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Il est assez affligeant d’avoir à rappeler ces évidences, mais les orientations actuelles de la
thanatologie sont de plus en plus infiltrées par les préoccupations pratiques des
professionnels de la mort (accompagnateurs, infirmières, thanatopracteurs, agence de
pompes funèbres, agents des funérariums) et de plus en plus dépendantes 8 à la fois dans
les thématiques et les problématiques – des demandes sociales liées aux « questions de la
fin de vie » (euthanasie, mort douce, mort digne) et aux questions de l’accueil des
personnes confrontées à la mort (SOS suicide, soutien aux endeuillés, stage de formation
pour unité de soins palliatifs). Cette orientation praxéologique ne peut pas ne pas entraîner
une inquiétante dérive de l’anthropologie de la mort, dont Louis-Vincent Thomas fut l’un des
principaux représentants [9], vers une sorte d’activité de grande surface (par exemple La
Samaritaine où l’on trouverait tous les articles sur la mort…), qui deviendrait prestataire de
services pour les divers décideurs dans les institutions où se gère la mort et les morts, ou
une sorte d’assistance généralisée à l’expertise pour les experts spécialisés que sont les
anesthésistes, experts de la réanimation, les psychanalystes, experts du deuil, les
gérontologues, experts du bien vieillir, les accompagnateurs, experts du bien mourir, les
prêtres, experts du monopole du salut de l’âme, les « expérienceurs », experts des
expériences de mort imminente (NDE) ou des expériences de sortie du corps (OBE), sans
compter l’immense cohorte des experts du bavardage idéologique sur la mort qui fleurit
aujourd’hui sur le terreau des « nouvelles spiritualités ».
Dans ce contexte la sociologie de la mort est elle-même travaillée par l’idéologie du terrain,
de l’objectivité, de la division du travail, du chiffre, de la « validation des résultats » et tout ce
qui fait la doxa de la sociologie académique, laquelle s’imagine qu’il existe une méthode
standard pour aborder tous les « objets sociologiques », quels qu’ils soient. La sociologie de
la mort, oubliant de plus en plus son héritage philosophique et anthropologique, oscille ainsi
sans cesse entre la banalisation et la scotomisation, le tout évidemment sur fond de
parcellisation infinie des tâches. La mort est alors une mort en miettes, objet d’un
morcellement disciplinaire désastreux, ce contre quoi Louis-Vincent Thomas s’est battu
toute sa vie [10]. Banalisation, puisque les « objets d’étude » que les sociologues
consentent encore à étudier sont soit à la périphérie de la mort (les testaments, les
successions, les faire-part de décès, les inscriptions mortuaires, les mots de la mort), soit
d’une trivialité à toute épreuve (le coût économique des morts, le marché des obsèques, les
représentations de la mort [11], les lieux de mort). Scotomisation massive, d’autre part,
puisque dans leur immense majorité les différentes sociologies générales ou sectorielles
ignorent purement et simplement cette réalité anthropologique universelle qu’est la mort. On
le sait bien, les sociologues ne meurent point, mais leurs œuvres sont immortelles ! Qu’on
veuille bien consulter les traités de sociologie, que l’on s’amuse à parcourir les tables des
matières et les index thématiques des ouvrages princeps des sociologues canoniques [12],
on n’y trouvera jamais mentionnés, ou alors à dose infinitésimale, les items mort ou mourir.
Diverses rubriques étudient la ville, le travail, l’entreprise, la famille, les partis politiques, les
associations, le racisme, la culture, le corps, la connaissance, la science, l’art, et même le
sport, mais la mort, elle, est massivement absente. Etrange cécité pour l’école française de
sociologie qui se réclame du Suicide de Durkheim. Etrange lacune pour les théoriciens qui
prétendent expliquer l’ordre social, les champs sociaux, les interactions sociales, les
institutions sociales, etc, d’autant que les multiples ouvrages de vulgarisation ne dérogent
pas à la règle [13] . Même un théoricien aussi remarquable que Cornélius Castoriadis,
pourtant familier de la psychanalyse, scotomise complètement la transversalité
institutionnelle de la mort. « L’institution de la société, écrit-il, est chaque fois institution d’un
magma de significations imaginaires sociales, que nous pouvons et devons appeler un
monde de significations. Car c’est la même chose de dire que la société institue chaque fois
le monde comme son monde ou son monde comme le monde, et de dire qu’elle institue un
monde de significations, qu’elle s’institue en instituant le monde de significations qui est le
sien […]. Ce qui permet de la [la société] penser dans son eccéité, comme cette société-ci
et pas une autre, c’est la particularité ou la spécificité de son monde de significations en tant
qu’institution de ce magma de significations imaginaires sociales, organisé ainsi et non
autrement » [14]. Or, s’il est bien un magma de significations – scientifiques, politiques,
religieuses, mythologiques, eschatologiques, esthétiques, etc., qui fait monde et qui donne
sens à tous les mondes possibles, c’est bien la mort. Dans toutes les sociétés humaines la
mort articule en effet de manière très complexe les divers mondes des vivants (qui sont
aussi des héritiers ou des descendants), les divers mondes des futurs vivants (des êtres à
naître) avec les divers mondes des morts (des ancêtres) et les divers mondes des futurs
morts (des êtres à mourir), et ceci à travers toute une série de mondes intermédiaires
(morts-vivants, fantômes, esprits, âmes errantes, etc.) [15] . Il n’en est donc que plus
troublant de constater l’abyssale absence de la mort dans la quasi-totalité des théories de la
société. S’il est bien en effet un « ait social total » c’est la mort, aussi est-il toujours étonnant
de remarquer que les grands systèmes explicatifs de la sociologie l’ont à peu près
complètement évacuée, ce qui ne manque pas d’interroger leurs capacités effectives de
compréhension du fait social. Seules les sociologies critiques, comme le remarque Patrick
Baudry [16], ont su accueillir la dimension existentielle, c’est-à-dire réellement humaine, de
la mort, soit en contestant les diverses formes de la thanatocratie, soit en critiquant
l’économie politique de la mort et les idéologies mortifères du capitalisme, soit enfin en
soulignant la nécessité de pacifier notre rapport à la mort pour humaniser la société [17]. Si
la sociologie de la mort n’est admise qu’à la marge – on pourrait d’ailleurs en dire autant,
avec des nuances, de la sociologie de la sexualité qui elle aussi ne semble pas concerner
les sociologues établis, véritables anges de la pensée – c’est sans doute parce que la mort
fait voler en éclat la fiction de l’objectivisme sociologique qui tient lieu aujourd’hui
d’épistémologie minimale pour les différentes variables du positivisme.
Une des premières évidences à rappeler est que la sociologie de la mort n’a pas de
« terrain » privilégié (champ ou territoire), comme par exemple la sociologie des entreprises,
l’ethnologie des banlieues ou l’ergonomie du sport, puisqu’elle explore des horizons de sens
qui jamais ne se laissent assigner à des lieux réels ou symboliques, mais qui débordent
sans cesse toute forme de lieux, la mort étant le hors-lieu par excellence. La mort n’est ni
dans les cimetières, ni dans les églises, ni dans les hôpitaux, ni dans les morgues, ni dans
les charniers, ni dans les tranchées, ni dans les mouroirs, ni sur les autoroutes. Elle est
partout et nulle part, comme le rappelait Louis-Vincent Thomas dans un texte magnifique
qui mériterait d’être réédité. « Nulle part en tant qu’essence, puisqu’elle n’est que coupure,
béance, transition entre le vivant et la cadavre. Jamais isolée sur un territoire spécifique,
elle est incernable au niveau du temps : il n’y a pas un instant du décès. Et l’on meurt
toujours par degrés, car la mort est un processus, et par morceaux ou par organes,
progressivement. Justement, en tant que processus, la mort réside partout dans le flux vital
[…]. En tant qu’elle se retrouve partout au cours de l’existence, elle est au cœur du discours
dans l’art, la philosophie, la religion, la biologie et la médecine […]. En tant qu’elle est nulle
part elle cesse d’être un objet empirique : ce n’est qu’un point insaisissable dont on ne peut
rien dire sinon qu’il y a un avant (vieillesse, agonie, coma) et un après (rites funéraires,
cultes des morts et des ancêtres, deuil). La mort, à la limite, n’est pas. Seuls existent ceux
qui tuent, ceux qui vont mourir, meurent et sont déjà morts » [18]. La sociologie de la mort
n’a pas non plus d’ « objets » répertoriés comme tels – comme on parle de l’ « objet » de la
sociologie et de ses « objets d’étude » puisque la mort transcende toute forme d’objet et
d’objectivation et finit par détruire tous les objets possibles. En tant que réalité inscrite dans
le temps et même forme visible de l’altération dans et par le temps, la mort ne peut pas non
plus être conçue comme une collection d’ « objets de recherche » stables, repérés et
catégorisés, puis que la mort est hors catégorie, ce qui bouleverse évidemment les
catégories traditionnelles de la sociologie (champs, systèmes, habitus, paliers en
profondeur, interactions, rapports, acteurs, etc.). « Dans le Non absolu de cet indicible, écrit
Vladimir Jankélévitch, toutes les déterminations positives se trouvent nihilisées. Les
catégories servent à classer ou à ordonner abstraitement certaines déterminations suivant
les questions qu’on peut poser à leur sujet ; mais la mort de quelqu’un est un événement
dépareillé et unique en son genre, une monstruosité solitaire ; cette inclassable, cette
incomparable négation de l’être-propre est sur un tout autre plan que le reste et sans
commune mesure avec le reste. En nous obligeant sur chaque point à passer à la limite, la
nihilisation absolue fait éclater toutes les formes catégorielles […]. La mort n’entre pas dans
une catégorie abstraite préexistante comme une espèce entre dans un genre à côté des
autres espèces du même genre, ou comme une expérience singulière entre dans une
espèce à côté des autres expériences de la même espèce ; la mort est sans commune
mesure avec les autres événements de la continuation, puisqu’elle étrangle cette
continuation elle-même : la mort est d’un autre ordre, d’un autre monde, sur un tout autre
plan, à une toute autre échelle ». [19] Cette impossibilité d’assigner la mort à une
quelconque forme de catégorisation met à mal, on s’en doute, toutes les taxinomies et
classifications, tous les schémas d’intelligibilité et repères logiques, toutes les labellisations
et désignations, tous les codes et signifiants, puisque la mort est disparition de toute
délimitation des signifiés, dispersion des traces, néantisation radicale des formes,
nihilisation de toute construction (fût-elle sociale) et même de toute déconstruction (fût-elle
postmoderne). La mort est la force absolue de décloisonnement (des disciplines, des
terrains, des spécialités), la puissance infinie de destruction des limites, de transgression
des frontières, de dissolution de toute forme d’ordre, surtout lorsque celui-ci se présente
sous l’aspect méthodologique d’une grille de lecture. La mort est par excellence la négation
de tout contenu et de tout contenant. « La mort, écrit encore Vladimir Jankélévitch, n’est
plus transformation, c’est-à-dire passage d’une forme à une autre forme et modification des
modes, mais abolition de tous les modes et passage de la forme à l’absence de toute
forme ; avènement de l’informe sinon du difforme […]. Le passage de tout à rien ou (ce qui
revient au même) le changement de tout au tout n’est plus l’avènement d’un autre ordre : ce
[2] Voir Pierre Bourdieu, Les Usages sociaux de la science. Pour une sociologie clinique du
champ scientifique, Paris, Ed. INRA, 1997, p. 49 : « Le premier acte d’une science sociale
réellement scientifique consistera à prendre pour objet d’analyse la construction sociale des
objets d’étude proposés par les instances étatiques à la sociologie – par exemple,
aujourd’hui, la délinquance, les « banlieues », la drogue, etc. – et les catégories d’analyse
qui vont avec et qui sont mises en œuvre sans problème par les grandes institutions de
recherche étatique ».
[3] Pitirim Sorokin, Tendances et déboires de la sociologie américaine, Paris, Aubier, 1959,
pp. 378 et 379. La préface de Georges Gurvitch montre bien que la « platitude
sociologique » n’a pas épargné la sociologie française (ibid., p. 5). Georges Devereux, De
l’angoisse à la méthode dans les sciences du comportement, Paris, Flammarion, 1980, a lui
aussi disséqué la fiction du « rat statistique » qui prévaut dans une certaine psychologie
expérimentale. Pour une critique de l’empirisme sociologique on se reportera aussi au texte
classique de Theodor W. Adorno, « Sociologie et recherche empirique », in De Vienne à
Francfort, la querelle allemande des sciences sociales (textes de T. W. Adorno, K. Popper,
R. Dahrendorf, J. Habermas, H. Albert, H. Pilot), Bruxelles, Complexe, 1979 ; voir
également Lucien Goldmann, Sciences humaines et philosophie, Paris, Denoël-Gonthier,
1978.
[4] Sur cette notion, voir Vladimir Jankélévitch, La Mort, Paris, Flammarion, 1977.
[5] Voir Louis-Vincent Thomas, La Mort, P.U.F., 1988, qui fournit de nombreuses données
chiffrées. Celles-ci ne prennent sens toutefois que dans le cadre d’une herméneutique
générale de la mort, du mourir et de l’après-mort.
[6] Voir Vladimir Jankélévitch, Penser la mort ?, Paris, Liana Lévi, 1994.
[7] Martin Heidegger, Être et Temps, Paris, Gallimard, Paris, 1986, p. 292.
[8] Voir Philippe Ariès, L’Homme devant la mort, Paris, Seuil, 1977 ; Michel Vovelle, La Mort
et l’Occident de 1300 à nos jours, Paris, Gallimard, 1983 ; Rites de la Mort (sous la direction
de Jean Guiart), Paris, Musée de l’Homme, 1978 ; Les hommes et la mort. Rituels
funéraires à travers le monde (textes rassemblés et présentés par Jean Guiart), Paris, Le
Sycomore, 1979 ; Eliane Gorges, Voyages de la mort, Paris, Berger-Levrault, 1982 ; Louis-
Vincent Thomas, Rites de mort. Pour la paix des vivants, Paris, Fayard, 1985 ; Rituels de
deuil, travail de deuil, Grenoble, La Pensée Sauvage, 1995, avec notamment les articles de
[10] Louis-Vincent Thomas, La Mort en question. Traces de mort, mort des traces, Paris,
L’Harmattan, 1991, en particulier le chapitre 2 : « Vers une thanatologie ».
[11] Les représentations de la mort étudiées par les sociologues contemporains touchent
essentiellement aux représentations et figurations iconographiques ou photographiques
publicitaires, religieuses, médiatiques, etc. – de la mort, alors que Robert Hertz,
« Contribution à une étude sur la représentation collective de la mort », in Sociologie
religieuse et folklore, Paris, P.U.F., 1970, étudie « l’ensemble des croyances relatives à la
mort et des pratiques funéraires » (p. 2). Petite nuance…
[12] Je ne citerai ici que quelques auteurs consacrés : Georges Gurvitch, La vocation
actuelle de la sociologie, deux tomes, Paris, P.U.F., 1968 et 1969 ; Traité de sociologie
(sous la direction de Georges Gurvitch), deux tomes, Paris, 1968 ; Alain Touraine,
Production de la société, Paris, Seuil, 1973 ; Pierre Bourdieu, La distinction. Critique sociale
du jugement, Paris, Minuit, 1979 ; Pierre Bourdieu, Le sens pratique, Paris, Minuit, 1980 ;
Raymond Boudon et François Bourricaud, Dictionnaire critique de la sociologie, Paris,
P.U.F., 1982 ; Traité de sociologie (sous la direction de Raymond Boudon), Paris, P.U.F.,
1992 ; Peter Berger et Thomas Luckmann, La Construction sociale de la réalité, Paris,
Méridiens Klinksieck, 1992.
[13] Voir par exemple Jean-Pierre Durand et Robert Weil, Sociologie contemporaine, Vigot,
Paris, 1989 ; Danilo Martucelli, Sociologie de la modernité, Gallimard, Paris, 1999.
[14] Cornélius Castoriadis, L’institution imaginaire de la société, Paris, Seuil, 1975, pp. 480
et 481.
[15] Voir par exemple Lucien Lévy-Bruhl, L’Âme primitive, Paris, P.U.F., 1996, notamment
toute la deuxième partie : « La vie et la mort de l’individu », « La survie des morts »,
« Dualité et bi-présence des morts », « La condition des morts et leur fin », « La
réincarnation ». Voir aussi Louis-Vincent Thomas, Cinq essais sur la mort africaine, Dakar,
Publications de la Faculté des Lettres et Sciences Humaines, 1968.
[16] Patrick Baudry, La place des morts. Enjeux et rites, Paris, Armand Colin, 1999.
[17] Voir notamment Edgar Morin, L’homme et la mort, Paris, Seuil, 1970 ; Jean Ziegler, Les
Vivants et la mort, Paris, Gallimard, 1976 ; Jean Baudrillard, L’Echange symbolique et la
mort, Paris, Gallimard, 1976 ; Louis-Vincent Thomas, Mort et pouvoir, Paris, Payot, 1978.
[18] Louis-Vincent Thomas, La mort aujourd’hui, Paris, Editions du Titre, 1988, pp. 13 et 14.
[21] Voir la brillante thèse de Magali Uhl, Á l’épreuve du sujet. Éléments de métasociologie
de la recherche, Université Paris I, Panthéon-Sorbonne, décembre 2000. Edmund Husserl,
La Crise des sciences européennes et la phénoménologie transcendantale, Paris,
Gallimard, 1976, a souligné l’importance constituante du Lebenswelt dans la connaissance
scientifique qui procède toujours de la subjectivité transcendantale : « Seule une question-
en-retour radicale sur la subjectivité, j’entends sur la subjectivité qui rend possible de façon
ultime toute validité-du-monde avec son contenu, et ce dans toutes les modalités pré-
scientifiques et scientifiques, question qui porte également sur le quoi et sur le comment des
performances rationnelles, peut rendre compréhensible la vérité objective et atteindre
l’ultime sens d’être du monde. Ce n’est donc pas l’être du monde dans son évidence sans
question qui est en soi ce qu’il y a de premier, et il ne suffit pas de poser simplement la
question de ce qui lui appartient objectivement ; ce qui est premier en soi est au contraire la
subjectivité et ce en tant qu’elle pré-donne naïvement l’être du monde, puisqu’elle
rationalise, ou, ce qui revient au même, qu’elle l’objective » (p. 80).
[24] Voir Emmanuel Lévinas, Dieu, la Mort et le Temps, Paris, Grasset, 1993.
1988, p. 16.
[26] Hans Jonas, Le Phénomène de la vie. Vers une biologie philosophique, Bruxelles, De
Boeck, 2001, p. 20.
[28] Par exemple dans le sport contemporain qui justifie les prises de risques mortels
(toxicomanie sportive, sports extrêmes, violences mortifères) au nom du « dépassement
infini des limites ». Dans cette course à la performance la mise en jeu de sa vie est l’enjeu
du jeu avec la mort. Voir Patrick Baudry, Le corps extrême. Approche sociologiques des
conduites à risques, Paris, L’Harmattan, 1991 et Jean-Marie Brohm, Les meutes sportives.
Critique de la domination, Paris, L’Harmattan, 1993, notamment le chapitre 12 : « Figures
sportives de la mort ».
[29] Michel Henry, Incarnation. Une philosophie de la chair, Paris, Seuil, 2000, p. 177. Voir
aussi Georg Simmel, « Die Transzendenz des Lebens », in Lebensanschauung. Vier
metaphysische Kapitel, Berlin, Duncker et Humblot, 1994.
[30] Voir par exemple Platon, Phédon, in Apologie de Socrate, Criton, Phédon, Paris, GF-
Flammarion, 1965 ; Ludwig Feuerbach, Pensées sur la mort et sur l’immortalité, Paris,
Pocket 1997 ; Arthur Schopenhauer, Le Monde comme volonté et comme représentation,
Paris, P.U.F., 1996, notamment le chapitre intitulé : « De la mort et de ses rapports avec
l’indestructibilité de notre être en soi » ; Max Scheler, Mort et survie, Paris, Aubier, 1952 ;
Hans-Georg Gadamer, Langage et vérité, Paris, Gallimard, 1995, le chapitre intitulé « La
mort comme question » ; Ernst Bloch, Le Principe Espérance, Paris, Gallimard, Tome III :
Les images-souhaits de l’Instant exaucé, 1991, notamment le chapitre 52 : « Le soi et la
lampe funéraire ou les images qu’oppose l’espérance à la puissance de l’anti-utopie par
excellence : la mort ».
[31] Edgar Morin, Sociologie, Paris, Fayard, 1984, p. 22. Pour une critique philosophique
radicale du scientisme, voir Michel Henry, La Barbarie, Paris, Grasset, 1987.