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Requête n° 30814/06
Lautsi c. Italie
L1/
2452 R/AG/
Il faut rappeler à cet égard que, selon une jurisprudence constante de la Cour,
« l'étendue de la marge d'appréciation varie selon les circonstances, les
domaines et le contexte ; la présence ou l'absence d'un dénominateur
commun aux systèmes juridiques des Etats contractants peut constituer
un facteur pertinent à cet égard » (voir, parmi beaucoup d’autres, Fretté
c. France, no 36515/97, § 40, arrêt du 26 février 2002).
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ROUMANIE
Requête nº 30814/06 - Lautsi c. Italie
C’est par ailleurs ce que la Cour a retenu de manière constante dans les autres
affaires relatives à cette problématique, de sorte que l’arrêt Lautsi c. Italie
apparaît en contradiction avec la jurisprudence bien établie de la Cour
elle-même.
La Cour a conclu comme suit : « Il appartient en premier lieu aux autorités
nationales, mieux placées que le juge international, d’évaluer la
nécessité de semblables mesures, à la lumière de la situation qui existe
au plan local à une époque donnée. Compte tenu de toutes les circonstances
de l’espèce, la Cour n’estime pas que les autorités autrichiennes peuvent être
réputées avoir excédé leur marge d’appréciation à cet égard ».
Il faut souligner que, dans l’affaire Leyla Şahin c. Turquie ([GC],
no 44774/98, par. 109, CEDH 2005-XI), concernant l’interdiction de porter le
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« Lorsque se trouvent en jeu des questions sur les rapports entre l’Etat et
les religions, sur lesquelles de profondes divergences peuvent
raisonnablement exister dans une société démocratique, il y a lieu
d’accorder une importance particulière au rôle du décideur national
(voir, mutatis mutandis, Cha’are Shalom Ve Tsedek c. France [GC],
no 27417/95, § 84, CEDH 2000-VII et Wingrove c. Royaume-Uni, arrêt du 25
novembre 1996, Recueil 1996-V, pp. 1957-1958, § 58). Tel est notamment le cas
lorsqu’il s’agit de la réglementation du port de symboles religieux dans les
établissements d’enseignement, d’autant plus, comme le démontre l’aperçu de
droit comparé, au vu de la diversité des approches nationales quant à cette
question.(…) La réglementation en la matière peut varier par conséquent d’un
pays à l’autre en fonction des traditions nationales et des exigences imposées
par la protection des droits et libertés d’autrui et le maintien de l’ordre public
(voir, mutatis mutandis, Wingrove, précité, p. 1957, § 57). Dès lors, le choix
quant à l’étendue et aux modalités d’une telle réglementation doit, par
la force des choses, être dans une certaine mesure laissé à l’Etat
concerné, puisqu’il dépend du contexte national considéré. »
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Le Gouvernement rappelle à cet égard que, bien que la Cour ne soit pas
formellement tenue de suivre ses décisions antérieures, il est dans l'intérêt de
la sécurité juridique, de la prévisibilité et de l'égalité devant la loi qu'elle
ne s'écarte pas sans motif valable de ses propres précédents (voir, par
exemple, Chapman c. Royaume-Uni [GC], no 27238/95, § 70, CEDH 2001-I).
Toutefois, un des principes généraux sur lesquels la Chambre s’est fondée dans
l’arrêt du 3 novembre 2009 apparaît comme équivoque toujours par rapport à
la jurisprudence de la Cour, notamment dans les affaires concernant d’autres
signes religieux. Ainsi, dans le paragraphe 47 de l’arrêt, la Deuxième Section a
retenu que « le respect des convictions des parents doit être possible dans le
cadre d'une éducation capable d'assurer un environnement scolaire ouvert et
favorisant l'inclusion plutôt que l'exclusion, indépendamment de l'origine sociale
des élèves, des croyances religieuses ou de l'origine ethnique. L'école ne devrait
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Or, le juge national, par son rapport direct avec les réalités de son pays, est
mieux placé que le juge international pour se prononcer sur les questions
religieuses.
D’autre part, il ne doit pas être oublié que de tels symboles peuvent renfermer
des sens représentatifs de l’héritage et de la culture d’une nation.
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Răzvan-Horaţiu Radu,
Agent du Gouvernement
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