ouverte dans l'année à partir du jour où il a eu connaissance de l'acte, sans pouvoir jamais être
intentée plus d'un an après que le régime matrimonial s'est dissous.
Article 225
Chacun des époux administre, oblige et aliène seul ses biens personnels.
Article 226
Les dispositions du présent chapitre, en tous les points où elles ne réservent pas l'application des conventions
matrimoniales, sont applicables, par le seul effet du mariage, quel que soit le régime matrimonial des époux.
Article 227
Le mariage se dissout :
1º Par la mort de l'un des époux ;
2º Par le divorce légalement prononcé.
Titre VI : Du divorce
Article 228
Le tribunal de grande instance statuant en matière civile est seul compétent pour se prononcer sur le divorce et ses
conséquences.
Un juge de ce tribunal est délégué aux affaires familiales.
Ce juge a compétence pour prononcer le divorce, quelle qu'en soit la cause. Il peut renvoyer l'affaire en l'état à une
audience collégiale. Ce renvoi est de droit à la demande d'une partie.
Il est également seul compétent, après le prononcé du divorce, quelle qu'en soit la cause, pour statuer sur les modalités de
l'exercice de l'autorité parentale, sur la modification de la contribution à l'entretien et l'éducation des enfants et pour
décider de confier ceux-ci à un tiers ainsi que sur la révision de la prestation compensatoire ou de ses modalités de
paiement. Il statue alors sans formalité et peut être saisi par les parties intéressées sur simple requête.
63
FRENCH LAW j.paradissis@surrey.ac.uk
Chapitre I : Des cas de divorce
Article 229 (Loi 2004-439 du 26 mai 2004)
Le divorce peut être prononcé en cas :
- soit de consentement mutuel ;
- soit d'acceptation du principe de la rupture du mariage ;
- soit d'altération définitive du lien conjugal ;
- soit de faute.
Article 231
(Abrogé par Loi nº 2004-439 du 26 mai 2004 art. 23 I Journal Officiel du 27 mai 2004 en vigueur le 1er janvier 2005)
Article 232
Le juge homologue la convention et prononce le divorce s'il a acquis la conviction que la volonté de chacun des époux est
réelle et que leur consentement est libre et éclairé.
Il peut refuser l'homologation et ne pas prononcer le divorce s'il constate que la convention préserve insuffisamment les
intérêts des enfants ou de l'un des époux.
Article 234
S'il a acquis la conviction que chacun des époux a donné librement son accord, le juge prononce le divorce et statue sur
ses conséquences.
Article 235
Article 236 (Abrogés par la Loi nº 2004-439 du 26 mai 2004 art. 23 I Journal Officiel du 27 mai 2004 en vigueur le 1er
janvier 2005)
Article 238
L'altération définitive du lien conjugal résulte de la cessation de la communauté de vie entre les époux, lorsqu'ils vivent
séparés depuis deux ans lors de l'assignation en divorce.
Nonobstant ces dispositions, le divorce est prononcé pour altération définitive du lien conjugal dans le cas prévu au
second alinéa de l'article 246, dès lors que la demande présentée sur ce fondement est formée à titre reconventionnel.
Article 239
Article 240
Article 241 (ABROGÉS)
Article 244
La réconciliation des époux intervenue depuis les faits allégués empêche de les invoquer comme cause de divorce.
64
FRENCH LAW j.paradissis@surrey.ac.uk
Le juge déclare alors la demande irrecevable. Une nouvelle demande peut cependant être formée en raison de faits
survenus ou découverts depuis la réconciliation, les faits anciens pouvant alors être rappelés à l'appui de cette nouvelle
demande.
Le maintien ou la reprise temporaire de la vie commune ne sont pas considérés comme une réconciliation s'ils ne
résultent que de la nécessité ou d'un effort de conciliation ou des besoins de l'éducation des enfants.
Article 245
Les fautes de l'époux qui a pris l'initiative du divorce n'empêchent pas d'examiner sa demande ; elles peuvent, cependant,
enlever aux faits qu'il reproche à son conjoint le caractère de gravité qui en aurait fait une cause de divorce.
Ces fautes peuvent aussi être invoquées par l'autre époux à l'appui d'une demande reconventionnelle en divorce. Si les
deux demandes sont accueillies, le divorce est prononcé aux torts partagés.
Même en l'absence de demande reconventionnelle, le divorce peut être prononcé aux torts partagés des deux époux si
les débats font apparaître des torts à la charge de l'un et de l'autre.
Article 245-1
A la demande des conjoints, le juge peut se limiter à constater dans les motifs du jugement qu'il existe des faits constituant
une cause de divorce, sans avoir à énoncer les torts et griefs des parties.
Article 246
Lorsque le divorce aura été demandé en application des articles 233 à 245, les époux pourront, tant qu'aucune décision sur
le fond n'aura été rendue, demander au juge aux affaires familiales de constater leur accord et d'homologuer le projet de
convention réglant les conséquences du divorce.
Les dispositions des articles 231 et 232 seront alors applicables.
Article 246
Si une demande pour altération définitive du lien conjugal et une demande pour faute sont concurremment présentées, le
juge examine en premier lieu la demande pour faute.
S'il rejette celle-ci, le juge statue sur la demande en divorce pour altération définitive du lien conjugal.
Article 247-1
Les époux peuvent également, à tout moment de la procédure, lorsque le divorce aura été demandé pour altération
définitive du lien conjugal ou pour faute, demander au juge de constater leur accord pour voir prononcer le divorce pour
acceptation du principe de la rupture du mariage.
Article 247-2
Si, dans le cadre d'une instance introduite pour altération définitive du lien conjugal, le défendeur demande
reconventionnellement le divorce pour faute, le demandeur peut invoquer les fautes de son conjoint pour modifier le
fondement de sa demande.
Article 248
Les débats sur la cause, les conséquences du divorce et les mesures provisoires ne sont pas publics.
Article 248-1
En cas de divorce pour faute, et à la demande des conjoints, le juge aux affaires familiales peut se limiter à constater dans
les motifs du jugement qu'il existe des faits constituant une cause de divorce, sans avoir à énoncer les torts et griefs des
parties.
Article 250
La demande en divorce est présentée par les avocats respectifs des parties ou par un avocat choisi d'un commun accord.
Le juge examine la demande avec chacun des époux, puis les réunit. Il appelle ensuite le ou les avocats.
Article 250-1
Lorsque les conditions prévues à l'article 232 sont réunies, le juge homologue la convention réglant les conséquences du
divorce et, par la même décision, prononce celui-ci.
Article 250-2
En cas de refus d'homologation de la convention, le juge peut cependant homologuer les mesures provisoires au sens des
articles 254 et 255 que les parties s'accordent à prendre jusqu'à la date à laquelle le jugement de divorce passe en force de
chose jugée, sous réserve qu'elles soient conformes à l'intérêt du ou des enfants.
65
FRENCH LAW j.paradissis@surrey.ac.uk
Une nouvelle convention peut alors être présentée par les époux dans un délai maximum de six mois.
Article 250-3
A défaut de présentation d'une nouvelle convention dans le délai fixé à l'article 250-2 ou si le juge refuse une nouvelle fois
l'homologation, la demande en divorce est caduque.
Article 251
L'époux qui forme une demande en divorce présente, par avocat, une requête au juge, sans indiquer les motifs du divorce.
Article 252
Une tentative de conciliation est obligatoire avant l'instance judiciaire. Elle peut être renouvelée pendant l'instance.
Le juge cherche à concilier les époux tant sur le principe du divorce que sur ses conséquences.
Article 252-1
Lorsque le juge cherche à concilier les époux, il doit s'entretenir personnellement avec chacun d'eux séparément avant de
les réunir en sa présence.
Les avocats sont ensuite appelés à assister et à participer à l'entretien.
Dans le cas où l'époux qui n'a pas formé la demande ne se présente pas à l'audience ou se trouve hors d'état de
manifester sa volonté, le juge s'entretient avec l'autre conjoint et l'invite à la réflexion.
Article 252-2
La tentative de conciliation peut être suspendue et reprise sans formalité, en ménageant aux époux des temps de réflexion
dans une limite de huit jours.
Si un plus long délai paraît utile, le juge peut décider de suspendre la procédure et de recourir à une nouvelle tentative
de conciliation dans les six mois au plus. Il ordonne, s'il y a lieu, les mesures provisoires nécessaires.
Article 252-3
Lorsque le juge constate que le demandeur maintient sa demande, il incite les époux à régler les conséquences du
divorce à l'amiable.
Il leur demande de présenter pour l'audience de jugement un projet de règlement des effets du divorce. A cet effet, il
peut prendre les mesures provisoires prévues à l'article 255.
Article 252-4
Ce qui a été dit ou écrit à l'occasion d'une tentative de conciliation, sous quelque forme qu'elle ait eu lieu, ne pourra pas
être invoqué pour ou contre un époux ou un tiers dans la suite de la procédure.
Article 253
Les époux ne peuvent accepter le principe de la rupture du mariage et le prononcé du divorce sur le fondement de l'article
233 que s'ils sont chacun assistés par un avocat.
[…]
Article 259
Les faits invoqués en tant que causes de divorce ou comme défenses à une demande peuvent être établis par tout mode de
preuve, y compris l'aveu. Toutefois, les descendants ne peuvent jamais être entendus sur les griefs invoqués par les époux.
Article 259-1
Un époux ne peut verser aux débats un élément de preuve qu'il aurait obtenu par violence ou fraude.
Article 259-2
Les constats dressés à la demande d'un époux sont écartés des débats s'il y a eu violation de domicile ou atteinte illicite à
l'intimité de la vie privée.
Article 259-3
Les époux doivent se communiquer et communiquer au juge ainsi qu'aux experts et aux autres personnes désignées par lui
en application des 9º et 10º de l'article 255, tous renseignements et documents utiles pour fixer les prestations et pensions
et liquider le régime matrimonial.
Le juge peut faire procéder à toutes recherches utiles auprès des débiteurs ou de ceux qui détiennent des valeurs pour le
compte des époux sans que le secret professionnel puisse être opposé.
Article 260
La décision qui prononce le divorce dissout le mariage à la date à laquelle elle prend force de chose jugée.
66
FRENCH LAW j.paradissis@surrey.ac.uk
Article 264
A la suite du divorce, chacun des époux perd l'usage du nom de son conjoint.
L'un des époux peut néanmoins conserver l'usage du nom de l'autre, soit avec l'accord de celui-ci, soit avec l'autorisation
du juge, s'il justifie d'un intérêt particulier pour lui ou pour les enfants.
Article 267
A défaut d'un règlement conventionnel par les époux, le juge, en prononçant le divorce, ordonne la liquidation et le
partage de leurs intérêts patrimoniaux.
Il statue sur les demandes de maintien dans l'indivision ou d'attribution préférentielle.
Il peut aussi accorder à l'un des époux ou aux deux une avance sur sa part de communauté ou de biens indivis.
Si le projet de liquidation du régime matrimonial établi par le notaire désigné sur le fondement du 10º de l'article 255
contient des informations suffisantes, le juge, à la demande de l'un ou l'autre des époux, statue sur les désaccords
persistant entre eux.
Article 267-1
Si les opérations de liquidation et de partage ne sont pas achevées dans le délai d'un an après que le jugement de divorce
est passé en force de chose jugée, le notaire transmet au tribunal un procès-verbal de difficultés reprenant les déclarations
respectives des parties.
Au vu de celui-ci, le tribunal peut accorder un délai supplémentaire d'une durée maximale de six mois.
Si, à l'expiration de ce délai, les opérations ne sont toujours pas achevées, le notaire en informe le tribunal. Il établit, si
les changements intervenus le rendent nécessaire, un nouveau procès-verbal.
Le tribunal statue sur les contestations subsistant entre les parties et les renvoie devant le notaire afin d'établir l'état
liquidatif.
Article 268
Les époux peuvent, pendant l'instance, soumettre à l'homologation du juge des conventions réglant tout ou partie des
conséquences du divorce.
Le juge, après avoir vérifié que les intérêts de chacun des époux et des enfants sont préservés, homologue les
conventions en prononçant le divorce.
Article 270
Le divorce met fin au devoir de secours entre époux.
L'un des époux peut être tenu de verser à l'autre une prestation destinée à compenser, autant qu'il est possible, la
disparité que la rupture du mariage crée dans les conditions de vie respectives. Cette prestation a un caractère forfaitaire.
Elle prend la forme d'un capital dont le montant est fixé par le juge.
Toutefois, le juge peut refuser d'accorder une telle prestation si l'équité le commande, soit en considération des critères
prévus à l'article 271, soit lorsque le divorce est prononcé aux torts exclusifs de l'époux qui demande le bénéfice de cette
prestation, au regard des circonstances particulières de la rupture.
Article 271
La prestation compensatoire est fixée selon les besoins de l'époux à qui elle est versée et les ressources de l'autre en
tenant compte de la situation au moment du divorce et de l'évolution de celle-ci dans un avenir prévisible.
A cet effet, le juge prend en considération notamment :
- la durée du mariage ;
- l'âge et l'état de santé des époux ;
- leur qualification et leur situation professionnelles ;
- les conséquences des choix professionnels faits par l'un des époux pendant la vie commune pour l'éducation des
enfants et du temps qu'il faudra encore y consacrer ou pour favoriser la carrière de son conjoint au détriment de la sienne ;
- le patrimoine estimé ou prévisible des époux, tant en capital qu'en revenu, après la liquidation du régime matrimonial ;
- leurs droits existants et prévisibles ;
- leur situation respective en matière de pensions de retraite.
67
FRENCH LAW j.paradissis@surrey.ac.uk
Article 272
Dans le cadre de la fixation d'une prestation compensatoire, par le juge ou par les parties, ou à l'occasion d'une demande
de révision, les parties fournissent au juge une déclaration certifiant sur l'honneur l'exactitude de leurs ressources, revenus,
patrimoine et conditions de vie.
Article 274
Le juge décide des modalités selon lesquelles s'exécutera la prestation compensatoire en capital parmi les formes
suivantes :
1º Versement d'une somme d'argent, le prononcé du divorce pouvant être subordonné à la constitution des garanties
prévues à l'article 277 ;
2º Attribution de biens en propriété ou d'un droit temporaire ou viager d'usage, d'habitation ou d'usufruit, le jugement
opérant cession forcée en faveur du créancier. Toutefois, l'accord de l'époux débiteur est exigé pour l'attribution en
propriété de biens qu'il a reçus par succession ou donation.
Article 275
Lorsque le débiteur n'est pas en mesure de verser le capital dans les conditions prévues par l'article 274, le juge fixe les
modalités de paiement du capital, dans la limite de huit années, sous forme de versements périodiques indexés selon les
règles applicables aux pensions alimentaires.
Le débiteur peut demander la révision de ces modalités de paiement en cas de changement important de sa situation. A
titre exceptionnel, le juge peut alors, par décision spéciale et motivée, autoriser le versement du capital sur une durée
totale supérieure à huit ans.
Le débiteur peut se libérer à tout moment du solde du capital indexé.
Après la liquidation du régime matrimonial, le créancier de la prestation compensatoire peut saisir le juge d'une
demande en paiement du solde du capital indexé.
Article 276
A titre exceptionnel, le juge peut, par décision spécialement motivée, lorsque l'âge ou l'état de santé du créancier ne lui
permet pas de subvenir à ses besoins, fixer la prestation compensatoire sous forme de rente viagère. Il prend en
considération les éléments d'appréciation prévus à l'article 271.
Le montant de la rente peut être minoré, lorsque les circonstances l'imposent, par l'attribution d'une fraction en capital
parmi les formes prévues à l'article 274.
***
Titre XII : Du pacte civil de solidarité et du concubinage
Chapitre I : Du pacte civil de solidarité
Article 515-1 (inséré par Loi nº 99-944 du 15 novembre 1999 art. 1 Journal Officiel du 16 novembre 1999)
Un pacte civil de solidarité est un contrat conclu par deux personnes physiques majeures, de sexe différent ou de même
sexe, pour organiser leur vie commune.
Article 515-2
A peine de nullité, il ne peut y avoir de pacte civil de solidarité :
1º Entre ascendant et descendant en ligne directe, entre alliés en ligne directe et entre collatéraux jusqu'au troisième
degré inclus ;
2º Entre deux personnes dont l'une au moins est engagée dans les liens du mariage ;
3º Entre deux personnes dont l'une au moins est déjà liée par un pacte civil de solidarité.
Article 515-3
Deux personnes qui concluent un pacte civil de solidarité en font la déclaration conjointe au greffe du tribunal d'instance
dans le ressort duquel elles fixent leur résidence commune.
A peine d'irrecevabilité, elles produisent au greffier la convention passée entre elles en double original et joignent les
pièces d'état civil permettant d'établir la validité de l'acte au regard de l'article 515-2 ainsi qu'un certificat du greffe du
tribunal d'instance de leur lieu de naissance ou, en cas de naissance à l'étranger, du greffe du tribunal de grande instance
de Paris, attestant qu'elles ne sont pas déjà liées par un pacte civil de solidarité.
Après production de l'ensemble des pièces, le greffier inscrit cette déclaration sur un registre.
Le greffier vise et date les deux exemplaires originaux de la convention et les restitue à chaque partenaire.
Il fait porter mention de la déclaration sur un registre tenu au greffe du tribunal d'instance du lieu de naissance de
chaque partenaire ou, en cas de naissance à l'étranger, au greffe du tribunal de grande instance de Paris.
L'inscription sur le registre du lieu de résidence confère date certaine au pacte civil de solidarité et le rend opposable aux
tiers.
68
FRENCH LAW j.paradissis@surrey.ac.uk
Toute modification du pacte fait l'objet d'une déclaration conjointe inscrite au greffe du tribunal d'instance qui a reçu
l'acte initial, à laquelle est joint, à peine d'irrecevabilité et en double original, l'acte portant modification de la convention.
Les formalités prévues au quatrième alinéa sont applicables.
A l'étranger, l'inscription de la déclaration conjointe d'un pacte liant deux partenaires dont l'un au moins est de
nationalité française et les formalités prévues aux deuxième et quatrième alinéas sont assurées par les agents
diplomatiques et consulaires français ainsi que celles requises en cas de modification du pacte.
Article 515-4
Les partenaires liés par un pacte civil de solidarité s'apportent une aide mutuelle et matérielle. Les modalités de cette aide
sont fixées par le pacte.
Les partenaires sont tenus solidairement à l'égard des tiers des dettes contractées par l'un d'eux pour les besoins de la vie
courante et pour les dépenses relatives au logement commun.
Article 515-5
Les partenaires d'un pacte civil de solidarité indiquent, dans la convention visée au deuxième alinéa de l'article 515-3, s'ils
entendent soumettre au régime de l'indivision les meubles meublants dont ils feraient l'acquisition à titre onéreux
postérieurement à la conclusion du pacte. A défaut, ces meubles sont présumés indivis par moitié. Il en est de même
lorsque la date d'acquisition de ces biens ne peut être établie.
Les autres biens dont les partenaires deviennent propriétaire s à titre onéreux postérieurement à la conclusion du pacte
sont présumés indivis par moitié si l'acte d'acquisition ou de souscription n'en dispose autrement.
Article 515-6
Les dispositions de l'article 832 sont applicables entre partenaires d'un pacte civil de solidarité en cas de dissolution de
celui-ci, à l'exception de celles relatives à tout ou partie d'une exploitation agricole, ainsi qu'à une quote-part indivise ou
aux parts sociales de cette exploitation.
Article 515-7
Lorsque les partenaires décident d'un commun accord de mettre fin au pacte civil de solidarité, ils remettent une
déclaration conjointe écrite au greffe du tribunal d'instance dans le ressort duquel l'un d'entre eux au moins a sa résidence.
Le greffier inscrit cette déclaration sur un registre et en assure la conservation.
Lorsque l'un des partenaires décide de mettre fin au pacte civil de solidarité, il signifie à l'autre sa décision et adresse
copie de cette signification au greffe du tribunal d'instance qui a reçu l'acte initial.
Lorsque l'un des partenaires met fin au pacte civil de solidarité en se mariant, il en informe l'autre par voie de
signification et adresse copies de celle-ci et de son acte de naissance, sur lequel est portée mention du mariage, au greffe
du tribunal d'instance qui a reçu l'acte initial.
Lorsque le pacte civil de solidarité prend fin par le décès de l'un au moins des partenaires, le survivant ou tout intéressé
adresse copie de l'acte de décès au greffe du tribunal d'instance qui a reçu l'acte initial.
Le greffier, qui reçoit la déclaration ou les actes prévus aux alinéas précédents, porte ou fait porter mention de la fin du
pacte en marge de l'acte initial. Il fait également procéder à l'inscription de cette mention en marge du registre prévu au
cinquième alinéa de l'article 515-3.
A l'étranger, la réception, l'inscription et la conservation de la déclaration ou des actes prévus aux quatre premiers
alinéas sont assurées par les agents diplomatiques et consulaires français, qui procèdent ou font procéder également aux
mentions prévues à l'alinéa précédent.
Le pacte civil de solidarité prend fin, selon le cas :
1º Dès la mention en marge de l'acte initial de la déclaration conjointe prévue au premier alinéa ;
2º Trois mois après la signification délivrée en application du deuxième alinéa, sous réserve qu'une copie en ait été
portée à la connaissance du greffier du tribunal désigné à cet alinéa ;
3º A la date du mariage ou du décès de l'un des partenaires.
Les partenaires procèdent eux-mêmes à la liquidation des droits et obligations résultant pour eux du pacte civil de
solidarité. A défaut d'accord, le juge statue sur les conséquences patrimoniales de la rupture, sans préjudice de la
réparation du dommage éventuellement subi.
Chapitre II : Du concubinage
Article 515-8 (inséré par Loi nº 99-944 du 15 novembre 1999 art. 3 Journal Officiel du 16 novembre 1999)
Le concubinage est une union de fait, caractérisée par une vie commune présentant un caractère de stabilité et de
continuité, entre deux personnes, de sexe différent ou de même sexe, qui vivent en couple.
69
FRENCH LAW j.paradissis@surrey.ac.uk
Attendu que l'erreur dans la personne, dont les art. 146 et 180 c. Nap. ont fait une cause de nullité de mariage, ne s'entend,
sous la nouvelle comme sous l'ancienne législation, que d'une erreur portant sur la personne elle-même ;
Attendu que si la nullité ainsi établie ne doit pas être restreinte au cas unique de l'erreur provenant d'une substitution
frauduleuse de personne au moment de la célébration, si elle peut également recevoir son application quand l'erreur
procède de ce que l'un des époux s'est fait agréer, en se présentant comme membre d'une famille qui n'est pas la sienne, et
s'est attribué les conditions d'origine et de filiation qui appartiennent à un autre, le texte et l'esprit de l'art. 180 écartent
virtuellement de sa disposition les erreurs d'une autre nature, et n'admettent la nullité que pour l'erreur qui porte sur
l'identité de la personne, et par le résultat de laquelle l'une des parties a épousé une personne autre que celle à laquelle elle
croyait s'unir ;
Qu'ainsi la nullité pour erreur dans la personne reste sans extension possible aux simples erreurs sur des conditions ou des
qualités de la personne, sur des flétrissures qu'elle aurait subies, et spécialement à l'erreur de l'époux qui a ignoré la
condamnation à des peines afflictives ou infamantes antérieurement prononcée contre son conjoint, et la privation des
droits civils et civiques qui s'en est suivie ;
Que la déchéance établie par l'art. 34 c. pén. ne constitue par elle-même ni un empêchement au mariage, ni une cause de
nullité de l'union contractée ;
Qu'elle ne touche non plus en rien à l'identité de la personne ; qu'elle ne peut donc motiver une action en nullité pour
erreur dans la personne ;
Qu'en le jugeant ainsi et en rejetant la demande en nullité de son mariage formée par Zoé H..., et motivée sur l'ignorance
où elle avait été, à l'époque du mariage, de la condamnation à quinze ans de travaux forcés qu'avait antérieurement subie
B..., son mari, et la privation des droits civils et civiques qui en avait été la suite, l'arrêt attaqué n'a fait qu'une juste et
saine application des art. 146 et 180 c. Nap.
Attendu qu'il résulte des constations des juges du fond qu'Appietto a demandé la nullité du mariage qu'il a contracté à
Ajaccio avec demoiselle Liliane Feibelman, exposant qu'il n'avait consenti à cette union que dans le but de conférer la
légitimité à l'enfant dont il était le père, mais qu'il n'avait aucune intention de fonder un foyer et qu'il fut convenu entre les
futurs époux que le divorce serait demandé dès la célébration du mariage ;
Attendu qu'il est fait grief à l'arrêt confirmatif attaqué (Bastia, 9 avril 1962) d'avoir débouté l'appelant de sa demande, au
motif que le mariage n'était ni entaché du vice d'erreur ni du vice de violence, alors que les époux n'avaient pas l'intention
véritable et sérieuse de fonder une famille ;
Mais attendu que si le mariage est nul, faute de consentement, lorsque les époux ne se sont prêtés à la cérémonie qu'en
vue d'atteindre un résultat étranger à l'union matrimoniale, il est au contraire valable lorsque les conjoints ont cru pouvoir
limiter ses effets légaux et notamment n'ont donné leur consentement que dans le but de conférer à l'enfant commun la
situation d'enfant légitime ;
Attendu que tant par ses motifs propres que par ceux des premiers juges qu'il adopte, l'arrêt relève exactement que « le
désir et le souci d'assurer à un enfant une naissance légitime au sein d'un foyer légalement fondé constitue l'une des
raisons majeures... de l'institution du mariage » et que le mariage est « une institution d'ordre public à laquelle les parties
contractantes ne peuvent apporter les modifications que leur intérêt ou les circonstances exigeraient » ; qu'ainsi l'arrêt
attaqué qui est motivé, n'a pas violé les textes visés au moyen et que le grief doit être écarté ;
70
FRENCH LAW j.paradissis@surrey.ac.uk
CODE CIVIL
Article 1102
Le contrat est synallagmatique ou bilatéral lorsque les contractants s'obligent réciproquement les uns envers les autres.
Article 1103
Il est unilatéral lorsqu'une ou plusieurs personnes sont obligées envers une ou plusieurs autres, sans que de la part de ces
dernières il y ait d'engagement.
Article 1104
Il est commutatif lorsque chacune des parties s'engage à donner ou à faire une chose qui est regardée comme l'équivalent
de ce qu'on lui donne, ou de ce qu'on fait pour elle.
Lorsque l'équivalent consiste dans la chance de gain ou de perte pour chacune des parties, d'après un événement incertain,
le contrat est aléatoire.
Article 1105
Le contrat de bienfaisance est celui dans lequel l'une des parties procure à l'autre un avantage purement gratuit.
Article 1106
Le contrat à titre onéreux est celui qui assujettit chacune des parties à donner ou à faire quelque chose.
Article 1107
Les contrats, soit qu'ils aient une dénomination propre, soit qu'ils n'en aient pas, sont soumis à des règles générales, qui
sont l'objet du présent titre.
Les règles particulières à certains contrats sont établies sous les titres relatifs à chacun d'eux ; et les règles particulières
aux transactions commerciales sont établies par les lois relatives au commerce.
Article 1108
Quatre conditions sont essentielles pour la validité d'une convention :
Le consentement de la partie qui s'oblige ;
Sa capacité de contracter ;
Un objet certain qui forme la matière de l'engagement ;
Une cause licite dans l'obligation.
Article 1108-1 (inséré par Loi nº 2004-575 du 21 juin 2004 art. 25 I Journal Officiel du 22 juin 2004)
Lorsqu'un écrit est exigé pour la validité d'un acte juridique, il peut être établi et conservé sous forme électronique dans les
conditions prévues aux articles 1316-1 et 1316-4 et, lorsqu'un acte authentique est requis, au second alinéa de l'article 1317.
Lorsqu'est exigée une mention écrite de la main même de celui qui s'oblige, ce dernier peut l'apposer sous forme
électronique si les conditions de cette apposition sont de nature à garantir qu'elle ne peut être effectuée que par lui-même.
Article 1108-2 (inséré par Loi nº 2004-575 du 21 juin 2004 art. 25 I Journal Officiel du 22 juin 2004)
Il est fait exception aux dispositions de l'article 1108-1 pour :
1º Les actes sous seing privé relatifs au droit de la famille et des successions ;
71
FRENCH LAW j.paradissis@surrey.ac.uk
2º Les actes sous seing privé relatifs à des sûretés personnelles ou réelles, de nature civile ou commerciale, sauf s'ils sont
passés par une personne pour les besoins de sa profession.
Section I : Du consentement
Article 1109
Il n'y a point de consentement valable, si le consentement n'a été donné que par erreur, ou s'il a été extorqué par violence
ou surpris par dol.
Article 1110
L'erreur n'est une cause de nullité de la convention que lorsqu'elle tombe sur la substance même de la chose qui en est
l'objet.
Elle n'est point une cause de nullité, lorsqu'elle ne tombe que sur la personne avec laquelle on a intention de contracter, à
moins que la considération de cette personne ne soit la cause principale de la convention.
Article 1111
La violence exercée contre celui qui a contracté l'obligation, est une cause de nullité, encore qu'elle ait été exercée par un
tiers autre que celui au profit duquel la convention a été faite.
Article 1112
Il y a violence, lorsqu'elle est de nature à faire impression sur une personne raisonnable, et qu'elle peut lui inspirer la
crainte d'exposer sa personne ou sa fortune à un mal considérable et présent.
On a égard, en cette matière, à l'âge, au sexe et à la condition des personnes.
Article 1113
La violence est une cause de nullité du contrat, non seulement lorsqu'elle a été exercée sur la partie contractante, mais
encore lorsqu'elle l'a été sur son époux ou sur son épouse, sur ses descendants ou ses ascendants.
Article 1114
La seule crainte révérencielle envers le père, la mère, ou autre ascendant, sans qu'il y ait eu de violence exercée, ne suffit
point pour annuler le contrat.
Article 1115
Un contrat ne peut plus être attaqué pour cause de violence, si, depuis que la violence a cessé, ce contrat a été approuvé
soit expressément, soit tacitement, soit en laissant passer le temps de la restitution fixé par la loi.
Article 1116
Le dol est une cause de nullité de la convention lorsque les manoeuvres pratiquées par l'une des parties sont telles, qu'il est
évident que, sans ces manoeuvres, l'autre partie n'aurait pas contracté.
Il ne se présume pas, et doit être prouvé.
Article 1117
La convention contractée par erreur, violence ou dol, n'est point nulle de plein droit ; elle donne seulement lieu à une
action en nullité ou en rescision, dans les cas et de la manière expliqués à la section VII du chapitre V du présent titre.
Article 1118
La lésion ne vicie les conventions que dans certains contrats ou à l'égard de certaines personnes, ainsi qu'il sera expliqué
en la même section.
Article 1119
On ne peut, en général, s'engager, ni stipuler en son propre nom, que pour soi-même.
Article 1120
Néanmoins on peut se porter fort pour un tiers, en promettant le fait de celui-ci ; sauf l'indemnité contre celui qui s'est
porté fort ou qui a promis de faire ratifier, si le tiers refuse de tenir l'engagement.
Article 1121
On peut pareillement stipuler au profit d'un tiers, lorsque telle est la condition d'une stipulation que l'on fait pour soi-
même ou d'une donation que l'on fait à un autre. Celui qui a fait cette stipulation ne peut plus la révoquer, si le tiers a déclaré
vouloir en profiter.
Article 1122
72
FRENCH LAW j.paradissis@surrey.ac.uk
On est censé avoir stipulé pour soi et pour ses héritiers et ayants cause, à moins que le contraire ne soit exprimé ou ne
résulte de la nature de la convention.
Article 1126
Tout contrat a pour objet une chose qu'une partie s'oblige à donner, ou qu'une partie s'oblige à faire ou à ne pas faire.
Article 1127
Le simple usage ou la simple possession d'une chose peut être, comme la chose même, l'objet du contrat.
Article 1128
Il n'y a que les choses qui sont dans le commerce qui puissent être l'objet des conventions.
Article 1129
Il faut que l'obligation ait pour objet une chose au moins déterminée quant à son espèce.
La quotité de la chose peut être incertaine, pourvu qu'elle puisse être déterminée.
Article 1130
Les choses futures peuvent être l'objet d'une obligation.
On ne peut cependant renoncer à une succession non ouverte, ni faire aucune stipulation sur une pareille succession,
même avec le consentement de celui de la succession duquel il s'agit.
Section IV : De la cause
Article 1131
L'obligation sans cause, ou sur une fausse cause, ou sur une cause illicite, ne peut avoir aucun effet.
Article 1132
La convention n'est pas moins valable, quoique la cause n'en soit pas exprimée.
Article 1133
La cause est illicite, quand elle est prohibée par la loi, quand elle est contraire aux bonnes moeurs ou à l'ordre public.
Article 1134
Les conventions légalement formées tiennent lieu de loi à ceux qui les ont faites.
Elles ne peuvent être révoquées que de leur consentement mutuel, ou pour les causes que la loi autorise.
Elles doivent être exécutées de bonne foi.
Article 1135
Les conventions obligent non seulement à ce qui y est exprimé, mais encore à toutes les suites que l'équité, l'usage ou la
loi donnent à l'obligation d'après sa nature.
Article 1136
L'obligation de donner emporte celle de livrer la chose et de la conserver jusqu'à la livraison, à peine de dommages et
intérêts envers le créancier.
Article 1137
L'obligation de veiller à la conservation de la chose, soit que la convention n'ait pour objet que l'utilité de l'une des parties,
soit qu'elle ait pour objet leur utilité commune, soumet celui qui en est chargé à y apporter tous les soins d'un bon père de
famille.
Cette obligation est plus ou moins étendue relativement à certains contrats, dont les effets, à cet égard, sont expliqués sous
les titres qui les concernent.
Article 1138
L'obligation de livrer la chose est parfaite par le seul consentement des parties contractantes.
73
FRENCH LAW j.paradissis@surrey.ac.uk
Elle rend le créancier propriétaire et met la chose à ses risques dès l'instant où elle a dû être livrée, encore que la tradition
n'en ait point été faite, à moins que le débiteur ne soit en demeure de la livrer ; auquel cas la chose reste aux risques de ce
dernier.
Article 1139 (Loi nº 91-650 du 9 juillet 1991 art. 84 Journal Officiel du 14 juillet 1991 en vigueur le 1er août 1992)
Le débiteur est constitué en demeure, soit par une sommation ou par autre acte équivalent, telle une lettre missive lorsqu'il
ressort de ses termes une interpellation suffisante, soit par l'effet de la convention, lorsqu'elle porte que, sans qu'il soit besoin
d'acte et par la seule échéance du terme, le débiteur sera en demeure.
Article 1140
Les effets de l'obligation de donner ou de livrer un immeuble sont réglés au titre De la vente et au titre Des privilèges et
hypothèques.
Article 1141
Si la chose qu'on s'est obligé de donner ou de livrer à deux personnes successivement, est purement mobilière, celle des
deux qui en a été mise en possession réelle est préférée et en demeure propriétaire, encore que son titre soit postérieur en
date, pourvu toutefois que la possession soit de bonne foi.
Article 1142
Toute obligation de faire ou de ne pas faire se résout en dommages et intérêts, en cas d'inexécution de la part du débiteur.
Article 1143
Néanmoins le créancier a le droit de demander que ce qui aurait été fait par contravention à l'engagement, soit détruit ; et
il peut se faire autoriser à le détruire aux dépens du débiteur, sans préjudice des dommages et intérêts s'il y a lieu.
Article 1144 (Loi nº 91-650 du 9 juillet 1991 art. 82 Journal Officiel du 14 juillet 1991 en vigueur le 1er août 1992)
Le créancier peut aussi, en cas d'inexécution, être autorisé à faire exécuter lui-même l'obligation aux dépens du débiteur.
Celui-ci peut être condamné à faire l'avance des sommes nécessaires à cette exécution.
Article 1145
Si l'obligation est de ne pas faire, celui qui y contrevient doit des dommages et intérêts par le seul fait de la contravention.
Article 1146 (Loi nº 91-650 du 9 juillet 1991 art. 85 Journal Officiel du 14 juillet 1991 en vigueur le 1er août 1992)
Les dommages et intérêts ne sont dus que lorsque le débiteur est en demeure de remplir son obligation, excepté néanmoins
lorsque la chose que le débiteur s'était obligé de donner ou de faire ne pouvait être donnée ou faite que dans un certain
temps qu'il a laissé passer. La mise en demeure peut résulter d'une lettre missive, s'il en ressort une interpellation suffisante.
Article 1147
Le débiteur est condamné, s'il y a lieu, au paiement de dommages et intérêts, soit à raison de l'inexécution de l'obligation,
soit à raison du retard dans l'exécution, toutes les fois qu'il ne justifie pas que l'inexécution provient d'une cause étrangère
qui ne peut lui être imputée, encore qu'il n'y ait aucune mauvaise foi de sa part.
Article 1148
Il n'y a lieu à aucuns dommages et intérêts lorsque, par suite d'une force majeure ou d'un cas fortuit, le débiteur a été
empêché de donner ou de faire ce à quoi il était obligé, ou a fait ce qui lui était interdit.
Article 1149
Les dommages et intérêts dus au créancier sont, en général, de la perte qu'il a faite et du gain dont il a été privé, sauf les
exceptions et modifications ci-après.
Article 1150
Le débiteur n'est tenu que des dommages et intérêts qui ont été prévus ou qu'on a pu prévoir lors du contrat, lorsque ce
n'est point par son dol que l'obligation n'est point exécutée.
Article 1151
Dans le cas même où l'inexécution de la convention résulte du dol du débiteur, les dommages et intérêts ne doivent
comprendre à l'égard de la perte éprouvée par le créancier et du gain dont il a été privé, que ce qui est une suite immédiate et
directe de l'inexécution de la convention.
Article 1152 (Loi nº 75-597 du 9 juillet 1975 Journal Officiel du 10 juillet 1975) (Loi nº 85-1097 du 11 octobre 1985 art. 1
Journal Officiel du 15 octobre 1985)
74
FRENCH LAW j.paradissis@surrey.ac.uk
Lorsque la convention porte que celui qui manquera de l'exécuter payera une certaine somme à titre de dommages-
intérêts, il ne peut être alloué à l'autre partie une somme plus forte, ni moindre.
Néanmoins, le juge peut, même d'office, modérer ou augmenter la peine qui avait été convenue, si elle est manifestement
excessive ou dérisoire. Toute stipulation contraire sera réputée non écrite.
Article 1153 (Loi du 7 avril 1900 Journal Officiel du 10 avril 1900) (Ordonnance nº 59-148 du 7 janvier 1959 Journal
Officiel du 10 janvier 1959 en vigueur le 11 août 1959) (Loi nº 75-619 du 11 juillet 1975 Journal Officiel du 12 juillet 1975)
(Loi nº 92-644 du 13 juillet 1992 art. 5 Journal Officiel du 14 juillet 1992)
Dans les obligations qui se bornent au paiement d'une certaine somme, les dommages-intérêts résultant du retard dans
l'exécution ne consistent jamais que dans la condamnation aux intérêts au taux légal, sauf les règles particulières au
commerce et au cautionnement.
Ces dommages et intérêts sont dus sans que le créancier soit tenu de justifier d'aucune perte.
Ils ne sont dus que du jour de la sommation de payer, ou d'un autre acte équivalent telle une lettre missive s'il en ressort
une interpellation suffisante, excepté dans le cas où la loi les fait courir de plein droit.
Le créancier auquel son débiteur en retard a causé, par sa mauvaise foi, un préjudice indépendant de ce retard, peut obtenir
des dommages et intérêts distincts des intérêts moratoires de la créance.
Article 1153-1 (inséré par Loi nº 85-677 du 5 juillet 1985 art. 36 Journal Officiel du 6 juillet 1985 rectificatif JORF 23
novembre 1985 en vigueur le 1er janvier 1986)
En toute matière, la condamnation à une indemnité emporte intérêts au taux légal même en l'absence de demande ou de
disposition spéciale du jugement. Sauf disposition contraire de la loi, ces intérêts courent à compter du prononcé du
jugement à moins que le juge n'en décide autrement.
En cas de confirmation pure et simple par le juge d'appel d'une décision allouant une indemnité en réparation d'un
dommage, celle-ci porte de plein droit intérêt au taux légal à compter du jugement de première instance. Dans les autres cas,
l'indemnité allouée en appel porte intérêt à compter de la décision d'appel. Le juge d'appel peut toujours déroger aux
dispositions du présent alinéa.
Article 1154
Les intérêts échus des capitaux peuvent produire des intérêts, ou par une demande judiciaire, ou par une convention
spéciale, pourvu que, soit dans la demande, soit dans la convention, il s'agisse d'intérêts dus au moins pour une année
entière.
Article 1155
Néanmoins les revenus échus, tels que fermages, loyers, arrérages de rentes perpétuelles ou viagères, produisent intérêt du
jour de la demande ou de la convention.
La même règle s'applique aux restitutions de fruits, et aux intérêts payés par un tiers aux créanciers en acquit du débiteur.
Article 1156
On doit dans les conventions rechercher quelle a été la commune intention des parties contractantes, plutôt que de s'arrêter
au sens littéral des termes.
Article 1157
Lorsqu'une clause est susceptible de deux sens, on doit plutôt l'entendre dans celui avec lequel elle peut avoir quelque
effet, que dans le sens avec lequel elle n'en pourrait produire aucun.
Article 1158
Les termes susceptibles de deux sens doivent être pris dans le sens qui convient le plus à la matière du contrat.
Article 1159
Ce qui est ambigu s'interprète par ce qui est d'usage dans le pays où le contrat est passé.
Article 1160
On doit suppléer dans le contrat les clauses qui y sont d'usage, quoiqu'elles n'y soient pas exprimées.
Article 1161
Toutes les clauses des conventions s'interprètent les unes par les autres, en donnant à chacune le sens qui résulte de l'acte
entier.
Article 1162
Dans le doute, la convention s'interprète contre celui qui a stipulé et en faveur de celui qui a contracté l'obligation.
75
FRENCH LAW j.paradissis@surrey.ac.uk
Article 1163
Quelque généraux que soient les termes dans lesquels une convention est conçue, elle ne comprend que les choses sur
lesquelles il paraît que les parties se sont proposé de contracter.
Article 1164
Lorsque dans un contrat on a exprimé un cas pour l'explication de l'obligation, on n'est pas censé avoir voulu par là
restreindre l'étendue que l'engagement reçoit de droit aux cas non exprimés.
Article 1165
Les conventions n'ont d'effet qu'entre les parties contractantes ; elles ne nuisent point au tiers, et elles ne lui profitent que
dans le cas prévu par l'article 1121.
Article 1166
Néanmoins les créanciers peuvent exercer tous les droits et actions de leur débiteur, à l'exception de ceux qui sont
exclusivement attachés à la personne.
Article 1167 (Loi nº 65-570 du 13 juillet 1965 Journal Officiel du 14 juillet 1965)
Ils peuvent aussi, en leur nom personnel, attaquer les actes faits par leur débiteur en fraude de leurs droits.
Ils doivent néanmoins, quant à leurs droits énoncés au titre "Des successions" et au titre "Du contrat de mariage et des
régimes matrimoniaux", se conformer aux règles qui y sont prescrites.
77
FRENCH LAW j.paradissis@surrey.ac.uk
principes de l'indisponibilité du corps humain et de l'état des personnes, ce processus constituait un
détournement de l'institution de l'adoption, la cour d'appel a violé les textes susvisés ;
Et attendu qu'il y a lieu, conformément à l'article 627, alinéa 2, du nouveau Code de procédure
civile, de mettre fin au litige en appliquant la règle de droit appropriée ;
PAR CES MOTIFS : CASSE ET ANNULE, en toutes ses dispositions, l'arrêt rendu le 22 janvier 1992,
entre les parties, par la cour d'appel de Poitiers ;
DIT n'y avoir lieu à renvoi ; REJETTE la demande de Mme Y... tendant à l'adoption de l'enfant Solène
Z..
78
FRENCH LAW j.paradissis@surrey.ac.uk
Art. 516
Tous les biens sont meubles ou immeubles.
Art. 517
Les biens sont immeubles, ou par leur nature, ou par leur destination, ou par l'objet auquel ils s'appliquent.
Art. 518
Les fonds de terre et les bâtiments sont immeubles par leur nature.
Art. 519
Les moulins à vent ou à eau, fixés sur piliers et faisant partie du bâtiment, sont aussi immeubles par leur nature.
Art. 520
Les récoltes pendantes par les racines, et les fruits des arbres non encore recueillis, sont pareillement immeubles.
Dès que les grains sont coupés et les fruits détachés, quoique non enlevés, ils sont meubles.
Si une partie seulement de la récolte est coupée, cette partie seule est meuble.
Art. 521
Les coupes ordinaires des bois taillis ou de futaies mises en coupes réglées ne deviennent meubles qu'au fur et à mesure
que les arbres sont abattus.
Art. 522
Les animaux que le propriétaire du fonds livre au fermier ou au métayer pour la culture, estimés ou non, sont censés
immeubles tant qu'ils demeurent attachés au fonds par l'effet de la convention.
Ceux qu'il donne à cheptel à d'autres qu'au fermier ou métayer, sont meubles.
Art. 523
Les tuyaux servant à la conduite des eaux dans une maison ou autre héritage sont immeubles et font partie du fonds
auquel ils sont attachés.
Art. 524
(Loi nº 84-512 du 29 juin 1984 art. 8-i Journal Officiel du 30 juin 1984 en vigueur le 1er juillet 1985)
(Loi nº 99-5 du 6 janvier 1999 art. 24 Journal Officiel du 7 janvier 1999)
Les animaux et les objets que le propriétaire d'un fonds y a placés pour le service et l'exploitation de ce fonds sont
immeubles par destination.
Ainsi, sont immeubles par destination, quand ils ont été placés par le propriétaire pour le service et l'exploitation du
fonds :
Les animaux attachés à la culture ;
Les ustensiles aratoires ;
Les semences données aux fermiers ou colons partiaires ;
Les pigeons des colombiers ;
Les lapins des garennes ;
Les ruches à miel ;
79
FRENCH LAW j.paradissis@surrey.ac.uk
Les poissons des eaux non visées à l'article 402 du code rural et des plans d'eau visés aux articles 432 et 433 du même
code ;
Les pressoirs, chaudières, alambics, cuves et tonnes ;
Les ustensiles nécessaires à l'exploitation des forges, papeteries et autres usines ;
Les pailles et engrais.
Sont aussi immeubles par destination, tous effets mobiliers que le propriétaire a attachés au fonds à perpétuelle demeure.
Art. 525
Le propriétaire est censé avoir attaché à son fonds des effets mobiliers à perpétuelle demeure, quand ils y sont scellés en
plâtre ou à chaux ou à ciment, ou lorsqu'ils ne peuvent être détachés sans être fracturés et détériorés, ou sans briser ou
détériorer la partie du fonds à laquelle ils sont attachés.
Les glaces d'un appartement sont censées mises à perpétuelle demeure, lorsque le parquet sur lequel elles sont attachées
fait corps avec la boiserie.
Quant aux statues, elles sont immeubles lorsqu'elles sont placées dans une niche pratiquée exprès pour les recevoir, encore
qu'elles puissent être enlevées sans fracture ou détérioration.
Art. 526
Sont immeubles, par l'objet auquel ils s'appliquent :
Art. 527
Les biens sont meubles par leur nature, ou par la détermination de la loi.
Art. 528
(Texte issu de la loi n° 99-5 du 6 janvier 1999 (art.25))
Sont meubles par leur nature les animaux et les corps qui peuvent se transporter d'un lieu à un autre, soit qu'ils se meuvent
par eux-mêmes, soit qu'ils ne puissent changer de place que par l'effet d'une force étrangère.
Art. 529
Sont meubles par la détermination de la loi, les obligations et actions qui ont pour objet des sommes exigibles ou des
effets mobiliers, les actions ou intérêts dans les compagnies de finance, de commerce ou d'industrie, encore que des
immeubles dépendant de ces entreprises appartiennent aux compagnies. Ces actions ou intérêts sont réputés meubles à
l'égard de chaque associé seulement, tant que dure la société.
Sont aussi meubles par la détermination de la loi, les rentes perpétuelles ou viagères, soit sur l'État, soit sur des
particuliers.
Art. 530
Toute rente établie à perpétuité pour le prix de la vente d'un immeuble, ou comme condition de la cession à titre onéreux
ou gratuit d'un fonds immobilier, est essentiellement rachetable.
Il lui est aussi permis de stipuler que la rente ne pourra lui être remboursée qu'après un certain terme, lequel ne peut
jamais excéder trente ans ; toute stipulation contraire est nulle.
Art. 531
Les bateaux, bacs, navires, moulins et bains sur bateaux, et généralement toutes usines non fixées par des piliers, et ne
faisant point partie de la maison, sont meubles : la saisie de quelques-uns de ces objets peut cependant, à cause de leur
importance, être soumise à des formes particulières, ainsi qu'il sera expliqué dans le Code de la procédure civile.
Art. 532
80
FRENCH LAW j.paradissis@surrey.ac.uk
Les matériaux provenant de la démolition d'un édifice, ceux assemblés pour en construire un nouveau, sont meubles
jusqu'à ce qu'ils soient employés par l'ouvrier dans une construction.
Art. 533
Le mot meuble, employé seul dans les dispositions de la loi ou de l'homme, sans autre addition ni désignation, ne
comprend pas l'argent comptant, les pierreries, les dettes actives, les livres, les médailles, les instruments des sciences, des
arts et métiers, le linge de corps, les chevaux, équipages, armes, grains, vins, foins et autres denrées ; il ne comprend pas
aussi ce qui fait l'objet d'un commerce.
Art. 534
Les mots meubles meublants ne comprennent que les meubles destinés à l'usage et à l'ornement des appartements, comme
tapisseries, lits, sièges, glaces, pendules, tables, porcelaines et autres objets de cette nature.
Les tableaux et les statues qui font partie du meuble d'un appartement y sont aussi compris, mais non les collections de
tableaux qui peuvent être dans les galeries ou pièces particulières.
Il en est de même des porcelaines : celles seulement qui font partie de la décoration d'un appartement sont comprises sous
la dénomination de meubles meublants.
Art. 535
L'expression biens meubles, celle de mobilier ou d' effets mobiliers, comprennent généralement tout ce qui est censé
meuble d'après les règles ci-dessus établies.
La vente ou le don d'une maison meublée ne comprend que les meubles meublants.
Art. 536
La vente ou le don d'une maison, avec tout ce qui s'y trouve, ne comprend pas l'argent comptant, ni les dettes actives et
autres droits dont les titres peuvent être déposés dans la maison; tous les autres effets mobiliers y sont compris.
Chapitre III - Des biens dans leurs rapports avec ceux qui les possèdent
Art. 537
Les particuliers ont la libre disposition des biens qui leur appartiennent, sous les modifications établies par les lois. Les
biens qui n'appartiennent pas à des particuliers, sont administrés et ne peuvent être aliénés que dans les formes et suivant
les règles qui leur sont particulières.
Art. 538
Les chemins, routes et rues à la charge de l'État, les fleuves et rivières navigables ou flottables, les rivages, lais et relais de
la mer, les ports, les havres, les rades, et généralement toutes les portions du territoire français qui ne sont pas susceptibles
d'une propriété privée, sont considérés comme des dépendances du domaine public.
Art. 539
Tous les biens vacants et sans maître, et ceux des personnes qui décèdent sans héritiers, ou dont les successions sont
abandonnées, appartiennent au domaine public.
Art. 540
Les portes, murs, fossés, remparts des places de guerre et des forteresses, font aussi partie du domaine public.
Art. 541
Il en est de même des terrains, des fortifications et remparts des places qui ne sont plus places de guerre : ils appartiennent
à l'État, s'ils n'ont été valablement aliénés, ou si la propriété n'en a pas été prescrite contre lui.
Art. 542
Les biens communaux sont ceux à la propriété ou au produit desquels les habitants d'une ou plusieurs communes ont un
droit acquis.
Art. 543
On peut avoir sur les biens, ou un droit de propriété, ou un simple droit de jouissance, ou seulement des services fonciers
à prétendre.
81
FRENCH LAW j.paradissis@surrey.ac.uk
Titre II - De la propriété
Art. 544
La propriété est le droit de jouir et disposer des choses de la manière la plus absolue, pourvu qu'on n'en fasse pas un usage
prohibé par les lois ou par les règlements.
Art. 545
Nul ne peut être contraint de céder sa propriété, si ce n'est pour cause d'utilité publique, et moyennant une juste et
préalable indemnité.
Art. 546
La propriété d'une chose, soit mobilière, soit immobilière, donne droit sur tout ce qu'elle produit, et sur ce qui s'y unit
accessoirement, soit naturellement, soit artificiellement.
Art. 547
Les fruits naturels ou industriels de la terre,
Art. 548
(Texte issu de la loi n° 60-464 du 17 mai 1960)
Les fruits produits par la chose n'appartiennent au propriétaire qu'à la charge de rembourser les frais des labours, travaux
et semences faits par des tiers et dont la valeur est estimée à la date du remboursement.
Art. 549
(Texte issu de la loi n° 60-464 du 17 mai 1960)
Le simple possesseur ne fait les fruits siens que dans le cas où il possède de bonne foi. Dans le cas contraire, il est tenu de
restituer les produits avec la chose au propriétaire qui la revendique; si lesdits produits ne se retrouvent pas en nature, leur
valeur est estimée à la date du remboursement.
Art. 550
Le possesseur est de bonne foi quand il possède comme propriétaire, en vertu d'un titre translatif de propriété dont il
ignore les vices.
Il cesse d'être de bonne foi du moment où ces vices lui sont connus.
Art. 551
Tout ce qui s'unit et s'incorpore à la chose appartient au propriétaire, suivant les règles qui seront ci-après établies.
Art. 552
La propriété du sol emporte la propriété du dessus et du dessous.
Le propriétaire peut faire au-dessus toutes les plantations et constructions qu'il juge à propos, sauf les exceptions établies
au titre Des servitudes ou services fonciers.
Il peut faire au-dessous toutes les constructions et fouilles qu'il jugera à propos, et tirer de ces fouilles tous les produits
qu'elles peuvent fournir, sauf les modifications résultant des lois et règlements relatifs aux mines, et des lois et règlements
de police.
Art. 553
82
FRENCH LAW j.paradissis@surrey.ac.uk
Toutes constructions, plantations et ouvrages sur un terrain ou dans l'intérieur, sont présumés faits par le propriétaire à ses
frais et lui appartenir, si le contraire n'est prouvé ; sans préjudice de la propriété qu'un tiers pourrait avoir acquise ou
pourrait acquérir par prescription, soit d'un souterrain sous le bâtiment d'autrui, soit de toute autre partie du bâtiment.
Art. 554
Texte issu de la loi n° 60-464 du 17 mai 1960
Le propriétaire du sol qui a fait des constructions, plantations et ouvrages avec des matériaux qui ne lui appartenaient pas,
doit en payer la valeur estimée à la date du paiement ; il peut aussi être condamné à des dommages-intérêts, s'il y a lieu :
mais le propriétaire des matériaux n'a pas le droit de les enlever.
Art. 555
Texte issu de la loi n° 60-464 du 17 mai 1960
Lorsque les plantations, constructions et ouvrages ont été faits par un tiers et avec des matériaux appartenant à ce dernier,
le propriétaire du fonds a le droit, sous réserve des dispositions de l'alinéa 4, soit d'en conserver la propriété, soit d'obliger
le tiers à les enlever.
Si le propriétaire du fonds exige la suppression des constructions, plantations et ouvrages, elle est exécutée aux frais du
tiers, sans aucune indemnité pour lui ; le tiers peut, en outre, être condamné à des dommages-intérêts pour le préjudice
éventuellement subi par le propriétaire du fonds.
Si le propriétaire du fonds préfère conserver la propriété des constructions, plantations et ouvrages, il doit, à son choix
rembourser au tiers, soit une somme égale à celle dont le fonds a augmenté de valeur, soit le coût des matériaux et le prix
de la main-d'oeuvre estimés à la date du remboursement, compte tenu de l'état dans lequel se trouvent lesdites
constructions, plantations et ouvrages.
Si les plantations, constructions et ouvrages ont été faits par un tiers évincé qui n'aurait pas été condamné, en raison de sa
bonne foi, à la restitution des fruits, le propriétaire ne pourra exiger la suppression desdits ouvrages, constructions et
plantations, mais il aura le choix de rembourser au tiers l'une ou l'autre des sommes visées à l'alinéa précédent.
Art. 556
Les atterrissements et accroissements qui se forment successivement et imperceptiblement aux fonds riverains d'un fleuve
ou d'une rivière, s'appellent alluvion.
L'alluvion profite au propriétaire riverain, soit qu'il s'agisse d'un fleuve ou d'une rivière navigable, flottable ou non; à la
charge, dans le premier cas, de laisser le marchepied ou chemin de halage, conformément aux règlements.
Art. 557
Il en est de même des relais que forme l'eau courante qui se retire insensiblement de l'une de ses rives en se portant sur
l'autre: le propriétaire de la rive découverte profite de l'alluvion, sans que le riverain du côté opposé y puisse venir
réclamer le terrain qu'il a perdu.
Art. 558
L'alluvion n'a pas lieu à l'égard des lacs et étangs, dont le propriétaire conserve toujours le terrain que l'eau couvre quand
elle est à la hauteur de la décharge de l'étang, encore que le volume de l'eau vienne à diminuer.
Réciproquement, le propriétaire de l'étang n'acquiert aucun droit sur les terres riveraines que son eau vient à couvrir dans
des crues extraordinaires.
Art. 559
Si un fleuve ou une rivière, navigable ou non, enlève par une force subite une partie considérable et reconnaissable d'un
champ riverain, et la porte vers un champ inférieur ou sur la rive opposée, le propriétaire de la partie enlevée peut
réclamer sa propriété ; mais il est tenu de former sa demande dans l'année: après ce délai, il n'y sera plus recevable, à
moins que le propriétaire du champ auquel la partie enlevée a été unie, n'eût pas encore pris possession de celle-ci.
Art. 560
Les îles, îlots, atterrissements, qui se forment dans le lit des fleuves ou des rivières navigables ou flottables, appartiennent
à l'État s'il n'y a titre ou prescription contraire.
Art. 561
Les îles et atterrissements qui se forment dans les rivières non navigables et non flottables, appartiennent aux propriétaires
riverains du côté où l'île s'est formée : si l'île n'est pas formée d'un seul côté, elle appartient aux propriétaires riverains des
deux côtés, à partir de la ligne qu'on suppose tracée au milieu de la rivière.
83
FRENCH LAW j.paradissis@surrey.ac.uk
Art. 562
Si une rivière ou un fleuve, en se formant un bras nouveau, coupe et embrasse le champ d'un propriétaire riverain, et en
fait une île, ce propriétaire conserve la propriété de son champ, encore que l'île se soit formée dans un fleuve ou dans une
rivière navigable ou flottable.
Art. 563
Texte issu de la loi du 8 avril 1898
Si un fleuve ou une rivière navigable ou flottable se forme un nouveau cours en abandonnant son ancien lit, les
propriétaires riverains peuvent acquérir la propriété de cet ancien lit, chacun en droit soi, jusqu'à une ligne qu'on suppose
tracée au milieu de la rivière. Le prix de l'ancien lit est fixé par des experts nommés par le président du tribunal de la
situation des lieux, à la requête du préfet du département.
A défaut par les propriétaires riverains de déclarer, dans les trois mois de la notification qui leur sera faite par le préfet,
l'intention de faire l'acquisition aux prix fixés par les experts, il est procédé à l'aliénation de l'ancien lit selon les règles qui
président aux aliénations du domaine de l'État.
Le prix provenant de la vente est distribué aux propriétaires des fonds occupés par le nouveau cours, à titre d'indemnité,
dans la proportion de la valeur du terrain enlevé à chacun d'eux.
Art. 564
modifié par la loi n° 84-512 du 29 juin 1984
Les pigeons, lapins, poissons, qui passent dans un autre colombier, garenne ou (Loi du 29 juin 1984) « plan d'eau visé aux
articles 432 et 433 [actuels art. L. 231-6 et L. 231-7] du Code rural », appartiennent au propriétaire de ces objets, pourvu
qu'ils n'y aient point été attirés par fraude et artifice.
Art. 565
le droit d'accession, quand il a pour objet deux choses mobilières appartenant à deux maîtres différents, est entièrement
subordonné aux principes de l'équité naturelle.
Les règles suivantes serviront d'exemple au juge pour se déterminer, dans les cas non prévus, suivant les circonstances
particulières.
Art. 566
Texte issu de la loi n° 60-464 du 17 mai 1960
Lorsque deux choses appartenant à différents maîtres, qui ont été unies de manière à former un tout, sont néanmoins
séparables, en sorte que l'une puisse subsister sans l'autre, le tout appartient au maître de la chose qui forme la partie
principale, à la charge de payer à l'autre la valeur, estimée à la date du paiement, de la chose qui a été unie.
Art. 567
Est réputée partie principale celle à laquelle l'autre n'a été unie que pour l'usage, l'ornement ou le complément de la
première.
Art. 568
Néanmoins, quand la chose unie est beaucoup plus précieuse que la chose principale, et quand elle a été employée à l'insu
du propriétaire, celui-ci peut demander que la chose unie soit séparée pour lui être rendue, même quand il pourrait en
résulter quelque dégradation de la chose à laquelle elle a été jointe.
Art. 569
Si de deux choses unies pour former un seul tout, l'une ne peut point être regardée comme l'accessoire de l'autre, celle-là
est réputée principale qui est la plus considérable en valeur, ou en volume, si les valeurs sont à peu près égales.
Art. 570
Texte issu de la loi n° 60-464 du 17 mai 1960
Si un artisan ou une personne quelconque a employé une matière qui ne lui appartenait pas à former une chose d'une
nouvelle espèce, soit que la matière puisse ou non reprendre sa première forme, celui qui en était le propriétaire a le droit
de réclamer la chose qui en a été formée en remboursant le prix de la main-d'oeuvre estimée à la date du remboursement.
Art. 571
Texte issu de la loi n° 60-464 du 17 mai 1960
84
FRENCH LAW j.paradissis@surrey.ac.uk
Si, cependant, la main-d'oeuvre était tellement importante qu'elle surpassât de beaucoup la valeur de la matière employée,
l'industrie serait alors réputée la partie principale, et l'ouvrier aurait le droit de retenir la chose travaillée, en remboursant
au propriétaire le prix de la matière, estimée à la date du remboursement.
Art. 572
Texte issu de la loi n° 60-464 du 17 mai 1960
Lorsqu'une personne a employé en partie la matière qui lui appartenait et en partie celle qui ne lui appartenait pas à former
une chose d'une espèce nouvelle, sans que ni l'une ni l'autre des deux matières soit entièrement détruite, mais de manière
qu'elles ne puissent pas se séparer sans inconvénient, la chose est commune aux deux propriétaires, en raison, quant à l'un,
de la matière qui lui appartenait, quant à l'autre, en raison à la fois et de la matière qui lui appartenait et du prix de sa
main-d'oeuvre. Le prix de la main- d'oeuvre est estimé à la date de la licitation prévue à l'article 575.
Art. 573
Lorsqu'une chose a été formée par le mélange de plusieurs matières appartenant à différents propriétaires, mais dont
aucune ne peut être regardée comme la matière principale, si les matières peuvent être séparées, celui à l'insu duquel les
matières ont été mélangées peut en demander la division.
Si les matières ne peuvent plus être séparées sans inconvénient, ils en acquièrent en commun la propriété dans la
proportion de la quantité, de la qualité et de la valeur des matières appartenant à chacun d'eux.
Art. 574
Texte issu de la loi n° 60-464 du 17 mai 1960
Si la matière appartenant à l'un des propriétaires était de beaucoup supérieure à l'autre par la quantité et le prix, en ce cas
le propriétaire de la matière supérieure en valeur pourrait réclamer la chose provenue du mélange, en remboursant à l'autre
la valeur de sa matière, estimée à la date du remboursement.
Art. 575
Lorsque la chose reste en commun entre les propriétaires des matières dont elle a été formée, elle doit être licitée au profit
commun.
Art. 576
Texte issu de la loi n° 60-464 du 17 mai 1960
Dans tous les cas où le propriétaire dont la matière a été employée, à son insu, à former une chose d'une autre espèce peut
réclamer la propriété de cette chose, il a le choix de demander la restitution de sa matière en même nature, quantité, poids,
mesure et bonté, ou sa valeur estimée à la date de la restitution.
Art. 577
Ceux qui auront employé des matières appartenant à d'autres, et à leur insu, pourront aussi être condamnés à des
dommages-intérêts, s'il y a lieu, sans préjudice des poursuites par voie extraordinaire, si le cas y échet.
Chapitre I - De l'usufruit
Art. 578
L'usufruit est le droit de jouir des choses dont un autre a la propriété, comme le propriétaire lui-même, mais à la charge
d'en conserver la substance.
Art. 579
L'usufruit est établi par la loi, ou par la volonté de l'homme.
Art. 580
L'usufruit peut être établi, ou purement, ou à certain jour, ou à condition.
Art. 581
Il peut être établi sur toute espèce de biens meubles ou immeubles.
Art. 582
85
FRENCH LAW j.paradissis@surrey.ac.uk
L'usufruitier a le droit de jouir de toute espèce de fruits, soit naturels, soit industriels, soit civils, que peut produire l'objet
dont il a l'usufruit.
Art. 583
Les fruits naturels sont ceux qui sont le produit spontané de la terre. Le produit et le croît des animaux sont aussi des fruits
naturels.
Les fruits industriels d'un fonds sont ceux qu'on obtient par la culture.
Art. 584
Les fruits civils sont les loyers des maisons, les intérêts des sommes exigibles, les arrérages des rentes.
Les prix des baux à ferme sont aussi rangés dans la classe des fruits civils.
Art. 585
Les fruits naturels et industriels, pendants par branches ou par racines au moment où l'usufruit est ouvert, appartiennent à
l'usufruitier.
Ceux qui sont dans le même état au moment où finit l'usufruit, appartiennent au propriétaire, sans récompense de part ni
d'autre des labours et des semences, mais aussi sans préjudice de la portion des fruits qui pourrait être acquise au colon
partiaire, s'il en existait un au commencement ou à la cessation de l'usufruit.
Art. 586
Les fruits civils sont réputés s'acquérir jour par jour et appartiennent à l'usufruitier, à proportion de la durée de son
usufruit. Cette règle s'applique aux prix des baux à ferme, comme aux loyers des maisons et aux autres fruits civils.
Art. 587
Texte issu de la loi n° 60-464 du 17 mai 1960
Si l'usufruit comprend des choses dont on ne peut faire usage sans les consommer, comme l'argent, les grains, les liqueurs,
l'usufruitier a le droit de s'en servir, mais à la charge de rendre, à la fin de l'usufruit, soit des choses de même quantité et
qualité soit leur valeur estimée à la date de la restitution.
Art. 588
L'usufruit d'une rente viagère donne aussi à l'usufruitier, pendant la durée de son usufruit, le droit d'en percevoir les
arrérages, sans être tenu à aucune restitution.
Art. 589
Si l'usufruit comprend des choses qui, sans se consommer de suite, se détériorent peu à peu par l'usage, comme du linge,
des meubles meublants, l'usufruitier a le droit de s'en servir pour l'usage auquel elles sont destinées, et n'est obligé de les
rendre, à la fin de l'usufruit, que dans l'état où elles se trouvent, non détériorées par son dol ou par sa faute.
Art. 590
Si l'usufruit comprend des bois taillis, l'usufruitier est tenu d'observer l'ordre et la quotité des coupes, conformément à
l'aménagement ou à l'usage constant des propriétaires ; sans indemnité toutefois en faveur de l'usufruitier ou de ses
héritiers, pour les coupes ordinaires, soit de taillis, soit de baliveaux, soit de futaie, qu'il n'aurait pas faites pendant sa
jouissance.
Les arbres qu'on peut tirer d'une pépinière sans la dégrader, ne font aussi partie de l'usufruit qu'à la charge par l'usufruitier
de se conformer aux usages des lieux pour le remplacement.
Art. 591
L'usufruitier profite encore, toujours en se conformant aux époques et à l'usage des anciens propriétaires, des parties de
bois de haute futaie qui ont été mises en coupes réglées, soit que ces coupes se fassent périodiquement sur une certaine
étendue de terrain, soit qu'elles se fassent d'une certaine quantité d'arbres pris indistinctement sur toute la surface du
domaine.
Art. 592
Dans tous les autres cas, l'usufruitier ne peut toucher aux arbres de haute futaie: il peut seulement employer, pour faire les
réparations dont il est tenu, les arbres arrachés ou brisés par accident ; il peut même, pour cet objet, en faire abattre s'il est
nécessaire, mais à la charge d'en faire constater la nécessité avec le propriétaire.
Art. 593
Il peut prendre, dans les bois, des échalas pour les vignes ; il peut aussi prendre, sur les arbres, des produits annuels ou
périodiques ; le tout suivant l'usage du pays ou la coutume des propriétaires.
86
FRENCH LAW j.paradissis@surrey.ac.uk
Art. 594
Les arbres fruitiers qui meurent, ceux mêmes qui sont arrachés ou brisés par accident, appartiennent à l'usufruitier, à la
charge de les remplacer par d'autres.
Art. 595
Texte issu de la loi n° 65-570 du 13 juillet 1965
L'usufruitier peut jouir par lui-même, donner à bail à un autre, même vendre ou céder son droit à titre gratuit.
Les baux que l'usufruitier seul a faits pour un temps qui excède neuf ans, ne sont, en cas de cessation de l'usufruit,
obligatoires à l'égard du nu-propriétaire que pour le temps qui reste à courir, soit de la première période de neuf ans, si les
parties s'y trouvent encore, soit de la seconde, et ainsi de suite de manière que le preneur n'ait que le droit d'achever la
jouissance de la période de neuf ans où il se trouve.
Les baux de neuf ans ou au-dessous que l'usufruitier seul a passés ou renouvelés plus de trois ans avant l'expiration du bail
courant s'il s'agit de biens ruraux, et plus de deux ans avant la même époque s'il s'agit de maisons, sont sans effet, à moins
que leur exécution n'ait commencé avant la cessation de l'usufruit.
L'usufruitier ne peut, sans le concours du nu-propriétaire, donner à bail un fonds rural ou un immeuble à usage
commercial, industriel ou artisanal. A défaut d'accord du nu-propriétaire, l'usufruitier peut être autorisé par justice à passer
seul cet acte.
Art. 596
L'usufruitier jouit de l'augmentation survenue par alluvion à l'objet dont il a l'usufruit.
Art. 597
Il jouit des droits de servitude, de passage, et généralement de tous les droits dont le propriétaire peut jouir, et il en jouit
comme le propriétaire lui-même.
Art. 598
Il jouit aussi, de la même manière que le propriétaire, des mines et carrières qui sont en exploitation à l'ouverture de
l'usufruit ; et néanmoins, s'il s'agit d'une exploitation qui ne puisse être faite sans une concession, l'usufruitier ne pourra en
jouir qu'après en avoir obtenu la permission du Roi [du Président de la République].
Il n'a aucun droit aux mines et carrières non encore ouvertes, ni aux tourbières dont l'exploitation n'est point encore
commencée, ni au trésor qui pourrait être découvert pendant la durée de l'usufruit.
Art. 599
Le propriétaire ne peut, par son fait, ni de quelque manière que ce soit, nuire aux droits de l'usufruitier.
De son côté, l'usufruitier ne peut, à la cessation de l'usufruit, réclamer aucune indemnité pour les améliorations qu'il
prétendrait avoir faites, encore que la valeur de la chose en fût augmentée.
Il peut cependant, ou ses héritiers, enlever les glaces, tableaux et autres ornements qu'il aurait fait placer, mais à la charge
de rétablir les lieux dans leur premier état.
Art. 600
L'usufruitier prend les choses dans l'état où elles sont, mais il ne peut entrer en jouissance qu'après avoir fait dresser, en
présence du propriétaire, ou lui dûment appelé, un inventaire des meubles et un état des immeubles sujets à l'usufruit.
Art. 601
Il donne caution de jouir en bon père de famille, s'il n'en est dispensé par l'acte constitutif de l'usufruit ; cependant les père
et mère ayant l'usufruit légal du bien de leurs enfants, le vendeur ou le donateur, sous réserve d'usufruit, ne sont pas tenus
de donner caution.
Art. 602
Si l'usufruitier ne trouve pas de caution, les immeubles sont donnés à ferme ou mis en séquestre ;
Les intérêts de ces sommes et les prix des fermes appartiennent, dans ce cas, à l'usufruitier.
Art. 603
A défaut d'une caution de la part de l'usufruitier, le propriétaire peut exiger que les meubles qui dépérissent par l'usage
soient vendus, pour le prix en être placé comme celui des denrées ; et alors l'usufruitier jouit de l'intérêt pendant son
usufruit : cependant l'usufruitier pourra demander, et les juges pourront ordonner, suivant les circonstances, qu'une partie
des meubles nécessaires pour son usage lui soit délaissée, sous sa simple caution juratoire, et à la charge de les représenter
à l'extinction de l'usufruit.
Art. 604
Le retard de donner caution ne prive pas l'usufruitier des fruits auxquels il peut avoir droit; ils lui sont dus du moment où
l'usufruit a été ouvert.
Art. 605
L'usufruitier n'est tenu qu'aux réparations d'entretien.
Les grosses réparations demeurent à la charge du propriétaire, à moins qu'elles n'aient été occasionnées par le défaut de
réparation d'entretien, depuis l'ouverture de l'usufruit; auquel cas l'usufruitier en est aussi tenu.
Art. 606
Les grosses réparations sont celles des gros murs et des voûtes, le rétablissement des poutres et des couvertures entières.
Art. 607
Ni le propriétaire, ni l'usufruitier, ne sont tenus de rebâtir ce qui est tombé de vétusté, ou ce qui a été détruit par cas fortuit.
Art. 608
L'usufruitier est tenu, pendant sa jouissance, de toutes les charges annuelles de l'héritage, telles que les contributions et
autres qui dans l'usage sont censées charges des fruits.
Art. 609
A l'égard des charges qui peuvent être imposées sur la propriété pendant la durée de l'usufruit, l'usufruitier et le
propriétaire y contribuent ainsi qu'il suit :
Le propriétaire est obligé de les payer, et l'usufruitier doit lui tenir compte des intérêts ;
Art. 610
Le legs fait par un testateur, d'une rente viagère ou pension alimentaire, doit être acquitté par le légataire universel de
l'usufruit dans son intégrité, et par le légataire à titre universel de l'usufruit dans la proportion de sa jouissance, sans
aucune répétition de leur part.
Art. 611
L'usufruitier à titre particulier n'est pas tenu des dettes auxquelles le fonds est hypothéqué : s'il est forcé de les payer, il a
son recours contre le propriétaire, sauf ce qui est dit à l'article 1020, au titre Des donations entre vifs et des testaments.
Art. 612
L'usufruitier, ou universel, ou à titre universel, doit contribuer avec le propriétaire au payement des dettes, ainsi qu'il suit :
On estime la valeur du fonds sujet à usufruit ; on fixe ensuite la contribution aux dettes à raison de cette valeur.
Si l'usufruitier veut avancer la somme pour laquelle le fonds doit contribuer, le capital lui en est restitué à la fin de
l'usufruit, sans aucun intérêt.
Si l'usufruitier ne veut pas faire cette avance, le propriétaire a le choix, ou de payer cette somme, et, dans ce cas,
l'usufruitier lui tient compte des intérêts pendant la durée de l'usufruit, ou de faire vendre jusqu'à due concurrence une
portion des biens soumis à l'usufruit.
Art. 613
88
FRENCH LAW j.paradissis@surrey.ac.uk
L'usufruitier n'est tenu que des frais des procès qui concernent la jouissance, et des autres condamnations auxquelles ces
procès pourraient donner lieu.
Art. 614
Si, pendant la durée de l'usufruit, un tiers commet quelque usurpation sur le fonds, ou attente autrement aux droits du
propriétaire, l'usufruitier est tenu de le dénoncer à celui-ci : faute de ce, il est responsable de tout le dommage qui peut en
résulter pour le propriétaire, comme il le serait de dégradations commises par lui-même.
Art. 615
Si l'usufruit n'est établi que sur un animal qui vient à périr sans la faute de l'usufruitier, celui-ci n'est pas tenu d'en rendre
un autre, ni d'en payer l'estimation.
Art. 616
Texte issu de la loi n° 60-464 du 17 mai 1960
Si le troupeau sur lequel un usufruit a été établi périt entièrement par accident ou par maladie et sans la faute de
l'usufruitier, celui-ci n'est tenu envers le propriétaire que de lui rendre compte des cuirs, ou de leur valeur estimée à la date
de la restitution.
Si le troupeau ne périt pas entièrement, l'usufruitier est tenu de remplacer, jusqu'à concurrence du croît, les têtes des
animaux qui ont péri.
Art. 617
L'usufruit s'éteint :
Par la consolidation ou la réunion sur la même tête, des deux qualités d'usufruitier et de propriétaire ;
Art. 618
L'usufruit peut aussi cesser par l'abus que l'usufruitier fait de sa jouissance, soit en commettant des dégradations sur le
fonds, soit en le laissant dépérir faute d'entretien.
Les créanciers de l'usufruitier peuvent intervenir dans les contestations, pour la conservation de leurs droits ; ils peuvent
offrir la réparation des dégradations commises, et des garanties pour l'avenir.
Les juges peuvent, suivant la gravité des circonstances, ou prononcer l'extinction absolue de l'usufruit, ou n'ordonner la
rentrée du propriétaire dans la jouissance de l'objet qui en est grevé, que sous la charge de payer annuellement à
l'usufruitier, ou à ses ayants cause, une somme déterminée, jusqu'à l'instant où l'usufruit aurait dû cesser.
Art. 619
L'usufruit qui n'est pas accordé à des particuliers, ne dure que trente ans.
Art. 620
L'usufruit accordé jusqu'à ce qu'un tiers ait atteint un âge fixe dure jusqu'à cette époque, encore que le tiers soit mort avant
l'âge fixé.
Art. 621
La vente de la chose sujette à usufruit ne fait aucun changement dans le droit de l'usufruitier ; il continue de jouir de son
usufruit s'il n'y a pas formellement renoncé.
Art. 622
Les créanciers de l'usufruitier peuvent faire annuler la renonciation qu'il aurait faite à leur préjudice.
Art. 623
Si une partie seulement de la chose soumise à l'usufruit est détruite, l'usufruit se conserve sur ce qui reste.
89
FRENCH LAW j.paradissis@surrey.ac.uk
Art. 624
Si l'usufruit n'est établi que sur un bâtiment, et que ce bâtiment soit détruit par un incendie ou autre accident, ou qu'il
s'écroule de vétusté, l'usufruitier n'aura le droit de jouir ni du sol ni des matériaux.
Si l'usufruit était établi sur un domaine dont le bâtiment faisait partie, l'usufruitier jouirait du sol et des matériaux.
[...]
Dispositions générales
Art. 711
La propriété des biens s'acquiert et se transmet par succession, par donation entre vifs ou testamentaire, et par l'effet des
obligations.
Art. 712
La propriété s'acquiert aussi par accession ou incorporation et par prescription.
Art. 713
Les biens qui n'ont pas de maître appartiennent à l'Etat.
Art. 714
Il est des choses qui n'appartiennent à personne et dont l'usage est commun à tous.
Art. 715
La faculté de chasser ou de pêcher est également réglée par des lois particulières.
Art. 716
La propriété d'un trésor appartient à celui qui le trouve dans son propre fonds : si le trésor est trouvé dans le fonds d'autrui,
il appartient pour moitié à celui qui l'a découvert, et pour moitié au propriétaire du fonds.
Le trésor est toute chose cachée ou enfouie sur laquelle personne ne peut justifier sa propriété, et qui est découverte par le
pur effet du hasard.
Art. 717
Les droits sur les effets jetés à la mer, sur les objets que la mer rejette, de quelque nature qu'ils puissent être, sur les
plantes et herbages qui croissent sur les rivages de la mer, sont aussi réglés par les lois particulières.
[...]
Article 2219
La prescription est un moyen d'acquérir ou de se libérer par un certain laps de temps, et sous les conditions déterminées
par la loi.
Article 2220
On ne peut, d'avance, renoncer à la prescription : on peut renoncer à la prescription acquise.
90
FRENCH LAW j.paradissis@surrey.ac.uk
Article 2221
La renonciation à la prescription est expresse ou tacite ; la renonciation tacite résulte d'un fait qui suppose l'abandon du
droit acquis.
Article 2222
Celui qui ne peut aliéner ne peut renoncer à la prescription acquise.
Article 2223
Les juges ne peuvent pas suppléer d'office le moyen résultant de la prescription.
Article 2224
La prescription peut être opposée en tout état de cause, même devant la cour d'appel, à moins que la partie qui n'aurait
pas opposé le moyen de la prescription ne doive, par les circonstances, être présumée y avoir renoncé.
Article 2225
Les créanciers, ou toute autre personne ayant intérêt à ce que la prescription soit acquise, peuvent l'opposer, encore que
le débiteur ou le propriétaire y renonce.
Article 2226
On ne peut prescrire le domaine des choses qui ne sont point dans le commerce.
Article 2227
L'Etat, les établissements publics et les communes sont soumis aux mêmes prescriptions que les particuliers, et peuvent
également les opposer.
Chapitre II : De la possession
Article 2228
La possession est la détention ou la jouissance d'une chose ou d'un droit que nous tenons ou que nous exerçons par
nous-mêmes, ou par un autre qui la tient ou qui l'exerce en notre nom.
Article 2229
Pour pouvoir prescrire, il faut une possession continue et non interrompue, paisible, publique, non équivoque, et à titre
de propriétaire.
Article 2230
On est toujours présumé posséder pour soi, et à titre de propriétaire, s'il n'est prouvé qu'on a commencé à posséder pour
un autre.
Article 2231
Quand on a commencé à posséder pour autrui, on est toujours présumé posséder au même titre, s'il n'y a preuve du
contraire.
Article 2232
Les actes de pure faculté et ceux de simple tolérance ne peuvent fonder ni possession ni prescription.
Article 2233
Les actes de violence ne peuvent fonder non plus une possession capable d'opérer la prescription.
La possession utile ne commence que lorsque la violence a cessé.
Article 2234
Le possesseur actuel qui prouve avoir possédé anciennement, est présumé avoir possédé dans le temps intermédiaire,
sauf la preuve contraire.
Article 2235
Pour compléter la prescription, on peut joindre à sa possession celle de son auteur, de quelque manière qu'on lui ait
succédé, soit à titre universel ou particulier, soit à titre lucratif ou onéreux.
Article 2236
Ceux qui possèdent pour autrui ne prescrivent jamais par quelque laps de temps que ce soit.
Ainsi, le fermier, le dépositaire, l'usufruitier, et tous autres qui détiennent précairement la chose du propriétaire, ne
peuvent la prescrire.
91
FRENCH LAW j.paradissis@surrey.ac.uk
Article 2237
Les héritiers de ceux qui tenaient la chose à quelqu'un des titres désignés par l'article précédent ne peuvent non plus
prescrire.
Article 2238
Néanmoins, les personnes énoncées dans les articles 2236 et 2237 peuvent prescrire, si le titre de leur possession se
trouve interverti, soit par une cause venant d'un tiers, soit par la contradiction qu'elles ont opposée au droit du propriétaire.
Article 2239
Ceux à qui les fermiers, dépositaires et autres détenteurs précaires ont transmis la chose par un titre translatif de
propriété peuvent la prescrire.
Article 2240
On ne peut pas prescrire contre son titre, en ce sens que l'on ne peut point se changer à soi-même la cause et le principe
de sa possession.
Article 2241
On peut prescrire contre son titre, en ce sens que l'on prescrit la libération de l'obligation que l'on a contractée.
Article 2242
La prescription peut être interrompue ou naturellement ou civilement.
Article 2243
Il y a interruption naturelle, lorsque le possesseur est privé pendant plus d'un an de la jouissance de la chose, soit par
l'ancien propriétaire, soit même par un tiers.
Article 2244
(Loi nº 85-677 du 5 juillet 1985 art. 37 Journal Officiel du 6 juillet 1985 en vigueur le 1er janvier 1986)
Une citation en justice, même en référé, un commandement ou une saisie, signifiés à celui qu'on veut empêcher de
prescrire, interrompent la prescription ainsi que les délais pour agir.
Article 2245
La citation en conciliation devant le bureau de paix interrompt la prescription, du jour de sa date, lorsqu'elle est suivie
d'une assignation en justice donnée dans les délais de droit.
Article 2246
La citation en justice, donnée même devant un juge incompétent, interrompt la prescription.
Article 2247
Si l'assignation est nulle par défaut de forme,
Si le demandeur se désiste de sa demande,
S'il laisse périmer l'instance,
Ou si sa demande est rejetée,
L'interruption est regardée comme non avenue.
Article 2248
La prescription est interrompue par la reconnaissance que le débiteur ou le possesseur fait du droit de celui contre lequel
il prescrivait.
Article 2249
L'interpellation faite, conformément aux articles ci-dessus, à l'un des débiteurs solidaires, ou sa reconnaissance,
interrompt la prescription contre tous les autres, même contre leurs héritiers. L'interpellation faite à l'un des héritiers
d'un débiteur solidaire, ou la reconnaissance de cet héritier, n'interrompt pas la prescription à l'égard des autres cohéritiers,
quand même la créance serait hypothécaire, si l'obligation n'est indivisible.
Cette interpellation ou cette reconnaissance n'interrompt la prescription, à l'égard des autres codébiteurs, que pour la
part dont cet héritier est tenu.
92
FRENCH LAW j.paradissis@surrey.ac.uk
Pour interrompre la prescription pour le tout, à l'égard des autres codébiteurs, il faut l'interpellation faite à tous les
héritiers du débiteur décédé, ou la reconnaissance de tous ces héritiers.
Article 2250
L'interpellation faite au débiteur principal, ou sa reconnaissance, interrompt la prescription contre la caution.
Article 2251
La prescription court contre toutes personnes, à moins qu'elles ne soient dans quelque exception établie par une loi.
Article 2252
(Loi nº 64-1230 du 14 décembre 1964 Journal Officiel du 15 décembre 1964 en vigueur le 15 juin 1964)
La prescription ne court pas contre les mineurs non émancipés et les majeurs en tutelle, sauf ce qui est dit à l'article
2278 et à l'exception des autres cas déterminés par la loi.
Article 2253
Elle ne court point entre époux.
Article 2254
La prescription court contre la femme mariée, encore qu'elle ne soit point séparée par contrat de mariage ou en justice, à
l'égard des biens dont le mari a l'administration, sauf son recours contre le mari.
Article 2257
La prescription ne court point :
A l'égard d'une créance qui dépend d'une condition, jusqu'à ce que la condition arrive ;
A l'égard d'une action en garantie, jusqu'à ce que l'éviction ait lieu ;
A l'égard d'une créance à jour fixe, jusqu'à ce que ce jour soit arrivé.
Article 2258
La prescription ne court pas contre l'héritier bénéficiaire, à l'égard des créances qu'il a contre la succession.
Elle court contre une succession vacante, quoique non pourvue de curateur.
Article 2259
Elle court encore pendant les trois mois pour faire inventaire, et les quarante jours pour délibérer.
Article 2260
La prescription se compte par jours, et non par heures.
Article 2261
Elle est acquise lorsque le dernier jour du terme est accompli.
Article 2262
Toutes les actions, tant réelles que personnelles, sont prescrites par trente ans, sans que celui qui allègue cette
prescription soit obligé d'en rapporter un titre ou qu'on puisse lui opposer l'exception déduite de la mauvaise foi.
Article 2263
Après vingt-huit ans de la date du dernier titre, le débiteur d'une rente peut être contraint à fournir à ses frais un titre
nouveau à son créancier ou à ses ayants cause.
Article 2264
Les règles de la prescription sur d'autres objets que ceux mentionnés dans le présent titre, sont expliquées dans les titres
qui leur sont propres.
93
FRENCH LAW j.paradissis@surrey.ac.uk
Article 2265
Celui qui acquiert de bonne foi et par juste titre un immeuble en prescrit la propriété par dix ans si le véritable
propriétaire habite dans le ressort de la cour d'appel dans l'étendue de laquelle l'immeuble est situé ; et par vingt ans, s'il
est domicilié hors dudit ressort.
Article 2266
Si le véritable propriétaire a eu son domicile en différents temps, dans le ressort et hors du ressort, il faut, pour
compléter la prescription, ajouter à ce qui manque aux dix ans de présence, un nombre d'années d'absence double de celui
qui manque, pour compléter les dix ans de présence.
Article 2267
Le titre nul par défaut de forme, ne peut servir de base à la prescription de dix et vingt ans.
Article 2268
La bonne foi est toujours présumée, et c'est à celui qui allègue la mauvaise foi à la prouver.
Article 2269
Il suffit que la bonne foi ait existé au moment de l'acquisition.
Article 2270
(Loi nº 67-3 du 3 janvier 1967 Journal Officiel du 4 janvier 1967 en vigueur le 1er juillet 1967)
(Loi nº 78-12 du 1 avril 1978 Journal Officiel du 5 janvier 1979 en vigueur le 1er janvier 1979)
Toute personne physique ou morale dont la responsabilité peut être engagée en vertu des articles 1792 à 1792-4 du
présent code est déchargée des responsabilités et garanties pesant sur elle, en application des articles 1792 à 1792-2, après
dix ans à compter de la réception des travaux ou, en application de l'article 1792-3, à l'expiration du délai visé à cet
article.
Article 2270-1
(Loi nº 85-677 du 5 juillet 1985 art. 38 Journal Officiel du 6 juillet 1985 en vigueur le 1er janvier 1986)
(Loi nº 98-468 du 17 juin 1998 art. 43 Journal Officiel du 16 juin 1998)
Les actions en responsabilité civile extracontractuelle se prescrivent par dix ans à compter de la manifestation du
dommage ou de son aggravation.
Lorsque le dommage est causé par des tortures et des actes de barbarie, des violences ou des agressions sexuelles
commises contre un mineur, l'action en responsabilité civile est prescrite par vingt ans.
Article 2271
(Loi nº 71-586 du 16 juillet 1971 Journal Officiel du 17 juillet 1971)
L'action des maîtres et instituteurs des sciences et arts, pour les leçons qu'ils donnent au mois :
Celle des hôteliers et traiteurs à raison du logement et de la nourriture qu'ils fournissent, se prescrivent par six mois.
Article 2272
(Loi nº 71-586 du 16 juillet 1971 Journal Officiel du 17 juillet 1971)
L'action des huissiers, pour le salaire des actes qu'ils signifient et des commissions qu'ils exécutent ;
Celle des maîtres de pensions, pour le prix de pension de leurs élèves, et des autres maîtres, pour le prix de
l'apprentissage, se prescrivent par un an.
L'action des médecins, chirurgiens, chirurgiens-dentistes, sages-femmes et pharmaciens, pour leurs visites, opérations et
médicaments, se prescrit par deux ans.
L'action des marchands, pour les marchandises qu'ils vendent aux particuliers non marchands, se prescrit par deux ans.
Article 2273
L'action des avocats, pour le paiement de leurs frais et salaires, se prescrit par deux ans, à compter du jugement des
procès ou de la conciliation des parties, ou depuis la révocation desdits avocats. A l'égard des affaires non terminées, ils ne
peuvent former de demandes pour leur frais et salaires qui remonteraient à plus de cinq ans.
Article 2274
La prescription, dans les cas ci-dessus, a lieu, quoiqu'il y ait eu continuation de fournitures, livraisons, services et
travaux.
Elle ne cesse de courir que lorsqu'il y a eu compte arrêté, cédule ou obligation, ou citation en justice non périmée.
Article 2275
94
FRENCH LAW j.paradissis@surrey.ac.uk
Néanmoins, ceux auxquels ces prescriptions seront opposées, peuvent déférer le serment à ceux qui les opposent, sur la
question de savoir si la chose a été réellement payée.
Le serment pourra être déféré aux veuves et héritiers, ou aux tuteurs de ces derniers, s'ils sont mineurs, pour qu'ils aient
à déclarer s'ils ne savent pas que la chose soit due.
Article 2276
(Loi nº 71-538 du 7 juillet 1971 Journal Officiel du 8 juillet 1971)
Les juges ainsi que les personnes qui ont représenté ou assisté les parties sont déchargés des pièces cinq ans après le
jugement ou la cessation de leur concours.
Les huissiers de justice, après deux ans depuis l'exécution de la commission ou la signification des actes dont ils étaient
chargés, en sont pareillement déchargés.
Article 2277
(Loi nº 71-586 du 16 juillet 1971 Journal Officiel du 17 juillet 1971)
Se prescrivent par cinq ans les actions en paiement :
Des salaires ;
Des arrérages des rentes perpétuelles et viagères et de ceux des pensions alimentaires ;
Des loyers et des fermages ;
Des intérêts des sommes prêtées,
et généralement de tout ce qui est payable par année ou à des termes périodiques plus courts.
Article 2277-1
(inséré par Loi nº 89-906 du 19 décembre 1989 art. 6 Journal Officiel du 20 décembre 1989)
L'action dirigée contre les personnes légalement habilitées à représenter ou à assister les parties en justice à raison de la
responsabilité qu'elles encourent de ce fait se prescrit par dix ans à compter de la fin de leur mission.
Article 2278
Les prescriptions dont il s'agit dans les articles de la présente section, courent contre les mineurs et les majeurs en tutelle
; sauf leur recours contre leurs tuteurs.
Article 2279
En fait de meubles, la possession vaut titre.
Néanmoins celui qui a perdu ou auquel il a été volé une chose peut la revendiquer pendant trois ans à compter du jour
de la perte ou du vol, contre celui dans les mains duquel il la trouve ; sauf à celui-ci son recours contre celui duquel il la
tient.
Article 2280
(Loi du 11 juillet 1892))
Si le possesseur actuel de la chose volée ou perdue l'a achetée dans une foire ou dans un marché, ou dans une vente
publique, ou d'un marchand vendant des choses pareilles, le propriétaire originaire ne peut se la faire rendre qu'en
remboursant au possesseur le prix qu'elle lui a coûté.
Le bailleur qui revendique, en vertu de l'article 2102, les meubles déplacés sans son consentement et qui ont été achetés
dans les mêmes conditions, doit également rembourser à l'acheteur le prix qu'ils lui ont coûté.
Article 2281
Les prescriptions commencées à l'époque de la publication du présent titre seront réglées conformément aux lois
anciennes.
Néanmoins les prescriptions alors commencées, et pour lesquelles il faudrait encore, suivant les anciennes lois, plus de
trente ans à compter de la même époque, seront accomplies par ce laps de trente ans.
Article 2282
(inséré par Loi nº 75-596 du 9 juillet 1975 Journal Officiel du 10 juillet 1975)
La possession est protégée, sans avoir égard au fond du droit, contre le trouble qui l'affecte ou la menace.
La protection possessoire est pareillement accordée au détenteur contre tout autre que celui de qui il tient ses droits.
Article 2283
(inséré par Loi nº 75-596 du 9 juillet 1975 Journal Officiel du 10 juillet 1975)
95
FRENCH LAW j.paradissis@surrey.ac.uk
Les actions possessoires sont ouvertes dans les conditions prévues par le code de procédure civile à ceux qui possèdent
ou détiennent paisiblement.
96
FRENCH LAW j.paradissis@surrey.ac.uk
Article 1382
Tout fait quelconque de l'homme, qui cause à autrui un dommage, oblige celui
par la faute duquel il est arrivé, à le réparer.
Article 1383
Chacun est responsable du dommage qu'il a causé non seulement par son fait, mais
encore par sa négligence ou par son imprudence.
Article 1384
(Loi du 7 novembre 1922 Journal Officiel du 9 novembre 1922) (Loi du 5 avril 1937 Journal Officiel du 6 avril
1937 rectificatif JORF 12 mai 1937) (Loi nº 70-459 du 4 juin 1970 Journal Officiel du 5 juin 1970 en vigueur le
1er janvier 1971) (Loi nº 2002-305 du 4 mars 2002 art. 8 V Journal Officiel du 5 mars 2002)
On est responsable non seulement du dommage que l'on cause par son propre fait, mais
encore de celui qui est causé par le fait des personnes dont on doit répondre, ou des choses
que l'on a sous sa garde.
Toutefois, celui qui détient, à un titre quelconque, tout ou partie de l'immeuble ou des biens
mobiliers dans lesquels un incendie a pris naissance ne sera responsable, vis-à-vis des tiers,
des dommages causés par cet incendie que s'il est prouvé qu'il doit être attribué à sa faute ou
à la faute des personnes dont il est responsable.
Cette disposition ne s'applique pas aux rapports entre propriétaires et locataires, qui
demeurent régis par les articles 1733 et 1734 du code civil.
Le père et la mère, en tant qu'ils exercent l'autorité parentale, sont solidairement
responsables du dommage causé par leurs enfants mineurs habitant avec eux.
Les maîtres et les commettants, du dommage causé par leurs domestiques et préposés
dans les fonctions auxquelles ils les ont employés ;
Les instituteurs et les artisans, du dommage causé par leurs élèves et apprentis pendant le
temps qu'ils sont sous leur surveillance.
La responsabilité ci-dessus a lieu, à moins que les père et mère et les artisans ne prouvent
qu'ils n'ont pu empêcher le fait qui donne lieu à cette responsabilité.
En ce qui concerne les instituteurs, les fautes, imprudences ou négligences invoquées
contre eux comme ayant causé le fait dommageable, devront être prouvées, conformément
au droit commun, par le demandeur, à l'instance.
Article 1385
Le propriétaire d'un animal, ou celui qui s'en sert, pendant qu'il est à son usage, est
responsable du dommage que l'animal a causé, soit que l'animal fût sous sa garde, soit qu'il
fût égaré ou échappé.
Article 1386
Le propriétaire d'un bâtiment est responsable du dommage causé par sa ruine, lorsqu'elle
est arrivée par une suite du défaut d'entretien ou par le vice de sa construction.
97
FRENCH LAW j.paradissis@surrey.ac.uk
Attendu, selon l'arrêt confirmatif attaqué, que, s'étant rendu sur un terrain appartenant à M Jonier où
celui-ci était occupé à abattre des arbres, M Bardèche fut blessé par la chute d'une branche que M
Jonier venait de couper à l'aide d'une tronçonneuse ; qu'il a assigné en réparation M Jonier et son
assureur, les Assurances Mutuelles Agricoles Loire et Haute-Loire ; que la Caisse des dépôts et
consignations, gestionnaire de la Caisse Nationale de Retraite des Agents des collectivités locales, est
intervenue en raison des prestations versées ;
Attendu que pour déclarer M Jonier entièrement responsable du dommage en sa qualité de gardien,
l'arrêt, après avoir relevé que M Bardèche, auquel il avait été demandé à plusieurs reprises de s'éloigner
en raison du danger que présentait la chute des branches, avait commis la faute de demeurer sur place,
énonce que cette faute n'avait été ni imprévisible, ni insurmontable pour M Jonier ;
Qu'en statuant ainsi, la cour d'appel, qui n'a pas tiré de ses énonciations les conséquences légales
qu'elles comportaient, a violé le texte susvisé ; PAR CES MOTIFS, et sans qu'il y ait lieu de statuer sur
la première branche du moyen :
CASSE ET ANNULE l'arrêt rendu le 21 juin 1985, entre les parties, par la cour d'appel de Lyon ;
remet, en conséquence, la cause et les parties dans l'état où elles se trouvaient avant ledit arrêt et, pour
être fait droit, les renvoie devant la cour d'appel de Riom
98