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4 AFFAIRE N° ICTR-2001-73-T LE PROCUREUR
5 CHAMBRE III C.
6 PROTAIS ZIGIRANYIRAZO
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9 PROCÈS
10 Mercredi 1er mars 2006
11 9 h 25
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13 Devant les Juges :
14 Inés M. Weinberg de Roca, Présidente
15 Khalida Rachid Khan
16 Lee Gacugia Muthoga
17
18 Pour le Greffe :
19 Stephania Ntilatwa
20 Zulphur Mhina
21
22 Pour le Bureau du Procureur :
23 Wallace Kapaya
24 Gina Butler
25 Iskander Ismail
26 Charity Kagwi-Ndungu
27 Jane Mukangira
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29 Pour la défense de Protais Zigiranyirazo :
30 Me John Philpot
31 Me Peter Zaduk
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33 Sténotypistes officiels :
34 Pius Onana
35 Françoise Quentin
36 Lydienne Priso
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1 ZIGIRANYIRAZO MERCREDI 1ER MARS 2006
6 VOIR-DIRE (suite)
7 Suite du contre-interrogatoire de la Défense de M. Zigiranyirazo, par Me
8 Philpot-Ndungu................................................................................................2
9 Interrogatoire supplémentaire du Bureau du Procureur, par Mme Kagwi-Ndungu
10 .......................................................................................................................54
11 Discussion entre les parties ..........................................................................60
12 Décision de la Chambre.................................................................................75
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16 PIÈCES À CONVICTION
17 Pour le Bureau du Procureur :
18 P. 35...............................................................................................................54
19 P. 36...............................................................................................................56
20 P. 37...............................................................................................................56
21 P. 38...............................................................................................................56
22 P. 39...............................................................................................................57
23 P. 40...............................................................................................................80
24 P. 41...............................................................................................................97
25 Pour la défense :
26 D. 26..............................................................................................................49
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3 Mme LE PRÉSIDENT :
4 Bonjour.
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36 Je vous remercie.
1 Mme LE PRÉSIDENT :
2 Je vous remercie.
3
14 VOIR-DIRE
15 CONTRE-INTERROGATOIRE (suite)
16 PAR Me PHILPOT :
17 Q. Au sortir de l’audience d’hier, nous étions sur une liste qui devait être
18 élaborée au cours de la nuit. Je serais ravi d’obtenir une copie de ladite
19 liste.
20 Mme DES FORGES :
21 Madame le Président, Honorables Juges, je voudrais tout d’abord poser
22 une question : Je me suis retrouvée dans une situation difficile. J’ai
23 préparé la liste, mais il m’est survenu que les noms sur cette liste
24 procèdent de plusieurs procès. Je me demande donc dans quelle mesure
25 je suis en train d’enfreindre les lois régissant le Bureau du Procureur en
26 matière de protection des témoins, des témoins experts.
27
1 Nous voudrions donc que la Chambre nous instruise sur cette affaire
2 relativement à la protection des témoins. Certains n’ont pas encore
3 comparu, d’autres n’ont même pas encore été approchés par le
4 Procureur.
5
10 M. LE JUGE MUTHOGA :
11 Pourquoi ? Pourquoi n’êtes-vous pas à l’aise avec la présence du
12 témoin ?
13 Me PHILPOT :
14 Tout d’abord, je n’ai pas pris connaissance de la liste, et je crois que cela
15 revient à la Défense… cela est important pour la défense de mon client.
16 Nous sommes tenus par des ordonnances relatives à la protection, et si
17 c’est un document sous scellés, nous sommes tenus par la
18 confidentialité.
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20 Les raisons pour lesquelles j’ai besoin de cette liste, c’est là une question
21 que je suis réticent à établir en présence du témoin. Cependant, nous
22 avons reçu une liste hier, une liste qui était versée aux débats, placée
23 sous scellés. Savoir tous ces noms n’était pas forcément nécessaire, et
24 hier, nous avons dit que cette liste n’était pas exhaustive.
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20 Me PHILPOT :
21 Avec tout respect que je vous dois, non. Mais, encore une fois, la
22 Chambre est informée de nos prétentions quant à la nature de ce témoin
23 qui fait partie d’une équipe — qui fait partie d’une
24 équipe —, et le contre-interrogatoire, comme le sait la Chambre, est ce
25 moyen par lequel nous pouvons établir cela.
26 Mme LE PRÉSIDENT :
27 Maître Philpot, peut-être qu’il serait juste suffisant que le docteur Des
28 Forges établisse une liste des noms qu’elle a suggérés qui devraient être
29 contactés en l’espèce.
30 Me PHILPOT :
31 C’est la question que l’Honorable Juge Muthoga m’a posée ; j’ai répondu
32 que non.
33 Mme LE PRÉSIDENT :
34 Mais je ne comprends pas pourquoi cette liste n’est pas suffisante.
35 Pourquoi avez-vous besoin de savoir quelles sont les enquêtes qui ont
36 été menées et qui ne sont pas reliées à l’affaire qui nous intéresse ?
1 Me PHILPOT :
2 C’est l’intégration de cette personne en l’équipe du Procureur qui fait
3 partie du litige.
4 Mme LE PRÉSIDENT :
5 Cela est suffisant, car de toutes les façons, nous n’allons pas revenir sur
6 d’autres affaires, c’est l’affaire qui nous intéresse. Et le docteur Des
7 Forges a dit que la liste définitive est quatre fois plus importante.
8
9 Ainsi donc, le fait qu’elle ait aidé le Bureau du Procureur a été explicité
10 par ses soins ; pourquoi avons-nous besoin de connaître les noms ?
11 Pourquoi avons-nous besoin des trois autres pages manquantes, s’il ne
12 s’agit pas de personnes qui ne sont pas liées en l’affaire qui nous
13 intéresse ?
14 M. LE JUGE MUTHOGA :
15 Maître Philpot, vous essayez de faire un point. Si je vous ai compris, c’est
16 le suivant : Le présent témoin a aidé le Procureur dans une grande
17 mesure. Et c’est là un fait que l’on ne peut réfuter.
18
24 Donc, s’il y avait… si l’on doit se fonder sur cela, alors, faites-le donc. Je
25 pense que vous pouvez le faire. Je suis moi-même enclin à penser qu’il
26 ne serait pas avisé que de lui demander de communiquer les noms de
27 toute personne qu’elle aurait mentionnée au Procureur, personne qui
28 serait reliée ou non à l’affaire, personne reliée à l’affaire Akayezu ou des
29 personnes reliées à d’autres procès.
30 Me PHILPOT :
31 Je voudrais confirmer un point avec mon collègue.
32 Mme LE PRÉSIDENT :
33 Nous allons écouter la réplique du Procureur.
34 Me PHILPOT :
35 Je voudrais m’entretenir et confirmer tout cela avec mon confrère.
36 Mme LE PRÉSIDENT :
1 Faites donc.
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7 M. LE JUGE MUTHOGA :
8 Très bien. Je vous remercie. Nous le ferons.
9 Me PHILPOT :
10 Je voudrais proposer que l’on remette cette question de côté, que nous
11 la laissions de côté, que je pose deux ou trois autres questions. Nous
12 pouvons être d’accord ou non, mais je ne vais pas demander au docteur
13 Des Forges de nous communiquer la liste complète. Je vais poser deux
14 ou trois questions, tout dépendra de l’issue de ces questions.
15 Mme LE JUGE KHAN :
16 À quelle décision faites-vous référence ?
17 Me PHILPOT :
18 La décision de savoir si je peux prétendre à une liste complète.
19 R. Je voudrais ajouter un point d’information : Il m’est apparu clairement,
20 après ces discussions, qu’il y a eu un quiproquo.
21
27 Nous en avons parlé bien avant que l’on ne me propose que je vienne
28 comparaître à ce procès comme témoin expert. Par conséquent, je n’ai
29 jamais proposé quiconque au Bureau du Procureur ou au Procureur pour
30 l’affaire qui nous intéresse.
31 Mme LE PRÉSIDENT :
32 Madame le Procureur, vous avez la parole. Vous vouliez ajouter quelque
33 chose ou est-ce là ce que vous vouliez dire ?
34 Mme KAGWI-NDUNGU :
35 En outre, Madame le Président, nous voudrions que la Chambre se
36 penche sur l’Article 70 B). Et ce que la Défense demande au témoin,
1 c’est une information qui tombe en partie sous le joug de cet Article, car
2 nous ne voyons pas quel est le contenu de cette liste, tel que stipulé par
3 l’Article 70 bis : « Si le Procureur dispose d’une liste, alors, toute autre
4 information ne doit être communiquée à la Défense sans la présence de
5 la personne qui a communiqué cette information ».
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7 Nous ne savons pas quel est l’objet de cette longue liste de témoins.
8 Nous n’avons pas de problème sur le fait qu’à plusieurs reprises, nous
9 avons approché ce témoin. C’est un témoin expert qui connaît bien la
10 région, nous lui avons demandé de nous assister sur la base de ses
11 connaissances de la région. Cela ne pose pas de problème en l’espèce,
12 cela ne pose pas de problème si nous savons qu’elle connaissait le
13 témoin ADE également.
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29 Ces noms-là… Parmi ces noms, combien d’entre eux peuvent faire l’objet
30 de poursuites éventuelles et, cela, dans votre entendement ?
31 R. De poursuites de la part de qui ?
32 Q. Le TPIR.
33 R. Vous me mettez dans une situation difficile, voyez-vous, car les
34 personnes qui sont actuellement détenues dans des prisons rwandaises
35 ne peuvent être poursuivies par le TPIR, à moins que le Parquet n’ait pas
36 mené à bien sa tâche.
4 Ceux qui sont détenus dans les prisons rwandaises sont-ils des témoins
5 potentiels à charge ?
6 M. LE JUGE MUTHOGA :
7 Pour ce procès ou en d’autres procès ?
8 Me PHILPOT :
9 Pour le procès qui nous intéresse.
10 R. J’en doute fort. Je vois le nom, en fait, d’une personne qui a en fait
11 déposé.
12 Q. Cette personne a déposé ?
13 R. Oui, je crois.
14 Q. Les autres qui sont détenues dans des prisons rwandaises, ces
15 personnes-là ne sont pas des témoins potentiels, dites-vous, pour les
16 procès du TPIR ?
17 R. Il n’y a qu’une personne, peut-être deux, je ne sais pas si cette deuxième
18 personne est toujours en vie, en fait. Il y a donc trois personnes que je
19 vois sur cette liste qui étaient à l’époque dans des prisons rwandaises. Et
20 je pense que depuis lors, (inaudible) personne est décédée.
21 Q. Ainsi donc, nous allons nous départir de ce groupe, nous allons nous
22 pencher sur d’autres individus.
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1 Très bien.
2 Q. Sur… Parmi ces trois ou quatre noms, combien ont été contactés par le
3 Procureur, si vous le savez ?
4 R. Aucun, je crois.
5 Q. Combien ont été poursuivis ?
6 R. Cela, je ne saurais y répondre, je ne sais combien ont été poursuivis.
7 Q. Combien d’entre eux ont été poursuivis publiquement sur ces trois ou
8 quatre ?
9 R. Je ne suis pas sûre de ma réponse, mais je crois qu’aucun n’a fait l’objet
10 de poursuites publiques.
11 Me PHILPOT :
12 Excusez-moi, Madame le Président, Honorables Juges, mais je dois
13 changer mon écouteur, je n’entends plus l’interprétation, je n’entends
14 plus rien dans mon écouteur.
15 Q. La liste en votre possession, est-ce qu’elle comporte la liste d’hier ?
16 R. Oui, c’est le cas. Je voudrais ajouter que certaines des personnes que j’ai
17 inclues dans la catégorie des personnes susceptibles d’être poursuivies
18 ne seront pas poursuivies pour le crime de génocide mais pour d’autres
19 crimes.
20 Q. Je ne fais pas de distinction. Par conséquent...
21
4 Nous avons terminé hier… Quand nous avons terminé hier, vous étiez
5 sur le point de dire que le fils de « ADE » a pris contact avec vous et vous
6 avez refusé de le rencontrer. Et, à deux autres reprises, celui-ci a essayé
7 de vous joindre à votre domicile et a parlé à certaines personnes de
8 votre famille qui lui ont répondu que vous étiez absente, puis il vous a
9 rappelée — puis il vous a rappelée — cette année ; n’est-ce pas, le fils de
10 « ADE » ?
11 R. Je ne sais pas s’il s’agit du même fils, mais l’un des fils de « ADE » m’a
12 appelée.
13 Q. Donc, il vous a appelée à partir d’un pays que je voudrais… Je ne
14 voudrais pas citer le pays en question.
15 R. Je ne sais pas où il habite ou d’où il a appelé.
16 Q. À quelle date vous a-t-il téléphoné ?
17 M. LE JUGE MUTHOGA :
18 C’est quelqu’un qui s’était identifié comme un fils de « ADE » .
19 R. C’est exact, Monsieur le Juge. Je n’ai aucun moyen de vérifier si c’était
20 exact, mais c’est ce qu’il m’a dit.
21 Me PHILPOT :
22 Q. Ainsi, vous lui avez parlé ; à quelle date vous a-t-il appelée ?
23 R. Je ne me souviens pas. Je vous demanderais d’apprécier le fait que je
24 reçois des centaines ou des milliers d’appels émanant de Rwandais ; et
25 j’ai reçu 7 900 courriers électroniques, je n’ai pas eu le temps de prendre
26 note de chaque contact.
27 M. LE JUGE MUTHOGA :
28 Ça suffit de dire que vous ne vous rappelez pas.
29 R. Je vous remercie, Monsieur le Juge. Je voudrais essayer d’étayer mes
30 propos par la raison pour laquelle, raisonnablement, je ne peux pas me
31 rappeler.
32 Me PHILPOT :
33 Q. Était-ce en 2004 ou en 2005 ?
34 R. Je pense que c’était en 2005, début 2005.
35 Q. Quel était l’objet de la discussion que vous avez eue avec ce jeune
36 homme ?
1 M. LE JUGE MUTHOGA :
2 C’est seulement un fils, elle ne sait pas si c’est un jeune homme ou pas,
3 c’est un fils. Jeune… Par rapport à son père, c’est un jeune homme.
4 Me PHILPOT :
5 Ce n’est pas son père… Bon, enfin.
6 Q. Ce monsieur, le fils de « ADE », qu’est-ce que vous avez discuté avec
7 lui ?
8 R. Il m’a demandé de faire une déclaration au bénéfice du dossier de sa
9 sœur qui a fait une demande d’asile, et j’ai accepté de ce faire.
10 Q. Et ce jeune homme vous a-t-il dit ce qu’il faisait dans son pays
11 d’accueil ?
12 R. Non, la conversation a été très brève. Il a fait une demande, laquelle j’ai
13 acceptée.
14 Q. Où deviez-vous faire cette déclaration ?
15 R. J’ai fait une déclaration écrite — j’ai oublié — à cette jeune dame, ou à
16 son avocat ou les personnes qui l’aidaient dans son pays d’accueil, où
17 « il » a demandé l’asile.
18 M. LE JUGE MUTHOGA :
19 Q. Est-ce que c’était remis à main propre, ou par courriel ou par quel mode
20 de communication ?
21 R. Probablement par e-mail, pas par voie de fax.
22 Me PHILPOT :
23 Q. Est-ce quelque chose que vous avez scanné ; est-ce quelque chose que
24 vous avez rédigé puis scanné ou directement par courriel ?
25 R. Si ma mémoire est bonne, je l’ai… j’ai répondu directement par e-mail
26 sur ordinateur.
27 Q. Avez-vous signé ce document ?
28 R. Si c’était un courrier électronique, je n’ai pas pu le signer. C’est pour cela
29 que j’ai hésité. Peut-être que je l’avais faxé, mais je ne me rappelle pas
30 l’avoir faxé.
31 Q. Quelle était la nature de la déclaration que vous avez faite à son sujet ?
32 R. C’est une déclaration la concernant.
33 Q. Disant quel genre de choses ?
34 R. Ce que j’essaye d’éviter, c’est l’identification de la personne, mais je vais
35 entrer dans des détails. C’est un secret entre elle et moi, je ne vois pas
36 la pertinence à votre cause.
1 Q. Êtes-vous un avocat ?
2 R. Non, mais j’ai roulé ma bosse.
3 Q. Vous avez fait une déclaration devant ce Tribunal soutenant la demande
4 d’asile de la fille
5 de « ADE » ; et vous avez dit que vous l’avez connue pour une période
6 de temps ?
7 R. Non.
8 Q. Quelle était la nature de la sollicitude que vous avez faite ?
9 R. Elle faisait une affirmation basée sur la convention des réfugiés, et je me
10 suis conformée à la convention des réfugiés.
11 Q. Comment est-ce que cette personne serait en danger en raison de son
12 affiliation politique ou de son affiliation familiale ou ethnique ?
13 R. Ethnique, religieuse, à partir du pays qu’« il » a fui. Ce sont les termes
14 généraux de la convention sur les réfugiés.
15 Q. Très bien. Vous avez dit des choses, vous avez dit que vous connaissez…
16 vous avez fait des informations sur elle et sa famille et que vous pensez
17 qu’elle serait en danger ?
18 R. Je n’ai pas spécifiquement précisé que j’ai des relations avec sa famille,
19 mais c’était fondé sur sa religion.
20 Q. Est-ce que cela a eu quelque chose à faire avec ses relations familiales ?
21 R. Ce n’était pas un point nécessaire d’informations ici.
22 Q. Votre Conseil… Le Procureur peut faire objection mais pas vous.
23 R. Peut-être, je pense que je dois dire : J’ai un sens aigu des obligations par
24 rapport aux personnes que j’ai aidées, et le Procureur partage ce sens
25 d’obligations au même titre que moi.
26 Q. Donc, vous n’êtes pas désireuse de nous dire…
27 M. LE JUGE MUTHOGA :
28 Si vous pouvez éviter de réfuter ce qu’elle a dit, vous pouvez dire qu’elle
29 a fait une recommandation, soit recommandation positive en faveur de
30 la fille de « ADE ».
31 Me PHILPOT :
32 Très bien. Nous sommes d’accord.
33 Q. Le fils avec qui… à qui vous avez parlé, il ne vous a pas dit ce qu’il faisait
34 dans son pays d’accueil ?
35 R. J’ai répondu.
36 Q. Très bien. Je peux dire que vous avez répondu autrement.
2 Dans votre déclaration, vous avez dit qu’en plus, le fils de « ADE » qui
3 étudiait — tiret, le nom du pays ; est-ce lui ?
4 R. Quand j’ai relu cette déclaration, j’ai supposé qu’il s’agissait de la même
5 personne avec qui j’ai parlé il y a plusieurs années, mais je me suis
6 rendu compte que je n’ai aucune justification pour faire cette assertion.
7 Je ne me rappelle pas, lors de nos conversations, qu’il m’ait dit d’où il
8 appelait. Donc, je ne suis pas sûre.
9 Q. Dans votre déclaration, vous avez dit que le fils du témoin « ADE » — il
10 —, et vous dites maintenant que ce n’est peut-être pas le même fils ?
11 R. C’est exact, je n’ai aucun moyen de savoir. Comme j’ai déjà dit, j’ai reçu
12 plusieurs demandes, je ne connais pas les détails, je ne connais pas les
13 noms des personnes, je ne connais pas l’ordre de descendance dans la
14 famille. C’est des gens qui m’appellent comme ça tout le temps.
15 M. LE JUGE MUTHOGA :
16 Q. A-t-il fait référence à une conversation précédente que vous avez eue
17 avec lui ? Vous a-t-il dit :
18 « Madame Des Forges, vous rappelez-vous que nous avions eu une
19 conversation dans le passé ? Et je vous rappelle, Madame Des Forges, je
20 suis le fils d’un tel et telle et j’ai besoin de votre aide ; pourriez-vous
21 m’aider ? » Quelque chose de ce genre. Quel était le format de la
22 conversation ?
23 R. Comme je l’ai dit, c’était une conversation brève, je ne me rappelle pas
24 s’il a fait référence à des contacts antérieurs avec moi. Peut-être qu’il l’a
25 fait, mais je n’en suis pas sûre. Mais comme nous avons discuté ce
26 matin, je ne suis pas encore sûre qu’il s’agissait de la même personne.
27 Mme LE PRÉSIDENT :
28 Q. Avez-vous vu ou rencontré la sœur au profit de laquelle vous avez fait la
29 recommandation ?
30 R. Je l’ai vue en tant qu’enfant au cours d’une période précédant le
31 génocide. Et nous avons… nous faisions (sic) le « Jacques, où es-tu ? »
32 C’est ça qu’« il » jouait avec mes enfants.
33 Q. Comment savez-vous que c’était le même enfant ? Vous avez rencontré
34 tous les enfants du
35 témoin ADE ?
36 R. Je pense qu’à l’époque, je les ai vus tous naître, mais je ne sais pas si je
1 les ai revus par la suite. J’ai pris cela de bonne foi, la requête… la
2 demande qui m’a été adressée. Très sincèrement que cette personne
3 avait de bonnes raisons de me faire cette demande et, compte tenu de
4 la nature de la demande, j’ai essayé d’être le plus utile que possible.
5
1 Me PHILPOT :
2 Q. Il s’agit donc du fils ou la fille ?
3 R. Je ne sais pas.
4 Q. Était-ce le fils ou la fille ?
5 R. Je ne sais pas. La réponse m’a donné suffisamment d’indices pour dire
6 qu’il s’agissait de cette affaire-là.
7 Q. L’objet était « Merci » ?
8 R. Oui, c’est ce dont je me rappelle.
9 Q. Et vous préférez ne pas vous référer au nom de la personne ?
10 R. Non, c’était en un seul mot : « Merci ».
11 Q. Comment saviez-vous d’où cela provenait ?
12 R. Parce que mon ordinateur vous indique l’envoyeur.
13 Q. C’était qui ?
14 R. Quelle que soit la personne, c’était suffisant pour moi pour déclencher
15 une… déclencher en moi qu’il s’agissait d’une réponse positive. Autant
16 que j’ai pu reconstituer la demande, la demande était faite début 2005, il
17 y avait un délai fixé, et j’ai répondu dans ce délai. Puis, j’ai reçu un
18 message en retour plusieurs mois plus tard, de toutes les façons dans le
19 courant de 2005.
20 Q. Était-ce septembre ou octobre ?
21 R. Je ne me rappelle pas. C’est… Peut-être, c’était l’année dernière, je ne
22 me rappelle pas l’année.
23 Mme LE PRÉSIDENT :
24 Q. Est-ce que « ADE » vous a contactée après que vous ayez soumis cette
25 demande ?
26 R. Non, je n’ai pas eu de ce contact avec « ADE » sur ce sujet.
27 Me PHILPOT :
28 Q. Ainsi, vous avez refusé de rencontrer le fils, mais vous avez aidé la fille ?
29 R. Comme j’ai dit hier, je n’ai pas rencontré le fils. Je ne peux pas vous dire
30 qu’il s’agit d’un refus, je ne saurais être catégorique. C’est déterminé
31 certainement par l’impossibilité de faire coïncider nos calendriers ou que
32 j’ai tout simplement décliné pour d’autres raisons, je ne me rappelle pas.
33 Q. J’en conclus que vous avez refusé, parce que vous avez utilisé le mot
34 « refus » vous-même et pas moi.
35 Quelle est la fréquence de vos rencontres avec Stephen Rapp sur cette
1 question ?
2 R. Quelle question ?
3 Q. Concernant votre déposition en la présente cause.
4 R. Je ne me rappelle pas l’avoir rencontré pour discuter la cause qui nous
5 occupe.
6 Mme LE PRÉSIDENT :
7 Q. Est-ce que cela s’agit de « ADE » ou de Zigiranyirazo ?
8 R. Cela a été mentionné au cours d’une conversation deux ou trois fois,
9 pour être sûre, mais nous n’avons pas pris de rendez-vous pour discuter
10 de l’affaire de Monsieur Zigiranyirazo ; c’est peut-être dans le contexte
11 de discussions de nombre de questions pendantes dans le cadre de mon
12 assistance au Bureau du Procureur.
13 Q. Est-ce que Monsieur Rapp a discuté quoi que ce soit avec vous
14 concernant « ADE » ?
15 R. Madame le Juge, je me rappelle qu’il m’a dit qu’il a reçu des déclarations
16 faites par « ADE » et que ces déclarations pourraient être utilisées dans
17 le cadre de préparation de mes propres travaux.
18 Q. C’était quand ?
19 R. C’était dans le courant de l’année dernière.
20 Q. 2005 ?
21 R. Oui.
22 Mme LE PRÉSIDENT :
23 Merci.
24 Me PHILPOT :
25 Q. A-t-il discuté de « ADE » avec vous à une date antérieure, en 2004 ?
26 R. Je ne saurais dire la date, j’ai eu plusieurs discussions au cours de
27 laquelle… au cours desquelles nous avons évoqué « ADE », mais je ne
28 me rappelle… J’ai dit deux ou trois reprises où cela faisait partie des
29 discussions.
30 Q. Lorsque vous êtes venue à Arusha ?
31 Mme LE PRÉSIDENT :
32 Elle a parlé de conversations. La question était si c’étaient des contacts
33 par e-mail ou par d’autres moyens.
34 Me PHILPOT :
35 Mais non, elle a parlé de « conversations », c’est pourquoi j’ai demandé :
36 « Si... Lorsque vous êtes venue à Arusha ».
1 Me PHILPOT :
2 Q. Si le docteur Des Forges nous dit qu’elle ne connaît pas l’identité des
3 témoins de l’intérieur de la cause actuelle…
4 Mme LE PRÉSIDENT :
5 Non, ce n’est pas ce qu’elle nous dit. Il faut la citer avec précision.
6
1 ailleurs.
2 Mme LE JUGE KHAN :
3 Q. Et c’est Monsieur Rapp qui vous l’a dit ?
4 R. Oui, je pense que c’est lui, mais je n’en suis pas absolument sûre.
5 Me PHILPOT :
6 Q. Quand avez-vous été informée de cela par Monsieur Rapp ?
7 R. C’était en 2005, je ne me souviens pas de la date exacte.
8 Q. Peu après que vous ayez reçu un message de son fils, que vous ayez
9 entendu… eu des nouvelles de son fils ?
10 R. Je n’ai pas lié ces deux faits ou ces deux événements, mais de manière
11 logique, si je considère le moment où (inaudible) pour le contact et
12 l’information qui m’a été fournie, je pense que c’est
13 peut-être après ce contact que j’ai eu du fils que j’ai eu cette
14 information.
15 Q. Est-ce que « ADE » vous a téléphoné une fois qu’il a été emprisonné ?
16 R. Bien sûr que non.
17 Q. Avez-vous jamais rencontré Monsieur Knups (Phon.) ?
18 R. Je ne connais pas de Knups.
19 Q. J’aurais dit Knups.
20 R. Non, c’est un nom qui ne me dit rien. Je n’ai jamais, jamais, jamais vu ce
21 nom auparavant et je n’ai jamais entendu, d’ailleurs.
22 Q. Vous a-t-on demandé de témoigner au profit de « ADE » sur sa
23 personnalité ?
24 R. Non.
25 M. LE JUGE MUTHOGA :
26 Dans le cadre de ce procès ?
27 Me PHILPOT :
28 Dans son procès.
29 M. LE JUGE MOTHOGA
30 Ah ! Oui, dans son procès.
31 Me PHILPOT :
32 Q. Avez-vous eu donc contact avec d’autres membres de la famille de «
33 ADE » ?
34 R. Non.
35 Q. Savez-vous où ils habitent aujourd’hui ?
36 R. Je ne le sais pas.
1 Q. Quand avez-vous appris pour la première fois que « ADE » avait pris
2 contact avec le Bureau du Procureur ?
3 R. Je n’en sais rien. Je ne sais pas quand est-ce qu’il a pris contact avec le
4 Bureau du Procureur, je ne sais pas si c’est lui qui a pris contact avec le
5 Bureau du Procureur ou c’est l’inverse. En tout cas, je n’ai aucun moyen
6 de communication et je n’en sais rien du tout.
7 Q. Qui vous a dit pour la première fois qu’il y avait un entretien entre les
8 deux : Est-ce Monsieur Rapp ?
9 R. Non, je ne le pense pas, je pense que c’est quelqu’un d’autre qui m’en a
10 informée.
11 Q. Qui était-ce ?
12 R. Je ne sais pas, peut-être un enquêteur qui avait indiqué que c’était
13 possible, cet entretien, c’est
14 peut-être un Avocat.
15 Q. Quel enquêteur était-ce : Était-ce Monsieur Beyer Jean (Phon) ?
16 R. Je vous ai dit que je ne savais pas. Je ne sais pas si c’est un enquêteur
17 même. J’ai dit que cela aurait pu être n’importe qui.
18 Q. Était-ce en 2004 ?
19 R. Je vous ai dit : Je ne le sais pas, je ne sais pas quand est-ce que cela a eu
20 lieu.
21 Q. Quand avez-vous appris qu’il était en prison ?
22 R. Est-ce qu’il est en prison ? Je n’en sais rien du tout. Vous voulez dire
23 quand il s’est livré, qu’il a été transféré à Arusha ?
24 Q. Non, il ne faut pas mentionner où c’est.
25 R. Où il a été transféré, non, je n’en sais rien, je ne me souviens pas du tout
26 de la date. C’est peut-être à un moment quelconque de l’année dernière.
27 Q. Vous a-t-il parlé publiquement des dépositions qu’il allait donner ?
28 R. Non, pas autant que je m’en souvienne. J’aurais pu savoir sur quels faits
29 faire des commentaires.
30
33
34
35
36
1 Me PHILPOT :
2 Q. N’est-il pas vrai que vous avez indiqué dans le cadre de la justice
3 internationale, au mois de septembre… — vous avez même mentionné le
4 nom de la personne —, vous avez dit que le
5 témoin ADE sait beaucoup de choses à propos... beaucoup d’événements
6 à propos d’avant et d’après avril 94 ?
7 Mme DES FORGES :
8 R. Je ne pense pas que cela soit un commentaire sur le contenu de sa
9 déposition ; pour moi, il s’agissait tout simplement d’une évaluation de la
10 possibilité… de l’ampleur des connaissances qu’il avait des faits.
11 Q. Vous avez accepté de déposer dans le cadre d’un tribunal international ?
12 R. Je ne sais pas de quelle justice internationale « dont » vous parlez.
13 Q. Connaissez-vous un Trévilier (phon.) ?
14 R. Oui. Je le connais.
15 Q. Vous a-t-il parlé de « ADE » ?
16 R. Je ne me souviens pas.
17 Q. Au mois de septembre ?
18 R. Je ne pense pas que je l’aie vu au mois de septembre.
19 Q. Vous a-t-il parlé au mois de septembre ?
20 R. Non. Je ne m’en souviens pas.
21 Q. Faites-vous une distinction entre les connaissances de « ADE » et les
22 informations éventuelles qu’il pourrait livrer au Tribunal ?
23 M. LE JUGE MUTHOGA :
24 La distinction entre la connaissance de « ADE » et… Vous voulez dire ce
25 que « ADE » pourrait savoir ?
26 Me PHILPOT :
27 Oui. En effet, les connaissances « dont » pourrait avoir « ADE » sur les
28 faits, par rapport à son témoignage qu’il pourrait donner à la Chambre.
29 M. LE JUGE MUTHOGA :
30 Est-ce que cela... les deux choses ne seraient-elles pas égales ? Ces
31 deux choses ne seraient-elles pas égales, s’il était « véridique » ? Ce
32 qu’il sait, c’est ce qu’il pourrait dire, si cela est la vérité.
33 Me PHILPOT :
34 C’est ce que je pensais, Honorable Juge. Bien sûr, je suis d’accord avec
35 vous.
36
15 Q. N’est-il pas ironique que vos déclarations concernant vos entretiens avec
16 « ADE » et les articles
17 afro-américains constituent une espèce de chevauchement entre vous-
18 même et ce que vous avez mentionné ?
19 R. Nous avons parlé d’un contact sur une période de quatre ans. Et certains
20 de ces contacts sont même purement accidentels ou fortuits. Et les
21 articles qui ont été postés ou affichés n’en parlent pas.
22 Q. Et votre réunion de 91, c’est un cas.
23
24 Vous avez parlé des contacts ultérieurs que vous avez noués ; et quand
25 est-ce que vous parlerez de ces contacts, également ? Vous-même, vous
26 avez mentionné, vous avez indiqué que vous l’avez rencontré en 1999,
27 que vous l’avez référé au Bureau du Procureur.
28 R. Non. Je ne l’ai pas référé au Bureau du Procureur.
29 Q. Non. Vous « leur » avez demandé de prendre contact avec le Bureau du
30 Procureur.
31 M. LE JUGE MUTHOGA :
32 On pourrait peut-être parler de qui l’a conseillé ? Qui l’a conseillé de
33 prendre attache ?
34 Me PHILPOT :
35 Oui, Honorable Juge. Je ne veux pas jouer avec les termes, mais
36 formulons de la manière suivante :
31 M. LE JUGE MUTHOGA :
32 Q. Êtes-vous... Parlez-vous de l’académie ? Enfin, je voudrais que vous
33 m’aidiez un peu : Comment... qu’est-ce que vous voulez dire par
34 « historienne académique » ?
35 Me PHILPOT :
36 Je ne peux pas vous aider ! Je ne sais pas ce que veut dire « historienne
1 académique ».
2 M. LE JUGE MUTHOGA :
3 Vous dites quoi ?
4
5 Qu’est-ce que vous entendez par cela ? Vous avez appris l’histoire et
6 vous devenez historienne académique lorsque vous faites quoi ?
7 Me PHILPOT :
8 Ici, nous parlons d’expert, d’expert qui a certaines qualifications
9 universitaires, qui a une certaine expertise dans certains domaines, une
10 expertise scientifique dans un domaine précis qui concerne le monde. Et
11 dans ce cas précis, nous parlons de la région des Grands Lacs.
12 M. LE JUGE MUTHOGA :
13 Je vous pose cette question parce que j’ai entendu parler « d’historienne
14 académique » en opposition aux questions pratiques ou théoriques.
15 Donc, vous voulez dire qu’il s’agit là d’une historienne qui se consacre
16 davantage à l’enseignement de l’histoire à d’autres personnes ?
17 Qu’entendez-vous par cela ?
18
14 J'ai été recrutée par le biais d'un groupe de réflexion et, comme je vous
15 l'ai dit l'autre jour, je ne me souvenais... je ne me souviens pas,
16 d'ailleurs, du nom de ce groupe de réflexion. Mais depuis, je me souviens
17 de ce nom parce que j'en ai parlé avec d'autres personnes qui parlent...
18 qui ont travaillé dans le cadre de l'assistance technique et il est... et ce
19 groupe s'appelle « Groupe d'évaluation pour le développement rural ». Et
20 c'est une... c'est une association qui travaille également pour l'USID en
21 vue de la production de cette étude.
22
23 Et cette étude avait pour but... — non ! — était... avait été confiée à AED,
24 qui a été confiée, par la suite, à USID pour confection.
25 Q. Ne vous considérez-vous pas comme « consultant » pour le bénéfice du
26 Gouvernement américain en 91 et en 92 ?
27 R. S'agissant de l'objectif ultime de ce travail en vue de la confection d'une
28 nouvelle politique étrangère pour l'USID, je peux dire oui, je peux vous
29 répondre oui.
30 Q. Je peux... Je vais vous lire également ce que vous avez dit… (suite de
31 l'intervention non interprétée).
32 Mme LE PRÉSIDENT :
33 Maître Philpot, l'interprète vous demande de relire le passage et allez
34 plus lentement, s'il vous plaît.
35 Me PHILPOT :
36 Q. Il serait exact donc de dire ce qui suit — et je relis vos propos :
14 « Bien. Docteur Des Forges, vous-même, vous êtes activiste des droits
15 de l'homme essentiellement ? »
16 Votre réponse : « En ce moment précis, je ne suis plus activiste.
17 Maintenant, je travaille en qualité d'historienne académique. Je ne suis
18 plus activiste des droits de l'homme. »
19
26 Monsieur le Greffier d'audience, tenez ; là, vous avez une copie pour le
27 témoin, les copies pour les Juges et également une copie pour le Bureau
28 du Procureur.
29
33 L'INTERPRÈTE ANGLAIS-FRANÇAIS :
34 Les interprètes pourraient-ils avoir une copie du document qui vient
35 d'être distribué, s'il vous plaît ? Si Monsieur Zigiranyirazo veut bien
36 transmettre, peut-être, à Maître Philpot, qui transmettra à la Chambre. Je
1 vous remercie.
2
5 Mme LE PRÉSIDENT :
6 Pourriez-vous remettre une copie aux interprètes, Maître Philpot ? Votre
7 enquêteur offre sa copie.
8 Me PHILPOT :
9 Il s'agit plutôt de la copie du client.
10 Mme LE PRÉSIDENT :
11 Nous vous remercions.
12 Me PHILPOT :
13 Q. C'est donc là un propos exact, celui que je viens de vous citer ?
14 R. C'est ce que dit le procès-verbal, en tout cas. Je ne sais pas si c'est
15 exact, mais c’est ce que dit le procès-verbal et je n'ai aucun moyen de
16 contester cela.
17 Q. Et quand avez-vous repris vos activités d'historienne académique ?
18 R. Comme je l'ai déjà dit, il y a eu des périodes d'activité moindre ou plus
19 importante dans le domaine de l'histoire. Et, en ce moment, je suis en
20 train de rédiger un ouvrage historique — comme je viens de l'indiquer il
21 y a quelques minutes — et il est presque terminé. Il s'agit d'une
22 évaluation du système foncier et également des modèles ruraux
23 d'urbanisation dans la région ouest du Rwanda.
24 Q. En février 1997, quand avez-vous repris vos activités d'historienne
25 académicienne ?
26 R. Je ne puis vous le dire. Je l'ai fait ci et là, à différentes périodes ; et c'est
27 ce que je fais également actuellement.
28 Q. Je vous ai déjà dit que je vais faire une copie de votre communiqué de
29 presse au Tribunal international ; il s'agit d'un entretien ou d'un
30 communiqué de presse ?
31 R. Il s'agit d'un entretien.
32 Q. Je vais vous le lire mais, avant de ce faire, je vais peut-être vous le
33 soumettre. Je pense même que c'est mieux ; car si je le lisais, cela
34 dévoilerait des identités. Je n'ai qu'une copie, donc si vous le désirez, je
35 vais vous soumettre ce document pour que vous en preniez
36 connaissance.
1 Mme KAGWI-NDUNGU :
2 Nous aimerions prendre connaissance du document qui va être
3 communiqué au témoin.
4 Mme LE JUGE KHAN :
5 Maître Philpot, de quoi s'agit-il ? Est-ce la déclaration de Madame Des
6 Forges ?
7 Me PHILPOT :
8 Non, c'est un article paru dans un journal, le journal de International
9 Justice qui cite les propos de Madame Des Forges et de Monsieur Filip
10 Reyntjens.
11 M. LE JUGE MUTHOGA :
12 Vous ne voulez pas que le témoin lise ce document ; c'est bien cela ?
13 Me PHILPOT :
14 Tout à fait. J'aurais aimé qu'elle lise ce document mais, encore une fois,
15 nous sommes tenus par les obligations en matière de protection des
16 témoins ; nous devons nous y conformer.
17 Mme LE PRÉSIDENT :
18 Combien de temps pensez-vous qu'il vous faut ? Vous avez parlé de
19 documents à communiquer après la pause ?
20 Me PHILPOT :
21 J'ai des documents à soumettre à Madame Des Forges, j'ai une série de
22 questions, et j'espère que cela va aller très vite. Nous avons couvert une
23 grande partie de notre contre-interrogatoire. Tout dépendra, bien
24 entendu, des réponses du témoin. Mais je vais être très systématique.
25
26 J'ai un jeu de documents que je vais lui communiquer et que je vais lui
27 demander de reconnaître.
28 Mme LE PRÉSIDENT :
29 Il s'agira de soumettre des documents au témoin.
30
1 Non.
2 Mme LE PRÉSIDENT :
3 Combien de temps vous faut-il encore, dans ce cas-là ?
4 Me PHILPOT :
5 Il me reste des points isolés : Certaines des allégations sur les faits et les
6 parties du voire-dire ; il y a donc des chevauchements, pour résumer
7 tout cela ; et c'est pour cela que j'ai ce jeu de documents que je vais
8 communiquer au docteur Des Forges et je vais lui poser quelques
9 questions. Si elle n'a pas beaucoup…Il y a également deux ou trois
10 autres chapitres ou des paragraphes du voire-dire qui relatent certains
11 faits. Et j'ose espérer que je pourrais terminer tout cela très rapidement
12 dans le cours de la matinée.
13 Mme LE PRÉSIDENT :
14 Je vous remercie.
15
16 Me PHILPOT :
17 Q. Docteur Des Forges, vous avez pris connaissance de l'article à présent ?
18 R. Oui. Tout à fait.
19 Q. Avez-vous donné cet entretien, cette interview, plus ou moins ?
20 R. Je ne me souviens vraiment pas avoir discuté avec ce journaliste, très
21 franchement, au cours de cette période. Mais je sais que ce journaliste
22 n'est pas toujours très fidèle ; donc, je peux penser qu'il a tiré tout cela
23 du néant.
24 Je ne me souviens pas de l'avoir vu. Vraiment, je ne me souviens pas
25 avoir eu cette conversation avec lui. Mais c'est une observation assez
26 surprenante ; cela est très édifiant, n'est-ce pas ?
27 Q. Ce n'est pas le contenu, mais c'est le fait qui m'intéresse ; c'est sur cela
28 que portait ma question.
29 R. Je ne me souviens pas avoir fait cette assertion, mais je pense que ce
30 journaliste, comme je vous l'ai dit, n'est pas toujours fidèle… ou il est
31 toujours très fidèle — plutôt — et, donc, s'il a dit que j'ai dit ceci, donc,
32 nous le prenons pour acquis.
33 Q. Au cours de la période de la guerre ou dans les environs, je pense que
34 vous étiez très impliquée et vous avez dénoncé plusieurs violations en
35 matière de droits de l'homme ; n'est-ce pas ? Je parle de 1993, 1994.
36 R. J'ai été impliquée dans des enquêtes, dans l'établissement de rapports
6 Nous pouvons, ou pas, les verser en preuve ; je ne suis pas sûr de cela.
7
8 Je vais donc vous faire transmettre une copie ; vous allez en prendre
9 connaissance. Le Procureur également va avoir sa copie. Et j'espère que
10 peu de temps après la pause, nous en aurons terminé.
11
21 Je n'ai pas de copies prêtes par souci d'économie. Je n'ai pas fait
22 (inaudible) les copies pour tous les documents mais, par souci de
23 politesse, j'ai des copies pour le témoin et le Procureur. Je n'en ai pas
24 plus.
25
1 Me PHILPOT :
2 Non. Pas du tout. Car cela fait partie déjà des procès-verbaux.
3 Mme LE PRÉSIDENT :
4 Nous pouvons donc les (inaudible) ?
5 Me PHILPOT :
6 Ça dépend de vous. En tous cas, ce ne sont pas des éléments de preuve.
7 Mme LE PRÉSIDENT :
8 Nous pouvons observer la pause à présent ?
9 Me PHILPOT :
10 Oui.
11 Mme LE PRÉSIDENT :
12 Pour combien de temps ?
13 Me PHILPOT :
14 Pour une demi-heure.
15 Mme LE PRÉSIDENT :
16 Nous allons suspendre pour une demi-heure.
17
22 Mme LE PRÉSIDENT :
23 Maître Philpot, poursuivez, s’il vous plaît.
24 Me PHILPOT :
25 Q. Docteur Des Forges, je vais maintenant examiner les documents dans
26 l’ordre : Le premier
27 concerne 1993.
28 Je vais me référer au document du 1er avril 1994, un communiqué de
29 presse. À l’époque, vous étiez impliquée dans les travaux de Human
30 Rights Watch ; n’est-ce pas ?
31 Mme DES FORGES :
32 R. C’est exact.
33 Q. Ce communiqué de presse critique la coupure des systèmes de
34 communication entre le Rwanda et le reste du monde ; est-ce exact ?
35 R. S’agit-il du document de 1993 ?
36 Q. Non. Parce que ce document de 1993 traite du FPR. Non. Je ne pose pas
36 Et si vous voyez le travail fait par les autres organisations de défense des
1 négocier ?
2 R. Comme je viens de vous expliquer, nous n’avons pas pris position vis-à-
3 vis des négociations.
4 Q. Au bas de la troisième page, Human Rights Watch Africa a félicité le
5 Gouvernement de Belgique et des États-Unis de refuser les visas et
6 déplore la décision des Gouvernements français et égyptien d’accorder
7 les visas aux membres de Gouvernement qui ont perpétré le génocide.
8 Et, encore une fois, vous essayez de nous dire qu’il s’agissait d’un
9 gouvernement illégitime qui ne pouvait pas représenter le Rwanda en
10 temps de guerre.
11 R. Je pense que c’est clair ce que dit le libellé : Il dit que ce Gouvernement
12 commettait le génocide et qu’il était inapproprié de recevoir des
13 représentants. De l’autre côté, il n’était pas indiqué de recevoir ses
14 représentants et il est dans la droite ligne de la pensée des organisations
15 des droits de l’homme de ne pas recevoir les membres de
16 gouvernements illégitimes qui violent les droits de l’homme.
17 Q. Ça, c’était en 1994. Et aujourd’hui, nous sommes en 2006. Le
18 communiqué de presse est daté du 25 avril qui dit — si je ne m’abuse :
19
20 « Human Rights Watch Africa a appris que " deux représentants " —
21 entre guillemets — du Gouvernement vont rencontrer les responsables
22 du Gouvernement français à Paris. »
23 Pourquoi avez-vous mis ces guillemets ? Est-ce que ceux-là n’avaient pas
24 à traiter avec ce gouvernement légitime ?
25 R. C’était une tentative d’indiquer qu’il s’agissait d’une autorité intérimaire.
26 Q. Le dernier paragraphe :
27
33 Est-ce que vous n’étiez pas en train d’isoler ce Gouvernement afin qu’on
34 ne puisse pas négocier avec lui ?
35 R. Des négociations n’étaient pas à l’ordre du jour à cette époque-là. Ce qui
36 nous préoccupait, c’est les tueries de masse des civils.
1 Q. Docteur Des Forges, lorsque les choses se sont dégradées, n’était-il pas
2 nécessaire pour les autorités, aux niveaux national et international, de
3 s’asseoir pour parler et mettre fin aux tueries à l’instant même ? N’était-
4 ce pas ce qui était nécessaire lorsqu’il y avait une guerre en cours ?
5 R. C’est un argument valable. Notre organisation avait l’autorité de faciliter
6 de telles négociations ; mais au moment où nous parlions, nous n’avions
7 pas adopté cette ligne de conduite.
8 Q. Mais vous avez dit que ce Gouvernement ne doit pas être reconnu, qu’on
9 ne devrait pas accorder de visas à ses représentants ; lorsque ses
10 représentants ont parlé avec la France, vous l’avez dénoncé.
11 R. Nous avons dénoncé les pratiques dans lesquelles étaient engagées ces
12 autorités, notamment les violations graves du droit international
13 humanitaire.
14 Q. Donc, c’était inapproprié pour… que la France rencontre ces
15 représentants ; c’est exact ?
16 R. J’ai expliqué qu’une norme des défenseurs des droits de l’homme a
17 formulé une recommandation que des recommandations (sic) soient
18 imposées à ces individus qui violent les droits de l’homme.
19 Q. Était-ce la procédure en vigueur en 1994 ? Je parle de 1994.
20 Mme KAGWI-NDUNGU :
21 S’agit-il d’une question ou d’un commentaire ?
22 Me PHILPOT :
23 C’est une question.
24 Mme LE JUGE KHAN :
25 (Intervention non interprétée)
26 R. Je suis arrivée dans le domaine des droits de l’homme en tant
27 qu’historienne, mais pas comme juriste ; et il est possible que ce sont
28 des mesures qui étaient en cours de développement à l’époque, mais ce
29 n’était pas une pratique courante des organisations des droits de
30 l’homme.
31
32 Je n’ai pas d’exemple sous la main à vous donner, mais je serais surprise
33 si vous pouvez nous donner une indication quant à savoir si c’est la seule
34 fois qu’une organisation des droits de... de défense de droits de l’homme
35 a pris de telles positions contre un gouvernement qui violait le droit
36 international humanitaire.
1 Me PHILPOT :
2 Q. Est-ce que vous êtes en train de suggérer, Madame Des Forges, que
3 votre intervention… en termes de « tensions graves », ces interventions
4 n’étaient pas politiques ? De dire au monde qu’il ne fallait pas
5 reconnaître ce Gouvernement et que ses représentants ne doivent pas
6 entrer dans d’autres pays ; n’étiez-vous pas consciente que vous faisiez
7 des déclarations qui impliquaient un discours politique ?
8 R. Nous avons essayé de respecter notre mandat qui concernait les
9 violations des droits de l’homme. Évidemment, il y a des conséquences.
10 Un gouvernement qui viole les droits de l’homme ne doit pas être traité
11 sur le même pied d’égalité que les autres gouvernements qui ne violent
12 pas ces droits. C’est comme ça qu’il faut voir les choses.
13 Q. Et le (inaudible) des droits de l’homme ? Les gens sont tués, les gens ont
14 été tués, beaucoup de gens ont été tués au cours de cette guerre.
15 R. Bien sûr, les gens qui perpétraient les tueries avaient l’obligation d’y
16 mettre fin. Ce n’est pas le devoir d’une organisation des droits de
17 l’homme d’y mettre fin, c’était la responsabilité de ceux qui ont engagé
18 ces tueries sur leur propre territoire d’y mettre fin. Et nous voulions
19 attirer leur attention sur le fait qu’ils doivent mettre fin à ces violations
20 des droits de l’homme. N’est-ce pas là la vocation d’une organisation des
21 droits de l’homme ?
22
25
26
27
28
29
30
31
32
33
1 Me PHILPOT :
2 Q. Le document suivant, 29 avril... qui date du 29 avril 1994... encore une
3 fois, n’est-il pas vrai que vous attaquiez un gouvernement qui combattait
4 le FPR ?
5 Mme DES FORGES :
6 R. Pouvez-vous m’expliquer votre pensée, Maître ?
7 Q. Je vais donner lecture du dernier paragraphe.
8
1 Q. Vous avez pris sur vous et vous vous êtes adressée à la communauté
2 internationale l’invitant de prendre ses responsabilités vis-à-vis de cette
3 campagne de génocide qui se déroulait à l’époque,
4 est-ce exact ?
5 R. C’est exact que je m’étais adressée à ce comité en 1994.
6 Q. Et si vous vous reportez à la page 10 de ce document, en avril, au beau
7 milieu de la page, est-ce que vous y êtes ?
8 R. Oui.
9 Q. Page 10, le 25... « le » 25 et 26 avril, les autorités françaises, de manière
10 éhontée, ont rencontré les représentants de ce gouvernement provisoire.
11 Monsieur Bicamumpaka et Jean-Bosco Barayagwiza. Et, là encore, vous
12 dites que ce gouvernement ne pouvait être reconnu ?
13 R. J’ai dit qu’il s’agissait d’un Gouvernement qui était engagé dans des
14 violations graves et massives, et des violations du droit international
15 humanitaire, et qu’un gouvernement qui rencontre ses représentants et
16 qui ne leur dit pas clairement qu’ils violaient ces... ces droits, que ce
17 gouvernement doit cesser de le faire.
18 Q. À la mi-mai, n’est-il pas exact que les représentants du Gouvernement
19 rwandais se sont rendus aux Nations Unies à New York, à la mi-mai, est-
20 ce exact ? À la mi-mai 1994, s’entend ?
21 R. C’est exact.
22 Q. N’est-il pas vrai que cette délégation de ce que vous appelez un
23 gouvernement autoproclamé a lancé un appel aux Nations Unies de
24 procéder à une intervention sous le chapitre 7, n’est-ce pas exact ?
25 R. Est-ce que nous pouvons voir la transcription de ce que vous dites pour
26 que je puisse voir la formulation qui a été utilisée à l’époque ?
27 Q. Je n’ai pas la transcription, Docteur Des Forges. Vous étiez là ?
28 R. Je n’étais pas présente, je n’étais même pas présente à New York, si ma
29 mémoire est bonne.
30 Q. Ne se sont-ils pas adressés aux Nations Unies pour demander une
31 prévention ?
32 R. Ils se sont adressés aux Nations Unies. Ce que je voudrais voir, c’est les
33 termes exacts qu’ils ont utilisés.
34 Q. Vous connaissez les interventions sous le chapitre 7 ?
35 R. Oui, je connais.
36 Q. Ne demandaient-ils pas à la communauté internationale de les aider à
1 R. Oui, comme j’ai dit... j’ai dit que j’ai fourni des informations aux avocats
2 qui ont formulé cette plainte.
3 Q. Lorsqu’il a été notifié de ce document, est-ce que vous étiez prêt ?
4 R. Oui.
5 Q. Donc, en fait, vous étiez impliquée dans cette affaire ?
6 R. Moi-même et d’autres collègues avons pris part à initier cette procédure
7 devant les tribunaux.
8 Q. Et il s’agissait d’une personne qui s’est adressée aux Nations Unies en
9 demandant de l’aide et vous avez porté plainte contre lui ?
10 R. Je ne le suivais pas.
11 Q. Je vais vous interrompre. Comment est-ce que vous l’avez trouvé dans
12 son hôtel ?
13 R. Je ne suis pas sûre, je ne me rappelle pas. C’est l’un de mes collègues
14 qui savait où il résidait, mais il ne le suivait pas. Soit qu’il a appelé
15 l’ambassade du Rwanda pour savoir où... dans quel hôtel était
16 descendue la délégation ou quelque chose de ce genre. Je ne sais pas.
17 Q. Avez-vous eu d’autres (inaudible) d’autres implications concernant
18 Barayagwiza ?
19 R. J’ai...
20 Q. Oui ?
21 R. J’ai aidé le Tribunal en fournissant des informations liées à cette affaire
22 qui pendait devant le Tribunal.
23 Q. Quel genre d’informations avez-vous préparées et liées à cette
24 procédure judiciaire ?
25 R. Je ne me rappelle pas si j’ai écrit ou j’ai fait... j’ai fait une analyse
26 contextuelle ou si j’ai recueilli des déclarations auprès de divers témoins.
27 Je ne sais pas plus la nature du document.
28 Q. Étaient-ils des documents longs ou un document court ?
29 R. Le document... L’ensemble du document était volumineux mais ma part
30 était courte. La partie que j’ai fournie... la portion que j’ai fournie serait
31 de 25... 30 à 40 pages.
32 Q. Donc, serait-il exact, pour le compte du... le compte rendu d’audience,
33 que vous avez fourni un témoignage extrajudiciaire, dans la procédure,
34 et je ne dirai pas le nom parce que c’est trop long de quatre à cinq
35 plaignants contre Barayagwiza et que vous avez fourni une déclaration
36 extrajudiciaire et des pièces à conviction en appui de cette procédure
1 civile ?
2 R. « Ex parte », qu’est-ce que cela veut dire ? C’est un terme que je ne
3 comprends pas.
4 Q. Ça veut dire que vous n’avez pas comparu en... dans l’affaire civile, mais
5 que la Chambre... la Cour pouvait prendre... rendre une décision en votre
6 absence.
7
8 M. LE JUGE MUTHOGA :
9 La Chambre ou le Tribunal statue sur la question ou le litige sans que
10 vous soyez nécessairement présente.
11 R. Pour une partie, il y avait eu réponse écrite.
12 Me PHILPOT :
13 Q. Donc, vous étiez impliquée, vous étiez au courant de ce qui se passait ?
14 R. Je n’ai jamais nié.
15 Q. Vous étiez présente lorsqu’il a reçu une notification ? Vous avez aidé
16 dans la préparation, vous avez aidé dans le jugement qui a été rendu et
17 vous étiez au courant des réponses ?
18 R. Je ne sais pas de quel jugement vous parlez.
19 Q. Nous allons revenir à cela dans une minute.
20
17 Et sur la base de ceux qui avaient fourni ces rapports, il n'y avait aucune
18 personne blessée pour démontrer qu'il y avait eu des personnes
19 attaquées. À cette époque-là... À ce moment-là, nous essayions de
20 vérifier et de contrôler ces rapports.
21
22 Je suis sûre que vous le savez, nous avons joué un rôle très important en
23 rendant public la nature, la portée des violations des droits humains par
24 le FPR. Si vous avez choisi d'inclure une sélection de documents
25 beaucoup plus vastes, alors vous auriez eu l’occasion de parler de ces
26 points également.
27 Q. Le document nous a été fourni par Human Rights Watch. Nous travaillons
28 avec les documents que nous avons reçus de toutes les façons
29 R. Mais il y a un premier document que vous avez ignoré.
30 Q. Il apparaît que vous vous êtes trompée à propos du FPR, n´est-ce pas ?
31 Vous vous êtes trompée sur toute la ligne. Je suis sûr que vous avez lu
32 Ruzibiza, cela à partir de 1990, la politique du FPR était de massacrer
33 systématiquement les civils. Et à partir de la guerre, c'est-à-dire mai
34 1990, le FPR a phagocyté les populations civiles (inaudible) qui dit cela
35 n'est-ce pas, n'est-il donc pas vrai que Human Rights Watch s'est trompé
36 sur ce point ?
1 R. Comme je vous l'ai indiqué, notre premier contact avec le FPR sur les
2 violations du droit international ont eu lieu le 15 avril... a eu lieu le 15
3 avril. Et à ce moment-là, nous n'avions pas de preuve de massacres à
4 grande échelle telle que alléguée, mais nous leur avons demandé de se
5 conformer au droit international. Et nous avons publié des informations
6 sur les violations de la part du FPR et bien avant que Monsieur Ruzibiza
7 ne le fasse.
8
14 Ainsi donc, les citoyens (inaudible) d'un pays ne doivent pas être
15 pénalisés par le manque d'assistance économique qui, le cas échéant,
16 aurait pu améliorer leurs conditions de vie. C'est là un autre domaine de
17 développement et cela dans le cadre des droits humains, vous devez
18 certainement savoir cela, mais qui en aucune manière ne réduit pas les
19 activités dans lesquelles nous nous étions engagés et que vous devez
20 connaître également.
21 Q. Contre le FPR, par exemple, avez-vous demandé, que l'on n'octroie pas
22 de visa aux membres et aux représentants du FPR en 1994, 95 et 96 ?
23 R. Nous avons pu demander que l'on n'octroie pas, ou des sanctions ciblées
24 quand certaines personnes... je dois vérifier cela.
25 Q. Très bien. Répondez-vous « oui » ou « non ».
26 R. Je dois vérifier mes notes. Nous avons recommandé des mesures sur le
27 temps et cela à l'endroit de la communauté internationale.
28 Q. Et qui avez-vous cité qui ne devrait pas obtenir de visa ?
29 R. Je vous l'ai déjà dit, je dois vérifier mes notes, les archives, et m'assurer
30 que c'est là une recommandation spécifique. Mais à la fin de chaque
31 rapport, nous avons une série de recommandations visant à influencer le
32 Gouvernement et l'amener à freiner les violations et sanctionner les
33 violations passées. Parfois, ça n’est pas toujours les mêmes
34 recommandations d'un rapport à l'autre, ça dépend de la nature de la
35 violation.
36 Q. Vous avez dit avoir écrit au FPR le 15 avril 1994 ; avez-vous écrit au
1 Gouvernement intérimaire ?
2 R. Oui, nous l'avons fait le même jour.
3 Q. Avez-vous interrogé une quelconque personne ?
4 R. Interroger quelqu'un où, dans quelles conditions ?
5 Q. Quelqu'un du Gouvernement intérimaire pour vous enquérir de la
6 situation.
7 R. Le Gouvernement intérimaire, à ce moment-là, n'était pas du tout facile
8 à contacter.
9 Q. Et à cette période 1995... 96/94, Human Rights Watch a-t-il jamais dit
10 qu'il allait surseoir à l'aide pour le FPR du fait des milliers de personnes
11 tuées au Congo et cela selon les Nations Unies ?
12 R. Nous avons recommandé diverses sanctions contre le Gouvernement
13 rwandais et cela pour ses violations au Congo. Si vous regardez le
14 rapport intitulé « Que cache Kabila ? » Vous y trouverez des exemples et
15 vous trouverez des exemples dans tous les autres rapports de Human
16 Rights Watch qui parlent des troupes du FPR au Congo.
17 Q. Et quelles sanctions avez-vous préconisées ?
18 R. Je ne sais pas dire si nous avons une sélection complète sur le site web,
19 alors nous pourrions vous répondre.
20 Mme LE PRÉSIDENT :
21 Maître Philpot, maintenez une pause entre la question et la réponse, cela
22 aiderait beaucoup les interprètes.
23 Me PHILPOT :
24 Très bien.
25 Q. Au début des années 90 — excusez-moi —, quel type de groupes
26 d'enquêtes… quels groupes d'enquêtes aviez-vous au sein du Rwanda ?
27 R. Nous n'avions pas de groupes d'enquêtes nulle part.
28 Q. En 1990, vous en aviez sous le gouvernement Habyarimana ?
29 N'aviez-vous pas les mains libres ?
30 R. Que voulez-vous dire par « groupe d'enquêtes » ?
31 Q. Vous aviez des groupes qui voyageaient, de nombreuses ONG — je ne
32 me souviens pas des
33 noms — qui opéraient librement, ouvertement au Rwanda en 1990 ?
34 R. Oui. Mais ce ne sont pas là des groupes d'enquêtes de Human Rights
35 Watch.
36 Q. Oui. Mais ils font partie des organisations et c'était dans l’organisation à
1 peut-être entre 300 et 600 personnes... 600 000 personnes qui étaient...
2 qui faisaient l'objet de déplacements de populations civiles du fait des
3 combats.
4 Donc, sur cette base, cela représente le septième de la population totale
5 du pays, et qui n'aurait pu être affecté par le FPR. Et le cinquième de
6 notre temps était consacré à la documentation des violations du FPR, ça
7 n'est pas là le manque de... d'équilibre que les personnes qui lisent avec
8 attention peuvent retenir de notre rapport.
9 Q. Jean Kabanare (Phon.) fait partie de ces lecteurs, n'est-ce pas ?
10 R. Non.
11 Q. N'a-t-il pas été imposé pour qu'il devienne membre de votre commission
12 par Gasana Ndoba, étiez-vous au courant de cela ?
13 R. Je ne sais pas. Je ne savais pas que l'un connaissait l'autre. Autant que je
14 sache, je ne connais pas la relation qui liait les deux. Je ne dirais pas que
15 Monsieur Cabonare a été imposé au sein de la commission.
16 Q. Monsieur Cabonare était un membre de l'association survie qui était très
17 impliquée dans la promotion du FPR en France, n'est-ce pas ?
18 R. Je ne sais pas s'il était membre de cette association. Mais en tout cas, il
19 n'a pas été proposé par cette association.
20 Q. Eh bien, évidemment vous n'avez pas lu, je me rappelle maintenant,
21 vous n'avez pas lu le livre de Pierre Payant, n'est-ce pas ?
22 Connaissez-vous Pierre Payant ?
23 R. Je sais que c'est un journaliste véreux, son travail n'est pas toujours
24 approprié.
25 Q. Avez-vous lu ses 25 ouvrages ?
26 R. Certains on fait l'objet de beaucoup de controverses.
27 Q. A-t-il été beaucoup critiqué en France par le passé ?
28 R. Si j'ai bien compris, ce livre a été écrit avec la coopération de la famille
29 Mitterrand. Donc, ce travail n'est pas critique.
30 Q. Ce que je dis, c'est qu'il critique la politique étrangère française, son
31 implication en Algérie, n'est-ce pas ? Et il a parlé de façon positive ici
32 dans cet ouvrage de la position française, mais vous ne l'avez pas encore
33 lu ?
34 R. Comme je l'ai dit, le premier jour de ma déposition, je n'ai pas eu le
35 temps de tout lire. Mais je serais heureuse de me pencher sur des
36 passages choisis, si vous me les indiquez, je suis heureuse de les lire.
1 le sais pas.
2 Q. Donc, en tant que soit-disant expert, vous n'avez pas jugé nécessaire de
3 lire des articles traitant de l'histoire en France, sur la guerre, sur le
4 génocide, est-ce cela une assertion que vous faites ?
5 R. Non.
6 Q. C'est une question que je vous pose. Je pense que nous en avons fini
7 avec Payant, parlez-vous d'autres choses relativement à la France ?
8 M. LE JUGE MUTHOGA :
9 Qu'aurait-elle dû lire qu'elle n'a pas lu ? C'est là un livre, et elle vous a
10 dit qu'elle ne l'a pas lu. Y a-t-il autre chose que tous les historiens ont lu
11 et qu'elle n'a pas lu ?
12 Me PHILPOT :
13 Je me réfère à ce livre.
14 M. LE JUGE MUTHOGA :
15 Elle a dit qu'au moment où ce livre a été publié, elle avait été opérée
16 d'un cancer, elle avait d'autres problèmes à l'esprit. Que vous acceptiez
17 son explication ou non, c'est votre problème, c'est ce qu'elle nous
18 explique en tout cas, c'est là l’explication qu'elle nous donne de la
19 situation.
20 Me PHILPOT :
21 Q. La commission internationale, n'est-il pas vrai que le jour où vous êtes
22 rentrée en Europe, vous avez tenu une conférence de presse pour
23 dénoncer le gouvernement Habyarimana ?
24 R. Je ne me souviens pas avoir organisé une conférence de presse. En fait,
25 il y a eu un communiqué de presse qui rappelait un certain nombre de
26 violations des droits de l’homme. Et certains nombres de civils étaient
27 revenus au moment où nous, nous quittions le pays, mais je n'ai pas ce
28 document sous les yeux, peut-être l'on pourrait le ressortir.
29 Q. N'est-il pas vrai, Docteur Des Forges, que l'une des parties les plus
30 importantes... l'une des méthodes les plus importantes de votre travail
31 consiste à organiser de nombreuses conférences de presse ?
32 R. Non. En fait, en tant qu'organisation, nous nous sommes rendus compte
33 que les conférences de presse sont inefficaces pour pouvoir livrer le
34 message aux populations.
35
1 Me PHILPOT :
2 Oui, nous sommes très avancés, Madame le Président. Je fais tenir des
3 copies pour les Juges et moi-même, une que je vais conserver. Ces
4 copies-ci sont celles pour les Juges. J'en ai peut-être une autre. Je
5 communiquerai cette copie au Procureur un peu plus tard.
6
9 L'INTERPRÈTE ANGLAIS-FRANÇAIS :
10 Est-ce que nous pouvons avoir également une copie pour la cabine
11 française ?
12 Mme LE PRÉSIDENT :
13 Monsieur Mussa, veuillez confier cette copie au témoin.
14
1 Me PHILPOT :
2 Mais les points de vue tels que présentés par docteur Des Forges n'ont
3 pas été pris en considération. En fait, je voudrais faire déposer ce
4 document, le faire verser au dossier sous la cote...
5 M. MUSSA :
6 « D. 26 ».
7 Mme LE PRÉSIDENT :
8 Je vous remercie, Monsieur Mussa.
9
1 propos de la mise en place du TPIR, c'est vrai. Maintenant dire que j’étais
2 conseiller, ça c'est aller un peu trop loin.
3 Q. Lui avez-vous donné des conseils et mis à sa disposition des
4 renseignements ?
5 R. Des renseignements, oui, tout à fait, et un grand volume ?
6 Q. Et des conseils ?
7 R. Oui, de temps en temps. Mais cela ne veut pas dire que je suis conseiller
8 parce que le conseiller, c'est une relation permanente avec cette
9 personne. Nous avons eu trois ou quatre conversations dans lesquelles je
10 lui ai montré mon opinion d'expert sur les faits dont nous discutions.
11 Q. Avez-vous fourni des renseignements au juge Vandermeersh ?
12 R. Oui, je l'ai fait.
13 Q. Est-ce que Human Rights Watch a envoyé le personnel au TPIR ou a
14 prêté des personnels au TPIR, ont permis à certains membres de
15 travailler pour le TPIR ?
16 Mme LE PRÉSIDENT :
17 Qu'est-ce que vous voulez dire par là ? Est-ce que vous voulez que ce
18 soit une personne de Human Rights Watch qui vienne ici en vacances et
19 travailler au TPIR dans le présent ou dans le passé en qualité de témoin ?
20 Me PHILPOT :
21 Non, en qualité de conseiller.
22 R. Autant que je sache, une personne qui assistait le Tribunal c'est mon
23 collègue Bernard Oracure (Phon.) qui aurait donné une opinion d'expert
24 sur la question de viol.
25 Me PHILPOT :
26 Q. Et Monsieur Longman (Phon.) était lui aussi prêté au TPIR, a-t-il
27 également aidé le TPIR, Monsieur (inaudible) Longman ?
28 R. Monsieur Longman était un chercheur pour Human Rights Watch. Il avait
29 localisé et fait la copie d'un certain nombre de documents qui ont été
30 utiles et que moi j'ai utilisés pour pouvoir rédiger mon livre Aucun
31 témoin ne doit survivre. Et certains renseignements ont été confiés au
32 TPIR. Et je pense que Monsieur Longman avait prêté serment et avait
33 confié certaines de ces déclarations dans le cadre de l'affaire Kayishema
34 et il est venu témoigner pour dire qu'il avait lui-même fait des copies de
35 ces documents que nous avons confiés dans l'affaire Kayishema.
36 Q. Vous avez une bonne mémoire.
1 M. LE JUGE MUTHOGA :
2 La question qui a été posée est de savoir s'il avait été employé par le
3 TPIR.
4 R. Honorables Juges, je sais qu'il a été à Arusha pendant une journée en
5 qualité de témoin, témoin de faits, je ne parle même pas de sa qualité de
6 témoin expert, si je m'en souviens bien.
7 Me PHILPOT :
8 Q. Avez-vous organisé des séminaires au profit du Bureau du Procureur ?
9 R. Oui, je crois qu'à deux reprises ou plutôt trois, j'ai fait un séminaire sur
10 l'utilisation des témoins experts, un autre ou les deux autres étaient axés
11 davantage sur l'histoire du génocide.
12 Q. Et le séminaire portant sur les témoins experts, à quel moment a-t-il été
13 organisé ?
14 R. Eh bien, je crois que c'était en 2005, je ne me souviens pas de la date
15 exacte, non.
16 Q. Avez-vous donné un programme pour ce séminaire ?
17 R. Pour ce séminaire, non. En fait, on m'a demandé de faire un exposé la
18 veille.
19 Q. Et quel était le thème de cet exposé exactement ?
20 R. « Quelle est la meilleure manière de présenter les preuves d'un témoin
21 expert ? Comment est-ce qu’un témoin peut être utile à la Chambre ».
22 Q. Avez-vous parlé également du contre-interrogatoire des experts de la
23 Défense ?
24 R. C'est possible que nous ayons parlé de cela également. Cela était
25 possible. Nous avons parlé de l'ensemble du processus du
26 contre-interrogatoire pas seulement du contre-interrogatoire des témoins
27 à décharge mais également des témoins experts.
28 Q. Et qu'en est-il des experts… des témoins experts de la Défense ?
29 R. Nous avons dit expert que ça soit d'un côté ou de l'autre.
30 M. LE JUGE MUTHOGA :
31 Vous parlez de la Défense ou des experts ? Quelle est votre question ?
32 Suggérez-vous qu'il aurait fait un exposé sur le contre-interrogatoire des
33 experts de la Défense et non pas les experts du Procureur ?
34 Me PHILPOT :
35 Oui, cela fait partie de mes questions.
36 Q. Avez-vous fait des commentaires précis concernant les experts de la
1 Défense ?
2 R. Je ne me souviens pas avoir mis en exergue la question des experts de la
3 Défense. Nous avons parlé de contre-interrogatoire de manière générale,
4 que ce soit des témoins à charge ou à décharge.
5 Me PHILPOT :
6 Madame le Président, je voudrais que nous nous reportions sur ce
7 séminaire.
8 Q. Quand est-ce qu’il a eu lieu ?
9 R. Il y avait eu beaucoup de personnes.
10 Q. Est-ce que les Conseils de la défense étaient autorisés à participer à ce
11 séminaire ?
12 R. Je n'ai pas demandé l'identité des participants. Mais j'avais demandé la
13 veille, avant de parler aux gens, que j'étais venue sans être bien
14 préparée et j’ai parlé en termes généraux. Et je suis repartie, allée
15 m'occuper de mes affaires. Donc, j'ignore qui étaient les participants à
16 ce séminaire.
17 Me PHILPOT :
18 Je n’ai plus d’autres questions pour ce témoin. Je voudrais consulter mon
19 collègue pour quelques minutes, Madame le Président.
20 Mme LE PRÉSIDENT :
21 Oui.
22
32
33 VOIRE-DIRE
34 INTERROGATOIRE SUPPLÉMENTAIRE
35 PAR Mme KAGWI-NDUNGU :
36 Q. Docteur des Forges, essayons d'examiner ensemble les documents que
27 Mme KAGWI-NDUNGU :
28 Ce sont les copies du document que la Défense vient de nous confier.
29 Mme LE PRÉSIDENT :
30 Nous n'avons pas reçu copie de cela. Nous n’avons pas reçu copie. Une
31 fois que vous prenez la décision de verser ce document au dossier, il
32 vous appartient de fournir les copies de ce document.
33 Mme KAGWI-NDUNGU :
34 Très bien. Honorables Juges, je le ferai.
35 Q. En examinant les autres documents que vous avez sous les yeux, il y en
36 a un qui porte la marque
1 20 avril 94… qui porte la date 20 avril 1994, et sur ce document il est
2 mentionné un numéro de téléphone. Il y a un numéro de téléphone qui
3 est mentionné, qui est inscrit à côté de votre nom ; est-ce bien votre
4 numéro de téléphone ?
5 R. Oui, c'est bien mon numéro depuis des décennies.
6 Q. Et l'autre document du 20 avril 94, c'est le même numéro de téléphone ?
7 R. Oui, c'est bien cela.
8 Q. Et au cours de cette période qui s'est écoulée entre le 6 avril et juillet,
9 receviez-vous des coups de fil des Rwandais sur ce téléphone... sur ce
10 numéro ?
11 R. Oui, tout à fait, et ceci chaque jour.
12 Q. Est-ce que ce numéro de téléphone était-il inscrit sur tout autre
13 document public en dehors de ceux que vous avez sous les yeux ?
14 R. Oui. Ce numéro de téléphone était largement diffusé et ceci à plusieurs
15 occasions.
16 Q. Je voudrais que vous examiniez le document qui porte la date « 29 avril
17 94 », au troisième paragraphe, vous aviez indiqué que Mugenzi aurait
18 donné certaines informations au Gouvernement ; était-ce ce qui se
19 passait sur le terrain au Rwanda, ces renseignements que vous aviez
20 fournis ?
21 R. D'après les renseignements que j'ai recueillis à cette époque auprès des
22 personnes qui se trouvaient dans le pays et un peu plus tard, qui ont été
23 étayés par les recherches que nous avons effectuées, donc la situation
24 présentée par Monsieur Mugenzi n'était pas exacte.
25
24 Mme KAGWI-NDUNGU :
25 Q. Examinons maintenant la conférence de presse d’avril qui a été donnée
26 également par la Défense. Et dans ce document, on nous parle de Jean-
27 Bosco Barayagwiza. Vous avez indiqué qu'il était le chef de la CDR.
28 Pouvez-vous nous dire quelle est la situation qui prévalait au Rwanda
29 lorsque les milices de ce parti avaient le contrôle des lieux ?
30 R. Les renseignements que j'avais ont été étayés par des renseignements
31 reçus par d'autres personnes, c'est-à-dire la CDR avec sa milice ont été
32 impliquées dans de nombreuses tueries, les tueries à grande échelle des
33 civils.
34 Q. Très bien. Vous aviez indiqué dans votre livre, au chapitre 3 du livre
35 intitulé Témoin... Aucun témoin ne doit survivre, vous avez dit que de
36 nombreux massacres ont été commis.
22
23 Mme KAGWI-NDUNGU :
24 Q. On vous a posé des questions sur le procès de Mugesera. Vous avez
25 parlé de la Cour fédérale d'appel. Avez-vous eu le temps de passer en
26 revue la décision rendue par la Cour suprême ?
27 R. Oui, j'ai lu cette décision.
28 Q. Avez-vous parlé également de la révision de cette décision ?
29 R. Oui.
30 Mme KAGWI-NDUNGU :
31 J'ai plusieurs exemplaires de décision de ce document. Je voulais lui
32 confier une de ces copies pour qu'elle puisse l'examiner.
33 Mme LE PRÉSIDENT :
34 Vous allez parler de cette question de révision ?
35 Mme KAGWI-NDUNGU :
36 Non, non, je ne veux pas m'attarder là-dessus.
15 Mme KAGWI-NDUNGU :
16 Excusez-moi, je voudrais consulter mon confrère.
17 Q. On vous a accusée de parti pris lorsqu’il s’agit de violations commises
18 par le FPR, pouvez-vous nous dire si vous avez parlé dans d’autres
19 documents de ces violations du FPR ?
20 R. Pour l’année 1994, il y a eu des publications aux mois de septembre et
21 décembre qui ont parlé de ces violations commises par le FPR et depuis
22 lors, par... chaque fois que cela s'est avéré nécessaire et opportun — et,
23 malheureusement, ça a été le cas — nous avons produit des documents
24 de ces violations et à l'intérieur du Rwanda et en République
25 démocratique du Congo.
26 Q. On vous a posé des questions concernant vos relations avec le témoin
27 ADE, pouvez-vous dire à la Chambre si vos contacts avec ce témoin ADE
28 ont été influencés par votre rapport ?
29 R. Non, ils ne l'ont pas été.
30
31 Mme KAGWI-NDUNGU :
32 Une seconde, Madame le Président.
33 Q. On vous a également accusée d'avoir des rapports particuliers avec le
34 Bureau du Procureur, pouvez-vous indiquer à la Chambre quelle est la
35 nature des rapports que vous entretenez avec le Bureau du Procureur ?
36 R. Je me considère comme étant une personne ressource pour la bonne
6 J'ai été appelée par plusieurs personnes, par des institutions, pour
7 pouvoir fournir des renseignements précieux, et moi, je me sens obligée
8 de le faire ou de m'y plier. Et parfois, cela a conduit à certains conflits
9 entre moi-même et Human Rights Watch et le Bureau du Procureur. Nous
10 avons critiqué le Bureau du Procureur pour incompétence, nous l'avons
11 critiqué, nous l'avons traité d'incompétence surtout dans le cadre de
12 l'affaire Barayagwiza ou devant la presse, nous avons également pris
13 positions qui ont été... positions qui ont été contraires à l'élaboration des
14 Actes d'accusation formulés par le Bureau du Procureur, et dans certains
15 cas, c'étaient des renseignements qui ont amené le Procureur à retirer
16 des Actes d'accusation retenus contre une personne qui avait déjà été
17 condamnée.
18
1 cette base.
2 M. LE JUGE MUTHOGA :
3 Donc, vous ne demanderez pas le versement de cette pièce au dossier ?
4
5 Mme KAGWI-NDUNGU :
6 Non, pas du tout.
7 Q. Donc, en examinant cette liste sur laquelle Monsieur Philpot vous a posé
8 des questions, voulez-vous nous dire si ces personnes étaient d'un seul
9 côté du conflit... d'un seul côté des parties au conflit ou de l'autre côté ?
10 R. Les personnes dont les noms figurent sur ces listes représentent les gens
11 qui pourraient être condamnés ou poursuivis des deux côtés... des deux
12 parties au conflit et des personnes qui ont pu être victimes de ces
13 conflits entre ces deux parties.
14 Q. Une dernière question. Vous nous avez décrit en détails...Vous nous avez
15 parlé de manière exhaustive des relations qui existaient entre
16 vous-même et le témoin ADE. Compte tenu de vos contacts au Rwanda
17 et de votre connaissance du Rwanda à l'époque, est-ce que cette relation
18 que vous entretenez avec lui est spéciale ?
19 R. Non, elle ne l'est pas. J'ai eu des contacts avec les Rwandais en l'année
20 2000... les Rwandais et par milliers, et c'est la raison d'ailleurs pour
21 laquelle j'ai des problèmes à me rappeler si j'ai un contact précis avec un
22 témoin ou un autre. C'est une personne qui me revient à l'esprit et je n'ai
23 pas eu de contact récent avec cette personne. Il n’y a rien
24 d’exceptionnel par rapport à cette personne, c'est peut-être très dur ce
25 que je dis, mais il n'y a rien d'exceptionnel, plutôt, sur les rapports que
26 j'entretiens avec cette personne.
27 Mme KAGWI-NDUNGU :
28 Honorables Juges, je suis arrivée à la fin de mon interrogatoire
29 complémentaire.
30 Mme LE JUGE KHAN :
31 Q. Madame Des Forges, je voudrais que vous nous donniez les détails sur
32 les relations que vous entretenez avec le Bureau du Procureur. Est-ce
33 que les membres du Bureau du Procureur discutent avec vous de la
34 déposition que vous allez donner avant que vous n'arriviez dans le box ?
35 R. Honorables Juges, le Bureau du Procureur, bien sûr, a accès au rapport
36 du témoin expert. Et parfois, j'ai demandé aux membres du Bureau du
16 Maître Philpot, nous allons vous entendre maintenant. J'espère que vous
17 serez court.
18 Me PHILPOT :
19 Je ne pense pas que cela prendra du temps, mais nous avons... je me
20 demandais si... Enfin, je connaissais déjà la réponse. Je voudrais
21 expliquer à la Chambre comment est-ce que nous avons l'intention de
22 traiter cette question. Je vais parler de la question de qualification en
23 tant que telle et de la question de la pertinence. Et mon collègue va
24 parler du parti pris.
25 M. LE JUGE MUTHOGA :
26 Combien de minutes vous faut-il ?
27 Me PHILPOT :
28 Combien de minutes me demandez-vous ? Si je parle trop vite...
29 Mme LE PRÉSIDENT :
30 Je voudrais que vous évitiez de répéter les questions. Je voulais savoir
31 combien de temps il vous faudra pour présenter votre argumentaire. Ce
32 n'est pas la peine d'être trop long.
33 Me PHILPOT :
34 Oui, l'argumentaire sur le parti pris, ce sera mon collègue. Maintenant…
35 Mme LE PRÉSIDENT :
36 Non, non, ce n'est pas cela.
1 Me PHILPOT :
2 Ce ne sera pas long. Moi-même aussi je ne serais pas long, je vais
3 seulement parler de la pertinence et je n'ai pas encore traité de cette
4 question, Madame le Président.
5 Me PHILPOT :
6 S'agissant de la question de la qualification, je voudrais vous parler
7 d'abord de la question…
8 M. LE JUGE MUTHOGA :
9 Vous n'avez pas encore répondu à ma question. Combien de temps vous
10 faut-il encore ?
11 Me PHILPOT :
12 Peut-être moins d'une demie heure.
13 M. LE JUGE MUTHOGA :
14 Je vais vous donner toute l'heure pour que vous parliez un quart d'heure
15 et que votre collègue parle un quart d'heure.
16 Me PHILPOT :
17 C'est comme vous voulez. Nous n'avons pas l'intention d'être trop long.
18 M. LE JUGE MUTHOGA :
19 Et quelle est votre réponse à cela, Madame le Procureur ?
20 Mme KAGWI-NDUNGU :
21 Cela dépend de ce que la Défense doit dire, mais je n'ai pas l'intention
22 de prendre beaucoup trop de temps. Je ne suis pas très loquace comme
23 vous l'avez vu, je n'ai pas parlé beaucoup de temps dans mon
24 interrogatoire complémentaire. Donc, je parlerai très peu en fonction de
25 l'argumentaire de mon confrère.
26 M. LE JUGE MUTHOGA :
27 Très bien. Nous serons ici jusqu'à une demi-heure encore, n'est-ce pas ?
28 Me PHILPOT :
29 Oui, je peux être d’accord avec vous, mais bon. J'attends, nous allons
30 voir.
31
24 Alors, je voudrais faire valoir devant cette Chambre que le docteur Des
25 Forges est restée dans le passé... s'est contentée de se limiter au passé
26 en ce qui concerne sa perception historique et son appréciation de
27 l'histoire du Rwanda.
28
36 Je voudrais vous proposer que l'histoire du Rwanda est une question très,
1 très intéressante, elle n'est pas une histoire qui est pertinente par
2 rapport à l'Acte d'accusation. L'Acte d'accusation, si nous le lisons très
3 bien — et moi j'ai encore cinq minutes —, le paragraphe 3 fait référence
4 au pouvoir que détenait Habyarimana et de son cercle restreint appelé
5 Akazu.
6
1 petits points.
2 Me PHILPOT :
3 Très bien. C’est un problème à double tranchant parce qu’il n'y a aucun
4 endroit dans son rapport où elle fait référence à cela. Enfin, je vais faire
5 exception à ces événements.
6 Mme LE PRÉSIDENT :
7 Maître Philpot, nous sommes là pour décider si elle peut témoigner en
8 qualité d'expert ou pas. Et là, vous admettez qu'il y a quand même
9 quelques domaines ou quelques aspects sur lesquels elle pourrait
10 témoigner, des aspects qui seraient couverts par son expertise. Mais
11 vous dites qu'elle ne peut pas parce qu'elle est parti pris.
12
1 Nous ne voulons pas être pris de court par une série d'événements
2 inconnus qui pourraient nous être présentés de manière inattendue. Il
3 faudrait qu'elle soit limitée dans sa déposition.
4 M. LE JUGE MUTHOGA :
5 Très bien. Mais ce qui n'est pas indiqué dans le rapport et les points sur
6 lesquels elle pourrait témoigner, nous ne le savons pas encore, moi je ne
7 le sais pas. Et donc, nous ne pouvons pas anticiper. C'est lorsqu'elle sera
8 assise là dans le box des témoins qu'elle nous dira comment est-ce que
9 la lune tourne autour du soleil. Mais à ce moment-là, nous dirons : Non,
10 ce n'est pas un point qui est inclus dans votre rapport et vous n'avez pas
11 le droit d'en parler. Mais à ce stade, ça va être un peu difficile.
12 Me PHILPOT :
13 Tout à fait, Honorables Juges. Je pense nous sommes sur la même
14 longueur d'ondes sur cette question parce qu'en fait, j'ai fini mon
15 argumentaire. Je voudrais indiquer à la Chambre que nous avons déposé
16 une série d'arguments juridiques que nous avons déposés sur votre
17 bureau s'agissant de l'utilisation de la déclaration par mon témoin (sic).
18 Et cela n'a pas été versé au dossier. À mon avis, c'est une question qui
19 est un peu prématurée, mais nous ne voulons pas prendre la Chambre
20 de court sur ce point.
21
17 Je dois dire que nous n'avons pas un élément probant. Mais dans son
18 réseau américain, elle a joué un rôle essentiel en arrangeant les témoins
19 pour le Procureur. Bien sûr, elle n'a pas admis tout cela. Mais à mon avis,
20 je dirais qu’une portion substantielle de cet article est confirmée par sa
21 déposition, une relation de longue date avec...
22 M. LE JUGE MUTHOGA :
23 Qu'est-ce qui se passe ?
24 Mme LE PRÉSIDENT :
25 Nous avons un problème, il y a un problème d'interférence avec la
26 sténotypiste dans nos casques.
27
12 Et la suggestion qui me paraît cruciale, c'est que c'est elle qui l'a recruté
13 ou qu'elle a négocié à sa place. Et en même temps, pour utiliser ses
14 propres mots concernant la rencontre de 1991, il y a beaucoup à parier
15 sur la curiosité et ce qui nous laisse perplexe.
16
21 Nous suggérons que l'on ne doit pas être une personne suspecte pour
22 faire valoir qu’elle-même essaie de discréditer l'article en question.
23
35 Elle a présenté des arguments en faveur des deux côtés des parties à la
36 cause qu'elle ne plaide pas pour le régime Habyarimana ni pour le
5 Mesdames, Monsieur les Juges, pour que nous puissions admettre une
6 partie de l'Acte d'accusation du Procureur, la Défense a dit qu'il incombe
7 au Procureur de tout prouver et même les noms des Accusés, leur date
8 de naissance, leur lieu de naissance. Pour la Défense, ceci n'est pas
9 admissible.
10
11 Il est donc par conséquent de notre devoir de plaider toutes les portions
12 de cet Acte d'accusation. Le Règlement de procédure et de preuve
13 définit que ce Règlement de procédure doit régir la procédure en matière
14 de preuve et des règles énoncées dans la présente section, s'applique à
15 toute procédure devant les Chambres, celles-ci ne sont pas liées par les
16 règles de droit interne régissant l'administration de la preuve.
17
26 Je dis que l'Article 89 A) dit que la Chambre peut admettre tout élément
27 de preuve pertinent dont elle estime qu'il a valeur probante. L'histoire
28 doit être comprise dans son intégralité. Je le dis parce que la raison...
29 pour la simple raison que dès le début de ce qui a été cité dans le
30 paragraphe 3, le Président... que le pouvoir politique financier était
31 consolidé dans les mains du Président Habyarimana lors de son règne
32 dans le cadre du cercle restreint de sa famille élargie, les membres d'une
33 élite recrutés exclusivement de la préfecture nord-ouest du Rwanda, de
34 la préfecture de Ruhengeri. Elle a dit que Zigiranyirazo était un homme
35 influent de l'Akazu. En relation à cela, nous avons dit qu'il avait un
36 contrôle de facto et avoir... et ayant la capacité de punir les gens pour
1 leur conduite.
2 Nous n'avons pas imputé la responsabilité au titre du (inaudible), mais
3 nous imputer la responsabilité de… la responsabilité du supérieur,
4 complicité dans le génocide parce qu'il y a participé conjointement à une
5 entreprise criminelle.
6 M. LE JUGE MUTHOGA :
7 Madame le Procureur, avez-vous compris l'objet de l'objection de la
8 Défense ? L'objection de la Défense comporte trois points :
9
12 Et suivant, étant une telle historienne, elle a des liens étroits avec les
13 principaux enquêteurs. Elle pourrait nous dire quelque chose qui est...
14 qui a un penchant.
15
16 Et troisièmement, dans tous les cas, quels que soient les faits reprochés
17 à l'Accusé, ces faits n'ont pas besoin d'être expliqués par un expert.
18
19 Vous devez donc voir... aborder les objections de la Défense sur ce point.
20 Mme KAGWI-NDUNGU :
21 Dans la première partie de mes arguments, j'ai touché à ses qualités
22 d'historienne. J'ai dit qu'elle a reçu les récompenses de mérite et elle a
23 démontré ses mises à jour et qu'elle est une historienne accomplie.
24
25 Et je pense que ceci a été établi devant la Chambre. J'ai parlé de ses
26 relations spéciales, si elle a eu des relations avec le Bureau du
27 Procureur. Et comme je l'ai dit plus tôt, c’est parce que ce petit pays de
28 l'Afrique centrale qui… n’a pas beaucoup de personnes qui en parlent. Et
29 lorsque le génocide a eu lieu, il y a eu très peu de personnes de son
30 genre qui pouvaient informer qui que ce soit sur ce qui s'est passé dans
31 cette région.
32
1 facto. Et cela a été très actif au Rwanda. Ce serait travestir la justice que
2 de ne pas examiner cela en profondeur, toute la voie de notre
3 accusation.
4
33 Mme LE PRÉSIDENT :
34 Je suis désolée. Madame Ndungu, vous avez la parole.
35 Mme KAGWI-NDUNGU :
36 Je vous remercie, Madame le Président. Comme je le disais, ce témoin-là
1 est là non pas pour jeter l'opprobre sur certaines personnes comme le
2 veut faire apparaître la Défense mais plutôt comme une historienne
3 objective qui se rappelle l'histoire du génocide, un génocide qui a eu lieu
4 dans une toute petite nation que personne ne connaît.
5
16 Ce qu'elle ne fait pas, c'est nous dire qui condamner, qui ne pas
17 condamner, cela relève d'une cuisine interne du Bureau du Procureur.
18 Donc, ce qui est acceptable en conformité à l'Article 59 du Règlement.
19 L'on peut tirer des informations de toutes sources, y compris sources
20 émanant des experts. Nous ne voyons donc pas comment la relation
21 entre le Bureau du Procureur et Des Forges peut aller au-delà d'une
22 relation purement professionnelle.
23 Mme LE PRÉSIDENT :
24 Je vous remercie.
25
32
33
34
35
36
10
11
12
13
14
15
16
17
18
19
3 Mme LE PRÉSIDENT :
4 Nous allons rendre notre décision :
5
14 Mme KAGWI-NDUNGU:
15 Madame Des Forges, bon après-midi.
16
16 Me ZADUK :
17 Oui.
18 Mme LE PRÉSIDENT :
19 Nous pourrons peut-être statuer sur cette question un peu plus tard.
20 Pour l’instant, nous aimerions que vous entamiez l’interrogatoire
21 principal.
22 M. LE JUGE MUTHOGA :
23 Je n’ai pas vu cette requête. Quelle est la teneur de cette requête ? Que
24 demandez-vous, Maître Zaduk ?
25 Me ZADUK :
26 Essentiellement, il s’agit d’une objection vis-à-vis du fait que Docteur
27 Des Forges fasse référence à une partie quelconque de la déclaration du
28 témoin (sic), parce que la déclaration elle-même est irrecevable.
29
1 Mme LE PRÉSIDENT :
2 Si cela agrée aux deux parties, nous aimerions statuer sur cela demain.
3
4 Et nous aurons une réponse écrite peut-être un peu plus tard que nous
5 pourrons considérer après l’audience.
6 M. KAPAYA :
7 (Intervention non interprétée)
8 Mme KAGWI-NDUNGU :
9 Honorables Juges, avant d’entamer mon interrogatoire principal, je
10 voudrais vous expliquer certains documents que nous avons dans le jeu
11 de documents.
12
20 Mme KAGWI-NDUNGU :
21 Oui.
22 M. LE JUGE MUTHOGA :
23 Il n’est pas bien touffu, il n’est pas volumineux en tout cas.
24 Mme KAGWI-NDUNGU :
25 Je voudrais vous expliquer ce document. Les documents qui se trouvent
26 dans ce classeur sont les documents que je vais utiliser avant de parler
27 au docteur Des Forges ; et les documents également que vous avez dans
28 l’autre jeu, c’est ceux que j’ai organisés après mon entretien avec elle.
29 Donc, nous allons les utiliser parallèlement.
30 Me PHILPOT :
31 Avons-nous reçu tous ces documents dans leur intégralité ? Parce que je
32 sais que nous avons reçu certains documents le dimanche et d’autres
33 lundi ; alors, je ne sais pas à quoi le document fait référence.
34 Mme KAGWI-NDUNGU :
35 Vous avez reçu un classeur noir ; ensuite, un document relié.
36 Mme LE PRÉSIDENT :
10 Pour éviter des problèmes, est-ce qu’elle peut montrer de quoi il s’agit
11 pour que nous sachions exactement tous de quel document on parle ?
12 Mme LE PRÉSIDENT :
13 (Intervention non interprétée)
14 Me PHILPOT :
15 (Intervention non interprétée)
16 M. LE JUGE MUTHOGA :
17 (Intervention non interprétée)
18 Me PHILPOT :
19 (Intervention non interprétée)
20 M. LE JUGE MUTHOGA :
21 Êtes-vous satisfait, Maître Philpot ?
22
23 Me PHILPOT :
24 Oui, Honorables Juges. Je vous remercie. Je vous remercie.
25 M. LE JUGE MUTHOGA :
26 Ça va ?
27 Mme LE PRÉSIDENT :
28 Nous allons organiser… Nous allons tenir cette audience
29 jusqu’à 18 heures, sans pause.
30
31 INTERROGATOIRE PRINCIPAL
32 Par Mme KAGWI-NDUNGU :
33 Bonsoir, Madame Des Forges.
34 Mme DES FORGES :
35 Bonsoir.
36 Mme KAGWI-NDUNGU :
9 Mme LE PRÉSIDENT :
10 Nous avons encore le même problème technique de tout à l’heure. Il y a
11 le déroulement de la cassette française et ce n’est pas la traduction qui
12 se passe en ce moment en Chambre.
13
1 Mme KAGWI-NDUNGU :
2 Je ne pense pas que cela soit signé. Il porte tout simplement le titre
3 « Rapport d’expert du docteur Des Forges ».
4 Mme LE JUGE KHAN :
5 Madame le Procureur, avez-vous montré ce rapport au docteur Des
6 Forges ?
7 Mme KAGWI-NDUNGU :
8 Oui. Elle a un exemplaire de ce rapport sous les yeux, Madame le Juge.
9
24 Mme KAGWI-NDUNGU :
25 Q. Hier, vous aviez indiqué que l’histoire était reliée au génocide. Et sur la
26 base des études diverses que vous avez menées et sur votre
27 connaissance en votre qualité d’expert de la crise rwandaise,
28 pourriez-vous indiquer à la Chambre si vous considérez que les
29 tendances historiques au Rwanda étaient… ont conduit à la commission
30 du génocide au Rwanda ?
31 R. En qualité… En ce qui concerne l’histoire, les historiens pensent que les
32 événements prennent source des développements du système
33 économique ou politique ainsi que des résultats de certaines situations…
34 situations temporaires. Le génocide et les événements historiques ne
35 sont pas différents. Ils nous montrent qu’il y a une certaine tendance ou
36 certaines tendances qui ont été enregistrées, et cela est également le
1 résultat immédiat d’une certaine crise. Et, bien sûr, cela tranche un peu
2 avec ce qui s’est passé pendant d’autres périodes.
3 Q. Pensez-vous qu’il y a eu une différence entre ce qui s’est passé lors de la
4 période précoloniale et ce qui s’est passé en 1994 ?
5 R. Il y a une certaine continuité des faits.
6
10 Par exemple, vous pouviez avoir quelqu’un dont le poids dans le système
11 était disproportionné par rapport à son rang dans le système formel. Il y
12 a eu des cas où des officiers militaires subalternes pouvaient donner des
13 ordres, des ordres qui étaient conflictuels, ou pouvaient ne pas obéir aux
14 ordres reçus de leurs supérieurs. Et pourquoi ? Parce qu’ils avaient ce
15 réseau, ce système de pouvoir personnel qui leur permettait de
16 fonctionner de manière autonome. Et donc, les relations professionnelles
17 ont continué à assumer une certaine importance, même en période de
18 crise. Et cela a parfois abouti à certains résultats dans des institutions
19 officielles et selon des conséquences (sic) qui étaient vraiment difficiles à
20 être comprises… prises individuellement.
21
22 Donc, d’un côté, nous avons une communication intense entre certaines
23 personnes et… d’un côté, et, de l’autre, un système parallèle de
24 connaissances de l’autre… Donc, ces relations personnelles étaient
25 organisées sur ce que nous pourrions appeler « un système de
26 clientélisme » : Des gens qui ont un grand pouvoir, qui offraient leur
27 protection, qui offrent même des avantages, que ce soit formel ou
28 informel, à des personnes qui détenaient moins de pouvoir et qui, en
29 retour, leur offraient leur loyauté et leurs services aux personnes qui
30 étaient au-dessus d’elles. Et ceci est devenu une caractéristique très
31 importante pendant la période du génocide.
32 Q. En ce qui concerne ces réseaux personnels constituant le clientélisme,
33 pouvez-vous expliquer à la Chambre si cela avait une structure datant de
34 la période précoloniale ?
35 R. Le système de clientélisme était bien établi au Rwanda avant l’arrivée de
36 l’administration coloniale. À l’intérieur de chaque groupe… (inaudible) et
11 Je ne peux pas vous donner une réponse plus précise, mais c’est un
12 phénomène éminemment compliqué.
13
1 Rwanda ?
2 R. C'est une très bonne question. Cela correspond à peu près aux trois
3 préfectures : Gisenyi à l'ouest ; Ruhengeri vers l'est et le centre ; et
4 Byumba à l'extrême-est avec des différences significatives.
5
10 Ce sont là les deux préfectures qui ont les populations les plus denses et
11 qui disposaient de la structure que je décrivais.
12 Q. Byumba et Mutara se trouveraient...
13 R. Byumba et Mutara seraient vers la région Est. Mais ce sont des régions
14 du Nord au sens géographique ; mais au sens économique, il y a des
15 différences qui font que le Mutara et le Byumba sont densément peuplés
16 et qui « contient... comprend » des zones d'élevage plutôt que des zones
17 d'agriculture.
18
13 Au cours de sa déposition, tout ce qu'elle dit est tiré de son rapport ; elle
14 ne doit donc pas se limiter au rapport.
15
12 Me PHILPOT :
13 Ce que je dis ici — je ne veux pas faire obstruction ; encore une fois,
14 c'est que je n'ai pas soulevé d'objection auparavant car… —, lorsque l'on
15 a parlé de la région de Bushiro, je n'ai rien vu sur ce point — à moins que
16 je ne me trompe —, tout comme lorsque l'on a parlé du système foncier
17 et toutes ces parties-là qui sont apparues lors de votre déposition.
18 Mme LE PRÉSIDENT :
19 Q. La distinction entre les régions, Madame le Témoin, pourriez-vous nous
20 guider et nous expliciter cela ?
21 R. Madame le Président, la description des différences qui existent entre les
22 régions est prise en compte dans une « période moderne », en fin de
23 page 4 ; on a mis l'accent sur les différences sous-jacentes pour les
24 conflits entre l'élite du Nord-ouest qui a su supplanter la Ire République et
25 est devenue le pouvoir en place pour la IIe République.
26
1 Mme LE PRÉSIDENT :
2 Nous ne mettons pas en doute la pertinence de l'histoire. La Défense
3 remet en cause et en doute le fait de savoir si nous avons besoin de
4 cette information — pas qu'elle soit importante ou non, de façon
5 générale —, si cela est pertinent en l'espèce.
6
7 Mais le Procureur nous a promis que dans les deux ou trois prochaines
8 questions qu'elle va poser, qu'elle pourra établir le corollaire entre les
9 deux.
10 Mme KAGWI-NDUNGU :
11 Q. Connaissiez-vous... Connaissez-vous la famille de Habyarimana ? Non !
12 Non. Non. Je vais y aller directement : Quel parallèle le système de
13 clientélisme et… Dans le cadre de ces systèmes de propriétés foncières,
14 quel est le corollaire qui existe donc avec la IIe République ?
15 R. L'existence d'une conscientisation très forte, comme étant les peuples
16 du Bushiro et comme ayant le désir de partager le pouvoir au niveau
17 national, est « sous-jacent » des dynamiques de 1970 et des années 80.
18 Et tout particulièrement la déroute de la Ire République, l'installation de
19 Habyarimana, le fils du Cishuru (sic) sont représentants, d'une certaine
20 façon, des familles très puissantes du
21 Nord-ouest.
22
1 comprenez les rivalités qui existaient entre ces régions et, également, la
2 très grande sensibilité que le groupe du Nord-ouest avait que… de
3 perdre le contrôle sur les Tutsis mais également sur les Hutus du Sud.
4
5 Ainsi donc, le génocide est apparu de cette façon. Il avait été prémédité.
6 Les Tutsis sont devenus la bête noire des luttes internes au sein des
7 Hutus du Nord-ouest et du Centre. C'est là une connexion établie pour
8 démontrer que les violences des années 80...
9 Mme LE PRÉSIDENT :
10 Q. Pourquoi cette lutte était-elle nécessaire au sein des Hutus ?
11 R. Madame le président, je ne pense pas que cela soit nécessaire. Dans les
12 dynamiques politiques, il s'agit là de la disponibilité de ces ressources
13 potentielles pour régler les problèmes de compétitions politiques… Cela
14 est apparu en 1973, lorsque le Nord-ouest a repris le pouvoir aux Hutus
15 du Sud et du Centre. Ils l'ont fait après des périodes de discrimination et
16 parfois de violence ; mais, même si cette violence est exagérée, l'on
17 parle de milliers de personnes qui ont été tuées et ce sont les Tutsis qui
18 ont beaucoup souffert. Et c'est cela qui a donné à Habyarimana l'excuse
19 de s'insurger et de reprendre l'État... les rênes du pays.
20
21 En 1990, les choses étaient beaucoup plus compliquées car il y avait une
22 invasion extérieure à prédominance tutsie ; et la cible était plus
23 intéressante car chaque partie essayait de prouver son grand
24 engagement aux révolutions du passé en exerçant des actes de violence
25 sur les Tutsis.
26 Mme KAGWI-NDUNGU :
27 Q. Une autre question sur le royaume Bushiro : Dans ce royaume, les
28 femmes avaient-elles un pouvoir, un pouvoir important ?
29 R. Les femmes jouaient un rôle au sens économique car elles avaient la
30 charge de leur foyer. Et, en outre, en connexion avec les dirigeants, la
31 mère était dans une situation privilégiée. Au début
32 du XXe siècle, la reine mère a joué un rôle très important en politique. Et
33 c'est là le parallèle que l'on peut établir avec le rôle qui avait été joué
34 par l'épouse du Président. La femme du Président joue un rôle souvent
35 très important ; mais au Rwanda, il y a cette tradition : Une femme
36 importante en Cour qui joue un rôle important, et cela, par le biais d'une
1 connaissance homme.
2
3 Lorsque j'ai commencé à étudier cela dans les années 90, le surnom que
4 l'on donnait à l'épouse du Président était Kanjogera, c'était le nom de la
5 reine mère. C'était une reine mère très importante et une reine mère qui
6 avait exercé son contrôle par le biais de ses frères... par le biais de ses
7 deux frères.
8
9 Et je pense que lorsque les Rwandais lui ont donné ce surnom, c'était
10 non seulement une référence à elle, mais une référence à toute une
11 situation politique d'une femme très puissante qui exerçait son contrôle,
12 en partie, par l'entremise de ses frères.
13 Q. Pourriez-vous épeler le nom « Kanjogera » ? Cela aux fins du procès-
14 verbal.
15 R. K-A-N-J-O-G-A-R-A (sic).
16 Q. Je vous remercie.
17
1 R. L'administration coloniale a donc trouvé cet État dominé par les Tutsis
2 comme étant une structure très malléable et elle a voulu le faire… ils ont
3 éliminé du pouvoir ces paquets autonomes, les Bushiro, d'autres Hutus
4 et des femmes qui détenaient le pouvoir — avec l'avènement du régime
5 colonial. C'est ce qui s'est passé jusqu'à l'indépendance.
6 Mme LE PRÉSIDENT :
7 Q. Docteur Des Forges, il y a quelque moment, vous avez dit que seuls les
8 hommes avaient droit à l'éducation, les femmes ne comptaient pas, alors
9 que maintenant vous dites que les femmes étaient importantes. Veuillez
10 expliciter cela.
11 R. Les femmes étaient importantes, Madame le Président, dans la société
12 avant l'avènement de l'administration coloniale et après « les »
13 indépendances.
14
17 Juste une petite anecdote. Ce qui s’est passé, c’est que certains de ces
18 biens « s’est » retrouvés dans les mains d’individus, individus qui
19 détiennent le pouvoir.
20 Mme LE JUGE KHAN :
21 Q. Ce n’est pas le bien de l’État ? Il ne s’agit pas des biens qui étaient les
22 propriétés du gouvernement ? Ce n’est pas un bien appartenant à
23 l’État ?
24 R. Je pense que cela doit être un bien de l’État, mais cela n’est pas toujours
25 le cas ; mais… ou bien, si c’est le cas, c’est juste de façon virtuelle.
26 Mme KAGWI-NDUNGU :
27 Q. Nous parlions de la IIe République. Veuillez nous dire : Comment est née
28 la IIe République ?
29 R. Un groupe d’officiers militaires représentant tout d’abord Gisenyi et
30 Ruhengeri, c’est-à-dire le
31 Nord-ouest, ont fait un coup d’État militaire sous l’égide du général
32 Habyarimana, et c’est ainsi qu’ils ont établi la IIe République. Ils l’ont fait
33 dans le cadre d’un coup… sans effusion de sang. Mais ceux qui
34 détenaient le pouvoir, ceux qui étaient les autorités dans la Ire
35 République ont été emprisonnés et ont souffert d’une longue mort et…
36 inhumaine. Certains sont morts de faim, d’autres de soif, pour des
1 périodes variables ; le plus long à tenir pour quelqu’un qui n’a plus
2 mangé était une période de 59 jours, cette personne était confinée dans
3 une prison de la préfecture de Ruhengeri.
4 Q. Que s’est-il passé ? Qu’est-il advenu du premier Président ?
5 R. Le premier Président de la République également a souffert de la même
6 mort : Manque d’attention, manque de nourriture ; je pense que ce sont
7 les raisons principales de sa mort même si une autopsie n’a pas été
8 menée.
9 Q. (Intervention non interprétée)
10 R. La préfecture de Ruhengeri, à l’époque, était dirigée par Monsieur
11 Zigiranyirazo.
12 Mme LE JUGE KHAN :
13 Q. Vous dites qu’il n’y a pas eu d’autopsie ; sur quelle base, donc, fondez-
14 vous cette information pour dire que l’ancien chef d’État est mort de
15 faim ?
16 R. Honorables Juges, il y a eu un procès et certains officiers militaires ont
17 été accusés, reconnus coupables de ce supplice inhumain.
18 Q. Par qui ont-ils été jugés ? Où et quand ?
19 R. C’était un procès dans le système judiciaire rwandais par les autorités
20 rwandaises. La date qui me vient à l’esprit, c’est 1980 ; mais je dois
21 vérifier cette date, je ne suis pas sûre à 100 %.
22 Q. Et qui a commandité ce procès ?
23 R. Ce procès résultait de changement dans les dynamiques au sein du
24 groupe en fonction « aux » autorités… Et les autorités militaires,
25 identifiées comme étant responsables, ne bénéficiaient pas des faveurs
26 du général Habyarimana.
27 Mme KAGWI-NDUNGU :
28 Q. Avez-vous des sources documentaires pour corroborer cette information
29 sur la façon dont
30 la IIe République est morte ?
31 R. L’on en a parlé dans grands nombres de sources primaires et
32 secondaires. L’une des sources les plus récentes, je crois, est un livre de
33 Jean Gasana qui traite de la question dans les détails.
34 Mme KAGWI-NDUNGU :
35 Madame le Président, Honorables Juges, si vous regardez vos documents
36 du classeur noir, vous verrez un document qui se présente comme ceci,
8 Q. Connaissez-vous ce document ?
9 R. Oui. Je connais le livre dont est extrait ce passage.
10 Q. Pourriez-vous nous montrer le passage, peut-être le lire ? Passage
11 « dont » l’on parle de
12 la IIe République ?
13 R. La cabine dispose-t-elle d’une copie ?
14 Q. Oui.
15 R. Nous allons commencer au début de la page 30. Il y a un passage en
16 italique : « 55 personnes furent assassinées dans des conditions
17 horribles sur l’ordre de Lizindi… »
18 M. LE JUGE MUTHOGA :
19 Nous n’avons pas de traduction de la cabine ; veuillez reprendre,
20 Madame.
21 Mme KAGWI-NDUNGU :
22 (Intervention non interprétée)
23 M. LE JUGE MUTHOGA :
24 Je n’ai pas la traduction.
1 Mme KAGWI-NDUNGU :
2 Honorables Juges, puis-je verser cela au dossier comme étant la
3 prochaine pièce à conviction du Procureur ?
4 M. MUSSA :
5 Qui serait donc la cote P. 41.
6 Mme LE PRÉSIDENT :
7 « 41 » ?
8 M. MUSSA :
9 Effectivement, « 41 ».
10 Mme LE PRÉSIDENT :
11 Très bien.
12
15 Mme KAGWI-NDUNGU :
16 Q. Sur la base de votre connaissance de la région, pourrez-vous donner à la
17 Chambre votre opinion d'experte sur la manière dont les tueries de cette
18 Ire République affectaient la IIe République ?
19 R. Il s'agissait surtout des gens du Nord-ouest... les dirigeants du Nord-
20 ouest qui ont été indirectement responsables aux yeux d'autres
21 personnes au Rwanda.
22
13 C'est une question qui vient d'être soulevée et il est donc nécessaire que
14 les éléments de preuve qui sont fournis par devant cette Chambre soient
15 d'abord pertinents par rapport à la question dont cette Chambre est
16 saisie — s'agissant de la question de responsabilité de mon client.
17
1 pertinentes...
2 Mme LE PRÉSIDENT :
3 Madame, vous n'avez pas besoin d'être discourtoise.
4
5 De quelle manière est-ce que cet élément de preuve est lié à l'Acte
6 d'accusation et aux allégations qui sont portées à l'encontre du client de
7 la Défense et pour lesquels la Défense doit se préparer ?
8 Mme KAGWI-NDUNGU :
9 (Micro fermé)
10 L'INTERPRÈTE ANGLAIS-FRANÇAIS :
11 Microphone.
12 Mme KAGWI-NDUNGU :
13 Comme nous l'avions indiqué dans l'Acte d'accusation, Madame le
14 Président, et également dans... dans notre mémoire préalable au procès,
15 nous avons indiqué que notre témoin expert allait donner le contexte
16 dans lequel l'Accusé a exercé ses pouvoirs.
17
23 Et à notre avis, l'Accusé a... s'est entendu avec d'autres personnes qui
24 avaient un certain pouvoir et nous en avons... nous avons déduit cette
25 responsabilité de pouvoir « dont » il détenait.
26 Me PHILPOT :
27 Je ne dis pas que je n'ai pas lu à… la note en bas de page… Je n'ai pas
28 fait objection à cela, je n'ai pas fait objection au fait que Monsieur
29 (inaudible) était responsable de ces... tueries ou de ces victimes ou de
30 ces morts. Mais lorsqu'elle a parlé maintenant du désir de l'impunité…
31 des Accords, des pourparlers de paix, nous ne sommes plus d'accord,
32 parce que ce sont des faits qui nous sont inconnus et qui ne sont pas du
33 tout évoqués dans l'Acte d'accusation.
34
13 Nous avons fait des déductions et nous avons fait ces déductions sur la
14 base de la... des détentions de ses pouvoirs à côté du Président.
15
16 Et c'est pour... sur cette base-là que nous vous produisons ces éléments
17 de preuve, Madame le Président.
18
29 L'INTERPRÈTE ANGLAIS-FRANÇAIS :
30 Consultation des Juges sur le siège.
31 Mme LE PRÉSIDENT :
32 Veuillez poursuivre, Madame le Procureur.
33 Mme KAGWI-NDUNGU :
34 Honorables Juges, si… je veux bien comprendre votre décision, mais je
35 voudrais demander des éclaircissements : Je voulais poser des questions
36 sur des informations d'ordre général concernant l'Akazu.
1 Mme LE PRÉSIDENT :
2 L'objection qui a été faite, ce n'était pas par rapport à ces
3 renseignements de base, c'était plutôt sur le sentiment de culpabilité
4 des populations de Bushiro et que cela a conduit au génocide. Cela n'est
5 pas indiqué dans l'Acte d'accusation, ni dans le rapport d'ailleurs.
6 Mme KAGWI-NDUNGU :
7 Honorables Juges, (inaudible) si... si j'ai bien compris ce qu'a indiqué le
8 témoin, elle n'a pas dit que cela a... a abouti au génocide.
9 Mme LE PRÉSIDENT :
10 Cela n'est pas évoqué dans le rapport. Elle a donné les sentiments
11 qu'éprouvaient les populations des gens du Nord et cela n'a jamais été
12 évoqué où que ce soit.
13 Mme KAGWI-NDUNGU :
14 (Intervention non interprétée)
15 Mme LE PRÉSIDENT :
16 Nous avons déjà rendu notre décision. Donc, je voudrais vous dire que
17 vous devrez avancer…
18 L’INTERPRÈTE ANGLAIS-FRANÇAIS :
19 Parce que Madame le Procureur avait demandé si elle pouvait reposer
20 des questions sur ce point.
21 M. LE JUGE MUTHOGA :
22 Ce que les Juges dire... disent ou veulent exprimer, c'est ceci : Ce que dit
23 Madame Des Forges doit montrer que cela doit nous permettre de
24 comprendre les questions évoquées dans le rapport ou l'Acte
25 d'accusation. Cela va nous permettre de savoir si Monsieur Zigiranyirazo
26 est coupable ou non des faits qui sont allégués dans l'Acte d'accusation
27 que vous avez confectionné. Alors, le résultat de la déposition de ce
28 témoin doit être lié à ce fait de l'Acte d'accusation, et plus, puisqu'elle
29 est... elle est témoin expert. Et dans son cadre de son rapport de témoin
30 « d'expert », cela doit également englober des faits qui doivent être liés
31 à cet... à ces... aux chefs d'accusation et cela doit également être lié aux
32 éléments de preuve auxquels la Défense est préparée à répondre, et
33 ceci, sur la base du rapport... des points qu'elle a soulevés dans le
34 rapport.
35
1 l'objection, c'est que ces faits ne semblent pas très liés aux chefs
2 d'accusation contre l'Accusé. Et cela ne... ne semble pas... cela n'est pas
3 non plus indiqué dans le rapport, comme l'a d'indiqué Monsieur Philpot et
4 Monsieur... l'ont indiqué Messieurs Philpot et Zaduk. Vous ne pouvez pas
5 donner cette opinion et ils sont préparés à réagir à certains faits.
6
7 Mais nous ne vous empêchons pas de poser vos questions dans le cadre
8 de votre interrogatoire principal de la manière la plus idoine pour vous
9 lorsque cela, effectivement, doit vous permettre de prouver les points
10 que vous voulez... sur lesquels vous voulez attirer l'attention de la
11 Chambre. Et ces faits doivent être ceux indiqués dans l'Acte
12 d'accusation.
13
14 Donc, une fois vous aurez prouvé cela, si elle a d'autres opinions qui
15 peuvent nous permettre de comprendre ces éléments de preuve qui sont
16 idoines, nous aurons besoin de ces opinions, mais pas d'autres qui n'ont
17 rien à voir avec ceux que nous voulons faire (inaudible).
18 Mme KAGWI-NDUNGU :
19 Très bien, Honorables Juges. Je vais garder cela à l'esprit au moment où
20 je vais poursuivre mon interrogatoire principal.
21 Mme LE PRÉSIDENT :
22 Est-ce que vous voulez poursuivre maintenant ou vous voudriez prendre
23 une pause ?
24 Mme KAGWI-NDUNGU :
25 je voudrais observer la pause maintenant, jusqu'à demain.
26 Mme LE PRÉSIDENT :
27 Nous allons lever l'audience jusqu'à demain, 9 heures.
33
34
1
2
3 SERMENT D’OFFICE
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8
9
10 Nous, sténotypistes officiels, en service au Tribunal pénal international
11 pour le Rwanda, certifions, sous notre serment d’office, que les pages qui
12 précèdent ont été prises au moyen de la sténotypie et transcrites par
13 ordinateur et que ces pages contiennent la transcription fidèle et exacte
14 des notes recueillies au mieux de notre compréhension.
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20 ET NOUS AVONS SIGNÉ :
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29 Pius Onana Lydienne Priso
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36 ____________________
37 Françoise Quentin
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