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INSTITUTIONS ADMINISTRATIVES

LA NOUVELLE ORGANISATION TERRITORIALE DE LA REPUBLIQUE

Aujourd’hui, la France compte quatre échelons administratifs locaux qui se partagent des
compétences : la commune, l’intercommunalité, le département et la région. Cet empilement
des échelons d’administration, les compétences partagées et les financements croisés sont
souvent résumés par l'expression "millefeuille territorial". Cette organisation est souvent
illisible pour le citoyen et nuit à l’efficacité de l’action publique des territoires.
"L'acte III de la décentralisation", à travers la nouvelle organisation territoriale de la
République, vise à moderniser l'action publique, à clarifier les responsabilités entre l'État et
les collectivités locales, et entre les collectivités elles-mêmes.

Cette réforme revient, en grande partie, sur la réforme des collectivités territoriales adoptée
sous la présidence de Nicolas Sarkozy, et va transformer pour plusieurs décennies
l'architecture territoriale actuelle de la République. Les enjeux sont la baisse des dépenses
publiques, une meilleure répartition des moyens et compétences sur les territoires, et une
meilleure prise en compte des besoins des citoyens.

Les réformes mises en place depuis 2013 portent principalement sur trois grands volets :
 Un premier volet réforme les modes de scrutin et les élections des conseillers
départementaux, régionaux, municipaux et intercommunaux.
 Un second volet concerne la mise en place des métropoles et la clarification des
compétences des collectivités territoriales.
 Un troisième volet de la réforme vise à réduite le nombre de régions sur le territoire et à
clarifier les compétences entre les différents échelons territoriaux (régions,
départements, communes, intercommunalités, métropoles).

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Les grandes étapes de la réforme territoriale :

17/05/2013 : loi 15/01/2015 :


qui modifie le le Conseil
calendrier constitutionnel
électoral et les a validé la
élections des 25/11/2014 : nouvelle carte
conseillers adoption par territoriale à
municipaux et l'Assemblée 13 régions, et
intercommu- nationale du le calendrier des
naux et les premier volet élections
élections de la nouvelle départementale
départemen- réforme s et régionales
tales territoriale

27/01/2014 : 16/12/2014 :
loi MAPAM qui le Sénat entame
institue des ses travaux sur
conférences le projet de loi
territoriales portant
de l'action nouvelle
publique, organisation de
et des la République
métropoles de (NOTRe)
droit commun
(et à statut
particulier)

I. LA RÉFORME DES MODES DE SCRUTIN

La réforme de 2010 avait créé un nouvel élu, le conseiller territorial, qui devait siéger à la
fois au conseil général et au conseil régional. Les premières élections de ce conseiller
territorial étaient prévues en mars 2014. Le président François Hollande a supprimé le
conseiller territorial et restauré les précédents conseillers régionaux et départementaux
(anciens conseillers généraux) ainsi que les élections régionales et départementales
(auparavant nommées cantonales). La loi du 17 mai 2013 relative à l'élection des conseillers
départementaux, des conseillers municipaux et des conseillers intercommunaux, réforme les
modes de scrutin des élections municipales et cantonales (rebaptisées « départementales »),
ainsi que le mode de désignation des conseillers des intercommunalités.

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A. Une nouvelle loi relative à l'élection des conseillers
départementaux

Un nouveau mode de scrutin est institué pour les élections départementales : les
conseillers départementaux remplaceront les actuels conseillers généraux. Chaque canton
désignera une femme et un homme pour conseillers départementaux.

Ces projets s’inscrivent dans le cadre des objectifs définis par le président de la République
lors des Etats généraux de la démocratie territoriale, en privilégiant, pour les élections
départementales, un mode de scrutin qui permette à la fois de conserver l’ancrage territorial
des élus tout en améliorant leur représentativité, et de poursuivre l’objectif de parité au sein
des assemblées départementales, qui ne comptent aujourd’hui que 13,8 % de femmes.
Lors du prochain renouvellement général, deux conseillers départementaux seront élus dans
chaque canton, au scrutin majoritaire à deux tours. Les candidats, constitués en binôme, se
présenteront devant le suffrage. Chaque binôme devra être composé d’une femme et d’un
homme.

La circonscription électorale pour l'élection des conseillers départementaux est le canton.


La carte cantonale de chaque département a été modifiée afin de permettre l’élection de deux
conseillers départementaux par canton, et d’améliorer leur représentativité démographique.
Près des trois cinquièmes des cantons n'avaient pas connu de modification de leurs limites
géographiques depuis 1801. Il était donc nécessaire de doter l’échelon départemental de
bases démocratiques adaptées à la France d’aujourd’hui.

B. Une nouvelle loi relative à l'élection des conseillers


municipaux et intercommunaux

De nouvelles dispositions concernent également le scrutin municipal et intercommunal


puisque la loi du 17 mai 2013, relative à l’élection des conseillers municipaux et des
conseillers communautaires (dite loi « Valls »), organise l’élection au suffrage universel
direct des conseillers communautaires. A partir de mars 2014, dans les communes de plus de
1 000 habitants, ils sont désignés directement par les citoyens. Le texte introduit ainsi un
système de fléchage des noms des candidats communautaires.

C. Une modification du calendrier électoral

La loi du 17 mai 2013 relative à l'élection des conseillers départementaux, des conseillers
municipaux et des conseillers intercommunaux, modifie également le calendrier électoral.
Les élections des conseillers départementaux, qui succèdent aux conseillers généraux, et les
élections régionales devaient initialement être organisées en mars 2014, soit la même année

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que les élections municipales, européennes et sénatoriales. Une telle concentration de
scrutins la même année aurait risqué de nuire à la participation électorale : pour cette raison,
le projet de loi aménage le calendrier électoral en repoussant la tenue des élections
départementales et régionales à 2015.

Voici un tableau récapitulatif qui permet de mieux appréhender les modifications apportées
par la loi du 17 mai 2013 et les autres dispositions visant à préciser les modes de scrutin et
les dates d'élection :

Avant la réforme Après la réforme de mai 2013

Élections municipales

 Commune de moins de 3 500 habitants :  Commune de moins de 1 000 habitants :


scrutin majoritaire plurinominal. scrutin majoritaire plurinominal.
 Commune de plus de 3 500 habitants :  Commune de plus de 1 000 habitants :
scrutin proportionnel de liste avec prime scrutin proportionnel de liste avec prime
majoritaire de 50 % des sièges. majoritaire de 50 % des sièges.

Désignation des délégués communautaires Élection des conseillers communautaires

 Commune de moins de 1 000 habitants :


Les délégués de la commune au conseil de les membres du conseil municipal sont
l'intercommunalité sont élus par le conseil conseillers communautaires dans l'ordre
municipal en son sein. du tableau.
 Commune de plus de 1 000 habitants : les
conseillers communautaires sont élus lors
des élections municipales, en même
temps et sur la même liste de candidats
que les conseillers municipaux (scrutin
fléché).
Élections cantonales Élections départementales
Scrutin uninominal majoritaire à deux tours. Scrutin binominal majoritaire à deux tours.
Un candidat peut se maintenir au second tour s'il Les candidatures sont déposées sous la forme
atteint 12,5 % des inscrits (ou, si moins de deux d'un binôme femme-homme. Un binôme peut
candidats atteignent ce seuil, les deux candidats se maintenir au second tour s'il atteint 12,5 %
arrivés en tête). Le conseil général est des inscrits (ou, si moins de deux binômes
renouvelé par moitié tous les trois ans. atteignent ce seuil, les deux binômes arrivés
en tête). Le conseil général est renouvelé
La réforme de 2010 prévoyait le même type de intégralement tous les six ans. Les prochaines
scrutin pour l'élection du conseiller territorial, élections sont prévues en mars 2015.
avec un renouvellement intégral tous les six ans.
Les prochaines élections étaient fixées pour
2014.

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Élections régionales
Scrutin proportionnel de liste avec prime Scrutin proportionnel de liste avec prime
majoritaire d'un tiers des sièges. majoritaire d'un quart des sièges.
Le conseil régional est renouvelé intégralement Le conseil régional est renouvelé
tous les six ans. La réforme de 2010 prévoyait intégralement tous les six ans. Les prochaines
que les conseillers territoriaux siègent élections sont prévues en décembre 2015.
également au conseil régional. Les prochaines Les régions se réduisant à 13, l'effectif du
élections étaient fixées pour 2014. conseil régional et le nombre de candidats par
section départementale seront fixés par décret
en Conseil d'Etat avant le prochain
renouvellement général.

A noter : par sa décision du 15 janvier 2015, le Conseil constitutionnel valide la loi relative
à la délimitation des régions, aux élections régionales et départementales et modifiant le
calendrier électoral. Le renouvellement général des conseils régionaux aura lieu sur la base
er
des nouvelles circonscriptions liées à la création des nouvelles collectivités, au 1 janvier
2016. En métropole, 13 présidents de région seront élus en lieu et place des 22 actuels pour
une durée de six ans.
Le mandat des conseillers régionaux élus en décembre 2015 prendra fin en 2021. Le scrutin
de liste, dont les dates seront fixées par décret, se déroulera dans le cadre de sections
départementales.

II. LA MISE EN PLACE DES METROPOLES ET DES


CONFERENCES TERRITORIALES DE L'ACTION PUBLIQUE

A. La création des métropoles


Au cœur de la réforme territoriale figure l’affirmation des métropoles. Un premier volet a
déjà été adopté le 27 janvier 2014 avec la loi dite de modernisation de l’action publique
territoriale et d’affirmation des métropoles. La création d'un nouveau statut pour ces
dernières amorcera une vraie clarification de l’exercice des compétences au niveau local.

Les métropoles auront pour objectif de renforcer les territoires de la République en œuvrant
au redressement économique du pays.
Le 1er janvier 2015, ont vu le jour les métropoles de Rennes, Bordeaux, Toulouse, Nantes,
Brest, Lille, Rouen, Grenoble, Strasbourg et Montpellier. La France poursuit donc son effort
de décentralisation en donnant aux territoires des compétences accrues.

Trois métropoles auront un statut spécifique : Lyon, Le Grand Paris et Aix-Marseille-


Provence :

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 Créée le 1er janvier 2015, la métropole de Lyon est une collectivité territoriale à part
entière et dispose d’un statut particulier. Elle remplace la communauté urbaine de Lyon
et exerce sur son périmètre les compétences du département du Rhône.
 Celles du Grand Paris et d'Aix-Marseille-Provence verront le jour au 1er janvier 2016.
Ces nouvelles entités auront plus de pouvoir et interviendront dans la voirie
départementale, les transports scolaires et la promotion internationale du territoire.

B. La mise en place des conférences territoriales de


l'action publique
La loi du 27 janvier 2014 de modernisation de l'action publique territoriale et d'affirmation
des métropoles, dite « loi MAPAM », vise à clarifier les compétences des collectivités
territoriales en créant des « conférences territoriales de l'action publique » (CTAP), organes
de concertation entre les collectivités.

Dans chaque région, la conférence territoriale de l’action publique (CTAP), présidée par le
président du conseil régional, est chargée de favoriser un exercice concerté des compétences
des collectivités territoriales, de leurs groupements et de leurs établissements publics.
Elle peut débattre et rendre des avis sur tous les sujets relatifs à l’exercice de compétences et
à la conduite de politiques publiques nécessitant une coordination ou une délégation de
compétences entre les collectivités territoriales et leurs groupements.

Elle examine chaque projet de convention territoriale d’exercice concerté. Sa composition a


été allégée par les parlementaires. Elle comprendra :
 le président du conseil régional,
 les présidents des conseils départementaux,
 les présidents des EPCI de plus de 30 000 habitants ayant leur siège sur le territoire de
la région ;
 un représentant élu des EPCI de moins de 30 000 habitants ayant leur siège sur le
territoire de chaque département ;
 un représentant élu des communes de plus de 30 000 habitants de chaque département ;
 un représentant élu des communes comprenant entre 3 500 et 30 000 habitants de
chaque département ;
 un représentant élu des communes de moins de 3 500 habitants de chaque département.

Une conférence territoriale de l'action publique s'est déroulée à Nantes fin 2014, et les Pays
de la Loire ont demandé à titre expérimental de nouvelles compétences notamment en
matière de développement économique, d'emploi, et de biodiversité.

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III. LA NOUVELLE ORGANISATION TERRITORIALE

A. Une nouvelle carte à 13 régions au lieu de 22


Le Conseil constitutionnel a validé la loi relative à la délimitation des régions, aux élections
régionales et départementales et modifiant le calendrier électoral le 15 janvier 2015. Cette
carte à 13 régions, avait été adoptée, le 23 juillet, par l'Assemblée en première lecture. Le 30
octobre 2014, les sénateurs avaient de leur côté voté pour une carte à 15 régions en
rétablissant l'autonomie de l'Alsace, du Languedoc-Roussillon et de Midi-Pyrénées. Lors du
vote solennel du 25 novembre, les députés ont adopté définitivement la carte à 13 régions.

Cette nouvelle carte acte le passage de 22 à 13 régions françaises pour le 1er janvier 2016.

Sept groupes de régions rattachées seront constitués :


 Alsace, Lorraine et Champagne-Ardenne,
 Nord-Pas-de-Calais et Picardie,
 Bourgogne et Franche-Comté,
 Haute-Normandie et Basse-Normandie,
 Rhône-Alpes et Auvergne,
 Midi-Pyrénées et Languedoc-Roussillon,
 Aquitaine, Limousin et Poitou-Charentes.

Six régions resteront inchangées :


 Bretagne,
 Pays de la Loire,
 Centre,
 Ile-de-France,
 Provence-Alpes-Côte d'Azur,
 Corse.

A noter : le nom et le chef-lieu définitifs des nouvelles régions seront fixés par décret en
Conseil d’État pris avant le 1er octobre 2016.
L’effectif du conseil régional et le nombre de candidats par section départementale pour
l’élection du nouveau conseil régional seront fixés par décret en Conseil d’État avant le
prochain renouvellement général. Ils sont déterminés selon deux règles posées par la loi :
 L’effectif du conseil régional est égal à la somme des effectifs des conseils régionaux
des régions regroupées ;
 Le nombre de candidats par section départementale est déterminé en fonction de la
population de chaque département à la représentation proportionnelle suivant la règle du
plus fort reste. À ce nombre sont ajoutés, pour chaque section départementale, deux
candidats.

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Voici la carte correspondant aux treize nouvelles régions françaises (source : ministère de
l'Intérieur).

B. Une taille critique pour les structures


intercommunales
La réforme renforcera parallèlement les intercommunalités afin que la nouvelle architecture
territoriale repose sur un couple région / intercommunalités. Les intercommunalités devront
disposer d’une taille critique (20 000 habitants au 1er janvier 2017 contre 5 000 auparavant)
et seront organisées autour de bassins de vie (des solutions spécifiques seront prévues pour
les territoires faiblement peuplés et les zones de montagne). Les intercommunalités seront
ainsi en mesure de mieux mutualiser leurs actions, d’assurer de nouvelles compétences de
proximité et d’offrir aux citoyens les services publics de qualité qu’ils attendent.

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C. Une redéfinition des compétences à l'échelle
territoriale
La loi du 27 janvier 2014 rétablit la clause de compétence générale des départements et des
régions : cette question relative à la clause générale de compétences actuellement en partie
remise en cause car la nouvelle organisation territoriale s'accompagnera de nouvelles
compétences pour les régions.
Acteurs clés du redressement économique du pays, les régions seront renforcées en passant
de 22 à 13. Elles seront de taille équivalente aux autres régions européennes et seront ainsi
capables de bâtir des stratégies territoriales.
A ce titre, les régions disposeront de compétences stratégiques élargies et d’outils pour
accompagner la croissance des entreprises. Elles devraient être dotées de nouvelles
compétences et notamment devenir les seules compétentes pour porter les politiques de
formation et d’emploi, pour intervenir en matière de transports, des trains régionaux
aux bus en passant par les routes, les aéroports et les ports. Elles géreront les lycées et
les collèges. Elles auront en charge l’aménagement et les grandes infrastructures.

Cette réforme aura aussi un impact sur les départements qui verront leurs compétences
diminuer (au profit des intercommunalités et des régions). Dans ce nouveau contexte et
jusqu’en 2020, les conseils départementaux verront leur action recentrée sur leurs
compétences essentielles (compétences sociales, soutien aux communes, notamment dans
les zones rurales, financement des services d’incendie et de secours). Concernant l'avenir
des conseils départementaux, trois solutions seront possibles (en fonction des situations
existantes) :

 Dans les départements dotés d’une métropole (comme Lyon, par exemple), la fusion des
deux structures pourra être retenue.
 Lorsque le département compte des intercommunalités fortes, les compétences
départementales pourront être assumées par une fédération d’intercommunalités.
 Enfin, dans les départements (notamment ruraux où les communautés de communes
n’atteignent pas la masse critique), le conseil départemental sera maintenu, avec des
compétences clarifiées.

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