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LA VRAIE

RELIGION CHRÉTIENNE

CONTENAN'r

T,OUTE LA THÉOLOGIE
DE LA NOUVELLE l~GLISE
Prédite par le Seigneur dans Daniel, VII, i3, 14; et dans l'Apocalypse, XXI, i, 2.

P"AH

E]JIl'tJ:A.RJ~E:L SWEDENBORG
Serviteur dLI Seigncur Jésus-Christ

'nU.DUIT J:,U LA.TIN

PAR J. F. E. LE BOYS DES GUAYS.


Sur l'Édilion princeps (Amslerd.m, 1771).

SECONDE ÉDITION

TOME SECOND

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Paris
A. la Librairie, '19, rue du Sommernrd,
Londr~'s
SWEDE1i'BORG SOCIETY, 36, Bioomsbury Street, V. C,
Nc,,'-'l'ork
NEW CtWRC!\ BOOK-RoOH, 20, Cooper Uni<>o.
1878
RELIGION CIlRÉTIENNE, Ut
u.o LA VRAIE
par les lampes sont signifiées les choses qui appartiennent à l'en­
l'ho,mme a été appelé microcosme (petit monde) par les anciens,
tendement, et par l'huile celles qui appartiennent il l'amour. Le!!
et. il peut allssi être appelé micro-urane (petit ciel).
régénérés sont comme les lampes allumées du Chandelier dans le
605. Que l'homme régénéré, c'est-à-dire, renouvelé quant à la
Tabernacle; ils sont aussi comme les pains des faces avec l'encens
volonté et il l'entendement, soit dans la chaleur du Ciel, c'est-à­
posé dessus; et ce sont eux qui resplendiront comme la splendeur'
dire, dans l'amour du ciel, et en même temps dans la lumière du
de l'étendue, et brilleront comme les étoiles pendant le siècle et
ciel, c'est-à-dire, dans la sagesse ('u ciel, et que vicc versd l'homme
l'éternité, - Daniel, XII. 3. - L'homme non régénéré est comme
non-régénéré soit dans la chaleur de l'enfer, c'est-à-dire, dans l'a­
celui qui est dans le jardin d'Éden, et mange de l'Arbre de la
mour de l'enfer, et en même temps dans les ténèbres de l'enfer,
science du bien et 'du mal, el est pOUl' cela même chassé du jar­
c'est-à-dire, dans les folies de l'enfer, cela aujourd'hui est connu
din, bien plus il est cet Arbre même; mais l'homme régénéré est
et néanmoins est inconnu; et la raison de cela, c'est que l'Église,
comme celui qui est dans ce jardin, Ilt mange de l'Arbre de vie;
qui existe aujourd'hui, a fait de la régénél'ation un appendice de la
qu'il lui soit donné d'en manger, on le voit par ces paroles dans
foi, dans laquelle aucune raison ne doit être admise, ni par con­
l'Apocalypse: cc A celui qui vaincl'a, je lui donnel'ai d manger
séquent dans quoi que ce soit de son appendice qui est, ainsi qu'vl
de l'Arbl'e de vie, qui (est) dans le milieu du Pm'adis de Dieu. »
vient d'être dit, la régénération et la rénovation; celles-ci avec la
- 11. 7 ; - par le jardin d'Itden est entendu l'intelligence dans
foi elle-même sont pour cette Église comme une maison, dont les
les choses spl'ituelles d'après l'Amour du vrai, voù' L'ApOCALYPSE
portes et les fenêtres ont été fermées, de sorte qu'on ignore ce
RÉVÉLÉE, N° 90. En un mot, le non régénéré est le Fils du mé­
qu'il y a dans l'intérieur de celle maison, si seulement elle est va­
chant, et le régénéré est le Fils du Royaume, - Malth. XIII. 38;
cante, ou si elle est pleine de génies de l'enfer ou d'anges du Ciel.
- là, le fils du méchant est le fils du diable, et le fils du Royaume
En oulre, ce qui a mis la confusion en cela, c'est l'illusion qui pro­
est le Fils dw Seigneur.
vient de ce que l'homme par l'entendement peut s'élever presque
dans la lumière du Ciel, et par suite d'après l'intelligence penser
et parler des choses spiri tuelles, quel que soit l'A mour de sa voloI)té; L' Homme régénéré est en communion avec les Anges du Ciel, et
comme on ignore celle vérité, tout ce qui concerne la régénération le non-régénéré en communion avec les ESpl'itS de l'Enfel'
clla rénovation est aussi devenu inconnu.
606. De tont ce qui précède on peut lirer ces conclusions, que, 607. Si tout homme est en commlJTlion, c'est-à-dire, en conso­
l'homme non régénéré est comme celui qui voit des apparitions pen· ciation avec les Anges du Ciel ou avec les Esprits de l'Enfer, c'est
dant la nuit, et croit que ce sont des hommes; qu:ensuite, quand ~parce qu'il est né pour devenir spiriluel, et que cela n'est pas pos­
il est régénéré, il est comme ce même homme qui le màtin recon­ sible, à moins qu'il ne soit dans quelque conjonction avec ceux
. naît que ce qu'il a vu la nuit était un jeu de l'Iluagination; et que, qui sont spirituels ; que l'homlne quant au mental soit dans l'un
plus tard, lorsqu'il a été régénéré, il est comme ce même homme et l'autre l'fJonde, le naturel et le spirituel, cela a été montré dans
qui dans le jour reconnai! que c'étaIt un délire. L'homme non ré­ le Traité DU CIEL ET DE L'ENFER; mais l'homme, l'Ange el l'Esprit,
généré est comme celui qui rêve, et l'homme régénéré est comme ne savent rien de celle conjonction; et cela, parce que l'homme,
celui qui veille; dans la Parole, la vie naturelle est aussi comparée tant qu'il vit dans le Monde, est dans un état naturel, et qne l'Ange
au sommeil, et la vie spirituelle à la l'eille. L'homme non régénéré et l'Esprit sont dans un état spirituel, et qu'en raison de la diffé­
est signifié pal' les Viel'ges insensées qui avaient des lampes et qui rence entre le naturel et le spirituel, l'un n'apparaît pas à l'autre;
n'avaient point d'huile, et le régénéré est signifié par les Vierges cette différence, telle qu'elle existe, a été décrite dans le Traité de
prudentes qui avaient des lampes et en même temps de l'huile;
U2 LA VRAIE RELIGION CHRÉTlE~NE. 14-3
L' A~IOUR CONJUGAL, dan~ le Mémorable N°S 326 11 329; d'où il ré­ selon la régénération, est en communion avee les Anges de ces
slllte évidemment flU'ils sont conjoints, non pas quant aux pen­ trois cieux; et que, c"ela éLant ainsi, le Mental humain a été dis­
sée:>, mais quant aux affections; et sur celles-ci à peine quelqu'un tingué en trois degrés ou régions selon les cieux; mais sur ces
réfléchit-il, parce qu'elles ne sont pas dans la lumière dans la­ trois cieux et sur leur distinction selon les trois degrés de l'amour
quelle est l'entendement et pal' suite la pensée de l'entendement, et de la sagesse, voir dans le Traité DU CIEL ET DE L'ENFER,
mais elles sont dans la chaleur dans laquelle est la volonté et par N°' 29 et sui\'., et au:;si dans l'Opuscule DU COMMERCE DE L' A~JE
suite l'affection de 1':llIIOur de la volonté; la conjonction par les ET DU CORPS, N°S 16, 17. Ici, il sera seuleme~t illustré pal' une
affections de l'amour entre les hommes el les An8es et Esprits est comparaison quels sont les trois degrés selon lesquels ces cieux
si étroite, que si elle était rompue, et que par suite ils fussent sé­ ont été disLingués: Ils sont comme la têLe, le corps et les pieds
paré~, les hommes tomberaient 3 l'instant en défaillance, et que dans l'homme; le Ciel suprême fait la Tête, le Ciel moyen fait le
si elle n'était pas réparée, el qu'ils ne fussent pas conjoints, les Corps, et le dernier Ciel fait les pieds; cal' le Ciel entier est de·
hommes expireraient. S'il a été dil que l'homme pal' la régénéra­ vant le Seigneur comme un seul homme: qu'il en soit ainsi, c'est
lion devient spiriluel, il est entendu par là, non pas qu'il devient ce qui m'a éLé prouvé par démonstration oClllaÎl'e; car il m'a été
spirituel, tel qu'cst l'Ange en lui-même, mais qu'il devient spiri­ donné de voir une Société ùu Ciel, composée d'une myriade
luel-naturel, c'est à-dire que le spirituel est inlérieurement dans d'anges, comme un seul homme; pourquoi le ciel entier ne se­
son naturel, de la même manière que la peusée est dans la parole, rait-il pas ainsi devant le Seigneur? SUI' celle vive expérience,
et la volonté dans l'action, car l'une cessant l'autre cesse; de voir dans le Traité DU CIEL ET DE L'ENFER, N°' 59 et suiv. - D'a­
même esl l'Esprit de l'homme dans chacune des choses qui se près cela, on voH clairement de quelle manière est enlendu ce
font dans le corps, et c'ostlui qui pousse le naturel à faire ce qu'il dogme .connu dans le Monde Chrélien, que l'Église fait le Corps
fait; le naturel considéré en lui-même est le passif ou la force du Christ, et que le Christ est la vie de ce corps: pal' Iii aussi peut
morte, et le spirituel est l'actif ou la force vive; le passif ou la être illustré ce point, que le Seigneur est tout dans toutes les
force morte ne peUL pas agil' de soi-même, mais il faut qu'il soit choses du ciel, car il est la vie dans ce corps; de même le Sei­
mis en action pal' l'aclif ou la force vive. Comme l'homme vit con­ gneur est l'Église chez ceux qui Le reconnaissent Lui Seul pour
tinuellement en communion avec les habitants du Monde spiri­ le Dieu du Ciel et de la Terre, el croienl en Lui; qu'il soille Dieu
tuel, c'esL pour cela même que, lorsqu'il sort du Monde naturel il du Ciel et de la Terre, il l'enseigne Lui-Même dans Malthieu, ­
se trouve aussiLôt avec ses semblables avec qui il était en commu­ XXVIII. 18; - et qu'il faille cl'oil'e en Lui, ill'~nseigne dans Jean,
nion dans le Monde; de là vient que chacun après la mort s'ima­ -Ill. 15,36. VI. 40. Xl. 25,26.
gine vivre encore dàns le Monde, cal' alors il vient dans la com-' 609. Ces trois degrp.s dans lesquels sont les cieux, par consé­
pagnie de ceux qui lui ressemblent quant aux affections de sa quent dans lesquels est le Mental humain, peuvent aussi en quel­
volonté; et il les reconnaît, COlOme lès parenlS et les alliés recon­ que sorte être illustrés par des comparaisolls avec les choses ma­
naissent les leurs dans le Monde, et c'est pour cela que, dans la térielles dans le Monde: Ces trois degrés sont comme l'Or, l'Ar­
Parole, il esL dit de ceux qui meurent, qu'ils ont été assemblés gent et le Cuivre sonl enlre eux par leur valeur; il est fail aussi
eL recueillis vel's les leurs. D'après ce qui vient d'êll'e dit, on peuL une comparaison avec ces métaux dans la Statue de Nébuchadné­
voir que l'homme régénéré est en communion avec les Anges du zar, - Dan. 11. 31 el suiv. - Ces trois degrés sont encore dis­
Ciel, et le non-régénéré en communion avec les esprits de l'enfer. tingués entre eux, comme le sonl en pureté el en bonté le Rubis,
608. Il fallt qu'on sache qu'il y a trois Cieux distincts enll'e eux le Saphir et l'Agate; et aussi comme l'Olivier, le Cep elle Fi­
selon les trois degrès de l'amolli' èt ùe la sagesse; que l'homme, guier, et ainsi du reste; et même, dans la Parole, l'Or, le Rubis eL
U~ LA VRAIE
RELIGION CHRÉTIENNE. Ua
l'Olivier signifient le bien céleste, qui est le bien du Ciel sU(lrêtne;
chair pour qu'elle ne domine pas, et à dOlrlpter le vieil homme
l'Argent, le Saphir et le Cep signifient le bien spirituel; qui est le
avec ses convoitises pour qu'il ne se relève pas, et ne détruise pas
bien du Ciel moyeu; et le Cuivre, l'Agate et le Figuier signifient
J'intellectuel; cal' celui-ci étallt détruit, l'holllme n'est plus sus­
le bien naturel. qui est le bien du dernier Ciel: qu'il y ait trois de­
ceptible de réformation, laquelle ne peut. se fail'e, il moins que
grés, le céleste, le spirituel et le naturel, cela a été dit plus haut.
l'esprit de l'homme, qui est au-dessus de la chair, Ile soit instl'uit
6tO. A ce qui a été dit précédemment il sera ajouté ceci, que
et perfectionné. Quel est l'homme, dont l'enlendement est encore
la Régénération de l'homme se fait non pas en un moment, mais
saill, qui ne puisse d'après cèla conclure que de telles choses ne
successivement depuis le commencement jusqu'à la fin de la vie
penvent pas être faites en un moment, mais qu'elles le sonl suc­
dans le Monde, et est ensuite continuée et perfectionnée; et comme
'cessivement, de la même manière que l'homme est conçu, est
l'homme est réformé pa"!- des combats et des victoires sur les maux
porté dans l'utérus, naît et est ~evé, selon ~e qui a été montré ci­
de sa chair, c'est pour cela que le Fils de l'homme dit il chacune
dessus? en effet, les choses qui appartiennent à la chair ou au
des sept Égli~es, qn'il fera des dons 11 celui qui aura vaincu; ainsi,
vieil homme sont inhérentes pal' naissance, et construisent la pre­
à l'Église d'Éphèse: «A celui qui vaincra, je lui donnerai li
mière maison de son mental, dans laqllelle les convoitises ha­
man,gel' de l'A l'lire de vie. • - Apoc. Il. 7. - A l'Egi ise des SmYI'·
bitent cOin me des bêtes féroces dans lellrs loges; et elles habilent
néens : « Celui qui vainc1'a ne recevra aucun d()mmaqe de la
d'abord dans les vestibules, et entrent parfois comme dans c1es par'­
mort seconde. Il - Vers. 11. - A l'Église dans Pergame: « A ce­
ties souterraines de celte maison, 'et ensuile elles monlent par des
lui qui vainc7"a, je lui donnm'ai à manqer de la manne cachée. Il
escaliers et se construisent des chambres ;ce qui a lieu successi­
- Vers. t 7. - A l'Église dans Thyalire: « Celui qui vaincra, je
vement, à mtlsure que l'enfant croît, devient petit garçon et en­
lui donnerai pouvoi?' sur les nations. Il - Vers. 26. - A l'Église
suile adolescent, et qu'alors il commence à penser d'après son
dans Sardes: Celui qui vainc/'a, il sera revêtu de vêtements
propre entendement, et il agir d'après sa propre volonté; qui est­
blancs. Il - III. 5. - A l'Église dans Philadelphie: « Celui qui
ce qui ne voit pas que cette maison jusqu'alors conmuite daus le
vaincra, je le ferai une colonne dans le Temple de Dieu. 1) ­
mental, et dans laquelle les convoitises se tiennent par la main el
Vers. 12. - A l'Église des Laoclicéens: « Celui qui vaincra, je
dansent comme des ochim, des jiim.s et des satyres, ne pellt pas
lui donnerai de s'asseoù' avec Moi en mon Trône. .. - Vers. ~t.
être détruite en un momenl, et qu'une nouvelle maison ne peut
- En dernier lieu il sera ajouté ceci; que, autant l'homme est
en un moment être construite à sa place? Les convoitises qui se
régénéré, ou autant la régénération est perfectionnée chez lui,
tiennent par la main, et qui se divertissent ainsi, ne doivent-clics
autant il ne s'altribu'e rien du bien et du vrai, c'est-il-dire, de la
pas d'abord être éloignées, et de nouveaux désirs concer'nanl le
charité et de la foi, et attribue tout au Seigneur; cal' les vrais qu'i!
bien et le vrai ne doivent-ils pas être introduits à la place des cu­
puise successivement le lui enseignent d'une manière manifeste.
pidités qui appartiennent au mal el a'u faux? QlIe ces choses ne
puissent être failes en un moment, tout homme sage peut le' l'oir
par cela seul que tout mal est composé d'innomhrables convoi­
Ji utant l' Homme est réqénéré, autant sont éloiqnés les péchés, tises, et qu'il est comme un fruit qui cn lIed ans de sa pellicule est
et cct éloignement est la Rémission des péchés. plein de vers au corps blanc et à la tête noi re, ct aussi 'en ce que
les maux sont nombreux et. conjoinls entre eux, comme IIne li­
6i '1. Si, aut~nt l'homme est régénéré, autant sont éloignés les gnée d'araignées lorsqu'elle sort du venlre de la mère; si donc Ies
péchés, c'est parce que la régénération consiste à réprimer Ja maux ne sont pas mis dehors l'un après l'aulre, et cela jusqu';'1 ce
que la ligne ait été bl'isée, l'homme ne l'ellt pas devenir Ilouveau,
Il iO
146 LA VRAIE RELIGION CHRÉTIENNE. U7
Ces détails ont été d'Qnnés, afin qu'on sache que, autant quelqu'un petite, el. quant 11 la seconde nature qu'il lient d'une seconde nais­
est J'égénéré, autant sont éloignés ses péchés. sance il est le Ciel dans la forme la plus pelite. Il suit de là 'lue les
6t 2. L'homme par naissance incline vers les maux de tout m3UX chez l'homme sont éloignés et séparés de même qu'il en est
genre, et d'après l'inclination il les convoite, et mdme autant qu'il à l'égard du Ciel el de l'Enfer dans I:l grande forme, et qne les
en est libre il les fait; car p!lr naissance ilCoIlvoite la domination maux, à mesure qu'ils sont éloignés, se clélournenl clu Seigneur
sur les :IU Ires et la possession des biens des autres, deux choses et se renversent successivement, et que cela se foit au même cie
qui bristlnt l'amour à l'égard du prochain; et alors il prend en gré que le Ciel est implanté. c'est-à-dire, il mesure que J'honlmo
haine quiconque s'oppose à lui, et d'après la haine il respire la devient noureau, A cela il sera ajouté pour illustration, que chaqJe
vengeance, qui intérieurement fomente le meurtre; de là vient mal chez l'homme a une conjonction avec ceux qui dans l'enfer
aussi qu'il regarde comme rien les adultères, comme rien les dé­ sont dans un semblable mal, et que vice vel'sâ. chaque bien chez
prédations qui sont des vols clandestins, et comme rien les blas­ l'homme a une conjonction avec ceux qui dans le Ciel sonl dans
phèmes qui sont aussi des faux témoignages; el celui qui regarde un semblable bien.
CeS maux comme rien est aussi un athée de cœur; tel est l'homme 6t 4. D'apl'ès ce qui vient d'être rapporté, on peut voir qne la
par naissance; il est donc évident que par naissance il est l'enfer rémission des péchés n'en est ni l'extirpation ni le neltoiemenl,
dans la forme la plus petite. Maintenant, comme l'homme quant mais que c'enest l'éloignemtnt et ainfli la séparation; puis aussi
aux intérieurs de son mental est né spirituel, tout autrement que que tout mal, que l'homme s'est en actualité approprié, reste; et
la bête, par conséquent est né pour le ciel, el que cependant son comme la rémission des péchés en est l'éloignement et b sépara­
homme naturel ou externe est l'enfer dans la forme la plus petite, tion, il s'ensuit qùe l'homme est par le Seigneur détourné du mal
ainsi qu'il vient d'être dit, il s'ensuit que leCiel ne peut pas être et tenu dans le bien; et que c'est cela qui est donné ~ l'homme
implauté où est l'enfer, si l'enfer n'est pas éloigné. pal' la régénération. Un jour, j'entendis dans le dernier Ciel quel­
6t3. Celui qui sait comment le Ciel et l'Enfer sont entre eux, et qu'un qui se disail exempt de péchés pArce qu'ils avaient été nèt­
comment l'un est éloigné par l'antre, peut savoir comment l'homme toyés, ajoutant que c'était par le sang du Christ; mais comine il
est r~énéré, et aussi quel homme a été régénéré; pour que cela élait au-dedans du Ciel, et que celle erreur provenait de l'igno­
soit compris, il sera exposé en sommaire, que tous ceux qui son t rance, il fut plongé dans ses propres péchés, et à mesure qu'ils
dans le Ciel regardent le Seigneur par la face, et que tous ceux qui revinrent, il les reconnut; alors il accepta la nouvelle foi, qui était,
sont dans l'Enfer délournent leurs faces du Seigneur; c'est pour­ qu~ tout homme, comme tout Ange, est par le Seigneur détourné
quoi, lorsque du Ciel on regarde l'enfer, ceux-ci apparaissent seu­ des maux et tenu dans les biens. n'après cela, on voit clairement
lement par l'occiput et par le dos; bien plus ils apparaissent môme ce que c'est que la Rémission des péchés, qu'elle n'est poinl ins­
renrersés, comme les antipodes, les pieds en haut et la tête en tantanée, mais qu'elle suit la régénération selon ses progrès. L'é­
bas; et cela, quoiqu'ils, marchent sur les pieds, el tournent la face loignement des péchés, qui est appelé rémission des péchés, peut
de côté et d'autre, car c'est la direction opposée des intérieurs de être comparé au rejet des immondices hors du Camp des fils d'Is­
leur mental, qui produit cette vue; ces choses étonnantes, je les raël dans le désert qui était alentour, car leul' Camp l'eprésentait
rapporte comme témoin oculaire. Par là il m'a été découvert de le Ciel, et le Déser( l'Enfer. Il peul aussi être comparé :i l'éloi­
quelle manière se fait la régénération, à savoir, qu'elle se fait ab­ gnemenl des n:ltions d'avec les fils d'Israël, dans la terre de Cha­
solument de même que l'Enfer est éloigné et ainsi séparé du Ciel; naan, et des Jébuséens hors de Jérusalem; ces nalions furent non
car, ainsi qu'il a été dit ci-dessus, l'homme quant à la première pas rejetées, mais séparées. Il peut é.lre comparé à Dagon, le Dieu
nature qu'il tient par naissance est l'enfer dans la forme la plus des Philistins, qui, après que l'Arche eul été introdui:e dans son
148 LA VRAIE
RELIGION CHRB~TIENNE, 149
temple, tomba d'abord à terre sur ses faces, et ensuite fut trouvé
chez ceux qui se confirment dans la Foi d'aujourd'hlii, 11 ~aYoir,
sur le seuil la tête et les mains coupées, ainsi non rejeté, mais
que la foi est infusée dans l'homme lorsqu'il est comme une souche
. éloigné. Il peut être comparé aux démons envoyés par le Seigneur
ou comme une pierre, et' qu'alors celle foi infuse est suivie de la
dans des pourceaux, qui ensuite se précipitèrent dans la mer; par
justification, qui est la rémission des péchés, la régénél'ation, outre
la mer, ici et ailleurs dans la P:lrole, est signifié l'enfer. Il peut
plusieurs autres dons; et que l'opération de l'homme doit être ab­
aussi être comparé à la troupe du dragon, qui, séparée du ciel,
solument exclue, afin qu'elle Ile portc a:.:cune violence au mérite
s'empara d'abord de la terre, et fut ensuite précipitée dans l'en­
du Christ: pour que ce dogme fût établi encore plus solidement,
fer. Il peut encore être comparé à une forêt, où sont en grand
ils Ollt ôté 11 l'homme lout lihre arbitre dans les choses spil'iluelles,
nombre des bêtes sauvages; quand la forêt est coupée, les bêtes
en admettant une oomplete impuissance pour ces choses; et pour
sauvages se sauvent dans les halliers d'alentour, et alors la terre
lors comme si Dieu opérait seulemcnt de son côté, et qu'il n'eût été
aplanie dans le milieu est cultivée en champ.
donné 3 l'homme aucune puissance de coopérer du sien, et ainsi
de se conjoindre; que serait alors l'homme quant à la régént';ra­
La Régénération n'est point pO!,sible sans le Libre Arbitre dans tion, sinon comme ayant les mains et les pieds liés, semblable à
les choses spirituelles. ceux qui sont enchaînés dans les vaisseaux appelés galères. et
comme eux puni et condamné à mort, s'il se dég3geait des me­
nolle~ et des fers aux pieds, c'est-à-dirc, si d'après le libre ar­
611>' Qni ne peut voir, à moins .d'être stupide, que l'homme,
sans le Libre Arbitre dans les choses spirituelles,· ne peut être ré­ bitre il faisait du bien au prochain, el si d'après lui-même il croyait
généré? Sans CP, Libre Arbitre peut-il s'adresser au Seigneur, et en Dieu pour cause de &alut? Que serait l'homme confirmé dans de
Le reconnaître pour Rédempteur et Sauveur, et pour Dieu du Ciel tels dogmes, et cependan t dans un pieux (lésir du Ciel, sinon une
et de la Terre, comme le Seigneur l'enseigne Lui-Même? -l'tfaUh. sorte de fantôme se tenant dans celle vision, à savoir, si celle foi
XXVIIJ. 18. - Sans ce Libre Arbitre, qui est-ce qui peut croire, avec ses bénéfices a été infusée, ou, en cas qu'elle ne l'ait pas été,
c'est~à·dire, regarder le Seigneur par la foi et L'adorer, s'appli­ si elle s'infuse, par conséquent si Dieu le Père a eu pitié, ou si
quer à recevoir de Lui les moyens et les bienfaits du salut, et coo­ son Fils a intercédé, ou si l'Esprit Saint occupé ailleurs n'a pas
pérer d'après Lui pour les recevoir? Sans le Libre Arbitre, qui est­ opéré; et enfin d'après sa complète ignorance cesserait de s'en
ce qui peut faire quelque bien au prochain, et exercer la Charité, occuper et se consolerait, en disant: « Peut-être que celle grâce
outre plusieurs choses qui appartiennent à la Foi et à la Charité, est dans la moralité de ilia vie, dans laquelle je suis et je resle
les introduire dans la pensée et dans la volonté, les en faire sortir, comme auparavant, et par conséfluent sainte en moi, mais profane
et les mettre en acte? Autrement que serait la Régénération, si­ en ceux qui n'ollt pas obtenu celte foi; afin donc que la sainteté
non un simple mot échappé de la bouche du Seigneur, - Jean, reste dans ma moralité, je me garderai bien par la suite d'opérer
lU, - mot qui, ou reste dans l'oreille, ou passant dans la bouche de moi-même la foi et la charité, etc. )) Quiconque pense il la R~­
d'après la pensée la plus proche du langage devient un son arti­ génération sans le Libre Arbitre dans les choses spirituelles de­
culé, de douze lettres seulement, lequel son ne peut être élevé vient un semblable fantôme, ou, si on le préfère, une semblable
par aucun sens dans aucun région supérieure du mental, mais statue de sel.
tombe dans l'air où il se dissipe? 6f i. L'homme qui croit que la Hégénél'ation peut exister' S;lns
616, Dites, si vous le pouve~. si jamais il peut exister sur la aucun libre arbitl'e dans les spirituels, aillsi sans coopération, de­
Régénération une stupidité plus aveugle que celle qu'on tl'OUV~ vient, quant 11 tous les vrais de l'l~glise, froid comme un caillou, et
s'il s'échauffe, il est comme dans 1111 foyer le tison qui brûle par les
150 LA VRAIE RELIGION CHRÉTIENNE. 151
matières combustibles qu'il contient, car il brûle de convoilises. Il le Dieu du Ciel et de la Terre, et que la volonté du Pè:'r ('~t fl"'on
esl, par comparaison, comme un palais qni s'enfonce dans la terre· croie au Fils, outre d'innombrables vérilés semblables sur lc Sei·
jusqu'au loil, et est inondé d'eaux bonrbeuses, et après cela il ha­ gneur dans l'un et l'aulre Teslament? cela vienl de ce que de lels
bile, lui, sur le loil nu, el s'y conslruit une tenle avec des roseaux hommes ne sont pas dans les vrais, ni par conséquent dans la lu­
de marécage, et enfin le loit s'enfonce aussi, et lui-même est ~ub­ mière d'après laquelle les vérilés de ce genre peuvent être vues; et
mergé. Il est encore semhlable à un navire, où il y a des maréhan­ si la lumière était donnée, les faux néanmoins l'éleindraient, et
dises précieuses de toùle espèce, tirées de la Pal'ole comme d'une alors ils passeraient sur ces vérités comme SUI' des phrases couvr.rles
trésorerie, qui sont ou rongées par les rats et par les mites, ou de ratures, ou comme on passe sur des conduits souterrains sans
jetées à la Iller par les lIlatelots, et ainsi les marchands sonl pri­ s'apercevoir qu'on marche dessus: ceci a été dit, afin qu'on ~ache
vés Je leurs biens. Les érudits, ou ceux qui sont riches des mys­ qUil sans les vrais -ce point principal de la ré~énération n'est pas
lères de celle foi, sont semblables à des marchands ambul:mls vu. Quant à ce qui concerne la Foi, elle ne peut pas non plus exis~
qui, dans les auberges vendent des statues d'idoles, des fruits et ter sans les vrais, car la Foi ct le vrai fonl une seule chose; en ef·
des tleursen cire, des coquillages, des vipères dans des bocaux, fet, le bien de la foi esl comme l'âme, et les vrais en font le corps;
et d'alllres objets semblables. Ceux qui ne veulent pas regarder c'est pourquoi dire qu'ou croit ou qu'on a la foi, et ne connaître
en haut par une puissance spirituelle quelconque, appliquée à aucun vrai de la foi, c'esl comme extraire l'âme du corps, et par­
l'holllme et donnée pa l' le Seigneu l', son t en acl ual ilé comme les ler avec cette âme, qu'on ne voit pas; de plus, tous les vrais qui
bêles qui regardenl de la tête en !Jas, et cherchenl seulement font le corps de la foi émellent d'cux·mêmes la lumière, éclairent
des p:Hurages dans les forêlS ; et s'ils viennelil dans les jar<:!ins, ils et présentent sa face à la vue. Il en est de même de la Charité, elle
sont comme les vers qui dévorenl les feuilles des arbres; ct s'ils émet d'elle-mème la chaleur, avec laquelle la lumière du vrai se
voient Jes yeux les fruils, et pins encore s'ils les touchent des conjoint, ainsi que fait la chaleur avec la lumière dans la saison
mains, ils les l'emplissent de vers: et enfin ils deviennent comme du printemps dans le Monde; par la conjonction de celle-ci les
des serpents à écailles, leurs illusions sonnent el brillent comme animaux et les végélaux de la lerre reviennent dans leurs prolitl­
les écailles de ces serpenls ; et ainsi du reste. ques: il en est de même de la Chaleur el de la Lumière spirituellcs,
elles se conjoignent pareillement dans l'homme, lorsque celui-ci
est dans les vrais de la foi et en même temps dans les biens de la
La Régénération n'est pas possible sans les vrais, par lesquels charité; car, ainsi qu'il a été dil dans le Chapitre sur la Foi, de
est formée la Foi, et avec lesquels se conjoint la Charitl chacun des vrais de la foi efflue une lumière qui illustre, et de cha­
cun des hiens de la charité effluc une chaleur qui embrase; pui~, la
IHS. L'homme est régénéré par ces lrois, à savoir, le Seigneur, Lumière spirituelle dans son essence est l'Intelligence, et la Cha­
la Foi et la Charité, ces lrois seraient cachés comme les choses du leur spirituelle dans son essencé est l'Arnoul', el le Sei~neur seulles
plus haut prix enfouies en terre, si les Divins Vrais de la Parole conjoint tdutesdeux chez l'homme, quand il le régénère; en effet,
ne I('s mellaieut pas en évidence; il Y a plus, ils restent caches le Seigneur a dit: " Les paroles que Moi je prononce sont esprit
ponl' ceux qui nienl la coopératioll, lors même qU'Ils liraient la et sont vit. » - Jean, VI. 63. - (( Croyez en la Lumière afin
Parole des cep laines ou des milliers de fois, quoique ces tl'ois y que fils de lumière vous soyez,. Moi, Lumière, dans le Monde
soiellt dans unc lumière claire. Quant à ce qui concerne le Sei­ je suis venu. " - .Jean, XII. 36, 46. - Le Seigneur e~t le Soleil
gucur, quel est l'homme, conlirmé dans la foi 'd'aujourd'hui, qui)' daus le Monde spirituel; de ce Soleil procèdenl toute lumière et
\·oit il œil ouvert que Lui et le Père sont un, qu'il est Lui-Même toute chaleur spirituelle; et celle lumière éclaire el celte clwl0uI'
{52 LA VRAIE RELIGION CHRÈTIENNE. 153
embrase, et la conjonction de l'une et de l'autre vivifie et régénère être dissipées tant que le Dl'agon est sur la terre, puisqu'elles pro­
l'homme.
cèdent des Esprits du dragon, car il est dit du Dragon, qu'il fut jeté
G19. D'après ce qui précède, on peut voir que sans les ~rais il sur la lerre, et alors il est ajouté: « A cause de cela, réjouissez­
n'y a pas de connaissance du Seigneur; et aussi, que sans les vrais vous, Cieux,. et malltem' ci ceux qui habitent la ten'e!» - Apoc.
il n'y a point de Foi, et ainsi 'Point de Charité, que par conséquent XII. 12. - Ces trois sphères sont comme des atmosphères poussées
sans les vrais il n'y a aucune Théologie; et, où il n'y a pas de théo~ par une tempête, elles ont pour origine les souffles des Dragons;
logie, il n'y a pas non plus d'Église: telle est aujourd'hui l'Assem­ et, comme elles sont spirituelles, elles envahissent les mentais et
blée des peuples qui se nomment chrétiens, et se disent dans la les assujcllisent. Les sphères des vérités spirituelles y sont en­
1umière de l'ltvangile, quand cependant ils sont dans l'obscurité
core en petit nombre, seulement dans le Nouveau Ciel, et SOIIS le
même; car les vrais y sont autant cachés sous les faux, que l'or, Ciel chez ceux qui ont été séparés d'avec les Esprits du Dragon:
l'argent et les pierres précieuses ensevelies parmi les os dans la voilà pourquoi ces Vérités aujourd'hui dans le l'tlonde chez les
vallée de Hinnom : qu'il en soit ainsi, c'est ce que j'ai vu claire­ hommes ne sont pas plus visibles, que Ile Je sont des Vaisseaux
ment dans le Monde spirituel par les sphères qui effluent du Chris­ dans la mer Orientale pour des Pilote::; et des Matelots qui navi­
tianisme d'aujourd'hui et se propagent. La première sphère con­ guent sur la mer Occidentale.
cerne le Seigneur, c'est de la Plage méridionale, où sont les savants 620. Que la Régénération ne soit pas possible sans les vrais par
d'entre le clergé etle~ érudits d'entre les laïques, qu'elle s'exhale lesquels est/ormée la foi, c'est ce qui peut être illustré par ces
et se répand; elle va de touf eôté, s'insinue dans les idées, et chez comparaisons; elle n'existe pas plus que le Mental humain n'existe
plusieurs elle ôte la croyance à la Divinité de l'Humain du Seigneur, sans l'entendement, car l'entendement est formé par les vrais, et
chez plusieurs elfe l'affaiblit, et chez plusieurs elfe en fail une fo­ par conséquent enseigne ce qu'il faut croire, et ce qn'il faut faire,
lie; et cela, parce qu'elle inlt'oduit en même temps la croyance à et aussi ce que c'est que la Régénél'ation, et comment elle se fait.
trois Dieux, et qu'ainsi tout est confondu. La seconde sphère, qui La Régénération sans le~ vrais n'est pas plus possible, que la vivi­
concerne la foi, est comme dans la saison de l'hiver nn nuage noir fication des animaux et la végétation des arbl'es sans la IUlJ1ière
qui répand les ténèbres, change les pluies en neiges, dépouille les du soleil; car si le soleil ne donnait pas la lumière en même temps
arbres, gèle les eaux, et enlève toute pâture aux brebis; celle qu'il donne la chaleur, il d~viendrait, ainsi qu'il est décrit dans
sphère conjointe ilIa prl)mière introduit une sorte de léthargie au l'Apocalypse, commeun sacde poil, - VI. 12, - et noirci, -Joël,
sujet de Dieu un, de la régénération et des moyens de salut. La In. 4, - et ainsi il y aurait d'épaisses ténèbres sur la terre - Joël,
troisième sphère, qui concerne la conjonction de la foi et de la IV, t 0; - il en' sel'a it de même de l'hom me sans les vrais qui émet­
charité, est si forte qu'on ne peut y résister, mais aujonrd'hui elle tent d'eux-mêmes la lumière; car le Soleil, d'où profluent les lu­
est abominable, et comme une peste elle infecte quiconque l'aspire, mières des vérités, est le Seigneur dans le Monde spirituel; si la
et brise tout lien entre ces deux moyens de salut établis dès la créa­ lumière spirituelle n'influait pas de Iii dans les mentaIs humains,
tion du Monde, et renouvelés par le Seigneur; cette sphère' envahit l'Eglise serait dans d'épaisses ténèbres, ou dans l'ombre produite
anssi les hommes dans le Monde naturel, et éteint les torches con­ par IIne perpétuelle éclipse. Une Régénération, qui se' ferait par la
jugales entre les vrais et les biens; j'ai senti celle sphère, et alors
foi et la charité sans les vrais qui enseignent et conduisent, serait
comme je pensais à la Conjonc lion de la foi et de la charité, elle comme une navigation sllr le grand océan sans gouvernail, ou sans
s'est interposée entre elles, et s'est violemment efforcée de les sé­
boussole et sans cartes; et cOlllme lIne cavalcade dans une forêt
parer: les Anges se plaignent de ces spllères, et IHienl le Seigneur épaisse au milieu de la nuit. La vue irit'Cl'I1e du mental chez ceux
de les dissiper; mais ils out J'eçu pour réponse qu'ellcs ne peuvent
qui sont non dans les \'l'ais mais dans les faux, et qui croient que
f04 LA VRAIE RELIGION CHRÉTIENNE, 155
l
ces faux sont de~ vrai~, p~ut être comparee à la vue de ;teux chez par le Ciel; et comme ces vérités montrent le chemin qui conduit
qui les nerfs optiques ont été obstrués, et dont l'œil pirait néan­ au ciel, et entrent dans la vie avec le bien de la charité, et ains
moins sain et voyant, quoiqu'il ne voie rien, cécité que les Méde:­ conduisent il la vie éternelle, nous sommes devenus inquiets, et
cins appellent Amaurose et Goutte sereine; car chez eux le ration­ nous avons adressé il genoux des pl'ièl'es il Dieu .• Alors les Anges
nelon l'intellectuel esl obstrué par cn haul, et seulement ouvert répondirent « Lisez la Parole, et croyez au Seigneur, et vous ver­
par en bas, d'où il suit que la lumière rationnelle esl comme la rez les Vérités qni oevront appartenir ~ votre foi el 11 volre vie;
lumière oculaire, et par suite tous le.s jugements sont seulement tous dans le !\fonde Chretien puisent. lellrs Doctrinaux dans la Pa­
imaginaires et liés ensemble par de pur'es illusions: et alors les role conlme dans la sOllrce unique ... Mais deux Esprits de l'As­
hommes ser'aient comme des Astrologues qui se tiennent dans les· sembléf\ dirent: Nous avons lu, et nous n'avons pas compris ... Et
IC

places publiques avec de longues lunettes, et font de vaines pré­ les Anges répondirent: VOliS ne VOliS êtes point adressés au Sei­
IC

dictions; tels deviendraient tous ceux qui font leur étude de la gneur, quie~t la Parole; et en ontre, auparavant, vous vous étiez
Théologie, si les Vrais réels procédant de la Parole n'étaient pas confirmés dans des faux. " Et les Anges ajoutèrent: Qu'e~t-ceIC

onverts par le Seisneur. que la foi sans la lumière? et qu'est-ce que pensel' sans corr.pren­
dre? Cela n'e~t pas Humain; les corbeaux et les pies peuvent aussi
.. .. ... of. ..

621. Aux explications de ce Chapitre seront joinls ces MÉMO­ apprendre ~ parler sans l'entendement; nous pouvons vous. assu­
RA 8LES: PHElIIlER l\1ÉMORABLE. Je vis une Assemblée d'):sprits, rer que Lout homme, dont l'âme désire, peut voir les vérités de la
lous à genoux, priant Dieu de leur envoyer des Anges, avec qui Parole dans la lumière; il n'y a pas d'animal qlli ne connaisse la
ils pussent parler houche ~ bouche, et ouvril' les pensées de lenr nOtlrrilure qui convient il sa vie, qlland il la voit; el l'homme est
cœur; et, quand j]~ se relevèrent, trois Anges vêtus de fin lin fu­ un Animal rationnel et spirituel, il voit la nourriture qui convient
renl vus debout en leur présence, et dirent: Le Seigneur Jésus­
ft
~ sa vie, non pas du corps, comme le simple :lIlirnal, mais de l'âme,
Christ a entendu vos prières, et nous a en conséquence envoyés nOllrriture qui est le vrai de la foi, s'il en est affamé et qu'il la de­
vers vous; déconl"rez-nolls les pensées de votre cœur. Il Et ils ré­ mande au Scigneui' ; en outre, tout ce qui n'est pas reçu par l'en­
pondirenl: Il Les Prêtres nous ont dit que, dans les matières Théo­ tenoement ne s'attache pas à la mémoire quant à la chose, il s'y
logiques, c'est la foi qui a de la force, et non J'Entendement, et attache seulement quant aux mots; c'est pourquoi, quand du ciel
que la Foi intellectuelle dans ces matières n'est d'aucun avantage, nous avons porté nos regards SUI' le !\fonde, nous n'avons rien vu,
parce qu'elle vient et tire sa sagesse de l'homme et non de Dieu •. mais seulement nous avens entendu des sons, la plupart discor­
Nous sommes Anglais, et nous avons appris de notre Saint Minis­ dants: mais nous allons exposer certaines choses, que les Savants
tère plusieurs choses que nous avons crues, mais quand nO.U$ avons du Clergé ont éloigltées de l'entendement, ne sachant pas qu'il y
conversé avec œautres qui se disaient aussi Réformés, et avec d'au. a deux chemins qui con{luisent à l'Entendement, l'un venant du
tres qui se disaiellt Catholiques-Homains, et en outl'e avec des sec. Monde, ct l'autre du Ciel, et que le Seigneul' retire hors du Monde
taires, ils nous paraissaient tous savant~, quoique cependant en l'Enlendement quand il l'éclaire ; mais si l'Entendement est fermé
beaucoup de choses ils ne s'accordassent pas; et néanmoins lous d'après la Heligion, le chemin qui vient du Ciel llli est fermé, et
nous dirent: CROYEZ-NOUS; et quelques-uns: Nous SOMMES LES alors dans la Parole l'homme ne l'oit pas plus qu'un aveugle; nous
~1Ii"ISTRES OE DIEU, ET NOUS 1'0ssÈoo:-;s LA SCIENCE. Mais comme avons vu plusieurs de ceux-IiI tomber clans des fosses dont ils ne
nous savons que les D!vines Vérités, qui sont appelées vérités de sont point sortis. Soient des Exemples pOlir illustration: Ne pou­
la foi et qui appartieunent ~ l'Église, ne sont chez aucune personne vez-vou,!; ,)3S comprendre ce que c'est que la Charité, et ce que
d'après le sol natal, ni d'après l'hél'çditaire, mais vieTHlllnt de Oieu C'f'st que la Foi; que la Charité est de hien agir avec le prochain,
i56 LA VRAIE RELIGION CHRÉTIENNE. f57
vous y pensiez profondément. " Sur la REGÉNÉRATION ils dirent:
et la foi de penser sainement de Dieu et des choses essentielles de
l'Église, et que par conséquent celui qui agit bieu et pense snine­ .. Qui ne voit que chaque homme a la liberté de penser à Dieu,
ment, c'est-il-dire, qui vit bien et croit sainement, est sauvé? Il A et de n'y pas penser, pourvu qu'il soit instruit qu'il y a un Dieu,
cela ils dirent: « Nous le comprenons." Les Anges ajoutèrent: qu'ainsi chac~n a la liberté dans les choses spirituelles de même
« Ne pouvez-vous pas comprendre qu'il
faut que l'homme fasse
que dans les choses civiles et naturelles? Le Seigneur donnll con­
Pénitence de ses péchp~ pour qu'il soit sau\'é.; que si l'homme ne tinuellemeut celte liberté à tous les hommes; aussi l'homme de­

fait pas pénilence, il resie dans les péchés dans lesquels il est né; vient-il coupable, s'il n'y pense pas; l'homme est homme parce

et que faire pénllence, c'est ne point vouloir les lIJaux parce qu'ils qu'il peut penser à Dieu, et la bête est bête pal'ce qu'elle ne le
sont contre Dieu, et une fois ou deux par an s'examiner, voir ses peut pas; c'est pour cela que l'homme se peut réCol'mer et régéné­
maux, les confesser devant le Seigneur, implorer du seconrs, re­
rer comme par lui-même, pourvu qu'il reconnaisse de CŒur que
noncer aux péchés, et commencer une nouvelle vie, et qu'autant c'est par le Seignenr; tout homme qui fait pénitence ct croit au

il fait cela et croit au Seigneur, autant les péchés lui sont remis? • Seigneur est réformé et régénéré; l'homme doit faire l'un et l'au­

Alors ceux de l'Assemblée dirent: " Nous comprenons cela, el par tre comme par lui-même, mais COMME PA" LUI-MÊME, c'est par le
conséquent nous comprenons aussi ce que c'est que la Rémission Seigneur, Il e~t vrai que l'homme de lui-même ne peut nullement
des péchés. " Et alors ils prièrenl les Anges de les instruire en­ y contribuer, pas même en la moindre chose; cependant vous n'a­
core davantage, et même eu ce moment sur Dien, sur l'immorta­ vez pas été créés statues, mais vous avez été créés Hommes, pour
lité de l'âme, sur la Régénération et sur le Baptême; il celle de­ faire cela par le Seigneur comme par vous; c'est là l'unique réci.
mande les Anges répondirent: cc Nous ne dirons aucune chose proque de l'amo].!r et de la foi que le Seigneur veut absolument
que vons ne puissiez comprendre, autrement nos paroles lombe­ que l'homme accomplisse envers Lui; en un mot, faîtes par vous­
raient comme la pluie sur le sable et sur les semences qui y sonl, mêmes, et croyez quec'est'par le Seigneur, de celte manière vous
lesquelles, quoiqu'arrosées par les eaux dn ciel, dépérisseut et faites comme par vous-mêmes.) Mais alol's ils demandèrent si
meurent. .. Et ils dirent il l'égard de Dieu: " Tous ceux qui vivent faire comme par soi-même a été mis dans l'homme par création;
dans le Ciel y obtiennent une place, et par suite une joie éternelle l'Ange répondit: co Cela n'y a point été mis, car faire par soï-même
selon l'Liée qn'ils ont de Dieu, parce que celle idée règne univel'­ appartient à Dieu Seul, mais cela est donné continuellement, c'esl­
sellernent dans toutes les choses du CuIre; l'idée de Dieu comlTte à-dire, est adjoint continuellement; et alors en tant que I:homme
Esprit, quand on croit que l'esprit esl comme l'éther ou le vent, fait le bien et croit le vrai comme par lui-même, il est IJn Ange du
est une idée vaine; mais l'idée de Dieu comme Homme est une ciel; mais en tant qu'il fait le mal et pal' suite croît le faux, ce qui
idée juste; car Dieu est le Divin Amour et la Di;ine Sagesse avec aussi esl comme par lui-même, il est un Esprit de l'enfer; que ce
toute leur qualité, el leur Sujet est l'Homme, et non l'éther ou le soit aussi comme par lui-même, vous en êtes étonnés, mais néan­
vent; l'idée de Dieu dans le Ciel est l'iùée du Seigneur Sauveur; moins vous le voyez, quand en priant vous demandez il être préser­
Lui-Même est le Dieu du Ciel et de la Terre, comme il l'a ensei­ vés du diable, de peur qu'il ne vous séduise, qu'il n'entre en vous
gné ; que votre idée de Dieu soit semblable ~ la nôtre, et nous se­ COmme dans Judas, qu'il ne vous l'emplisse de toute iniquité, et
rons consociés... Pendant q'u'ils pronont;aienl ces paroles, leurs qu'il ne détruise et votre âme et votre corps: mais quiconque croit
faces resplendissaient. Sur l'IMMOHTALllÉ DE L'AME ils dirent: qu'il agit par soi-même. soit qu'il fasse le bien soit qu'il fasse le
cc L'homme vit éternellement, parce qu'il peut être
conjoint à Dieu mal, devient coupable, tandis que celui qui croit qu'il agit comme
par l'amour et pal' la foi; chacun le peut; que cetle Possibililé fasse par soi-même ne devient pas coupable; car si cellli-Ià croit que le
l'immol'talité de l';ime, VOliS pouvez le comprendre pour peu que bien vient de lui, il s'arroge ce qui appartient à· Dieu; et s'il croit
·rrr

US8 LA VRAIE RELIGION CHRÉTIENNE. Hi9


que le mal vient de lui, il s'allribue ce qui appartient au diable. li pris; le Pain et le Vin ne font point ce mystère, il n'y a rien de
Sur le BAPTÉME, ils dirent: « C'est Ulle Ablution spirituelle, qui i saint en eux; mais le Pain matériel et le P;lin spi ri tuel se corres­
est la Réformation et la Régénération, et l'Enfant est réformé et 1 pondent mutuellement, et aussi le Vin matériel et le Vin spirituel;
régénéré quand, devenu adulte, il fail ce qve ses Par.rains ont pro­ et le Pain spirituel est le Saint de l'amour, et le Vin spirituel est
mis pour lui, à sal/oir, ces cieux choses, la Pénitence et la Foi en 1
le Saint de la foi, procédant J'un et J'autre du Seigneur, et étant
Dieu, cal' ils prometlent: t· qu'il renoncer:! au diable et à toutes l'un et l'autre le Seigneur; de I~ la conjonction du Seigneur avec
ses œuvres; 2 qu'il croira en Dieu; tous les Enfants dans le Ciel
Q
'l'homme, et de l'homme avec le Seigneur, non avec le pain et le
sont initiés dans ces deux clioses, mais pour eux le diable est l'en­ 'Vin, mais avec l'amour et la foi de l'homme qui a- fait pénitence;'
fer, et Dieu est le Seigneur: de plus, le Baptêmc est un signe de­ et la conjonction avec le Seigneur est aussi l'introduction dans le
vant les Anges que l'homme est de l'Église. » Après avoir entendu Ciel. • Et après qlle les Anges lellr eurent donnf qnelques ins­
ces explications, ceux de l'AssenJlJlée dirent: (( Nous comprenons -{ructions sur la Correspondance, ceux de l'Assemblée dirent:
,cela. » l\lais alors une voix fut entendue sur Il} côté, criant: « Nous « Maihtenant pour la première fois nous pouvons aussi com prendre
ne comprenons l'as. " Etune autre voix: « Nous ne voulons pas :cela. » Et comme ils prononçaient ces paroles. voici, une flamme
comprendre... EL l'on rechercha de qui étaient ces voix; et l'on descendant du ciel avec L1ne grande lumière les consocia avec les
décOLl\TiL qu'elles ,'enaient de ceux qui avaient conl1l'mt chez eux Anges, et ils s'aimèrent muluellement.
les faux de la foi, et avaient ,'oulu qu'on les crût comme des ora­ 622. SECOND MÉMORARLE, Tous ceux qui ont été préparés pOllr
cles, ct qu'ainsi on les adoràt. Les Allge~ dirent: « Ne vous en éton­ le Ciel, ce qui se fait dans le Monde des esprits, situé dans le mi­
nez point; il yen a beaucoup aujourd'hui qui laur ressemblent; lieu entre le Ciel et l'Enfer, désirent avec soupir le Ciel, après que
du Ciel ils nous apparaissent COlllflle des statues faites avec un tel le temps est achevé, et incontinent leurs yeux sont ouverts, et
art, qu'elles peuvent remuer les lèVl'es, et produire des sons comme ils voient un chemin qui conduit à quelque société dans le Ciel;
de véritables organes, eL ils ne savent pas si le souffie d'après le­ ils entrent dans ce chemin, et ils monten't; et dans la montée il y
quel ils produisent les sons vient de l'Enfer, ou s'il vient du Ciel, .~ a une porte, à laquelle est placé un garde; ce garde ollvre la porte,
parce qu'ils ne savellt pas si c'est le faux ou si c'est le vrai; ils rai­ et ils entrent; alors au-devant d'eux ,'ient un Examinateur qui
sonnent et raisonnellt, puis ils confirment et confil'ment, et ils ne leur dit, de la part du Modérateur, d'entrer plus avaut, et de cher­
voient jllmais si la chose est ou n'est pas; mais sachez que le Gé­ cher s'il ya quelque part des M:lisons qu'ils reconnaissent comme
nie humain pent confirmer tout ce qu'il veut, au point de le faire élant à eux, car pour chaque Ange novice il y a une maison nou­
paraître comme s'il existait réellement; c'est pourquoi les héréti­ velle j et s'ils en trouvent, ils le déc13rent et jl~ y demeurent; mais
ques le peuvent, les impies le peuvent et même les athres peinent s'ils n'en trouvent pas, ils reviennent et disent qn'ils n'en ont pas
confirmer qu'il n'y a point de Dieu, et qu'il n'y a que la Nature. » vu ; et alors il est examiné par lin Sage si la Lumière qui est en
Ensuite celle Assemblée d'Anglais, brûlant du désir d'être sage, eux concorde avec la Lumière qui est dans la société, et principa­
dit aux Anges: «( On parle de la SAINTE-CÈNE de tant de manières lement s'il y a concordance de Chaleur; car la Lumière du Ciel
différentes, dites-nous la vérité SUI' ce sujet. Les Anges répon­ dans son essence est le Divin Vrai, et la Chaleur du Ciel dans son
dirent: " La Vérité est que l'homme qui porte ses regards vers le ëssence est le Divin Bien, l'lin et l'autre procédant .du Seigneur
Seigneur, et qui fait pénitence, est par celle chose très-sainte con­ comme Sbleil dans le Ciel ; s'il ya en eux une autre Lumière et
joint au Seigneul' et introduit dans le Ciel. " Mais ceux de l'Assem_ une autre Chaleur que la Lumière et la Chaleur de celle Société,
hlée dirent: « Ceci est un IIlyslère. » Et les Anges répondil'ent: c'est-~-dire, s'il y a un autre Vrai et un autre Bien, ils ne sont pas
« C'est un mystère, mais il est tel cependant. qu'il peut être com­ reçus; en conséquence ils se retirent, et \'ont par des chemins

, 'A..
1 n­
J .~
160 LA VRAIE RELIGION CHR~~TIENNE. 16i
1
ouverts dans le Ciel entre les Sociétés; et cela, jusqu'à ce qu'ils l'Homme alors est un Esprit, et la Vie de l'Esprit est l'affection
trourent une Société absolument conforme il leurs affections, et de l'amour et par suite la pensée; et que l'affeclion homogène
ils y font leur habitation pour l'éternité; car ils sont là ail milieu conjoint, etl'aft'ection hélérogène sépare, et que ce qui est héléro­
des leurs cornIlle ail milieu d'alliés et d'amis qu'ils aiment de tout gène cause des tourments, au diable dans le Ciel, el à l'ange dans
cœur, parce qu'ils sont dans une semblahle affection; et là ils sont l'Enfer; c'est pour cela qu'ils ont été soigneusement séparés selon
dans le bonheur de leur vie, et dans le dêlice de toute leur poitrine les diversités, les variétés et les différence!> des affections qui ap­
par la paix de l'âme, car il y a dans la Chaleur et la Lumière du partiennent à l'amour.
.Ciel un délice ineffable qui est communiqué; voilà ce qui arrive à 623. TnoislEME MEMonAuLE, Un jour, il me fut donné de voil'
ceux qui deviennent Anges. Quant il cellx qui sont dans les Illaux trois cents Ecclésiastiques et Lalques, tous savants et érudits,
1 parce qu'ils avaieut su confirmer la Foi seule jusqu'à la juslitlca­
et dans les faux, ils pellvent pal' permission monter dans le Ciel;
1
mais dès qu'ils entrent, ils commencent à haleter el il respirer pé­ lion, et quelques-uns avaient même été au-delà; et comme chez
niblement, et peu après leur vue s'obscllrcit, leur entendement eux il y avait la foi, que le Ciel est seuleltlenl une admission par
se trouble, leur pensée cesse, une sorte de nlort se présente à leurs grâce, il leur fut accordé de monler da us une Société du Ciel, qui
yeux, et ainsi ils reslentdebollt comm~ des souches; et alors cependant n'était pas une des sociétés supérieures: et pendant
le cœllr commence il ballre, la poitrine il se serrer, et le mental fi qu'ils montaienl, ils élaient \'US de loin comme des Veaux; et quand
être saisi d'angoisse et de plus en plus torturé, et dans cet état ils ils entrèrent dans le Ciel, ils furent reçus a\·ec civililé i,ar' les Anges,
se tOl'dent comme des serpents mis I)]'~s d'un foyer, aussi s'éloi­ mais tandis qu'ils conversaient, un tremblement s'empara d'eux,
guent-ils de Iii en se roulant, et s'élancent-ils en bas par un préci­ puis un frisson, et enfin une torture comme celle de la mort, et
pice qui alors devient risible pour eux; et ils ne se reposent que alors ils s'élancèrent précipitamment en bas, ~t dans leur chute
lorsqu'ils sont avec leurs semblahles dans l'Enfer, où ils peuvent ils furent vus cornille des Che\'aux morts. Si en monlant ils appa­
respirer, et où leul' cœur batlibremenl. Ensuite ils ont cn haine le 1­ rurent comme des Veaux, c'est parce que l'affection naturelle de
Ciel et rejeltentle vrai, ct dans leur cœur ils blasphèment le Sei­ voir et de savoir se manifestant avec joie apparaît d'après la cor­
gneur, croyarit que leurs tourments et leurs tortures dans le Ciel I~ respondance comme un Veau; el si dans leur chule ils apparurent
venaient de Lui. Pal' ce court exposé, on peut voir quel estlc sort comme des Chevaux morts, c'est parce que l'Entendement du vrai
de cellx qui ne font aucun cas des Vérités appartenant il la foi, apparaÎL d'après la'correspondance comme un Cheva./, et que l'En­
quoiqu'elles fassent la lumière daus laquelle sont les Anges du tendement nul du \'l'ai qui apparlient il l'Église apparaît comme
ciel, et qui ne font aucun cas des Biens appartenant il l'Amour et un Cheval morl..
1 Au-dessous d'eux il y avait des enfants qui les virent descendre,
à la Charité, quoique ces biens fassen t la chaleur de la vie dans
laquelle sont les Anges du Ciel: ou peut encore voir par là dans et auxquels ils apparurent, en descendant, comme des Che\anx
queUe erreur sont ceux qui croient que chacun peut jouir de la morts; et alors ces enfants détournèrent leurs faces, Cl ils
béatilude céleste, pourvu qu'il soit adl1Jis dans le Ciel; car la foi dirent li leur i\laître qui était arec eux: « Q.u'est-ce que ce pro­
aujourd'hui, c'est qu'on est reçu dans le ciel d'après la Miséri­ dige? Nous avons VlI des hommes, et IlIaintenanl au lieu d'lioillmes
corde seule, et que la réception dans le ciel est comme celle d'un ce sont des Chevaux morts; comme nous ne pouvions pa::; les re­
homme qui, dans le ~Ionde, est invité dans une l'lIaison de Noces, garder, nous avons détourné nos faces; Maitre, ne restons pas
et s'y livre alors à la joie et il l'allégresse a\'ec Jes convives; mais dans ce lieu, mais allons nous-en.» Et ils s'en allèrent. Et :llors
qu'on sache que dans le Monde spirituel il y a communication le Maître, dans le chemin, les instruisit de ce que c'est qu'un Che­
des affections de l'amoul' el des pensées qui en proviennent, car val mort, en lellr disant: « Le Cheval signifie J'Entendement.du
TI Il
1

,.1",
..

,II
i6!! LA VRAIE RELIGION CHRÉTIENNE. i63
vrai d'après la Parole; tous les Chevaux que vous avez vus ont si­ Dieu d'après la Personne, fait trois Dieull, en disant, qu'il y a un
gnifié cet entendement; en effet, quand l'homme va méditant d'a­ Dieu qui est Créateur et Conservateur, un autre qui est Rédemp­
l'ràs la Parole, sa l\Iéditation apparaît de "loin comme un Cheval teuret Sauveur, et un Trojsièm~ qui est Illustrateur et Instruc­
vigoureux et vivant selon qu'il médite spirituellement, et au con­ teur; mais quiconque pense à Dieu d'après l'essence, fait un Seul
traire chétif et mort selon qu'il médite matériellement. ) Alors les 'Dieu, en disant: Dieu nOlis a créés, et ce même Oieu nous a ra­
enfants demandèrent ce que c'était que méditer spirituellement -ehetés et nous sau\'e, et lui aussi nous illustre et nous instruit;
et méditer matériellement d'après la Parole; et le iHaître répon­ fle là vient qlle cellx qui pensent à la Trinité de Dieu d'après la
dil: « Je vais illustrer cela par des exemples: Qui est-ce qui, pen­ Personne, et ainsi matériellement, ne pellvent d'après les idées
dant qu'il lit saintement la Parole, ne pense pas intérieurement (\e ,leur pensée, qui est matérielle, que faire d'un Seul Dieu Trois
en soi à Dieu, au Prochain et au Ciel? Quiconque pense il Dieu Dieux, mais néanmoins ils sont tenus, contre leur pensée, de dire
seulement rl'a~rès la Personne, et non d'après l'Eflsence, pense qu'il y a Union de ces Trois Dieux par l'Essence, parce qu'ils ont,
matériellement; celui qui pense au Prochain seulement d'après la comme à (l'avers un treillis, pensé aussi à Dieu d'après l'essence;
forme extel'ne, el nou d'après 1:J. qualité, pense matériellement; c'est pourquoi, mes Élèves, pensez d'après l'Essence, et d'après
el celui qui pense au Ciel seulement d'après le lieu, et non d'après elle à la Personne, car penser d'après la Personne à l'Essence,
l'amour et la sagesse qui fout que le Ciel est le Ciel, pense encore c'e:,t peuser matériellement aussi à l'Essence, tandis que penser
matériellement. Mais les enfanis dirent: « Nous, nous avons d'après l'Essence à la Personne, c'est peuser spirituellement aussi
>l

pensé à Dieu d'après la Personne, au Prochain d'après la Forme, t à la Personne: les Gentils Anciens, parce qn'ils ont pensé maté­
en ce qu'il est homme, et au ciel d'a~rès le Lieu, en ce qll'il est riellement à Dien, et par conséquent aussi aux Attributs de Dieu,
au-dessus de nous, est-ce que pour cela, quand nOlis avons lu la ont fait non-seulement trois Dieux, mais une multitude de Dieux
Parole, nous avons alors apparu à quelqu'un comme des chevaux jusqu'à plus de ccnt, car de chaque Attribut ils faisaient un Dieu:
morts? Il Le maître leur nit: « Non ; ~ous êtes encore des enfants, sachez que le matériel n'entre pas dans le spirituel, mais que le
et vous ne pouvez pas penser autrement; mais j'ai perçu chez vous 1 spÏl'ituel entre dans le matériel. Il en est de même de la pensée sur
l'affection de savoir el de comprendre, et celte affection étant spi­ le Prochain d'après sa forme externe, et non d'après sa qualité;
rituelle, vous avez aussi pensé spirituellement, car il y a une pen­ et de même aussi de la pensée sur le Ciel d'après le lieu, et non
sée spirituelle intérieurement cachée dans votre pensée matérielle, d'après l'Amour et la Sagesse qui constituent le Ciel. Il en est de
ce que vous ne S3vez pas encore. Mais je reviens à ce que précé­ !I même de toutes et de chacune des choses qui sont dans la Parole;
demment je disais, que celui qui pense matériellement, pendant c'est pourquoi celui qui conserve une idée matérielle sur Dieu, et
qu'il lit la Parole, ou qu'il médite d'après la Parole, apparail de Il aussi sur le Prochain et sur le Ciel, ne peut rien comprendre dans
loin comme un Cheval mort, tandis qlle celui qui pense s/)irituel­ 1
la Parole, elle est pour lui une lettre morte; et lui-même, qlland
lement apparalt comme un Cheval vivant; et que celui qui pense il là lit, ou qu'il médite d'après elle, apparalt de loin comme un
à Dieu seulement d'après la Personne, et non d'après l'essence, 1
Cbeval mort: ceux que vous avez VilS descendre du ciel, et qui
y pense matériellement; car il J a p'usicul's Attributs de la Divine sont devenus devant vos yellx comme des Chevaux morts, étaient
Essence, comme la Toute-Puissance, la Toute-Science, la TOllte­ des hommes qui ont bouché chez eux et chez les autres la vue ra­
Présence, l'Éteruité, l'Amour, la Sagesse, la ~lis6ricorde et la' tionnelle, quant aux choses Théologiques ou spirituelles de l'É­
Grâce, et d'autres; et il y a des ALlributs procédant de la Divine glise, par ce dogme particulier, qlle l'Entendement doit être mis
Essence, qui sont la Création et la Conservation, la B.édemption sous l'obéissance de leur foi, sans penser que l'entendement fermé
et la Salvation, l'Illustration et l'Instruction, Quiconque pense à par la Religion est aveugle comme une taupe, et qu'il y a en lui

1
1

J
I:""
,164 LA VRAIE
RELIGION CHRÉTIENNE. 165
Ilne pli re obscurité, et .une telle obscurité, qu'elle rejette loil})
multitude d'esprits, les uns de l'orient, d'autres du midi, d'autres
d'elle toute lumière spirituelle, en abaisse l'influx qui vient du·
de l'occident, d'autres du septent~ion, et je demandai à ceux qui
Seigneur et du Ciel, et pose pour cet influx une barre dans le sen­
venaient de l'Orient et du Midi, - c'étaient ceux qui dans le Monde
suel corporel, bien au-dessous du rationnel dans les choses de la
s'étaient livrés à l'érudition, ~ s'ils voyaient quelqu'un près de
foi, c'est-à-dire qu'elle la pose près du nez, et la fixe dans son
moi, ou s'ils voyaienl quelque chose dans sa main; la us dirent
cartilage, de sorte qu'ensuite Hile peut pas même sentir les choses
.qu'ils ne voyaient absolument rien; ensuite je fis la même ques­
~piritlJelles; de là quelques-uns sont devenus tels, que, quand ils
tion il ceux qui venaient de l'Occident et du Septentrion, - c'é­
sentent l'odeur provenant des choses spirituelles, ils tombent en
taient ceux qui dans le Monde avaienl cru aux paroles des él'udits,
défaillance; par l'odenr j'entends la perception. Ce sont ceux-là
- ils dirent qu'ils ne voyaient rien non pins: cependant les der­
qui font Dieu Trois; ils disent, à la vérité, d':lprès l'Essence, que
niers d'en Ire eux, qui dans le l'flonde avaient été dans la foi simple
Dieu est Un, mais né:lOmoins qllanll ils prient d'après letu' Foi,
d'après la charité, ou dans quelque vrai d'après le bien, après que
laquelle est qlle Diell le Père a compassion à cause du Fils et en­
les premiers se furent retirés, dirent qu'ils voyaient un Homme
voie l'Esprit Saint, ils font manifestement trois Dieux; ils ne peu­
avec un Papier, l'Homme vêtu élégamment, et le Papier avec des
vent faire alllreinenl, car ils prient l'Un d'avoir compassion il cause
lettres tracées dessus; et, lorsqu'Ils eurent approché les yeux, ils
de l'Autre, et d'envoyer le Troisième. " Et alors leur l\IaiLre leu)'
dirent qu'ils lisaient MARIAGE DU BIEN ET DU VRAI; et ils s'arlres­
enseigna <lU sujet du Seigneu)', qu'il est le Senl Dieu en QlIi est la
sèrent à l'Ange, en le priant de dire ce que cela signifiail; et il
Divine Trinité.
dit: Taules les choses qui existent dans le Ciel entier, el toutes
(l
6'i!.1-, QUATR1È)'E MEMORABLE. Ayant été l'éveillé de mon som­
.celles qui existent dans le Monde entier, ne sont par. création que
meil au milieu de la nllit, je vis il une cel'taine bauteur vers l'O­
ie Mariage du bien el du vrai, parce que taules et chacune d'elles~
rient un Ange tenanl dans la main droite un Papier qui, d'après
tant celles qui vivent et sont animées, que celles qui ne vivent'
le Soleil, appal'uissait d'une blanchellr éclatante; il Y avait au mi­
point et ne sont point animées, ont été créé du Mariage du bien,
lieu une Écriture en lettres d'or ; et je vis écrit: MARIAGE DU BIEN
et du vrai et pour ce Mariage; il n'existe rien de créer pour le Vrai
ET OU VRAI; de l'Écrilllre sortit IIne splendeul' qui forma un large
seul, ni rien pour le di en seul, le bien seul ou le vrai seul n'est
cercle autour du Papier; ce cercle 011 c0ntour apparlll ensuile
,rien, mais par le Mariage ils exislellt et deviennent quelque chose
comme apparaît l'aurore dans la saison du prilltemps. Après cela, .
de tel qu'est un mariage. Dans le Seigneur Dieu C)'éateur le Divin
je vis l'Ange descendre avec le Papiel' ~ la main, el il mesure qu'il
Bien et le Divin Vrai sont dans leur Substance même, l'Êlre de la
descendail, le Papier apparaissait cie moins en moins brillant, et
Substance de Dieu est le Divin Bien, et l'Exister de la Substance de
celte Écriture, il savoir: MAillAGE DU BIE:-i ET Dt; Vr:AI apparais­
Dieu est le Divin Vrai; en Lui aussi ils sont dans leur Union même,
sait changée de coulellr d'or en cOlileur d'argenl, et ensuite en
car en Lui ils fonl un d'une manière infinie; comme ces deux sont
couleur d'airain, puis en couleur de fer, enfin en IIne couleur de
un dans Dieu Créateur Lui-Même, c'est pour cela qu'ils sont aussi
rouille de fel' et de rouille c1'airain ; et enfin je vis l'Ange ent)'er
un dans toutes et dans chacune des choses créées par Lui; par là
dans un Nuage obscur, el arriver il travers le Nuage sur la Terre;
aussi le Créahmr a été conjoint avec toutes ses créatures par une,
et là, ~1I0iI1l:e ce Papier flit encore dars la main de l'Ange, je ne
alliance éternelle comme par une alliauce de Mariage. 'De plus
1) 7
le vis pas; cela se p;lssait dans le Monde des esprit8, dans lequel.
l'Ange dit: « L'Écriture Sainte, qui a élé dictée par le Seigneur,
arrivent d'abord tOIl; les hommes après la mort; et alors l'Ange
est dans le commun el dans la partie le Mariage du bien el du
me parla, en disanl: Demande il ceux qui viennenl ici, s'ils me
(C
vrai, - voir ci-dessus, N°S 248 à 253 ; - el comme l'Église qui
voient, ou s'ils voient quelque chose dans ma main. "II vint une.
~st formée par les Vrais de la Doctrine, et la Religion qui est for­
t66 LA VRAIE
'l
1 RELIGION CHRETIENNE. 167
mée par les Biens de la vie selon les Vrais de la Doctrine, sont~ Royaume, et tous les peuplès et nations Le serviront; sa Domi­
chez les Chrétiens, uniquement tirées de l'Écriture Sainte, 011 nation (sera) une Domination du siècle, laquelle ne passera
peuL voir que l'Église aussi dans le commun et dans lôl partie est point; et son Royaume (un Royaume) qui ne périra point. » ­
le Mariage du Bien et du Vrai. " - Ce qui a été dit ci-dessus dll Dan. VU. 1.3, U. - En outre, ils célébraient le Seiglleur d'après
Mariage du Bien et du Vrai, a été dit aussi pour le MARIAGE DE LA. ces paroles dans l'Apocalypse: A Jésus-Christ soit la gloire et
(c

CHARITE ET DE LA FOI, parce que le Bien appartient à la Charité, la force; voici, il vient avec les N nées; Il est l'A Ipha et l'Oméga,
et le Vrai appartient il la Foi. - Après que l'Ange eut ainsi parlé, il le Commencement et la Fin, le Premier et II'! Dernier, Qui Est,
s'éleva de terre, et porté à travers le nuage il monta dans le Ciel; et Qui Ét~it et Quidoit Venir, le Tout-Puissant. Moi, Jean, j'ai
et alors, ~ mesure qu'il montait, le Papier brillait comme aupal'a­ entendu cela du FILS DE L'HOMME, du milieu des sept chande­
vant; et voici, alors le Cercle, qui auparavant avait apparu comme liers. » - Apoc. 1. 5, 6, 7, 10, H, 12,13. XXII. 13. Matth. XXIV.
l'aurore, s'abaissa; et il dissipa le Nuage qui avait répandu des té­ 30, a2. - Je portai de nouveau mes regards vers le Ciel Oriental, et
nèbres sur la Terl'e, et le temps devint clair et sel'ein. le côté droit resplendissait de IlImière, et la splendeur lumineuse
625. CINQUlÈ~lEl\IÈ~IORABLE. Un jour, pendant que je méditais. entra dans l'Étendue Méridionale, et j'entendis un son ·doux; et je
sur le Second Avénemellt du Seigneur, il apparut tout à coup un demandai à l'Ange quel était là le sujet de la glorification du Sei­
grand éclat ùe lumière qui me frappa fortell'lent les yeux; c'est gneur; il me dit que c'élaient ces paroles dans l'Apocalypse: Il Je
pourquoi, je regardai en haut, et voici, tout le Ciel au-dessus de vis un Ciel Nouveau et une Terre Nouvelle, et je vis la Jtille,
moi apparut lumineux; et de là de l'Orient à l'Occident sans aucune la Sainte Jérusalem Nouvelle, descendant de Dieu par le Ciel,
interruption se faisait entendre une GLORIFICATION; et un Ang&. pm'ée comme Ul'm FIANCÉE OHNÉE poun. SON: MARI; et j'entendis
se présenta, .et dit: (1 Cette Gloril1cation est la Glorification du une voix grande du Ciel, disant: Voici le' Tabernacle de Dieu
Seigneur à cause de son Avéllement ; elle est faite par les Anges. avec les Hm.IMES, et il habitem avec eux. Et l'Ange me par/Il,
du Ciel Oriental et du Ciel Occidental. 1) On n'entendait du Ciel Mé­ et il dit: Viens, je te montrerai la FIANCÉE, DE L'AGNEAU L'É­
ridional et du Ciel Septentrional qu'un doux murmure; et comme POUSE; et il m'enleva en esprit sur une Montagne grande et
l'Ange avait tout entendu, il me dit d'abord que ces Glorifications élevée, et il me montra la Ville, la Sainte Jé1·usalerri.. - Apoc.
et ces Célébrations du Seigneur se faisaient d'apl'ès la Parole; et XXI. 1, 2, 3,9, ,10. - Et aussi celles-ci: Il .lloi, Jésus, je suis
peu après il me dit: Maintenant ils glorilient et célèbrent le­ f Étoile b1'illante et du matin; et l'Esprit et la FIANCÉE disent:
Seigneur en particulier par ces paroles qui sont dans le Prophète VIE:'IS. Et il dit: JE VIENS BIENTÔT; Amen! Oui, VIENS, SEIGNEUR
Daniel: « Tu as vu le 1er m~1é avec l'argile de potie/', mais ils JÉsus! l) ­Apoc. XXII. 16, 17,20. - Après ces glorifications el
n'auront point de cohérence: et en ces jours le Dieu des Cieux: plusieurs autres, on entendit une commune Glorification de l'O­
fera sU1'gir un Royaume qui dans les siècles ne périra point; il rient à l'Occident, et ilussi du Midi au Septentrion; et je deman­
brisera et consommera tous ces Royaumes, mais lui, il subsis­ r dai à l'Ange qu'elles étaient alors les paroles; et il dit que c'étaient
tera dans les siècles. » ~ Dan. Il. 43, 44, -.Aprèscela, j'enten­ celles-ci, prises dans les Prophètes: « Afin que sache toute chair,
dis comme le bruit d'un chant, et plus avant dans l'orient je vis. que Moi (je suis) JÉHOVAH TON SAUVEI1R ET TON RÉDEMPTEUII. » ­
un éclat de lumière plus resplendissant que le premier; et je de­ Ésaïe, XLIX. ':!ô. - Il Ainsi a dit Jéhovah, le Roi d'/s1'aël, et
mandai à l'Ange quelles étaient les paroles de celte glorification; SON RÉDEMPTEUR JÉHOVAH SÉBAHOTH: Moi, le PREMIER ET LE
il me dit que c'étaient celles-ci dans Daniel: (1 Voyant je fus en DERNIER, ET EXCEPTÉ MOI, POINT DE DIEu.)) -Ésaïe, XLiV. 6.
visions de nuit, et voici avec les i.Yuées du Ciel comme un FILS. - ( JI sera dit en ce jour-là: VOICI, NOTRE DIEU (est) CELUI-CI,
DE L'HOMME qui venait; et il Lui fut donné la Domination et le que nous avons attendu pour qu'il nous délivre; CELUI-CI (est)

.t...,

i68 LA VRAIE RELIGION CHRÉTIENNE. i69


JÉHOVAH QUE NOUS AVONS ATTENDU. " - Ésaïe, XXV. 9. -- li Une
voix (il est) de qui crie dans le désert: Préparez le chemin à
Jéhovah,. VOICI, LE SEIGNEUR JÉFIOVIII EN FORT VIENT,. comme
PAsn:UR son troupeau. il paîtra. Il - Ésaïe, XL. a,5, 1u, 11. _
cc Un enfant nous est né, un Fils nous a été donné, dont sera CHAPITRE ONZIÈME
appelé le nom Admirable, Conseitler, Dieu, Héros, PÈRE D'É­
TERNlTÉ, Prince de paix. l> - Esaïe, IX. 5. - Cl Voici, les jours
viendront, et je susciterai à David un Germe juste, qui régnera DE L'll\oIPUTATlON.
Roi, et voici son Nom: JÉHOVAH NOT1Œ JUSTICE. Il - Jérém.
XXIII. 5, 6. XXXJIl. Hi, 16. - cc ./éhovah Sébaoth(est) son Nom,
La Foi de t Église d' aujourd' hui, qui seule est dite justifier, et
et TON RÉDEMPTEUR, LE SAINT D'IsRUL, DIEU DE TOUTE LA TERRE
t Imputation, font un.
SERA APPELÉ. Il - Ésaïe, LIV, 5. - cc EN CE JOUR-LA SERA JÉHO­
VAH EN ROt sun TOUTE LA TERRE" EN CE JOUR-LA SERA JÉHOVAH
UN, ET SON NOM UN. Il - Zach. XIV. 9. - Ayant entendu et com­ 626. Si la Foi de l'Église d'aujourd'hui, qui seille est dite jus­
pris ces choses, mon cœur bondit, et j'allai avec joie à la maison, tifier, est l'Imputation; ou, si la Foi et l'impulation dans l'Église
et là j~ rcntrai de l'état de l'esprit dans l'état du corps, dans le­ d'aujourd'hui font un, c'est parce que l'une appartient à l'autre,
qutli j'ai écrit ce que j'avais vu et entendu. ou que l'une entre dans l'autre, mutuellement et réciproquement,
et fait qu'elle existe; car si l'on dit la foi et qu'on n'ajoute pas
l'imputatioD, la foi est simplement un son, et si l'on dit l'Imputa­
tion el qu'on n'ajoute pas la foi, c'est encore IllI simple son; si,
au contraire, on dit les deux conjoinlements, il y a quelque chose
d'articulé, mais encore sans aucun sens; afin donc que l'entende­
ment perçoive quelque sens, il faut nécessairemcnt qu'on ajoute
un troisième terme, qui est le mérite du Christ, ce qui présente
une sentence que l'homme peut énoncer avec une sorte de raison:
en effet, la foi de l'Église d'aujourd'hui est, que Dieu le Père im­
pute lajuslice de son Fils, et envoie l'Esprit Saint pour en opé­
rer les effets.
621. Ces trois choses, la Foi, l'Imputation et le Mérile du Christ,
dans l'Église d'aujourd'hui, sont donc un, et peuvent êlre appelées
triun; en ell'et, si l'une des trois était ôtée, la Théologie d'aujour­
d'hui deviendrait nulle; car elle dépend des trois perçues comme
un, de même qu'nne longue chaine dépend du crochet qui la fixe;
ainsi, !'i l'on ôtait ou la foi, ou l'imputation, ou le mérite du Christ,
toutes les choses qui sont dites de la justification, de la rémission
des péchés, de la vivification, de l'innovation, de la régénéra­
tion, de la sanctification, et aussi de l'évangile, du libre arbitre,
170 LA VRAIE RELIGION CHRÉTIENNE, t71
de la charité et des bonnes œuvres. et même de la vie éternelle, faux; voir l' AJlOCALYPSE RÉVÉLÉE, N°' 42-1, 440 et 442; de là il
deviendraient comme des villes désertes, ou comme les décombres est évident que c'est sur ce faux. et sur les faux qui en dérivent
d'un Temple, et la foi elle-même, qui est la clef de voûte, ne serait dans une longue série, que règne ce Destructeur; car, ainsi qu'il
rien, et ainsi l'Église entière serait un désert et une désolation. vient d'être dit, tout le systéme théologique aujourd'hui dépend
Par \'i on voit sur quelle colonne a été fondée la Maison de Dieu de celte Imputation, comme une longue chaine dépend du cro­
aujourd'hui, et que si cette colonne était détachée, la Maison s'é­ chet qui la fixe, et comme un homme avec tous ses membres dé­
croulerait comme celle dans laquelle les salrapes des Philistins et pend de la Tète; el puisque cette Imputation règne partout, il ar­
trois mille hommes du peuple se divertissaient, et dont Samson rive ce que dit Ésaïe: " Le Seigneur retranchera d'!sraëlla tête
détacha en même temps les deux colonnes, ce qui les fit périr sous et la queue; celui qui est honoré est la tête, et le docteur de
les décombres. - Jug. XVr. 29. - Ceci est dit, parce que dans ce mensonge est la queue. » - IX. -13, 14.
qui précède il a été montré, et que dans l'Appendice il sera mon­ 629.11 est dit que l'Imputation de la foi d'aujourd'hui est dou­
tré, que cette Foi n'est pas la Foi Chrétienne, parce qu'elle n'est ble, toutefois non pas double comme Dieu et la Miséricorde envers
pas d'accord avec la Parole, et que l'imputation de celle foi est tous, mais comme Dieu et la Miséricordc envers quelques-uns;
vaine, parce que le mél'ite du Christ n'est point imputable. ou, non pas double comme 'un père et son amour envers tous ses
enfants, mais comme un pêre e·t son amour envers l'un ou l':lutre
d'entre eux; ou, non pas double comme la Loi Divine et son com­
L'Imputation appartenant li la toi d' aujourd' hui est double, mandement:'t tous, mais comme la Loi Divine et son commande­
l'une du Màite du Christ, et l'autre du Salut qui en l'ésulte. ment à un petit nombre; c'est pourquoi l'un de ces doubles est
étendu et non-divisé, l'autre est restreint et divisé, et celui-ci est
628, Dans toute l'Église Chrétienne on dit que la justification réellement double. mais celui-là est unité; car on enseigne qu'il y
et par suite la salvation sont faites par Dieu le Père au moyen de a imputation du mérite du Chri3t d'après une élection arbitraire,
l'imputation du rnérite du Christ son Fils, et qlle l'imputatiou est et qu'il y a imputation du salut pour ceux qui sont choisis, qu'ainsi
faite par· grâce QUAt'<D ET ou IL VEUT, ainsi à son gré, et que ceux quelques-uns sont adoptés .et tous les autres rejetés; ce qui serait
il qlli le mérite du Cluist est imputé sont adoptés au nombl'e des comme si Dieu élevait quelques-uns dans le sein d'Abl'aham, et li­
ms de Dieu; et comme les chefs de l'Église n'ont pas porté leurs vrait les autres en pâture ail diable; lorsque cependant la vérité est,
pas au-delà de celle illJl)lJl:ltion, ou n'ont pas élevé leul' mental que le Seigneur ne rejelLe et ne livre personne, mais que l'homme
au-dessus, ils sont tomi)('· de ce Choix de Dieu, délerminé il son se livre lui-même.'
~ré, dans des erreurs ènolldes et fanatiques, et enfin dans la dé­ 630. Qu'on ajoute à cela, que l'Imputation d'aujourd'hui ôte il
test:lble erreur de la Préucstinalion, et dans cette erreu l' abomi­ l'homme loute puissance provenant de quelque libre arbitre dans
nable, que Dieu ne fait pas attentiolJ aux actions de la vie de les choses spirituelles, et ne lui en laisse pas même assez pour
l'homme, mais qu'il considère seulement la foi gravée dans les pouvoir éteindre le feu pris il ses vêtements et en préserver son
intérieurs de son menlal; si donc l'erreur de l'Impulation n'élait corps, ou éteindre avec de l'eau sa maison en feu et en arracher
pas détl'uite, l'Athéisme envahirait tout le Christianisme, et alors sa famille, lorsque cependant la Parole, depuis le commencement
sur les chrétiens régnerait le Roi de l':lbime, dont « le nom en jusqu'à la fin, enseigne que chacun doit fuir les maux parce qu'ils
hébreu est Abaddoll, et qui en grec a nom Apollyon. " - Apoc. sont du diable et viennent du diable,' et faire les biens parce qu'ils
IX. if; - par Abaddon et par Apollyon est signifié le deslruc­ tiont de 1)ieu et viennent de Dieu, et qu'il doit les faire par lui­
teur de. l'Église par les faux, et par l'abîme l'enfer où ~ont ces même, le Seigneur opérant. Mais la puissance de faire ainsi, l'Impu­
f.72 LA VRAIE RELIGION CHRÉTIENNE. i73
tation d'aujourd'hui la proscrit comme mortelle pour la foi et par blable élection; cal' si celte grâce, qu'on appelle prévenante, était
suite pour le salut; et cela, afin que rien de l'homme n'entre dans universelle, il s'y joindrait une application Je l'homme d'après
l'imputation, ni par conséquent dans le mérite du Christ; ce dogme quelque puissance propre, laquelle cependant est rejetée comme
établi, il en est résulté cette maxime satanique, qu'il y a pour une lèpre. De là vienl que personne ne sait si cette foi lui a été
l'homme impuissance absolue dans les choses spirituelles, ce qui donnée d'après la grâce; il ne le sait pas plus qu'une souche ou
est comme si l'on disait: " Marche, quoique tu n'aies point de une piene, auxquelles il se compare quand elle esl infusée; car il
pieds, pas même un seul; lave-toi, quoique tes deux mains soient n'existe pas de signe qui en soit un témoignage, quand la charité,
coupées; ) ou, Il fais le bien, mais dors, " 011,« nourris-toi, mais la piété, l'élude d'une nouvelle vie, et la libre faculté de faire le
sans langue, Il Et c'est encore comme s'il était donné à l'homme bien comme le mal, sont déniées à l'homme: les signes qu'on dit
une volonté qui ne fût pas une volonté; ne peut-il pas dire: " Je être des témoignages de cette foi dans l'homme sont tous ridicules,
el ne diffèrent pas des augures des anciens par le vol des oiseaux,
ne peux pas plus que la statue de sel femme de Loth, ni plus que
Dagon le Dieu des Philistins, quand dans son temple fut intro­ ou des prédictions des astrologues par les astres, ou de celles des
duite l'arche de Dieu; je crains que, comme il lui est arrivé, tireurs de cartes. Quant à la justice imputée du Seigneur, qui est
ma tt:le et m~s mains séparées de mon corps ne soient jelées sur introduite dans l'homme élu en même temps que la foi il laquelle
le seuil, - 1 Sam. V. .4; - ni plus que Béelzébub le Dieu d'Ékron, on donne le nom de cette justice, le!> signes qui la suiven t sont du
qui d'aprè!> la signification de son nom ne peut que chasser les même genre et encore plus ridicules.
mouches? ) Que l'on croie au,jourd'hui à cette impuissance dans
les cboses spirituelles, on le voit d'après les Extraits donnés dans
La Foi, qui est imputative du mérite et de la justice du Ch1'ist
le Chapitre sur le Libre Arbitre, N° 464,
Rédemplew', est d'abord sortie des décrets du Synode de
631. Quant à ce qui regarde la première partie de ce double
Nicée sw' les Trots Personnes Divines de toute éternité, foi
de l'Imputation concernant la Salvation de l'homme, c'est-à-dire,
qui depuis cette époque iusqu'à présent a été reçue par tout
l'Imputation du mérite du Christ arbitrairement faite, et l'Impu­
le .Monde Chrétien.
tation du salut qui en résulte, les dogmatistes sont d'avis diffé­
rents; quelques-uns disent que cette (mputation est absolue d'après
un libre pouvoir, et se fait pour ceux dont la forme externe ou la 632. Quant il ce qui concerne ca Synode de Nicée, l'Empereur
forme interne plaît; d'autres disent que l'Imputation se fait d'a­ Constantin -le-Grand, il la persuasion d' Alexand re, évêqne d'Alexan·
près la prescience pour ceux chez qui la grâce 'a été infusée et à drie, le tin t dans son ~alais de Nicée, ville de Bithynie, a.r..: ès
qui celle foi peut être appliquée; mais néanmoins ces deux opi­ avoir convoqué lous les Evêques en Asie, en Afrique et en Europe,
nions visent au même but, et sont coO?me les deux yeux qui ont pour combattre et condamner, d'après ['Écriture Sainte, l~hérésie
pOUl' objet une même pierre, ou comme les deux oreilles qui ont d'Arius,_pré.lre d'Alexandrie, qui niait la Divinité de Jésus-Christ;
pour objet un même chant; â la première vue il semble qu'elles cela eut lieu l'an du Christ 3'18. Qu'il ait été conclu par les Évê­
se séparent mutuellement, mais toujours est-il qu'à la fin elles se ques convoqués, qu'il y a eu de toute éternité trois Personnes Di­
conjoignent et sont d'intelligence pour tromper; car lorsque de vines, le Père, le Fils et l'Esprit Saint, on peut le voir principale­
part et d'autre on établit une complète impuissance dans les ment par les deux Symboles, appelés Symbole de Nic~e et Symbole
chose!' spirituelles, et qu'on exclut de la foi tout ce qui appartient d'Athanase; dans le Symbole de Nicée on 1it: II Je crois en un
~ l'homme, il s'ensuit que cette grâce réceptl'ice dé la foi, illfus(~e, seul Dieu le Père Tout-Puissant, qui a lait le Ciel et la Terre;
ou d'après un libre pouvoir, 011 d'après la prescience, est un~ ~0:n- et en un seul Seigneur J ésus- Christ, Fils de Dieu, uniqûe-en­
i7i LA VRAIE RELIGION CHRÉTIENNE. i75
gendré du Père, né _avant tOU$ les sY_cles, Dieu df!.-~n­ tion et l'opération, ou l'imputation, la justice imputée et l'effeclUa-
substantiel au Père, qui est des'cendu des Cieux, et a été incarné tion, les séparent: c'est C6 qui fait que, quoique de trois Dieux.
de l'Esprit Saint par la Vierge Marie; et à l'Esprit Saint, Sei- ils aient composé un seul Dieu, néanmoins des trois Personnes ils
gneur et Vivifiant, quiprocède du Père et du Fils, qui est q,dor:j n'en ont point fait une seule; et cela, afin que l'idée des trois
Dieux ne fût point effacée; car tandis que chaque Personne en
\ glorifié avec le Pè1'e et le Fils. » Dans le Symbole d'Athanase
et
sont ces paroles: « La-Foi Catholique est qûr!nous véndl~ohS;tn particulier est crue Dieu, comme il est dit dans le Symbole, si alors
seul Dieu dans la Trinité, et la Tl'inité dans fi Unitd, san; con- .par une conséquence nécessai re les trois Personnes devenaient
1\ fondl'e les Personnes et sans séparer ta substan:e; malS com1:ze une seule Personne, toute la maison fondée sur Ills trois comme
nous sommes tm'cés par la vérité Chi'étienne de conftsser cha- sur des colonnes tomberait en un monceau de ruines. Si ce synode
que Personne Dieu et Seigneul' en particulier, de même nous ~ introduit trois Personnes Divines de toute éternité, c'est parce

sommes empêcMs par la Religîon Catholique de dire trois que ceux qui le composaient n'avaient pas bien scrulr la Parole, et
Dieux Olt trois Seigneurs. Il C'est-il-dire, qu'il est permis de con- que par suite ils n'ont pas trouvé d'autre refuge contre les Ariens.
~~ser trois Dieux et trois ,Seigneurs, mais qu'il est défendu d~ le Si ensuite ils ont réuni. en un seul Dieu ces trois Personnes dont
dire, et cela parce que la religion défend l'un, et que la verilé dicte chacune est Dieu par elle-même, ce fut daris la cr~inte d'être inc~l­
Ï'àutre; ce Symbole d'Athanase fut composé, aussitôt après la pés de croire en trois .Qi~ux, et d'être anathématisés par tout homme
tenue du Concile de Nicée, par un ou plusieurs de ceux -qui avai'éiit rationnel religieux dans les trois Parties de la Terre. S'ils ont
assisté à ce Concile, eiii fut aussi accepté comme OEcuménique ou enseigné la foi appliquée aux trois en ordre, c'est parce que de e~
Catholique. D'après cela, il est évident qu'alors il a été décr~_té pr-inci~ ~~décou~r une antre foi: qu'on ajoute à
qu'on doit reconnaître trois Personnes Divines de toute éternité, cela, que si l'un des trois était omis, le troisième ne serait pas envoyé,
et que, quoique chaque Personne en particulier fùt Dieu pal' elle- et qu'ainsi toute oprration de la grâce Divine deviendrait sans effet.
même, il faut néanmoins dire, non pas trois Dieux ni trois Sei- 634. Mais la vérité va être mise 3U jour: Quand la Foi en trois
gneurs, mais un Seul. Dieux a été ilJtroduite dans les Églises Chrétiennes, ce qlli est ar-
633. Que depuis ce temps la foi des trois Personnes Divines ait rivé du temps du Synode de Nicée,. on a banni tout bien de la cha-
été reçue, et qu'elle ait été confirmée et prêchée jusqu'au temps ritéj.t]o~:L~rai de l;l'oi, c.ar ce bien et ce vrai ne séjournent en
présent par tous les Évêques, par les divers Chefs de l'Église dans aûcune manière avec le culte mental de trois dieux joint au culte 1

les hauts degrés et par les Prêtres, cela est notoire dans le l\fonde ()ral d'un seul Dieu, puisque le Mental nie ce que la bouche pro-·
Chrétien: et comme de là est émanée la persuasion mentale de D,once, et que la houche nie ce que le Mental pense, d'où il arrive
trois Dieux, il n'a pu sortir d'autre foi que celle qui était appllèiûée qu'il n'y"a ni la foi de trois Dieux, ~ la foi d'un seul Dieu. De là
à-ces Trois dans leur ordre, c'est-à-dire, qu'il faut s'ad l'essel' à il est évident que, dès ce temps, le Temple Chrétien était non-seu-
Dieu le Pèreet l'implorer, afin qu'il impute la justice de son Fils, lement lézardé, mais tombTën un monceau de décombres; et gue
ou qu'il ait piti~ à cause de la passion <le la cl'oix du Fils, et qu'il ~s ce tem~fut ouvert le puits de l'abîme, d'oit monta une-fu-
envoie l'Espl'ït Saint pour opérer les effets moyens et 'derniers du .rnée comme une fumée d'une gl'ande fournaise, et furent obscurcis
salut. Celle foi est le fœtus né de ces deux symboles; mais sitôt le soleil et l'air, et de là sortirent des sauterelles sur la terre, » -
que les langues SOllt déroulés, il se présente non pas 'llll stlul Dieu Apoc. IX, 2, 3; - voir l'Explication de ces 1':11'010.5 dans l'ApOCA-
mais trois Dieux, d'abord conjoints comme parembE~sement, LYPSE RÉVÉLÉE; de plus, dè~~ps J !l0mmencé et s'est accrue

mais bientôt séparés, car on pose en principe que l'Essènce les la Désolation prédite par DanTel, - Mallh, XXIV. 15, - et
conjoint, mais que les propriétés, qni sont la crèation, la ré3emp· v~rs celle foi etl'!!~.putation de cette foi se sont rassemblés les ai-
~
[
t76 LA VRAIE RELIGION CIIRÊTlENNE. 117
gles, - Vers. 28 du même Chapitre; - là, par les aigles sont en­ VOÙ' l'Aroc. RÉVEL. N° 678, Dans l'Égypte il y elll une grêle mê­
tendus I~syrihcipau~ de l'Église comme lynx. Si l'on dit que le lée de feu, - Exod. IX; - p.areillenlenl dans l'Apocalypse, Chap.
Concile. dans lequel siégeaient tari.t d'ÉVêques et d'hommes dis­ VIII. i. Ch:!p. XVI. 2'\; la grêle signifie le faux infernal. voir
tingués. a décrété cela par d'unanimes suffrages, je répondrai: Aroe, REV~:L. N°S 399,714. Dalls l'Égypte il fut ellYoyé des saute­
Quelle confiance peut-oll avoir dans des Conciles. quand les Con­ relles, - Exod, X; - pareillement dans [' Apocalypse, Chap. lX.. 1
ciles Catholiques-Romains ont décrété aussi par ~~u'p'anilllessuf­ à 11; les sauterelles signifient les faux dans les extrêmes, voir
frages le Vjç_ari<!.L.&pal, l'invocation des_s_aints, la vénératio.!!J!es Aroc. REvEl.. N°S 424, 430. Dans l'Égypte il y eut d'épaisses ténè­
statues et desDS. -la division de la Sainte Euc~ari~tie, le p_ll.Œ.a­ bres, - Exod. X; -pareillement dansl'Apocalypsc, Chap. VIII. 12;
~toi~e, les îndulgeqce:-, etc. ? Et quelle confiance peUL-on avoir
les lénl~bres signil1entles faux qui tirent ICIII' origine so:t de l'i­
dan·s des Conciles, quand celui de IJo..rdrecht a décrété aussi par gnorance. soit des faux de la religiou, soil clfS 1l1:iUX dl' la vie,
d'unanimes suffrages l'abominable Prédestination, et l'a procla­ vou' ",POC RÈvÉI., N°' '110, 413. 695. EI:fin les I~~ypticns périrent
mée comme le Palladium de la religion. Mais, mon cber Lecteur, dans la mer de Suph, - Exod. XIV; - claus l'Apocalypse le Dragon
ne crois point anx Conciles. mais crois à la Sainte Parole, et adr~se­ et le faux Prophète furent précipilés dans l'étang de feu et de
toi au Seigneur, et tu seras illustré j car le Seigneur est la Parole, soufre, Chap. XIX. 20. Chap. XX, '10; l'une etl'aulre, la Iller de
c'est-à-dire, le Divin Vrai même dans la Parol8. Suph el cet étang, signifient l'Enfcl'. Si les même:; choses sont dites
635, Cet arcane va enfin être dévoilé: La Consommation de de l'Égypte et de l'I;:glise dont la consommation ct 1;1 fin sont dé·
l'Église d'aujourd'hui est décrite dans Sept Chapitres de l'Apoca­ crites dans l'Apocalypse, c'est parcè que pal' l'Égypte est entendue
lypse, de la même manière qu'est décrite la dévastation de l'É­ une Église qui dan~; son COllllliencernclit ttait d'une excellence
gypte, et l'une et l'autre par de semblables plaies. dont chacune supérieure, c'est pourquoi l'Égypte, a"ant que son Église ait été
signifie spirituellement quelque faux qui en a étendu la dévasta­ dévastée, est comparée au jardin d'Éden et au jardin de Jéhovah,
tion ju~qu'à la destl'llction complète; c'est pourquoi celle Église. - Gen. XIII. 10. Éz~ch. XXXI. !:l, !:l, et esl ~ussi appelée Picl'I'e
q~li aujoul'd'hui est enlièremeut détruite, est aussi appelée spiri­
angulaire des trihns, Fils de:' sages et des rois de l'antiquité, ­
tuellement Égypttl, -- Apoc, Xl. .8. - Les plaies en Égypte ont été Ésaïe, XIX. H, 13. - Voir, dalls l'ApOCALYPSE \-\ÉVÜÉE, N° 1>03,
celles-ci: Les eaux furent changées en sang, ce qui fitillourir tout plusieurs choses sur l'Égypte ?<lns son état primitif, et dans son
poisson, et puer le fleuve, - Exod, VII : - il est dit la même chose
état dévasté.
daIl~ l'Apocalypse, Char, VIII. 8. Cbap, XVI. 3; par le sang est
signifiê leDil'in Vrai falsifié, voir l'ApOCALYPSE RÉVELÉE, N°S 379,
404,681, 687, 6~8 ; el par les poissons, qui alol's moururent, sont La Foi imputative du mérite clle Cln'ist n'a point été connue
signifiés les vrais pareillement morts dans l'homme naturel, N°' 290, dans 1'J~'9Iise Apostolique, qw; a p1'écédé le Concile de "Vicée,
405, Dans l'Égypte les grenouilles pullulèrent sur la tene, - Exod. et elle n'est entendue nulle ]Jm't dans la Pal'olf.
VlH: - il est' dit aussi quelque chose des gl'enouilles dans l'A­
pocalypse, Chap. XVI. 13: pal' les grenouilles sont signifiés les 636. L'Église, qui à précédè le Synode de Ni~ée, a été appelée
(~aisonnemenls qui proviennent de la cupidité de falsifier les ~ra~<;, l'Église Apostolique. et elle s'ctait étcrillu-eet propagée dans \cs
voir l'Apoe. RltvÉL, N°' 702, Dans "Égypte il yeul SUI' l'homme et trois parties du Globe, l'Asie, l'Afrique et l'Europe, ainsi qu'on le
sur la bête des ulcères malins, - Exod, IX; - pareillement dans voit d'après l'Empereur Conslantin-Ie-Grand et sa Monarchie ~11­
l'Apocalypse, Chap, XVI. 2; par tes ulcères &ont signifiés les llJaux posée de plusieurs Royaumes de l'Europe, plus I.ud divi~és, et de
etles faux inlérie~rs qui détruisent le bien el le vrai dans l'Eglise, contrées voisines hors de l'Europe, en ce qu'il fut Cbrétien, et zé.lé
Il,
- - 12

_. ..l.­ ,
i78 LA VRAIE RELIGION CHRÉTIENNE. t79
pour la religion; aussi convoqna·t-il, comme il a été dit ci-dessus, par là revendiquer et restituer au Seigneur la Divinité, ne sachant
les Évèques d'Asie, d'Afrique. et d'El,Irope dans son palais de Ni­ pas que Dieu Créateur de l'univers était Lui·Même descendu, pour
cée, ville de Bithynie, afin de rejeter de son empire les scandales devenir Rédempteur; et ainsi de nouveau Créateur, selon ces pas­
l d'Arius. Cela est arrivé par la Divine Providence du Seigneur, sages explicites dansI'AncienTestament,-Ésaïe, xxv. 9. XL. 3.
p~ce que, si la Divinité du Seigneur est niée, l'Église Chrétienne 5, tO, H,XLIH. U. XLIV. 6,24. XLVIII. 4, XLVIlI. '17. XLIX. 7,
( e}pi!:.e, et devient comme un sépulcre ol'né de cetle Épitaphe: Hic "26, LX. 16. LXIII. 16. Jérém. L. 34. Hosée, XIIf. 4. Ps. XIX. 15;
jacet. Ci-gît L'Église qui existait avant ce temps a élé appelée Jljoutez aussi Jean, IX. 35, 37.
1 Apostolique, el lés 1tcrivains remarquables de celle Église élai~nt 638. Celle Église Apostolique, parcr. qu'elle adora le Seigneur
appelés Pères, et les vrais Chrétiens il leur sui te, frères. Que cette Dieu Jésus-Christ, el alors en même temps en Lui Dieu le ·Père,.
Église n'ait pas reconnu tT'ois Pet'sonnes Divines, IIi par consé­ peut être comparée au Jardin de Dieu; et Arius, qui alors s'éleva,
quent UII Fils de Dieu de toule éternité, mais seulement un Fils au serpent soÏ,ti de J'Enfer; elle Concile de Nicée, à l'Épouse d'A­
de Dicn né dans le temps, on le l'oit par le Symbole qui, en raison d'am qui présenta le fruità son mari et Je ,séduisil, d'où il adVint
de leur }<~glise, a élé nommé Apostolique,. où on lit ces paroles: qu'après en avoil' mangé ils se virent nus, et couvrirent leur nu­
« Je crois en Dieu le Père Tout- Puùsant, Créateur' du Ciel et dité avec des feuilles de figuier; par leur nudité il est entendu
de la Terre; eten Jésus-Christ son Fils unique, notreSeigneu'r l'innocence dans laquelle ils avaient d'abord été, et pal' les feuilles
qui a été conçu de l'ESP1'it Saint, est né de la Vierge Marie; ,de figuiers les \Tais de l'homme naturel qui furent successivement
je crois a l'Esprit Saint, à la sainte É'.qlise Catholique, i falsifiés. Cette primitive Église peUL même être comparée .iu cré­
la communion des saints. Par IiI il est évident qu'ils n'ont re­ puscule et à l'aurore; de là Je jour s'avança jusqu'à la dixième
connu _d'autre Fils de Dieu que celui qui a été conç.u de l'Esprit heure, m~;is alors survint une nuée épaisse sous Jaqueljë Té jour
Saint et est né de la Vierge ~Iarie, et nullement un Fils_ di: ~ieu, 1 s'avança vers le s()ir, et après le soir dans la nuit, pendant"laquelle
né de toute éternité. Ce Symbole, ainsi que les deux autres, a été la Lune sc leva pour quelques-uns, qui à sa lueur virent quelque
reconnu comlllo l'urement Catholique paf toute l'I~glise Chrétien[je chose d'après la Parole, ettolls les autres marchèrent dans l'obs­
jusqu'à ce jOlir. e~ri\§.de i:l J}uit. jusqu'à ne plus rien voir de la Divinité dans l'Hli­
68ï. Que dans ce temps primitif, lotis dans ce Monde Chrétien manité du St'igneur, quoique Paul dise que dans J/!sus-Clt/'ist
aient reconnu que le SeigneuI' Jésus-Christ était Dieu, à qui a toute la }Jlénitude de la Divinité habite cOl'p01'ellement, - Co­
été dOllné tout po!lvoir dans le Ciel et sur Terre, (lt pouvoir sur Joss. II. 9 ; - ct que Jean dise que le Fils de Dieu, envoyé dans le
tOlite chair, scion ses propres paroles, - Matlh. X-XYIlI. H3. JeaB, Unde, es! le vrai Dieu et la vie éternelle, - l Épîl. V. 20 J 21 . ­
.~ \"11. 2; - ct qu'ils aient cru en Lui scion son commandement L 'Égi isc pri Illi lire ou Apostolique n ';1 jamais [lu présager qu'il
<~'apj'(:s Dieu le Père, - Jean, IlL 1:>, 1G, 35. VI. 40. Xl. 25,26, 'ï'iendr::il après clic une j~glise lJui adol'crait plusieurs dieux de
c'ésl C.lcore cc qui esllJien évident d'après la convocation de tous cœur et Ull ~elJl de bouche, qui séparer.ail h charité d'uvee ià foi,
les I~Yl;qlles i);)l' ïEmpereur Constantin-le-Grand, dans le but de '1 ia rémission dèS pécltés d'uI!ec la péniténce el l'élude d'une nou­
cOlIllJatll'e par les saintes écritures el de condamner Arius ct ses \"elleYil\ et qui admellrait une lotale impuis~ance dans les chose!>
seclidrurs, qui ni:lient la Oivinité du ,,;r'i;jneur S<Uirelir né de la spirjtueUcs; ni, il plus forte raison, qU'lin cei't:Jin Arius leverait la '.
Vierge YiIarie ; cela a été fait, il est vl'ai, mais ces l;~vê(llleS pour tête, et qu'après sa mort il reparailrait eL dOl1lill(~rait ~;eci'èlement
éviter un loup tombèl'enl sous un lion; ou, comme dit le proverbe, jusqu'à la fin.
lOlllllèrent de Cllal'ybde en Scylla, en imaginant un Fils de Dieu 639. Qu'8ucune Foi imputalive du mérite du Christ n'ait été
de toute éternité qui est descendu et a 'pris l'Humain, -croyant entendue dans la Pal'ole, c'est ce qui résulte clairement de ce que
tso: LA VRAIE RELIGION CHRÉTIENNE. tSt
celte foi n'a pas été connue dans l'Église, avant que le Synodej.e il Yest montré qu'elle a été la subjugation des Enfel's et l'ordina­
Nicée eùt introduit les trois Personnes Divines de Ioule éternité; ,tion des Cieux, et ensuite l'Instauration de l'Église, et qu'ainsi la
;;:quand celle foi eut été introduite et eut parcouru tout le IVlollde Rédemption 3 été une OEuvre purement Divil~e; il Ya aussi éte
Chl'étien, toute autre foi fut rejetée dans les tén~bres; c'est pour·· montré que le Seigneur par la Rédemption s'est mis en puissan~e
la
quoi maintenant quiconque lit la Parole, et voit foi, l'imputation -de r~g~né...er et sauver I~sjl~m!.s qui croient en Lui et fonl ses
et le mérite du Christ, tombe de lui-même dans ce qu'iJ a unique­ préceptes, et que sans cette Rédemption aucune Chair n'aurait pu
ment cru, semblable à celui qui voit l'écriture d'une seule pa-ge, -étre sauvée. Maintenant, puisque la Rédemption a été une OEuvre
et en reste là, sans la tourner et sans voir autre chose; ou, sem­ purement Divine et l'OEuvre du Seigneur seul, et qll'elleeslle Mé­
blable à celui qui se persuade que telle chose ~aie, quoiqu'elle rite du Seigneur, H s'ensuit que ce mérite n'est applicable, addi­
soit fausse, et qui la conlirme seule; alors il voit le faux· eomme cable ni imputable à aucun homme, Q~ ph!§_qlle la Création et la
vrai et le vrai comme faux, et plus tard il serre~ait les dents, et se Conservation de l'Univers; la Rédemption a même été une sorte
moquerait de quiconque .l'improuverait, et il lui dirait: « Tu es sans de Création du Ciel Angélique à nouveau, et aussi de l'Égl!se. Que
intelligence; )) son mental est en lui entièrement entouré d'un cal~s, l'Eglise d'aujourd'hui allribue ce mérite du Seigneur Rédempteur
qui rejette comme hétérodoxes toutes les choses qui ne cadrent ~ceux qui par grâce obtiennent la Foi, cela résulte évidemment
pas avec ses croyances qu'il appelle orthodoxes; car sa memoire des dogmes de celte Eglise, parmi lesquels celui-ci est le principal;
est comme une tahlelle sur laquclfe il-n'y a de gravé qlle e,e car il est dit pal' les chefs de cette Eglise et par ceux qui les sui­
point théologique dominant; si quelque autre chose y entre, il n'y vent, tant da(ls l'Eglise Catholique-Romaine que dans les Églises
a point de place pour l'insérer, c'est pourquoi il la rejette comme -des Réformés, que par l'Imputation du Mérite du Christ ceux qui
la bouche rejette l'écume, Par exemple, dis à un Naturaliste con­ ont obtenu la Foi, non-seulement sont réputés justes et saints,.
firmé, qui croit, ou que, la Nature s'est créée elle-mème, ou que mais le sont réellement, et que leurs péchés ne sont point des pé­
Dieu a existé après la nature, ou que la Nature et Dieu sont un, .chés devant Dieu, parce qu'ils ont été remis, et qu'eux ont été
dis-lUI qne c'cst absolument le contraire, ne te regardera-t-il pas justifiés, c'est-à-dire, réconciliés, innovés, régénérés, sanctifiés, et
co III me une dupe des fables des prêtres, ou comme un simple, ou inscrits dans le Ciel. Que toute l'Eglise Chrétienne enseigne a~- \
comme un hébété, ou comme un homme en démel~ce? Il en est jourd'hUi ces !nêmes choses, on le voit clairement par le Synode
de même de toutes les choses que la persuasion et la confirmation de Trente, par les Confessions de Wittemberg et d'Augsbourg, _et
ont gravées, elles apparaissent entin comme des tapisseries peintes· par les commentaires annexés et en même temps acceptés. Des
attach~es par beaucoup de clous à une l1Jurailie co III posée de pier­ choses di tês ci-dessus, et transportées dans cette foi, qlle découle­
railleg usées. t-il, siflon que la possession de cette foi est ce mérite et cette jus­
tice du Seigneur, qu'ainsi son possesseur est un Christ dans une
autre personne? car il est dit que le Christ Lui-l\fême e3t la Jus­
L'Imputation du mérite et de la justice du Glu'is! est impossible.
tice, et que cette foi est la justice, et que l'imputation, par laquelle
sont aussi entendues l'addication et l'application, fait que non­
640. Pour qu'on sache qlle l'Imputation du Mérite Cl de la Jus­
seulement on est réputé juste et saint, mais qu'on l'est réellement.
tice dc Christ est impossible, il est nécessaire de savaii' c~ que
Ajoute seulement la TRANSCRIPTION à l'imputation, à l'application
c'est que le Mérite et la Justice du Seigneur: ~e Mérite du Se.j­
~t à l'addicaUon, et tu seras un vicaire Pape,"""
gneur notre Sauvcul' est la Rédemption; ce qu'a été la Rédemp­
64f. Puis donc que le Mérite et la Justiée du Seigneur sont pure­
tion, on le voit dans le Chapitre qui la concerne, N°s f f4 à f33;
ment Divins, et que les purement Divins sont lels, que s'ils
t82 LA VRAIE RELIGION CHRÉTIENNE. f83
étaient appliqués et addiqués, l'homme mourrait à l'instant, et s'agit de l'avénement du Sei~neur. Ce qui aITiverait, si le Sei­
serait consumé, comme une bûche jetée dans le Soleil nu, de sorte gneur descendait et approchait de quelque impie, est aussi décrit par
qu'à peine en reslerait-il une étincelle, c'est pour cela que le Sei" ces paroles dans J'Apocalypse: (1 Ils se cachèrent dans les cavernes
gneur avec son Divin s'approche des Anges et des hommes par et dans les l'ochers des' montagnes,. et ils disaient aux monta­
une lumIère tempérée et modérée selon la faculté et la qualité de gnes et aux rochers: Cac/lez·nous de la laCé de Celui qui est
chacun, ainsi par quelque chose qui est adéquat et accommodé; ii assis sur le Trône, et de la CI,lère de l'Agneau. » - VL '15, '16 ;
en est de même quant à la chaleur. Dans le Monde spirituel il y a - il est dit de la colère de l'Agneau, parce qu'ainsi leul' apparais­
un Soleil, au milieu duquel est le Seigneur; de ce Soleil le Sei­ sent la terreUl'etle tourment ~ l'approche du Seigneur. Cela de­
gneur influe par la lumière et par la chaleur dans tout le Monde vient encore évident en ce que, si quelque impie est introduit dans
spirituel, et dans tous ceux qui y sont; toute lumière et toute le Ciel, où règnent la chariLé <:t la foi au Seigneur, les ténèhres
chaleur dans ce Monde vient de là : de ce Soleil le Seigneur influe s'emparent de ses j'eux, le v('!lige et la folie saisissent son men­
aussi avec la même lumière et la même chaleur dans les âmes et tal, la douleur et la torture envahissent son corps, et il del'ient
dans les mentais des hommes; ceLte chaleur dans son essence est comme privê de vie; que :,:erait·ce alors si le Seigneur Lui-Même
le Divin Amour du Seigneur, et celle lumière dans son essence est avec son Divin Mérite, qui est la Rédemptiou, et avec sa Divine
:sa Divine Sagesse; le Seigneur adapte cette lumière et celle chaleur Justice, entrait dans l'homme. Jean l'apôtre ne soutint pas non
à la faculté et à la qualité de l'Ange et de l'homme qui reçoivent, plus lui· même la présence du ~eignellr, car on lit que, (( lorsqu'il
ce qui se fait par des aures ou atmosphères spirituelles qUI les por­ f)it le Fils de l'homme au milieu des Sf:'pt Chandeliers, il tomba
tent et transportent; le Diviu même qui entoure immédiatemcnt à ses pieds comme mort. » ~ Apoc. 1. li.
le Seigneur constitue ce Soleil. Ce Soleil est distant des Anges. . 64~. Il est dit dans les Décl'.:ts des Conciles, et dans les Arti­
·.comme le Soleil du Monde naturel est distant des hommes; et cela, cles des Confessions sur lesquelles jUl'ent les Réformés, que Dieu
afin de ne pas les toucher à nu, ni par conséquent immédiatement, par l'infusion du m(\rite du Clltist justifie l'impie, lor:,:que cepen­
car ainsi ils seraient consumés comme une bùche jetée dans le dant le bien d'un Ange ne Pl:ut pas même être communiqué' à
Soleil nu, ainsi qu'il vient d'être dit. D'après cela, on peut l'impie, ni il plus forle raison lui être conjoint, sans que ce bien
voir que le mérite et la justice du Seigneur, parce qu'ils sont pu­ Je soit rejeté et ne rebondisse comllle une balle élastique lancée
r.ement Divins, ne peuvent nullement être portés par imputation eontre une muraille, ou ne soil englouti comme un diamant. jeté
dans aucun ange ou dans aucun homme; et même, si quelque d:lns un marais; et même si quelque chose de vérilablemenl bQn
étincelle de ce Divin, non modérée ainsi qu'il vient d'être dit, les était introduit en lui, ce serail comme si une perle était attachée
touchait, aussitôt ils se tordraient COllllue ceux qui luttent avec la ail groliin d'un pourceau; car Ilui ne sait que la clémence ne peut
mort, leurs pieds se disloqueraient, leurs yeux s'écarteraient, et ils être introduite dans la férocité, ni l'innocence dans la vengeance,
seraient privés de la vie. Cela a été connu dans l'Eglise Israélite, en ni, l'amollI' dans la haine, ni l~ concorde dans la discorde, ce qui
ce qu'il lui a été dit que personne ne peut voir Dieu et vivre. Le se;ait pour ainsi dire mettre elisemble le Ciel et l'Enfer? L'homme
Soleil du Monde spirituel, tel qu'il est depuis que Jéhovah Dieu a n6n-régénéré est, quant à SIm esprit, comme une panthère ou
.pris l'Humain, et y a ajouté la Rédemption et la Justice nouvelle, comme un hibou, et peut être ~omparé à l'épine ou à l'ortie; mais
est même décrit en ces termes dans Ésaïe: Il La Lumière du So­ l'homme régénéré est comm~ une. brebis ou comme une co­
leil sera septuple, comme la Lumière de sept jOlt1'S, au jour lombe, et peut être compaff~ à l'olivier ou au cep; pensez, je
que Jéhovah bandera la (raclure de son peuple. II - xxx. 26 ; vous prie, comment un hOUlme-panthère peut être changé en
- dans ce Chapifre, depUiS le commencement jusqu'à la fin. il UD homme-brebis, ou de hibou devenir colombe, ou d'épine deve­
i84 LA VRAIE RELIGION CHRETfENNE. i85
nir olivie,.. ou d'ortie devenir cep, par quelque imputation, addi­ mal, - Gen. Il et Ill; - etqu'il ne doi ve pas y en avoir' d'au tre dans
cation, application de la justice Divine, qui le damnerait plutôt la fin de l'Eglise, on le voit clairement par ces paroles du Sei­
qu'elle ne le jlllHifierait? pour que la conversion se fasse, ne faut­ gneur: « Quand viendra le Fils de l'homme datls la gloire de
il pas auparavant ôter le féroce de la pant1Jère et du hibou, ou le son Prire, alol's il s'assiéra sur le Trône de sa gloil'eJ et il dira
nuisible de l'épine et de l'ortie, et implantel' a la place ce qui est aux br'ebis qui seront à Sil. droite: Venez, les bénis de mon
véritablement liumain et non nuisible? Comment cela s'effectue, Père, et possédez comme Itérita1-e le Royaume pr'éparé pour
le Seigneur l'enseigne dans Jeân, - XV. 1 li i. vous dès la fondation du Monde; c.ar' f ai eu faim, et vous 111'a­
vez donné à manger; f ai eu sa 'f et VallS 111'avez donné ù boù'e;
j'étais étranger', et vous M'avez ,'ecueilli; nu, et vous M'avez
Il Y a Imputation, mais du bien et .lu mal, et en même temps
vêtu; j'étais malade, et vous M'avez visité: j'étais en pl'ison;
de la foi. et vous êtes venus vers Moi. Mais il dira aux Boucs plads à sa
gauche,parce qu'ils n'ont pas fait de liOnnes œuvres: Retirez­
643. Que ce soit l'Jmputation du bien et du mal, qui est enten­
t'ous de illoi, maudits, dans le feu éte1'1lel, pr'épar'é au diable et
due daus la P:-trole, qU3ud il y est queslioll d'imputation, on le
à ses anges.)) -l\lallh. XXV. 31 eL suiv. - D'après ces paroles,
Toit pal' d'innombrables passages, qui même ont déjà été rappor­
quiconque a les yeux ouverts peut voir qu'il y a imputation du
tés en partie; mais pour que chacun soit certain qu'il n'y a pas
bien et du mal. Qu'il y ait aussi Imputation de la Foi, c'est parce
d'autre Imputation, il sel'a encore présenté ici quelques citaLions
que la chal'ité qui appartient au hien, et la foi qui apparlient au
tirées de la Parole: " Le Fils de l'homme doit venir, et ator's il Hai, SOllt ensemble dans les bonnes œuvres, et que si elles ne sont
rendra li chacun selon ses œuvres.» - Matlh. XVI. 2ï, - « Ceux'
pas ensemble, les OEurres ne sont pas bonnes, voir ci-dessus,
qui ont fait de bonnes œuvres sortiront pour ?me résurrec­
N°S 3i3 li 3ij; c'est pourquoi Jacques dit; !( Abraham rlOtrepère
tion de vie, et ceux quz'en ont fait de mauvaises, pour une résurrec­
ne fut-il pas justifié par des OEuvres, lor'squ'il offrit son fils sur
tion de jU,!Jement. )) - Jean, V. 29. - li Un Livre fut ouvert,
l'autel? Ne vois-tu pas que la Foi coopérait avec ses œuvres,
qui est (le Livre) de la vie, et ils litrent jugés tous se/on leur~
et que pm' les OEuvres la Foi fut connue pOta' parlaite, et
œuvres. Il -Apoc.XX, 12, i3, - '1 Voici, je viens bientôt, etma
qu'ainsi lut accomplie l'É'criture, qui dit: Abraham a cru en
récompense avec Moi, afin que je donne li C/WCUll selon SOI~
Dieu, et cela lui a été imputé à justice? " - Jtpîl. II. 21, 22,
œuvre. " - Apoc. XXTI. -12. - li Je leraz'la visite sur ses voies, 23.
ei ses œUV1'es je lui rétribuerai, Jl - Hosée, IV. 9. Zach. I. fi.
644. Si par l'Imputation dans la Parole les Chefs des Eglises
Jérém. XXV, 14. XXXII. 19. - « Dieu, dans le jour de sa colbe
Chrétiennes, et pal' suite leurs subalternes, on t en tendu l'Imputa­
et de son juste jugement, rendra à clwcun selon ses :Euvres. " _
tion de la Foi dans laquelle la Justice et le Mérite du Christ ont
Rom. Il, 5. 6. - « Il nOlis faut tous compamître devant le Tr'ib!l­ été inscrils, et par conséquent, attribués ~ l'homme, c'est parce
nal de Ch1'ist, afin que chacun reçoive, selon ce qu'il a lait pm' le
que pendant quatorze siècles, c'est-il-dire, depuis le Concile de
COl'ps, soit bien, soitrnal. l) - Il. COI'. V, 10. -Iln'yapoint~u
Nicée, on n'a pas voulu entendre parler d'une autre foi; cette foi
5\'autre Loi d'irnputatfon dans le commencement de l'Eglise, et il
seule s'est donc établie, comme organisée dans leur memoire, et
n'y ep aura point d'autre dans sa fin; qu'il n'yen ait point eu d'aJ­
par suite dans leur mental; et, depuis ce temps, elle a empruuté
tre dans le commencement de l'Église, on le voit par Adam et par­
une lumière, telle qu'est celle d'un incendie pendant la nuit, lu­
son Épouse, en ce qu'ils ont été condamnés, parce qu'ils avaient
mière d'après laquelle cette foi fut vue comme le vrai théologique
fait le mal en mangeant de l'arbre de la science du bien et du
même, d'où dépendent enchaînés en série tous les autres dogmes,
i86 LA VRAIE RELIGION CHRÉTIENNE. i8i
qui tomberaient en lambeaux, si celle tête ou celle colonne était 646. Que le bien qui est la charité, et le mal qui est l'iniquilé,
ôtée: si donc ils pen~aient à une autre foi qu'à celle foi impufa- soient imputés après la mort, c'est ce qui m'a été prouvé par toute
live, quand i1s·lisentla Parole, ctlle lumière avec toute leur Théo- mon expérience sur le sort de ceux qui de ce Monde passent dans
logiqne s'éteindrait, et il s'élèverait des ténèbres dans lesquelles l'E- l'autre; chacun, après y être resté quelques jours est examiné
glise Chrétienne toule ePltière disparaîtrait, c'est pourquoi celte quel il est, par conséquent quel il a été dans le Monde précédent
foi a été laissée, comme une souche de 1'acines en terre, après quant il la religion: cela fait, les examinateurs en font le rapport
que l'arbre a été coupé et détruit, jusqu'à ce que les sept temps . au Ciel, et alors il est tr:ll1sporté vers ses semblables) par consé-
soient passés, - Daniel. IV. 25, 26. - Aujourd'hui dans l'Église, quent vers les siens; ainsi se fait l'Imputation. Qu'il y ait impn-
parmi les Chefs confirmés, qui est celui qui, lorsque celle foi est tation du bien pour tous ceux qui sont dans le Ciel, et imputation
attaquée, ne se bouclJe pas les oreilles comme avec du coton, du mal pour tous ceux qui &on t dans l'Enfer, cela est deven u évi-
de crainte d'entendre parler contre elle? Mais, mon chel' Lecteur, dent pour moi d'après l'ordination du Ciel et de l'Enfer par le Sei-
ouvre les oreilles, et lis la Parole, et tu percevras clairement une gneur ; tout le Ciel a été disposé en ordre dans des sociétés selon
foi autre et une imputation autre que celles dont tu as eu jusqu'à toutes les variétés de l'amour du bien, et tout l'Enfer selon toutes
présent!a persuasion. les variétés de l'amour du mal. L'Eglise dans les terres a été pa-
640. fi est étonnant que, quoique la Parole, depuis le commen- reillement disposée en ordre par le Seigneur, cal' elle correspond·
cement jusqu'il la fin, soit pleine de témoignages et de confirma- au Ciel; sa religion est le bien. De plus, demande il n'importe quel
tions qu'à chaque homme sont imputés son bien et son mal, homme, ayant de la religion, et doué en même temps de raison,
néanmoins les dogmatistes de la Religion Chrétienne aient bou- de quelque partie du Globe qu'il soit, quel est celui qu'il croit
ché leurs oreilles comme avec de la cire, et oint leurs yeux devoir aller au Ciel, et quel est celui qu'il croit devoil' aller en
comme d'un collyre, en sorte qu'ils n'aient entendu ou n'aient Enfel'; et tous répond~ont d'un commun accord que cellx qui font
vu, et qu'ils n'entendent ou ne voient d'autre Imputalion que celle le bien iront au Ciel, et que ceux qui font le mal iront en Enfer.
de leur Foi, dont il vient d'être parlé; et cependant cette Foi petit En outre, qui ne sait que celui qui est vraiment homme aime un
être convcllablemcnt comparée il la Maladie de l'œil, qui est appe- homme, une réunion d'Ilornmes, une ville et un royaume d'après
lée GOUTTE SEnEINE, et doit même être il juste titre nommée ainsi; . le bien qui est en eux, et non·seulement les hommes, mais en-
cette maladie est IIne cécité ab~olue de l'œil, produite par l'obs- core les bêtes) et aussi les choses ·inanimées, telles que maisons,
truction du Nerfoptiqlle, et cependant l'œil semble voir complè- possessions, champs, jardins, arbres, forêts, terres, mêlue les
tement; il en es~ de mêlJ l' de ceux qui sont d~ns celte foi, ils métaux et les pierres, d'après leur bonté et leur lisage. le bien et
marchent comme ayant Il' yeux ouverts, et devaut les autres il l'usage sont un? Et le Seîgneul' n'aimerait pas l'h·omme et l'Eglise
mble qu'ils voient toul, I:Indis que cependant ils ne voient rien, d'après le bien!
puisque l'homme ne sai t ri en de cet te foi quand elle en tre, car il
est alors comme une souche, et ensuite il ne sait si elle est en lui,
et ne sait si en elle il y a quelque chose; et dans la suile il leur
semble même voir très-clairement cette foi concevoir et enfanter
les nobles fœtus de la Justification, à savoir, la Rémission des pé-
chés, la Vivification, ['Innovation, la Régénération, la. Sanctifica-
tion, lorsque cependant il~ n'en ont vu et n'en peuvent voir aucun
~igne.
lB8 LA VRA.IE RELIGION CHRÉTIENNE. i89
principalement en lin Dieu Créateur, et non en même temps en
f..ui comme Rédempteur et Sauveur; mais la foi .de la nouvelle
La Foi et l'Imputation de la Nouvelle Église ne peuvent nulle­ Eglise est en un seul Dieu, qui est tout il la fois Créateur, Ré­
ment être de compagnie avecla loi et l'imputation de la pré­ dempteur et Sauveur', La foi de la précédente Eglise est que i:l Pé­
cédente Église; et si elles sont ensemble, il se tait une tette nitence, la Rémission des péchés, la Rénovation, la Hégéuératioll.
collision et un tel conflit, que le tout de l'Église chez l'homme la Sanctification et le Salut suivent d'eux-rilèmes la foi donnée et
périt. imputée, et cela, sans que rien de l'homme y soit mêlé ou con­
joint; mais la foi de la nouvelle Eglise enseigne la pénitence, la
647. Si la Foi et l'Imputation de la nouvelle Eglise ne peuvent réformation, la régénération, et ainsi la rémission des péchés,
être de compagnie avec la foi et l'imputation de l'Eglise précé­ l'homme y coopérant. La foi de la précédenle Eglise affil'llie qu'il
dente ou qui dure encore, c'est pal'ce qu'elles ne sont pas d'accord y a imputation du mérite du Christ, imputation que la foi donnée
en une troisième partie, ni même en une dixième; car la foi de la embras~e; mais la foi de la nouvelle Eglise enseigne qu'il y a im­
précédente Église enseigne que de toute éternité il a existé trois putation du bien et du mal, et en même temps de la foi, et que
Personnes Divines, dont chacune en particulier ou par elle-même celle imputation est conforme il l'Ecriture Sainte, mais ((IJe l'autre
serait Dieu, tout autant de Créateurs; mais la foi de la nouvelle y est contraire. La précédente E~lise soutient qu'il y a donation
Eglise est, que de toute éternité il ya eu seulement une seule Per­ de la foi, dans laquelle est le mérite du Christ, quand l'homme
sonne Divine, ainsi un seul Dieu, et qu'outre ce Dieu il n'yen a est cOlllme une souehe ou une pierre, et soutient aussi qu'il ya
point d'autre: la foi de la précédente Eglise a donc présenté une totale impuissance de l'homme dans les choses spirituelles; mais
Divine Trinité divisée en trois Personnes; mais la foi de la nou­ la nouvelle Eglise enseigne une toute autre foi qui est non dans le
velle Eglise présente une pivine Trinité unie dans une seule Per­ mérite du Christ, mais en Jésus-Christ Lui-Même Dieu Rédemp­
sonne. La foi de la précét.lente Eglise a été en un Dieu invisible, teur et Sauveur, et soutient qu'il y a libre arbitre tant pour s'ap­
inaccessible et inconjongible, dont elle a eu IIne idée telle que pliquer à la réception que pour coopérer. La précédente Église ad­
celle qu'on a d'un Esprit, c'est-à-dire, telle que celle qu'on a de joint il sa foi la charité eomme appendice, mais non comme salvi­
l'éther ou du vent; mais la foi de la nouvelle Eglise est en Dieu tique, et constitue ainsi la religion; mais la nouvelle Eglise con_
visible, accessible et conjongible, dans lequel il y a, COlllme l'âme joint la foi au Seigneur et il la charilé il l'égard du prochain, comme
est dans le corps, Dieu invisible, inaccessible et inconjongible, du­ deux choses inséparables, et constitue ainsi la Religion; sans par­
quel elle a l'idée d'un homme parce que Dieu un, qui a été de ler de plusieurs autres ctiscordances,
toute éteruité, a" été fait Homme dans le temps, La foi de la préc~­ 648. Par celle courte revue de discordances ou dissentiments,
dente Eglise allribue au Dieu invisible la loute-puissance, et il est évident que la foi et l'imputation de la nouvelle Église ne
l'ôte au Dieu visible, car elle enseigne que Dieu le Père impute la peuvent nullement être de compagnie avec la foi et l'imputation
foi, eL p~r elle donne la vie éternelle, et que le Dieu visible inter­ de n~glise précédente ou qui dure encore; et comme il y a entre
cède seulement, et que l'un et l'autre, ou selon l'Eglise Grecque la foi etl'implItation de l'une et de l'autre Église une lelle discor­
Dieu le Père donne il l'Esprit Saint, qui est dans l'ordre un troi­ dance et un tel dissentiment, il y a une complète hétérogénéité ;
sième Dieu pal' lui-même, toute puissance d'opérer les effets de si donc elles étaient ensemble dans le mental de l'homme, il se
celle foi; mais la foi de la nouvelle Eglise allribue à Dieu visible, ferait une telle collision et un conflit, que le tout de l'Église
dans lequel est Dien invisible, toute puissance d'imputer et au.;si périrait, et que dans les ch oses spirituelles l'homme tomberait ou
d'opérel' les effets du salut. La. foi de la précédente Eglise est en délire ou en défaillance; de là il ne saurait ce que c'est que rE­
rI

f90 LA VRAIE RELIGION CHRÉTIENNE. f91


glise, ni s'il y a une Église; est-ce qu'alors il saurait quelque chose .et la chaleul' le font voir et vivre par le corps: que le ~Jérite du
de Dien, quelque chose de la foi, et qnelque chose de la charité? La Seigneur soit la Rédemption, et que la Rédemption et la Justice
foi de la précéd~nte Église, parce qu'elle a excln tolite lumière pro­ ~u Seigneur soient deux Divins, qui ne peuvent être conjoints ft
venant de la l'aison, peut être comparée ~ une chouette; mais la foi 'l'homme, c'est ce qui a été montré ci-desslls. Que chacun se garde
de la nouvelle Église peut être compar~e il uue colombe qui vole en donc de Lrtjnsporter J'imptltation de la précédente Église dans
vlein jour, et voit par 1a lumière du ciel; c'est pourquoi leur con­ l'imputation de la nouvelle Église, puisque cela serait une source
jonction dans un même mental serait comme la conjonction d'une d'effets lr'agiques qui s' opposeraien t ~ son salu 1.
chouette et d'une colombe daus un même nid, où la chouelle pon­
drait ses œufs, et la colombe les siens; après l'incubation les pe­
tits écloraient, et alors la chouette déchirerait les petils de la co­ Le Seigneur impute à tout homme te bien, et t'Enfer impute à
lombe, et les <tonnerait en pùture à ses petits; cal' la chouette est tout hO'1'lme te mat.
un oiseau \'orace, La foi de la précédente Église étant décrite dan:;
l'Apocalypse, Chap, XIf, pal' le dragon, et la foi de la nouvelle 600. Que le Seigneur impute 11 l'homme le bien et ne lui Iln­
Église, par la femme enveloppée du soleil, sur la tête de laquelle . l'ute aucun mal, et que le diable, par lequel est entendu l'Enfer,
est une couronne de douze étoiles, on peut conclure de la compa­ 1 impute il l'homme le mal et ne lui impute aucun bien, cela est
raison, qnel serait l'état du mental de l'homme, si elles étaient nouveau dans l'r~glise ; si cela est nouveau, c'est pal'ce que dans
ensemble dans la même maison, à savoir, que le dr~l'gon s'arrête­ la Pal'ole on lit en beaucoup d'endroits que Dien se met en colère,
rail devant la femme prête d'ac.coucher pour dévorer son enfant, se venge, a de la haine, damne, punit, jette da:1s l'enfer, tente,
et qu'après que la femme se serait envolée dans le désert, il la toutes choses qui appartiennent au mal, ct pal' sllite sont des
poursuivl'ait, et lancerait de l'eau comme un fleuve sur elle, afin maux; mais que le sens de la leLtl'e de la Parole ait été composé
qu'elle rùt submergée. oe choses, qui sont appelées apparences et cOl'respondance, dans
640. ~emblahle chose al'riverait, si quelqu'un embrassait la foi le but qu'il y ait conjonction de l'Église Externe avec. l'Église In­
dc la nouvelle Eglise, et retenait la foi de la précédente I~glise Slll' terne, pal' conséquent du Monde avec le Ciel, cela a été montré
l'Imputation du mérite ct de la justicf~ du Seigneur; car de cette foi­ dans le Chapitl'e sur l'Écl'iture Sainte; et il y a aussi été montré
ci, comme racine, repousseraient comme rejetons tous les dogmes que, quand de telles expl'essions sont lues c1~ns la Parole, les ap­
de la pl'écédente Eglise: si cela arrivait, ce sel'ait, pal' compal'ui­ .parences du vrai, en passant de l'homme jusqu'au Ciel, sont elles­
son, eommc si quelqu'un sc dégageait de cinq cornes du dragon mêmes changées en des \Tais réels, qui sont, qae jamais le Sei­
et s'engageait dans les cinq autres; ou comme si quelqu'un fuyait gneur ne sc met en colère, ne se veugc, n'a de la haine, ne damne,
un loup, CL tombai!. sous un tigre; ou comme si quelqu'un, sor­ ne punit, ne jelte dans l'enfer, ne tenle, que pal' conséquent ja­
tant cl'une f03se Oll il n'y a point d'eau, tombait dans une fosse mais il ne fait de mal à l'homme; j'ai tl'ès-souvent remarqué cette
pleine d'ean, oh il suait submergé; cal' 3insi il reviendrait facile­ transmutation et ce renversement dans le Monde Spirituel.
ment daus toutes les erreurs de la précédente foi, qui ont été ex­ 601. La raison elle-même convient que le Saigneur ne peut
posées ci-dessus, et alors dans cette eneu!' damnable de s'impute!' faire de mal à aucun homme, ni par conséquent lui imputer le
et de s'appliquer les Di\'ins mêmes du Seigneur, qui sont la Ré­ mal, car le Seigneur est l'Amour Même, la Misdl'icorde Même,
demption et la Justice, qu'on peut adore!' et non s'appliquer; car ainsi le Bien Même, et ces qualités appartiennent à sa Divine Es­
si l'homme se les imputait el se les appliquait, il serait consumé sence; c'est poul'quoi attribuer au Seigneur le mal ou quelque
comme s'il était jeté dans le soleil nu, dont cependant la lumière chose du mal, ce serait contraire à sa Divine Essence, et ainsi

IL.­
192 LA VRAIE RELIGION CHRÉTIENNE. .193
contradictoire, et ce serait aussi abominablc que de conjoindre le et ne 7'eçoit point mes paroles, il a qui le juqe, la ParoLe que
Seigneur a\'ec III diable, et le Ciel avec l'Enfer, quand cependant j'ai prononcée le jugera au de7'1'lie7'jour, » - Jean, XIL 47, 48.
« un gouffre immense a été établi entre eux, de sorte que ceux - (( Jésus dzt: Moi, je ne juge personne. » - Jean, vm. i5;
qui veulent tt'averser de celui-là ci celui-ci ne le peuvent, non - pal' le Jugement, ici et ailleurs dans la Parole, il est entendu
plus que de celui-ci à celui-là on ne peut passer. )) - Luc, le jugement pOUl' l'Enfer, c'est-à-dire, la damnation; mais à "é­
XVI. 26. - Un Ange du Ciel ne pent pas même faire du mal 3 ~ard de la salvation, il est dit la résul'rection à la vie, et non le
quelqu'un, parce que l'essence du bien provenant du Seigneur jugement, - Jeôln, V. 24, 29. III. 1() ; - par la Parole qui jUf;era,
est en lui; et vice versà un esprit de l'enfer ne peut faire que du il est entendu la Vérité, et la vérilé est qne lout mal vient de
mal il autrui, parce tlue la nalUl'e du mal provenant du diable est l'Enfer, et qu'ainsi le mal et l'Enfer sont un ; c'est pourquoi pen­
en lui; l'essence ou la nature que quelqu'un s'est appropriée dans dant que le méchant est élevé par le Seigneur vers le Ciel, son
le Monde ne peut pas être changée après la mort. Pense, je te mal l'entraîne en bas; et comme il aime le mal, il le suit lui-même
prie, quel serail le Seigoeur, s'il regardait les mécklnls Hec co­ de son piein gré: c'e:st 'lu5si une vérité dans la Parole, que le Bien
. 1ère et les hons avec clémence; il Y a des méchanls par myriades est le Ciel, c'est pourquoi pendant qLle le bon est élevé pal' le Sei­
de myriades, et des bons par myriades de myriades: et s'il sauvait gneur vers le Ciel, il monte lui-même comme de son plein gré, et
ceux-ci par grâce el damnait ceux-là par l'engeance, el considé­ il est introduit; les bons sont dits avoir été éCI'iIS dans le Livre de
rait les uns et les autres d'un œil si différent, doux et dur, pi­ vie, - Dan. XII. 1. Apoc. XrII. 8. XVII. 8. XXI. 2'7. - Il ya en ac­
toyable et impitoyable, que serait alors le Seigneur Dieu? Qui tualité une sphère par laquelle tous sont élevés vers le Ciel, ell e
est-ce qui n'a pas été instruit par les prédications dans les Temples, procède cOfltinuellement àu Seigncur, et rcnlplit tout le !\fonde
que tout bien, qui est en lui-même le bien, vient de Dieu, et qu'au spirituel et tout le Monde naturel; et elle est comme une forte
4

contraire tout mal, qui est en lui-même le mal, \'ient du diahle? veine dans l'Océan, qui, sans qu'on Je sache, entraine le navire;
Si donc quelque homme recevait ct le bien et le mal, le !Ji~l d'a­ tous ceux qui croient au Seigueur, et vivent selon ses préceptes,
près le Seigneur, et le mal d'après le diable, et l'un et l'autre pal' entrent dans ccttc sphère ou veine, et sont élevés; mais ceux qui
volonté, ne deviendrait-il pas ni froid ni chaud, et ne serait-il pas ne croient pas ne veulent pas y entrer; ils se rejetlent sur les
ce tiède, qui est vomi, selon les paroles du Seigneur dans l'Apo­ côtés, et ils y sont saisis par un torrent qui conduit à l'Enfer.
6~3. Qui ne sait que l'agneau ne peut agir que comme un
calypse? - Hl. Hi, 16.
652. Que le Seigneur impute le bien :1 toût homme, et n'im­ agnea u, et la brebis qlle commc ulle brebis; que d'un autre côté,
pute le mal :1 qui que ce soit, qu'ainsi il ne condamne personne le loup ne peut agir que comme un loup, et le tigre que comme un
à l'Enfer, mais élève vers le Ciel tous les hommes, en tallL que tigre? Si ces bêtes étaient mêlées ensemble, le loup ne dé\'ore­
l'homme le suit,on le voit par ses propres paroles: "Jésus dit: rait-il pas l'agneau, et le tigre la brebis? C'est pour cela qu'il y a
Quand j'aw'ai été élevé de la terre, tous les hommes j'attireraz des bergers pOUl' veillel'. Qui ne sait qu'une fontaine d'e:l.U douce
vers Moi. » - Jean, XII. 32. - « Dieu a envoyé son FiLs dans ne peut faire jaillir de sa source des caux amères, ct qu'un arbre
le Monde, non pou?' juge7'le Monde, mais pour que le Monde h on ne peut produire des fruits mauvais; que le cep ne peut pi­
soit sauvé pm' Lui; celui qui croit en Ltti n'est point jugé, mais quer commf\ l'épine, la tleur de lis causer IIne douleur vive comme
celui qui ne croit point ct déjà été juqé. Il - Jean, Ill. 17, 18, l'ortie, ni l'hyacinthe déchirer comme le chardon? et vice versâ;
- « Si quelqu'un entend mes paroles et cependant ne c7'oit
c'est pourquoi ces mauvaises plantes SOllt arrachées des champs,
point, Moi, je ne le juqe point; car je suis venu non pour juger des vignes et des jardins, et sont jetées en monceaux dang le feu.
le Monde, mais POU7' sauver le Monde; celui qui Me méprise, 11 en est de même des méchants qui arrivent dans le Monde Spi-
Il. 13.
,....

194 LA VRA.IE
RELIGION CHHÊTIENNE i95
rituel, selon le3 paroles du Seigneur, - Mallh. XIII. 30. Jean, XV.
i'­ 655. D'après ces propositions, on peut voir que la foi en un
l'
6. - Le Seigneur a dit aussi ;lUX Juifs: «Race de vipères, com­ ~eul et vrai Dieu fait que le bien est le bien aussi dans la forme
ment pouvez-'vous de bonnes choses p7'ononcer, puisque méchants interne, et qu'au contraire la foi ell un faux Dieu fait que le bien
VOliS êtes? L'homme bon du bon lréS07' de son cœur tire de est Je bien seUlement dans la forme extel'ne, ce qui n'est pas le
bormes choses, et l'homme méchant de son mauvais trésor lire bien en lui-même; ainsi était autrefois la foi des gentils en Jupiter,
de mauvaises choses • .. - Mallil. XII. 34, 35. Junon et Apollon, celle dt:s Philistins en Dagon, et des autres en
Baal et Baalpéhor, celle de Biléam le Magicien en son Dieu, et celle
des Égyptiens en un grand nombre" de dieux. Il en est tout autre­
La Foi fait la sentence à l'éqm'd de ce avec quoi elle se conjoint; ment de la foi au Seig"neur, qui est le vrai Dieu et la vie étel'Oellej
si la vraie foi se conjoint avec le bien, la sentence est pOUl' selon Jean, - Épît. V. 2t ; - et en qui toute la plénitude de la
la vie éternelle; mais si la foi se conjoint avec le mal, la sen­ Divinité habite corporellement, selon Paul, - Épit. Coloss. II. 9.
tence est pow' la mort étemelle. - Qu'est-ce que la. foi en Dieu, sinon l'aspect et par suite la pré­
sence de Dieu, et en même temps la confiance qu'il aide? et qu'est­
654. Le:; œuvres de la charité qui sont faites par le chrétien, et ce que c'est que la vraie foi, sinon la foi au vrai Dieu et en même
celles qui sont faites par le païen, se présentent semhlables dans la temps la confiance que tout bien vient de Lui, et qu'il fait que son
forme externe; car l'un, de même que l'autre, fail li l'égard du con­ bien devient salvifique? C'est poux:quoi, si cette foi se conjoint avec
citoyen les biens de la civilité et de la moralité, qui eu partie sont le bien, la sentence est pour la vie éternelle; il en est tout autre­
semhlables aux biens de la charité à l'égard du prochaiR ; et même ment si elle rre se conjoint pas avec le bien, el à plus forte raison
ils peuvent, l'un comme l'autre, donner aux pauvres, secourir les si elle se conjoinf avec le mal.
• indigents, et entendre les instructions dans les temples; mais qui 606. Quelle est la conjonction de la charité et de la foi chez
IL
est-ce qui peut par là juger si ces biens externes sont semblables ceux qui croient en trois Dieux, et cependant disent croire en un
dans la forme interne, ou si ces biens naturels sont aussi spiri­ J seul, cela a été montré ci-dessus, à savoil', que la charité se con­
tuels! Sur ce point, on ne peut conclure que d'après la foi, car la joint avec la foi seulement dans l'homme externe-naturel; et cela,
foi les qualifie; en effet, la foi fait que Dieu est dans ces biens et parce que SOIl mental est dans l'idée de trois Dieux, et que sa bou­
les conjoint avec lui dans l'homme interne, d'où il arrive que les 1\ che est dans la confesiion d'un seul Dieu; si done le mental s'in­
biens naturels deviennent intérieurement spirituels. Qu'il en soit fusait à J'instant même dans la confession de la bouche, il chas­
ainsi, on peut le voir plus pleinement dans le Chapitre SUI' la Foi, serait l'énonciation d'un seul Dieu et il ouvrirait les lèvres et en
où sont démontrées les propositions suivantes: La Foi ne vit pas ferait sortir ses trois Dieux.
avant d'avoir été conjointe à la charité. La charité devient spi­ 657. Que le mal et la foi en un seul et vrai Dieu ne puissent
rituelle par la foi, et la loi devient spirituelle par la charité. être ensembJe, chacun d'après la raison peut le ,'oir, car le mal
La foi sans la charité, parce qu'elle n'est pas spirituelle, n'est e~1. contre Dieu, et la foi est pour Dieu; or le mal appartient à la,
point la foi,. et la chm·ité sans la foi, parce qu'elle ne vit pas, volonté, et la foi à l'entendement, et la volonté influe dans l'en­
n'est point la charité. La foi et la charité s'appliquent et se con­ tendement et le fait penser, mais non vice versd,. l'entendement
joignent mutuellement et réciproquement. Le Seigneur, la Cha·; enseigne seulement ce qu'il faut vouloir etce qu'il faut faire; c'est
\1
rité et la Foi font un, comme la vie, la volonté et fentende. 1 pourquoi le bien, qu'un tel homme fait, est en lui-même le mal;
ment,. et, s'ils sont divisés, chacun est perdu, comme une perle c'est comme un os brillant dont la moelle est pourrie; c'est comme
réduite en poudre. sur le théâtre un histrion qui représente un grand personnage;
i96 LA VRAIE
c'est comme le visage gracieux d'une prostituée surannée; c'est
RELIGION CHRÉTlE:\fNE. i91
comme un papillon aux ailes argentées qui dépose ses œufs sur elle n'est pas dans une forme, de même la volonté n'est rien si
les feuilles d'un bon arbre, ce q~i cause plus tard la perte de tout elle n'est pas dans l'entendement; c'est pourquoi la volonté se
son fruit; c'est comme la fumée odoriféraute provenant d'une forme dans l'entendement, et ainsi se produit dans la lumière.
herbe empoisonnée; entln, c'est comme un brigand moral, et un 4°. L'Amour dans la volonté est la fin, et dans l'entendement il
délateur pieux: c'est pourquoi son bien, qui en lui-même est le cherche et trou\'e les causes par lesquelles il s'a\'ance vers l'effet;
mal, est intérieurement dans la chambre, tandis que sa foi, qui et comme la fin est ce qu'on se propose et ce qu'on a en intention,
marche et résonne dans le véstibule, est une pure chimère, un elle est aussi ce que se propose la volonté, et par l'intention elle
fantôme et une bulle de sa\'on. D'après cela on voit clairement la entre dans l'entendement, et le pousse :\ tourner et retourner les
vérité de celle proposition, que la foi fait la sentence à l'égard du moyens, et à conclure des choses qui tendent aux effets, 5° Tout
bien ou du mal, qui lui est conjoint. propre de l'homme est dans la volonté, et ce propre est le mal par
la première naissance, et devient le bien par la seconde; la pre­
mière naissance vient des parents, mais la seconde vient du Sei­
La Pensée n'est imputée à personne, mais la Volonté est gneur. D'après cet exposé sommaire on peut voir que, autre est
imputée. la propriété de la Volonté, et autre celle de l'Entendement, et que
par création elles ont été conjointes cOlIlme l'être et l'exister; qne
6()l{, Tout homme Érudit sait qu'il y a deux facullés ou deux p3r conséquent l'homme est homme en premier lieu par la vo­
parties du Mental, la Volonté et l'Entendement, mais il en est peu lonté, et en second lieu par l'entendement; de là vient qu'à
qui sachent avec justesse les discerner, en ,examiner séparément l'homme est impùtée la volonté, mais non la pensée, par consé­
les propriétés, et ensuite les conjoindre; ceux qui ne le peuvent quent le mal et le bien, parce que, comme il a été dit, leomal et
pas, ne peuvent non plus acquérir sur le mental qu'une notion le bien résident dans 13 volonté, et par suite dans la pensée de l'en­
très-obscure; si donc les propriélés que chacune de ces deux fa­ tendemen t.
cultés a pH elle-mème ne sont pas d'abord décrites, cette propo­ 6r59. S'il n'est imputé à l'homme aucun des maux qu'il pense,
sition, que la pensée n'est imputée à personne, mais que la volonté c'est parce que l'homme a été créé de telle manière, qu'il peut
est imputée, ne sera pas saisie, Les propriétés de l'une et de l'autre comprendre et par suite penser le bien ou le mal, le bien d'après
son t, en abrégé, celles-ci: 1° L'amour lui-même, et les choses qui le Seigneur, et le mal d'après l'Enfer, car il est dans le milieu, et il
appartiennent à l'amour, résident dans la volonté; la science, a la f'lCulté de choisir l'uu ou l'autre d'après le libre arbitl'e dans
l'intelligence et la sagesse résident dans l'entendement, et la vo­ les choses spirituelles, dont il a été traité en son lieu; et comme
lonté leur inspire son amour, ct produit la faveur et l'assentiment; il a la faculté de choisir avec liberté, il peut vouloir et ne pas vou­
il en résulte que tel est l'amour et par suite l'intelligence, tel est loir, et ce qu'i l veu t est reçu pa r la volon té et est approprié, mais ce
.l'homme, 2° De là résulte encore que tout bien, et aussi tout mal, qu'il ne veut pas n'est pas reçu et par conséquent n'est pas appro­
appartient 11 la volonté; en effet, tout ce qui procède de l'amour prié. Tous les maux vers, lesquels l'homme incline par naissance
est appelé bien, quand même ce serait le mal, car le plaisir qui ont été inscrits dans la volonté de son homme naturel; ces maux,
fait la viede l'amoUI' produit cela; la Volonté pal' ce plaisir entre en tant qu'il en tire de là, influent daus les pensées; de même les
dans l'entendement et produit le consentement. 3° La Volonté est biens avec les vrais y influent d'en haut par le Seigneur; et ils y
donc l'être ou l'essence de la vie de l'homme, et l'Entendement sont pesés comme des poids dans les plateaux d'une balance; si
~n est l'exister ou l'existence: et comme l'essence n'est rien si ~Iors l'homme adopte les maux, ils sont reçus par la volonté an­
cienne, et ils s'ajoutent aux maux de celte volonté; mais s'il adopte
198 LA VRAIE RELIGION CHRÉTIENNE. i99
les LJier,s avec les vrais, il est formé par le Seigneul' une nouvelle au formel qne ce qu'il tire de l'essentiel, ainsi on impute à celui·ci et
volonté et un nouvel ~ntendement au-dessus de la volonté an­ nonà celui-là.
cienne, et le Seigneur y implante successivement de nouveaux '" '" .. .
biens par des vrais, et par ceux-ci il subjugue les maux qui sont 66L Aux' explications de ce chapitre j'ajouter:.i ces ~1Ê~IORA­
au-dessous et les éloigne, et il dispose Lou tes choses dans l'ordre, BLES: PREMIER l\IÉMORABLE, Dans la Plage septentrionale supé­
D'après cela, il est encore évident que la pensée est ce qui purifie rieure près de J'Orient, dans le Monde Spirituel, il y a des lieux
et tamise les maux qui viennent des parents; si donc les maux d'instruction pour les enfants, il y cn a pour les jeunes hommes,
que l'homme pense étaient imputés, il ne pourrait être fait ni ré­ il y en a pour les homltJes adultes, et aussi pour les vieillards;
formation, ni régénération. tous ccux qui meurent dans leur enfance sont envoyés dans ces
660. Puisque Je bien appartient à la volonté et le \'rai à l'en.· lieux, et leur éducation se fait dans le Ciel; là aussi sont envoyés
tendement, et flue dans le Monde une multitude de choses cor­ lous ceUx qui al'l'ivent nouvellement du Monde, et qui désirent
respondent au bien, comme les fruits et les lisages, et que l'im­ des connaissances SUI' le Ciel et SUI' ['Enfer: cette Contrée est'prè~
putation elle-même co ....espond à l'estimation et an pr'ix, il s'en­ de l'Orient, afin que tous soient instruits par l'influx procédant du
suit que ce qui a été dit ici de J'imputation peuf être comparé Seigneur; car le Seigneul' est l'Orient, parce qu'il esll,;·dans le
avec toules les choses créées; car, ainsi qu'il a déjà été montré ç:l Soleil, qui pal' Lui est pur Amour; de là, la Chaleur de ce Soleil
et là, tout dans l'univers se réfère all bien et au vrai, et, dans un est dans son essence l'Amour, et la Lumière qui en procède est
autre sens, au mal et au faux, 'La comparaison peut donc ètre dans son essence la Sagesse; ces deux choses procédant de cc
faite avec l'Eglise, en ce qn'clle cst réputée i~glise d'après la cha­ Soleil sont inspirées par le Seigneur à ceux qui sont instruits, et
rité et la foi, et non d'après les rituels (Jui y sont adjoints La elles sont inspirées selon la réception, ct la réceplion est selon l'a­
comparaison pent aussi être faite avec un ministre de l'Église, mour d'être sage. Apr(:s le temps d'instruction, cellx qui sont de­
en ce qu'il est estimé d'après sa volon lé et son amour, et cn venus intelligents sont congédiés et sont appelés disciples du Sei­
même temps d'après son entendement dans les choses spirituelles, gneu!' ; ils sont d'abord envoyés de là dans l'Occident, et ceux qui
et non d'après son affabilité et son vêtEment. Il y a au~si compa­ ne reste pas dan;; ceite plage sont envoyés dans Je Midi, et quel­
raison avec le culte et le temple dans lequel il est fait; le culte ques-uns pal' le Midi dans l'Orient, et ils sont introduits dan s les
lui-même se f.lit dans la volonté, et dans l'entendement comme Sociétés où doivent être leul's demenres. Un jour, pendant que
dans son lemple, el le temple est appelé saint non d'après lui­ je méditais sur le Cie! et sur l'Enfer, je commençai à désirer
même, mais d'après le Divin qu'on y enseigne; il Y a' encore com­ une nniverselle connaissance sur l'état de l'un et de l'autre, sa­
paraison avec \111 Gouvernement, qni est a imé, quand le bien règne chant que celui qui connaît les universaux peul ensuite saisir les
et en même temps le vrai, mais non quand règne le l'rai sans Je singuliers, parce que ceux-ci sont dans ceux-là comme ùes parties
bien. Qui est-ce qui juge d'nn roi d'après ses gardes, ses chevaux sont dans le commun. Dans ce désir, je portai mes regards vers
et ses chars, et non d'après le Senlirne~t ROYOlI qu'on sait exister celle Contréc dans la plage septentrionale près de l'Orieut, oit
ea lui? le Sentiment Royal appartient à l'amonr et 11 la prudenc. étaient les Lienx J'instruction; et, par un chemin qui me fut alors
de gouverner. Dans un triomphe, qui esl-ce qui ne regarde pas le ouvert j'y allai, et j'entrai dans un Collége oil étaient de jeunes
Conquérant et d'après le conquérant là pompe, au lieu de juger hommes; et je m'adressai aux principaux Maîtres qui instrui­
du conquérant d'après la pompe? on juge donc d'après l'essentiel saient, et je leur demandai s'ils connaissaient des universaux sur
le formel, et non d'après le formel l'essentiel; la \'olouté est J'es­ le Ciel et SUI' l'Enfer; et ils répondirent: {( Nous en COllnaissons
sentiel, et la pensee est le formel; et personne ne peut imputer peu; mais si nous regardons du côté de l'Orient vers le Seigneur,
200 LA VRAIE RELIGION CHRÉTIENNE. 201
nous serons illustrés et nous saurons. » Et ils regardèrent du côté et le mal même est diamétralement contre le Sei~neur ; c'est pour-
de l'orient vers le Seigneur, et ils dirent: « Il y a trois Universaux quoi plus on fait de progrès dans ce mal, pluSeOn nie Dieu et les
de l'Enfer; mais les Universaux de l'Enfer sont diamétralement choses saintes de l'Eglise et plus on s'adore soi-même et la nature;
opposés aux Universaux du Ciel; les Universaux de l'Enfer sont que ceux qui sont dans ce mal examinent oela en eux, je les en
ces trois Amours: L'Amour de dominer d'après l'amour de soi; prie, et ils verront: cet amour aussi est tel que, autant on lui lâ-
l'Amour de posséder les biens des autres d'après l'amour du che les rênes, ce qui arrive lorsque l'impossible n'y fait pas ob-
monde; et l'Amour scortatoire: les Universaux du Ciel qui leur stacle, alitant il s'élance de degré en degre, et jusqu'an plus haut;
sont opposés sont ces trois amours: l'Amour de dominel' ct'après et il ne se borne pas là, mais s'il n'y a pas lin degré plus élevé, il
l'amour de ['usage; l'Amour de posséder les biens du monde d'a- se plaint et gémit. Cet amour, chez les Politiques, luonte au point
près l'amoUI' de faire des usages par ces biens; et l'Amour vrai- qu'ils voudraient être Rois et Empereurs; et, s'il était possible,
ment Conjugal. " Après ces paroles et un souhait de paix, je m'en dominer sur le monde entier, et être appelés rois des rois et empe-
allai et revins chez moi. LOl'sque je fus chez moi, il me fut dit du relll's des emperenrs ; et, chez les Ecclésiastiques, ce même Amour
Ciel: « Examine ces trois Universaux en dessus et en dessous, et monte à un tel point. qu'ils voudraient être des dieux, et en tant
ensuite. nous les verrons dans ta main. " JI m'était dit: ( Dans ta qu'il est possible, dominer sur le Ciel entier, et être appelés dieux.
main, 'l parce que toutes les choses que l'homme examine par Que ni les uns ni les autres ne reconnaissent de eœur aucun Dieu,
l'entendement apparaissent aux Anges comme inscrites dans les on le verra dans ('e qui suit. Mais, au contraire, ceux qui veulent
mains. C'est pour cela que, dans l'Apocalypse, il est dit recevoir dominer d'après l'amour des usages, veulent dominer non d'après
un Caractère sur le front et sur la main, - Chap. xm, 16. XIV. 9. eux-mêmes, mais d'après le Seigneur, parce que l'Amour des
XX. 4. usages vient du Seigneur, et est le Seigneur Lui-Même; ceux-ci
Aussitôt, j'examinai le Premier Amour universel de l'Enfer, qui ne regardent les dignités que comme des moyens pour faire des
était l'Amour de dominer d'après l'amour de soi, et ensuite l'A- usages; ils placent les usages bien au-dessus des dignités, tandis
mour universel dll Ciel, qui y correspond, c'est-à-dire, l'Amour de que les premiers placent les dignités bien au-dessus des usages.
nominer d'après l'amour des usages; en effet, il ne me fut pas Pendant que je méditais.sur ce sujet, il me fut dit par un Ange
permis d'examiner l'un de ces amours sans examiner l'autre, d'après le Seigneur:. Maintenant. tu vas voir, ct d'après la,vue
le

parce qne l'Entendement ne perçoit pas l'un sans l'autre, car ils tu te confirmeras quel est cet Amour infernal. " Et alors la terre
sont opposés; c'est pourquoi, pour que l'un et l'autre soient per- s'ouvrit tout-à-collp à gauche, et je vis monter de l'Enfer un dia-
çus ils doivent être placés en opposition, l'un contre l'autre; car ble la tête couverte d'un bonnet carré enfoncé sur le front jus-
un visage beau et régulier brille avec éclat quand on lui oppose un qu'aux yeux, la face pleine de puslules comme celles d'une fièvre
visage laid et difforme. Lorsque j'eus bien examiné l'Amour de ardente, les yeux hagards, la poitrine gonflée en rhomhe; de sa
dominer d'après l'amour de soi, il me fut dOllllé de percevoir que bouche il lançait de la fumée comme une fournaise, ses lombes
cet Amour était infernal au suprême degré, et par suite chez ceux étaient entièrement i~nés; au lieu de pieds il avait des talons os-
qui sont dans l'Enfer le plus profond; et que l'Amour de dominer seux sans chair, et de son corps s'exhalait une chaleur infecte et
d'après l'amour des usages était céleste au suprême degré, et par immonde. A sa rue je fus effrayé, et je lui criai: N'approche
l(

suite chez ceux qui sont dans le Ciel suprême. Si l'Amour de do- point; dis-moi d'où tu es. " Et il répolldit d'une voix ranque: « Je
miner d'après l'amour de soi est infernal au suprême degré, c'est suis des enfers, et j'y demellre avec deux cellts autres dans une
parce que dominer d'après l'amour de soi, c'est dominer d'après Société, qui est la plus éminente de taules les sociétés; là, nous
le propre; or le pl'opre de l'homme est par naissance le mal même, sommes tous empereurs des empereurs, rois des rois, ducs des
202 LA VRAIE RELIGION CHRÉTIENNE. 203
ducs, et princes des princes; nul n'y est simplement empereur, Il répondit: « Que dirai-je? tout pouvoir sur le Ciel et sur l'Enfer
simplement roi, duc, prince; nous y sommes assis sur les trônes est à moi; le sort de loutes les âmes est dans ma main. » Je lui
des trônes, et de là nous envoyons nos ordres sur tout le globe, demandai de nouveau: Comment celui-ci, qui est empereur des
lC

et au-delà. " Alors je lui dis: « Ne vois-lu pas que la fanlaisie de empereurs; peut-il ainsi sc soumettre? Et toi, comment penx-tu
la prééminence le fait déraisonner? .. et il me répondit: « Comment recevoir son adoration? ".Il rép9udil: II C'est néanmoins mon ser­
peux-tu parler ainsi? car nous nous voyons nous-mêmes tels, et viteur; qu'est-ce qu'un empereur devant un Dieu? j'ai dans ma

nous sommes aussi reconnus tels par nos compagnons. » A cette . droite la foudre d'excommunication, " Et alors je lui dis: « Com­

réponse, je ne voulus pas lui dire de nouveau: Tu déraisonnes; ment peux-tu déraisonner ainsi; dans le l\Ionde tu n'étais qu'un

parce que la fantaisie le faisait dilraisonner: et il me fut donné de chanoine; et parce que tll :lS été tourmenté de la fantaisie que tu

connaltre que ce diable, quand il vivait dans le mOllde, avait seule­ avais les clefs, et par suite le pouvoi\" de lier ct de délier, tu as

ment été intendant d'une maison, et qu'alors il s'était enorgueilli porté ton esprit à un tcl degré de folie, que maintenant tu crois

en son esprit au point ~u'it méprisait tont le genre humain en être Dieu même. " Lndigné de ces paroles, il jura qu'il l'était, et

]e comparant à lili-même, et se complaisait dans la fantaisie qu'il que le Seigneur n'a aucun pouvoir dans le Ciel; car, » ajouta­

lC

était plus capable qu'un roi, et même plus capable qu'un empe­ t-il, « il a transporté tout pouvoir en nous; nous n'avons qu'il com­
reur; d'après cet orgueil il avait nié Dieu, et consirléré toutes les mander, et le Ciel et l'Enfer obéissent respectueusement; si nous
choses saintes de t'Église comme rien pour lui, mais comme de envoyons lJuel~u'un dans l'enfer, les diables aussitôt le reçoivent;
quelque ntilité pour la stupide populace, enfin je lUI dis: « Vous, de même les Anges rcçoii'cnt celui que nous envoyons dans le
qui êtr.s I~ deux cents, combien de temps vous glorifierez-vous Ciel. " Ensuite je lui deillaudai: "Combien ètcs-vons dans votre
ainsi entre vons? » il dit: « Eternellement; mais ceux de nOliS société? " Il dit: « Trois cents; et tous, là, nous sommes dieux;
Clui tonrmentenL les autres, parce qu'ils uient notre prééminence, mais moi, je suis le. dieu des dieux. » Après cela, la terre s'ouvril
sont engloutis; Cal' il nous est permis de 1I0US glorifier, mais non sous les pieds de l'un et de l'autre, et ils tombèrent profondément
,de faire du mal à qui que ce soil. » .Je lui fis encore ceLle question: dans leurs enfers; et il Ille fut donné de \oir que sous leurs en­
« Sais-tu quel est le sort de ceux qui sont engloutis? » Il me répon­ fers il y avait des prisons oil tombaient ceux qni font ÙU mal aux
rI
dit: .. Ils tombent dans une sorte de prison, où ils sont appelés , autl'es; en enet, dans ["enfer la fanlaisie de chacun lui est laissée,
plus vils qlle les vi/s, ou les plus l'ils; et ils travaillent. " Alors je et mêmc la manie de s'en ~Iorifier, mais il n'est pas permis de faire
dis il ce di:lble: .. Prends clonc garde, toi, d'être aussi englouti. » du mal il autrui: si là ils sont tels, c'est parce qu'alors l'homme
Après cela, la lene s'ouvrit de nouveau, mais il droite; et je est dans son esprit, et que l'esprit, après a\'oir été séparé du corps,
vis mon 1er nn aut're diable, sur la tête duquel il y aVilit une sorte vient dans la pleine liberté d'agir selon ses :Jtl'ections et selon les
de Tiare entourée des replis (l'une espèce de couleuvre dont la pensées qui en proviennent. Ensuite il l\1e fut donné. de regnrdel'
tête brillait au sommet; sa face était couverte de lèpre depuis le dans leurs enfers; et l'enfer oil étaient les empereurs des empe­
front jusqu'au menton, el aussi l'nne et l'autre main; ses lombes reurs et les rois des rois était rempli de choses immondes, et
étaient nus et noil'~tres comme dc la suie, au travers de laquelle ceux qui l'habitaieut me parurent comme diverses bêtes féroces,
a passé 10 feu ~ombre d'nn foyer, et Jes talons de ses pieds élaient :lUX yeux menaçants: de même dans l'autre enfer oit étaient les
comme deux vipères: le premier diable l'ayant aperçu se jeta à dieux et le dieu des diéux, et dans celui-ci je vis voler autour
{;enoux et l'adora: je lui demandai: " Pourquoi fais-tu cela? " Il d'eux de féroces oiseaux de nuit. qui sont appelés ochim et ijim:
dit: " Celui-là est le Dieu du ciel et de 1.1 terre, et il est tout-puis­ c'est ainsi que les images de leurs fantaisies m'étaient représen­
sant. » Et alors je dis à l'autre diable: " Toi, que dis-tu à cela?» lées. Par là je vis clairement quel est l'Amour de soi chez les Po­

j1~
RELIGION CHRÉTIENNE. 205
204 LA VRAIE
de l'amour de l'usage; et ils continuèrent en disant: « Les digni­
litiques, et quel est l'Amour de soi chez les Ecclésiastiques; que tés dans lesquelles nous sommes, nous les avons ambitionnées,
celui-ci consiste à vouloir être des dieux, et celui-là à vouloir être il est vrai, mais ce n'a été pour aucune autre fin qne de pouvoir
des empereurs, et que c'est ainsi qu'ils veulent, et il cela qu'ils faire plus pleinement des usages et de les étendre plus largement;
aspirent, en tant que les freins sont lâchés à ces amours. et même nous"sommes environnés d'honneur, et nous l'acceptons,
Après avoir vu ces tristes et hideux spectacles, je portai me:; non pour nous, mais pour le bien de la société; car nos confrères
regards autour de moi, et je vis non loin de moi deux Anges de­ et consociés qui sont d'entre la foule savent à peine autre chose,
bont et conversant ensemble; l'un était vêlu d'ur.e robe de laine sinon qne les honneurs de nos dignités sont en nous, et qu'en
resplend:ssante d'une couleur pourpre enflammée, et avait sous conséquence les lisages que nous faisons sont de nous; mais nous,
celle robe une tUllique de lin d'une blancheur éblouissante; l'autre nous sentons autrement, nous sentons que les honneurs des digni­
avait de semblables vêtements en écarlate, avec Hne tiare, dont tés sont hors de nous, cl qu'ils sont comme des habits dont nous
le côté droit était enrichi de quelques escarboucles; je m'appro­ sommes revêtus, mais que les usages que nous remplissons procè­
chai d'eux, et leur donnai le salut de pai~ ; et je leur fis d'un tori dent de l'amour des useges en nous par Je Seigneur; et cet amour
respectueux celte question: « Pourquoi êtes-vous ici en bas? » Et reçoit sa béatitude de la communication avec d'autres au moyen
ils répondirent: "Nous sommes descendus du Ciel ici par l'ordre des usag'es; et nous savons par l'expérience, qu'autant nous fai­
du Seigneur, pour nous entretenir avec toi sur le sort heureux de sons les usages d'après l'amour des lisages, alitant cet amour s'ac­
ceux qui veulent dominer d'après l'amour des usages; nous, nOLIS croit, el avec l'amour la sagesse d'après laquelle se fait la commu­
sommes des adorateurs du Seigneur ; moi, Prince d'une Société; nication; mais qu'autant nous retenons en nOlls les usa~es ct ne
lui, Grand-Prêtre de la même société. Et le Prince dit qu'il était
Il
les communiquons pas, aulant [lét'it la béatitude; et alors l'usage
le serviteur de sa société, parce qu'il la servait en faisant des devient comme un aliment renfermé dans ['estomac, et qui, ne
lisages; etl'alltre dit qu'il y était ministre de l'Église, parce qn'il s'étant pas ùispersé çà et là, ne nourrit ni le corps ni les parties
sel'vait ses consociés en leur faisant connaître les choses saintes du corps, mais reste sans être digéré, d'où résulte le vomissement:
pOUl' les usages de leurs âmes; qu'ils étaient tous deux dans de en un mot, tout le ciel n'est que le contenant de l'usage depuis
perpétuelles joies provenant de la félicité éternelle qui est cn eux ses premiers jusqu'à ses derniers: Qu'est-ce que l'usage, si ce
par le Seigneur; et que dans celle société tout est resplendissant n'est l'amour actuel du prochain? et qu'est-ce qui maintient les
et magnifique, resplendissant par l'or et par les pierres précienses, cieux, si ce n'est cet amour? » Après avoir enlendu ces explica­
et magnifique par les palais et par les paradis; et ils ajoutèrent: tions, je leur fis celle question: « Comment quelqu'un peut-il
ft Cela vient de ce que notre amour de dominer procède, non de savoir s'il fait les usages d'après l'amour de soi, ou d'après J'amour
l'amour de soi, mais de l'amour des usages; et comme l'amour des des usages? tout homme, sl)it bon, soit méchant, fait des usages,
usages vient du Seigneur, c'est pour cela que lous les hons usages et il fait des usages ,d'après un amour; qu'on suppose que dans le
dans les cieux resplendissent et brillent avec éclat; et comme Monde il y ait une Société entièrement composée de diables, et
<Jans notre société nous sommes tous dans cet amour, c'est pour une Société entièremeut composée d'Anges; et je crois que les
cela que l'atmosphère y apparaît de couleur d'or d'après la lu­ diahles, dans Jeur sociélé, feront d'après le feu de l'amour de soi,
mière qui là lient de l'enllammé du Soleil, et l'enflammé du So­ et d'après la splendeur de leur ~Ioire, autant d'usages que les An­
leil correspond à cet amour. Après qu'ils eurent prononcé ces
1)
ges dans la leur; qui donc peut savoil' de quel Amour et de quelle
paroles, je vis aussi autour d'eux IIne semblable sphère, el je sen­ origine proviennent les usages?" A cela les deux Anges répondi­
tis une odeur aromatique qui en sortait; je le leur dis mèrne, et rent: cc Les diables font les usages pour eux-nlêmes et pour la
e les priai d'ajouter quelque chose de plus à ce qu'ils avaient dit
III
l,
1

206 LA VRAIE RELIGION CHRÉTIENNE. 207


réputation, afin d'être élevés aux honneurs, ou d'acquérir des ri­ cO!lroite les honneurs et les richesses, ou la prééminence et l'o­
chesses; mais les Anges font les usages, non pOUl' de tels motifs, pulence; et il n'acquiert ni l'une ni l'autre, à moins qu'il ne se
mais pour les usages d'après l'amour des usages; l'homme ne peut montre moral ct spirituel, par conséquent intelligent et sage; et
discerner ces usages, mais Ir. Seigneur lcs dicerne ; quiconque il apprend dès l'enfance à se montrer ainsi; c'est là cè qui fait
croit au Seigneur, et fuit les maux comme péchés, fait les lisages que, dès qu'il vient parmi les hommes ou qu'il entre dans la so­
d'après le Seigneur; mais quiconque ne croit pas au Seigneur, et ciété, il retourne son esprit et l'éloigne de la convoitise; il parle
ne fuit pas les maux comme péchés, fait les usages d'après soi­ et agit d'après les choses décentes et honnêtes qu'il a apprises
même et pour soi-même: c'est là la distinction entre les usages faits dès l'enfance, et qu'il retient dans la mémoire du corps; et il
par les diables et les usages faits par les Anges. » Les deux Anges, prend surtout garde qu'il ne se manifeste rien de la folie de la
ayant ainsi parlé, s'en allèrent; et de loin ils furent VIlS portés sur convoitise dans laquelle est son esprit: de là tout homme, qui
un char de feu comme Élie, et enlevés dans Jeur Ciel. n'est pas intérieurement conduit par le Seigneur, est dissimulé,
662. SECONll l\fÉMORABLE. Après un certain espace de temps, trompeur, hypocrite, ainsi homme en apparence, et non homme
j'entrai dans lin Bois, et je m'y promenai en méditant sur ceux cependant; on peut dire de lui que son écorce ou son corps est
qui sont dans la convoitise et par suite dans la phantaisie de possé­ sage, et que son noyau ou son esprit est fou; que son externe est
der les choses qui sont du monde; et alors 11 quelque distance de d'un homme, et que son interne est d'une bête; de lels hommes
moi je vis deux Anges qui causaient ensemble et parfois me re­ regardent par l'occiput en haut, et par le sinciput en bas; ainsi,
gardaient; c'est pourquoi je m'approchai pIns près, et tandis que ils marchent la tête penchée en avant, et le visage incliné vers la
je m'approchais ils m'adressèrent la parole, en disant: « Nous terre, comme ceux qui sont en proie à un violent mal de tête;
avons perçu en nous que tu médite:; sur UII sujet dont nous nous quand ils se dépouillent du corps et deviennent esprits, el qu'alors
entretenons, ou que nous nous entretenons d'un sujet sur lequel ils sont affl'anehis, ils deviennent les folies de leur convoitise; car
tu médites, ce qui provient d'une communication réciproque des ceux qui sont dans l'amour de soi désirent ardemment dominer
affections. "En conséquence, je leur demandai de quoi ils par­ sur l'univers, et même en étendre les limites, afin de rendre plus
laient; ils répondirent: « De la Phantaisie, de la Convoitise et de ~rande la domination, ils ne voient jamais de bornes; ceux qui
l'Intelligence, et pour le moment mêüle, de ceux qui se délectent sont dans l'amour du monde désirent ardemment posséder tout
de la vision et de l'imagination de posséder toutes les choses du ce qu'il renferme, et ils sont en proie au chagrin et à l'envie, s'il
Monde. » Et alors je les priai de meUre en évidence leur mental ya des des trésors renfermés chez d'autres; de peur donc que ceux
sur ces trois sujets, la Convoitise, la Phantaisie et l'Intelligence; qui sont tels ne deviennent purement des convoitises, et ainsi
et aYint commencé à parler, ils dirent: (1 Chacun est dans la Con­ ne cessent d'être hommes, il leur est donné dans le Monde spiri­
voitise intérieurement par naissance, mais dans l'Intelligence tuel de penser d'aprés la crainte de la perte de la réputation, et
extérieurement par éducation; et personne n'est dans l'Intelli­ par conséquent de la perte de l'honneur et du gain, comme aussi
gence, ni à plus forte raison dans la Sagesse, intérieurement, d'après la crainte de la loi et de la peine qu'elle inflige; el il leur
ainsi quant à l'esprit, à moins que ce ne soit par le Seigneur; car est anssi donné d'appliquer leur mental à quelque ét,ude ou à
tout homme est détourné de la convoitise du mal, et tenu dans quelque ouvrage, par lesquels ils sont tenus dans les externe~ et.
l'intelligence, selon qu'il regarde vers le Sèigneur, et en même ainsi dans un état d'iIitelligence, quoiqu'ils soient intérieurement
temps selon la conjonction avec le Seigneur; sans cela l'homme dans le délire et dans la folie. 1) Ensuite, je leur demandai si tous
n'est que convoitise; mais néanmoins dans les externes, ou quant ceux qui sont dans la convoitise, sont aussi dans sa phan taisie ; ils
au corps, il est dans lïntelligence par éducation; en effet, l'homme répondirent que tians la phantaisie de leur convoitise sont ceux
208 LA VRAIE
qui pensent intérieurement en eux-mêmes, el qui se livrent trop RELIGION CHRÉTIENNE. 209
à leur il\lagination en parlant avec eux-mêmes; car ils séparent nous nous tînmes debout au milieu d'eux, et nous dîmes: li CI'oyez­
presque leur esprit du lien avec le corps, et ils inondent leur en­ VOliS posséder toutes les richesses du Royaume? »Et ils répon­
tendement de visions, et s'en réjouissent follement comme s'ils dirent: Nous les possédons. "Ensuite nous leur demandâmes:
M

possédaient l'univers; dans ce délire est plongé aprés la mort .. .Qui d'entre vous?" Ils dirent: Chacun." Etnousdîmes: «Com­
ft

l'homme qui a détaché du corps son esprit, et n'a pas voulu aban­ ment 7 chacun! n'êtes-vous pas en grand nombre? .. Ils répondirent:
donner le délice de son délire, en pensant d'après la religion quel­ li Chacun de nous sait qne tout ce qu'il a est à moi; il n'est permis à

que chose sur les maux et les faux, et en ne pensant point du aucun de penser, et encore moins de dire: Ce qui est à moi n'est
tout, au sujet de ['amour effréné de soi, qu'il est destructif de pas à toi; mais il est permis de penser et de dire: Ce qui est à toi
l'amour envers le Seigneur, et au sujet de l'amour effréné du est à moi. » Les pièces de monnaie sur les Tables appar'lissaient
monde, qu'il est destructif de l'amour à l'égard du prochain. comme J'or pur, même devant nous; mais quand nous eùmes fait
Après cela, il survint aux deux Anges et aussi à moi un désir tombel' sur elles la lumière venant de l'orient, c'étaient de petits
de voir ceux qui sont d'après l'amour du monde dans la convoi­ grains d'or, qu'ils rendaient ainsi plus gros par la réunion de la
tise visionnaire ou pliantaisie de posséder toutes les richesses; et phantaisie commune; ils disaient qu'il faut que chacun de ceux qui
nous perçumes que ce désir nous était inspiré afin qu'ils fussent entrent, apporte avec lui un peu d'or, qu'ils coupent en petits mor­
connus: Leurs Domiciles étaient sous la terre où se trouvaient nos ceaux, et les petits morceaux en petits grains, et par la force una­
pieds, mais au-dessus de l'enfer; c'est pourquoi nous nous regar­ nime de la phantaisie ils les étendent en pièces de monnaie du plus
dàmes réciproquement, el nous dîmes: ~ Allons. " Et nous vimes grand module: et a10l's nous dîmes: « Est-ce que vous n' 0tes pas
une ouverture, et là un escalier par lequel nous descendîmes ; el nés hommes raisonnables? J'où vous vient cette folie visionnairo? »
il nOliS fut dit qu'il fallait les aborder par l'orient, afin de ne point Ils dirent: « Nous savons que c'est une vanité imaginaire; mais
entrer dans le brouillard de leur phantaisie, et de n'être point plon­ eom me elle fait le plaisir des intérieurs de notre mental, nous en.
gés dans l'ombre quant à l'entendement et en même temps quant trons ici, et nous y trouvons des délices comme si nous possé­
à la vue; et voici, nous vîmes une Maison construite en roseaux 7 dions tout; cependant nous n'y restons que quelques heure&. après
.. insi pleine de fentes, au milieu d~un brouillard qui, comme une lesquelles nous sortons, et chaque fois alors le bon sens nous re­
fumée, effiuait continuellement par des fentes sur trois côtés du vient; mais néanmoins notre amusement visionnaire revient al­
bâtiment; nous entrâmes et vîmes cinqnante personnages d'un ternativement, et fait que successivement nous rentrons et res­
côté, et cinquante de l'autre, assis sur des bancs; et, tOUl'llant le sortons; ainsi, nous sommes alternativement sages et fous. Nons
dos à l'Orient et au Midi, ils regardaient vers l'occident et vers le savons aussi qu'un sort cruel attend ceux qui par ruse enlèvent
septentrion; devant chacun d'eux il y avait une table, et sur la aux autres lenrs biens. " NOliS leur demandâmes quel était ce sort;
table des bourses étendues, et autour des bourses une grande ils dirent: (1 Ils sont engloutis, et sont jetés nus dans une prison
quantîlê de pièces d'or; ct nous leur dîmes: « Sont·ce là les ri­ infernale, olt ils sont obligés de travailler pour le vêtement et
chesses de tous les habitants du Monde?») Et ils répondirent: pour la nourriture, et dans la suite pour quelques petites pièces
" Non pas de tous les habitants du Monde, mais de tous ceux du de monnaie, dans lesquelles ils mettent la joie de leur cœur; mais
Royaume. " Le son de leur voix était sifflant; eux-mêmes appa­ s'ils font du mal à leurs compagnons, il faut qu'ils donnent une
raissaient avec lIne face ronde, qui reluisait comme la coquille partie de cette monnaie pout amende. »
d'un limaçon; et la pupille de l'œil, dans un plan ,ert, lançait 663. TROiSiÈME MEMORABLE. Un jour, je me trouvai al! milieu
comme des éclairs, ce qui provenait de la lumière de la phantaisie; des Anges, et j'entendis leur convcrsation; leur conversation était
sur l'Intelligence et SUl' la Sagesse; ils disaient que l'homme ne
Il !4
r

2iO LA VRAIE RELIGION CHRÉTIENNE. 2ft


sent et ne perçoit pas autrement, si ce n'est qu'elles sont l'une et et ils se cùnfirmaient. Il y a cela de particulier dans le Monde spi­
l'autre en lui, et qu'ainsi tout cequ'il veut et pense vieot de lui, rituel, c'est que l'Esprit s'imagine être le personnage dont il a
1
tandis que cependant de l'homme il ne vient pas la moindre chose sur lui le vêtement, par la l'aison que là l'entendement revêt cha­
de l'intelligence et de la sagesse, il n'a que la faculté de les rece­ cun. En ce moment il apparut un Arbre aupl'ès d'eux, et il leur
'1 voir; entre plusieurs autres choses qu'ils dirent, se trouvait aussi fut dit; C'est l'Arbre de la science du bien et dl! mal; gardez­
(1

celle-ci, que l'Arbre de la science du bien et du mal dans le Jar­ vous d'en manger. Il Mais eux, infatués de la propre intelligence,
din d'Éden signifiait la foi que l'Intelligence et la Sagesse venaient brûlaient du désir d'en manger; et ils se disaient entre eux: « Pour­
de l'homme; et que l'Arbre de vie signifiait la foi que l'Intelli­ quoi non 7 n'est-ce pas un bon fruit? Il Et il s'approchèrent et en
gence et la Sagesse venaient de Dieu; et qu'Adam, à la persuasion mangèrent. Après que le Diplomate ('eut remarqué, ils se réuni­
du serpent, ayant mangé du premier arbre, croyant ainsi qu'il rent et devinrent amis de cœur, et ils prirent ensemble, en se te­
était ou deviendrait comme Dieu, c'était pour cela qu;il avait été Dant par les mains, le chemin de la propre intelligence, qui con­
chassé du Jardin et condamné. Pendant que les Anges s'entrete­ duisait en Enfer; mais néanmoins je les ell vis revenir, parce qu'ils
naient de ce sujet, il vint deux Prêtres avec un Homrr.e qui dans n'éta·ient pas encore préparés.
le Monde avait été Ambassadeur d'un Roi, et je leu!' racontai ce 664. QUATllIÈME MÉMORABLE. Un jOlJr, je portai mes regards
que j'avais entendu dire par les Anges sur l'Intelligence el sur la [: dans le Monde spirituel à droite, et j'aperçus quelques-uns des
Sagesse. Dès qu'ils eurent entendu ce que je leur rapportais, ils Éws qui conversaient ensemble, et je m'approchai d'eux, et je dis:
se mirent à discuter tous trois sur l'une et sur l'autre, et aussi « Je vous ai vus de loin, it autour de vous une sphère de lumière
sur la Prudence, afin de décider si elles venaient de Dieu oa de céleste, ee qui m'a fait connaitre que vous êtes de ceux qui dans
l'homme; la discussion était vive; tous les trois croyaient égale­ la Parole son t appelés Élus; en conséquence je me suis approché
ment qu'elles viennent de l'homme, parce que la sensation elle­ pour entendre ce que vous dites de céleste entre vous." Et ils
même et par suiLe la perception le confirment; mais les Prêtres, répondirent; Il Pourquoi nous appelles-tu Élus? " Et je répliquai:
qui étaient alors dans le zèle théologique, soutenaient que rien « Parce que dans le Monde, où je suis de corps, on ne sait autre

de l'Intelligence ni de la Sagesse, et p~r suiLe rien de la Prudence, chose, SInon que par les Élus dans la Parole il est entendu ceux
ne venait de l'homme; et ils confirmaient cela par ce passage dans qui avant d'être nés, 011 après qu'ils sont nés, sont choisis et pré­
la Parole: Un homme ne peut prendre ?'ien, à moins qu'il ne destinés par Dieu pour le Ciel, et qu'à eux seuls est donnée la Foi
lui ait été donné du Ciel. » - Jean, III. 27 ; - et par celui-ci: comme marque d'Élection, et que tous les au tres son t réprouvés
(1 Jésus dit aux disciples: Sans moi vous ne pouvez l'aire rien. » et abandonnés il eux-mêmes afin qu'ils aillent, par le chemin qu'ils
- Jean, Xv. 1) ; - mais comme les Anges avaient perçu que, voudront, vers J'Enfer; et moi, cependant, je sais qu'il n'y a aucune
quoique les Prêtres parlassent ainsi, ils avaient néanmoins de Élection avant la naissance, ni après la naissance, mais que tous
cœur la même croyance que le Diplomate, ils leul' dirent: «( Otez sont élus et prédestinés pour le Ciel, parce que tous ont été appe­
"OS vêtements, et prenez des vêlements de MinisLres Politiques, lés, et que le Seigneur après la mort choisit ceux qui ont bien
et croyez que vous êtes ces Ministres. » Et ils firent ainsi; et alors vécu et sainemenl cru, et ceux-ci, il les choisit après qu'ils ont été
ils pensèrent d'après leul' intérieur, et ils parlèrent d'après les ar­ examinés: que cela soit ainsi, c'est ce qu'il m'a élé donné de sa­
gumen ts qu'ils avaient intérieuremen t cmbrassés, lesq uels étaien t, voir pal' un grand nombre d'expériences; et comme je vous ai VilS
qne louLe sagessc et tonle intelligence babilent dans l'hommc. et la Lête ceinte d'une sphère àe lumière céleste, j'ai perçu que vous
qu'elles lui appartiennent, disant: ,. Qui est-ce qui a jamais senti étiez du nombre des Élus qui sont pl'éparés pour le Ciel. » A cela
qu'clics aient influé de Dieu'? " Et ils se regarJaient ll1utuellement 7 ils répondirent: « Tu rapportes là des choses que nous n'avions

-~
212 LA VRAIE RELIGION CHRÉTIENNE. 2i3
jamais entendues auparavant; qui ne sait qu'il ne nait aucun rent, l'un après l'autrtJ, à celle question des réponses, dont le ré­
homme qui ne soit appelé pour le Ciel, et qu'après la mort sont suméétait, qu'ils ne savaient sur la Consdence autre chose, sinon
choisis ceux qui ont cru au SeigneuI' et vécu selon ses préceptes, qu'elle consiste à savoir avec soi-même, c'est-à-dire, à co-savoir~
et que reconnaître une autre Élection, c'est accuser le Seignelll' "ce qu'on a projeté, pensé, fait et dit; mais nous leur dîmes:
Lui-NIéme non-seulement d'impuissance de sauver, mais encore .. Nous ne vous avons pas demandé l'étymologie du mot Conscience,
d'inj ustice ? !liais nous vous avons interrogés au sujet de la Conscience.» Et
665. Après cela, il fut ent~ndu une voix du Ciel, venant des ils répondirent: « La Conscience ne peul être que la douleur pro­
Anges qui étaient immédiatement au-dessus de nous, disant: venaut d'une crainte préconçue des périls de l'honneur ou des ri­
" !\Iontez ici, et nous interrogerons l'un de vous, qui est encore chesses, et aussi des périls de la réputation à cause de l'honneur
dans le Monde naturel quant au corps, sur ce qu'on sait dans ce et.des richesses; mais ceUe douleur est dissipée par les reras, les
monde sur la CONSCIENCE. )' Et nous montâmes; et après que nous rasades oe bon vin, et les propos joyeux sur les plaisirs de Vénus
fûmes entrés, quelques sages vinrent à notre rencontre, et ils me -et de son fils. )) Nous leur dîmes: « VOliS voulez plaisanter; dites,
d"emandèrent: « Que sait-on dans ton Monde sur la Conscience? » s'il vous plaît, si l'un de vous a senti quelque anxiété venant d'autre
Et je répondis: Si vous le trouvez bon, descendons, et nous
lC
part.)) lis répondirent: « Qu'est-ce qui aurait pu nous inquiéter
convoquerons un nombre de Laïqnes et d'Ecclésiastiques d'entre d'autre part? le Monde entier n'est-il pas comme un Théâtre,
cellx qui sont réputés sages; nous nous placerons perpendiculaire­ sur lequel chacun joue son rôle, comme les comédiens sur le leur?
ment ail-dessous de vous, el nous les interrogerons; et vous, de nous avons joué el circonvenu par leur propre convoitise tous ceux
cette manière, vous entendrez de vos oreilles ce qu'ils répon­ avec qui nous avons eu des relations, les uns par des plaisànte­
dront. » Et il fut fait ainsi; el l'un des Élus prit une trompette, et ries, d'autres par des flatteries, d'autres par des fourbel'ies, d'au­
il en sonna au Midi, au Septentrion, à l'Orient et à l'Occident; et tres par une feinte amitié, d'autres par IIne feinte sincérIté, et
alors, après une petite heure, il s'en était rassemblé un si grand d'autres par quelque autre artifice politique et par quelque autre
nombre, qu'ils l'emplissaient presque l'espace d'lin stade; mais ~ppât; nous n'éprouvons pour cela aucune douleur du mental,
d'en haut les Anges les rangèrent lous en quatre Assemblées, mais ail contraire nous en retirons une gaieté et une allégresse
l'une composée de Politiques, la seconde d'Érudits, la troisième (lue nous exhalons de notre poitrine tacitement et néanmoins plei­
de Médecins, et 13; quatrième d'Ecclésiastiques; ainsi rangés, nous nement; nous avons, il est vrai, elltendu dire à quelques espl'its
leur dimes : Excusez-nous de nous avoir convoqués; en voici la de notre société, que parfois il leur survient une anxiété et une
raison: Des Anges, placés directement au-dessus de nous, désirent angoisse qui ~emblent partir dll cœur et de la poitrine, el par suite
avec ardeur savoir ce que, dans le Monde où vous étiez précédem­ comme une contraction du mental; mais lorsqu'ils ont consulté des
ment, vous avez pensé SUI' la Conscience, et par suile ce qlle vous pharmaciens sur ce sujet, ils ont appris que cela vient d'nne hu­
en pensez encore, puisque vous retenez encore les idées que vous meur mélancolique produite par des malières indigestes dans l'es­
aviez sur de tels sujets; car il a été rapporté aux Anges que dans tomac, ou par un état maladif de la l'ale; et nous avons entendu dire
1e Monde la Connaissance de la Conscience était :lU nombre des par quelques-uns d'eux qu'ils avaient été rendus à leur précédente
connaissances perdues. » Après cet exposé, nous commençàmes; .gaieté par des médicaments. )) Après avoir entendu ces réponses,
et d'abord, nous lIOUS Lournâmes ou côlé de l'Assemblée qui était nous nous tournâmes vers l'Assemblée qui élait composée d'Eru­
composée de Politiquee, et nous leur demandàmes de nOlis dire dits, parmi lesquels il y avait aussi plusieurs pllysicicns' habiles;
du fond du cœur, s'ils le voulaient bien, ce qu'ils avaient pensé et, leur adressant la parole, nOlis dîmes:" Vous qui avez étudié
et ce que par suite ils pensaient encore de la COt\SCIE;'CE; Ils fi­ les sciences, et qui par suite avez été regardés COlllllle des Oracles

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1
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2U LA VRAIE
RELIGION CHRÉTIENNE. 2t5
de la sagesse, dites-nous, s'il vous plait, ce que c'est que la Con­
qui infestent le~ parties organiques du corps, et aus~i les parties
science? » Et ils répondirent: Quelle est celle proposition? Nous
organiques de la TNe, par conséquent aussi le !\Iental, puisque le
avons, il est vr:li, entendu dire que chez quelques hommes il y a
mental a son siége dans les organes du Cerveau comme l'araignée
une tristesse, un chagrin et une anxiété qui infestent non-seule­
a le sien au centre des fils de sa toile; par ces organes il fait des
meut les régions ga~triques du corps, mais aussi les habitacles du
excursions et court pareillement; ces maladi~s, nous les nommons
mental; car nous, nous croyons que les deux cerveaux sont les
org~niques, et quand elles reviennent de temps en temps, nous
habitacles dli mental; et comme le mental consiste en t1bres conti.
les nommons chroniques: quant à la douleur telle qu'elle est dé­
nues, nous croyons que c'est quelque humeur acre qui agace,
crite devant nous par les malade5 comme douleur de Conscience,
mord et ronge ces fibres, et comprime ainsi la sphère des pensées
1
ce n'est autre chose qu'uue Maladie hypocondriaque, qui prive
~ du menlal, de telle sorte qU'lI ne peut s'épancher par des variétés d'abord la Rate, et ensuite le Pancréas et le l\I~senthère, de leurs
dans aucun amusement, d'où il résulte que l'homme ne s'allache Il fonctions propres; de là dérivent des Maladies d'Estomac, et en·
qU'à une ~eule chose, ce qui détruit la tensibilité et l'élasticité de tre autres la Cacochymie; car il se fait autour de l'orifice de l'es­
ces fibres; de là leur raideul' et leur rigidité, d'oi! provient le tomac une compression qui est appelée Cardialgie; de là provien­
mouvemeut irrégulier des esprits animaux, qui est appelé par les Il., nent des humeurs imprégnées de bile noire, jaune ou verte, qui
Médecins Ataxie, et aussi la faiblesse dans leurs fonc tions, qui est tordent les très-petits vaisseaux sanguins appelés vatsseaux capil­
appelée Lipothymie: en un mot, le Mental est alors comme as­
siégé par des troupes ennemies, et !Je peut pas plus se tourner çà
et là, que ne le peut une roue attachée par des clous, et que ne 1\ laires, ce qui produit la cachexie, l'atrophie et la symphysie, et
aussi la Péri pneumonie bâtarde d'après une pituite IGllte et une
lymphe ichoreuse et rongeante dans toute la masse du sang: de
le peut un navire engravé sur des bancs de sable: ces angoisses
du Mental et Je la Poitrine se font sentir en ceux chez qui J'A­
mour régnant souffre une perte; si cet amour est allaqué, les fi­
bres du Cerveau se contractent, et celle contraction empêche que
1e Menlal ne fasse librement des exclJrsions, et ne recherche des
délices dans des formes nou\'elles; quand ces bommes ~ont dans 1\
, semblables effets viennent aussi de l'épanchement du pus dans le
sang et dans sa sérosité par la résolution d'empyèmes, d'abcès et
d'aposthèmes dans le corps; quand ce sang mon te par les caroti­
des dans la tête, il frolle, ronge et mord les parties médullaires,
les parties corticales et les méninges du Cerveau, et excite ainsi
les douleurs qui sont appelées douleurs de Conscience. " Après
celle crise, ils sont en proie, chacun selon son tempérament, à avoir entendu cette explication, nous leur dimes : cc Vous parlez
des phantaisies, il des démences et à des délires de divers genre, la lant;ue d'Hippocrate et de Galien, c'est pour nous du grec, nous
et quelques-uns dans les cllOses rdigieuses à des affections céré­ ne comprenons pas; ce n'est pas sur ces Maladies que nous vous
brales, qu'ils appellent remords de Conscience. >1 Ensuite IIOUS avons interrogés, mais sur la Conscience, qui appartient au Men­
nous tournâmes vers la troisième Assemblée qui se composait de tal seul. 1) Et ils dirent: cc Les maladies du mental et les maladIes
Médecins, parmi lesquels il y avait aussi des Chirurgiens et des de la tête sont les mêmes, et celles-ci montent du corps, car la tête
Pharm.aciens; et nous leur dimes: '( Vous savez peut-être, vous, et le corps son t colIéren ts comme deux étages d'une ma ison en tre
ce que c'est que la Conscience; si c'est une douleur nuisible qui lesquels il ya un escalier pour monter et descendre; aussi savons­
s:lisit et la Tête et le p:lrellchyme du Cœur, et par suite les Ré­ nous que l'état du mental dépend inséparablement de l'état du
gionsÉpj~gastrjque et Hypogastrique étendues aL-dessous; 011 si corps; or ces pesanteurs de tête ou Céphalalgies, que vous, comme
c'est autte chol.'e. "Et ils répondirent: La Conscience n'est ab­
ft nous nous en somm'es aperçus, vous prenez pour des couscien­
solument que celle douleur; nous, mieux que tous les autres, nousen ces, nous les avons gllél'ies, les unes par des emplâtres et des vé­
connaissons les origines; car ce sonl des Maladies contingentes, sicatoires, d'autres par des infusions et des émulsions, et d'autres

J
~

2{6 LA VRAIE RELIGION CHRÉTIENNE. 2i7


par des condiments, et par des anodins. JI Quand donc nous leur l'
par suite la Tête; mais la Conscience, considérée en elle-même,
eÎlmes entendu dire encore plusieurs autres choses de ce genre, n'est pas une douleur, c'est une bonne-volonté spirituelle d'agir
nous nous détournâmes d'eux, et nous tournant vers les Ecclésias­ selon ce qui appartient à la Religion et à la Foi; de là vient que
tiques, nous
. leur dimes; « . Pour vous, vous savez ce que c'est ~eux qui jouissent de la Conscience sont dans la tranquillité de la
que la Conscience; dites-le donc, et instruisez ceux qui sont pré­ paix et dans une béatitude interne, quand ils agissent selon la
sents. » Et iis répondirent: Ce que c'est que la Conscience, nous
ft q
conscience, et dans un certain trouble quand ils agissent contre
le savons, et nous ne les:lvons pas; nous avons cru que c'était la .elle; la douleul' du mental, que vous avez cru être la Conscience,
CONTRITION qui précède l'Election, c'est-à-dire, le moment où n'est donc pas la Conscience, mais c'est une Tentation, qui est le
l'homme est gratifié de la foi, par laquelle il a un nouveau cœur combat entre l'esprit et la chair, et quand celte tentation est spi­
et un nOllvel esprit et est régénéré; mais nous nous sommes aper­ rituelle elle tire sa source de la conscience, mais si elle est seu­
çus qu'il y en a peu qui aient eu celle Contrition, seulement quel­ lement naturelle, elle tire son origine des maladies, dont les Mé­
'1
ques-uns ont ressenti une peUl' et par suite une anxiété pour le feu
infernal, et à peine quelqu'un en a-t-il ressenti pour ses péchés et
pour la juste colère Je Dieu; mais nous, Confesseurs, nous les
1

Il
-decins viennent de parler. Quant à ce que c'est que la Conscience,
cela peut être illustré par des exemples: Un Prêtre, en qui il ya
la bonne-volonté spirituelle d'enseigner les vrais, afin que son
avons guéris par la Borlne Nouvelle que le Christ par la Passion
de la croix a enlevé la damnation, et ainsi a éteint le feu infernal,
l' Troupeau soit sauvé, a de la conscience, mais celui qui les en­
1. seigne pour tout autre c:J.usc n'a point de conscience: le Juge qui
.t a ouvert le ciel à ceux qui ont été gratifiés de la foi, dans laquelle considère uniquement la Justice et la rend avec jugement a de la
l'imputation du mérite du Fils de Dieu a été inscrile .. Il y a d'ail­
~oDscience; mais celui qui considère en premier lieu les présents,
leUl's dans toute Religion, vr<lie ou fanatique, des homines d'une l'amitiél.èl la favelll', n'a pas de conscience: de plus, tOtlt homme
conscience timorée, qlli se font des scrupules d3ns les choses du
qui a chez lui les biens d'un autre sans que celui-ci le sache, et
salut, non-5eulement dans les essentielles, mais aussi dans les
,qui peut ainsi en profiter sans crainte de la loi, ét sans craindre
formelles, et même dans celles qui sont indifférentes; c'est pour­
de perdre l'honneur et la réputation, mais qui néanmoins, parce
quoi, comnle nous venons de le dire, nous savons qu'il y a une
qu'ils ne lui appartiennent pas, les rend à l'autre, celui-là a de la
Conscience, mais ce qu'est et quelle est la vraie conscience, qui
conscience, car il fait le juste à cause du juste. Soit encore un
doit être tout à fait spirituelle, nous ne le savons pas. »
exemple: Celui qui, pouvant parvenir à une fonction, sait qu'un
666. Toutes ces réponses, qui furent faites pal' les quatre as- autre, qui la recherche aussi, est plus utile à la société, celui-là a
semblées, les Anges qui étaient au-dessus de nous les avaient en­
une bÇlnne conscience s'il lui cède la place pour le bien de la so­
o

tendues, et ils dirent entre eux: « Nom; percevons que dansle


ciété; il en est de même pour tous les autres cas. Tous ceux qui ont
Chl'istianisme il n'y apersonne qui sache ce que c'est que la Con­
de la conscience disent de cœur ce qu'ils disent, et font de cœur ce
science, envoyons donc l'un de nous pOUl' le leur apprendre. " Et,
qu'ils fout, cal' ils ont le Mental non-divisé, puisqu'ils disent et
tout à coup, au milieu des Assemhl~es se présenta un Ange vêtu
font ce qu'ils comprennent et croient être le vrai et le bien. li suit
de blanc, dont la tête était enlourée d'une auréole brillanttl, dans
de là que chez ceux qui sont plus que les autres dans les vrais de
laquelle il y avait de très-petites étoiles; et, s'adressant aux quatre
la foi, et plus que les autres dans une perception claire, il peut
Assemblées, il dit: "Nous avons entendu, dans le ciel, que vous
yavoir une conscience plus parfaite que chez ceux qui ont été
avez présenté en ordre vos sentiments sur la CONselENCE, et que
moins illustrés, et sont dans une perception obscure. Dans la vraie
tous vous avez pensé que c'était quelque douleur du mental qui
Conscience est la Vie spirituelle même de l'homme, car la Foi y
"infeste de pesanteur la Tête et par suite le Corps, ou le corps et
est conjointe à la Charité; c'est pourquoi pour ceux qui ont celte

\ ) ...
\
1 218 LA VRAIE RELIGION CHRÉTIENNE. 2i9
1
conscience, agir d'après la conscience, c'est agir d'après leur Vie
spirituelle, et agir contre la conscience, c'est agir contre leur Vie
spirituelle, En outre, qui est-ce qui ne sait pas, d'après le lan­
gage ordina.ire, ce que c'est que la Conscience, comme lors­
qu'on dit de quelqu'un: Cet homme a de la conscience? Est-ce
CHAPITRE DOUZIEME
qu'alors on ne veut pas dire aussi: Cet homme est juste? Et réci­
proquement, quand on dit de quelqu'un: Cet homme n'a pas
DU llAPTÈME,
de conscience; est-ce qu'alors on ne veut pas dirll aussi: Cet
homme est injuste? « Quand l'Ange eut dit ces paroles, il fut tout
, à coup enlevé dans son Ciel, et les quatre Assemblées se réunirent Sans la connai.çsance du Sens spirituel de la Parole, personne
en une seule; et après qu'ils eurent parlé quelque temps entre ne peut savoir ce que les deu:r Sacrements. le Baptême et la
eux SUI' ce que l'Ange avait dit, voici, ils se séparèrent de nou­ Sainte Cène, enveloppent et et/ectuenl.
veau en quaLre Assemblées, mais non composées comme précé­
demment; dans la première s'étaient placés ceux qui avaient 667, Que dans taules et dans chacune des choses de la Parole
compris les paroles de l'Ange, et les avaient approuvées; dans la il y ait un Sens spirituel, et que ce sens ait été inconnu jusqu'à
seconde, ceux qui ne les avaienl pas comprises, mais qui néan­ présent, et ait été ouvert aujourd'hui pour la Nouvelle Eglise qui
moins les appuyaient; dans la troisième, ceux qui n'avaient pas doit être instaurée par le Seigneur, c'est ce qui a été montré clans
voulu les comprendre, disant: « Que nous importe la Cv~science?" le Chapitré sur l'ÉCRITURE SAINTE; on peut voir quel est ce sens,
et dans la quatrième, ceux qui s'en moquaient, disant: « Qu'est­ non-seulement dans ce Chapitre, mais aussi dans le Chapitre SUI'
ce que la Conscience, sinon un souffle? ') Et je vis ces Assemblées le Décalogue, qui même a été expliqué ~elon ce sens. Si le sens
se séparer les unes des autres, et alors les deux premières se di­ spirituel n'avait pas été ouvert, qui est-ce qui penserait sur ces
figer à droite, et les cieux del'nîères à gauche, et celles-ci des­ deux Sacl'ements, le Baptême et la Sainte Cène, autrement que
cendre, el celles-là monter, selon le sens naturel, qui est le sens de la lellre, et par suite ne
dirait ou ne murmurerait en lui-même: Qu'est-ce que le Bap­
tême, sinon l'action de verser de l'eau sur la tête d'un enfant? et
à quoi ~ela sert-il pour le salut?)) Puis: " Qu'est-ce que IJ Sainte
Cène, sinon l'action de prendre du pain et ùu vin? et à quoi 'cela
sert-il pour le salut? »Et, de plus: Où est en eux le Sainl, à moins
t<

qu'il ne vienne de ce qu'ils ont été reçus et commandés comme


Saintll Divins par l'Ordre Ecclésiastique? Et sont-ils en eux-mêmes
autre chose que des Cérémonies, au sujet desquelles les Eglises
disent que, lorsqu'à ces Éléments s'ajoute la Parole de Dieu, ils
deviennent des Sacrements? " J'en appelle 'aux Lnïques, et même
aux Ecclésiastiques, ont-ils d'esprit eL de cœur perçu autre chose
sur ces deux Sacrements? ont-ils percu qu'ils les vénéraient
comme Divins pour des causes et des raisons différentes? Et ce­
pendant ees deux Sacrements, considérés dans le Sens Spirituel,
220 LA VRAIE RELIGION CHRÊTIENNE. 221
sont les choses les plus Saintes du culte: qu'ils soient tels, on le en "oitures et ~ cheval, sans savoir que sous leurs pieds est caché
verra dans ce qui suit, où leurs Usages seront présentés. l\lais un pareil Temple, où il y a des Autels d'or, des murailles intérieu­
comme les usages de ces Sacrements ne peuvent nullement tom­ rement recouvertes d'argent, et des ornements en pierres pré­
ber dans 1. mental de qui que ce soit, à moins que le Sens spiri­ cieuses, trésors qui ne peuvent être retirés de terre et produits
tuel ne les découvre et ne les développe, il s'ensuit que sans ce à la lumière que par Je sens spirituel, qui a été dévoilé 'aujour­
Sens personne ne peut en savoir autre chose, sinon que ce sont d'hui en faveur <le la Nouvelle Eglise pour l'usage <lu culte du Sei­
des Cérémonies qui sont Saintes, parce qu'elle~ ont été instituées sneur. Ces Saèrements peuvent aussi être comparés à un double
d'après un Commandement. Temple, <lont l'un est en bas, et l'autre au-dessus; dans le Tem­
668. Que le Baptême ait été commandé, on le voit clairement ple d'en bas est prêché l'Evangile du Nouvel Avénement du Sei­
d'après le Baptême de Jean dans le Jourdain, auquel accoururent sneur, et aussi la Régénération et par conséquent la' Salvation par
toute laJudée et Jérusalem, -lUalth. III. 5,6. Marc, 1. 4, 5.­ Lui; et de ce Temple, près de l'Autel, on peut monter dans le
Puis, en ce que le Seigneur notre Sauveur fllt Lui-Même baptisé Temple d'en haut où est célébl'ée la Sainte Cène et de là passer
par Jean, - Mallh. III. 13 à 17 ; - et en outre, en ce que le Sei­ dans le Ciel où l'on est reçu par le Seigneur. Ils peuvent encore
gneur commanda aux disciples de baptiser toutes les nations,­ être comparés au Tabernacle, <lans lequel après l'entrée se pré­
l\Jatth. XXVIII. 19, - Qui est-ce qui, s'il veut voir, ne voit pas sente la Table où sont placés en ordre les pains <les faces, et aussi
que dans cette Institution il y a un Divin qui a été caché jusqu'à "Autel d'Or pour les parfums, et au milieu le Chandelier avec ses
présent, parce que le Sens spirituel de la Parole n'avait pas en­ lampes allumées dont ,l'éclat rend toutes ces choses visibles; et
core été révélé ? et ce sens a été révélé aujourd'hui, parce que enfin pour ceux qui se laissent éclairer s'ouvre le Voileqlli couvre
c'est maintenant que commence l'Eglise Chrétienne, telle qu'elle le Saint des saints, où, à la place de l'Arche dans laquelle était
est en elle-même; la précédente Eglise a été Chrétienne de nom le Déc:l1ogue, est dépos'ée la Parole au-dessus de laquelle il yale
seulement, mais non en réalité ni en essence. Propitiatoire avec les Chérubins d'Or. Ce sont là des Représenta­
669. Les deux Sacrements, le Baptême et la Sainte Cène, sont tions de ces deux Sacrel1len ts avec leurs Usages.
dans l'Egiiso Chrétienne comme deux Joyaux sur le sceptre d'un
Roi; mais si leurs usages ne sont pas connus, ils sont seulement
comme <leux figures d'ébène sur lin bâton. Ces deux Sacrements Par l'Ablution, qui est appelée Baptême, il est entendu l'Ablu­
dans l'Eglise Chrétienne peuvent aussi être comparés 'A deux Ru­ tion spù'ituelle qui est la Purification des maux et des faux,
bis.ou Escarboucles sur le Manteau <l'un Empereur; mais si leurs et ainsi la Régénération.
usages ne sont point connus, ils sont comme deux carnéoles ou
deux cristaux sur un manteau vulgaire. Sans les usages de ces 6iO. Que des Ablutions aient été ordonnées aux !ils d'IsraëJ(,
deux Sacrements, révélés par le Sens spirituel, on ne formerait cela est notoire d'après les statuts portés pAr Moïse; ainsi, Aha~
sur ces sacrements que des conjectures, comme celles que font ron devait se laver avant de revêtir les habits du ministère, _
ceux qui prédisent d'après les Astres, et même comme celles que LévÎt. XVI. 4, 24; - et avant d'approcher de l'Autel pour y rem­
faisaient autrefois ceux 'qui prédisaient d'après le vol des oiseaux plir ses fonctions, - Exod. XXX. 18 à 21. XL. 30, 3-1 ; - pareil­
ou les entrailles des victimes. Les usages de ces deux Sacrements lement les Lévites, - Nomb. VIII. 6',7; --.:. et aussi ceux qui étaient
peurent êlre comparés à un Temple qui, par le laps du telnps, devenues impurs par des péchés, et ils sont dils sanctifiés par les
s'est enfoui en lerre et a été entièrement couvert de ruines jus­ Ablutions, -Exod. XXIX. 4. XL, 12. Lévit. VIIL G. - C'est pour­
qu'au toit, et sur lequel jeunes gens et vieillards marchent, vont quoi, afin qu'ils se lavassent, la Mer d'airain et plusieurs Cuves,
1W

222 LA VRAIE RELIGION CHRÉTIENNE. 223


avaient été placées près du Temple, - 1 Rois, VII. 23 à 39; - et Pharisiens et tous les Jui(s, sans s'être lavé les mains à poi­
même on lavailles vases et ustensiles, tels que tables, bancs, lits, gnée, ne mangent pas; et beaucoup d'autres choses il y a qu'ils
plats et coupes, - Lévit. XI. 3!. XIV. 8,9. XV. 5 à 12. XVII. US, ont reçues pour les retenir, comme les ablutions des coupes et
16. Marc, VII. 4. - Mais les Ablutions, et plusieuxs autres choses des pots; et des vases d'airain et des lits. Le Seigneur s'adres­
semblables, avaient été enjointes et ordonnées aux fils d'Israël, sant à eux ét à la (oule, leur dit: Écoutez-Moi tous, et compre­
par cette raison que chez eux l'Eglise avait été instituée Eglise re­ nez: Il n'y a rien au dehors de l'homme, entrant en lui, qui
présentative, et qu'elle fut instituée ainsi pour figurer l'Eglise puisse le souiller; mais les choses qui sortent de lui, ce sont
Chrétienne à venir; c'est pourquoi, lorsque le Seigneur vint dans celles-là qui le souillent. " - Marc, VII. 1,2, 3, 4, 14, US. Mallh.
le Monde, il abrogea les représentatifs, qui tous étaien t des exter­ XV. 2,11, fi, 18,19, 20 ; - et ailleurs: dlalheur à vous. Scri­
nes, et il institua' une Eglise dont toutes les choses devaient être bes et Pharisiens, parce que vous nettoyez l'exté"ieur de la
des internes; ainsi le Seigneur dissipa les figures, et révéla les ef­ coupe et du plat, tandis que les intérieurs sont pleins de 1'apine
figies elles-mêmes, comme celui qui ôte un voile ou qui ouvre une et d'intempérance. Pharisien aveugle, nettoie premièrement
porte, et fait que non-seulement on voit les intérieurs, mais que l'intérieur de la coupe et du plat, afin qu'aussi l'extérieur de­
même on en approche: de toutes ces figures le Seigneur n'en a t,ienne net. ,,- l'buh. XXIII. 25, 26. - D'après ces passages il
retenu qlie deux, qui devaient contenir dans un seul complexe est évident que par l'Ablution, qui est appelée Baptême, il est en­
toutes les choses de l'Eglise interne; c'est le Baptême au lieu des tendu l'Ablwtion spirituelle qui est la Purification des maux et des
Ablutions, et la Sainte Cène au lieu de l'Agneau, qui était sacri­ faux.
fié chaque jour, et généralement à la Fête de Pàques. 6i2. Quel est l'homme, d'une raison saine, qui ne puisse voir
6ïL Que les Ahlutions, mentionnées ci-dessus, aient figuré et que se laver la face, les mains, lt's pieds, tous les membres, et
omhré, c'est-à-dire, représenté les Ablutions spirituelles, qui sont même tout le corps dans un bain, ne fait autre chose que d'enle­
les purifications des maux et des faux, on le voit clairement par ver la crasse pour se présenter propre dans la forme humaine de­
ces passages: (1 Lorsque le ;:,'eigneur aura lavé l'exc1'ément des vant les hommes? et qui est-ce qui ne peut comprendre qu'au­
filles de Sion, et aura nettoyé les sangs pm' un esprit de juge­ cune ablution n'entre dans l'esprit de l'homme, el ne le rend net
Il
ment etparun esprit de purijication.» - Esaïe, IV. 4.- «Quand dllune semblable manière? car tout fripon, brigand ou voleur, peut
tu te laverais avec du nitre, et que tu multiplierais pour toi le se laver jusqu'à être d'une extrême propreté; est-ce que pour cela
savon, toujours ton iniquité retiendrait des taches. » - Jérém.
II. 22. Job. IX. 30,31, - « Lave-moi de mon iniquité, et plus
\ le penchant à la friponnerie, au brigandage et au vol sera effacé?
est-ce que ce n'est pas l'interne qui influe dans l'externe, et y
que la neige blanc je serai. » - Ps. LI, 4, 9'. - « l'iettoie de la opère les effets de sa volonté et de son entendement, el non l'ex­
malice ton cœur, Jérusalem, aji1i que ta sois sauvée. " -Jérém. terne dans l'interne? en elfet; l'influx de l'exteme dans l'interne
IV. 14. - (( Lavez-vous,purijiez-vous. éloignez la malice de vos ~sl contre la nature, parce qu'il est contre l'ordre, mais l'influx de
œUV1'es de devant mes yeux, cessez de (aire te mal. » - Esaïe, l'interne dans l'externe est selon la nature, parce qu'il est selon
1. 16. - Que l'ablution de l'esprit de l'homme ait été entendue l'ordre.
par l'ablution de son corps, et aue les Internes de l'Eglise aien t Gi3. Il s'ensuit que les Ablutions, et alJssi les Baptêmes, si l'In­
été représentées par les Externes tels qu'ils étaient dans l'Eglise 1eme de l'homme n'est pas purifié des maux el des faux, IlC font
Israélite, on le voit clairement par ces paroles du Seigneur: « Les pas plus que les pots et les plats nettoyés par les Juifs ; et il s'ensuit
Pharisiens et les Scribes ayant vu ses Disciples manger des aussi que, de même qu'eux,' on est comme des sépulcres qlli ail
pains avec des mains non-lavées, ils les blâmèrent; cm' les ·dehors pal'aissent beaux, mais au dedans sont pleins d'os de morts

~
224 LA VRAIE RELIGION CHRÉTIENNE. 225
et de toute pourriture, - Matth. XXIII. 2D à 28. Cela est encore une Eglise Externe; et si l'on examine les successions des Eglises
évident en ce que les enfers sont pleins de Satans qui avaient été dans leur ordre depuis les temps anciens jusqu'au temps présent,
des hommes, les uns baptisés, et les autres non. Quant à ce que on verra que les Eglises précédente" ont été des Eglises Externes
produit le Baptême, 011 le verra dans ce qui suit; c'est pourquoi. c'est·il-dire que leur Culte se composait d'Externes qui représen­
sans ses usages et sans ses fruits, il ne contribue pas plus au salut, taient les Internes de l'Eglise Chrétienne, qui a été fondée pal' le
que la triple Tiare sur la tête du Pape et le Signe de la croix sur Seigneul" quand il élait dans le Monde, et qui, maintenant pour
ses milles ne contribuent à sa suréminence pontificale; pas plus la première fois, ést édifiée par Lui. Ce qui a principalement dis­
que le vêtement de pourpre du Cardinal ne contribue à sa dignité; tingué l'Eglise Israélile des aulres Eglises dans le MOllde Asiatique,
ou le pallium de l'Évêque, à la vraie fonction de son ministère; et plus lard de l'Eglise Chrélienne, a été la Circoncision; ct comme,
ou le Trône, la Couronne, le Sceplre et le l\fanleau du Roi, à ainsi qu'il a été dit, toules les choses de l'Eglise Israélite, qui
son pouvoir Royal; ou le bonnet de soie sur la tète du Docteur étaient des Externes, étaient das figures de tOlites les choses de
lanréat, à son intelligence; ou l'étendal'd d'un escadron de cava­ J'Eglise Chrélienné, qui sont des Internes, c'est pour cela que le
lerie, à la bravoure des cavaliers dans le combat; et même on principa~ signe de l'Eglise Israélite a été intérieurement semblable
peut encore dire qu'il ne purifie pas plus l'homme, que l'eau ne au signe de l'Eglise Chrétienne, car la Circ'oncision signifiait le
nettoie une brebis 011 un agneau avant qu'ils soient tondus; car rejet des convoitises de la chair, et ainsi la purification des maux;
l'homme nalurel séparé de l'homme spirituel est purement ani­ c'est allssi ce qlle signifie le Baptême; de là il est évident que le
mal; et même, comme il a déjà été monll'é, il est plus bête féroce Baptême a été commandé il la place je la Circoncision, non-seule­
que la bète féroce des forêts; quand donc on le laverait avec de menL pOUl' que l'Eglise Chrétienne fùl distinguée de l'Eglise
l'eau de pluie, de l'eau de l'osée, de l'eau des fontaines les plus Juive, mais ellCOl'c pour qu'il [Lit ainsi connu de plus près que c'est
renommées, 011, comme disent les prophétes, quand on le nettoie­ une Eglise Interne et cela est connu d'après les Usages du Bap­
rait avec du nitre, de l'hysope, du smegma ou savon, chaque jour. tême, dont il sera parlé dans ce qui suit.
on ne le purifierait cependant pas de ses iniquités, sinon p:lr les 670. Que la Cil'concision ait été instituée comme un signe que
moyens de la Régénération, dont il a été traité dans les Chapitres.. les hommes de l'Eg] ise ISI'aélite éta ien t de la postéri té d'Abraham,
sur I~ Pénitence, et sür la Réformation et la Régénération. d'Isaac et de Jacob, on le voit par ces passages: {( Dieu dit et
Abraham: Ceci (est) mon Aftiance, que vous gal'del'e:. entre
!lloi et VOllS, et ta semence ap1'!!s toi: Que soit circoncis d'entre
Comme la Circoncision du cœur était repl'ésentée par la CÙ'­ VOltS tout mâte .. et vous CÙ'c01lcù'ez ta cltair de votl'e pré.J"Juce,
concision du prépuce, le Baptême a été institué ct la place de afin que ce soit en signe de l'alliance entre 1I10i et vous. »
la Circoncision, afin que l'Église Interne succédât et l'I:;glise Gen. XVII. 10, '11. - Que l'alliance ou le signe de l'alli;mce ait
E,xterne qui, dans toutes et dans chacune de ses c1loses, était plus lard été confil'mé par Moïse, on le voit, Lé\'i{. XII. 1, 2, 3.
une figure de l'Église Interne.
- Et comllle celle Église étai~ distinguée des :lutres par ce signe,
voilil pouffJuoi, :lvant qlie les lils d'I~raël eussent trarersé le .Jour­
6i4. Dans le Monde Chrélien on sait qu'il y ;1 tin homme In­ dain il al'ait été commandé de les cil"concil'e de nouveau; - Jas.
terne et tin homme Externe, et que l'homme Externe est le même V; - et cela, parce que la terre de Canaan représentait l'f~gli~e,
que l'homme Naturel, et l'homme Interne. le mème que l'homme et le fleuve du Jourdain l'introduction dans l'Église: et, de plus,
Spil'i[uel, parce que dans celui-ci est l'esprit de l'homme; et que, afin que dans la lerre de Canaan ils se ressouvinssent de cc signe,
comme l'Eglise se compose d'hommes, il ya une Eglise Interne et ''Voici ce qui leur fut commandé: « Quand vous serez venus dans
II.
15
226 LA VRAIE RELIGION CHR.rl.TIENNE. 227
la Terre, et que vous am'ez planté quelque arbre (ruz'tier, vous ce pa!; CO'mme un Temple sans le Culte, Temple qui n'est utile à
üte1'ez son pdpllce, son /,'Uit ,. pendant trois ans il vous sera personne, à moins qu'il ne serve d'étable? Et, de plus, qu'est-ce '1 ~ C'I
incirconcis, vous n'en mangm'ez point. » - Lévit. XIX. 23.­ qlJe l'Externe sans l'lnterne? n'est-ce pas comme un Champ cou­
Que la Circoncision ait représenté et par suite signifié le rejet des vert de tuyaux de blé sans grains dans l'épi; comme une Vigne
convoitises de la chair, et ainsi la purification des maux, la même remplie de ceps et de feuilles sans raisins; comme l~uier .SlillS
chose que le Baptême, on le voit dans la Parole par les passages 'fru.it,_qlLeJe_Beigneur a maudit ; ~ l\fatth. XXI. 19; - comme les'
où il est dit de circoncire le cœur, par exemple, par ceux-ci : lampes sans huile dans les mains des vierges insensées, - Maltll.
« Moïse dit: Cù'concisez le prépuce de votre cœur, votr, cou XXV. 3; - et même comme un logement dans un Mausolée où il
n'endurcissez point.» - Deu!ér. X. 16. - (( Jéhovah Dieu cir­ y :l des cada\'l'es sous les pieds, des os autour des murailles, ct
concira ton cœur, et le cœU?' de ta semence, pour que tu aimes des fantômes nocturnes qui volent sous le toit; ou comme un char
Jéhovah ton Dieu de tout ton cœur, de/oute ton âme, afin que traîné par des léopards~,a-'lt un loup pour cocher, et dans le-
tu vives. )) - Deutér. XXX, 6.-- EtdansJérémie: (( Circoncisez­ quel est un fou? En effet(I'h~~~_e_~!~? n'est _pas l'ho~me, J!
vous cl Jéhovah, afin qu'il éloiqne les prépuces de votre cœur,
homme de Jehudah et habitants de Jérusalem, de peur que ne
Jlest seulement la figure dèl'homme, car l'Interne, qui consiste à
être 'sagè par Dien, faiCThomme; il en est de même du circoncis
sorte comme un (eu ma colere li cause de ta mahce de vos œu­ et du baptisé, il moins qu'il ne circoncise ou ne lave son cœur.
vres. » - IV. 4. - Et dans Paul: «( En Jéms-Christ ni 1ft Cir­
concision n'a aucun~ (m'ce, ni le Prépuce, mais il (({ut la Foi
opérant par la Charité, et ~ti'e une nouvelle C,'éaiw'e. )) - Gal. Le premier Usage du Baptême est l'lnt1'ocll.lction dans l'Eglise
V. 6, VI. HL - D'après ces passages, il est maintenant érident Chrétienne, et en même temps l'insertion parmi les Chrétiens
que le Baptême a été institué à la place de la circoncision, parce dans le Monde spirituel.
que la circoncision de la chair représentait la circoncision dit
cœur, qui sigl!.i~e ~ussi la purificatio!: des ~~~x, car les maux de 6ii. Que le Baptême soit l'Introduction dans l'Église Chrétienne,
{ touL~nre s'élèvent d~iJ', ~tle p~uce siggifie les J!.ill.2.!Irs il y a de cela plusieurs preuves, par exemple, celles-ci (Î. Le Bap­
impurs de la chair; comme la circoncision et l'ablution du bap­ tème a été institué à la place de la Circoncision, et de même que
tême signifient la même chose, c'est pour cela que dans Jérémie la Circoncision a été le signe qu'on était de l'Église Israélite, de
{ est Jit: « Circoncisez-vous li Jéhovah. et éloiqnez les prépuces
il même le Baplê:l1e est le signe qu'on est de l'Église Chrétienne,
de votre cœur. » - IV. 1 ; - et peu après: « Nettoie de la ma­ comme il a été montré dans l'Article précédent; et le~igne est s.eu­
lice ton cœw', J é,'usalem, afin que tu sois sauvée. n - Vers. 14. ~~our qu'on soit ~nu, comme des langes de couleur diffé­
- Ce que c'est que la circoncision et l'ablution du cœur, le Sei­ ( rente mis sur les enfants de deux mères, pour qu'ils soient distin­
gneur l'enseigne dans l\Iatlhieu, Chap. XV. 18, 19. gués l'un de l'autre et ne soient point cbangés. II. C'~.?~__ ~e!.J~nt
676. Il Y en a eu beaucoup chez les fils d'[sraël, et il y en a ~i~ de l'introduction dans l'Église. comme il est évident en ce
beaucoup aujolll~d'hui chez les Juifs, qui croient avoir été élus de qu'on baptise les enfants qui ne jouissent encore d'aucune raison,
préféreM~ à lQ..us, parce qu'ils ont été circoncis, etparmTles Chré­ et ne sont pas plus capables de recevoir quelque chose de [a foi,
tieus, parce qu'ils qnt été baptisés, lorsque cependant la Circo'n­ que les nouvelles branches d'un arbreQ!!;} ~on-seulement les En­
cision et le Baptême sont seu~emen~~~nnés en~~e ct en Mémo­ fants sont baptisés, mais aussi les étrangers prosély'tes qui sont

élu. Qu'est-ce que" ~


l'Externe
- _._ ­
rial, afin ql1'on soit purifié des maux, et qu'ainsi l'on devienne
sans l'Interne
..... chez l'homme? n'est­
convertis à la religion chrétienne, tant petits que grands; et cela,
nvant qu'ils aient été instruits, vourru ~'il~onfessent voul2ir
228 LA VRAIE RELIGION CHR~~TIENNE. 229
embrasser le Christianisme, auquel ils SOllt inaugurés pal' le Bap­ Ilaisse qu'il appartient aux Assemblées de telle religion: en effet, ../
tême; c'est aussi ce que firent les apôtres, selon les paroles du sans le signe Ch!ftien, qui est le Baptême, quelque Esprit ~tab.o-· 2.
Seigneur « de faù'e disciples tuutes los ,:wtions et de les bapti­ métan, ou quelque Esprit d'entre les Idolâtres, pourrait s'a ttacher
ser,» -Mallh. XXVJl[, '19. -IV. « Jean baptisait dans le Juw'­ à des enfants Çhrétiens nouveau-nés, et aussi il des enfants du
dain tous ceux qui venaient à lui de la Judée et de JÙusalem. II second âge, et leur insuffler un penchant pour sa religi.Qn,· et ainsi
- Mallh. HL 6. Marc, 1. 5; - s'il baptisait dans le Jourdain, c'est l,artager leur attenlion et les détourner. du Christianisme, ce qui
parce que ce fleuve était l'entl'ée dans la t.erre de Canaan, et que serait gêner et détruire l'ordre spirituel.
la terre de Canaan signifiait l'Eglise, parce que l'Église y élait, et Bi9. Quiconque suit avec ~oin les effets jusqu'à leurs causes peut

qu'ainsi le Jourdain signit1aiL l'Introduction dans l'Eglise; que savoir que la consistance de toutes choses dépend de l'ord~e, et

celle Terre ait signilié l'Egli~e, et. le Jourdain l'Introduclion dans qu'il y a des Ordres de plusieurs sortes, communs et particuliers;

; l'Église, on le voit dans l'Apoc.ALYPSE REVELEE, N° 285. Cela a lieu qu'il en est un qui est le plus Universel de tous, et de qui dépen­

dans les terres. l'Jais, dans les Cieux, les Enfants pal' le Baptême dent en série continue les communs et les particuliers; que ('0r.­
sont introduits dans le Ciel ëhrétieu ; et lille Seigneur leur assigne d.!] le R~s Universel entre .dans tons ces orMes comme l'essen.ce

des Auges qui prennent soin d'eux; c'est pourquoi, \dès que les même dans les formes, et que c'est ainsi, et non autrement, qu'ils
Enfanls ont été baptisés, ils sont sous la direction d'Anges, par [ fonL un; c'est cette.Q.nité qui fait la con.serva!lQ.n d.L1...lout, qui ;U:
lesqucls ils sont tenus dans l'état de recevoir là foi au Seigneur; trëmënt (~cr~_u~rait, et retomberait non-seulement dans le prê­
rn~lis il mesure qu'Ils grandissent, et qu'ils jouissent de leul' indé­ miel' chaos, mais dans le I)éant. Qu'en serait-il de l'homme, si
pendance et de Jeur raisolt, les Anges leurs tuteu.rs les abandon­ dans son corps toutes et chacune des parties n'avaient pas été
nent, et ils ~'adjoignent eux-mêmes à des esprits qui fonl un avec très-distinctement mises en ordre, et si leul' communauté ne dé­
leur vie et avec leu r foi; de là il est éviden t que le Baptéme est pendait pas d'un cœur et (l'nn poumon? sans cela, y aurait-il autJ'e
l'insertion parmi les Chrétiens, même dans le Monde spirituel. chose que confusion? est-ce qu'alors l'Eslomac remplirait ses fonc­
678. Que non-seulement les enfants, mais tous aussi soient in­ tians; le Foie et le Pancréas, les leurs; le l\Iésentère et le Méso­
sérés par le Baptême p3l'mi les Chrétiens dans le Monde spirituel, colon les leurs; les Reins et les Intestins, les leurs? c'est d:apJ'~s
c'est parce que dans ce Monde-là les Peuples~.les Nations .Qn.t été l'Q.rdre en elles et entre elles que toules et chacune des parlies s~
distingués --
---_. selon leurs, Religiosités; les Chrétiells\0nt dans le llIi-
~ ,
lieu, les Ma!~on~étans-autour d'eux, les Idolâtres· de divers genres!
" présentent comme un, devant l'hommc. Sans un ordre distinct
dans-ïe~fenl3Ioul'Esprit de l'homme, si l'ensemble du mental
après les mahométans, et les Juifs""sur les côtés. En oulre, tous,' ne dépendait pas de la Volonté et de l'Entendement, yaurait.il
ceux de la même Religion oilt- été disposés en Sociét~s, dans le~' autre chose que confusion et désordre? sans cet ordre l'homme
Ciel selon les affections de l'amour enl'ers Dieu et de l'amour il. pourrait-il penser et vouloir plus que son portrait peint ou sa sta­
l'égard du prochain, dans ['Enfer en congrégations selon les affec­ tue dans sa maison? que ~~erait l'homme, sans l'i.nftux ttè-!1-bien
tions opposées ;. ces deux amours, ainsi selon les convoitises du r.<1glé du Ciel, et :o;ans la réception de cet influx? ct que serait c~t
mal. Dans 10 Monde spiriluel par lequel nou~ entendons et le Ciel i!lfl~, §_a~l'ordre le_plus Universel, dont dépend le gouverne­
et . l'Enfer, toutes choses ont été très-distinctement mises en ordre ment du tout et de ses parties, par conséquent si toutes choses ne
dans le commun el daus toute partie, ou en genre eL Cil taule es­ procédaient de Dieu, et n'étaient, Ile vivaient et ne se m;~-;aient
pèce; de celte ordination distincte y cLépend la COl}scl'\'ation de en Lui- ~t-par L~i? Ceci peut êlre illustré devant l'homme natu­
tout l'uui\'ers et cette distinction n'est pas possible, il. moins ql;e rel par d'innombrables choses; par exemple, par celles-ci: Que
chacun, après qu.'il est né, n'ait quelque signe pal' lequel on oon- serait un Empire ou un Royaume sans l'Ordre, sinonjJne Troupe

l
!30 LA VRAIE RELIGION CHRÉTIENNE. 23i
de brigands, dont le plus grand nombre, rassemblés, massa­
( creraientlles milliers, et un petit nombre enfin exterminerait ces
premiers? Que serait une Ville sans l'ordre? etmêm~..queserait Le second Usage du Baptême est que le Chrétien connaisse et
une lIaison sans l'o!:.dre? et que serait unro.yau1,ne, une ville, reconnaisse le Seiqne1.lr Jésus-Chl'ist Rédempteur et Sauveur,
I! une maison~ s'il n'y avait pas quelqu'uu qui en eût la suprême el qu'il Le suive.
J~ direction?
680. En outre, qu'est-ce que l'Ordre sans la distinction, et 68i. Ce second usage du Baptême, qui est de connaître le Sei­
qu'est-ce que la distinction sans des indices, et qu'est-ce que des gneur Rédempteur et Sauveul' Jesus-Christ, suit inséparablement
indices sans des signes par lesquels sont connues les qualités? car le Premier, qui estl'lntroduetion dans l'Église Chrétienue, et l'in­
san-s la connaisance des qualités l'Qrdre n'est point con~u cQmll)e sertion parmi les Chrétiens dans le Monde spirituel; et que serait
ordre: les signes ou marques distinctives dans les Empires et daus le premier usage sans ce second qui le s~lit? ce serait seulement
les Royaumes sont IlJs Titres des dignités etles_droi.ts d'adminis­ un nom; et ce serait cornille un sujet qui s'allachc au Roi et rejette
tration qui y sont altacliés, de là les subordinations au moyen. des­ cependant les lois du roi ou de la (latrie, pour s'attacher à un Roi
quelles tous sont coordonnés comme ell._~n; de celte manière ~ étranger et le servir; ou COlllme un valet qui se met an service
d'un maîlre, en reçoit des halJits comme livrée, et s'enfuit pour
} 1.:·
l Roi exerce son pouvoir royal distribué selon l'ordre entre plu­
sieurs, ce qui fail que le Royaume devient Royaume. 11 en est de
même dans un très·~rand nomlll'e (au [l'es choses, par exemple,
servir avec ces habits un autre mailre ; ou comme uu portc-dra­
peau qni part a\'ec son drapeau, le met en pièces, et cn jette les
11 dans les Armées; à quoi servirait leur valeul', si elles n'étaient
morceaux en l'air ou salis les pieds des soldats pour le leur faire
7. rlislinguées avec ordre en brigades, les brigades cn régiments, les \
fOliler, En un mot, prendre le nom de Chrétien ou de disciple du
.3 régiments en pat~lons, ets'iln'y avait pas à la téte de- chaque \ Christ, et ne pas Le reconnaitre et Le suivre, c'est-à-dire, ne pas
rl.i vi s!9 n . des chefs moins élevés, et pOlir Lous un chef ~~r.rê!lle ? et "ivre selon ses commandcments, c'est prendre un nom alissi inu­
fi quoi serviraient ccs Ordinations sans des si3nes,_qu'0Ill~0I\lme tile que l'ombre, que ia fumée, ct qu'une peinture noircie; car le
Drapeaux ou J~tendards, qui indiquent à chacun 1.iU!la.ce. qu'il doit Seigneur dit: « Pourquoi lII'appelez-vous Seignew', Sei,qnew',
-
tenir? par ces moyens tous dans les combats a!ili.senl~~~~n ;
- el ne faites-vous pM ce qae je dis? » - Luc. VI. 46. et suiv. ­
« Plusiew's Me dù'ont en ce jtnl1'-là : Seigneur, Seigneur! Mais
et sans eux, ils se pl'écipiteraient coutre l'ennemi comme des 1
meutes de chiens avec la bouche béante, avec des hurlements et 1 alors je leur dimi ouvertement: Je ne vous connais point. 1) ­
u.!.le fureur v:ti.ne, et alors tous sans force seraient massacr~-s yai' . l\lallh. VII. 22, 23.
un ennemi rangé en ordre de ba~~.Dle; car q~le peuveni.d-es . 682. Par le Nom du Seigneur Jésus-Christ il n'est pas entendu,
\l hommes divisés contre des hommes unis? Par ces exemples se dans la Parole, autre chose que 13 reconnaissance du Seigneur et
]a vie selon ses préceptes; que ce soit là ce que signifie son Nol'n,
trou\'e illustré ce premier usage dü~ptême, à savoir, que c'est
un signe, dans le Monde ~pirituel qu'on est du nombre des Chré­ • on en voit la. raison dans l'Explication du second Précepte du Dé­
tiens. chacun y étant inséré dans des sociétés et dans des congré­ calogue: Tu ne portems point le Nom de Dieu en vain. 11 n'est
gations, selon la qualité du Christianisme en lui ou hors de lui. pas entenqu autre chose par le Nom du Seigneur dans ces pas­
sages: « Jésus dit: Vous serez haïs de toutes les nations à cause
de mon Nom. ) - !\Jallh. X. 22. XXIV. 9, t O. - « Où deux Olt
trois sont assemblés en mon Nom, là je suis au milieu âeux. »
_ Matlh. XVlll. 20. - cc A tous ceux qui L'ont reçu, il leur a
232 LA VRAIE RELIGION CHRÉTIENNE. 233
donné pouv{)il' d'~tl'e fils de Dieu, ci ceux qui croient en son bruit du vent, de la mer, DU d'une machine, lequel n'est d'aucune
Nom. Il - Jean. 1. 12. - « Plusieul's crurent en son Nom. li ­ utilité? et même qn'est-ce que le nom de Roi, de Général, de Con­
Jean. Il. 23. - « Celui qui ne croit pas a déjà été jugé, parce sul, d'Évèque, d'Abbé, de Moine, sans la fonction qlll est attachée
qa'il n'a pas Cl'U au Nom de l'Unique-Engendré Fils de Dzeu. li au Nom? n'est-ce pas une vanité? ainsi, qu'est-ce que le Nom de
- Jean. Ill. 'i 7, 18. - « CCliX qui croient auront la vie en Son Chrétien, si l'on vit en barbare et contl'e les préceptes du Christ?
Nom. lI- Jean. xx. 21. - « Pour mon Nom tu as travaillé, et n'est·ce pas comme la marque du signe de Satan au lieu du signe
tu ne t'es point découragé. - Apoc. Il. 3, et ailleurs. - Qui du Christ, lIont, le Nom cependant a été tissé en fils d'or dans le
ne peut voir que par Je Nom du Seigneur dans ces passages il est baptême? Que sont donc ceux qui, après avoir re'Ju le sceau du
enteudll, non pas seulement le Nom, mais la reconnaissance dtl Christ, se moquent ensuite de son culte, glapissent en entenuant
Seigneur, qu'il est Rédempteur et Sauveur, et en même temps son Nom, et parlent de Lui non comme du Fils de Dieu, mais comme
l'obéissance, et enfin la foi en Lui; en effet, dans le Baptême, l'En­ du Fils ue Joseph? Ne sont-ce pas des rebe.lles et des ré~icides, et
fant reçoit le signe de la croix sur le front et SUI' la poitrine, ce qui leurs paroles ne sont-elles pas des blasphèmes contre l'Esprit
est le signe de l'inauguration dans la reconnaissance et dans le saint, qui ne peuvent être remis ni dans ce siècle, ni dans le siècle
culte du Seigneul'. Par le Nom il est aussi entendu la qualité de la ù venir? Ceux ci, semhlables à des chiens, mordent la Parole et la
personne, et cela, pal'ce que dans le Monde spirituel chacun est déchirent à belles dents; chez eux, contre le Christ et contre son
nommé selon sa qualiLé; c'est pourquoi pal' le Nom de Chrétien il Culte, " toutes les tables sont pleines d'un vomissement d'éva­
est entendu qu'on possède par le Christ la foi au Christ et la Cha· cuation. )l - Ésaïe, XXVllI. 8. Jérém. XLVIII. 26; - lorsque
rité à l'éga-rd du prochain; c'est là ce qui est entendu par le Nom cependant le Seigneur Jésus-Christ est le Fils du Dieu Très-Haut,
dans l'Apocalypse: "Le Fils de l'Iwmme dit: J'ai quelque peu de - Luc, I. 32, 35,-I'Unique-Engellllré, -Jean,I.18.11I.16;­
Noms dans Sm'des, qui n'ont point souillé leurs vêtements, et ils le Vrai Dieu et la Vie éternelle, - (Jean, V. 20, 21 ; - dans Le­
marcheront avec Moi en (\'êtements)b/ancs, parce que dignes ils quel habite corporellement toute la plénitude oe la Divinité, ­
sont. » - Ill. 4 ; marcher a\'ec le Fils de l'homme dans des vête­ Coloss. Il. 9; - et n'est point le fils de Joseph, - Mallh. 1. 25 ;
ments blancs, signifie suivre le Seigneur et vivre selon les vrais de - outre mille aull'es passages.
sa Parole. La même chose est entendue par le Nôm dans Jean:
« Jésus dit: Les bl'ebis ma voix entendent, et mes propl'es bre­
bis j'appelle par leur Nom, et je les fais sortù'" devant elles je Le troisième Usage du Baptême, qui est l'usage final, c'est que
marche, et les brebis lIle suivent, parce qu'elles connazssent l' homme soit régénéré.
ma voix,. mais un étl'anger, elles ne le suivent pas, parce qu'elles
ne connaiesent point des étl'angers la voix. » - X. 3, 4, D; ­ 684. Cet usage est 1'(Jsage même pour lequel a été institué le
pal' le nom, c'est pal' la qualité pal' laquelle ils sont Chrétieus; et Baptême, ainsi c'e~t l'usage final; et cela, pal'ce que le \'l'ai Chré­
Le suivre, c'est entendre sa voix, c'est-à-dire, obéir à ses com-. tien connaît et reconnaît le Seigneur RMempteul' Jésus-Christ,
mandements; ce Nom, tous le reçoivent dans le Baptême, car il <lui puisqu'il est Rédempteur, est aussi Régénérateur; car la Ré­
est dans le signe. demption et la Régénération font un, comme on le voit dans le
683. Qu'est-ce que le nom sans la chose? N'est-ce pas quelque Chapitre sur la Réformation et la Régénération, Art. Ill; puis,
, chose de vain, lin son comme celui que rendent les arbres d'une parce que le chrétien possède la Parole dans laquelle sont décrits
forêt ou les lambris d'un appartement, et qu'on nomme écho, ou les moyens de la Régénération, et ces moyens sont la Foi au Sei­
comme le son presqu'inanimé de ceux qui rêvent, ou comme ·le ~neur et la Charité à l'égard du prochain: c'est la même chose que
234 LA. VRA.IE RELIGION CHRETIENNE~ 235
ce qui est dit du Seigneur, qU"1 Jt ~aptise d'Espl'it saint et de Chapitre, Art. Il. N° 6i3. Que le Baptême enveloppe la purifica­
Feu» - Malth. III. if. Marc, 1. 9 à 11. Luc, III. 16. Jean, 1. 33; lion des maux, et ainsi la Régénération, c'est ce que tout Chrélien
- par l'Esprit saint il est entendu le Divin Vrai de la foi, et par le peut très-bien connailre, car lorsqu'un Enfant est baptisé, le
Feu le Divin Bien de l'amour ou de la Charité, l'un et l'autre pro­ prêtre fait arec son doigt SUI' le front et SUI' la poill'ine le signe de
cédant du Seigneur; que par l'Esprit saint il soit entendu le Divin la croix, comme mémorial du Seigneur, el ensui le se tourne vers
Vrai de la foi, on le voit dans le Chapitre sur I.'EspnlT SAINT; et. les parrains, et demande si l'enfan t renonce au diable et à taules
que par le Feu il soit entendu le Divin Bien de l'amour, on le voit ses œuvres, et s'il reçoit la foi, questions auxquelles le parrain
dans l'ApOCALYPSE RÉVELEE" N°S 468,395; c'est par l'un et l'autre répondent pour l'enfant: " Oui; Il le renoncemenl au diable, c'est­
que le Seigneur opère toute Régénération. Si le Seigneur Lui­ à-dire, aux maux qui viennent de l'enfer, et la foi au Sei%'neur,
lUêm~ a été baptisé par Jean, - Matth. III. 13 à 1i. Mal'c, 1. 9. font entièrement la régénération.
Luc, III. 21, 22, - c'était non-seulement afin d'instituel' le Bap­ 686. Dans la Parole il est dit que le Seigneur Dieu, notre Ré­
tême pOUl' l'avenir, et d'cn donner le premiel' l'exemple, mais, demplelll" baplise d'espril saint el de feu, ce par quoi il est enlen­
aussi parce qu'il a glorifié son Humain et L'a rendu Divin, comme du que le Seigneur régénère l'homme par le DiVIn Vrai de la foi el
il régénère l'homme et le l'end spirilucl. par le Divin Bien de l'amour ou de la charité; voir ci-dessus dans
685. Pal' ce qui précèoe et par cc qui est dit maintenant, on cet Art. N° 684.. Ceux qui ont ~lé régénérés par l'Espl'il saint,
peut voir qne les trois Usages du baptême sont cohérents en un, c'est-à-dire, par le Divin Vrai de la foi, ont dans les Cieux élé dis­
cornille la cause prenjière, la cause rnoyenr.e qui est eft1cienle, ct la tingués de ceux qui ont élé régénérés par le Feu, c'est-à-dire,
cause dernière qui cst l'elfel et la fin même pour laquelle sont les pal' le Divin Bien de l'amour. Cellx qui ont été régénérés par le
deux p"crnières; en effet, le premier usage est que l'homme soit Divin Vrai de la foi marchent dans le Ciel en vêlemenls blancs
nommé Chrélien ; le second, qui en est la suite, c'est qu'il connaisse de fin lin, et sont appelés Anges spirituels; mais ceux qlli ont été
et reconnaisse le Sôi,:;ncul' Rédempteur, Régénéraleur el Sauveur; régénérés par le Divin Bien de l'amour marchent en vêtements
et le lroisième, c'e:;( qu'il sail régénéré par Lui; et quand cela se de pourpre, et sont appelé3 Anges célestes: ceux qui marchent
fail, il est racheté et sauvé. Puisque ces trois usages se suivent eu vêtements blancs sont entendus dans ces passages: « Les Ar­
en ordre et se conjoignent dans le dernier, et que pal' suite dans mées suivaient l'A g/leau, vêtues d'un fin lin. blanc et pur. ))
l'idée des Anges ils sonl cohérents comme un seul, c'est pourquoi, - Apoc. XIX. 14, - " ils marcheront avec Moi en vêtements
quand un baplême est fait, quand ce mol est lu dans la Parole, hlancs. - Apoc. III. 4; et aussi VII. U. - (( Les Anges, dans·
et quand il est prononcé, les Anges qui soul présents entendent le sépulcre du Seigneur, furent vus en vêtements blancs et
non pas le baplêmc, mais la Hégénéralion ; c'esl pourquoi, pal' ces resplendisslluts . .. -l\'Iallh. XXVIII. 3. Luc, XXIV. 4; - c'é·
paroles du Seigneur: .. Celui qui aura cru et aura été baptisé .Laient des Ange3 Spil'ilue!s, car le fin lin signifie les justices des
sera sauvé, mais celui quz n'aura pas cru sera condamné. Il ­ saints, - Apoc. XIX. 8, où cela est dit.ouverlement. -Que lesVê­
Marc, XVI. 16, - il est enlendu par les Anges dans le Ciel que tements dans la Parole signifient les vrais et Jes Vêlemenls blancs
celui qui reconnaîl le Seigneur et est régénéré et sauvé. De là et de fin lin les Divins vrai3, on le voit dans l'ApOCALYPSE REVE­
vient aussi que le Baplême est, appelé BAIN DE RÉGÉNEI\,\T10N par LEE, N° 3i9, où cela a élé monlré. Si ceux qui ont aussi élé ré.
les Églises Chréliennes sur la terre; que le Chrétien sache donc ~énérés par le Divin Bien de l'amour sont en vêtemenls de pour­
que celui qui ne croit point au Seigneur ne peul être régénéré, pre, c'est parce que la pourpre est la couleur de l'amour qu'i1tirc
quoiqu'il ait été baptisé, ct que la Cérémonie du baptême sans la du feu du Soleil et de son rouge, par lequel est signifié J'amour;
foi au Seigneur ne fait absolument rien; voir ci-dessus dans ce voir l'ApOC,ALYPSE REVELEE, N°S 468, 725. Comme les vêlemenls
236 LA VRAIE RELIGION CHRÉTIENNE. 237
signifient les vrais, c'est pour cela que celni qui, parmi les invités, la terre, l'image de la régénération se manifeste dans la merveil­
fut trouvé non vêtu d'un habit de noces, fut chassé et jeté dans les leuse transforma.tion des vers il soie et de plusieurs autres vers en
ténèbres extérieures, -l\Iatth. XXI!. H, 12, 13. nymphes et en papillons, et de ceux qui après un certain temps se
6~i. En outre, le Baptême, comme Régénération, est repré­ décorent d'ailes; on peul encore à ces comparaisons en ajouter
senté tant dans le Ciel que dans le !\Ionde par un grand nombre de pJus légères, la régénération est représentée par le désir de
de choses; dans LE CIEL, par exemple. ainsi qu'il vient d'être dit, certains oiseaux de se plonger dans l'eau pour se laver et :;e net­
par des vêtements blancs el des vêtements de pourpre, et de plus toycr, après quoi ils retournent comme le<; rossignols il leurs ra­
l)ar le~ noces de l'Église avec le Seigneur, puis par le Nou\eau mages. En un mot, le Monde entier, depui$ ses premiers jusqu'à
Ciel et la Nouvelle TeHe, et par la Nouvelle Jél'usalem qui en des­ ses derniers, est plein de représentations et de types de la régé­
cend, de laquelle Celui qui était assis sur le trône a dit: Voici, nération.
toutes choses nouvelles je ferai. - Apoc. XXI t·à 45; - et par
le Fleuve d'eau de la vie sortant du Trône de Dieu et de f1 A­
gneau' - Apoc. XXII. 1, 2; - et alJssi par les cinq vierges pru­ Par le Baptême de Jean a été préparé le chenün ]J(IlO' que
dentes, qui avaient des lampes et de l'huile, et qui entrèrent avec J éllOvah le Seigneur pût descendl'e dans le Monde, et achever
leFiancé aux noces, -l\faLth. XXV. 1, 2, tO. - Le baptisé, c'est­ la Rédemption.
à-dire, le régénéré, est entendu par la Créature, - Marc, XVI.
H)' Rom. VIII. 19, 20, 21: - et par la nouvelle Créature, - II. 688. On lit dans Malachie: « Voici, Moi, j'envoie mon Ange,
Cor. V. 17. Galat. VI, t5; - car Créature se dit de ce qui a été qui pl'épal'era te chemin devant Moi, et incontinent viendi'Ct
cl'éé, et être créé signifie aussi être régénéré; voù' l'AI'OCAI.YPSE Vel'S son Temple le Seigneur que vous cherchez, et l'A nqe de
RÉVÉLEE, N° 254. Dans LE MONDE, la Régénération est représentée l'alliance que vous désù'ez; qui soutiendra le jour de son avè­
par divel'ses choses, ainsi par la fleuraison de tous les végétaux de nement? et qui subsiste/'a quand il apparattra?» - HI. '1, 2; -­
la terre dans la saison du printemps, et par leur accroissement et de nouveau: (1 Voici, Moi, je vous enverrai Elie le jJl'ophète,
successif jusqu'à la fructification; de même par l'accroissement de avant que vienne le jow' de Jéhovah, grand et terrible, de peul'
chaque arbre, de chaque arbrisseau et de chaque fleur depuis le que je ne vienn'e, et que je ne frappe la tel'l'e d'anathème." ­
pl'emiet' jusqu'au dernier mois de chaleur; elle est aussi représen­ III. 23, 24. - Et Zacharie, père de Jean, prophétisant sur son fils:
tée par la maturité progressive de tous Jes fruits dellUis son com­ « Toi, petit enfant, prophète du Tl'ès·f1aut tu seras appelé;

mencement jusqu'à son plein; elle est encore représentée par les tu iras devant la face du Seigneul' pow' pl'ép (l1'el' ses chemins. »
pluies du matin et du soir, et par les rosées; les flenrs s'ouvrent _ Luc,!. 76. - Et le Seigneur Lui-Même dit de ce Jean: « C'est
quand elles tombent, et elles se replient quanrl viennent les ténè­ celui de qui il a été éCl'it: Voici, Moi, j'envoie mon Ange de­
bres de la nuit; elle est encore représentée par les exhalaisons odo­ vant ta face, lequel jJ1'éparci'Cl ton chemin devant Toi, " - Luc,
riférantes des jardins et des champs; et. aussi par l'arc-en-ciel dans '11. 2ï. - D'après ces passages il est évident qlle ce Jean a été
la nuée, - Gen. IX. 14 à fi; - et par les resplendissantes couleurs le prophète qui fut envoyé pour préparer le chemin à Jéhovah
de l'Aurore; el en général par la continuelle rénovation de toutes Dieu qui de\'ait dcscendre dans le Monde, et achever la H.édenlp­
choses dans les Corps au moyen du chyle el de l'espl'it animal, et tion, et qUII a préparé ce chemin par le Baptême, et alors en an­
par suite au moyen du sang, dout la purification des parties vieilles, nonçant l'Avènement du Seigneur, et que sans cette préparation
la rénovation, et pour ainsi dire la régénération, sont perpé­ tous là auraient été frappés d'anathème, el auraient péri.
tuelles. Si J'on pOl'te son attention sur les animaux le plus vils de 689. Si le chemin a été préparé par le Baptême de Jean, c'est
238 LA VRAIE RELIGION CHRÉTlENNE. 239
parce que l'al' ce Baptême, ainsi qu'il vient d'ètre montré, on était 6DO. Quant à ce qui concerne Je Baptême de Jean, il représen­
introduit dans l'Église future du Seigneur, et ill.séré dans le Ciel tait la purification de l'homme externe; mais le Baptême, qui est au­
JJarmi ceux qui avaient attendu et désiré le Messie, et qu'ainsi on jourd'hui chez les Chrétiens, représente la purification de l'homme
était gardé pal' les Anges, alln que les Diables ne s'élançassl:lnt Interne, c'est-à-dire, la Régénération; aussi lit-on que Jean bap­
point de l'Enfer, et qu'on ne fût point perdu; c'est pourquoi il est tisait d'eau, mais que le Seigneur baptise d'esprit saint et de feu,
dit dans Malachie: Qui soutiendl'a le jour de son avènement? »
lf et c'est· pour cela que le baptême de Jean Il:,t appelé baptême de
Et: (( De peur que Jéhovah ne vienne, et ne trappe la terre d'a­ 'Pénitence, - MaltlL Ill. 1L Marc, 1. 4 et suiv. Luc, Ill. 3, 16.
nathème. Il - HI. 2, 24. - De même dans Ésaïe: Voicilejow' lf Jean, 1. 25, 26, ~3. Act. 1. 22. X. 37. XVIII. 2iL - Les Juifs,
de Jéhovah vient, cl'uel, et d'indiqnation et d'emportement de ,qui étaient baptisés, étaient des hommes purement Externes, et
colère: j'ébranlerai le Ciel, et la tel're sera remuée de sa' place l'homme externe sans la foi au Christ ne peut devenir interne;
au jour de l'emportement de sa colère. 1) - XIII. 6, 9, 13,22. .que cellx qui furent baptisés du baptême de Jean soient devenus
XXII. 5, 12. - De même dans Jérémie, ce jour est appelé jour hommes internes, lorsqu'ils eurent reçu la foi au Christ, et qu'a­
de vastation, de venqeance, et de destl'uctioll, - IV. 9. VII. 32, lors ils aient été baptisés au Nom de Jésus, on le voit dans les
XLVI. 10, 2.1. XLVII. 4. XLIX. 8, 26. - Dans Ézéchiel, jour de Actes des Apôtres, - XIX. 3 à 6.
colère de nuaqe et d'obscurité, - XIII. 5. XXX. 2, 3, 9. XXXIV. 69t. l\.loïse dit à Jéhovah: li Montre-moi ta gloire,. Jehovah
H, 12. XXXVIlI. 14, 16, 18, 19. - Pareillement dans Amos, ­ .lui dit: Tu ne peux voir mes faces, parce que 'le peut Me voir
V. 13,18,20. VIII. 3, 9, 13 - Dans Joël: « Grand (esl) le jow' t homme, et vivre,. et il dit.' Voici un lieu où tu te tiendras sur
de Jéhovah, et tm'rible,. et qui le sOlltùmdra ? )J - Il. 1, 2, 11. le rocher, et je te metl7'ai dans la fcnte du rocher, et je te cou­
Ill. 3, 4. - Et dans Séphanie: « En ce jour-la il y aura une voix vrirai de ma main jusqu'a ce que je sois passé,. et lorsque je
de cri,. le g1'and jow' de Jéhovah est proche,. jour d'emp01'te­ retirerai ma main, tu .ven'us mes derrib'es, et mes faces ne
ment, ce jour-la,. jour d'anqoisse et de détl'esse, jow' de vas­ seront point vues. Il - Exod. XXXllI, 18 à 23, - Si l'homme ne
tation et de dévastation,. au jow' de l'emportement de Jéhovah peut voir Dieu et vivre, c'est parce que Dieu est l'Amour !\fême,
sera dév01'fle toute la terre, et il fera consommation avec tous et que l'Amour Même ou le Divin Amour apparaît dans le Monde
le~ habitants de la terre. " - 1. 7 à 8 ; - ~t en outre dans beau­ spirituel !levant les Anges comme lin Soleil, distant d'eux comme
coup d'autres endroits: d'après ces passages il est évident que si le Soleil de notre monde est distant des hommes; si donc Dieu,
Je chemin de Jéhovah, descendant dans le l\loude, n'eût pas été qui est au milieu de ce Soleil, approchait près des Anges, ils péri­
préparé pal' le Baptême de Jean, dont J'effet dans le Ciel fut de raient, de même que les hommes périraient si le Soleil du monde
fermer les Enfers, Jes Juifs n'auraient pu être préservés d'une en­ approchait d'eux, car il est également ardent; c'est pourquoi il y
tière destl'llCtion: Jéhovah dit aussi à l\Ioï~e: cc En un moment, a de perpétuelles températures qui modifient et modèrent l'ar­
si je montais au milieu de toi, je consumerais ce peuple. » ­ deur de cet amour, afin qu'il n'influe pas dans le Ciel comme il
Exod. XXXIII. 5. - Qu'il en soit ainsi, on le voit clairement par est en soi, car les Anges en seraient consumés; aussi lorsque le
les paroles de Jean il. la foule qui venait pour être baptisée par lui: Seigneur se manifeste dans une plus grande présence dans le Ciel,
~l Race de vipères, qui vous a montré !i juù' la colère à venù' ?)) les impies qui sont au-dessous du Ciel commencent-ils à se lamen­
- Ma tLh. Ill. 7. Luc, III. 7. - Que Jean ait aussi annoncé le ter,1I être tourmentés et à perdre la respiration, c'cst pOUl'quo~
Christ et son avènement, quand il baptisait, on Je voit dans Luc, ils s'enfuient dans les cavernes et d:H1s les rochers des montagnes,
- III, 16. Jean, 1. 25, 26, 31,32,33. III. 26. - D'après cela, il en criant: « Tombez sur nous, et cachez-nous de la face de Celui
est facile de voir comment Jean a préparé le chemin. qui est assis sur le Trône, ." - Apoc. VI. 16. I~saïe, II. t9, 21 : ­
240 LA VRAIE RELIGION CHRÉTIENNE. 2H
CC n'est pas le Seigneul' Lui-Même qui descend, mais c'est un entendu; et comme je perçois que tu n'es pas pleinement dans ce
Ange ayant alltour de lui la sphère de l'amour procédant du Sei- .Monde, parce que tu es en même temps dans le l\londe naturel,
gneur: j'ai vu quelquefois des impies tenifiés par cette descente et que par conséquent tu ne connais pas nos Gymnases Olym-
comme s'ils voyaielltla mort devant leurs yeux, les uns se préci- piques, où les anciens Sages s'assemblent, et apprennent de ceux
pitant dans l'enfel' de plus en plus profondément, et d'autres tom- .qui arrivent de ton Monde les changements et sucoessions d'état
bant en furie, Ce fut pOUl' cela que les fils d'Israël se préparèrent que la Sagesse a subis et subi t encore; si tu veux, je te conduirai
pendant trois jours, avant la descente de Jéhovah le Seigneur sur dans un lieu où habitent plusieurs de ces anciens sages et plu-
la .montagne de Sinaï, et que la montagne fut entourée d'une bar- sieurs de leurs fils, c'est-~-dire, de leurs disciples. » Et il me con-
rière, afin qne personne n'en approcbàt et ne moul'ût, -- Exod. duisit vers les confins entre le Septentrion et l'Orient, et tandis
XIX. - Il en a été de même de la Sainteté de Jéhovah le Seigneur Je
que là regardais d'un lieu élevé, voici, je vis une ville, et à l'un
dans le Décalogue qui fut alors promulgué, et gravé du doigt de de ses côtés deux Collines; et, la plus proche de la ville, moins
Dieu SUI' LIeux Tables, et ensuite déposé dans l'Arche, SUI' laquelle éle\'ée que l'autre; et il me dit: "Cette Ville est appelée Athénée;
dans le Tahernacle avait été placé le Propitiatoire, et SUI' le pro- la Colline la moins hàute, Parnasse; et la plus lJallle, Hélicon;
pitiatoire les Chérubins, ann que personne ne LOuchât immédia- elles sont nommées ainsi, parce que dans la ville et aux alentours
tement de la main ou de l'œil cette Sainteté; Aharon ne pouvait habitent d'anciens Sages de la Grèce, comme Pythagore, Socrate,
pas non plus en approcher, si ce n'est une seule fois par an, après Aristippe, Xénophon, avec leurs disciples et ceux de leur
qu'il s'était expié par des Silcrifices et des Fumigations. Ce fut école. li Et je m'informai de Platon et d'Aristote; il me dit qu'eux:
pour cela que les Ékrouites et les Bethschémites mourul'ent par et leurs sectateurs habitaient dans une autre région, parce qu'ils
milliers, seulement parce qu'ils avaient porté leurs yeux sur l'Ar- ~vaient enseigné les choses rationnelles qui appartiennent à l'en-
che, - 1 Sam, V. 11, ,12. VI. 19 ; - et aussi Uzzah, parce qu'il l'a- tendement, tandis que les autres avaient enseigné les choses mo-
vait touchée, - Il Sam. VI. 6, 7. - Par ce peu d'exemples, il a rales qui.appartiennent à la vie. Il me dit que de la Ville d'Athé-
été manifesté de quel anathème et de quelle destruction auraient née il est fréquemment envoyé des Esprits studieux vers les let-
été frappés les Juifs, s'ils n'avaient pas été préparés par le Bap- trés d'entre les Chrétiens, pour qu'ils l'apportent ce qu'on pense
tême de Jean à recevoir le Messie, qui ét:lit, Jéhovah Dieu dans ~ujourd'hui concernant Dieu, la Création de l'Univers, l'Immor-
une forme humaine, et si Jéhovah Dieu n'avait pas pris l'Humain, talité de l'âme, l'État de l'homme comparé à celui des bêtes, et
et ne s'était pas révélé de cette manière; ils furent prcljJ3rés pal' d'autres sujets qui appartiennent à la sagesse intérieure; et il me
cela que, dans le Ciel, jls furent inscrits et mis au nombre de dit qu'aujourd'hui le héraut avait annoncé une assemblée, ce qui
ceux qui de cœur avaient attendu et désiré le Messie, ce qui fit était un indice que les envoyés avaient rencontré de nouveaux:
qu'alol's des Anges ftlrent envoyés et devinrent leurs gardiens. venus de la tel're, de qui ils avaient appris des choses curieuses;
~ of- .. ... Ji!.
et nous vîmes un grand nombre d'esprits qui sortaient de la ville
692. A ce Cbapiirc j'ajoutcrai ces l\IE~IORAt:LES: Pl:EJIIER ME~IO­ et des environs, quelques-uns ayant des couronnes de laurier sur
RABLc..Lorsqu'après avoir assisté au Jeu de la S:lgesse,1 je re- la tête, d'autres tenant des palmes dans leurs mains, d'autres
tournais chez moi, je vis dans le chemin un Ange en vêtement avec des livres sous les bras, et d'autres avec des plumes sous les
de couleur hyacinthe; il se mil à mon côté, et dit; « Je vois que cheveux de la tempe gauche. NOliS nOlis mêlümes parmi eux, et
tu sors du Jcu de la sagesse, et que tu es ravi de ce que tu yas nous montâmes ensemble; et voici, sur ia Colline il y avait un
Palais octogone, qu'ils appelaient Palladium, et nous entrâmes;
l VoirIe MlbIORABl.E N° IS. (Nole dll Trad.) et voici, là, huit réduits hexagones, dans chacun desquels il r
II. {6
,lir

~42 LA VRAIE RELIGlON CHRÉTIENNE. 243


J avait une petite Bibliothèque, et aussi une Table, près desquils
prirent siége ceux qui avaient des couronnes de laurier; et dans
que c'est seulement une aclil'ité de la nature intérieure, ct que
cette ac:ivité pellt être exaltée au )loint de sc montrer comllle sa­
le Palladium même je vis des bancs de pierre ciselés sur lesquels gesse; 6'1 qu'il est par conséquent ridicule de croire que l'homme,
les autres se placèrent; et alors à gauche s'ouvrit une porte, pal' après la morl, vive plus que la bête, si ce n'est que peul-être pen­
laquelle deux nouveaux venus de la terre furent introduits, et dant quelques jours après le décès il peut, d'après l'exhalaison de
après qu'ils eurent été ~alués, l'un de ceux qui étaient couronnés 1\ la vie du corps, apparaitre comme nimbe sous la forme d'un fan­
de laurier leur demanda; " Qu'y A-T-IL DE NOUVEAU DE LA TERRE? 1) tômc, avant qu'il soit dissipt~ dar.s la nature, il peu près comme
Et ils dirent: u Il y a de nouveau, qu'on a troul'é clans les bois une branche brùlée, retirée <'leg cendres, se fait l'oil' sous la l'es.
des hommes qui sont comme des bêtes, ou des bètes qui sont semblall(,,('j (le sa forme; 7" qu'en conséquence la Heligion, qui en­
comme des hommes; mais d'après leur face et leur corps on a seigne une l'ie après la mort, est une pure inl'ention, anll que les
1\
connu qu'ils étalent nés hommes, et avaient été perdlls ou auan­ sill1ple~ soient tenus intérieurement lies pal' les lois religieuses,
donnés dans les bois à l'àge de deux ou trois alls; 011 dit qu'ds ne comme ils le sont extérieurement par les lois civiles. " Ils ajoutè­
1 peuvent exprimel' pal' le son rien de ce qu'ils pensent, ni ap­ rent que Ce sont lcs hommes purement iugénieux qui raisonnent
prendre à articuler le son en allcun mot; qu'ils ne savent pas non ainsi, (t non les hommes Intelligents; et on leur demanda: Com­
Il

plus discerner, COlll1ne le savent les bêles, la nourrilure qui leur ment raisonnent les Iutelligents? Ils dirent qu'ils ne les avaient
JI

convient, et qu'ils meltent dans leur bouche les choses tant saines pas en lendlis, mais qu'ils ont (l'eux celle opinion.
que rnalsai\les qu'ils (rouvcnt clans les bois: on raconte encore Apr~s ret e~'1lGsé) 10US ceux qui étaient près des T,lhios s'écriè­
plusicurs antres particularités; de là quelques ltrudits parmi nous rent: Il Oh! quels temps aujourd'hui sur la Terre! Eélas! quelles
ont cOlljecturé tl quclques autres ont couclu plilSicllI',; choses sur vicissi!!ldes la Sagesse a éprouvées! n'a-t-ellc pas élé tournée en
l'état des hOlllmcs cOlllparé il celui des bètes. A ces mols, quel­
JI une folle adrésse ingénieuse? Ic Soleil est couché; et, sous la terre,
ques-uns des anciens Sages dem:wdèrent ce qu'ils en avaient iJest diamétralement opposé il son midi. D'après ccux qui ont été
coojectul'é et conclu; et les deux nouveaux venus r~pondirent: abandonnés et trouvés dans les bois, qui est-ce qui ne peut savoir
.. Beancoup de choses, qui cependant peuvent se réduire à ce qui que semblable est l'homme non instruit? Est-ce qu'il n'est pas
~, suit: fO Que l'homme d'après sa ntlture, et aussi d'après sa nais­ selon l'instruction qu'il reçoit? Ne nalt-il pas dans l'ignorance plus
sance, est plus stupide et par suite plus vil qlle la bêle, cl qu'il le que les bètes? Ne doit-il pas apprendre à marchel' et à IJaI'ler? S'il
devient pareillement s'il n'est pas instruit; 2° qu'il peut être ins­ n'apprenait pas à marcher, se dresserait-il sur les pieds? Et s'il
truit, parce qu'il a appris il produire des sons articulés, et par suite n'apprenait pas à parler, exprimerait-il par des sons quelque chose
1 à parler, et que pal' là il a commencé à manifester des pensées, et de la pensée? Tout homme n'cst-il pas selon qu'il a été enseigné;
.( cela successivement de plusen plus, au point qu'il a pu exprimer insensé, si c'est d'après des faux, et sage, si c'est d'après des
les lois de la société, dont plusieurs cependant ont été gravées vrais; et insensé d'après les faux avec la phantaisie d'être pins
dans les bêtes dès la naissance; 3° que les bêtes Gnt la Rationa­ sage que celui qui est sage d'après les vrais? N'y. a-t-il pas des
lité de même que les hommes; 4° si donc les bêtes pouvaient par­ bommes fous et extravagants, qui ne sont pas plus hommes que
ler, elles raisonneraient sur chaque chose aussi subtilement que ceux qui out été trouvés dans les bois? Ceux qui sont privés de la
les hommes; ce qui l'indique, c'est qu'elles pensent d'après la mémoire ne leur sont-ils pas semblables? Pour nous, nous avons
raison et la prudence aussi bien que les hommes; 0° que l'Enten­ Conclu de tout cela que l'homme sans l'instruction n'est ni un
dement est seulement unc modification de la lumière du soleil, bpmme, ni une bête, mais qu'il est une forme qui peut recevoir
avec la coopération de la chaleur, au moyen de l'éther, de sorto en soi ce qui fait l'homme, et qu'ainsi il Ile naît pas homme, mais'

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IT

244 LA VRAIE
qu'il devient homme; et que l'homme naît une telle forme, pour RELIGION CHRÉTIENNE. 245
qu'il soit un organe récipient de la vie qui procède de Dieu, afin de Dieu, et alors cessa aussi leur entretien avec Dieu, et leur COD­
d'être un sujet dans lequel Dieu puisi!>e introduire tout bien. et sociation avec les Anges; car les intérieurs de leur mental, de
par l'nnion avec lui le rendre heureux pour l'éternilé. Nous per­ lenr direction qui avait été élevée en haut vers Dieu par Dieu,
cevons par votre rapport que la sagesse aujourd'hui est tellement furent pliés vers une direction oblique de plus en plus en dchors
éteinte ou devenue folle, qu'on ue sait absolument rien de l'état dans le Monde, et ainsi vers Dieu par Dieu au moyen du Monde,
de la vie des hommes dans sa relation avec l'étal de la vie des et enfin furent retournés dans la direction opposée qui est en bas
Mtes; de là vient qu'on ne connaît pas non plus l'état de la vie l'ers soi-même; et comme Dieu ne peut être regardé !Jar l'homme
de l'homme après la mort; quant à ceux qui peuvent le connaître, intérieurement retourné el ainsi lourné dans un sens opposé, les
mais ne le veulent pas, et pal' suite le nient, comme fo'nt beau­ hommes se séparèrent de Dieu, 'et devinrent des formes de l'En­
coup de vos Chrétiens, nOlis pouvons I\}s assimiler ~ ceux qui ont fer, et par consélluent du diable. JI suit de là que, dalls les pre­
été trourés dans les bois, non pas qu'ils soient devenus ainsi stu­ miel's Ages, les hommes reconnurent de cœur et d'âme que tout
pides p:!r privation d'instl'uction, mais parce Cju'eux-mêmes se sont bien de l'amour, et par suite tout vrai de la sagesse, leur venaient
rendus ainsi stupides par les illusions des sens, qui sont les ténè­ de Dieu et appartenaient à Dieu en eux, et qu'ainsi ils étaient
bres des vérités. " eux-mêmes de purs réceptacles de la vie procédant de Dieu, ce
l\lais alors un des assistants, qui se tenait debout au milieu du qui fit qu'ils ont étt'; appelés Images de Dieu, Fils de Dieu, ,et Nés
Palladium, ayant 11 la main une palme, dit: <c Développez, jtJ vous de Dieu; mais que, dans les Ages qui suivirent, ils reconnurent
prie, cet arcane: Comillent l'homme cl'eé forme de Dieu, a-t-il cela non de cœUl' ni d',ime, mais par 11ne certaine foi persuasive,
pu être changé en forme du diable? Je sais que les Anges du Ciel el ensuite par une foi historique, et enfin seulement de bouche;
sont des formes de Dieu, et que les anges de l'enfer sont des et reconnaiLre cela seulement de bouche, c'est ne point le recon­
formes du diable; et ees deux formes sont opposées entre elles, naître; bien plus, c'est le nier de cœur. Par là on peut voir quelle
celles,ci sont des Folies, celles-là des Sage,sses; dites donc com­ est aujourd'hui la sage~se sur la terre chez les Chrétiens, puisque
ment l'homme, créé forme de Dieu, a pu passer du jour dans une ceux-ci, quoiqu'ils puissent (l'~près la Hévélation écrite êlre ins­
telle nuit, qu'il en soit arrivé à nier Dieu et 3 la vie éternelle? Il A pirés de Dieu, ne connaissent pas la différence qu'il y a entre
cette question les Maîtres répondirent dans, cet ordre, d'abord l'homme et la bète; et que pal' suite plusieurs croient que ,si
les' Pythagoriciens, puis les Socraticiens, et ensuite les autres: l'homme vit après la ITJOrt, la bète aussi doit vivre, ou que si la
mais (Jarmi eux il y avait un Platonicien, celui-ci parla le dernier, .bète ne vit pas après la mort, l'homme non plus ne doit pas vivre;
et son opinion prévalut; elle consistait en ceci: <c Les hommes de notre lumière spirituelle, qui écl:!iro la vue du ment:!l, n'est-elle
l'âge de Saturne ou du siècle d'or, savaient et reconnaissaient pas devenue obscurité chez eux; et leur lumière naturelle, qui
qu'ils étaient des Formes récipientes de la vie qui procède de éclaire seulement la vue du corps, n'est-elle pas devenue pour
Dieu, et par conséquent 'la sagesse était gravée dans leurs âmes eux une lumière éclatante? l)

ct dans leurs cœurs; et par suite d'après la lumière du vrai ils Après cela, ils se tournèrent tous vers les deux nouveaux ve­
voyaient le vrai, et par les vrais ils percevaient le bien d'après le nus, et ils les remercièrent de ce qu'ils s'éttlient rendus au milieu
plaisil' de l'amour du bien; mais li mesure que les hommes, dans d'eux et du récit qu'ils avaient fait, et les prièrent de rapporter à
les Siècles suivants, s'éloignèrent de la reeonnaissance que tout leurs frères ce qu'ils venaient d'entendre: et les nouveaux venus
vrai de la sagesse, et par suite tout bien de l'amour chez eux, in­ répondirent qu'ils confirmeraient les leurs dans ceLLe vérité, qu'au­
fluail continuellement de Dieu, ils cessèrent d'être des habitacl'es tant on attribue au Seigneur et non ~ soi lout bien de la charité et
tout vrai de la foi, autant on est homme et on devient Ange du Ciel.

II
,J, l -
246 LA VRAIE RELIGION CHRÉTIENNE. 24.7
693. SECOND l\rÉ~IORAnLE. Quelques semaines apl'ès, j'entendis ~es vrais, et ainsi avoir la sagesse. II Ensuite ils entrèrent dans
Ulle voix du Ciel qui me dit : « Voi(li de nouveau une Assemblée le Pall:ldium, et avec eux les trois Novices du !\fonde, le Prêlre,
au Parnasse; approche, nous te monlrerons le chemin.·» Je m'av­ Je Politique et le Philosophe; et alors ceux qui étaient couron­
prochai, el quand je fus auprès, je vis sur l'Hélicon quelqu'un le­ nés de laurier, et assis près des lables, demandèrent: Qu'y A­
nant une ll'ompetle avec laquelle il annonçait et indiquait l'As­ T-II. DE NOUŒAU DE LA TERRE? Il Et ils répondirent: « Il y a de
semblée. El je vis, comme précédemment, des esprils monter de nouveau, qu'un homme prétend conl'erser avec les Anges, et avoir
la Ville d'Athénée et des environs, et au milieu d'eux Irais No­ la vua ouverte pour le Monde spil'iluel comme il l'a ouverte pour
vices du Monde; ils étaient Lous lrois d'entre les Chréliens, l'un le Monde naturel; et il en rapporte plusieurs choses nouvelles,
Prêtre, J'autre Polilique, et le lroisiëme Philosophe; on les égayaiL entre autres celles-ci: Que l'homme vit homme après la mort,
en chemin pal' une conversation sur divers snjets, principalement cOlllme il a \écn précédemment dans le l\Jonde; qu'il voit, en­
sur Jes Sages Anciens qu'on designait par leur nOI)l; ifs ùeman­ tend, parle cOlllme auparavant dans le Monde; qu'il est vêtu et
dèrent s'ils les verraient; ou leur répondit qu'ils les verraient, eL paré d'ornements comme auparavant dans le Monde; qn'il a faim
que, s'ils le voulaient, ils lenr présenteraient le s3lut, attendu et soif, Illange et boit comme auparavanl dans le Monde; qu'il
qu'ils étaient affables. Ils s'informèrent de Démosthènes, de DIo­ jouit du délice conjugal comme auparavant dans le !\fonde; qu'il
gène et d'Épicure. On leur dit;« Démosthènes n'est point ici, il dort et veille comme auparavant dans le Monde; qu'il y a là des
est auprès de Platon; Diogène, al'ec ceux de son école, demeure terres el des lacs, des montagnes et des collines, des plaines et
sous l'Hélicon, par celle raiso~ qu'il regarde les choses Ir.ondaine3 des vallées, ùes fontaines et des fleuves, des jardins ct des bo­
comme rien, el ne s'occupe que de choses célestes; Épicure habile cages; et qu'il y a aussi là des palais et des maisons, des villes et
.à l'occident sur les confins, et n'entre pas chez nous, parce que des villages, comme dans le Monde naturel; qu'il y a aussi des
nous, nons distinguons entre les affeclions bonnes et les affections ·écritures et des livres, des emplois et de.s COlllmerces, des pierres
mauvaises, et nous disons que les affections bonnes sont avec la précieuses, de l'or et de l'argent; qu'en un mot, il y a là, en gé­
sagesse, et les affeclions manvaises contre la sagesse. " Quand ils néral et en particulier, toutes les choses qui sont sur la terre; eL.
eurent mon lé la colline du Parnasse, quelques gardes y appor­ que, dans les cieux, elles sont infiniment plus parfaites, avec la
tèrent de l'eau de la fontaine ùans des vases de cristal, et dirent: seule différence que toutes les choses qui sont dans le Monde spi­
« C'est de l'eau de la fontaine, que, selon les récits de l'antiquité, rituel sont d'origine spiriluelle et pal' suite spirituelles, parce
le chel'al Pégase avait fait jaillir en frappant la terre avec la corne qu'elles procèdent du Soleil spirituel qui est pur Amour, tandis
de son pied, et qui fut ensuite consacré aux neuf Vierges; or, que toutes les choses qui sont dans le Monde naturel sont d'ori­
par le Cheval ailé, Pégase, ils désignaient l'Entendement du vrai gine naturelle et par suile naturelles et matérielles, parce qu'elles
pal' lequel existe la sagesse; par la corne de son pied, les expé­ procèdent du Soleil naturel qui est pur feu; qu'enfin l'homme
riences par lesquelles on acquiert l'intelligence naturelle; et par après la Illort est parfaitement homme, el même plus parfaite­
les neuf Vierges, les connaissances et les sciences de tout genre; ment homme qu'auparavant dans le l\londe, cal' auparavant dans
ces choses aujourd'hui sou t appelées fables, mais elles étaient des le Monde il était dans un corps matériel, t3ndis que dans le Monde
cOlTespondances, d'après lesquelles s'exprimaient les hommes de spirituel il est dans un corps spirituel. Il Après qu'ils eurent ainsi
l'antiquité. » Ceux qui accompagnaient les trois nouveaux venus parlé, les Sages anciens 1eur demandèreut ce qu'on pense de cela
leur dirent: « Que cela na VOLIS élonne pas, les gardes ont été ins­ sur la terre. Ils dirent tous tl'ois: (( Quant à nous, nons savons que
truits à parler ainsi; et nous, par boire de l'eau de la fontaine cela est vrai, puisque nous sommes ici, et que nous avons tout
nous entendons être instruit des vrais, el des biens au moyen visité et lout examiné; nous dirons donc comment on en a parlé
nr

I
24.8 LA VRAIE RELIGION CHRÉTIENNE. 249
et comment on en a raisonné sur la terre. » Et alors le PRÊTRE comme rien, et pour quelques-uns d'eux comme un spectre; et
dit: fi Aussitôt que ceux qui sont de notre ordre eurent entendu même ils peuvent dire à la saine raison: Tu déraisonnes. l) A ces
ces récits, ils les ont traités de visions, et ensuite de fictions, puis mots, les Sages de la Grèce dirent: " Ces paradoxes ne se dissi­
ils ont dit qu'il avait vu des fantômes, et eufin ils ont hésité, et pent-ils pa5 d'eux-mêmes comme contradictoires? Et cependant
ont dit: Croyez, si vous voulez; pour nous, jusqu'à présent nous aujourd'hui dans le Monde ils ne peuvent être dissipés par la
avons enseigné que l'homme, après la mort, ne sera pas dans un saine raison; que pent-on croire de plus paradoxal que ce qui est
corps avant le jour du jugement dernier.» Et J'on demanda atJ raconté du Jugement Dernier, que l'Univers périra, et qu'alors les
Prêtre s'il n'y avait pas parmi eux quelques hommes Intelligents étoiles du ciel tomberont sur la terre, qui est plus petite que les
qui pussent leur démontrer et leur faire reconnaître cette vérité, étoiles; et que les corps des llOmmes, alors ou cad:lYJ'es, ou mo­
que l'homme vit homme après la mort. Le Prêtre répondit: cc Il y mies triturées par les hommes, ou réduits à rien, seront réunis
en a qui la démontrent, mais ils ne convainquent pas; ceux qui la à leurs âmes? Nous, lorsque nous étions dans le Monde, nous
démontrent disent, qu'il est contre la saine raison de croire que avons cru à l'immortalité des âmes des hommes, d'après les in"
l'homme ne vit pas lJOmme avant le jour du jugement dernier, et ductions que la raison IJOUS fournissait; et en outre nous avons
que J'Ame en attendant ce jour est sans corps; qu'est-ce alors que désigné pour les bienheureux des lieux que nous arons appelés
1'Ame, et où est-elle pendan t ce temps? Est-ce un souffle, ou un Champs-Élysées; et nous avons cru que ces éimes étaient des effi­
vent qui voltige dans l'air, ou un être renfermé au centre de la gies ou formes hUlllaines, mais tenues parce qu'elles étaient spi­
terre? Où est son Quelque part (Pu)? Est-ce que les Ames d'Adam rituelles. » Après avoir ainsi parlé, ils se tournèrent vers le se­
et d'Ève, et de tous ceux qui ont vécu' après eux, depuis six mille
f~
cond nouveau venu, qui dans le Monde avait été POLITIQUE; ce­
ans ou soixante siècles, ,'olligent encore dans l'univers, ou sont lui-ci avoua qu'il n'avait pas cru h la vie après la mort, et qu'au
tenues renfermées dans le centre de la terre, et attendent le Ju­ sujet des choses nouvelles qu'il en avait entendu dire il arait
gement dernier? Quoi de plus pénible et de plus misérable qu'une pensé que c'étaient des fictions et des inl'entions: « En méditant
.telle attente? Leur sort ne pourrait-il pas être comparé au sort de sur celle rie futlire, je disais: Comment des ümes pcuvent-elles
ceux qui sont en prison les fers aux mains et aux pieds? Si tel être des corps? Tout ce qui appartient à i'holllllle n'est-il pas
était le sort qui attend l'homlne après la mort, ne vaudrait-il pas étendu mort dans le tombeau? Son œil n'y est-il pas; comment
mieux naitre àne que de naître homme? N'est--il· p:lS aussi contre peut-il voir? Son oreille n'y est-elle pas; comment pent-il en­
la raison de croire que l'âme peut être de no~veall re\-êtue de son tendre? D'où a-t-il une bouche pour parler? Si quelque chose de
corps? Le corps n'a-t·il ras été rongé par les vers, pal' les rats. l'homme vivait apràs la ~nort, serait·ce autre chose qu'un spectre?
par les poissous? Et des os hrùlés au soleil ou réduits en pous­ Comment un spectre peut-il manger et boire, et comment peut-il
sière pourraient-ils rentrer dalls ce nouveau corps? Comment des jouir du Mlice conjugal? Où prend-il des vêtements, une maison,
matières cadavéreuses et infecles se rassembleraient-elles et s'u­ des alimen ts, et le reste? Et les spectres, qui sont des effigies aé­
niraient-elles aux :imes? A ces raisonnements, ceux qui les en­ riennes, apparais!\ent comme s'ils existaient, et cependant n'exis­
tendent ne répondent rien de raisonnable, mais ils 'resteut atta­ tent pas. J'avais dans le Monde ces pensées et d'autres semblables
chés à lellr foi, disant: Nous soumellons la raison ~ l'obéissance de sur la vie des hommes aprè~ la mort; mais ~ présent que j'ai tout
]a foi. Quant à la réunion de tous les morls sortant des 10mbeauJ( vu, et tout touché de mes mains, je suis convaincu pal' les sen~
au jour dlJ jugement dernier, ils disent: C'est l'œuvre de la TOl1te­ eUx-mêmes que je suis homme comme dans le !\fonde, au point de
Puissance: et quand ils nOlllment la Toute-Puissance et la Foi, la ne savoir lIutre dlOse sinon que je ris comme je vivais, avec la
raison est bannie; et je puis dil'e qu'alors la saine raison est différence que maintenant ma raison est pIns saine; lai souyent

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200 LA VHAIE RELIGION CHRÉTlENN E. 251


eu honte de mes pensées antérieures.» Le PUILOSOPHE raconta Monde d'où ils sont arrivés, ils ont cru avec tous les autres, que
sur lui-même des choses semblables, avec celle dilTérence cepen­ ceuxquijouiraient du bonheur et de la félicité seraient dans un re­
dant, qu'il avait rangé ces nouveau Lés, qu'il entendait dire sur la poscomplet sans aucun travail, et que comme les administrations,
vie apl'è5 la mort, au nombre des opinions et des hypoLhèses qu'il les emplois et les occupations sont ccs 1r:,lVaux , il y aurait J'epos
[l\'ait rccueillies des Anciens et des Modames. Les Sages étaient 2 l'égard de ces charges; et comme ces trois Novices viennent
stupéfaits de ce qu'ils venilient d'entendre; et ceu;{ qui étaient de d'être amenés par noire Émissaire, et qu'ils sont il la porle ct at­
l'École dè Socl':l.le dirent que, d'après ces NO\l\'elles de la Lerre, tendent, une clameur s'est élevée, et aprés en avoir délibéré, on
ils percevaient que les intérieurs des mentaIs humains avaient été a décidé qu'ils seraient introduits. lion pas dans le Palladium sur
successivcmcnt bouchés, et que maintenant dans le Monde la foi le Parnasse, comme les précédents, mais dans le grand Auditoire,
du faux brille comme la vérité, et l'extravagance du génie comme pOUl' y faire connaître leurs Nouvelles du Monde Chrétien; et
la sagesse, ct que la lumière de la sagesse, depuis les temps où ils {}nelques-uns de nous ont été députés ponr les inlroduire avec
vivaient dans le Munde, s'était abaisssée des intérienrs du Cer­ solonnité. Il Comme j'étais en esprit, et que pour les esprits les
veau sur la bouche au-dessous du nez, oil celte lumière se lllontl'6 distances sont selon les états de leurs alTections; et comme alors
devant les yeux comme éclat de la lèvre, ct par suite le langage j'avais l'affection de les voir ct de les entendre, je me vis là pré­
de la bouche comme sagesse. Après avoir entendu ces mêmes sent, et je les vis introduire et les entendis parler, Les plus An­
choses, l'un des élèves de cellc école dit: cc Combien sont stupides ciens ou les plus Sages s'assirent dans l'Auditoire sul' les ('ôlés,
:llIjourd'hui les mentais des habitants de la terre! Oh! si nous et tous les aulres étaient au milieu; et devant ceux,ci il y avait
avions ici des Disciples de Démocrite et d'Héraclite, dont les uns une estrade: c'cst là que les trois nouveaux venns avec le messa­
rieut de tout, elles autres se lamentent de tout, que de rires et ~er, accompagnés solennellemllut par les plus jeunes, fureut con­
de lamentations nous enLenllrious! " Cette séance de l'assemblée duilsà travers le milieu de l'Auditoire; et quand on eul faitsi­
<lyant été levée, ils donnèrent aux trois Novices de la terre des lence, ils furent salués par un des plus Anciens, et il leu l' de­
marques de leur autorité; c'étaient des lames de cuivre sur les­ manda: (( Qu'y "'-T-IL DE NOUVEAU DE LA TERRE? "Et ils dirent:
quelles quelques Hiéroglyphes avaient été gravées; et les Novices l( Il Ya he'llicoup de Nouvelles, mais dis, je te prie, sur quel su­
se retirèrent arec ces lames. jet. " Et l'Ancien répondit: (( Qu'y A'T-IL De NOUVEAU 1)" LA
694. TROISIÈ~IE MÉ~IORAIlLE. Quelque temps après, je portai -rEliRE AU SUJET DE NOTIIE MONDE ET OU CIEL?" Et ils répon­
mes regards vers la Ville d'ALhénée, dont li a été dit quelque dirent: « En arrivant LOut récemmeut dans ce Monde, nous avons
chose dans le premier Mémorable, et j'entendis provenant de là appris qu'ici el dans le ciel il y a des Administrations, des Char­
une clameur extraordinaire; il Y avait en clic quelque chose du %es, des Fonctions, des Commerces, des Étudcs de sciences, et
l'ire, dans le l'ire quelque chose de l'indignation, et dans l'indigna­ des Occupations admirables; et cependant nous avions cru qu'a­
tion quelque chose de la tristesse 1 néanmoins celle clameur n'était près notre émigration ou translation du Monde naturel dans ce
pas pour cela dissonnante, mais il y avait consonnaJlce, parce que Monde spirituel, nous viendrions daus lin repos éternel sans aucun
ce n'était par un son avec un autre, mais c'était un son au-dedans travail; or, que sont les foncLions sinon des travaux! .. Alors l'An­
d'un autre; dans le Monde spirituel on perçoit distinctement dans cien leur diL: « Est-ce que par un repos éternel sans aucun lra­
le son la variété et le mélange des affections. Je demandai de loin vail vous avez ('ntendu une éternelle oisiveté, dans laquelle vous
ce que c'était; et on me dit: cc Un messager est arrivé du lieu où seriez cO\ltinuellement assis eL couchés, aspirant les délices par la
apparaissent d'abord les nouveaux venus du Monde Chrétien, di­ poitl'ine, eL humant les joies par la bouche? " Aces mots, les trois
sant que là il avait appris de Trois nouveaux venus, que dans le 'Nouveaux venus souriant légèrement dirent qu'ils s'étaient figuré

--oIIl
252 LA VRAIE RELIGION CHRÉTIENNE. 253
quelque chose de semblable; et alors 011 leur fit ceUe réponse: Bibliothèques plus petites: les trois nouveaux venus, en voyant
« Qu'est-ce que les joies et les délices, et par suite la félicité, ont
tant de livres, furent très.. étonnés, et dirent: ( Il Ya aussi des
de commun avec l'oisiveté? Par ['oisiveté le mental s'affaisse et ne Livres dans ce Monde! où prend-on le parchemin et le papier?
s'étend point, ou bien ['homme tombe dans un état de mort et d'où tireZ-VOlis les plumes et l'encre? Il Les Anciens leur répon­
n'est point "ivifié; qn'on supl'0se quelqu'un assis dans une oisi­ dirent: « Nous percevons qlle vous avez cru, dans le !\londe d'où
veté complète, les bras croisés, les yeux baissés ou élevés, et qu'on vous venez, que ce Monde-ci est vide, parce qu'il est spirituel; et
suppose l]u'il soit en même temps entouré d'une atmosphère d'al­ si "ous avez cru cela, c'est parce que vous avez entretenu au su­
légresse, un assoupissement p,'ofond ne s'emparerait-il pas et de jet du spirituel une idée abstraite du matériel; et ce qui est abs­
sa tête et de son corps, l'expansion vitale de la face ne s'étein­ trait du matériel vous a semblé comme rien, ainsi comme vide;
drait-elle pas, et enfin les fibres se relâchant ne chancellerait-il . et cependant ici est la plénitude de toutes choses; ici toutes les
pas de plus en plus, jusqu'il ce qu'il lombüt par terre? Qu'est-ce choses sont SUBSTANTIELLES et non ma térielles, et les choses ma­
qui tient dans l'cxpansiou et dans la tension le système de tout le térielles tirent lenr origine des substantielles; nons qui sommes
corps, si ce n'cst la contention de l'esprit (animi)? Ét d'où vient ici, nous sommes bommes spirituels, parce que nous sommes
la contention de l'esprit, si cc n'est (Jes choses à administrer et substantiels et non matériels; de là vient qu'ici il y a dans leur
des occupations, quand on s'y livre avec plaisir? C'est pourl]uoi je perfection toutes les choses qui sont dans le Monde naturel, même
vous apprendrai une Nouvclle du Ciel, c'est que là il Ya des ad­ des livres et des écritures, et beaucoup d'autres choses encore. )
ministrations, des Illinistèrp.s, - des tribunaux grands ct petils, ct Qunad les trois nouveaux venus entendirent parler de choses
aussi des métiers et des occupations. lJ Quand les trois nouveaux SUBSTANTIELLES, ils pensèrent que cela devait être ainsi, tant
venus apprirent que dans le Ciel il y avait (Jes Tribunaux grands parce qu'ils avaient vU les Livres écrits, que parce qu'ils avaient
et petits, ils dirent: (( Pourl]uoi ces tribunaux? Est-ce quc tous dans entendu cette sentence, ql!e les matières \'Ï('nnent originairement
le Ciel ne sont pa5 illspi"és et conduits pal' Dieu, et pal' suite ne sa­ des substances. Afin qu'ils fussent encore confirmés dans ces vé­
vent pas ce que c'est que le juste et le droit? Qu'est-il alors hesoin rilés, ils furent conduits dans les Demeures des écrivains qui co­
de juges? Il EL le Sage ancien répondit: (( Dans ce Monde, l'on piaient des exemplaires d'ouvrages composés par les sages de la
nous enseigne et nOlis apprenons ce que' c'est que le bien el le ville, et ils examinèrent les écritures, et ils furent étonnés de les
vrai, et aussi ce qne c'est que le juste et l'équitable, comme dans voir si nettes et si brillantes. Ensuite ils furent conduits dans les
]e '!\Jonde naturel, et nous l'apprenons non pas ilnmmédialemQnt de Musées, Gymnases et Colléges, et dans les lieux où se tenaient
Dieu, mais médialement par les antres; et tout Ange, de m~me leurs Jeux littéraires, dont quelques-uns étaient nommés jeux
flue tout homme, pense le vrai et fait [e bien comme pal' lui­ des Héliconides; d'autres, jeux des Parnassides; d'autres, jeux
même; et cela est, selon l'état de l'Ange, mélangé et non pas pur; de!> Athénéicles ; et d'autres, jeux des Vierges de la fontaine; on
et parmi les Anges il y a aussi des simples et des sages, et les leur dit que ceux-ci sont ainsi appelés, parce que les Vierges si­
sages doi\'ent juger, lorsque les simples par simplicité et par igno­ gnifient les affections des sciences, et que chacun a de lïntelli-,
rance sont (Jans le doute sn)' [e juste ou s'en éloignent. Mais \'ou~, gence selon l'affection des sciences; les Jeux ainsi nommés étaient
puisque vous êtes récemment arrivés dans ce l\Ionde, suivez-moi des exercices et des luttes spirituels. Ensuite ils furent conduits
dans notre ville, si cela vous est agréable, et nous vous montrerons dans la ville chez les Gouverneurs, les Administrateurs et leurs.
tout. » Et ils sortirent de l'Auditoire, et quelques-uns des anciens Officiers, et par ceux-ci auprès des ouvrages merveil!eux qui sont
Sages les aecompagnèrent aussi; et d'abord ils entrèrent dans exécutés d'une manière spirituelle par des artistes. Après qu'ils
une vaste Bibliothèque qui étai t, selon les sciences, divisée en eurent tout vu, le Sage ancien s'entretint de nouveau avec eux
......

254 LA VRAIE RELIGION CHRÉTIENNE. 255


sur le Repos éternel de tral'aux, dans lequel viennent ceux qui
.
dans le Monde où Dieu est célébré par un cuIte, quoique là le culle
jouissent de la béatitude et oe la félicilé après la mort, et il leur soit plus pur cl plus inlérieur, mais que les diverses choses qui
dit: « Le Repos éternel n'cst point l'oisiveté, parce qlle de l'oisi­ concernent la Prudence civile, et celles qui concernent l'Érudi­
veté résultent pOlir le ment;]l, ct par suite pour tont le corps, la tion rationnelle, y ~ont dans leur excellence. Un jour, je fus éle\é
langueur, l'engourdissel1lent, la stupeur et l'assoupissemeHt, et au Giel, et conduit nans une Société où il y avait des Sa;;es qui,
c'est Iii la mort et non la vie, et encore moins la vie éternelle, dans dans les Siècles ancren::>, a\'élient excellé en érudition d'après leurs
laquelle sont les Anges du Ciel; c'est pourquoi le Repos éternel \'eilles et leurs méditations SUI' les choses qui concernaient la rai­
est un repos qui chasse ces inconvénients el fait que l'homme vit; !'on et en même temps l'IIs:lge, et qui étaient mainlenant dans
et ce n'est autre chose que ce qui élève le mental; c'est donc une le Ciel, parce qu'ils a\'aient cru en Dieu et que nl3inlenant ils
étude et lin oUYrrlge d'apr/>s lesquels le mental esl excité, vivifjé croient au Sei~neur, et parce qu'ils a\'aient aimé le prochain
ci réjoui; et cela ,c fait selon l'usage d'après lequel, dans lequel COlllme eux-mêmes; et ensuite je fus introduit da us leul' Assem­
et pOlir lequel on opere; de lit vient que tout le Ciel est regardé blée, et 1:) on Inl'J demanda d'où j'étais; et je lelll' déel,lrai que
par le Seignellr eOlill1le le contenant des usages; et chaque l\nge de Corps j'étais dans le ~!onde natul'el, et par l'E~::\!'it d:lns leul'
est Ang-e selon l'us<lg-e qu'il fail; le plaisir de l'usage le pousse Monde spiritnel ; en apprenant celll, ces Anges fureut ,i~IIS la joie,
comme un courant favorable clltraine un navire, el fait qu'il est et il~ me dirent: « Dans le Monde olt III es de corp~:, que sait-on
dans une paix élernelle, et dans le repos de la paix; c'est ainsi de l'INFLcx, et qn'entend-on par I;)?» Et alors, après :l\'oir l'as­
qn'est entendu ie repos éternel de Iravaux. Que l'Ange soit vivi­ semblé ce qlie j'c.] ~l\:::is puisé oans les discours el les (~el'ils des
fié selon l'étude du mental d'après l'usage, cela est bien érident allteul'S célèbres, je répondis qu'on ne connaît encore ~lJClln In­
en ce qlle ehaqn0 AI!ge a l',\moul' conjugal avec sa force, sa puis­ flux du Monde spirililel dans le Monde naturel, mais qu'on parle
sance ct ses délices, selon l'étude de J'usage réel dans lequel il de l'fnl1ux de la Nature oans les choses provenant de la natllre,
est. Après que ces trois nouveaux venus eurent élé confirmés
1)
p:lr exemple, de l'Iunu:, de la Chalenr et de la Lumière du Soleil
que le rcpos éternel est, non pas l'oisireté, mais Je plaisir de. faire dans les Corps animés, comme aussi dans les Al'brcs el les ar­
quelque chose CJui soit pour l'usllge. quelques Vierges vinrent avec brisseaux, d'où pro"ient la vivification des uns et des :lIIlres, et
de la brodcrie ct du filet, ouvrages de leurs mains, et elles leul' réciproquemen t de l'Influx du froid dans ces mêmes êtres d'oü
en firent présent; et quand ces esprits novices sc retirèrent) les provient leur état de mort; et, outre cela, de l'Influx de la lu­
Vierges chantèrent une ode, )Jar laquelle elles expril!lllieJ:t avec mière dans les yenx, d'où résulte la vue; oe l'Influx du son dans
une mélodie angélique l'aff~clion des œuvres de l'usage avec ses Jes oreilles, d'oil résulte l'ouïe; de l'Influx de l'oeleu\' dans les na­
charmes. .
rines, d'où résulte l'odorat, et ainsi du re;;te. De pIns, les Érudits
695. QUATRIEME Mt)!ORAULE, Aujourd'hui, la plupart de ceux de ce siècle raisonnent de diverses manières sur l'Influx de l'Ame
qui croient à la vie après b mort, croient aussi que dans le Ciel dans le COl'pS et du Corps d:lns l'Ame, et sont divisés gUI' ce sujet
leurs Pensées ne seront que des pensées de Dévotion) lenrs Paroles en trois parties, à savoir: S'il y a un Influx de l'Ame dans le Corps,
que des Prières, et que les unes et les autres avec l'expression de influx qu'ils nomment Occasionnel, d'après l'occasion des inci­
la faee et les actes du corps ne seront que des Glorifications de dents sur le;; sens du corps; ou, s'il y a un Influx dn Corps dans
Dieu, qu'ainsi leurs Maisons seroBt aulant de l\Iaisons de culle l'Ame, influx qu'ils nomment Physiq·ue, parce les objets frap­
ou de Chapelles sacrées, et que par conséquent ,IOUS deviendront pent les Sens et par les sens l'Ame; ou, s'il ya un Influx simul­
Prêtres de Dieu, l\lais je peux affirmer que là les choses saintes tané et instan tané dans le Corps el en même temps dans l'Ame,
de J'Église n'occupent pas plus les l\fentals et les Maisons que influx qu'ils appellent Harmonie préétablie; toutefois, chacun

,.....At.
256 LA VRAIE RELIGION CHRÉTIENNE. 257
pense oe son Influx qu'il existe au dedans de la Nature; quelques­ et à la chaleur du soleil, et ainsi à la Nature; et, ce qui m'a sou­
uns croient que l'Ame est une particule ou goutte d'Éther; d'au­ vent surpris, par ces merveilles ils se confirment pour la Nature,
tres, que c'est un globule ou une parcelle de Chaleur et de Lumière; et par les confirmations pour la Nature, ils introduisent dans
d'autres, que c'est une sorte d'être (ens) se tenant caché dans le leurs mentais le sommeil et la mort, et deviennent Athées. En­
cerveau; cependant, quel que soit ce qui pour eux est l'Ame, ils suite, je parlai des merveilles des vé~élaux, en ce qu'elles se sui­
l'appellent spirituel, mais par le spirituel ils entendent un naturel vent toutes dans un 'ordre régulier depuis la semence jusqu'à de
plus pur, car ils ne savent rien du Monde spirituel, ni de l'Influx nouvelles semences, absolument comme si la terre savait ajuster
de ce !\Ionde dans le Monde naturel, aussi restent-ils au dedans et accommoder ses éléments au prolifique de la semence, en faire
de la sphère de la Nature; et, placés dans cette sphère, ils mon­ sortir le germe, le dilater en tige, tirer de la tige des branches,
tent et descendent, et ils s'élèvent en elle comme les aigles dans les revêtir de feuilles, les orner ensuite de fleurs, et des inlérieul's
l'air; et ceux qui restent dans la Nature sont comme les indigènes des fleurs faire sortir et produire des fruits, et par ceux-ci des
d'une ile, au milieu de la mer, qui ne savent pas qu'il existe d'au­ semences comme postérité, afin que le végétal renaisse: mais
tres cOlHrées au-delà de leur île ; ils sont aussi comme les poissons comme ces choses, par un continuel aspect et par un perpétuel
d'un fleuve, qui ne savent pas qu'au-dessus de leurs eaux il y a de retour, sont devenues familières, ordinaires et communes, ils les
l'air; c'est pour cela que, dès que l'on dit qu'outre leur Monde il regardent non pas comme des merveilles, mais comme de purs
existe un monde qui. en est distinct, où habitent les Anges et les effels de la nature; et ils en jugent ainsi par la seule raison qu'ils
Espl'its, et d'où provient tout Influx dans les hommes, et aussi un ignorent qu'il y a un Monde spirituel, et que ce Monde par l'inté­
Influx intérieur dans les arbres, ils restent lout sUl'pris, comme rieur opère et actionne toutes et chacune des choses qui existent
s'ils entendaient raconter des apparitions de spectres, ou des sor­ et sont formées dans le Monde de la nature, et sur la Terre natu­
nelles d'Astrologues. Excepté les Philosophes, les hommes d'au­ relle, et agit de même que le l\felltal humain dans les Sens et les
jourd'hui sur le Globe, où je suis de corps, ne pensent et ne Mouvements du Corps, et que toutes les choses de la nature sont
parlent d'aucun autre influx que de l'Influx du vin dans les verres, comme des tuniques, des gaines et des chemises qui enveloppent
de l'Influx des aliments et des boissons dans le ventrel et du goût des choses s.pirituelles et produisent le plus près les effets corres­
dans la langue, et peut-être aussi de l'Influx de l'air dans le pou­ pondants à la fin que s'est proposée le Dieu Créateur.
mon, ct ainsi du reste; mais si ceux·ci entendent dire quelque 696. CINQUlÈ~I! l\fÈMORABLE. Un jour, je suppliai le Seigneur
chosede l'Influx du Monde spirituel dans le l\londe spirituel naturel, il qu'il me fùt donné de parler avec des Disciples d'ARISTOTE, el en
disent: « Qu'il influe, s'il influe; à quoi sert-il de savoir cela? et même temps avec des Disciples de DESCARTES et des Disciple!> de
quel profit en retire-t-on?» Et ils s'en vont; et plus tard quand LEIRNITZ, dans le but de puiser les opinions de lellr mental sur
ils parlens de ce qu'ils ont entendu dire de cet Influx, ils s'en le Commerce de l'Ame et du Corps: après ma supplication, il se
amusent, comme quelques personnes s'amusent avec des galets entre présenta neuf Hommes, trois Aristotéliciens, trois Cartésiens et
les doigts. • trois Leibnitziens, et ils se tinrent autour de moi, à gauche les
Ensuite j'eus avec ces Anges un entretien sur les Merveilles qui adorateurs d'Aristote, à droite les sectateurs de Descartes, et der­
doivent leur eXistence à l'Influx du Monde spirituel dans le Monde rière eux les fauteurs de Leibnitz; au loin à une certaine distance,
naturel; par exemple, sur celles des chenilles quand elles de­ et séparés par des intervalles, je vis trois hommes qui semplaient
viennent papillons, puis sur celles des abeilles et des guêpes,· et couronnés de laurier, et d'après unè perception qui influait du
sur les merveilles des vers à soie, et aussi sur celles des araignées. Ciel je reconnus que c'étaient ies Chefs ou les Mattres eux-mêmes;
et sllr ce que les habitants de la terre les attribuent à la lumière . derrière Leibnitz était quelqu'un qui tenait à la main le pan de son
JI. • 17
208 LA VRAIE RELlGION CHRÉTIENNE, 259
habit , et il me fut dit que c'était Wolf. Ces neuf Hommes. se re­ vers les objets? D'après ces arguments et mille autres sembla­
garda~.t mutuellement se saluèrent d'abord d'un tori poli, et se bles, quiconlJue s'élève par la sagesse au-dessus des sensuels du
mirent f\ converser. Mais bientôt après il s'éleva des Enfers nn corps conclnt qu'il n'y a pas un Influx du corps dans l'âme, mais
Esprit avec une petiLe torche dans la main droite, et il l'agita de­ qu'il y a un Influx de l'âme dans le corps, influx que nous nom­
vant leurs faces; dès lors ils devinrent ennemis trois contre Lrois, mons, nous, occasionnel, et aussi spirituel. li Les trois Hommes
et se regardaient d'nn air menaçant; en effet, la fureur de con­ qui se tenaient derrière les triades précédentes, et qui étaient des
tredire et de disputer s'était emparée d'eux; et alors les Aristoté­ fauteUrs de Leibnitz, ayant entendu ces paroles, élévèrent la voix,
Ii~iens, qui étaient aussi Scholastiques, commencèrent en di&ant: en disant: ({ Nous avons entendu les arguments présentés de part
( Qui ne voit point que les objeLs influent par les sens dans l'Ame, et d'autre, et nous les avons comparés, et nous avons perçu qu'en
de la même manière qu'un homme entre par la porte dans la plu~ieurs poinLs les seconds prévalent sur les premier's, et qu'en
chambre, et que l'Ame pense selon l'Influx? Quand lin Amant voit plusieurs points les premiers prévalent sur les seconds; si donc
sa jeune Amante ou sa Fiancée, son œil n'étincelle-t-il pas, et vous le permeLLez, nous allons vous mettre d'accord. » Interrogés
ne porte-t-il pas son amour â l'âme? Quand un Alare voit des comment, ils répoudirent: ~ li n'y a ni Influx de l'AnJe dans le
bourses pleines d'argent, ses Sens ne s'enflamment-ils pas, et par Corps, ni Influx du Corps dans l'Ame, mais il ya une opération
suite ne portent-ils pas celle flamme dans l'âme, et n'y excitent­ unanime et instantanée de l'un et de l'autre ensemble, opération
ils pas un ardent désir de les posséder? Quand un Orgueilleux que noire eélèbre Auteur a signalée par un beau nom, en l'appe­
s'entend louer par quelqu'u.1, n'écoute-t-il pas attentivement, et lant Harmonie préétablie,)l Après cetle discussion, le même Es­
ses oreilles ne porLent-elles pas ces louanges à l'âme? Les Sens prit apparut de nouveau avec sa petite torche à la main, mais il
du corps ne sont-ils pas comme d'es vestibules par lesquels sc fâit l'avait alors dans la main gauche, et il l'agita derrière leur occiput;
uniquement l'entrée vers l'âme? qui peut, d'après cela et milk 1-1' suite les idées de tous devinrent confuses, et ils s'écrièrent
autres exemples semblables, ne pas conclure que l'friflux vient G~ ensemble: " De quel parti nous rangerons-nous? notre âme, ni
la nature ou est physique? li Les Sectateurs de Descartes, qui te­ notre corps, ne le sait; tranchons donc la question par le Sort, et
naient leurs doigts au-dessous du front, et qui alors les retirèrent, 1l9US adhèrerons au Sort qui sortira le premier, " Et ils prirent
répondirent à ces arguments, en di~ant: .. Hélas! vous parlez d'a­ trois petiLs billets, et écrivirent sur l'un INFLCX PHYSIQUE, sur
près les app'arences; ne. savez-vous pas que ce n.'est pas de soi­ l'autre INFLUX SPIRITUEL, et sur le troisième HARMONIE PRÉÉ.T.\­
même, mais d'après l'Ame, que l'œil aime la jeune Amanto
, ' . 1
ou 1;\ BLlE; et ils les mirent tous trois au fond d'un bonnet; et ils choi­
Fiancée? Que ce n'est pa.s non plus d'enx-mêmes, mais d'après sirentl'un d'entre eux pour tirer; et celui-ci ayant plongé la main
l'Ame, que les Sens 'du corps désirent ardemment les bourses tira le billet sur lequel avait étééerit INFLUX SPIRITUEL: ce bill~t
ple:ines d'arg,ent? Que Id~ mêm~ les oreilles n~ saisissent pas 'non' ayallt été vu et lu, toml dirent. les uns cependant d'un 'son clair
plus autrelnent les louang.es diS ~L1~urs ? N'est-ce pas la percep:-. et 'coulanl, les antres d'un son obscur et contracté: « Adhérons à
tion qui fait 'seritir, et la percep,tion 'n'appartient-elle pas à l'âipe l'lnOuxspirituel, .puisqu'il est sorti le premier. » Mais aussitôt .un
et non à rorganJ! Dites~ si Vo.us le lp.ouvez, est-.il autre chose q,u~ Ange se présenta e~ dit: " Ne croyez pas que le billet pour l'IN~
la pensée•. qui fa~~~ par!er la lanS4e et les lèvres ? e~ autre cb~se" . rLIa SPIRITUEL soil sorti par hasard, mais c'est parce qu'il Y a
qu~ la volonté .qui ,r~~~'f~gii' lés ~ains? or:,. la pensée ~t la vOl'o~Üé.· ~té"poùrvu; vous, en eife'. parce que vous êtes dans des idées
n'~ppartie~,n~n~~enè~' ~a~ à. rA~.?? ~,ar conséq~~~t,' .est-.il .a~t~,~ , eonfu~es, vous ne '.Oyez pas li vérité de cet Influx~ mais la Vérité
chose que 1 Ap1~, .~Ul filS~? .~~~,l œil vYlf•.~ue J~s~rel.\l~s e.ntep~~nt. s'est présen Lée elle, méme:à la main, et cela,afin que vouS y
et que tous les .lutr~s .org~n~.~sentent, sonta~te~l.t,lrs ~~ se to~r~en.t.
~ • • , ." • '. ' , . • 1 1 . - Il
adhér:iez.-»
260 LA VRAIE
,697. SIXIÈME MÉMORABLE. l'n jour, non loin de moi; je vis un' RELIGION CHRÉTlENNE. 261.
~étéore; je vis une nnée divisée en petits nuages, dont quelq'ues­ J ,pu par une p.ensée de la raison voir et concevoir ce que c'est que

uns étaient bleus, et d'autres sombres; et je les vis COlume \ se ' : l'Ame, et qui plus est, quelle cn est la qualité? _Cela n'est-il. Eas

heurtant les uus contre les autres;' à travers ces nuages brillaieÎit. '~u-desius de la sphère de l'entend!ment de tous? .. Mais à celle

disposés en stries;, -des rayons: qui. paraissaient, tantôt, polni'Gs . exclamation en réponditQffl'Orcnestr§l: IC Cela est non pas au­

comme des épées, ,tantôt émoussés comme des épées brisées; ces ( dessus de l'Entendement, mais dans l'Entendement et devant lui,
stries tantôt s'élan,çaient en avant, tantOt se reJfliaient sur elles­ répondez maintenant... Et les jeunes gens, ch~isis ce joul'·là 'p.Q.ur
mêmes, absolument comme des athlète:;; ainsi ces petits _nuages monter Aans t~ chaire et rép.0n~re_sur!e Pro~lème, se levèr~nt;
de diverses couleurs paraissaient combattre les uns contre les '~u­ .ils étaient cinq, qui avaient été 'examinés par les Anciens et trou­
tr~s, mais c'était un 1~iJ. Et comme ce Météore se présentait non 1vés pourvus de sagacité, et ils étaient alors a§.@s sur des lits aux
,loin de moi, je levai les .yeux, et je. regardai attentivement, et je eôtés deC[achairê,,; eux donc montèrent ensuite dans l'ordre selon
vis ~ants, des jeuneS' gens et des vieiilards entrer dans: une lequel ils étaient assis; et ch,!c.!!.n-9'el.!!.LJl'Œ!d i1_mo~1~it, sUe­
(
Maison qui était construile' en marhre" et dont les fondements vêtait d'une tunique de soie coureur opale, sur laqueJle il mettait
étaient de porphyre; ce phénomène étaient au-dessus de cette Mai­ " f une, robe de fine laine brodée en fleurs, et sur sa tête u.Jl_b.@~_et
son; et alors m'adressant à l'un de ceux qui entraient, je lui de­ au sommet du gu.el était un bouque.t de roses entouré de petits sa­
mandai ce qu'il y avait là ; et il me répondit: " li y a un Gymnase, phirs. Et je vis monter ainsi vêtu le Premier, qui dit: • Depuis le
où les jeJl~L~~~sont init~~s dansJes diverses choses qui con- ; jour de la Création il n'a été révélé à personne ce que c'est que
1 cernent la sages~e. Il Ayant entendu cette réponse, j'entrai avec l'âme, ni quelle en est la qualité, c'est là un arcane dans les tré­
eux; j'étais en esprit, c'est-à-dire, dans un état semblable à celu sors de Dieu seul; tou tefois, ce qui a été découvert, ç'est que l'Ame
où sont les hommes du Monde Spirituel', qoi sont appelés Esprit~ , réside dans l'homme comme une Reine; mais olt est la cour de
. 1et Anges; et voici, dans ce Gymnase, je vis sur le devant une '" eette reine? de's Érudits ont donné sur ce sujet leurs inspirations;
Chaire; au milieu, des bancs; sur les côtés tout autour, des siéges; . quelques-nns ont conjecturé que c'est· dans ,un petit tubercule
et all:dessus de l'e~trée, un Or~J.!~§.tre: (îa Chai~, étai t. pour les entre le Cerveau et le Cervelet, qu'on nomme Glande pinéale; ils
jeunes gens qui devaient cette foiuépondre sur un Problème qu,i . se sont figuré le siége de l'Ame dans cette glande, par la raison
allail être proposé ~~n~étaient pour,les auditeurs ~~g.e~ , que l'homme tout entier est igQ.uv.efné d'après ces deux Cèrvea'Dx
sur les côt(QllO~ ceux qui avaient' précédemment répondu avec et que c'est ce tubercule ((yi I~ di~p06e ; ce qui dispose à son gré
sagesse, et Orchestift pour les Anciens qui devaient être arbitres : les cerveaux, dispose'1t!Yn'O aus~ J'homme tout entier de la tête
JI et juges; au milieu de \'Q~~~stre il.J' a~it ~È~_ Trib~neJ~~il , àux pieds... Et il a.l0~~a.::, Cèla par conséquent a semblé vrai ou
(1

assis un Sage.! qU'0'!2Ppelait 1!~<!:Maitre" qui proposait les. vraisemblable à plusieurs 'dans le Monde, mais a été, u-!l ~iè~le
problèmes sur lèsquels de la' Chaire devaient répondre les jeunes. i1l!rès, rejeté comme une tic..!.ion. " Quand il eut ainsi parlé, il Ota
gens; et ap~ès que tous furent. assemblé~, l'H~min~ de 'la tri~_u...ne . la robe, la tunique et le bonnet, dont se revêtit le Second des..- (~
s~ leva_~jlt: Il Répondez malDtenant, Je vous prie, sur ce Pro- . jeunes gens choisis, et celui-ci entra dans la chaire; son senti­
blème, et résolvez-le si vous pouvez: QU'EST~CE QUE L'AME, ·ET. ment sur l'âc' e fut que. dans I,e Ciel entier et dans le Monde en­
1 QUELLE EN EST LA. QUALITÉ?» A cette proposition, tous furent '
très-étonnés, et ily eutchuchottement, et quelques-uns @iO).'As-
~ieron ignore ce que c'e~t que l'Ame, ét quelle en est la qualité.
,dn sait que l'Ame elist~, et qu' elle est dans rÈ_QQ1me ; mais où?
Seiiib~; parmi ceux qui étaient sur les bancs, s'écrièrent: Cl Qui ,on ch~rche à le deviner; ce qu'il y a de certain, c'est quelle est
Q'èiiIFë les hommes, depuis le siècle de Saturne jusqu'au nOtre, a dans la Tête, puisque là l'Entendelllent pense, et.la Volonté a l'in­
tention, et que sur le! devant, dans la face de la Tête, il y a les 01'­
262 LA VRAIE RJi:LIGION CHRÈTlENNE. 263
ganes des cinq sens de l'homme; rieri ne donne la .vie aux uns et dans le Cœur, et par suiic dans lp. Sang; ma conjecture est ba­
aux ·autres, sinon l'Ame qui réside intérieurement da.!1.Ll.~--,!,è_te; sée sur ce que le cœur par son sang gouverne et le Corps et la
mais où y lient-elle sa Cour? je n'oserais le dire; cependant j'ni Tête, car il envoie dans tout le Corps une grande artère appelée
penché lantôl pOlir ceux qui lui ont assigné son siége dans les Aorte, et dans toute la Tête des artères appelées Carotides; de HI
trois Ventricules du, Cerveau, tanlôt pour ceux qui l'ont placé là il esl gén~ralement admis que l'Ame d'après le cœur soutient.
dans les Corps striés, tanlol pour ceux qui l'ont placé dans la S!!h­ nourrit, vivifie par le s:lIlg tout le système organique et du Corps
stance.1llédull~ire de l'un et l'aulre Cerveau, tanlôl pour et de la Têle; à l'appui de celle assertion ajoutez que dans l'Écri­
ceux qui
l'ont placé dans la Substance cQtlicale, tantôt pour ceux qui l'ont ture-Sainle il est très-souvent dit .l'Ame et le Cœur, par exemple,
plate dans la DUi'e-Mère ; car les sulrrages~ résull:mt des confirma­ qu'il faut ~ill}er .Dieu 9~ toute A...!!!..tI et de ~~!-Cœur ; et Clue Dieu
tions pour chacun de ces siéges, n'oJiI pas manqué, POUl' les troi& crée en l'hommc une Ame nouvelle et un Cœu!.n.ouveau, - Deu­
Ventricules du Ceneau, les suffrages provenaienl de ce que ces tél', VI. 5. X. 12. XI. 13. XXVI. 16. Jérém. XXX.U. 4t. MaUh.
ventricules soutJes réceplacles'dtls esprils animaux el de toules les XXII. 37. !\lare, XII. 30, 33. Luc, X. 27, et ailleurs; - et il est dit
Iyrnphes du. Cerveau: pour les Corpsstrié~, les suffrages pro"enaient ouvertement que I~_$ang est l'Arne de la chair, - Lévit. xviI.. H,
de ce que ces corps font la Moelle par laque.!!~~r_~llIl!Jes. nerfs,
el la Moelle par laquelle l'un et l'autre Cerveau se pl'olonge dans
14. _ » ~uelque~-uns, apr~s avo,ir 8nten,~u .CéS citations, élevè- )
6 rent la VOIX en dIsant: BIen! bIen! » c etaIent des prêtres. En­
ft
l'Épine, et que de l'une et de l'autl'e émanent les libres dont tout ~ _ suite le Quatrième, ayant pris les ,'êtements de celui-ci, et étant
le corps a été tissu: pour la Substance médullaire de l'un ell'aul re - "' enlré dans la Chaire, dit: « Je soupçonne aussi, moi, qu'il n'y a
Cerveau, les suffrages provenaient de ce qu'elle esl la réunion et personne d'ull génie si subtil et si pénétrant, qu'il puisse découvrir
l'assemblage de toules les fibres, qui sont les commencements de ce que c'est que l'Ame, et quelle en est la qualité; c'est pourquoi
tout "homme: pOlir' la Substance corticale, les suffrages prove- - 1, je pense que chez celui qui veut la scruter la subtilité ne sert à
naient de ce que li. SOllt les fins premières el dernières, et par rien; mais néanmoins depuis mon enfance je suis reslé dans la
suile les principes de toutes les' fibres, et pal' conséquent des sen~ foi du 'sentiment, dans l~q!!.el étaient les Anciens, que rAme de
et des mouvements: pour la Dure-l\fère, les suffrages proven aient- c.. rhomme .est dans le tout et dans chaque partie de l'homme, et
de ce qu'elle astle tégumenl conill:lUnde l'un et de l'autre Cel'veau. âinsi tant dans la Tête et dans chacune de ses parties que dans le
et que de là par une certàine' continuilé elle s'étend sur le cœur Corps et dans chacune de ses parties, et que riest unll invention
el sur les viscères du corps. Quant à moi, je ne me décide pas plus frivole de la part des Modernes d'assigner à l'Ame lin siége en
pour l'un que pOUl' l'autre de ces siéges ; vous, je vous prie, exa­ ( quelque endroil
et non partout; de plus, l'Ame eSl une s~bstance
minez, et choisissez celui qui est préférable. » Après qu'il eut sj!irit.u.eJ le à laquelle s'applique non pas l'extension ni le lieu,
. ainsi parlé, il descendit de la Chaire, et il donna la tunique, la robe mais 1'JtabLtation et l'implétion ; et même qui est-ce qui ne eom­
)
elle bonnet au Troisième, qui, montanl dans la Chaire, s'exprima .prend la vie, quand il nomme l'âme? la ':.ie n'~st-elle pas d.~n.:?Je
en ces termes: Que puis-je, moi jeune homme, en présence d'un
ft
~t el tians chaque partie? .. Ce sentiment fut apPI'ollvé par un
.théorème si sublime? j'en appelle aux Érudils qui si~gent ici sur
·les côtés; j'en appelle à vous, Sages, qui êtes dans l'orchestre; et
, ®_ t;rand nombre dans l'Audiloire. Après celui-ci le Cinquième se
leva, et décoré des mêmes insignes il prononça de la Chaire ces
1iùême j'en appeH,!L aux An~es du Ciel suprt-me; est-il quelqu' paroles: .. Je ne m'arrête pas à dire où est l' Ame, SI elle est dans
l qui, d'après sa IUlllière rationnelle, puisse se former une idée un de quelque partie, ou si elle est de tout côté dans. le tout; mais d'a­
l'Ame? Quant au siége de l'Ame dans l'homme, je puis, moi, près ce que je trouve en moi je découvrirai mon sentiment sur
. comme d'autres, tirer des conjectures; et fe conjecl ure qu'il est ceite proposition: Qu'cst-ce que l'Ame et quelle en est la qualité?
264 LA. VRAlE RELIGION CHRÉTIENNE. 265
Quand quelqu'un pense à l'âme, il n'y pense que comme à quel- ainsi des Mentais (Mentes et Animi); et maintenant vous voyez
que chose de pur, qui peut être assimilé à l'éther, ou à l'air ou au ~ clairement que vous êtes véritablement, réellement et en actua-
vent, dans lequel il yale ,'ital d'après la.!3tionaD.té que l'homme lité des hommes, qui dans le Monde avez vécu et pensé dans un
possède de plus que les bêtes: j'ai fondé celte opinion sur ce qu'on corps matériel, et ~ez su que ce n'est pas le Carys matériel qui
dit de l'homme, qu'and il expire, qu'il rend le souffle ou qu'il rend ill-e.L~se, m~j§ _quLc'e.s_t .l!~e Sllbstân_~~ _spiritu~lle-dans-êe
l'Ame ou l'esprit; delàaussi l'on croit que l'Ame qui ViL après la (
c~s, et avez appelé Ame celte Substance dont vous ne connais-
mort est un tel souille, dans lequel il y a une vie cogitati\'e qu'on siez pas la forme, et cependant vous l'avez vue à présent el vous
appelle Ame; quelle autre chose l'Ame peut-elle être? Mais comme la voyez; vous tous VOllS êtes des Ames,' sur l'immortalité des-
j'ai entendu dire de l'Orchestre que le pl'oblème concernant l'Ame, quelles, vous avez entendu, pensé,dUet écrit tant de choses; et
ce qu'elle est, et quelle en est la quali té, n'est pas au-dessus de comme vous êtes des formes de l'amour et del~.J2a.ges!'e procédant
l'entendement, mais qu'il est dans l'entendement et devant lui, je de Dieu, vOys~ouv~z_.noin~ mOllrU:.....9-~nsJ'~ler!!ité : l'~!~t 1\
vous prie et vous supplie de dévoilr.r vous-mêmes cet éternel Ar- dO~È forme humaine, de laquelle rien ne peut êlre retranché, J\
l~
cane. » Et les Anciens dans l'Orchestre portèrent leurs regards et à laquelle rien ne peut être ajouté, et elle est la forme inti..!!le
~!!r le Grand-Maître qui avait proposé ceJlroblême, et qui comprit de tou..!.e.!.!~Jor.!!l!ls È~ps entier; et comme les for~es ~L ~ont ~
par leurs signes qU'lis désiraient qu'il descendit et instruisit l'As- ~u dehors reçoivent de la forme intime et l'essence et la forme, )\
semblée; et aussitôt il descendit. de la Tribune, traversa l'Audi- c'e~t pour cela que vous, ainsi que vous apparaissez devant vous-
toire et monta dans la r.haire; et là, étendant la main, il dit: É- l(
mêmes et devant nous, vous êtes des Ames; en un mot, l' Ame e~t )
coutez, je vous prie; qui est-ée qui ne croit pas que l'Ame est l'~n­ l'~Q.mme hli:m~e, parce qu'elle est l'homme -in'time; c'est'pour-
time e_t. ~rès'subtile Essence .de l'homme? Mais une Essence sans quoi sa forme est pleinement et parfaitement la forme humaine;
Forme, qu'est-ce autre chose qu'un être de raison? l'Ame est donc cependant elle n'est point la vie, mais ell~st le plu~ p',:o~he ré- J\
, une Forme; mais quelle forme; c'est ce que je vais dire: C'est ta ceptacle de la vie procédant de Dieu, et ainsi l'habitacle de Dieu ...
11 forme <i.e JQ..\Ites ks çho.§es qui appartiennent il l'am.Q!1r et de toutes quelques-uns disaient: Il Nous examinerons. " Moi, alors, je m'en
celles qui appartiennent à la sag~se ; toutes celles qui appartien- :tllai à ma demeure; et voici.• sur ee Gymnase, an lieu du pre-
nent il l'amour sont appelées affections, et toutes celles qui ap- mier Météare, il_!pQarut lIne Nuée bl~nshe sans stries ou sans
. partiennent à la sa~essesont app~lées perceptions; les percep- rayons combattant entre eux; c,ette Nuée, traversant le toit, entra
tions proviennent das affections, et ainsi fo-;ta;ec elles une seule et_ éclair~.I~s_!!!urailles; et j'appris qu'ils voyaient dèsÉcritures.
forme, d~nsJ~.<l!!~.lill des choses in~<?..mbrables sont ~ans un t~1 1 et entre aulres aussi celle-ci: "Jéhovah Dieu souffla dans les
o!!re., u.ne telle série et une telle cohérence, qu'~kLPJl!J~~n t . narines de i' !tomme une AillE DE VIES, et fut fait i' Homme en
11 être~'!!.mées un; et elles peuvent être nommées un, parce que
)
'",AME VIVANTE. » - Gen. II. i.
riëD n'en peut être retranché, ni rien ne peut y être ajouté, afin
qu'elle soit telle; qu'est-ce que l'Ame humaine, sinon une telle
' forme? Taules les choses qui appartiennent à 1~.I!1Q1!.ret. tout~s
r c.elles qui appartiel.lDent à la Sagesse ne sont-elles pas les essen-
trels de ceUe forme? et ces essenliels chez l'hom me wnt dans
l'Ame, et 4'après l'Ame dans la Tête et dans le corps: vous, vous
.-f ~. êtes appelés Esprits et Anges, et vO.!!L~\'ez cr~an~le l\Ion~~_e
• les Esprit et les Anges étaient comme des vents ou des éthers, et

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