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Volpé c. Province du N.-R. - 2017 NBBR 109 MC-86-15 COUR DU BANC DE LA REINE DU NOUVEAU-BRUNSWICK, DIVISION DE PREMIERE INSTANCE CIRCONSCRIPTION JUDICIAIRE DE MONCTON ENTRE: RINO VOLPE. COO RIAL ONTSION Demandeur et INSTANSE LA PROVINCE DU NOUVEAU-BRUNSWICK Défenderesse DEVANT: L’ honorable juge Larry Landry LIEU : Moneton, N-B. DATE DE L’AUDIENCE : Le 17 janvier 2017 DATE DE LA DECISION : Le 9 juin 2017 COMPARUTIONS: Me Ronald F. Caza et Me Gabriel Poliquin, avocats du demendeur Me Isabel Lavoie Daigle et Me Michelle Brun-Coughlan, avocates dea défenderesse DECISION Le juge Landry ; ty Le 21 novembre 2014, le ministre de la Santé du Nouveau-Brunswick, Victor Boudreau, a congédié Rino Volpé a titre de président-directeur général du Réseau de santé Vitalité, M. Volpé poursuit la province du Nouveau-Brunswick pour ce qu'il considére étre un congédiement injustifié ainsi qu’une rupture du contrat d'emploi qui le liait @ la province. Il demande des dommages-intéréts particuliers ainsi que des dommages-intéréts punitifs. 2 L'avis de motion qu’il a déposé vise & obtenir un jugement sommaire contre la province, comme le permet la régle 22 des Régles de procédure du Nouveau-Brunswick, en invoquant que la province n’a aucune défense opposable a son action, B) La province, de son c6té, soutient qu’on doit lui donner l'occasion de démontrer 8 aide d’interrogatoires et de contre-interrogatoires, les motifs valables qu'elle lors d’un proces, avait de congédier M. Volpé, notamment en raison de violations alléguées a son contrat de travail, Elle soutient que la procédure de jugement sommaire n’est pas appropriée pour ce genre de poursuite en congédiement injustifié (4) D'entrée de jeu, je dois rappeler que lorsque I’avis de motion a été déposé par le demandeur, la régle 22 afférente & la procédure de jugement sommaire n’était pas la méme que maintenant. En fait, l'ancienne régle a été abolie et remplacée par une nouvelle régle entrée en vigueur le 1® janvier 2017. Les parties sont toutefois d’accord que o’est bel et bien la nouvelle regle qui s'applique a cette motion, Méme si la nouvelle régle a essentiellement le méme objectif général que I'ancienne, elle va encore plus loin en attribuant des pouvoirs supplémentaires aux juges qui entendent des motions en jugement sommaire afin que puissent tre tranchés les litiges qui ne nécessitent pas un procés complet en bonne et due forme, avec tous les cots et délais que cela comporte. 5] En fait, notre nouvelle régle 22 a beaucoup de similitudes avec le regle ontarienne équivalente, laquelle a été traitée en long et en large par la Cour supréme du Canada dans l'arrét Hryniak c, Mauldin, [2014] 1 R.C.S. 87, 2014 CSC 7 (CanLil. Jy reviendrai un peu plus tard dans analyse de cette affaire, mais il ressort clairement de Varrét Hryniak que les tribunaux de premiére instance ne doivent pas hésiter & rendre justice sommairement lorsque les citconstances s'y prétent. [61 Deux questions principales doivent done étre répondues ici. D'abord, s’agit-il véritablement d'une cause qui mérite d’étre décidée de fagon sommaire ? Et si oui, Rino Volpé a-til pu prouver que la province avait congédié sans raison valable et a ainsi rompu son contrat @emploi ? Bien sir, si c’est le cas, il fiudra déterminer les mesures de redressement auxquelles ila droit, 7] Il n’y a pas de véritable contestation des faits pertinents. Le 1® février 2013, les parties ont signé un contrat en vertu duquel Rino Volpé devenait le nouveau président-directeur général du Réseau de santé Vitalité et ce, pour une période de quatre ans qui devait expirer le 31 janvier 2017, C’est le ministre de la Santé d'alors, Hugh J. Flemming, qui a signé le contrat au 2 nom de la province, Rino Volpé devenait done la téte dirigeante de Vitalité, le réseau qui englobe les établissements hospitaliers et de santé des régions majoritairement francophones et bilingues de la province. Ironiquement, le contrat a été rédigé en anglais. On y trouve la clause suivante en ce qui a trait aux options des parties dy mettre fin : 13, The Employee may at his option terminate this agreement at any time by giving the Minister 90 days prior notice in writing. ‘The Minister may terminate the employment of the Employee under this contract without cause, subject to providing the Employee with the lesser of eighteen months severance pay in lieu of notice or payment for the unexpired term of this agreement. Notwithstanding the foregoing, the Minister may immediately terminate the Employee's employment under this contract at any time without pay and without notice: (a) If the Employee breaches a material term or condition of this Contract; (@) If the Employee neglects or refuses to carry out the duties or fulfilling his responsibilities as required under this contract; (©) If the Employee is guilty of unreasonable misconduct, neglect or negligence in carrying out his duties or fulfilling his responsibilities; or (@) If the physical or mental health of the Employee deteriorates to the extent that he is incapable, for a substantial continuous period in excess of sixty (60) days, of carrying out his duties or fulfilling his responsibilities. 18] Le contrat prévoyait que M. Volpé devait se rapporter au président du conseil @administration de Vitalité et qu’il lui était redevable & partir du 1° février 2013. U1 était aussi prévu qu’en tant que PDG de Vitalité, il devait se rapporter au ministre de la Santé par Ventremise du conseil @’administration de Vitalité. 19] Le 22 septembre 2014, des élections ont eu lieu au Nouveau-Brunswiek et un nouveau gouvernement est entré en fonction, Peu aprés, Victor Boudreau a é&é nommé ministre de la Santé en remplacement de Hugh J. Flemming. M. Volpé a essayé de le rencontrer, mais sans succés. Deux mois aprés les élections, soit le 21 novembre 2014, le ministre Boudreau congédiait Rino Volpé de son poste en lui faisant livrer une lettre, dont I"essentiel est reproduit ici Monsieur Rino Volpé, Comme vous le savez sans doute, en vertu de l'article 26 de ta Loi sur les régies régionales de la santé, un président-directeur général occupe ce posie a la diserétion du ministre. La présente lettre a pour but de vous informer que votre emploi a titre de président-directeur général du réseau de santé Vitalité est terminé. Cette décision entre en vigueur immédiatement, Au cours de la derniére année, le réseau de santé Vitalité a refusé de collaborer avec les intervenants régionaux pour améliorer les résultats sur la santé des citoyens de la région. Par exemple, je crois comprendre que le réseau de santé Vitalité a retiré sa participation & presque tous les comités provinciaux, Tout récemment, le réseau Vitalité a refusé de collaborer avec les agents de négociation des travailleurs de la santé en ce qui trait au niveau de préparation du réseau Vitalité pour traiter les patients qui pourraient étre infectés de la maladie d virus Ebola. Cet enjew s’avére une préoccupation importante pour les travailleurs des soins de santé qui auraient 4 accomplir leurs taches advenant une épidémie de cette maladie au Nouveau-Brunswick, Dans T'ensemble, pendant la derniére année, je crois comprendre que vous avez négligé ou refusé de travailler avec les divers paliers de gouvernement, les ministdres de la Santé et du Développement social ainsi que les associations et les groupes professionnel. Par conséquent, vous avez violé les modalités de votre contrat d'emploi. En vertu du paragraphe 13 de votre entente, votre emploi est, par les présentes, terminé sans aucune rémunération et sans avis. [10] L’aneien ministre Flemming a déposé un affidavit en preuve od il déclare qu’en tant que ministre de 1a Santé, il n’avait aucune raison de congédier M. Volpé. Selon lui, M. Volpé s'est conduit en tout temps de fagon honnéte, honorable et compétente et que toute friction qui aurait pu exister entre Jui et des représentants du ministére de la Santé ou d’autres intervenants du milieu, consistait en des différences d’opinions ou de style de gestion. Pour ancien ministre Flemming, cela n°a jamais constitué une raison de congédier M. Volpé. L*ex- ministre rajoute qu'il était réguligrement informé de la performance de hauts fonetionnaires et dirigeants, dont M. Volpé, et que jamais il ne fut suggéré que sa conduite constituait des motifs pour le congédier. M, Flemming précise qu’il n'a jamais eu connaissance de violations de son contrat de travail par M. Volpé ni que celui-ci aurait négligé dassumer ses responsabilités contractuelles ow en vertu du droit. Tl ajoute que lorsqu’il a nommé M. Volpé comme PDG, le déficit de Vitalité était de 10 millions $ alors que lorsque M. Flemming a quitté son poste de ministre, Vitalité se dirigeait vers un surplus d’enyiron 10 millions . (1) Un affidavit de lancienne ministre du Développement social, Madeleine Dubé, fait état de la bonne coopération qu'elle a eue avec Rino Volpé, Par ailleurs, Paul Couturier et istration et médecin-chef de France Desrosiers, respectivement président du conseil d’adm Vitalité, ont également signé des affidavits a lappui de la motion du demandeur, Le président du conseil d’administration souligne d’abord la surprise qu'il a eue lorsque M. Volpé a été congédié puisque ni le nouveau ministre de la Santé ni aucun représentant du ministére n’avaient consulté le conseil d’administration de Vitalité avant le congédiement. 11 ajoute que le conseil administration n’a jamais demandé le congédiement ni déposé de plaintes a I"égard de M, Volpé auprés du ministre Boudreau, En fait, il n’a que des bons mots a l’endroit de M. Volpé 5 et a conclu en disant que le Conseil d’administration de Vitalité a diffusé un communiqué de presse «pour exprimer sa déception a I'égard du congédiement de Vitalité ainsi que pour réaffirmer que le congédiement de M. Volpé n’était aucunement justifié d ses yeux. » (12) Pour sa part, la médecin-chef Desrosiers a souligné la bonne collaboration de M. Volpé avec les médecins ainsi que les bons résultats qu'il a obtenus durant son passage comme PDG. [13] Du cété de la province du Nouveau-Brunswick, on a déposé des affidavits tentant d’établir qu'il y avait des raisons valables justifiant le congédiement de Rino Volpé. On a souligné son manque de collaboration avec divers intervenants du monde de la santé au Nouyeau-Brunswick. (4) ‘Thomas Maston a été sous-ministre adjoint puis sous-ministre de la santé pendant que Rino Volpé ditigeait Vitalité, Dans son affidavit, il souligne que M. Volpé a toujours refusé de travailler avec lui et qu’il insistait pour transiger directement avec le ministre ou avec Ia sous- ministre déléguée, Lyne St-Pierre Ellis. Il déplore le retrait de Vitalité de la majorité des comités provineiaux liés & la santé, Il mentionne également diverses situations oi, selon fui, M. Volpé faisait preuve d'un manque de collaboration avec les intervenants du milieu de la santé. Il note yaient, avec un autre aussi une conversation téléphonique & laquelle M. Volpé et lui parti dizigeant de Vitalité, et au cours de laquelle M. Volpé «proceeded to yell and swear at [him] incessantly over the phone » (paragraphe 14). (15) Quant & la sous-ministre déléguée, Lyne St-Pieme Ellis, elle soutient que M. Volpé manguait de respect envers le ministére et n’hésitait pas a étaler ses frustrations sur la place publique. Il lui avait avoué qu'il refuusait de travailler avec le sous-ministre Maston et lui avait fait connaitre «son intention d’administrer Vitalité de la fagon la plus autonome que possible » (paragraphe 8) [16] Marilyn Quinn, présidente d’un syndicat d’infirmigres, a par ailleurs expliqué les Gifficultés de communications qu'elle a eues avec M. Volpé et que peu avant les élections de 2014, elle avait parlé au ministre Flemming de Pimpact négatif de M. Volpé sur les lieux de travail u7 Gordon Gilman était le PDG de FacilicorpNB lorsque M. Volpé ditigeait le Réseau de santé Vitalité. Facilicorp était une agence gouvernementale de services partagés du systéme de santé, offfant des services de soutien non cliniques reliés aux technologies de information et des télécommunieations, 4 l'ingénierie clinique, a la chaine d"approvisionnement ct Ala buanderie, Elle desservait done, & I’époque, tant Vitalité que lautre réseau de santé, soit Horizon. M. Gilman a souligné les communications quelque peu dysfonctionnelles entre Vitalité et FacilicorpNB durant les 12 demiers mois de M. Volpé a la téte de Vitalité. 11 feit aussi quelques reproches a M. Volpé, notamment que celui-ci dominait des parties importantes des réunions du bureau de direction de FacilicorpNB en questionnant et critiquant les opérations de agence et en se montrant consiamment insatisfait de I’information qu’il en recevait, (18) Enfin, John MeGarry est devenu PDG du Réseau de santé Horizon en méme temps que Rino Volpé obtenait le méme poste chez Vitalité, Il relate une conversation qu’il a cue en 2014 avec M. Volpé, au cours de laquelle celui-ci 'informait du retrait éventuel de la participation de Vitalité aux différents comités provinciaux liés la santé, Il ajoute que durant cette méme conversation, Rino Volpé lui aurait mentionné quelque chose du genre « they may have to fire me» (paragraphe 4). M, McGarry conclut en disant que depuis le départ de M. Volpé de Vitalité, il a noté une meilleure communication entre les réseaux de santé Horizon et Vitalité et que Vitalité avait recommencé & participer aux divers comités provinciaux avec Horizon et d’autres intervenants. JUGEMENT SOMMAIRE (19) Depuis.le 1 janvier dernier, un nouveau chapitre vient de s’ouvrir relativement 4 utilisation de la procédure de jugement sommaire au Nouveau-Brunswick. (20] C'est la régle 22 de nos Régles de procédure qui régit les demandes de jugement sommaire. Cependant, la régle qui a été interprétée a de nombreuses reprises par nos tribunaux a &6 abolie et remplacée par une toute nouvelle régle 22, entrée en vigueur le 1% janvier dernier Brant donné sa nouveauté, je I’ai incluse comme annexe a cette décision. (21) Jusqu’d ce changement Iégislatif, Parrét de principe en matiére de jugement sommaire dans cette province avait éé rendu par notre Cour d’appel dans Cannon e, Lange (1998), 203 R.N-B. (2°) 121. Le juge d’appel Drapeau, tel étzit alors son titre, avait alors insisté sur la conviction des rédacteurs de l’ancienne régle 22.04, & savoir qu’un procés constituait Je meilleur outil de recherche de la vérité : 17 Le libellé de la régle 22.04 établit une norme élevée. Cette régle dispose que la Cour ne peut rendre jugement que si la défense ou la demande, ou une partie de celle-ci, sont sans fondement, Ce libellé ne permet rien d'autre qu'un critére trés rigoureux. C'est leur expérience concréte des instances civiles qui a amené les avocats plaidants et les juges qui ont rédigé la régle 22.04 a choisir son libellé. Ce libellé témoigne de leur conviction que, sauf dans les cas manifestes, le meilleur mécanisme de recherche de la vérité demeure le proces. B, (2°) 387, 1998 (22) Un mois plus t6t, dans Dubé ¢. Dionne (1998), 201 RN, CanLII 12207, le juge d'appel Drapeau avait aussi rappelé « que le droit dun procés sur le fond est un droit que les tribunaux protégent avec un soin jaloux ». Il ajoutait toutefois que la regle 22 était «un moyen important dans arsenal & la disposition de la Cour pour protéger les parties innocentes et le systéme judiciaire contre les actions et les défenses frivoles. » (23) La nouvelle régle 22 qui vient d’étre adoptée au Nouveau-Brunswick est calquée, cn tres grande partie, sur Ia régle 20 des Régles de procédure civile de l'Ontario, R.R.O. 1990, Régl, 194, La régle ontarienne sur les jugements sommaires avait &é modifiée en 2010 et la anada a eu occasion de se prononcer sur les tenants et aboutissants de la Cour supréme du rogle dans l'arrét Hryniak c. Mauldin, (2014] 1 R.CS. 87, 2014 CSC 7 (CanLID. Déja, la Cour supréme incitait les tribunaux @ effectuer un virage culturel quand vient le temps d’étudier Popportunité dutiliser le jugement sommaire, méme dans les provinces qui, comme le Nouveau- Brunswick, n’avaient pas encore modifié leurs régles sur les jugements sommaires. Maintenant 9 que notre régle 22 ressemble beaucoup & la régle 20 ontarienne, il va sans dire que les enseignements de la Cour supréme dans Hryniak deviennent d’autant plus pertinents chez nous. Voici d’ailleurs quelques extraits de la décision qu’a rédigée la juge Karakatsanis dans Hryniak 28 Un virage culturel s'impose. L’objectif principal demeure le méme : une procédure équitable qui aboutit au réglement juste des litiges. Une procédure juste et équitable doit permettre au juge de dégager les faits nécessaires au régiement du litige et d'appliquer les principes juridiques pertinents aux faits établis, Or, cette procédure reste illusoire si elle nest pas également accessible - soit proportionnée, expéditive et abordable. Le principe de la proportionnalité veut que le meilleur forum pour régler un litige ne ‘soit pas toujours celui dont la procédure est la plus laborieuse. 30 Le principe de la proportionnalité trouve aujourd'hui son expression dans les régles de procédure de nombreuses provinces et peut constituer la pierre d'assise de V'accés au systéme de justice civile’. Par exemple, les par. 1.04(1) et (1.1) des Régles de Ontario prévoient ce qui suit : 1.04 (1) Les présentes régles doivent recevoir une interprétation large afin d'assurer la résolution équitable sur le fond de chaque instance civile, de la fagon la plus expéditive et la moins onéreuse. (1.1) Lorsquiil applique les présentes régles, le tribunal rend des ordonnances et donne des directives qui sont proportionnées @ Vimportance et au degré de complexité des questions en litige ainsi qu'au montant en jeu dans l'instance. 34 La requéte en jugement sommaire constitue un outil important pour faciliter Vaccds & la justice parce qu'elle peut offrir une solution de rechange au procés complet plus abordable et plus rapide que celui-ci. A l'exception du Québeo, toutes les provinces prévoient dans leurs régles de procédure civile respectives des dispositions relatives au jugement sommaire. En régle générale, le tribunal peut rendre un jugement sommaire si aucune véritable question litigieuse ne requiert un proces. 43. Les modifications apportées en Ontario ont eu pour effet de modifier le critére applicable aux jugements sommaires en remplacant la question de savoir si la cause ne “souléve pas de question litigieuse" par celle de savoir si la cause souléve une 10 cessi “véritable question litigieuse ni mt la fenue d'une instruction", Il appert de la nouvelle régle, qui prévoit des pouvoirs accrus en matigre de recherche des faits, que la tenue d'un procés ne constitue pas la procédure par défaut. En outre, afin de ne pas dissuader les parties de recourir & cette procédure, Ja nouvelle régle a eu pour effet de supprimer la présomption suivant laquelle Vauteur de la requéte débouté devait étre condamné aux dépens d'indemnisation substantielle, 50 Ces principes sont interreliés et reviennent tous @ se demander si le jugement sommaire (page107] constituera une décision juste et équitable, Lorsqu'une requéte en jugement sommaire permet au juge d'établir les faits nécessaires et de régler le litige, Ia tenve d'un proces ne serait généralement ni proportionnée, ni expéditive, ni économique. Dans le méme ordre didées, un processus qui ne permet pas au juge de tirer ses conclusions avec confiance ne saurait jamais constituer un moyen proportionné de régler un litige. Il importe de répéter que ta rnorme d’équité consiste d déterminer non pas si la procédure visée est aussi exhaustive que la tenue d'un proces, mais si elle permet au juge de pouvoir, ave confiance, établir les faits nécessaires et appliquer les principes juridiques pertinents pour régler le litige, [24] Comme Pa établi la Cour supréme, Ie jugement sommaire s'insorit également dans la recherche de moyens proportionnés de trancher des litiges, compte tenu de l'ampleur des enjeux et de la complexité des questions 4 débattre. Ainsi, la Cour supréme a aussi traité de la regle 1.04 des Regles de procédure civile de l'Ontario, soit la régle de la proportionnalité. Une regle semblable existe au Nouveau-Brunswick et ne date que de 2013. Elle aussi est invoguée dans cette affaire 1.02.1 Proportionnalité Lorsqu’elle applique les présentes régles, la cour rend des ordonnances et donne des directives qui sont proportionnées aux enjeux de l’instance ainsi qu'é importance et dla complexité des questions en litige. 11 (25) Tout compte fait, 'effet combing de nos nouvelles régles 1.02.1 et 22 et de l'arrét Hryniak de la Cour supréme du Canada fait en sorte que le procés au sens traditionnel du terme n'est plus la vache sacrée 4 laquelle il ne faut pas toucher, En raison des délais et des coits inhérents & la tenue dun procés, nous devons faire preuve d’ingéniosité et d'originalité afin de tenter, dans la mesure du possible, d’éviter les procés lorsqu’ils ne sont pas nécessaires. [26] Bien stir, 'ancienne régle 22 permettait & nos tribunaux d’accorder des jugements sommaires et le faisait quand méme quand les circonstances s*y prétaient. C°était toutefois essentiellement lorsqu’on était en présence de poursuites ou de détenses frivoles ou vexatoires, Maintenant, le critére a changé. 27) D'abord, en vertu de V’ancienne régle 22, Voctroi d'un jugement sommaire demeurait & la diserétion de la Cour méme si le requérant pouvait démontrer de fagon satisfaisante qu’il n’existait aucune défense ni fondement a la demande ou a une partie de la demande et qu’il avait le droit d’obtenir un jugement, Selon la nouvelle régle et I'analyse qu'on retrouve dans Hryniak, la Cour doit d’abord se demander s'il existe une véritable question en litige nécessitant la tenue d’un procés. Si la demande ou [a défense ne souleve pas une telle question, 1a Cour doit rendre un jugement sommaire, Dans un tel cas, l'analyse s'arréte Ia. (28] Pour déterminer s'il y a une véritable question en litige nécessitant la tenue d'un proces, la Cour dispose alors de nouveaux pouvoirs qui pourraient lui permettre d°éviter un procés traditionnel, notamment en ordonnant la tenue dun mini-procés. 2 (29) Crest la régle 22.04 qui codifie les pouvoirs de la Cour lorsqu’elle doit décider s"il ya ou non une véritable question en litige nécessitant la tenue d'un procés : 22.04 Décision sur ta motion Pouvoirs 2) Lorsqu’elle décide de Uexistence d’ume véritable question en litige gui nécessite la tenue d'un proces, la cour tient compte des éléments de prewve que les parties ont présentés et peut exercer l'un quelconque des ‘pouvoirs ci-dessous énumérés, seu si l'intérét de la justice commande de ne les exercer que dans le cadre d'un proces 4) apprécier la preuve; by évaluer la crédibilté d'un déposant; 6) tirer de la preteve une inférence raisonnable, Témoignages oraux (mini-procés) (3) Aux fins d’exercice des pouvoirs qu'énumére le présent article, le juge’ peut ordonner qu'une ou plusieurs parties rendent des témoignages oraux, avec ou sans limite de temps pour leur présentation. [30] Dans cette affaire, il est & noter que lorsque la motion pour jugement sommaire a 4&6 déposée, c’était ’ancienne régle qui prévalait. D’ailleurs, la motion avait été entendue une premitre fois, mais la juge d’instance avait da se désister avant de rendre une décision : Volpé c Province du Nouveau-Brunswick, 2016 NBBR 166 (CanLII). L’ancienne régle autorisait les parties a demander & la Cour de leur permettre de contre-interroger les témoins qui avaient déposé des affidavits. La nouvelle régle ne l’empéche pas non plus. Elle ajoute toutefois que la Cour peut ordonner de sa propre initiative qu’une ou plusieurs parties rendent des témoignages B oraux, Ici, aucune partie n’a demandé le contre-interrogatoire de témoins ni n’a suggéré a la Cour d'ordonner le témoignage des parties. (31) En fait, je n'ai pas jugé nécessaire d’ordonner des témoignages. En tenant compte de tous les éléments de preuve présentés par les parties, sous forme d’affidavits, j'ai pu apprécier Ja preuve et en tirer des inférences raisonnables. (32) Il n'y @ pas lieu ¢’évaluer la crédibilité des déposants, Contrairement 4 ce qwallegue I’intimée, les faits pertinents ne sont pas véritablement contestés. J'y reviendrai dans analyse de la demande. (33) Mais avant de me prononcer sur le bien-fondé de la cause du demandeur, je souligne qu’une autre question devra éventuellement étre tranchée par nos tribunaux. Quand une partie veut se prévaloir de la nouvelle régle 22, pourrait-elle éventuellement en étre aussi la victime ? En d'autres mots, en espace, me serait-il oisible d’accorder un jugement sommaire & Pune ou autre des parties ? Si une partie seulement demande que la procédure de jugement sommaire prévue @ la régle 22 soit utilisée, cela implique-t-il que je puisse quand méme accepter de procéder par voie sommaire tout en rejetant Ie bien-fondé de sa demande ou de sa défense et ainsi ordomner qu’aucun proces n’ait lieu? Je crois que oui. Par exemple, je pourrais déterminer que la demande de M. Volpé ne contient pas de véritable question en litige qui mérite la tenue dun procés et simultanément, accepter ou rejeter sa demande principale de fagon définitive. 134] Crest dailleurs objet de l'analyse qui suit. cry CONGEDIEMENT AVEC OU SANS CAUSE 1331 Le ministre de Ja Santé avait toute la latitude nécessaire pour mettre fin a l'emploi de Rino Volpé en tant que président-directeur général du Réseau de santé Vitalité, II pouvait le faire sans invoquer de raison particuliére en se fondant sur le contrat d’emploi et on lui versant la somme prévue Particle 13 de ce contrat. Tl pouvait aussi le congédier pour motif valable si pas les termes de son contrat, Dans ce cas, le ministre n’¢iait pas tenu de Vemployé ne respect verser quelque somme que ce soit. (36) La question de savoir si le ministre avait un motif valable pour congédier Rino Volpé est bien sir au coeur du litige. Cependant, les faits qui constitiieront le fondement de cette détermination ne font pas l'objet d’un réel débat. B7] Test tout a fait possible, & la lumigre des affidavits déposés en preuve, de tirer les conclusions de faits qui s’imposent sans qu’un proces soit nécessaire. Nous avons dun e6té la preuve du demandeur, laquelle démontre sans ombre d’un doute que ancien ministre de la Santé, Hugh Flemming, était satisfait du travail de Rino Voipé et qu'il ne voyait dans ses actions aucune raison de le congédier. Une autre ministre de ’ancien gouvernement, Madeleine Dubé, de la collaboration de M. Volpé avec son ministére du Développement était tout aussi satis! social. De plus, les patrons immédiats de M. Volpé, soit le conseil d’administration de Vitalité, ’avaient rien & tui reprocher et ont été surpris et dégus de son congédiement, comme en font foi les affidavits du président du conseil d’administration, Paul Couturier, et du médecin-chef de Vitalité, France Desrosiers, 1s [38] De autre c6té de Ia médaille, on retrouve les doléances de hauts fonctionnaires du ministére de la Santé, soit le sous-ministre, Thomas Maston, et la sous-ministre déléguée, Lyne St-Pierre Ellis, Ceux-ci invoquent le caractére bouillant de M. Volpé ainsi que son manque a’égard et de collaboration a lendroit du ministére. Par exemple, comme je I’ai évoqué plus haut, M. Volpé refusait généralement de transiger avec le sous-ministre Maston, [39] Aussi, des intervenants du milieu de la santé se sont plaints d’un certain manque de collaboration de M. Volpé avec leurs organismes, notamment FacilicorpNB et un syndicat infirmiéres, [40] Par ailleurs, la preuve nous indique que lorsqu’un nouveau ministre de la Santé est entré en fonction, le 7 octobre 2014, Rino Volpé a tenté de le rencontrer pour établir une ‘communication avec lui. Le ministre Victor Boudreau n’a pas répondu aux demandes du PDG de Vitalité. I La plutot congédig, quelque six semaines aprés étre devenu ministre. La défenderesse admet d’ailleurs que le ministre n'a pas déposé d’ affidavit puisqu’il n’était pas au ‘courant personnellement des agissements de M. Volpé et qu'il s'est fié & ses fonctionnaires pour en attiver a la décision de le licencier. [41] Rien au dossier n’indique que Rino Volpé ait été informé de reproches que son ‘employeur aurait pu avoir A son sujet, tant sous Ie régne du ministre Flemming que sous la nouvelle direction du ministre Boudreau. 16 [42] Ainsi, jusqu’a l'entrée en poste du ministre Boudreau, Rino Volpé n’avait regu aucune indication que son poste était en danger. Dans son affidavit, le ministre Flemming vante les qualités du travail de M. Volpé. II dit qu’il pouvait y avoir des divergences d’opinions sur la gestion de certaines questions liées au domaine de la santé, mais que cela ne constituait d’aucune fagon une raison de le congédier. (43] En plus des allégations de manque de collaboration de M. Volné avec certains intervenants du domaine de la santé, le reproche principal qu’on lui adresse est d’avoir retiré 1a participation de Vitalité aux comités provinciaux qui touchent le monde de la santé. La preuve de la défenderesse démonire que cette décision du Réseau de santé Vitalité avait eu des conséquences ficheuses pour certains comités. De son cété, Rino Volpé explique la situation en invoquant qu'il y avait une multiplication de comités qui datait de I’époque ot il y avait huit régies régionales de la santé et que ces comités utilisaient des ressources financiéres et humaines de son réseau alors que ce n’était pas toujours nécessaire et productif. [44] Pour ces raisons, il a demandé au ministére de la Santé de revoir les mandats des comités ct que jusqu’a ce que ce soit fait, il leur a fait part que Vitalité retirait sa participation des comités, I] a toutefois témoigné dans son affidavit que Vitalité avait quand méme participé aux travaux de comités essenticls, notamment ceux qui visaient & préparer les établissements de santé face a la possibilité ’une éclosion du virus Ebola, D’ailleurs, les communications émanant de Vitalité, tant avant que peu aprés le départ de M. Volpé, tendent & démontrer que Vitalité était cffectivement prét pour une telle éventualité v [45] Il va sans dire que M. Volpé devait évidemment savoir que la décision de Vitalité de ne plus participer & de nombreux comités ne devait pas faire affaire du ministire de Ia Santé. Ila méme dit & son homologue du Réseau de santé Horizon qu'il risquait de se faire congédier pour cette décision. Cependant, la défenderesse n’a pas contredit les explications de M. Volpé et n’a rien dit quant 4 l'étude du mandat des comités qu’avait recommandée M. Volpé. (46) En dépit de la nouvelle régle 22 sur les jugements sommaires et de l'arrét Hryniak de la Cour supréme du Canada, je suis d’avis que les parties qui font face & une demande de jugement sommaire ont un lourd fardeau, en vertu duguel ils doivent amener toute la preuve qu’elles jugent nécessaire pour contrer la position adverse ou appuyer la leur. Les enseignements de notre Cour d’appel dans Cannon c. Lange demeureront tout aussi pertinents, malgré les changements législatifs et jurisprudentiels. (47) Ainsi, la Cour d’appel a rappelé aux parties qu’elles devaient faire de leur mieux dans Je cadre d'une motion pour jugement sommaire, en insistant sur la sagesse d'une telle attitude dans le cas de la partie intimée, « puisque c'est elle qui a le plus a perdre » (paragraphe 23). Citant une cause de l'Ontario, la Cour avait aussi insisté sur I’importance, pour Ia partie intimée, de «jouer atout ou risquer de perdre ». Vajouterais, en renchérissant sur cette expression imagée, que les parties doivent non seulement jouer atout, mais qu’elles doivent carrément mettre cartes sur table. En d'autres mots, elles ne doivent pas laisser supposer qu'une meilleure preuve sera disponible au procés. En fait, méme la partie qui demande un jugement sommaire devra jouer selon les mémes régles. Si elle ne dévoile pas son jeu, ce sera au risque 18 obtenit un jugement sommaire, mais en vertu duquel sa demande principale pourrait étre rejetée, [48] Si elles croient véritablement que cela ferait une différence, les parties ne devront pas hésiter A demander de contre-interroger les témoins qui ont déposé un affidavit ou encore de recommander & la Cour d'ordonner des mini-procés dans le cadre de ses nouveaux pouvoirs élargis de recherche de la vérité. 149] Cela étant dit, il n’en demeure pas moins que dans certains cas, les plaidoiries et la prenve disponible sous forme d’affidavits et d°autres documents seront amplement suffisantes pour trancher les questions en litige. [50] La province du Nouveau-Brunswick allégue que M. Volpé a agi d’une fagon qui constitue une violation fondamentale de son contrat d’emploi et qu'il a failli & ses obligations quant & certaines de ses taches et responsabilités, contrairement a Particle 13 du contrat, lequel est cité plus haut. Pour ces raisons, elle soutient que le congédiement est justifié, (si L’annexe A du contrat d’emploi contient la description de l'emploi du PDG de Vitalité. D’abord, on y précise que le PDG se rapporte directement au président du conseil @administration de Vitalité. Il regoit de lui sa direction administrative et il doit aussi agir conformément aux réglements, politiques et directives du conseil. On y énumére ensuite une douzaine de taches et responsabilités spécifiques, dont les plus pertinentes pour cette affaire sont les suivantes : 19 © Collaborates with regional stakeholders (citizens, NGOs, health care professionals, government agencies) to improve health outcomes for the citizens of the region. © Represents the RHA in working with other levels of government, departments of Health, Social Development and other RHAS, health care organizations and agencies, professional groups and associations, public officials, in order to continuously improve the health care of citizens. 52] Rino Volpé ne nie pas ce qu’on [ui reproche. Vitalité a effectivement retiré temporairement sa participation & de nombreux comités provineiaux touchant @ Ja santé. Il précise toutefois que ce n’était pas sa décision a Iui, mais bel et bien Ia décision du conseil administration de Vitalité. De la preuve que j'ai lue, je tire une conclusion que méme si c’était une décision de Vitalité, Rino Volpé en est le principal instigateur. Néanmoins, je suis d’avis que le conseil d’administration de Vitalits était convaincu du bien-fondé de cette décision et qu’il Vappuyait sans réserve, Par ailleurs, M. Volpé admet aussi qu'il a pu avoir des conversations robustes avec certaines gens, notamment avec le sous-ministre Maston. Il est aussi clair, & la lumiére de la preuve, qu’ll n’était pas un béni-oui-oui. La preuve est toute aussi irréfutable sur la question de son refus & vouloir communiquer directement avec le sous-ministre Maston. 53] D’auires actions lui sont aussi reprochées pour soutenir I’allégation d’un manque de collaboration avec les intervenants du milieu, soit au sein du ministére de la Santé ou au sein autres ministéres et organismes gravitant autour du domaine de la santé. 20 54] Ces récriminations sont-clles suffisantes pour justifier un congédiement sans préavis de Rino Volpé ? La réponse simple est non. [55] D'abord, rappelons que c’est un changement de gouvernement & la suite @’élections générales qui a déclenché la série d’événements qui ont mené au congédiement de Rino Volpé. Si en vertu du contrat, employeur de Rino Volpé était la province du Nouveau- Brunswick, telle que représentée par le ministre de la Santé, les élections n'y ont rien changé. Cependant, l’entité juridique que constituait ’employeur a changé de titulaire, ce qui est bien str la nore aprés des élections oi il y a changement de la garde. Le nouveau parti au pouvoir a done remplacé Hugh J, Flemming par Victor Boudreau en tant que ministre de la Santé. [56] I n’en demeure pas moins que Ventité juridique, elle, n'a pas changé. Et, six semaines avant le congédiement de Rino Volpé, Ia preuve non contestée me convaine que Vemployeur était satisfait du travail de Rino Volpé. L’affidavit du ministre Flemming est sans équivoque a cet égard. 137] Par ailleurs, la question aurait pu se poser quant au véritable employeur du PDG de Vitalité, & savoir le conseil d’administration ou le ministre. Méme si M. Volpé devait se rapporter au conseil d"edministration de Vitalité et & son président, le contrat d'emploi est quand méme sans ambiguité & cet égard : le ministre de la Santé a bel et bien le pouvoir de mettre fin & Vemploi du PDG de Vitalité. 2 [58] Quoi qu'il en soit, si, avant artivée en poste du ministre Boudreau, I’employeur était satisfait du travail de Rino Volpé, pouvait-il, presque du jour au lendemain, changer son fusil d°épaule en Fabsence de tout élément nouveau qu’on aurait pu reprocher aM. Volpé ? En. effet, rien dans la preuve n’indique que M. Volpé a été congédié en raison de nouvelles actions (ou inactions) survenues aprés le départ de l’ancien ministre Flemming. 59] Je crois que lanalyse pourrait s"arréter ici en répondant dans la négative. Si, aprés changement de ministre, on n’était plus satisfuit de la fagon de procéder de M, Volpé ou de son mode de gestion du Réseau de santé Vitalité, la moindre des choses aurait été de I'en aviser et de lui demander d’y apporter les changements voulus. Sinon, le nouveau ministre avait toujours option de se prévaloir de Particle 13 du contrat et de Je congédier sans motif sur vyersement de la somme prévue. A la limite, peut-étre aurait-il pu le congédier de fagon justifiée s'il avait prévenu des changements & apporter et que M. Volpé n’avait pas obtempéré dans un délai raisonnable, Rien de tout ga n'a été fait, En fait, il apparait évident que Je nouveau ministre a tout simplement refusé de rencontrer le PDG de Vitalité alors qu’il avait rencontré le PDG d’Horizon et d’autres intervenants du milieu aprés son entrée en poste. [60] Je m’attarderai quand méme & Ia question de savoir si les agissements de Rino ‘Volpé constituaient des violations fondamentales de son contrat d’ empl [ey M. Volpé savait pertinemment que la décision qu’il a recommandée au conseil ‘administration de Vitalité, a savoir le retrait de la participation du Réseau aux comités provinciaux, pouvait Iui causer des ennuis. Il a méme avoué A son homologue du Réseau 2 Horizon que cela pouvait entrainer son congédiement. Malgré tout, le ministre Flemming n’a pas jugé bon d'agir & cet égard. Les explications de M. Volpé relativement au retrait temporaire de la participation des comités et a sa demande que leurs mandats soient révisés peuvent re Tobjet de divergences constituer une position défendable. Cela peut bien sir aussi f opinions, A la limite, le ministre aurait possiblement pu imposer sa fagon de voir les choses a tout le moins, demander une réunion avec le conseil d'administration et le PDG de Vitalité. ou, Cela n’a jamais été fait, ni par l'ancien ministre Flemming, ni par le nouveau ministre Boudreau, 62} De plus, il ressort de la preuve que Vitalité a quand méme poursuivi sa participation & certains comités jugés essentiels, notamment ceux entourant I’éclosion possible une épidémie du virus Ebola. Tl y a possiblement une certaine contradiction a ce sujet dans la preuve respective des parties, mais pas suffisante pour qu'elle mérite un proces, La preuve apportée par le ministre, méme si on acceptait uniquement la version de ses témoins, ne m’a pas convaincu que les actions de Vitalité ou de son PDG ont entrainé un risque important sur le systéme de santé ct la santé publique. Cependant, la documentation jointe & certains affidavits démontre que le Réseau de santé Vitalité était effectivement préparé & toute éventualité en ce qui a trait au virus Ebola, Des communiqués datant d’avant le départ de M. Volpé et de quelques semaines aprés le confirment, [63] Le Réseau de santé Vitalité, comme sa contrepartic anglophone, constitue un acteur majeur dans le tissu politique et social du Nouveau-Brunswick. Il emploie des milliers de gens et dessert une population de quelques centaines de milliers de personnes. I fait aussi affaire avec de nombreux intervenants des secteurs gouvernemental, institutionnel et privé. Ce 23 genre d’organisation a souvent a sa téte des dirigeants avec une poigne de fer et qui n’ont pas la langue dans leur poche. Cela orée parfois des étincelles et fait que des gens sont contents et d'autres mécontents, (64) Le PDG doit transiger avec dautres dirigeants qui ont leur propre personnalité parfois forte et cela peut provoquer certaines incompatibilités de caractére. Ainsi, je ne peux identifier avec certitude la raison pour laquelle M. Volpé avait rompu les communications directes avec Te sous-ministre Thomas Maston. Mais peu importe, Rino Volpé relevait du président du conseil d’administration de Vitalité et se rapportait, par son entremise, au ministre de la Santé. Comme le ministre acceptait de transiger directement avec Rino Volpé, je ne considére pas que le refus du demandeur de parler au sous-ministre Maston constitue une violation fondamentale de son contrat d’emploi ni une justification de son congédiement. [65] Certaines gens ont vanté les talents de M. Volpé et Ja bonne communication qu’elles avaient avec Jui, notamment la haute direction de Vitalité, les anciens ministres de la Santé et du Développement social, I’équipe de direction de Vitalité pour la région du sud-est du Nouveau-Brunswick (Beauséjour) ou encore des intervenants de la région de Grand-Sault. D/autres, dont le sous-ministre, la sous-ministre déléguée, le PDG de Facilicorp et la présidente Gun syndicat d'infirmiéres, étaient phut6t critiques des actions ou inactions de M. Volpé. Comme dit expression, on ne fait pas d’omelettes sans casser des ceufs. En fin de compte, le manque de collaboration alléguée de M. Volpé a Pégard de certains acteurs du domaine de la santé ressemble généralement davantage & des divergences d'opinions, mais n’équivaut cettainement pas des motifs suffisants pour mettre fin a son emploi. 24 {66} Ainsi, je conclus que la défenderesse et intimée sur cette motion a congédié sans motif valable le demandeur et qu'elle a ainsi violé article 13 du contrat d'emploi qui liait les parties. DOMMAGES [67] Rino Volpé demande que la province du Nouveau-Brunswick Iui verse les sommes qu'il aurait resues s'il avait continué d’agir comme PDG jusqu’a la fin du contrat, soit jusgw’au 31 janvier 2017. 1 demande aussi le remboursement de certaines sommes liées au fait qu'il a perdu les avantages sociaux dont il bénéficiait & son emploi, notamment la couverture un régime d’assurance-maladic. (68] L’article 13 du contrat demploi prévoit, je le rappelle, que si le ministre voulait mettre fin emploi de Rino Volpé sans motif valable, il devait lui verser la moindre des deux sommes suivantes : 18 mois de salaire ou le paiement de son salaire pour la période restante & son contrat. Ici, il s'agirait de 18 mois de salaire, le cas échéant. [69 Cependant, le demandeur prétend que puisque la défenderesse ne s'est pas prévalue de cette option, elle ne peut plus invoquer cette clause et doit maintenant lui verser son salaire pour la totalité de la période restante s'il n’avait pas é18 congédié, soit un pen plus de 26 mois. Il cite notamment les causes Schram ¢, Gouvernement du Nunavut, 2013 NBBR 384 et Howard ¢, Benson Group Inc., 2016 ONCA 256, Ces causes peuvent facilement étre distinguées de l'affaire qui est devant moi. Il s’agissait de contrats d’emploi of rien n°était prévu 25, en cas de congédiement sans cause, C'est pourquoi les tribunaux en question, au Nouveau- Brunswick et en Ontario, ont déterminé que ’employeur devait verser le salaire prévu jusqu’a la fin du contrat. {70} Ici, le contrat est clair, Méme si la province a tenté de congédier M. Volpé en invoquant qu’elle avait des motif’ alors que ce n’était pas le cas, il n’en demeure pas moins que les droits ot obligations des parties sont régis par le contrat en question, méme en cas de congédiement sans motif. C’est pourquoi j’ordonne a la défenderesse de verser & Rino Volpé la somme de 525 000 S, équivalant & 18 mois de salaire. A cela, s'ajoutent des intéréts au taux annuel de 6 % depuis le congédiement de M. Volpé. (71) Par ailleurs, contrairement 4 ce que la défenderesse allégue dans son exposé de la défense, M. Volpé n’avait pas un devoir de mitiger ses pertes, car c’est le contrat d’emploi qui prévalait, La défenderesse doit done payer la somme prévuc a l'article 13, sans soustraire ce qu’a gagné ou aurait pu gagner M. Volpé par la suite. [72] La demande de dédommagement pour les sommes que M. Volpé a di engager afin d’obtenir un autre régime d’assurance est rejetée puisqu’il n’était pas prévu au contrat qu'il y aurait droit en cas de congédiement sans cause DOMMAGES-INTERETS PUNITIFS (73) Rino Volpé demande aussi que cette Cour impose & la province du Nouveau Brunswick de lui verser des dommages-intéréts punitifS. Il allegue qu’il a été traité de fagon 26 ingquitable et que la province a fait preuve d'une conduite malveillante, arbitraire et extrémement répréhensible. Il ajoute aussi qu’il n'a jamais regu davis concemant ce qu’on lui reprochait, qu’on ne lui a jamais donné la chance de se faire entendre et que Ia sanction qu’on lui a imposée était tout simplement disproportionnée en regard de ce qu’on lui reprochait. [74] Il dit aussi que le contrat prévoyait que si on ne voulait plus de lui, on pouvait le congédier sans motif en respectant le contrat, mais qu’ici, Ia province a fondé ses motifs de congédiement sur des faits déformés et exagérés ou méme fabriqués de toutes pices. 175] DYabord, il est & propos de rappeler que les dommages-intéréts punitifs constituent une mesure de redressement exceptionnelle. Leur objectif n’est pas d’indemniser le demandeur, mais bien de sanctionner la partie qui a cu une conduite extrémement répréhensible, Dans Whiten c, Pilot Insurance Co., [2002] 1 R.CS. 595, le juge Binnie, a résumé ainsi le but des dommages-intéréts punitif’s Liobjectif de ces dommages-intéréts n'est pas d'indemniser le demandeur, mais (...) de punir le défendeur comme i le mérite (chatiment), de le décourager — lui et autrul - d'agir ainsi & Vavenir (dissuasion) et d'exprimer la condamnation de l'ensemble de la collectivité & Végard des événements (dénonciation). (Page 645.) [76] La Cour supréme du Canada a aussi traité de la question des dommages-intéréts punitifs dans le contexte d’un congédiement, notamment dans l'arrét Honda Canada Ine. c. Keays, [2008] 2 R.C.S. 362. Dans cette affaire, la Cour a annulé l’octroi de dommages-intéréts 2 punitifs qui avaient été imposés en premiere instance et en appel en soulignant encore une fois le caractére exceptionnel de cette sanction : Un autre élément important est que le comportement en cause ait &é "dur, vengeur, répréhensible et maliciewx" et "de nature extréme et [quil] mérite, selon toute norme raisonnable, d’étre condamné et puni" (Vorvis, p. 1108). Lexistence d'un tel comportement ne ressort pas des faits de la présente affaire. v7 Je suis d’avis que les faits entourant le congédiement de M. Volpé ne donnent pas lieu & Foctroi de dommages-intéréts punitifs. Bien sir, la province aurait di agir différemment, soit en donnant a M. Volpé l'occasion de répondre aux reproches qu’on Ini faisait, soit en le congédiant sans invoquer de motif. Je ne erois toutefois pas que la province ait fait preuve d’un comportement si répréhensible qu’il justifierait l’octroi de tels dommages-intéréts. La preuve aémontre que M. Volpé a eu des agissements qui, aux yeux d'autres observateurs, pourraient constituer le début de motifs justifiant certaines préoccupations de l'employeur. Ce n’était pas suffisant pour le congédier, du moins & ce moment-la, surtout en Pabsence de mesures disciplinaires préalables et moins draconiennes qui auraient pu constituer un indice de Vinsatisfaction de l'employeur & l’égard de certains comportements du PDG de Vitalité, Dailleurs, comme je l’ai indiqué plus tét, M. Volpé Iui-méme avait cu certaines craintes quant un congédiement éventuel, notamment lorsqu’il en a diseuté avec le PDG de l'autre réseau de santé, [78] Ainsi, la demande d’octroi de dommages-intéréts punitifs est rejetée. 28 CONCLUSION 179] Tout compte fait, Rino Volpé a droit & un jugement sommaire, Il a été congédié sans motif valable et la province du Nouveau-Brunswick doit lui verser la somme de 525 000 $, soit la somme prévue & son contrat d'emploi. A cela s’ajoutent les intéréts au taux annuel de 6%, que j'arrondis 4 80 000 $. La déffenderesse paiera au demandeur des dépens de 22 525 $ déterminés en fonction de I’échelle 3 du tarif A de la régle 59 des Régles de procédure. M. Volpé a aussi droit a la TVH sur les dépens de méme qu’a ses débours raisonnables. Le 9 juin 2017 Campbellton, N.-B. 23 Annexe CONCLUSION SANS PROCES REGLE 22 JUGEMENT SOMMAIRE 22.01 Applicabilité Au demandeur (1) Le défendeur ayant signifié I’exposé de sa défense ou son avis de motion, le demandeur peut, par voie de motion appuyée de prouve par affidavit ou autre, solliciter un jugement sommaire sur tout ou partie de Ia demande formulée dans l’exposé de sa demande. (2) Par yoie de motion présentée sans préavis, le demandeur peut prier la cour de l'autoriser & signifier avec exposé de sa demande un avis de motion visant Pobtention d’un jugement sommaire, et cette autorisation peut étre accordée, sous réserve des directives que la cour estime jjustes, si Pexistence d’un cas d’urgence est établie. du défendeur (3) Ayant signifié I’exposé de sa défense, le défendeur peut, par voie de motion appuyse de preuve par affidavit ou autre, solliciter un jugement sommaire rejetant tout ou partie de la demande formulée dans I’exposé de Jz demande. 22.02 Preuve a ’appui d’une motion (1) Dans le cadre dune motion visant Pobtention d’un jugement sommaire, un affidavit peut faire état des renseignements que le déposant a appris ou qu'il croit étre vrais, comme le prévoit la regle 39.01(4), mais, si m’est pas produit le témoignage d'une personne ayant une connaissance directe des faits contestés, Ia cour peut, 2 audience, en titer une inférence défavorable. (2) Lorsqu’une motion visant l'obtention d’un jugement sommaire est appuyée de preuve par affidavit ou autre, I'intimé ne peut se limiter & invoquer des allégations ou des dénégations énoncées dans ses plaidoiries. Au moyen de preuve par affidavit ou autre, il doit relator des faits précis faisant apparaitre ne véritable question en litige qui nécessite la tenue d'un procés, (3) Avec Pautorisation de la cour, tout affidavit utilisé dans le cadre d’une motion visant Fobtention d’un jugement sommaire peut comprendre un élément de preuve sous forme de témoignage d’opinion dans la mesure oi cet élément de preuve serait admissible en preuve dans Te cadre du témoignage en cour du déposant. 30 22.03 Mémoires a fournir (1) Dans le cas dune motion visant obtention dun jugement sommaire, chaque partic signifie aux autres parties & la motion un mémoire, Iequel se compose d’un exposé concis des faits pertinents, des arguments, des régles de droit et des autorités que la partic invoque. (2) Sept jours au moins avant l’audience, ’auteur de la motion signifie son mémoire et le dépose, avee preuve de signification 4 l'appui, au grefife de la circonscription judiciaire dans laquelle la motion sera instruite. (@) Quatre jours au moins avant audience, l'intimé signifie son mémoire et le dépose, avec preuve de Signification a l'appui, au greffe de la circonscription judiciaire dans laquelle la motion sera instruite. 22.04 Décision sur la motion Dispositions générales (1) La cour rend un jugement sommaire lorsqu’elle constate 1) ou bien qu'une demande ou une défense ne souleve pas de véritable question en litige nécessitant la tenue d’un procés; b) ou bien qu'il convient de rendre pareil jugement et les parties sont d’accord pour que tout ow partie de Ia demande soit tranché de la sorte. Pouvoirs (2) Lorsqurelle décide de existence d’une veritable question en litige qui nécessite la tenue d'un procés, la cour tient compte des éléments de preuve que les parties ont présentés et peut exercer Tun queleongue des pouvoirs ci-dessous énumérés, sauf si l’intérét de la justice commande de ne les exercer que dans le cadre d°un procés: a) apprécier la preuve; b) évaluer Ja crédibilité d°un déposant; ©) tirer de la preuve une inférence raisonnable. Témoignages oraux (mini-procés) (3) Aux fins d’exercice des pouvoirs qu’énumére le présent article, le juge peut oxdonner qu’une ou plusieurs parties rendent des témoignages oraux, avec ou sans limite de temps pour leur présentation. ‘Sila seule véritable question en litige porte sur le montant de la demande 31 () Si elle constate que la seule véritable question en litige a trait au montant anquel a droit Pauteur de le motion, la cour peut ordonner I’instruction de cette question. Si la seule véritable question en litige porte sur une question de droit (5) Si elle constate que Ia seule véritable question en litige a trait & une question de droit, la cour peut la trancher, puis rendre jugement en conséquence. Si Ja demande vise uniquement une reddition de comptes (6) Si la demande se limite a une reddition de comptes, Ia cour peut rendre jugement sur la demande et donner des directives a cette fin, 8 moins que le défendeur ne la convainque qu'il y a lieu d’instruire quelque question préliminaire. 22.05 Nécessité d'un procés (1) Lorsque le jugement sommaire est refusé ou qu’il n’est accordé qu’en partie et que la tenue Wun procés s‘avere nécessaire, la cour peut ordonner la mise au réle de I'action dans son cours normal ou dans un délai déterminé, préciser les faits déterminants qui ne sont pas contestés et définir les questions qui restent en litige, si celles-ci ne sont pas suffisamment définies dans les plaidoiries. ordonnant instruction entigre ou partielle d’une action, la cour peut imposer les (2) En s et les conditions qu’elle estime justes, y compris des directives concernant a la fois modalit a) la consignation a la cour de tout ou partie du montant demandé ou le versement dune sfireté en garantie des dépens, ou les deux; ») la limite de la portée des interrogatoires préalables & des questions qui n'ont pas été traitées dans les affidavits déposés & l’appui de 1a motion ou dans les contre-interrogatoires subséquents ainsi que l'utilisation de ces affidavits et de ces contre-interrogatoires en plus des interrogatoires préalables ou & leur place. (3) Si une partie omet de se conformer & une ordonnance de consignation a la cour ou de stireté cen garantie des dépens, la partie adverse peut demander a la cour d’ordonner le rejet de action ou Ia radiation de Pexposé de la défense, selon le cas, avec ou sans dépens selon ce qu'elle estime juste. Si l’exposé de la défense est radié sur motion, le défendeur est réputé étre constaté en défaut et le demandeur peut solliciter un jugement par rapport & toute demande de redressement pour laquelle il n’est pas temu, vu la régle 21.05, de la faire instruire. (4) Selon les modalités qu'elle estime justes, la cour peut ordonner la suspension de l’exécution du jugement sommaire en attendant qu’elle statue sur toute autre demande que formule "exposé de la demande, la demande reconventionnelle, la demande entre défendeurs ou la mise en cause. 32. 22.06 Condamnation aux dépens pour usage abusif de la régle Rejet de la motion (1) Lorsque, sur motion visant Pobtention d’un jugement sommaire, Vauteur de la motion n'a droit a aucune mesure de redressement et I’action telle qu'elle était formée initialement peut étre mise au réle sans que soient imposées & cet égard des modalités ou des conditions, la cour fixe les dépens de la partie adverse ct ordonne & T'auteur de la motion de les payer immédiatement, sau si elle est convaincue que la motion, quoique rejetée, s’avérait néanmoins justifiée Affidavit déposé de mauvaise foi (2) S°il lui apparait qu'un affidavit & Pappui d'une motion a été déposé tel que le prévoit la présente régle, mais de mauvaise foi ou uniquement & des fins dilatoires, la cour peut fixer les dépens de la partie adverse et ordonner au dépositaire de I'affidavit de les payer immédiatement, 22.07 Effet du jugement sommaire Le demendeur a qui la cour accorde un jugement sommaire en vertu de la présente régle conserve son droit de poursuivre soit le méme défendeur pour obtenir contre [ui d’autres mesures de redressement, soit tout autre défendeur pour obtenir contre lui des mesures de redressement identiques ou différentes. 22.08 Application aux demandes reconventionnelles, aux demandes entre défendeurs et aux mises en cause Sous réserve des régles 28, 29 et 30 et avec les adaptations nécessaires, la présente régle s’applique a une demande reconventionnelle, a une demande entre défendeurs ou & une mise en cause. 33,

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