L'arrêté du 12 septembre 2006 relatif à la mise sur le marché et à l'utilisation des produits antiparasitaires à usage
agricole réglemente les conditions de mise en oeuvre des traitements, depuis la préparation des bouillies jusqu'à la
gestion des effluents phytosanitaires.
L'objectif de cette note technique est de présenter cette réglementation et d'aider les exploitants agricoles à son
application concrète quant aux aspects de préparation des bouillies et de gestion des effluents phytosanitaires.
Dispositions particulières relatives aux zones non traitées (ZNT) au voisinage des
points d'eau mentionnés sur une carte au 1/25 000 :
* 4 largeurs de ZNT à respecter selon les produits : 5, 20, 50 m et exceptionnellement ≥ 100 m;
* largeur minimale s’il n’y a pas de précisions pour le produit : 5 m;
* possibilité de réduction de la ZNT de 20 à 5 m ou de 50 à 5 m dans certaines conditions
d'aménagement du site et d'équipement du matériel.
*1
Ecopulvi : Groupe d’experts constitué à l’initiative d’ITV France
*2
Cietap : Commission interprofessionnelle d’étude des techniques d’application de produits phytosanitaires de l’AFPP
1
Définition des effluents phytosanitaires : - fonds de cuve
- bouillies phytosanitaires non utilisables
- eaux de nettoyage de pulvérisateur
- effluents liquides ou solides issus des traitements
Les effluents phytosanitaires sont des déchets dangereux qu'il faut gérer dans des conditions propres à éviter des
effets préjudiciables sur l'environnement. Le producteur du déchet, c'est à dire l'exploitant agricole, est responsable
de son déchet jusqu'à la phase finale d'élimination.
2
Préparation des bouillies CIETAP
et gestion des effluents phytosanitaires
Note nationale d'aide à la mise en oeuvre dans les exploitations viticoles
2EME PARTIE : SOLUTIONS PRATIQUES RECOMMANDEES DANS LES EXPLOITATIONS
Ces aménagements ne coûtent pas forcément cher et, au delà du respect de la réglementation, peuvent être mis à
profit en optimisant les démarches de manipulation des produits : gain de temps et de sécurité.
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Choix de la stratégie n°1 : gestion intégrale à la parcelle
1/ Limiter le fond de cuve pour optimiser les volumes d'eau claire de dilution
- adapter le matériel pour limiter les reliquats : puisard avec canne d'aspiration placée au fond ;
- poursuivre la pulvérisation jusqu'au désamorçage poussé de l'appareil.
2/ Diluer séquentiellement pour optimiser le volume d'eau claire nécessaire à la dilution par 100
Démarche nécessaire à la dilution requise (concentration finale = concentration initiale divisée par 100) :
* 2 dilutions successives (puis pulvérisation) avec, chaque fois, un volume d'eau de 9 fois le volume de fond de cuve
ou
* 3 dilutions successives (puis pulvérisation), dont la première avec un volume d'eau de 5 fois le volume de fond de cuve
(obligatoire), la seconde 4 fois et la troisième 3 fois.
Volume de Volume total d'eau claire nécessaire pour diviser par 100 (en litres)
fond de cuve (origine : cuve embarquée ou robinet)
(litres) si 1 dilution si 2 dilutions si 3 dilutions*
1 99 18 12 (5+4+3)
5 495 90 60
10 990 180 120
20 1980 360 240
* dilution par 120 dite « sécurisée »
Pour éviter de multiplier les opérations (descente de l'engin, manipulation de vannes), des systèmes automatiques
de rinçage séquentiel existent sur le marché. Ces outils manœuvrés depuis la cabine (électrovannes) facilitent le
rinçage séquentiel et limitent le temps de mise en oeuvre.
3/ Vidange à la parcelle ou réutilisation ultérieure dans une bouillie (non adaptée en cas de reliquats herbicides)
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Dispositifs reconnus par les pouvoirs publics (bulletin officiel du Ministère de l’Ecologie et du Développement
Durable en date du 28 février 2007). D'autres procédés sont en cours d'examen.
Systèmes "rustiques"
Procédé
Principe Comment le mettre en oeuvre ? (suivre la notice technique)
Société
Placer l'effluent dans une zone étanche couverte, remplie d'un mélange de terre (70 % en volume )
® et de paille (30%). Recharger annuellement en paille et retourner le substrat régulièrement.
Phytobac Epandage du substrat autorisé (10 m3/ha) après 5 mois de maturation sans aucun apport.
Dégradation Dimensionnement : - hauteur maximum de 60 cm ;
Bayer biologique sur - volume du bac à adapter au volume des effluents à traiter : 1,5 à 3 volumes de
substrat substrat par volume annuel d'effluent.
(toutes
cultures) Limites du système : éviter la saturation du bac en liquide et préférer les apports réguliers
d'effluents dans le Phytobac à partir d'une cuve tampon en fonction de l'humidité du substrat.
Coût d'investissement : matériaux - Coûts de fonctionnement : maintenance, épandage
Systèmes "technologiques"
Procédé
Principe Comment le mettre en oeuvre ? (suivre la notice technique)
Société
Stockage des effluents. Mise en oeuvre autonome (si achat) ou par prestation : ajout de coagulants-
BF Bulles ® floculants dans la cuve - passage du surnageant sur charbons actifs.
Coagulation- Fonctionnement à partir d'effluents dilués.
floculation -
Alpha-O
filtration sur Déchets finaux (cartouches de charbons usagés + boues de floculation) à gérer en déchet
charbons actifs dangereux (D.I.S.)
(viticulture) Coût d'investissement : ~ 15 000 € Coûts de fonctionnement : consommables (45 €/m3) + D.I.S.
Si prestation : ~150 €/m3 comprenant la prise en charge des déchets
Sentinel® Stockage des effluents. Traitement par volume unitaire (batch) de 1 m3.
Coagulation- Mise en oeuvre autonome (achat) : - ajouts de packs de coagulants-floculants
ALBA Envt floculation - - passage du surnageant sur charbons actifs
filtration sur Fonctionnement à partir d'effluents dilués.
(post-récolte charbons actifs Déchets finaux (cartouches de charbons usagés, boues) à gérer en déchet dangereux (D.I.S.).
fruits et
légumes) Coût d'investissement : ~25 000 € Coûts de fonctionnement : consommables + D.I.S.
® Coagulation- Stockage des effluents. Mise en œuvre principalement par prestation de service (dispositif mobile)
Phytopur
Paetzold floculation puis Prestation complète (gestion des déchets en déchet dangereux....)
(viti, arbo) osmose inverse Coût de la prestation : forfait de 450 € (déplacement - préparation de cuve) puis 84 €/m3
Stockage des effluents. Traitement par volume unitaire (batch) de 500 L.
Phytocat®
oxydation Mise en oeuvre autonome (achat) : - préparation du batch (15 minutes)
Résolution avancée par - fonctionnement en boucle pendant 15 jours.
(viti,maraîch., photocatalyse
non agri)
Coût d'investissement : ~17 000 € Coûts de fonctionnement : 300 € pour visite annuelle de
maintenance + 80 €/m3 (consommables, reprise des déchets en D.I.S.) + énergie
Stockage des effluents. Traitement par volume unitaire (batch) de 1m3.
Phytomax®
Mise en oeuvre autonome (achat) : - pré-traitement par coagulation-floculation
oxydation
Agro- - fonctionnement en boucle pendant 30 jours.
avancée par
environnement Déchets finaux (boues du pré-traitement...) à gérer en déchet dangereux (D.I.S.).
photocatalyse
(viti, arbo) Coût d'investissement : ~15 000 € Coûts de fonctionnement : consommables, maintenance,
traitement D.I.S., énergie.
Stockage des effluents. Traitement en continu. Mise en oeuvre autonome (achat) mais automatisée.
® Ensemencement dans cuve tampon, pompage vers un digesteur, puis décanteur et filtre biologique.
STBR2
dégradation
Ensemencement manuel périodique + vérification hebdomadaire de l'approvisionnement en
biologique en
Aderbio consommable dans le digesteur.
milieu liquide par
bio-augmentation Devenir des boues (épandage ou D.I.S.) fonction d'analyses EcoTox.
(viti, arbo) Coût d'investissement : ~10 000 € pour débit traité de 30 L/jour. Coûts de fonctionnement : 60
€/m3 (culture biologique) + énergie
Vitimax® Coagulation, floculation, et épuration dans la station de traitement des effluents de cave (hors
dégradation période de pointe vinicole : vendanges, vinifications).
Agro-
biologique sur Coût : pas d'investissements supplémentaires par rapport au traitement des effluents de cave (mis à
environnement
boues activées part stockage + gestion des boues issues du pré-traitement (coagulation-floculation) en D.I.S.)
(viticulture)
Coûts : données constructeurs au 15/01/2007. Dans certains cas, il existe plusieurs modèles.
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Conseils techniques :
se référer à la notice technique de chaque procédé validé (bulletin officiel du Ministère de l'Ecologie) ;
préciser dans un contrat la responsabilité de la société (notamment sur la reprise des déchets dangereux);
demander un devis à une société de gestion des déchets dangereux (pour comparaison de tarif) ;
demander un Bordereau de Suivi de Déchet industriel (BSD) pour les déchets finaux générés ;
enregistrement obligatoire des pratiques : pour éviter de multiplier les registres, compléter le carnet de
culture en y rajoutant 2 colonnes (une concernant la nature des effluents générés - volumes, dilutions
effectuées, dates d’introduction de l’effluent dans le stockage sécurisé - et la seconde sur le devenir de ces
effluents).
Mode de fonctionnement :
Possibilité de mise à disposition par les prestataires d'un conteneur consigné de 1000 litres (à
placer sur un dispositif de rétention pour contenir d'éventuelles fuites).
Sur appel téléphonique, le prestataire assure une rotation en l'échangeant contre un vide et en
remettant un bordereau de suivi de déchet.
Nature des effluents à indiquer aux prestataires : "déchets agrochimiques contenant des
substance dangereuses" (code déchet européen : 02 01 08*).
Contacts par secteur en France métropolitaine des centres agréés (non exhaustif-consulter votre conseil local) :
- Nord : : 03 21 74 74 74 - Ile de France - Centre : 01 34 97 25 00
- Nord-Est : 03 87 53 31 31 - Bretagne : 02 51 80 64 80
- Centre-Est : 04 77 47 50 68 - Ouest - Aquitaine : 05 57 77 65 50
- Sud-Ouest : 05 61 13 86 15 - Provence Alpes Cote d'Azur : 04 42 87 72 10
Aides financières possibles : les Agences de l'Eau prévoient des aides pour la collecte et le traitement des déchets
en centre conventionné provenant de PME (selon la définition européenne des PME). Ces aides sont conditionnées
et peuvent atteindre près de 50% du coût total de la prestation. Elles sont directement défalquées sur la facture du
centre de traitement conventionné. Les prestataires indiqués ci-dessus sont conventionnés par les Agences de l'Eau
et peuvent assister leurs clients pour monter un dossier de demande d'aide.
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3EME PARTIE : SPECIFICITES VITICOLES
- Pulvérisation à faible débit (pénalisant le temps de mise en oeuvre du rinçage à la parcelle, notamment pour les
appareils pneumatiques) : Envisager sur le matériel un montage en dérivation avec des rampes à débit élevé
(désherbage, rampes rideau...).
- Volume d'eau claire nécessaire en fonction de l'appareil et temps demandé pour sa pulvérisation : consultez le site
www.itvfrance.com rubrique "maîtrise et gestion des effluents de pulvérisation".
Volume d'eau claire pour dilution (en L) Objectif réglementation : concentration initiale divisée par 100
5 495 90 60
Durée totale de l'opération : rajouter le temps de manœuvre (apport d'eau + manipulation des vannes).
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Limitation des reliquats :
Les calculs du tableau précédent démontrent bien l'intérêt de limiter les volumes de fond de cuve avant de
réaliser une dilution à l'eau claire.
Dans ce but, il est possible de vidanger les reliquats trop importants dans un container adapté puis de les
gérer ensuite en déchet dangereux. Ainsi, le volume d'eau nécessaire au rinçage de la cuve est très limité et
donc son temps de mise en oeuvre particulièrement réduit (une seule dilution permet une vidange des eaux diluées
sur la parcelle ou leur réutilisation).
Cette procédure combine en fait les stratégies n°1 et n°3 (cf. p2) en les optimisant d'une manière pratique et
économique. Attention toutefois aux conditions lors de la vidange de bouillie (sécurité de l'opérateur).
- la gestion intégrale des effluents à la parcelle est envisageable mais nécessite d'adapter le matériel (limitation
du fonds de cuve au désamorçage, cuve d'eau claire...) et de réaliser des démarches préalables (formation des
tractoristes, équipement pour lavage à la parcelle, calcul du volume d'eau claire nécessaire requis pour la dilution
par 100...) pour permettre une réalisation efficace, pragmatique (limitation du temps de mise en oeuvre) et en
routine de ce mode de gestion des effluents.
- l'étude des différentes possibilités (techniques, économiques et pratiques) peut conduire au choix de passer par un
dispositif d'épuration. Choisir un procédé reconnu réglementairement. Etablir un contrat précisant les
responsabilités des opérateurs et le mode de gestion des déchets. Aménager le carnet des interventions culturales
pour y mentionner les éléments requis (volumes, devenir des effluents...).
- les dispositifs d'épuration de type "rustique" sont une solution intéressante de compromis temps passé / coût. Pour
être efficace, leur dimensionnement, leur emplacement et leur utilisation doivent cependant être réfléchis au
préalable avec un technicien spécialisé.
- les dispositifs d'épuration "technologiques" sont à réserver en priorité aux situations d'aires collectives. Un
fonctionnement par prestation semble préférable compte tenu de la technicité et des manipulations nécessaires à
la mise en oeuvre des procédés.
- la solution de mise en incinération des effluents mérite d'être étudiée économiquement au cas par cas du fait des
coûts variables par région, et pour pouvoir comparer les autres solutions envisageables.
- une stratégie optimisée combinant vidange du fond de cuve en container spécifique, mise en déchet dangereux de
ces reliquats avec un rapide rinçage à la parcelle des cuves "vides", est envisageable.
Pour plus d'informations (aires de remplissages, différents montages de cuve d'eau claire ou dispositifs de
gestion des effluents) :
- Cahier Itinéraire sur les Bonnes pratiques de manipulation des produits phytosanitaires en viticulture.
Prix unitaire : 10 € (5 € à partir de 10 exemplaires commandés)
Commande: caroline.diouy@itvfrance.com Tél : 03 26 51 50 90
- Site www.itvfrance.com rubrique "documents consultables".
rapporteur :
Sébastien CODIS
machinisme environnement
ITV France - unité de Mâcon
mail : sebastien.codis@itvfrance.com
Tél : 03 85 35 02 80