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DU GÉNOTYPE AU PHÉNOTYPE : APPLICATIONS

BIOTECHNOLOGIQUES

Introduction.
Clonage, OGM, thérapie génique, médecine prédictive sont des applications biotechnologiques
qui reposent sur l’existence d’un lien entre le génotype (= l’ensemble des gènes) et le
phénotype (= ensemble des caractères d’un individu).
→ Comment les gènes déterminent-ils les caractères d’un individu ?

I. Le phénotype à différentes échelles

1. Des exemples de maladie génétiques

- la mucoviscidose
Échelle macroscopique : troubles respiratoires et digestifs
 Échelle cellulaire : sécrétion d’un mucus trop épais par les cellules qui tapissent les
bronches
 Échelle moléculaire : anomalie d’une protéine de la membrane cellulaire (canal chlore ou
protéine CFTR) qui régule des échanges d’ions
- la drépanocytose
 Échelle macroscopique : anémie, articulations douloureuses
 Échelle cellulaire : hématies en forme de faucille
 Échelle moléculaire : hémoglobine (protéine) anormale
- la myopathie de Duchenne
 Échelle macroscopique : dégénérescence des muscles (perte de rigidité)
 Échelle cellulaire : absence d’un constituant des cellules musculaires
 Échelle moléculaire : absence d’une protéine (= la dystrophine)

⇒ Le phénotype rassemble les caractères propres à un individu qui peuvent être définis à
plusieurs échelles : au niveau de l’organisme (macroscopique), au niveau cellulaire et au
niveau moléculaire. Il existe donc un lien entre le phénotype et les protéines.

2. L’importance des protéines dans la réalisation du phénotype

→ Qu’est-ce qu’une protéine ?


Une protéine est une molécule constituée d’une ou plusieurs chaînes d’acides aminés (AA) ; il
existe 20 acides aminés différents.
Les propriétés d’une protéine dépendent du nombre et de l’ordre d’assemblage (= séquence)
des acides aminés : en effet, la séquence des AA conditionne la forme de la protéine qui
conditionne sa fonction biologique, qu’il s’agisse d’une protéine de structure ou d’une protéine
responsable de fonction fondamentale (anticorps, hémoglobine, enzymes digestifs, hormones...)

Séquence des AA Forme de la protéine  Fonction de la protéine

Une modification infime de la séquence (un AA à la place d’un autre) peut modifier la protéine
et donc le phénotype. Les maladies génétiques s’expliquent donc par la production de protéines
défectueuses.
→ Comment expliquer une anomalie dans la séquence des AA d’une protéine ?
Hypothèses :
par une anomalie de l’ADN
 par une anomalie au niveau de l’assemblage des AA oui
 par l’absence d’un AA (= maladie par carence)
Si la première hypothèse est valable, alors l’ADN normal est différent de l’ADN mutant.

II. La relation entre ADN et protéine

1. Quelques rappels sur la structure de l’ADN

L’ADN (ou acide désoxyribonucléique) est constitué de deux chaînes de nucléotides enroulées
en double hélice. Un nucléotide est composé d’un acide phosphorique, d’un sucre (le
désoxyribose) et de l’une des quatre bases azotées. Il existe donc quatre nucléotides différentes
selon la nature de leur base (adénine, guanine, cytosine et thymine) Ces bases sont
complémentaires : l’adénine ne peut se lier qu’avec la thymine, la guanine qu’avec la cytosine.
L’ADN est le support de l’information génétique. Elle réside dans la séquence des nucléotides.
Une molécule d’ADN, càd une chromatide, porte plusieurs centaines d’informations
différentes.
Chaque portion d’ADN contenant une information précise est qualifiée de gène. Un individu
est caractérisé par l’ensemble de ses allèles qui définit son génotype.

2. Comparaison des ADN normaux et mutants

La séquence des nucléotides de l’ADN gouverne la séquence des AA des protéines qui
gouvernent les propriétés de ces protéines.
ADN : ATA CGT ACT...
?
Protéines : AA AA AA

Propriétés de la protéine (structures, fonctions)

3. De l’ADN à la protéine

→ Comment un alphabet à quatre lettres peut-il coder pour 20 AA différents ?


Hypothèses :
 deux nucléotides correspondent à un AA (16 AA)
 trois nucléotides correspondent à un AA (64 AA)

Un système de correspondance entre nucléotides et AA


A un triplet de nucléotides correspond un AA et un seul. Ce système de correspondance est
appelé « Code Génétique ». Il est universel et redondant. Un même AA peut être codé par
plusieurs triplets de nucléotides différents.
Rq. Un triplet de nucléotides est aussi appelé codon.

La maîtrise du Code Génétique


Un système de correspondance, le Code génétique, explique que la séquence des nucléotides de
l’ADN gouverne la séquence des AA d’une protéine et donc les propriétés de cette protéine.
III. Des applications actuelles : des transferts de gènes ou transgénèse

La transgénèse repose sur l’universalité du Code Génétique et des mécanismes de la synthèse


des protéines.

Organisme donneur  VECTEUR  Organisme receveur


d’un gène (actuellement bactérie ou virus) d’un gène
Les organismes obtenus sont génétiquement modifiés (OGM).

1. En agriculture

Les objectifs de la création d’OGM sont variés :


amélioration des produits
 la protection (résistance) des plantes contre certains parasites (ex. le maïs transgénique pour
la lutte contre la pyrale)
Le développement des OGM est un enjeu économique important mais il est très contrôlé car il
faut envisager toutes les conséquences tant sur le plan de la santé que sur le plan de
l’environnement. C’est aujourd’hui un sujet de débat...

2. En médecine

- pour la production de médicaments


- la thérapie génique : un espoir pour le traitement de la mucoviscidose
Cependant, actuellement, cette technique présente des limites :
 l’effet thérapeutique est limité (seuls 3 à 5% des cellules pulmonaires intègrent le gène)
 l’effet est non durable (les protéines CFTR ne durent que 14 jours)
 la correction ne porte que sur la personne traitée et non sur sa descendance

IV. Complexité des relations entre le génotype et le phénotype

1. Un même phénotype peut correspondre à plusieurs génotypes

Certains caractères du phénotype ne dépendent que d’un seul gène (caractères monogéniques).
L’existence d’allèles défectueux du gène peut alors être la cause de maladies génétiques (ex.
mucoviscidose, myopathie de Duchenne).
Cependant, les caractères monogéniques, associés ou non à des maladies sont rares. La plupart
des caractères visibles dépendent de plusieurs gènes qui collaborent à la mise en place du
caractère concerné. Ils sont qualifiés de multigéniques (ou polygéniques).

⇒ Certains phénotypes macroscopiques résultent de processus biologique gouvernés par


plusieurs gènes.

2. L’influence de l’environnement

L’exemple de la drépanocytose
L’effet des allèles d’un gène peut dépendre de facteurs externes : les crises liées à la
drépanocytose peuvent être limitées, voire limitées en prenant certaines précautions. Il faut
beaucoup d’eau, de l’oxygène et pas de fièvre.

L’exemple de la phénylcétonurie
C’est une maladie génétique qui se traduit par de graves troubles mentaux chez l’enfant non
soigné et s’explique par l’impossibilité pour l’organisme d’utiliser un AA présent dans les
protéines que nous mangeons, la phénylalanine. Cet AA s’accumule dans le sang et se
transforme en substance toxique pour les cellules nerveuses, d’où les troubles constatés.
Le dépistage s’effectue systématiquement à la naissance grâce à un test simple, à partir d’une
goutte de sang du nouveau-né. Lorsque le test est positif, un régime alimentaire strict sans
phénylalanine est mis en place de façon à empêcher les lésions du cerveau à l’origine des
troubles.

⇒ La possession d’un allèle défectueux n’a pas toujours des conséquences inéluctables. L’effet
des allèles d’un gène peut dépendre de facteurs environnementaux.

3. Prédisposition génétique et maladies multifactorielles

Exemples :
cancer du sein
 infarctus du myocarde

L’existence de gènes de prédisposition est basée sur une observation statistique : les sujets qui
possèdent certains allèles développent cette maladie plus fréquemment que les autres mais
l’absence de ces allèles ne signifie pas que les individus ne présenteront pas la maladie...
De plus, de nombreux autres facteurs jouent un rôle dans la survenue des maladies. Ils peuvent
être protecteurs ou au contraire défavorables (modes de vie, alimentation, stress, pratique d’un
sport, consommation de tabac ou d’alcool...)

⇒ La réalisation du phénotype est donc complexe. Tout caractère dépend des gènes mais aussi
de nombreux autres facteurs comme l’interaction entre plusieurs gènes, l’influence
environnementale, alimentaire...

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