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Qui est Chemsi Chéref-Khan, et pourquoi nous présentons et

défendons sa candidature en tant que Président du Centre


d’Action laïque ?
Par Paul Danblon (CLAV) et Jacques Lemaire (La Pensée et les Hommes).

Chemsi Chéref-Khan est un militant laïque de culture musulmane qui, depuis un


certain nombre d’années, mène un combat infatigable et courageux en faveur de la
défense des valeurs laïques menacées par la montée des extrémismes de tous bords,
par l’extrémisme religieux islamique en particulier.

Nous avons eu maintes fois l’occasion d’apprécier sa grande connaissance de la


diversité du monde musulman, son analyse perspicace du « djihadisme » sous ses
différentes formes, et enfin, nous apprécions particulièrement son travail en faveur
de l’ « aggiornamento » de l’islam, en faveur de l’émergence d’un islam européen,
libéral et humaniste, avec lequel nous pouvons vivre dans le respect mutuel. Ses
projets de débats citoyens concernent l’avènement dans notre pays d’une « laïcité
transversale », sans laquelle le « pilier islamique » risque de demeurer à jamais sous
le contrôle des intégristes qui parviennent à détourner les jeunes musulmans nés ici,
de la nécessaire « socialisation » et de l’intégration, en les embrigadant dans un
communautarisme qui sape les fondements de l’Etat de droit.

Chemsi Chéref-Khan est né en Turquie, d’un père kurde et d’une mère turque. Cette
double appartenance l’a très tôt disposé à s’ouvrir vers l’Autre, à le respecter, à jeter
des passerelles entre des communautés et des cultures a priori antagonistes. Il est
autant homme de débat et de dialogue que militant et intellectuel engagé.

Ses études au Lycée franco-turc de Galatasaray, à Istanbul, où il estime avoir eu la


chance exceptionnelle en pays musulman de suivre des cours de philosophie, l’ont
d’une part initié à la philosophie des Lumières et à la laïcité, mais aussi, lui ont
permis, d’autre part, de dépasser l’éducation musulmane de son enfance dont il a pu
approfondir par la suite les aspects culturels et civilisationnels.

Licencié en sciences sociales et docteur en droit de l’ULB, Chemsi Chéref-Khan y a


dirigé un centre d’études de marché et de marketing (à l’Institut de Sociologie),
jusqu’en 1979, pour poursuivre ensuite sa carrière dans le privé, en tant
qu’administrateur de sociétés et chef d’entreprises, notamment en tant
qu’administrateur délégué d’une société d’édition et de communication qu’il a fondée
en partenariat avec le groupe Roularta.

En tant que membre actif de La Pensée et les Hommes, Chemsi Chéref-Khan a été
l’organisateur de deux colloques : « Islam et musulmans dans l’espace européen :
défis de la laïcité » et « L’Europe, une chance pour la femme musulmane », (tous les
deux au Parlement européen).

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Ces colloques de haute tenue, avec une forte participation étrangère, ont donné lieu
à la parution d’ « actes » (Editions Espace de liberté), les premiers ayant reçu le prix
« jeunesse » de la Communauté française.

Il a également été la cheville ouvrière d’un colloque intitulé « Démocratie, droits de


l’homme et exceptions culturelles », et le conseiller du Ministre de la Défense, à
l’occasion d’un colloque international organisé par l’Ecole Royale Militaire.

Ses nombreuses conférences (près d’une cinquantaine, en six ans de temps),


notamment celles dans le cadre d’un cycle organisé par l’U.A.E., traitent, sous des
angles divers, des rapports entre la laïcité et l’islam, en Belgique, en Europe et en
Turquie. La dernière en date s’intitule, de manière prémonitoire : « Islams et laïcités
en Belgique : les musulmans laïques ont-ils une place dans notre pays ? »

Chemsi Chéref-Khan a participé activement à la plupart des émissions de La Pensée


et les Hommes et à certaines productions du CLAV traitant des rapports entre la
laïcité et l’islam.

Pour toutes ces raisons, devant le péril majeur qui menace les valeurs de la laïcité,
Chemsi Chéref-Khan nous paraît être le candidat qui s’impose.

Pourquoi le Centre Communautaire Laïc Juif (CCLJ) soutient


activement la candidature de Chemsi Chéref-Khan.
Par David Susskind, président d’honneur et Michèle Szwarcburt, présidente.

Au CCLJ, la découverte des activités, des projets et des prises de position de Chemsi
Chéref-Khan a été pour nous une grande source de satisfaction et d’inspiration. Nous
avons immédiatement vu en lui un grand humaniste engagé dans la défense des
valeurs communes, contre la montée des extrémismes religieux.

Plusieurs occasions de collaboration nous ont convaincus de présenter sa candidature


en tant qu’administrateur du CAL. Et, dès que nous avons eu connaissance de
l’initiative de La Pensée et les Hommes et du CLAV, nous avons décidé de soutenir
également sa candidature à la présidence du CAL.

Le 24 mars prochain, le CCLJ, en collaboration avec l’Institut européen d’Humanisme


musulman (en formation), invite Guy Haarscher, Gabriel Ringlet et Chemsi Chéref-
Khan à débattre de la laïcité en tant que « rempart contre les intégrismes »,
conférence au cours de laquelle il sera également débattu de l’« humanisme
musulman » et de la « laïcité transversale », selon les mots de Robert Joly, laïcité au
sein de laquelle les musulmans laïques espèrent trouver une place.

Chemsi Chéref-Khan est un homme passionné, droit et libre qui allie l’intelligence de
l’esprit à celle du cœur. C’est un privilège pour nous de soutenir un homme de la
nuance et du compromis, capable de rassembler des gens d’horizons très divers, de
jeter des ponts entre les communautés et de fédérer les associations membres dans
le plus grand respect de leur autonomie.

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Pourquoi je suis candidat, pourquoi j’ai
besoin de vous, pourquoi, ensemble, j’en
suis intimement convaincu, nous pouvons
lutter plus efficacement, dans le respect
des croyants sincères, contre la montée de
l’extrémisme islamique ?

Je ne suis ni « islamologue », ni intellectuel dans sa tour d’ivoire, confortablement


installé dans la quiétude bucolique de son Brabant wallon.

Je ne suis l’homme d’aucun parti politique, d’aucune coterie, … d’aucune puissance


étrangère ! Je suis un simple militant indépendant, un intellectuel engagé, devenu
homme d’action sous la contrainte des périls qui nous guettent.

Dès le premier moment où il a été question de ma candidature, j’ai précisé que je ne


serai candidat que si je pouvais débattre avec les responsables et les militants de la
laïcité organisée, des combats qui sont devenus le sens de ma vie mais qui nous
concernent tous.

Nous sommes d’accord entre nous que l’extrémisme islamiste constitue la menace
principale contre nos valeurs, nos libertés. Je constate, toutefois, qu’après avoir lutté
courageusement contre la toute puissance de l’Eglise catholique, dans le combat
contre la menace islamiste, les laïques de nos jours agissent en ordre dispersé.
Pendant que certaines associations membres sont à la pointe du combat, d’autres
prennent langue avec des fondamentalistes, allant jusqu’à leur offrir des tribunes
sans précaution.

Depuis quelques temps, je parle aux musulmans laïques et aux laïques de culture
musulmane. Avec moi, ils découvrent l’« humanisme musulman », la tradition de
« pensée libre en islam », les moutazilites en tant que courant rationaliste, les
« nouveaux penseurs-réformateurs » de l’islam, l’islam des Lumières en tant que
l’islam du libre examen,… « la laïcisation de l’islam européen ».

Dans leur combat contre l’extrémisme islamiste, je leur apporte l’outil conceptuel,
contre le prétendu « islam englobant » des fondamentalistes et autres djihadistes.

Précisément, dans ce combat au péril de leur vie, devant les intimidations et les
insultes quotidiennes qu’ils subissent, dans leur combat contre l’intrusion des
religieux dans l’espace public, les musulmans laïques se demandent à quel jeu jouent
certains hommes politiques et certains laïques au sein de l’organisation. Ils affirment
qu’ils se sentent orphelins de l’islam dont la parole est confisquée par une minorité
d’extrémistes, tout en se demandant s’ils ne doivent pas se considérer aussi
orphelins de la « laïcité = pilier des non-croyants ».

Ils déclarent qu’ils risquent leur peau rien qu’en évoquant l’islam « laïc », considéré
comme une hérésie par les fanatiques, qu’ils sont prêts à se battre pour

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l’ « aggiornamento » de l’islam européen. Ils nous demandent si nous ne ferions pas,
nous aussi, notre « aggiornamento », en faisant une place plus nette à la « laïcité
transversale ».

Je voudrais pouvoir m’exprimer demain en tant que président, non seulement de


tous les laïques, mais aussi des musulmans laïques et des laïques de culture
musulmane, quand nous serons amenés à prendre position au sujet du « voile à
l’école », de la « viande hallal », de la « mixité », de la femme considérée comme
étant soi-disant un « être impur » à qui on refuse de serrer la main, du « sacrifice
rituel à l’occasion de l’aïd », … Ce jour-là, je vous dirai d’abord comment les
musulmans laïques lisent le Coran sur tous ces sujets, sans se laisser intimider par
« les menteurs et les manipulateurs », selon les mots de Ghaleb Bencheikh,
physicien et théologien, auteur du remarquable « La laïcité au regard du Coran ».

Que faire si on ne veut pas décevoir les jeunes musulmans auprès desquels j’ai
manifestement suscité enthousiasme et espoir ?

Tendre la main au mouvement « Ni Putes Ni Soumises », présidé par Fadela Amara,


croyante, pratiquante, à la pointe du combat pour la défense des valeurs laïques,
récemment honorée par l’ULB (docteur honoris causa). « Ni Putes Ni Soumises »
pourrait aussi se lire « Probe et Libre », pour ceux et celles qui comprennent ce
langage.

Tendre la main au « Collectif pour un islam d’ouverture », groupement pluraliste de


croyants de diverses confessions et de non croyants, qui ambitionne de devenir, à sa
façon, le CCLJ de la communauté musulmane.

Tendre la main aux initiateurs de l’« Institut européen d’Humanisme musulman »,


qui ambitionne de promouvoir un enseignement humaniste de niveau universitaire
« sur » l’islam, et à tant d’autres initiatives émanant de musulmans humanistes et
d’humanistes de culture musulmane, convaincus de la nécessité de promouvoir un
islam qui placerait résolument la loi civile au dessus de la « loi religieuse », dans le
plus strict respect de l’Etat de droit et des valeurs de la laïcité.

Chemsi Chéref-Khan
Grez-Doiceau, le 1er mars 2006

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