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HlStOlre
L'insurrection de Pâques 1916 à Dublin
N " r m - Avril 2006
1
i1
Prix 2 €

L e mensuel de l a Libre Pensée

Lettre
ouverte

au ministre

1' Education
"nationale
J
DOSSIER
1 LYEglisecatholique 1
et les jeunes
Ainsi monde,.,
Ontario : la loi d'arbitrage de 1991 est abrogée
ous le titre aQueen's Park l e m définitivement la cipé en toute indépendance - le Premier ministre Dal-

S porte (1). le bulletin en ligne de Radio-Canada, en


date du 15 février 2006, annonçait : u l e gouver-
ton McCuinty avait décidé d'interdire tous les arbi-
trages religieux en 0ntario.M
nemenr ontarien a réussi ù foire odopter mardi soir un Curieusement, à ce jour, t u mars 2006, la presse fran-
projet de loi qui interdit les tribunaux religieux pour tout çaise qui avait fait grand cas de l'instauration de tri-
arbitruge en droii de /O fumilleis. bunaux islamiques au Canada est... muette sur I'abro-
Immédiatement, notre ami jean Hodgkinson, militant gation de la loi d'arbitrage de 1991, et l'interdiction
de Humnist Association of Toronto, et correspondant de tous les tribunaux religieux.
de Lu Ruison en Ontario, en informait la Fedération Par contre, c'est sans surprise que nombre d'organisa-
nationale de la Libre Pensée. tions en France, dont i'islamophobie constitue de toute
Le bill 27, ou projet de loi 27, adopté évidence l'unique fonds de commerce,
en deuxiérne lecture le 14 février 2006, ont croubliéie d'en informer l'opinion
est intitulé Loi modifiant la Loi de 1991 publique r6publicaine.
sur lbrbitrage, la 1oi sur les services ù I'en-
fance e i Ir la famille et b Loi sur le droit (1) Queen's Park est le siège du gouveme-
de lu famille en ce qui concerne I'orbitra- ment provincial de l'Ontario, A Toronto.
ge fumiliol et des questions connexes et ( 2 ) Le projet de loi crée un nouveau régime
modifiant la Loi portant réforme du droit pour l'arbitrage familial en Ontario en modi-
de l'enfance en ce qui concerne les ques- fiant la Loi de 1991 sur l'arbitrage et la Loi
tions que doit prendre en considération k sur le droit de la famille. II compte 7 articles.
Au nombre des caractéfistiques de ce régime,
tribunal qui traite des requdtes en vue ~ ~ - f ~cn l ~ t rontm ; ~ e figurent :
d'obtenir la garde et le droit de visite. (2) ~ o d'anbiimge
i dp 1991. 1. L'expression uorbiirage tnmilEohi ne s'ap
II abroge pour certaines, amende pour plique qu'aux processus menés exclusivement
d'autres, les dispositions de cette loi d'arbitrage de en conformité avec le droit de l'Ontario ou d'une autre aute
1991 qui, au nom du sacro-saint multiculturalisme, rité législative canadienne. Les autres proçessus de prise de
autorisait l'établissement de tribunaux religieux, décisions par des tiers dans des questions familiales rïê consti-
judaïqueset catholiquesdans un premier temps, puis tUe"t des arbitrages familiaux et n'ont pas d'effet juridique.
islamiques à compter de 2004, notamment suite au http://www.ontla.on.ca/documenls/Bills/38~Parliamentlres-
sion2/M127-f. htm
rapport de l'ex-ministre de la justice ontarienne, Marion omve dm ,Ionfano. P41iOR du mu,tKU,-
(3)
Boyd, qui recommandait le maintien des arbitrages reli-
gieux.(3)
t,i5, ,, c&
, in L, ~,i-, ,0500, h l 2005.
(4) cf. *Lettre w e r f e au gowerncmt c a d i e m in 10 Roi-
Après plusieurs mois d'hésitation, et une campagne son noSû4, septembre-octobre 2005 et *Première victoire en
internationale - à laquelle la Libre Pensée avait parti- Ontariola La Raison n0505, novembre 2005.

Slovaquie : élections anticipées après le rejet du concordat


n 2000, la Slovaquie et le Saint-Siège concluaient En effet, le contenu du traité avec le Saint-Sihge avait
E un concordat dont l'article 7 stipulait que a10 Rd u-
blique slowque reconnuiî le droit de chacun b OI dir
h sa conscience, conformément aux principes doctrinaux
été jug4 contraim aux acengagements européensa de
Bratislava par un groupe d'experts mandaté par la Com-
mission européenne.
et h lo momie de I'Eglise cafhdique.a Dans la compétition qui l'oppose aux chdtiens-dkmo-
Ce traité devait ttre ratifié début février 2006 mais le crates pour capter les voix de I'électorat conservateur,
Premier ministre slovaque, Mikulas Dzurinda a décidé le Premier ministre joue la carte du soidisant amoder-
de rejeter ce texte qui aurait permis notamment aux nisrne*, par opposition aux voisins «traditionnalistes*
m6decins catholiques de refuser de pratiquer des avor- polonais, proposant un christianisme militant.
tements ou B un professeur d'enseigner le darwinisme. II faut en effet savoir que, depuis son a r i d e en 1998
En déclarant que ce texte &ait amwuisib parce qu'il au poste de Premier ministre, Mikulas Dzurinda se pose
urisquoit de donner un poids très important b I'Egiise en représentant de la «droite libéraien et de la com-
cotholique dons le processus des décisions séculièresm, le pétitivité économique. Le bon élève de l'Union euro-
Premier ministre slovaque a provoqué le départ de la péenne n'a cessé d'appliquer les recettes recomman-
coalition gouvernementale des chrétiens dkmocrates du dées par Bruxelles, instaurant par exemple un im@t
KDH. Ceux-ci - qui avaient déja obtenu gain de cause unique b 19 %, privatisant b tour de bras et coupant
sur l'introduction du catéchisme au programme des dans les budgets sociaux. Une orientation qui lui a valu
écoles primaires - soutenaient vigoureusement la clau- la bénédiction de l'union euro@enne et des investis-
se de conscience inscrite dans le traité. Mais M. Dzu- seurs étran ers, mals qu'un repli sur tes valeurs cath*
rinda a refusé tout compromis estimant que d e texte 3
liques utra ~tionnellesippourrait remettre en question.
donnemit une situation diHren te aux cathdiques de celle
des autres croyonts et du reste de la popuIutionrn.
Mais ce baroud en apparence a ro-laïcité* n'est néan-
*Nous voulons tout faire pour ue b Slovaquie ne
9
pas sa renommée, son image ...) et sa stabilitd ono-
miqum, a-t-il précisé pour expliquer sa acroisade* anti-
rde
moins pas sans arriere-pen* t
lectorate. clause de conscience.
Europe
Blasphème et Union européenne
rLe~n'at~qu'ouxyeuxdeceiuiqrsivénére
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~ f e n p a d d o K A d e s mmiterdgiuw~mvup~). m~aadoratei8.lder*...
Lettre ouverte à M. de Robien
lente ouverte adressée collège, beau prcgramrne I Vous de légèreté la Igicité au nom de
d Momleur tllles de Robltm, voulez que I'Ecole publique ne laquelle votre gouvernement vient
minlstre de I'Educa&fonnathnale ; serve plus qu'à apprendre A d'expulser des écoles publiques le
aux membres d a semices du minis- apprendre. Un jeune sortant de voile islamique ?
t h de I ' E d u c m ndmale ; I'Ecole serait ensuite formé par les Qu'entendez-vous par eune con-
aux membres du Haut Conseil de entreprises sebn leurs besoins. naissance simple de /a Bible, ? Nez-
I'Educatlon, Et que faites-vous de l'édification vous nous faire bénéficier d'un
personnelle ? A l'inverse de votre enseignement critique de I'histoi-
Objet : Socle commun de con- projet, considerant l'état de crise re des religions, je pense tout par-
naissances et de compétences. anti-sociale que nous traversons, il ticulierernent à l'excellent livre d'ls-
~ m b l eurgent de restaurer l'ins- rael finkelstein et de Neil Asher Sil-
Monsieur le Ministre, truction publique qui seule per- berman, La Bible daFoik ? je ne
Mesdames, Messiwrs, mettra aux jeunes générations le crois pas, car comme cela a été
d'acquérir les connaissances e t les dit par un barbu dont j'ai oublié
J'ai pris connaissance du projet de compétences nkcessaires B la le nom : *Heureux les simples d'es-
usocle commun de connaissances et construction de leur avenir dans prit, car le royaume des Cieux leur
de compétmesv par deux articles, de meilleures perspectives. Mais appartient M (fvangile selon Mut-
k premier de Liberution datant du l'édification personnelle, cette thieu 51v.3) D'une façon moins é!&
6 janvier, le second du Monde arme émancipatrice placée entre gante mais plus claire, Monsieur
datant du 10 janvier, et les ex- les mains des individus, vous n'en Cilles de Robien, vous avez décla-
traits que j'ai pu en lire m'inquiè- voulez pas ! ré que vous préferiez les tittes bien
tent au plus haut point. faites aux tetes bien pleines.
Vouloir réduire les connais- r- / Bien faites, cela signifie bien

i1
sances acquises au cours de formatées, et surtout bien
la scolarité obligatoire à une encadrées par le clergé.
swte de SMIC intellectud, . .

qui ne servirait aux é k s

I
qu'a dwenir des machines
pradwtîves pour les entre-
prises (européennes), me #
-
semble être un projet M a s - Vous ne faites pas preuve
te pour I'Ecole de la Répu- d'une grande inventivité,
blique et nuisible aux élhes. d'autres ont eu la même idée
Ceux-ci ont par ailleurs avant vous. Ainsi NapuIbn
exprimé leur désapprobation I
Bonaparte, le si nataire du
catégorique de la -loi FiIlon*
et du CPE- Le gouvernement m r n l k r n h <* & C h U k prqk< de lo(
Concordat qui At twjwrs
en Almce-Mosdle, poumit
attaque l'instruction de dire : ale ne veux pas des mi-
toutes Pa* " prepare les
a la precarite de I'emp'oi 1leur
scolarité. Autant dire qu'il leur
.C'est lui qui
scienn &
fait défense 6 /a
g(nic #a/kr au-de6
ronneu~~es, je veux der digieu5es..
Utiliser la religion comme un
déclare la guerre. Aussi, comme je qui veut pcn- moyen d'asservirsernent des
s& dans le d q m .r C'est ce que peuples est une méthode dont I'ef-
suis lycéenne' je me pemetr de ficacit6 est mondiaiement recon-
vous adresser cette protestation dimit Vidor Hugo A I'/\wmbl&
nue et séculairement démontrée.
pour le retrait imm6diat nationale contre le parti cléfical et Bient6t vous pourrez ajouter :
de ce projet. la #loi Falloux.. Si le grand Hugo
était encore en vie. c'est à votre *Heureux, viws les pawa, car le
sujet qu'il tiendrait ce discours. ~oyuume de Dieu est a - V O U S . ~
'

Votre socle commun dit que 1'41è- (Ewngik selon Luc 61v.20) Il est
ve doit &tre wpréporé a partager plus facile de résigner les individus
D'aprb ce projet de socle com- une culture européenne por une à la pauvreté quand ils espèrent
mun, les éléves ne devraient connaissance simple de la Bible et une vie ap& la mort, éternelle et

J
acquérir ue les connaissances et de quelques-unes des muvres
les corn tences qui seront profi- majeures du patrimoine eu**.
tables h leurs employeurs, exploi- Vous voulez réduire la connaissan-
heureuse.
Pauvreté intelieduelle et matériel-
le vont de paire, vous l'avez bien
tables par leurs patrons. Autant ce au dogme religieux, chrétien compris. D'ailleurs les statistiques
dire presque rien. Savoir lire et devrais-je dire. N'avez-vous donc vous donnent raison : les popula-
faire une addition en sortant du pas honte de malmener avec tant tions les plus pauvres sur cette
Terre sont celles qui sont le plus ra sur eux.» (Lévitique 201v.1 3). Ils avoir sur la tête un signe de sujé-
soumises à l'influence religieuse. La apprendront encore comme u n t i o n ~(Première Epître aux Corin-
religion est à ma connaissance le précepte hautement moral : «Tu thiens 1 1Iv.9-10).
seul antalgique qui détourne à ce ne commettras pas d'adultère.» je n'ai pris q u e ces modestes
point les individus de leurs inté- (Exode 201v.14). Mais o n se gar- exemples pour donner une idée
rêts terrestres, notamment leur dera bien de leur faire remarquer de l'ampleur des dégâts que ne
liberté, leurs droits, leur aisance qu'il est écrit également : «[Mo'ise manquerait pas de causer le rem-
matérielle, leur syndicat. La pau- dit :] Tuez donc tous les enfants placement des valeurs humanistes,
vreté est aujourd'hui u n produit de mâles. Tuez aussi toutes les femmes philosophiques, démocratiques et
l'alliance d u libéralisme écono- qui ont connu un homme en par- républicaines de l'Europe gréco-
mique et d u goupillon. tageant sa couche. Ne laissez la vie latine, par les valeurs féodales,
Permettez-moi de vous faire part qu'aux petites filles qui n'ont pas moyen-âgeuses, inquisitrices e t
de m o n opinion sur cette «œuvre partagé la couche d'un homme, et absolutistes (de droit divin) de I'Eu-
majeure du patrimoine européen» qu'elles soient à vous.» (Nombres rope judéo-chrétienne, dans notre
qu'est la Bible. Mis à part l'aspect 31 Iv.1 7-1 8). Ecole laïque.
scientifique, la science étant u n Les élèves apprendront encore Veuillez agréer, Monsieur le M i -
domaine dans lequel la Bible se qu'il est écrit : «Ainsi tout ce que nistre, Mesdames, Messieurs, I'ex-
distingue essentiellement par sa vous voulez que les hommes fassent pression de mes sentiments
nullité et son obscurantisme, j'ai pour vous, faîtes-le vous-mêmes IaÏques et républicains les meil-
quelques raisons de penser que pour eux : voilà la Loi et les Pro- leurs.
l'enseignement biblique que vous phètes.» (Evangile selon Matthieu Coralie CHARRY, lem S
prônez sera celui de morceaux 71v.12). Et peut-être u n jour
biens choisis, isolés, qui serviront apprendront-ils comme u n pré- Co-signataires : CHARRY Alison, étu-
à faire passer l'ensemble pour u n cepte également b o n celui-ci : diante en médecine ; PYSZEL Joa-
livre humaniste fait de tolérance et ~Esclaves, obéissez à vos maîtres chim, Term. ES ; THUEUX Emma-
de charitables principes. d'ici-bas avec crainte et tremble- nuel, Term. CAP photo.
Ainsi les élèves apprendront qu'il ment» (Epître aux Ephésiens 61v.5).
est écrit : «Tu ne tueras pas.» (Exode O u encore peut-être celui-là, à Tous les citoyens attachés à I'Ecole de
la République, notamment les collé-
20/v.13), mais pas qu'il est aussi moins qu'il ne soit jugé trop isla-
giens, lycéens et étudiants, sont
écrit : «L'homme qui couche avec miquement correct pour une Euro- invités à contresigner cette lettre, ce
un homme comme on couche avec pe chrétienne : «Ce n'est pas I'hom- qu'ils peuvent faire en ligne sur le site
une femme : c'est une abomination me, bien sûr, qui a été créé pour la internet créé à cette occasion :
qu'ils ont tous deux commise, ils femme, mais la femme pour I'hom- http://www.premiumwanadoo.com/
devront mourir, leur sang retombe- me. Voilà pourquoi la femme doit jeunes-laiquesl.

Nom : ..................................................................................................................................................

Prénom :...............................................................................................................................................

Adresse : ..............................................................................................................................................

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4,9 ,& L A R A I S O N NOS10


'v
de la Libm Pensée
La Libre Pensée a été reçue par
ministère charaé des Collectivités territoriales
Le 9 février 2006, le ministre Brice Hortefeux a rencontré la Fédération nationale de la Libre Pensée. Cette entrevue
s'est déroulée à la demande du ministre délégué aux Collectivités territoriales auprès du ministre dlEtat de l'Intérieur.
En effet, le ministre, après avoir rencontré les représentants des différents cultes, souhaitait connaître le sentiment de
la Libre Pensée sur ce qu'il convenait de faire des cendres des personnes incinérées. En 1981, il y avait 1% des per-
sonnes décédées qui utilisait ce mode de funérailles ; aujourd'hui, ce sont près de 25%.
Un projet de loi étant en cours d'élaboration, la Libre Pensée a déposé auprès du ministre le mémorandum suivant
qui reflète la position des libres penseurs sur ce sujet :
1") La Libre Pensée souligne tout d'abord qu'il n'existe pas encore de crématorium dans tous les départements, y
compris en Ile-de-France. Par exemple, il existe un manque criant en la matière dans le département des Yvelines.
C'est le premier besoin à satisfaire.
2") La loi du 8 janvier 1993 fait disparaître des monopoles de fait en matière de funérailles, mais elle supprime aussi
l'obligation d'une sépulture gratuite aux indigents. II faudrait inciter les communes à régler positivement ce problè-
me en cas de difficultés.
3") Les dispositions actuelles :
- Les cendres peuvent être dispersées dans un emplacement prévu à cet effet, dans un Jardin du souvenir, dans I'en-
ceinte du crématorium, dans le cimetière communal, dans une propriété privée, dans la mer ou un cours d'eau, dans
la nature (sauf sur la voie publique) et toujours dans le respect de l'hygiène et de la salubrité publique.
- Les cendres peuvent être placées dans une sépulture de famille, scellées dans un monument ou dans un columba-
rium dans un cimetière communal.
- Les cendres peuvent être gardées par les proches sous réserve de la possession d'un certificat de crémation remis à
la famille avec les cendres.
4") La Fédération nationale de la Libre Pensée a une approche tout à fait favorable à la crémation, car la terre doit
rester aux vivants. L'augmentation (positive) de la population et, en conséquence, celui des décès pose de nouveaux
problèmes aux collectivités publiques. Outre l'aspect hygiénique considérable et le respect définitif quasiment pour
tous les défunts (car il n'y a plus de souci à avoir pour l'entretien des sépultures), les surfaces ainsi libérées seront
bien plus utiles aux vivants qu'aux morts. De plus, le véritable tombeau est toujours dans le cœur de ceux qui ont
aimé le disparu et dans la mémoire de ceux qui s'en souviendront.
5") 11 semble nécessaire d'augmenter le nombre de Jardins du souvenir en rendant obligatoire la création d'un par
commune de grande taille et, au minimum, d'un par département dont la surface doit être dépendante du nombre
d'habitants y résidant.
Des variantes peuvent être aussi généralisées comme celles des Arbres de mémoire où le défunt ou sa famille choi-
sissent un type d'arbre où l'on mettra les cendres au cœur des racines. L'arbre est choisi en fonction de son symbo-
lisme.
II faudrait aussi permettre le développement des columbariums dans les cimetières communaux ou départementaux
pour les familles qui souhaitent avoir une trace matérielle du défunt.
Dans le cas des Jardins du souvenir ou des columbariums, il convient aussi de respecter la laïcité institutionnelle en
refusant les «carrés religieux» en ce domaine, ainsi que l'apposition des emblèmes religieux (article 28 de la loi de
1905). Bien entendu, les inscriptions sur les plaques individuelles sont libres (comme c'est le cas pour les pierres tom-
bales). II importe, avant tout, de respecter les volontés et convictions du défunt, avant celles des proches.
6") D'autres utilisations existent aussi comme la mise en orbite des cendres (assez limité par nature) ou transformer
les cendres en diamant synthétique, ce qui représente «l'avantage» de garder propre une trace matérielle du défunt.
Une étude pourrait être faite pour étudier la généralisation de ce procédé pour en diminuer le coût.
De même, les études visant à l'utilisation des cendres à des fins agricoles ou industrielles pourraient être soient reprises
soient intensifiées.
7") 11 semble aussi nécessaire de définir une législation nationale identique concernant la fiscalité des urnes funéraires.
En effet, dans certaines communes, l'urne est assimilée à un corps, donc soumis à des taxes d'arrivée et/ou d'inhu-
mation, vacation de police, nombre limité d'urnes dans la sépulture ; ou bien échappe à tout ou partie de ces
contraintes dans d'autres communes.
8") Les fédérations départementales de la Libre Pensée ont interpellé les candidats aux dernières élections cantonales
pour leur demander de s'engager à ce que dans chaque commune (ou canton si cela est impossible), il soit mis à
disposition des lieux de recueillement pour procéder à des cérémonies civiles d'hommage en cas de décès d'un proche.
Les citoyens doivent avoir un véritable choix de lieu de recueillement (églises, temples, mosquées, synagogues et salles
civiles) en fonction des convictions des défunts pour leur rendre hommage. Ces salles civiles pourraient être proches
des Jardins du souvenir, par exemple.
Paris le 9 février 2006
,&3*
Philosophie
Colloque du Carla-Bayle
Sur deux jours ('1
sous l'égide de I'IRELP et de la Fédération de Libre Pensée
de l'Ariège
dans un cadre mis à notre disposition par la municipalité

Trois grands esprits libres, Dolet, Vanini, Buyle,


face h l'intolérance religieuse à Toulouse
et dons la rdgion toulousaine

-'incroyance d'Etienne Dolet, sa spécificité, ses rapports d'antagonisme avec


'évang4isme - Marcel Picquier, historien.
iiscussion et réponse.
hnini, athée dklaré, ~jurquesau feu# inclusivement - Didier Foucault,
~rofesseur-chercheur9 l'université de Toulouse-Montmirail.
Iixussion et réponse.
2uelques as- du rapport entre libertinage philosophique et politique -
'ierre Roy, historien.
3iscussion et réponse.

20 heures : repas fraternel.

Dimanche 30 avril 2006


De9h302112h30
Sous lu prPsidence de Pierre Roy
9h30-10h: Libertinage philosophique, Lumiéres, Libre Pensée : la lutte contre l'obscurantisme
religieux vient de loin - jean-Man: Schiappa, historien, président de I'IRELP.
10 h - 10 h 45 : Discussion et réponse.
-
10 h 45 11 h 15 : Bayle et le socinianisme - Antony Mc Kenna, professeur-chercheur à l'Université de
saint- Étienne, directeur de l'Institut Longeon a Remissam el Age clussiqum
1 7 h 15 - 12 h : Discussion et réponse.
12 h - 12 h 3 0 : Conclusion du colloque par Christian Eyschen, h t a i m général de la Libre Pensée.
le suussign6 m h x i i s pour te colloque (SQ et demande qu'une chambre me mlt r k r v i h pour la nuit du
29 au 30 avril. [S'inscrire auprès de Jeannette Sans-Allen, Bellecoste, 09 130, Caria-Bayle té1 : 05 61 68 59 30) -
Nom .............................................................................................. Prénom ..............................................................................................
. . . ........................................................................................................................................................................................
Adresse.............
f4l6phone .......................................... Courriel ,. ...,,................. . ... ..,......
. .

PQUR 1 A TENUE W CQllûQU6


Pour permettre aux organisateurs de faire face aux frais engagés, je verse O 10 P 15 P 25 euros
par chèque à l'ordre de ~rPierreRoy Colloquerr

(1) AllWïION : I'information parue dans Ildée Libre du mois de dkembre 2005, page I I , e t enun& : le colloque
ne se tiendra pas sur une journée mais sur deux, le samedi après-midi et le dimanche matin. Tout contact : roy-
pimnadoo.fr,
ans les deux premiéres par- tiques, syndicales, religieuses ou p h i de I'Etat. Par exemple, un médecin
ties de I'dtude que La Rai- losophiques d'un fonctionnaire ne de santé publique qui se prévaudrait
son (1) consacre cette année peut 8tre pris en compte lors de son de sa qualité pour mener une cam-
aux atteintes, legales ou recrutement ou à l'occasion d'un pagne contre la pratique de I'avor-
non, aux princips fonda- avancement (CE, 28 mai 1954, tement serait probablement dans
mentaux énoncés aux articles l u et Baren. C'est conforme I l'article 6 cette situation.
2 de la loi du 9 décembre 1905 de de la Déclaration des droits de Les usagers sont dans une position
séparation des Eglises et de I'Etat, l'homme et du cito en du 26 aoilt différente. Ils pewent librement aff i-
ont été examinées celtes ayant trait
h renseignement, à la fiscalité et aux
Y
1789 qui garantit 'égal acces aux
ublics. L'article 6 du sta-
cher des signes d'appartenance reti-
gieuse dans les locaux où le service
affaires immobili&res. Dans ce troi-
sième volet seront abordés quelques
J'
tut gén rat lui reconnait aussi la
libertb d'opinion. En revanche, il ne
public est rendu, sous la réserve
générale de ne pas troubler l'ordre
problemes relatifs aux manifesta- fixe pas de droit B autorisation â'ab- public. En particulier, les convictions
tions extérieures du culte : les céré- sence pour célébrer une f?te reli- religieus@sne pewent entraîner des
monies, les sonneries de cloche et gieuse, ni d'ailleurs aucune disposi- changements dans l'exécution du
les emblèmes religieux. Les ques- tion @lementaire. Cependant, le service. Dans un passé k e n t , Les
tions funéraires feront l'objet d'un Conseil d'Hat a considéré u'en
développement particulier. Avant
un véritable droit 3 congé excep-
?
dépit du siience des textes il d tient
probWmes, limités mais significatifs,
rencontrés par der personnels hos-
d'examiner ces differents pitaliers ou des examinateurs dans
points'
n'est pas inutile de rappe er l obli
gation de neutralité des collectivités
tionnel pour ce motif, en raison
meme des garanties générales pré-
l'enseignement supérieur t4moi-
gnent de l'acuité de cette questiun
publiques, vues par le statut. en certaines circonstances. Pour
Toutefois, le fonctionnaire est garantir une instruction affranchie
astreint à une double obligation, de toute contrainte ld4ologique, les
celle de la neutralité dans le service élhes de I'ensei nement primaire et
et celte de la résewe en dehors du
service. Sur le premier aspect, il ne
il
secondaire pu lic n'avaient pas
cette faculté jusqu'8 l'intervention
La s4paration des Eglhs et de I'Etat peut en particulier s'adonner au pro- de la loi du juillet 1989, dont les
se traduit par la neutralité digieu- sélytisme religieux (CE, 8 décembre modalitds d'ap lication interprétées
se de ce dernier. II ne doit donc 1948, Delle Pasteau) ni utiliser les par le Conseil $Etat ont 614 vaiidkr
manifester aucune vréférence moyens du &ce des fins confes- d'une certaine façon par la loi du
confessionnelle ou philMo- 15 mars 2004 sur le port de
phique dans la conduite de signes religieux en milieu
son action, y compris scolaire.
lorsque l'autorité judiciaire Cependant, la neutralité des
est appelée B trancher des collectivités publiques au
litiges de droit privé dans regard des di ions comme
lesquels des motifs d'ordre
religieux intewiennent. Les
B
conséquence e la loi fnn-
çaise de séparation des
jugements ne doivent en Egtises et de I'Etat est sus-
aucun cas trahir tes convic- ceptible d'àtre potentielle-
tions personnelles du juge ment altérée par le droit
qui est, au surplus, tenu de communautaire. A p r h le
s abstenir de trancher des rejet ar les citoyens français
uestions sans solutions juri-
aiqua, telles que la distinc-
L
et n rlandais du projet de
traité constitutionnel de-
tion entre sectes et religions.
Ces principes valent néces-
sairement pour toutes les
=, meure en vigueur la onriè-
me déclaration annexée au
traité d'Amsterdam de
collectivitéspubliques:Etal ~ ~ ~ e f ~ f i ~ ~ t 1997.Siellen'apasdepor-
a n f ~ ~ r a
collectivités territonales, éta- Ala~mhoinmngeibm-hd~~. tée juridique propre, elle
blissements publics. A cet sionndles (CE, 15 octobre 2003, peut servir de grille d'inter-
effet, les fonctionnaira qui assurent Odent) ni & rignerreli- prbtation de directives cmrnunau-
I'exécution du ~ M c public e ben& gieux pendant le=dce (Avis CE, 3 taires tendant I I'klaboration d'un
ficient à la fois de droitr pmteCtW6 mai2 0 ~ ~ . ~M l ~ k ~ sur ~ le~ dmit
~ ~ e u~m w) n der
+ religions.
mais halement ter- recond, en raison de qua-
taines obligations qui ne @sent pas
sur les usagers i une exce tion près. il don faire prewe de mader+ B. Les rnanl@statiuns
Nul ne pouvant etre ler
travail ou win emploi
'l
rl...~ d
'ion dans l'expression de w convic-
tions en dehors du service. S'il est
~l&Ieuses
r m m pirblic
dans
2 5 opinion5 ou de ses tmpnces ada ai te ment libre de ~ m t i q w rle
[..lm comme l'indique lepréambu- culte de Son choix, il ne l'est plus Trois manifestations 21 caractère reii-
lede laConstitution de 1946 repris lorsqu'it conduit des campagnes giwx dans l'espace public peuvent
danscelledu 4 octobre1958, aucun publiques B caracthre religieux de intéresser les fédérations départe-
motif tenant aux convi~ions poli- nature h porter atteinte b l'autorité mentales de la Libre Pensée dans le
' et derniere partie
3
cadre de son enquete sur les viola- tion dwant te juge n'est pas néces re sont assez nombreuses. En 1999,
tions des p r i n c i p énoncks aux sairement appropriée, des Lors que ta cour administrative d'appel de
articles 1" et 2 de la loi du 9 les bénéficiaires sont difficilement Nantes a été saisie d'un recours ten-
décembre 1905 : les cérémonies, les identifiables comme liés aux initia- dant au retrait de cnicifix de plu-
sonneries de cloche et les emblémes teurs de la procession. sieurs mairies. Tout récemment, une
religieux. toile représentant le Christ en croix

-
2. Les sonneries ornait la salle d'audience de la cour
1. Les c é d m o n k de cloches et les d'appel de Bordeaux, qui n'est pas
En raison de l'obligation de neutra- embiémes religieux un musée ni une salle d'exposition.
lité pesant sur l'exécution du Toutefois, utile h entreprendre
En application de l'article 27 de la quand la chance de ta voir aboutir
ce public, les cérémonies officidle loi du 9 décembre 1905, le maire
sont dépurvues de tout caractère est &levée, l'action devant les juri-
règle les sonneries rel ieuses dans
religieux. Le décret du 16 juin 1907
avait tir6 les conséquences de la
tl
I'inté*t de l'ordre et de tranquiltîîé
publics, dans les conditions &es
dictions compétentes n'est pas tou-
jours couronnée de succés : le logo
séparation en supprimant toutes les du département de la Vendée a eté
par le d h t du 16 mars 1406. En reconnu conforme i la loi ; le
préséances reonnues precédem- particulier, il doit recueillir préalable-
ment aux autorités religieuses dans Conseil d1Etat admet la Iégalit4 de
ment l'avis du ministre du Culte. Si la présence de signes religieux prés
le cadre concordataire. Abrog4 par cette formalité est substantielle, elle
un décret récent qui fixe le nouveau n'a pas pour effet de lier la décision
des monuments aux Fnrtj.
rotocole, ce dernier reste muet sur du maire. En s i s de litige persistant,
Pe rang auquel pourraient prétendre C. Les q ~ l i o r i s
les représentants des religions lors
de ces cérémonies. II arrive cepen-
l'affaire est tranchée par le
Comme les édifices cultue s, les P""
cloches mnt affectées B l'exercice du
ftr116mimS
dant que ceux-ci y participent ès culte pour l'essentiel. Toutefois, elles Dans ce domaine, l'attention des
libres penseurs se rtera plus par-
qualité. Si les chances de faire sanc-
tionner par le juge administratif
peuvent être requises pour les son-
neries civiles en cas de péril immi- P"
ticuli5tement sur es lieux d'inhu-
mation. La loi du 14 novembre 1881
cette intrusion sont quasiment nent Au surplus, l'usage des cloches
nulles, sauf A déférer dwant lui la peut être limité s'il est de nature à a Ia'icisé les cimetières qui étaient
convocation adressée aux intéressés mettre en péril le batiment où elles une juxtaposition de carrés confes-
et i le convaincre qu'il s'agit d'une sont installées. Plus génémlement, il sionnels sous l'empire du décret du
décision administrative, en rwan- doit etre compatible avec la tran- 23 prairial an XII. Cette situation
che, la dénonciation publique est quillité du voisinage. avait conduit B des excès de la part
toujours utile. Cette question pourrait paraître de I'Eglise catholique au regard
En ce qui concerne les manifesta- désuete B certains. II n'en est rien. mtme du Concordat. Les défunts
tions religieuses elles-rnsmes, les Des maires favorables B I'Eglise de d'autres confessions et les athCes
processions sur la voie puMique sont Rome publient parfois des a&& étaient souvent victimes d'une
soumises h une obligation de décla- de nature B g?ner les habitants. L'an forme de relégation posthume.
ration préalable auprès du maire, en dernier, un hôtelier s'est plaint une En dépit de ce régime d'égalité d'ac-
application du décret loi du 23 libre penseuse logeant chez lui du cés de l'espace public du cirnetiére
octobre 1935. Toutefois, en sont préjudice causb à son commerce en reconnu aux défunts depuis 1882,
expressément dispensées celles qui raison de sonneries de cloches noc- le ministre de I'lnteeur a publié une
turnes. La res nsabihé civile du circulaire du 14 février 1991 autori-
présentent un caractére traditionnel,
le texte mentionné cidessus ayant P"
ministre du Cu te s'efface probable-
ment demere la mponsabilit4 admi-
sant la distinction de carrés musul-
repris la jurisprudence antérieure du mans. Ce texte, dépouwu d'ailleurs
nistrative du maire investi de son de toute valeur réglementaire, est
Conseil d'Etat, fond& sur la Men- pouvoir de police spéciale. C'est
se du principe de fibre exercice des illégal B deux titres. II contrevient à
donc sur ce terrain que celui qui jus- la fois au principe de neutralité de
cultes énoncé à l'article I n de la toi tifie d'un préjudice peut faire sanc-
du 9 décembre 1905 (CE, 2 mai I'Etat et aux dispositions de la loi du
tionner la cdlectivité publique par 14 novembre 1881.
1934, Prcithée). t'interdiction d'une le ju e administratif.
procession non traditionnelle ne
peut &tre ni générale ni absolue et
9
La pace des emblérnes religieux
dans l'espace public est el& par
En définitive, sur ces différents
aspects, dans le cadre de i'enquête
seulement motivée par des menaces l'article 28 de la loi de séparation sur les violations de la séparation des
de troubles B l'ordre public (CE, 2
juillet 1947, Jeunesse ind4 ndante
y
chrétienne féminine). Si es libres
disr''= : cri1 est interditt à I'ave-
nir, d'é mer ou d'opposer aucun signe
qui
ieligiwx sur les monumentspublia w
Egliser et de I'Etat, les fédérations
départementales pourront s'atta-
cher b rechercher les atteintes B la
penseurs ne pewent que se réjouir en que/que empkcement public que neutralité des collectnrités publiques,
de la libre expression des cultes dans ce soit, a l'exception des edikes ser- faire sanctionner ou b dénoncer
le cadre des lois de la République, vant ou culte, des termins de sdpul- les actes relatifs aux sonneries de
en revanche ils doivent Stre atten- ture dons les cimetiéres, ainsi que des cloches intempestives et aux
tifs l'attitude parfois complice des musées w aupositionss. Lu Raison a emblèmes religieux, enfin 2i relever
autorités locales vis-&vis des orga- déjh traité ce sujet dans un numé- l'illégalité cies carrés confessionnels.
nisateurs. Les aides financieres ro précédent. Il n'y a pas lieu d'y Domlnîque GOUSSOT
directes et indirectes doiwnt 4tre revenir. Toutefois, il est probable que
relevées, mtme si, la encore, I'ac- les violations de la loi en cette matiè-
Antidogmatique
L'enseignement du «fait religieux» à l'école et
la Iaicité : compagnons ou adversaires ?
epuis un peu plus de trois y pourvoie... Ce constat est a rap- enseignants de faire appel b

D ans on entend parler de


«fait religieux* et de son
enseignement à l'école.
Qu'en est-il exactement
aujourd'hui ? Qu'est-ce qu'un ccfait
religieux* ? Une cathédrale, une
œuvre musicale - dite e s a c r h par
procher du fait que bien souvent
c'est au nom de I'uinculture reli-
gieuses que l'enseignement du
&fait religieum à été introduit à
l'école. Pourtant, les lois scolaires
en vigueur laissent aux parents qui
le désirent, conformément à la
.
d'autres sources que.. la Bible,
comme par exemple les travaux
récents d'archéologues ou philo-
logues I II s'ensuit que I'Education
nationale considére, h tort, cles
Ecrituresm comme un ouvrage
d'Histoire, ce qui est un grave
,
les uns les massacres de la Saint liberté de conscience, un temps contresens.
Barth4lemy) les croisades, I'lnqui- dans la semaine pour I'enseigne-
sition, les récits de la Bible ou le ment religieux. N'y a-t-il donc pas ï ~ :
k exe???pIe~
dogme catholique de s<l'immaurlée rupture avec ce principe dans ie ffi'&odeu et la
conception.. 111 sont-ils à mettre sur cas de l'introduction de I'ensei- donq& & C~WW
le même plan en tant que ufaits gnement du duit religieum dans
religieux# ? Quels sont les #faitsreli- les programmes ? Dans un livre d'histoire destiné aux
gieux* qui sont au programme CE2 Pl, on peut lire, sans
et comment sont-ils exposés ? qu'aucune distance critique ne
Telles sont les questions que soit apportée, que d'histoire de
beaucoup de citoyens se ce peuple [les Hébreux] est
posent . racontée dans un livre, Io Bible.
Pour répondre partiellement 1...] Conduits pur Moije, ils quit-
ces questions, je propose dans térent finulement /'kgyp te pour
ce petit article de retracer brie- retourner dans le pays de
vement l'origine de la volonté Canaan». Au passage, vous
d'introduction d'un tel ensei- noterez que ce livre scolaire
gnement d'une part, et affirme l'exciusivité de la Bible
d'autre part de considérer un comme livre devant permettre
exemple tres important de d'accéder à une connaissance
erfait religieum placé au centre ..
historique, Les archéologues
des programmes officiels d'en- n'ont plus qu'a remballer leurs
seignement de primaire (Cycle outils e t stylos... puisqu'on
3-CE2) et de collège (6")' à savoir Comment expliquer par exemple vous dit qu'il y a la Bible ! Au sur-
~rl'hisfoire des Hébreux*. que les livres d'histoire de classe plus, ce livre est accompagné d'un
de cycle 3 (CE2 notamment) de guide pédagogique 141 destiné a
Le srfait religieuxu primaire et de 6' des colkges pré- l'enseignant et dans lequel on lit,
&ts les pwmmmes sentent un véritabie catéchisme au sans qu'aucune distance critique
ne soit apportée la non plus,
chapitre concernant ccl'histoire du
scolaires peuple de la Biblm ? qu'u avant leur instollution en
A l'origine de l'enseignement du ~t pour cause, puisque concernant Canaan, le'i,Hébreux ont connu l'es-
*fait religieux* à l'école, il y a le ~cl'histoiredu peuple de la Bible, le clavage en Egypte et b trovede du
fameux rapport de Régis Debray programme officiel de I'Education désert sous lu conduite de Moïse -
de février 2002 121 ; cdui-ci préci- nationale précise que altetude des avec I'eisode du mont Sinab.
se que ~l'eflondrernmtou l'érosion Hébreux est obord6e ù purtir de la Or, il s'avère que pour bon
des anciens vecteurs de transmission Bible, document historique majeur et nombre d'archédogues I'événe-
que constituuient églises, familles, livre fondateur de la première reli- ment relaté dans ce passage de la
coutumes et civitfies, reporte sur le gion monothéiste de /'Antiquité8 ;et Bible, dit de ml'fiode, n'a tout
service public de l'enseignement les qu'en terme de areperes chronolo- simplement JAMAIS EU LIEU !!!
tdches élémentaires d'orientation giquesa c'est ale temps de b Kble Finkelstein, professeur dfUnive~ité
dans /'espace-temps que la suciétk (2 - 7 * millénaire ov. J. C a bqui doit a Tel-Aviv et directeur de l'institut
civile n'est plus en mesure d'assu- être consid4ré de m@meque pour d'archéologie de cette ville en
rm. les documents à étudier, il faut uti- apporte une preuve dans un excel-
Ce rapport l a i donc ~ entendre liser des clextroits de Fa Bibla. Et, lent livre Isl. Ce scientifique, apGs
que si les enfants ne vont plus au faut-il le préciser, ce programme Une longue et passionnante prk
catéchisme, il faudrait que l'école ne conseille absolument pas aux sentation des recherches archéo-
logiques de la seconde moitié du ment, se contentant d'étudier la de confirmer les récits de la Bible !
XXCsiècle, condut que (la sago de vie quotidienne, le commerce, ks En d'autres termes, il s'agirait donc
I'Exde d'IsmQ hors d'&te ..
techniques. D'autres se placent
n'est ni plus ni moins, comme i'exhor-
p u s une vérit4 historique, mais elleexactement A l'opposé, affirmant tait le pape jean Paul II dans son
dogrnatiquement que toute fouille
n'est pas non plus une f ~ t i o nlitth encyclique d i d e s et ratim d'oc-
raire.s entreprise dans ta région doit tobre 1998, de aréconcilier la foi ei
t'archéotogue britannique Kath- nécessairement aboutir à la confir- la raison* ; c'est parfaitement
leen Kenyon, qui travailla sur le mation de l'historicité de la Bible. contradictoire mec la la'icité,
site de Jéricho dans les a n n h Quelques xientifiques contempo- Aujourd'hui, à l'école et au collè-
1950 161, et qui est considérée par rains débattent encore de la ques- ge, lorsqu'il est question d'ensei-
beaucoup comme I'une des tion ;la plupart toutefois adoptent gner le *fait religieum, s'agit-il de
archéologues les plus douées de une démarche résolument laïque faire c o n n a b les faits historiques
son temps, s'intéressait au récit de (la seule qui soit compatible avec ou de valoriser des croyances reli-
Josué (épisode biblique de la I'honnGtet6 intellectuelle) :en évo- gieuses, d'instniire ou de condi-
chute de lérichor) et à la possibi- quant les textes dits asau#s* dans tionner selon une démarche pro-
lité d'en confirmer ou non I'histo- leurs travaux, ils soulignent e t s6Iyte ? Lorsque le recteur d'Au-
reconnaissent juste titre le râle
ricité. Ses fouilles apportérent, elles vergne (et ses collègues d'autres
aussi, la preuve que Josuéétait en (sans jugement de valeur) qu'a académies) a organisé des jour-
réalite dans l'impossibilité de tenu la Bible dans l'histoire de I'hu- nées de formation pour futurs
détruire quoi que ce soit 3 son manité, mais en mCme temps ils enseignants en 4troite collabora-
époque puisque le site était inoc- se montrent aussi et surtout tion avec un Institut théologique,
...
cupé et déja en ruine ! curieux des aspects (sociaux, poli-
tiques...) qui se cachent derti6re
ne s'est-il pas trouvé en flagrant
délit de violation du principe de
Pour Finkelstein 151 : &Il est évident
que rien ne va plus quand on jux- les limites de la narration krite. laïcité ? Ces questions méritent
tapose ie k i r biblique, les preuvesC'est en ce sens qu'il faut com- d'gtre posées clairement... et la
uKhéolog' ues et les archives égyp- prendre la formule très juste de réponse ne peut résider que dans
7
tiennes~. tant entendu que eles
documents contemporains el les
Finkelstein Isl selon taquelle ta Bible
m'est pas une fiction littémirem. En
la restauration de la loi de 1905,
qui a été le premier des mots
découvertes archhlqiques at tes- clair, l'enseignement laïque ne doit d'ordre de la manifestation laïque
tent que ~'/gypte considérer la Bible que comme un
odministmit et sur- du 10 décembre.
veillait étroitement les affaires monument qu'a praduit la pen* Hewd CHUBERRE
publiques de cette contrée,. humaine B une épaque donnée,
de la même façon que les cathé- [1] Proclamé par le Pape Pie IX en
Conclusion drales sont le produit des mains
de l'homme à une époque don-
1854.
[2] Disponible facilement sur intemet.
Concretement, al'interprQtotion née ; en aucun cas, I'enseigne- [3] J. Hebrard : *Les sovoirs de l'éco-
qu'elle [la Bible] donne d'&&ne- ment laïque ne doit présenter le le: Histoirem, Hachette fducation,
ments Iointains tient à la fois de la contenu de cette Bible comme 2002 (page 27).
*ende, de k poésie et de lu pm- étant la kalité historique, par [4] J. Hebrard : d e s savoirs de I'Pco-
pugande.= [TJ Donc, au minimum, contre, cet enseignement doit le : Guide pédagogique. Histoirao,
il apparaît que la réalité historique transmettre ce que l'archéologie Hachette jducation, 2003 (page 18) ;
des prétendus wépides bibliques# nous apprend. dans lequel il est précisé que ce guide
de l'histoire des Hébreux fait débat Force est pourtant de constater est uconfome aux m I k s orienta-
tions*.
chez les spécialistes. Pourquoi alors que nombre de manuels scolaires j5] 1. FinkelsteÎn et N. A. Silberman :
les présenter dans les programmes (de cycle 3 ou de 6') affirment, *La Bible dévoilker, Folio Histoire,
du primaire et du collège comme sous des formes apprachantes, 2002. Finkelstein dirigea dans les
une vérité historique, si ce n'est, que ~I'histuiredu peuple hébreu est a n n k 1980 I'une des plus vastes
comme le démontre le no1033 de sowent confirmée pur les docu- campagnes de relev4s dans ce pays
Science & b?ed'octobre 2003 (dans ments provenant des peuples voisins de collines qu'est Canaan.
lequel 22 manuels d'histoire ont et pur des fouilles archéologi- [6]~CmndesÇiviIisotions du passé La -
été ç~passésau banc d'essab), pour ques~181 ; ce qui est loin d'etre Terre Sainte, td. Time-üfe, 199 3 (livre
enseigner la foi sous couvert d'his- avéré d'une part (on l'a vu plus intéressant pour sa riche et belle ico-
toire ? haut à la lumiere des avancées
nographie et pour sa présentation de
t'historique des recherches archhlo-
En fait, quelques spkialistes d'ar- scientifiques de l'archéologie), giques dans cette région du monde).
chéologie dite *biblique*,que i'on mais d'autre part, ce qui est plus (71 Nicholas de Lange : aAtlos du
devrait plutôt appeler uarchéobie grave, c'est que ces manuels dis- monde juif., td. du Fanal, 1987.
sym-palestinienne*, considèrent la tillent finalement l'idée cléricale (81 Isabelle Bourdial : a R e l 3 i 0 ~ 5b /'#m
Bible comme un miroir déformant selon laquelle la science serait au -
k On y enseigne de fausses vérités*,
et donc l'ignorent systématique- service de ta religion dans le but Science & Vie no 1033, octobre 2003.
Stendhal e t les jésuites
ne étude publiée par la ses parents A l'annonce de la Emporté dans la tourmente des
Société de la langue et lit- décollation de Louis XVI ; il a alors guerres napoléoniennes, il est le
térature française (1) dix ans et se rappelle : ale fus saisi témoin de l'incendie de Moscou
porte sur la place qu'oc- d'un des plus vifs mouvements de et subit la retraite de Russie dans
cupe le jésuite dans joie que j'ai éprouvé de ma v i a , cartoute son horreur. II décrira les
l'œuvre de Stendhal, l'auteur de élevé dans eune des familles les plu5 bassesses de la guerre, loin des
cette étude soutenant que s'il fal- fresques traditionnelles de I'hé-
aristocratiques de la ville, ce qui fit
tait définir son muvre d'un seul quesurlechamp, jemesenlisrépu- roïsme militaire : Fabrice del
trait, ce serait celui de sa haine du blkuin enmg& (21, il se place réso- Dongo à Waterloo entendit un cri
Jésuite. lument du côté du peuple qu'il sec auprès de lui : c'étaient deux
perçoit corn me responsable et hussards qui tombaient, atteints par
progressiste, et sympathise avec le des boulets ;et, lorsqu'il les regor-
club jacobin de Grenoble, alors da, ils étaient déjù à vingt pas de
meme que son père est empri- l'escorte. Ce qui lui sembla horrible,
Connaître la vie d'un auteur n'est sonné pour ses opinions monar- ce fut un cheval tout sanglant, qui
en général pas nécessaire pour chistes. se débattait sur lu terre bbourée, en
comprendre son œuvre et encore engageant ses pieds dans ses
moins pour l'étudier. Mais il propres entrailles ; il d i t suivre
semble cependant que l'œuvre de les autres : le sang coulait dons la
Stendhal soit largement tributaire boue.~(4) Aprés la chute de Napo-
de sa biographie : en effet, lorsque léon, lors d'un voyage en Italie,
Marie-Henri Beyle na7t à Grenoble pays qu'il affectionne particuliére-
-
en 1783 bien que la Compagnie ment, il sera expulsé à cause du
de ]@susait été dissoute vingt ans rapport établi par te directeur
plus tôt par le pape comme pro- général de la police de Milan, qui
duit de l'expansion des Lumihes - note que ~rSeylea eu I'insoknce de
il éprouve néanmoins un profond discourir de la plus condamnable
malaise vis-à-vis de la religion dPs foçon contre le gouvernement outri-
l'age de sept ans, aprh que l'ab- chien (...) il s'est fait mnnaitre
bé Rey, proche de sa famille, lui comme un ennemi irreligieux, imme
ait déclare à propos de la mort de ral et dangereux de la légitimité^.
sa mhe, alors qu'il en ressent un Avec la Restaurationdes Bourbons,
immense désespoir : #Mon ami, l'année 1814 verra la reconnais-
ceci vient de Dieu,. Au fil des sance de la religion catholique
années, ce malaise se muera en comme religion dtEtat. Cette
rejet, lorsqu'il sera place sous la année sera aussi celle du rétablis-
coupe de précepteurs tel I'abb4 sement par le pape Pie VI1 de la
Raillane, qui était adans toute Compagnie de Jésus, dissoute
I'étendue du mot, un mir coquin*, quarante et un ans plus tdt. A la
pour qui il était #difficiled'avoir une
âme plus sèche, plus ennemie de
R é ~ ~ l i m i n e-n m écontre-révot~ti~ndesultrasdont
les jésuites prendront la tête en
tout ce qui est honngte- et qui avait Avec le reflux de la Révolution, son
s'employant au rétablissement de
&l'œil faux ovec un sourire aborni- attitude sera d'autant plus critique leurs priviléges, s'opposera #un
nublm. (3 Ce sera donc à partir par rapport B Bonaparte et sur la adversaire fondamental, constant,
de ses impressions d'enfance, qu'il façon dont il aura pris le pouvoir irréductible (...) le faisceuu de forces
rassemblera les matériaux A partir lors du coup d'Etat du 18 Brumaire gui se regroupent sous le vocable de
desquels il composera, lorsqu'il qu'il aura admiré celui qui, lors de libéralisme* (4) et qui, un quart de
sera devenu écrivain, le portrait du la campagne d'Italie, avait forcé le siècle plus tard, se nommera I'an-
jésuite, tel qu'il le décrit dans le passage du pont dt! Lodi et Arco- tidéricalisme.
Rouge et le Noir, ouvrage dans le, avec une armée cornposbe de
lequel il règle ses comptes avec la soldats pauvres mais enthousiastes Les C O m ! a u X et
religion catholique. et défenseurs de la liberté : d e s
On peut noter aussi qu'il est animé soldats francais riaient et chantaient
les dimtms
d'un non moins virulent rejet de toute lo journée ;ils avaient moins Ces événements seront l'occasion
la mentalité provinciale et greno- devingt-cinqansetleurgénéralen pour l'écrivain républicain de
bloise en particulier : en rupture chef, qui en avait vingt-sept, pas- décrire le sacerdoce comme le
avec sa famille, son attitude sait pour Ifiomme le plus iigé de moyen de s'assurer de meilleures
contraste avec la consternation de son a& (4). conditions de vie :ainsi JulienSorel
constate en entrant au séminaire en riant ... (2) le langage vide d'une classe domi-
de Besan{on que les séminaristes Dans son prosélytisme, le jésuite nante qui ne cherche que ce qui
sont de jeunes poysam si effrayés vous expliquera : «Vous voyez que *rapporte du revenu)) (3).
du travail pénible et de la pauvreté tout est erreur, ou plutdt qu'il n'y o PhiFFppç DL DEHN
de leurs péresw (31, qu'il3 se rendent rien de vrai, rien de faux, que tout (1) Yuichi Kasuya Tokyo i Google
compte que la religion peut leur est convention. Adopter lu conven- Stendhal. L'intérét suscite par ce suj~1.f
permettre d'avoir une banne cure tion qui vous fera mieux recevoir pour des littéraires japonais, est peut-
et les avantages matériels qui y dons le monde. P être à mettre e n relation avec le fait
que l'histoire du japon a crois6 celle
sont liés. II fait cependant une dis- Pour Stendhal, cette (~habileten d e la Compagnie de jésus au XVl'
tinction entre les curés et les n'aboutit au bout du compte, qu'à siècle. Le bilan des converzions au
jésuites, entre les corbeaux et les marquer sa révérence devant I'opi- catholicisme u n siècle plus tard (envi-
dindons, sobriquets dont les affu- nion commune e l son coté étroit ron 300 000) est relativement margi-
bleront les libkaux. Pour lui, le et borné : le jésuite semble avoir nal, mais celui des jésuites est désas-
jésuitisme, catégorie dans lequel il tout compris, alors qu'en fait il treux : la tete des membres de la
englobe aussi bien les clercs que accorde une attention extrême Compagnie est en effet mise à prix 500
p i k e s d'argent par les daimyds. A cela
des laics, fait coexister un esprit aux choses les plus médiocres : plusieur5 raisons : le proteciionnisrne
logique et une croyance aveugle cet obbé aurait donné des Ie~ons commercial limitant l'activité des rnar-
en un mythe, doublée d'une sau- de petitesse aux bourgpois les plus chands portugais - le commerce btant
mission absolue à un dogme. Le bourg~oisi>. (2) un des vecteurs traditionnels p u r les
jésuite ne voit posi, ou plut6t #ne Stendhal en conclut que s i la paro- missionnaires - l'impossibilité d'opéra-
veut pos voir* les évidences ainsi le a ét& dom& aux jésuites, c'est t b n s militaires avant la fin du XIX'
que les résultats obtenus par la pour leur permettre de cacher leur srecle, comme ce fut le cas ailleurs, la
tesistance des religions traditionnelles
déduction logique. pensée, ou plus exactement mas- (shinto13rne et bouddhisme zen) i la
N U Rjour mon grond-père dit Q /'ab- quer qu'ils n'en ont par. Pour lui, doctrine chretienne voir la décompo-
bé Roijjone : il s'agit moins d'une attitude hypo- sition de celle-ci à leur contaci, ainsi
Mais monsieur, pourquoi enseigner crite que Fa manifestation d'un que les persecutions à l'encontre des
à cet mfan t le système cileste de esprit totalement rigide qui s'in- convertis, o n t amené le géneral de la
Ptolt+mée que vous swez ètre faux ? terdit toute pensée spontanee et Compagnie à rappeler precipitamment
François-Xavier à Rome (source : Les
- Monsieur, il explique tout et raisonnable. Dans ses romans et à )ésuires de Lacouture).
dbilleurs est opprouvé par I'Eglisen. travers la description qu'il fait du (2) Lo vre d'Henri Bniirord.
Mon grand-père ne put digérer cet te jésuite, c'est le tableau de la socié- (3) Le R O W ~ P~t le Norr.
réponse et souvent SQ rkpktait, muEs t é de son temps qu'il dépeint et (4) La Çhoflreus~de Parme.

ridée

La Libre Pensée
entre 1914 et 1918
Premières réflexions sur l'histoire de la Libre Pensée entre
1914 e t 1918, par Jean-Marc Schiappa Chronologie En
lisant l'Idée Libre, regubliée a partir de 1917 par Louis Cou-
turier * Ernile Chauvelon par Didier Lemaire * Ernile Noël
Un coup dk12 sur la Révolution russe par André Lorulot
-
Le dossier de police d'André Lorulot à Saint-Etienne (1917-
1978) par Jean-Marc 4chiappa Le Manifeste de Kienthat
Le dernier discours de Jaurès Pierre Biizon, pacifiste, depu-
té socialiste de l'Allier, pélerin de KEenthat,par Pierre Roy
La Vaque * Interview de Pierre Roy A propos de son ouvrage -Pierre Brizan, pacifiste, députe
socialiste de l'Allier, pèlerin de Kienthal-.
Question à 135tude
Instruction publique ou Education nationale,
w

étut des lieux


n L ' i n ~ t r ~ t i ûpublique
n est aujourd'hui gravement menacée, conséquence des multiples réformes
pédugqiques et rtructurelks dont elle est l'objet depuis quelques décennies,
Ces projets ne tentent-ils p a s de la supplanter ou profit de I'~ducationtremettant à l'ordre du
jour le débat initié à la Révolution française entre les tenants de I'lnstnrction publique, repré-
sentés par Condorcet, et les tenants d'une éducation nationale, représentés par Le Pelktier ? Ins-
truction publique ou éducation :itaî des lieux.=

ta question B l'étude en 2005 a mis en évidence l'opposition irréductible entre individu et personne dans
notre société libérale. La deuxieme moitié du vingtième siècle a montré la capacité du capitalisme de mettre
a l'honneur la personne, d'inspiration confessionnelle et spiritualiste, contre l'individu-citoyen institué par la
Révolution française de 1789, spécialement par Condorcet. L'organisation sociale qui découle de cet objec-
tif est le corporatisme de aRenrm Novarum~.Elle demande la mise en conformité dès l'enfance des indivi-
dus des classes exploitées.

Pour ta réalisation de cette entreprise, la domination de I'Ecole publique fut le principal moyen utilisé par
les gérants dociles du capitalisme, les chrétiens dits de gauche qui constituent le parti Crism (H. Cunsberg
- 1966).
L'objet privilégié de leur agression fut le changement d'objet de I'Ecole, le passage de l'instruction h I'éâu-
cation, de l'émancipation de l'individu à la formation de la communauté subsidiaire des personnes qui doi-
vent constituer les corps intermédiaires.

II s'agissait bien de construire l'homme nouveau de demain dans l'enfant d'aujourd'hui, en remplaçant la
solide instruction de lecture, de calcul, de sciences et d'histoire, par un pr+che moraliste sur le &bien en
soi*. L'enseignement du afait religieuxip, le discours sur la charité publique, les bienfaits de l'Europe, et jus-
qu'au tri des déchets ont pris le pas sur l'enseignement des sciences, histoire, géographie, grammaire et
orthographe.

La question 21 l'étude proposée par notre fédération d'Ille-et-Vilaine a été retenue cette année. Déjà en
novembre 2004, nous avons organisé un colloque intitulé ~L'lnstructionpublique en danger !m Nous parti-
rons donc de ses Actes que nous avons publiés pour établir te rapport. Mais nous avons aussi besoin des
contributions de toutes les fédérations sur une question dont les développements politiques récents tou-
chent de près tous les libres penseurs, parents, grands-parents, enseignants, étudiants, citoyens ...

Pour contrer les mensonges ambiants sur le univerru qui monte#, la liberté pédagogique qui aurait
toujours existe, la prétendue amélioration de la formation des maîtres, la prétendue laïcité idéolo-
gique de I'kole, etc., nous appelons à des contributions sur les themes suivanb et tous autres que
vous jugeriez importants et qui nous auraient 4chappé :

Le bilan der dégâts constatés sur les enfants et petits enfants au niveau élémentaire ;
L'origine des méthodes pédagogiques actuelles ;
L'absurdité des méthodes et la réalité de leur imposition ;
Les manuels e t leurs contenus ;
Les programmes de 2002 en primaire et de 1995 au collège permettent-ils d'instruire ?
Des propositions pour la formation des maîtres ;
L'Instruction est-elle de droite et I'Education de gauche ?
Les usciences de I'Cducation~sont elles des sciences ?
Le fait religieux est-il un catéchisme ?
La pénétration sociale des idées réactionnaires issues de l'école moderniste : écologisrne, religiosi-
té, esprit communautaire, relativisme idéologique, scientisme et antiscience.. ; .
Les contributions peuvent etre transmises par courrier, avant le l a juin à :
Libre Pensée Rennaise, 45 nie du Capitaine Maignan, 35000 RENNES
Ou par mail 21 : I i b r e . p e n s e e 3 w t e . n e t ou encore à mlenormandBBwan&m.fr
LsEgllse catholique
et les jeunes
Par Hansl BREMOND

Oes jeunes en plus de repères spirituels ! De quel droit assimi-


lent-ils toute la jeunesse a ceux présents au JMjC 7
de moins en moins cmyan& Peut-on réduire toute la jeunesse du mon& a ces
En février 1997, le journal catholique, La Vie, publiait quelques milliers de jeunes rassemblés aux IMlc ?
un sondage C S A - L ~W-RTL sur la croyance en Dieu Cedes, il existe des m0u~ementSde jeunesse liés

1
chez jeunes, ~ l o f iqu'en 1967, 81 % se décla- I'Eglise catholique, mais là encore ceux-ci semblent
raient croyant, en 1997, ils n'étaient plus que 46%. avoir perdu de leur vigueur et ne tiennent qu'au prix

Pm
- T-
Une efiqugte H~ahn, dat& de 1999, nous mon- des efforts terribles fournis par la hiérarchie cath*
trait, elle, que si en 1981, lique.
59%
raientdes
appartenir 3 une
18-24 ans wli-
décla-
HJstoire des
gion, en 1999, ils n'étaient nr-ents
plus que 48%. Un sonda- dejeu-
ge CSA-Le Monde-la Vie mtmliques
daté du 21 mars 2003 nous

1
indique que tes français se Dans leur livre *Où sont pas-
déclarant sans religion sont sés les wtholiques h,les 940-
passés de 23 % en 1994 A graphes Colette Muller et
26% en 2003, cette caté- Jean-René Bertrand nous rao-

I
gorie atteint meme 34 % pellent quiilÏ.fut un domoihe
chez les 18-24 ans. Voilà ta où les catholiques exce!luient et
rkalit6 en France mais aussi suscitaient force, imitations et
dans l'ensemble des pays concurrences : /'encadrement
occidentaux ; les prati- NI a ~ ~ / w m é e s dr la des jeunes, d la sortie des
ques religieuses reculent, ca~a)c+~zmx écoles, I'organisution des loi-
l'athéisme, l'indifférence sirs~, plus loin, ils affirment :
religieuse et l'incroyance progressent, surtout cher ~I'Eglisecatholique a su mettre en place tout un réseau
les plus jeunes. En paralléle 3 cela, I'Eglise catholique de parmage permettant I'organisation du temps libre
peine A attirer les jeunes. Le 30 avril 2005, dans le et der loisirs des jeunes*. Ces auteurs admettent ensui-
Monde 2, on pouvait lire une enquete qui nous mon- te que ~l'apogéedes patmages se situe entre les deux
trait que si en 195 O 1'Egt ise catholique ordonnait guerres mondiales, que leurs uctMrés se prolongent avec
environ 1000 prêtres par an, en 2005, ce chiffre tom- succès surtout dans I'owrt de la Fmnce dons les années
bait 120. Aussi le nombre de pr@tresdevait pas- 50, et qu'ensuite leur offre d'encadrement des jeunes
ser dans la période 1965-2002 de 41 000 i 17 935. ne fait plus recettes ou ne répond plu5 aux mtmes
II est nécessaire de rétablir la vérité quand on parle besoins,#
du rapport entre les jeunes et I'Eglise catholique tant Toutes tes formes d'encadrements de jeun- par
les médias nous trompent, A l'occasion de la mort I'Eglise catholique ont connu ou connaissent à
du pape, l'année dernier@, ils nous disaient encore diverses échelles le même type de régression, que
que ce pape avait réconcilié I'Eglise et les jeunes. Cet ce soit les mouvements de scoutismes ou les mou-
été encore lors des journées Mondiales de la jeu- vements d'actions catholiques.
nesse catholique, ils nous montraient la jeunesse du En 1886, Albert de Mun créait l'Association Catho-
monde qui aimait I'Eglise et qui cherchait de plus lique de la Jeunesse Française (ACJF). L'objectif était
L3Eglise catholique et les jeunes
alors de mobiliser la jeunesse catholique d e France
en vue d'une régénération chrétienne de la société.
~ ~& lesi ~~~~~é~~
~ é Mondiales
Encouragés par l'encyclique Rerum N O V D ~ U(1~ 8911, de 161 Jeunesse Cfltholiq~t?
les membres de I'ACJF se préoccupaient autant de Face à cette perte de vitesse cher les jeunes, I'Egli-
catéchèse que d'action sociale et se déclaraient se catholique est amené à repenser ses stratégies
~sociouxporce que catholiquesB. pour gagner les jeunes. II faut mettre en place des
parmi ses des jeunes formes plus souples, plus individualistes et plus attrac-
ouvriers, des étudiants et des jeunes ruraux mais dès tives. clestle car par exemple de la communauté
les années 1920, l'action catholique devait se spé- Taizé. Au départ une communaut~ceCumenique
cialiser. En 1927, un prêtre, ancien ouvrier, désireux restreinte d e religieux, la cornmu-
de contrer l'influence du socialis- nauté de Taizé va s'élargir aux
me et du communisme chez les jeunes. Dés les années 60, ceux-ci
jeunes des couches populaires, sont i n v i t 6 à séjourner e t à prier
créa en France la ]OC (jeunesse quelques jours, de temps en temps,
Ouvrière Chretienne) qui existait
sur la colline de Taizé. Ce style d e
déjà en Belgique. La !OC devint '.. pratique religieuse individuelle cor-
ainsi la branche ouvrière de I'AC- 5 respond plus à ces jeunes croyants.
IF puis à l'intérieur de cette asso- Cela dit, on les y encourage à
ciation naquirent la JAC (jeunesse
Agricole Chretienne), la J EC (jeu- prendre des responsabilités là OU ils
vivent en allant par exemple voir
nesse Etudiante Chrétienne), la JIC
les pauvres. Chaque année, la com-
(jeunesse Indépendante Chrétien-
ne pour les milieux de l'artisanat t+ rnunauté organise un rassemble-
et du commerce) et la JMC (jeu- ment international de six jours
nesse Maritime Chrétienne). L'AC- accueillant entre 60 000 et
JF se transforma donc en une asso- 100 000 jeunes du m o n d e entier.
ciation des 5 mouvements UOC, Les jeunes croyants dans leur rnajo-
JAC, JEC, JIC et JMC). rité ne s'engagent plus tout au long
L'ACJF était alors un mouvement de I%nnée dans des mouvements
important capable de rassembler c o m m e IJaction catholique. La
plusieurs dizaines de milliers de jeunes. En 1956, I'AC- croyance est alors vécue comme
IF meurt des tensions entre les différentes branches, per50"nelle et il est parfois difficile pour IfEg!isecatho-
notamment à cause de la JOC. En effet, en pleine lique de S'Y retrouver, sachant que nombre de ces
guerre froide, la JOC a d u prendre ses distances avec jeunes ne se reconnaissent Pas forcement dan5 les
les autres branches de I'ACJF, Pour mieux évangeli- dogmes de I"glise.
ser les milieux ouvriers, il ne fallait pas être susppc- L'idée consiste donc à rassembler ces jeunes dans
té de collaboration avec les autres milieux. c'est pour des lieux où ils sont encadrés par des religieux. On
cette raison que l'épiscopat donna raison à la ]OC. ne s'engage plus dans une association, un Patrons-
Aujourd'hui, seule la ]OC çonnait encore une r6elle Se ou un groupe de scouts, non, aujourd'hui o n
existence, même si elle n e regroupe plus autant que c~n-imunie ensemble avec, pourquoi Pas, de5 jeunes
par le passé. Notons par exemple qu'en 1942, Pen- d'autres confessions. La hiérarchie catholique a donc
dant la Seconde Guerre mondiale, la ]OC,pour fêter été obligée de s'adapter à ces nouvelles formes de
ses 15 ans, organise des rassemblements dans 7 villes croyances plus souples Pour espérer gagner de5
de la zone sud qui regroupent alors 1 10 000 jeunes. jeunes en son sein et pourquoi pas susciter des VaCa-
Aujourd'hui la jQC revendique 10 000 membres de tions. C'est ainsi qu'elle a autorisé des groupes d e
15 à 30 ans, laïcs à créer des mouvements de prières en dehors
L'historien Gérard Çholvy dans son livre «Histoire des des institutions classiques de I'Eglise : les mouve-
organisations et mouvements chretiens de jeunesse en ments d u renouveau charismatique.
France» explique que la fonction première d e ces Ces rassemblements peuvent également presen ter u n
organisations est bfen s i r une fonction integratrice avantage : une telle concentration d e jeunes peut
de la jeunesse au sein de l'Eglise, même si parfois donner une image excellente de I'Eglise. On va donc,
elles ont pu contester !'institution. Celui-ci confirme petit à petit, privilégier ces nouvelles formes de
l'effondrement des organisations de jeunesse catho- croyance, relancer les pèlerinages e t inventer des ras-
lique mais y oppose la thèse d'une renaissance, semblements religieux d e jeunes, des genres de fes-
depuis 1975, des mouvements de jeunes chrétiens tivals pour jeunes cathos, en utilisant largement les
au travers du renouveau charismatique ou encore de médias bfen sûr.
la communauté de Taizé. Ces mouvements sont pour- C'est jean Paul II qui reprendra et optimisera au
tant loin d e rassembler autant que les mouvements mieux cette stratégie. Le père Francis Kohn, respon-
existants auparavant. Ce constat, partagé d'ailleurs sable de la section jeunes au Conseil Pontifical pour
par I'Eglise elle-même, l'amène a repenser sa façon les la'ics le rappelait en faisant un historique des SMIC,
d'aborder les jeunes. le 6 avril 2005, dans son message ~ 1 journés ~ s mon-
t7QyIiSe cuthoIique et les jeunes
diaires, la jeunesse et E'Eg/ise>).Francis Kohn déclarait ter à quel point les jeunes catholiques sont isolés
alors : *La pastorofe d ~ jeunes
s constitue sans aucun dans la jeunesse en dehors de ce genre de rassem-
doute une des priorités de fe'Eglise. Quelques semaines blement !!! D'ailleurs, plus loin, il avoue que I'ob-
opres avoir été éItr Successeur de Pierre, le Pope Iwn- jectif est de les revitaliser pour qu'ils puissent mieux
PaulIIs'~dresraitÙun;groupedejewnesiences termes: p r k h e r autour d'eux : aA lo suite de cette expérien-
a,-
c n cette première rencontre, je voudrais vous expri- ce revitulisante, ils se sentent mieux ormés pour resis-
mer mon espérance. Oui, mon espérance, parce que ter à la tentation de "baisser les bras" quand ils se
vous etes la promesse de demain. Vous êtes I'espe- retrouvent Isolés dons leurs universités ou leurs
rance de l'iglise et de la société" (Discoun à des bureauxn.
jeunes jtoliens, 8 novembre 1978). Le Saint Père a Les JMjC o n t également permis à I'Eglise de revita-
ensuitesouvent répétkçesparoles d'encouragernenlau liser certains secteurs de ces institutions ; -certains
cours de ses rnuliipks rencontres avec les jeunes dans diocèses, qui ne bénéficient pas d'une implantation uni-
/es différents pays du monde. Il /es a aussi concrétisées versitoire, ont réussi à mettre en place une pasforale
par des initiatives prophétiques, dont lo plus rnorquonte des jeunes, dors qu'elle n'existait pas auparovan t. Après
est /'institution des journées Mondiales de Io jeunesse Ses /MI de Paris et de Rome en 2000, beaucoup de dio-
en 1985. Célébrées cèses ont transformé les
depuis lors choque secrétariats mis en
année à l'occosion du place pour la prépara-
dimanche des Ra- tion des journées Mon-
rneoux, Ù Rome et dons diales en conseils pour
les diocèses du monde, lo pastomle des jeu-
les journées Mondiales ne5.n Elles permettent
.-
de la leunesse ont lieu aussi à I'Eglise dJentre-
tous les deux ou trois " tenir plus de relations
ans au niveau mondial i avec les institutions
depuis 1987 (Buenos- " civiles en demandant
Aires, Saint-locques de "A bien sllr des subven-
Compostelle, Czesto- ' tions, des aides logis-
chowu, Denves, Ma- tiques et matérielles ;
nille, Paris, Rame, des jM/ ont permls de
Toronto et bientôt créer des passerelles
Cologne). Ces grands avec le monde politique
événements manifes- et social, cor ei'ks ne
tent toute l'importance I )SI dl(>\ r . i ~ i i - n i ! i / i ' ~ r i t . r t t r f i 1.1 rr>rnrnun,iutt. dl. 3 . i 1 ~ t n peuvent être réoiisées
que, dans son ,effort sons une coopémiîon
évangélisateur, llEglise cat holique accorde oux jeunes. étroite ovec diverses institutions. Les contacts etoblis b
Ils ont également donné une forte impulsion w la pas- cette occusion avec la société civile (h I'échelon, des
torale des jeunes ces dernières années.» villes, des régions et des pays) constitue pour I'Egfise
Le programme de ces journées est conçu comme u n une opportunité de s'ouvrir sur le monde et de se luire
pèlerinage, il doit être festif et en même temps impré- upprécier pour so copocité d'organimtion et de gestion
gné de formation religieuse (catéchèse), le tout est d'un grond evénement.~Enfin il faut noter que les
organisé sur une thématique choisi par Fe pape, JMJCservent de avitrine de l'Église et elle5 ont claire-
Nombre de jeunes présents ne sont pas forcément ment ornéliork sa visibilité, notamment pur la forte
catholiques au sens strict du terme, Francis Kohn médiatisation dont elles sont l'objetn.
reconnaît q u e «ces jeunes ne sont pas toujours au clair
avec le contenu de lu foi chrétienne, ils veulent biep
"croire ", mois ils ont du mal à se reconnaître dans 12-
La jeunesse
alise),
., . comme instrument pofrtique
Sur place, o n s'efforce de faire rencontrer chaque L'Eglise catholique le répète : «la pastorale des jeunes
jeune par un prêtre ; d e sacrement de lu réconcilia- constitue sans aucun doute une des priorités de I'Egli-
tion et de Ia pénitence, célébré individuellement dans sea. Pour une institution en perte de vitesse, il est
lu rencontre avec un prêtre est un klérneni fondamen- en effet primordial de gagner des jeunes, les jeunes
tol du cheminement spirituel proposé aux jeunes durant catho seront l'avenir de I'Eglise, il leur faut donc en
les /Ml.. former un maximum, d'autant que les jeunes
Autre intérêt de ce genre d'événement, il permet de croyants ont une pratique parfois éloignée des
sortir de nombreux jeunes catholiques de leur isale- dogmes. jean Paul II, qui est le pape qui a le plus
ment et donne une visibilité à I'Eglise. Francis Kohn mis l'accent sur la nécessite d e gagner des jeunes a
nous dit que -dans ces gronds mssemblernents, les I'Eglise catholique, déclarait déjà quelques semaines
jeunes réalisent qu'ils ne sont pus seuls à être chrétiens après avoir été élu pape (Discours à des jeunes ita-
et qu'ils n'appartiennent pas à "une espèce en voie liens, 8 novembre 1978) : «En cette première ren-
de disparition"^ ; faire cette remarque c'est consta- contre, je voudrais vous exprimer mon espérance. Oui,

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