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Maisons de naissance

Contexte
La quasi-totalité des femmes françaises accouchent en milieu hospitalier.
La grande majorité donnent naissance avec au moins une intervention médicale même hors péridurale.
75% des primipares ont une intervention chirurgicale (césarienne ou épisiotomie).
L’immobilité imposée pendant tout le travail, allongée ou semi-allongée, est très majoritaire; le jeûne quasi obligatoire.
Le suivi hospitalier est parfois morcelé entre les praticiens. L'accouchement se déroule souvent avec une personne
totalement inconnue : seul le dossier fait foi.
Les sages-femmes ne sont pas assez nombreuses, surveillant parfois jusqu'à 4 ou 5 parturientes en même temps.
Dans la pratique les parturientes sont souvent laissées seules la majeure partie du temps.
La naissance en France est devenue bien souvent un acte technique qui peut constituer pour la famille une rupture de
lieu, une rupture de temps, une rupture émotionnelle.

Qu’est-ce qu’une maison de naissance ? Historique


Dans une MdN allemande
• Un lieu indépendant des hôpitaux ou cliniques, sous la responsabilité unique ÉTATS-UNIS
de sages-femmes. 1944 : création du premier « free-standing birthing center » ;
• Un lieu qui accueille les femmes enceintes en bonne santé dont la grossesse Années 1970 : apparition de « birthrooms » dans les hôpitaux, chambres de naissance dans
est sans complications. lesquelles les femmes accouchent et restent pendant le post-partum, puis mise en place par les
Rappel : les sages-femmes sont qualifiées pour le suivi des grossesses et accouchements hôpitaux d’espaces moins médicalisés et avec un environnement plus familial : « birthing centers »
normaux, et qualifiées pour dépister les complications ; les obstétriciens sont des similaires aux pôles physiologiques ;
spécialistes de la pathologie. 1975 : les « free-standing birthing centers », indépendants des hôpitaux et tenus par des
sages-femmes ou des généralistes, se développent ;
• Un lieu où une bonne part de la sécurité est assurée par le suivi global :
1987 : 160 free-standing birthing centers, et des birthrooms dans 80% des maternités.
Là où les deux mêmes sages-femmes assurent tout le suivi pre-, per-, et post-partum. Elles
ont donc une bonne connaissance clinique et psychologique des femmes qu'elles EUROPE
accompagnent ; 1987 : première maison de naissance indépendante en Allemagne fédérale (Berlin) ;
La sage-femme reste auprès de la femme en couche pendant toute la durée du travail et 2008 : maisons de naissance non-attenantes aux hôpitaux en Allemagne (120), en Suisse (21), en
de l'accouchement. Belgique (12), en Grande-Bretagne, en Suède, en Autriche…
• Un lieu dans lequel une approche physiologique de la naissance est Et ailleurs dans le monde : au Canada, en Australie et en Haïti…
pratiquée :
Liberté de mouvement et de position pendant tout le travail et la naissance : facilite la Principe majoritaire chez les obstétriciens français :
descente et la rotation du bébé, permet de trouver des positions antalgiques ; La grossesse et l’accouchement ne peuvent être déclarés normaux que deux heures après
Pas de monitoring continu ; le rythme cardiaque fœtal est surveillé par intermittence, sans la naissance ; autrement dit ils sont postulés dangereux dans tous les cas.
contraindre la femme à s'allonger ;
=> On traque les risques en primant les actes préventifs même en l’absence de signes
Aucun acte médical de principe non justifié pas des signes cliniques (jeûne, perfusion,
accélération du travail, épisiotomie, révision utérine…) ;
cliniques, en supposant que le risque iatrogène est nécessairement plus faible que le
risque potentiel
Des alternatives à l’analgésie médicamenteuse et des équipements pour améliorer le
confort de la femme : baignoire, ballons, « potence » pour se suspendre, massages, Principe opposé, minoritaire en France, majoritaire en Suède par exemple :
acupuncture etc.. ; La grossesse et l’accouchement sont supposés sans complications jusqu’à indication
• Un lieu dans lequel l’intimité et le caractère familial de l’événement sont contraire.
préservés : => On surveille des personnes a priori en bonne santé ; on intervient si nécessaire.
Des chambres « comme à la maison » ;
Possibilité de plusieurs personnes accompagnantes : compagnon, famille, amis ;
Des espaces pour accueillir les proches : cuisine, salle à manger, salon ; En quoi un pôle physiologique
Un lieu qui a passé un protocole d’accord avec une maternité hospitalière pour transférer
les femmes le nécessitant dans les meilleures conditions possibles.
(ou salle « nature ») est-il différent ?
• Il se situe dans l’hôpital ou la clinique ;
En France : des projets indéfiniment retardés • Même si les sages-femmes y ont une certaine autonomie, il reste sous la responsabilité du chef de
Octobre 1998 : annonce par le ministère de la santé de la mise en place d’un groupe d’étude service ;
sur les maisons de naissance. • Pas de suivi global, car l’organisation du temps de travail est celle de la maternité ;
2003 : Mission Périnatalité et rapport Bréart : « Il est proposé la possibilité d’ouvrir des maisons
de naissance sous la responsabilité pleine et entière de sages-femmes. » • La sage-femme ne reste pas pendant toute la durée du travail ; elle peut en même temps surveiller
2004 : Le Plan Périnatalité propose une expérimentation de « maisons de naissance », « dès aussi des parturientes dans les salles de travail classiques ;
publication des textes ». Dès cette période, une dizaine de projets commencent à être élaborés • La mobilité n’est pas toujours totale : le monitoring y est pratiqué de manière intermittente,
(à Rennes, Bordeaux, Lyon, Pau, Annecy…) par des sages-femmes appuyées par des parfois en position allongée ; le choix de la position d’accouchement n’est pas toujours libre.
associations d’usagers et, dans certains cas, par des établissements hospitaliers.
Février 2005 : Première réunion du groupe de travail censé élaborer le cahier des charges
pour l’expérimentation, cahier des charges à publier pour la fin 2005 et qui donnera lieu à un Qui peut accoucher en maison de naissance
décret.
2005-2006 : nombreux reports de réunion du groupe de travail. (ou en pôle physiologique) ?
Novembre 2006 : nouveau calendrier qui prévoit l’appel à projets pour fin 2007.
Décembre 2006 : dernière réunion du groupe de travail « Cahier des Charges pour • Des femmes qui l’ont choisi en connaissance de cause, souhaitant être actrices de leur
l’expérimentation des maisons de naissance ». accouchement plutôt que prises en charge, qui ont réfléchi sur les causes et le sens de la douleur,
Février 2008 : envoi du cahier des charges pour avis aux principales organisations concernées. qui souhaitent que la naissance de leur enfant soit d’abord un acte intime et non un acte
RÉSULTAT : technique ;
Le Cahier des Charges fait l’unanimité contre lui. • Des femmes en bonne santé dont la grossesse est sans complications ni pathologies.
• Position du CNGOF (Collège national des gynécologues et obstétriciens français) : seuls les
pôles physiologiques présenteraient les garanties de sécurité suffisantes => pas la peine de
faire un décret, déjà possible à monter dans le cadre de la réglementation existante ; Résultats
• Le CNSF (Collège national des sages-femmes) s’insurge contre l’ajout de conditions qui n’ont
pas été validées par le groupe de travail, et l’absence de solutions viables proposées Les différentes études disponibles montrent :
notamment en matière de rémunération et d’assurance des sages-femmes ; • De très bonnes performances médicales : moins d’interventions, moins de morbidité que pour
• Le CIANE rejette ce cahier des charges pour des raisons symétriques de celles du CNGOF : pas une population équivalente accouchant à l’hôpital ;
de possibilité de maisons de naissance réellement indépendantes, car elles doivent être
« attenantes » aux structures hospitalières, ce qui condamne nombre des projets en cours de • Une très grande satisfaction des femmes, des familles ;
montage ; et pour des raisons analogues à celles du CNSF : pas de solution juridique et • Des coûts moins importants que ceux engendrés par l’hospitalisation ;
financière viable.
• L’importance d’une bonne coordination entre les maisons de naissance et les hôpitaux pour gérer
MdN en France : l’Arlésienne ! les complications. Contrairement à ce que certains affirment, plus que la très grande proximité voire
En attendant, les femmes enceintes n'ont guère le choix. C'est maternité ou rien, sinon l'attenance, c'est cette coordination qui est essentielle pour assurer la sécurité des urgences.
quelques rares salles « nature », quelques rares maternités « progressistes », quelques rares
sages-femmes libérales surbookées pratiquant l’accouchement à domicile ou sur plateau
technique. Comme l’a si bien dit le Pr. Nisand , chef d’une grande maternité strasbourgeoise, à
Colmar en janvier 2008, les obstétriciens détiennent le monopole de la naissance en France.
L'entretien du 4e mois et la mise en place progressive des projets de naissance poussent vers
Pages à visiter
une amélioration de l'autonomie et une diminution des interventions de principe. D’un autre http://wiki.naissance.asso.fr/index.php?pagename=MaisonsDeNaissance
côté il existe une tendance menant à de plus en plus de technicisation. Il reste très difficile de
refuser les protocoles anonymes de beaucoup de maternités et d'accoucher « en liberté ». http://afar.info/compilations/aad-mdn-compil.pdf
22/05/2008

http://ciane.info Collectif interassociatif autour de la naissance (CIANE) collectif_ciane@yahoo.fr

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