You are on page 1of 10

Bulletin de l'Association de

géographes français

L'étude des réseaux hydrographiques


Philippe Pinchemel

Citer ce document / Cite this document :

Pinchemel Philippe. L'étude des réseaux hydrographiques. In: Bulletin de l'Association de géographes français, N°208-209,
27e année, Mars-avril 1950. pp. 72-80;

doi : https://doi.org/10.3406/bagf.1950.7308

https://www.persee.fr/doc/bagf_0004-5322_1950_num_27_208_7308

Fichier pdf généré le 25/04/2018


Communication de M. Ph. Pinchemel

L'étude des réseaux hydrographiques

Au milieu du xix° siècle l'Américain Playfair écrivait :


« Chaque rivière comporte un tronc principal, recevant une
variété d'affluents, chacune coulant dans une vallée
proportionnée à sa taille, et toutes ensembles forment un système de vallées
communiquant Tune avec l'autre et ayant une disposition si
précise de leurs pentes, qu'aucune d'elles n'aboutit à la vallée
principale à un niveau trop bas ou trop élevé. » (1). Ces
importantes idées étaient formulées en France en 1888 par de la Noé
et de Miargerie qui observaient « la progression régulière de la
largeur des canaux qui servent à drainer le sol... Grâce à cette
disposition le système des cours d'eau d'un même bassin
présente la figure bien connue d'une rivière principale semblable à
un tronc d'arbre sur lequel s'embranchent les affluents formés
par les rivières secondaires qui se décomposent elles-mêmes en
rameaux nombreux allant fouiller le sol pour en assurer le
drainage jusqu'à la limite extrême du bassin... Mais le trait le
plus remarquable de la disposition des cours d'eau est la
correspondance des niveaux du fond de leur lit et de celui des
cours d'eau dans lesquels ils se jettent » (2).
Ces phrases expriment les caractères fondamentaux des
réseaux hydrographiques et indiquent les problèmes à résoudre,
celui de « l'équipement hydrographique » d'une région, celui
de la hiérarchisation des thalwegs, celui des relations qui
unissent toutes les rivières inscrites dans un même bassin ;
chaque thalweg, chaque portion de la surface d'un bassin sont
en effet étroitement solidaires et il apparaît dangereux d'étudier
une rivière en laissant de côtés ses affluents.
Mais depuis la parution des « Formes du terrain », ces
notions ont été perdues de vue et l'analyse qualitative et quantitave
des réseaux a été négligée, ce sont des hydrologues ou des
spécialistes de l'érosion du sol qui ont poursuivi de semblables
recherches, sans en voir toujours la portée ou l'intérêt en
morphologie. Dans l'étude du relief telle que Davis en a posé les
bases, les éléments d'un réseau ne sont qualifiés que par
rapport à des données structurales, rivière conséquente, rivière
subséquente ou obséquente ; les rivières sont aussi qualifiées
par leur place dans le cycle d'érosion : elles coulent dans des
vallées jeunes, mûres ou séniles.
Lors de l'étude morphologique d'une région on néglige
généralement la totalité des plus petites vallées pour n'examiner que
le drain principal dont on établit les conditions, de formation

(1) Cité par Hohton : Erosional development of streams and their drainage
basins ; hydrophysical approach to quantitative morphology. Bulletin of the
Geol. Hoc. of America, I>VI, 1945, p. 27.5-370. (D'après Tarr et Martin, College
Physiography, >1|9i14).
(2) I. es Formes du terrain, p. .'?.
en relation ou non avec les données structurales ; cependant
l'observation de contrées lithologiquement homogènes et struc-
turalement peu dérangées, comme certaines parties de bassins
sédimentaires ou de massifs anciens conduit à d'autres ordres
de réflexions. Dans la mesure où l'étude géographique implique
d'abord une description, une analyse minutieuse des éléments
du relief, dans de telles régions où il n'est qu'occasionnellement
possible de se raccrocher à un relief dérivant directement de
la structure, c'est bien la seule disposition des vallées, leur
espacement, leur groupement, la répartition des confluences, des
lignes de partage qui confèrent au relief étudié ses
caractéristiques, son originalité ; la forme de relief principale de la
plaine picarde est bien la vallée sèche comme le vallon drainé
est celle du Morvan ou du Limousin ; une fois quitté le domaine
des influences structurales, les études morphologiques ne sont
pas loin de considérer que seuls le hasard et la fantaisie du
ruissellement ou des sources sont responsables de la disposition
des thalwegs ; de grandes surfaces sont ainsi laissées dans
l'anonymat, celles qui drainent un « chevelu hydrographique » plus
ou moins dense ou qui offrent un relief « confus » de « croupes
et de vallons ».
En dehors de toute influence structurale l'équipement
hydrographique d'une région se fait en obéissant à des modalités
rigoureuses qui assurent, avec le minimum de thalwegs, le
drainage optimum en fonction de nombreux facteurs : géologie, sols,
structure, climat. Il est même possible que cette organisation
réponde au besoin d'assumer l'écoulement des précipitations
avec le minimum d'action érosive.
Nous voudrions indiquer simplement ici les possibilités d'une
étude qualitative et quantitative des réseaux en montrant dans
quelles directions les recherches devraient être poursuivies
d'après les premiers résultats.
L'analyse hydro-morphologique d'une région comporte :
l'étude des bassins et des lignes de partage ;
l'étude du drainage et de l'organisation des réseaux
hydrographiques.
Lignes de partage et bassins. — Les anciens atlas contenaient
tous une carte des bassins fluviaux français : on y voyait,
naïvement figuré, un semis de montagnes ou de collines limitant
chaque bassin ; ces dessins répondaient à l'idée parfaitement
raisonnable que toute ligne de partage entre deux zones
d'écoulements opposés ne pouvait qu'être une région élevée ; on a fait
justice depuis longtemps de cette représentation cartographique,
mais on a peut-être exagéré dans un autre sens en oubliant la
grande valeur de ces lignes quant à leur signification morpolo-
gique ; l'attention a été concentrée sur les vallées et leurs
versants au détriment des crêtes et des lignes de partage.
Celles-ci sont fort variées en, plan comme en profil et elles
sont rarement homogènes ; il existe d'abord toute une
hiérarchie des lignes de partage correspondant à la hiérarchie des
séries de rivières dont nous parlerons plus loin et il est souvent
très suggestif de comparer les lignes de partage sous cet angle.
74

En plan, une ligne peut être une courbe simple, une droite, une
ligne sinuée ou dentelée ; la courbe simple ou si nuée traduit
une stabilité de la ligne de partage et l'absence de support
structural ; la ligne droite indique au contraire une influence
structurale (Nord de la Bresle), la ligne dentelée, une évolution
complexe avec amputation ou accroissement du bassin (bassin
du Rhône à l'emplacement du Jura).
D'un bassin à l'autre, il arrive souvent qu'une ligne de
partage change de degré dans la hiérarchie ; l'axe anticlinal de
Margny-lès-Compiègne, qui délimite au Nord le bassin de la
Bresle, ne sépare plus ensuite que deux groupes des affluents de
la Selle, puis du ru des Trois Doras (fig. 1) ; il en va de même
pour l'axe de l'Artois. En profil, la ligne de partage d'un bassin
se compose de secteurs relativement élevés, stables,
généralement structuraux et de secteurs bas, d'apparence fragile,
exposés aux captures et dont on doit de demander la raison d'être
et la date d'entrée en fonction ; c'est le cas de la ligne de
partage entre la Somme et l'Oise, de Grandvilliers au canal Crozat ;
c'est celui des lignes de partage qui, dans la dépression du Pays
de Bray séparent l'Epte, l'Andelle et l'Avelon, secteurs apparus
tardivement et appuyés sur des niveaux d'érosion. Mais après
avoir ainsi analysé les composantes d'une ligne de partage il
importe d'en refaire la synthèse et de ne pas oublier que depuis
un certain temps c'est à l'intérieur de cet assemblage d'éléments
disparates et grâce à cet assemblage que le drainage est assuré.
Ce bassin présente en effet une certaine forme ; cette forme
est le produit de la combinaison, des compromis réalisés entre
la structure et le libre développement du réseau ; plus le bassin
est vaste, plus, évidemment, la combinaison s'avère complexe.
L'étude des bassins des organismes fluviaux élémentaires
développés suivant un seul système de pentes initiales montre que
la forme du bassin se rapproche étroitement de la figure d'un
ovoïde (forme de l'ove). Cette ressemblance se retrouve même
dans les grands bassins dont on connaît la complexité
d'élaboration, tels ceux de la Seine et de la Garonne.
Nous avons pensé qu'il était possible de traduire
quantitativement cette plus ou moins grande approximation de l'ovoïde
qui traduit l'homogénéité ou l'hétérogénéité de l'origine, c'est
l'objet de notre indice d'homogénéité* : rapport de la surface du
bassin considéré à la surface d'un ovoïde qui aurait pour grand
axe la longueur maxima du bassin (1). Voici les résultats
obtenus pour la Selle, affluent de la Somme au Sud d'Amiens ; la
Liane, rivière principale du Bas-Boulonnais ; la Roselle, sous-
affluent de la Vienne au Sud-Est de Limoges et pour les quatre
grands bassins français :
Selle 0,837 Garonne 0,602
Roselle 0,770 Loire 0,600
Seine 0,716 Rhône 0,550
Liane 0,636

(1) Calcul de la surface de l'ove : soit l la longueur maxima, le rayon


r =■ 7/2. 5'9 ; S (surface de l'ove) ~ 3,985. r".
7e»

Ces nombres appellent quelques remarques ; les bassins les


plus homogènes (relativement), sont ceux installés dans un
matériel homogène, craie blanche et terrains cristallins.
L'homogénéité décroît en général avec l'augmentation de la surface du
bassin, mais l'exception constituée par la Seine et la Liane est
éminemment intéressante ; toutes choses égales, la Seine
rencontre des conditions géologiques et structurales moins
impérieuses que le petit bassin de la Liane où les conditions strati-
graphiques et structurales sont extrêmement complexes et
prépondérantes. Il semble difficile qu'on puisse trouver des bassins
dont l'indice serait égal k « I », mais il n'est pas impossible
d'obtenir des indices supérieurs à I étant donné le caractère
formel de celui-ci.
Malgré leur variété il est intéressant de classer les réseaux
hydrographiques d'après la forme de leurs bassins, de voir quels
sont les types les plus répandus suivant les régions ; entre les
bassins que l'on peut véritablement qualifier d'ovoïdes et les
bassins informes, il existe plusieurs groupes caractéristiques : en
fuseaux, en ellipse, en forme de quadrilatère (Loire).
Ces bassins sont loin de se développer en deux surfaces égales
de part et d'autre du drain principal ; le rapport de ces deux
surfaces fournit l'indice de dissymétrie : il est, par exemple, de
2,2 pour la Selle.
Etude des types de drainage et des réseaux. — Nous
n'examinerons ici que l'étude des réseaux, précisant seulement au début
ce que nous entendons par types de drainage. Un réseau
hydrographique, pour peu qu'il soit de grande taille, présente
rarement sur toute la surface de son bassin une disposition
uniforme de ses thalwegs, il se divise en un certain nombre de zones
où « l'organisation hydrographique » est identique ;
inversement une région présente souvent une unité d'organisation
commune à plusieurs bassins ; les calculs de densités ou de longueurs
et surfaces que nous étudierons dans les paragraphes suivants,
effectués pour un vaste bassin, n'ont que la valeur indicative de
moyennes, leur valeur géographique est nulle. Il est préférable
d'étudier de petits bassins appartenant à chacun des types de
drainage que l'on aura distingués. On connaît la terminologie
utilisée depuis longtemps pour définir ces principaux types de
drainage, d'organisation hydrographique : réseau dendritique,
réseau orthogonal, réseau parallèle (1)... Peut-être conviendrait-
il de préciser certains termes qui prêtent à confusion (réseau
dendritique, par exemple) et surtout de rechercher les types de
drainage locaux que l'on retrouve dans des conditions
topographiques et géologiques semblables.
Etude des réseaux. — Le réseau, une fois défini par la forme
de son bassin et par le, ou les types de drainage, se prête à une
étude quantitative qui permet d'en saisir véritablement son
architecture (2).

(1) Cf. F..-R. Zernitz : Drainage plattern and their significance. J. of


Geology, XL, 1932, n° 6, p. 498-521.
(2) Cf. notre note : L'analyse morphométrique des réseaux
hydrographiques. C.R. Ac. Se, t. 230, p. 556-557, 6 février! 1950.
— 76 —

La densité du réseau est une des données les plus simples et


les plus importantes, car elle précise le degré de « dissection »
d'une région et le rapport entre les formes de versants et les
surfaces planes. Paradoxalement cette valeur a été rarement
calculée et nous ne possédons aucun renseignement sur les
densités en fonction des affleurements ou du climat ; il y a plusieurs
raisons qui expliquent cette lacune : la difficulté de mesurer la
longueur totale des thalwegs d'un bassin, les discussions quant à
la façon de mesurer cette longueur (en suivant ou non les
sinuosités des rivières). Il est important de distinguer deux
densités (1) :
L
la densité de drainage : Dd = — , Sb étant la surface du bassin
Sb
et L la longueur totale des cours d'eau, longueur mesurée suivant
l'axe des vallées sans tenir compte des méandres postérieurs à
l'établissement du système de vallées ;
Lt
la densité des thalwegs : Dt = — , Lt étant la longueur totale
Sb
des vallées et vallons, drainés ou non ; cette seconde donnée est
la seule intéressante du point de vue morphologique.
Les densités sont les suivantes pour les trois bassins déjà é
mini érés pour l'indice d'homogénéité :
Selle Liane Roselle
Dd 0,10 0,83 1,94
Dt 0,74 1,54 2,61 (km. /km2)
La variation de ces densités est très importante, allant de 1 à
19,4 pour la première, de 1 à 3,5 pour la seconde.
Dt
Le rapport des deux densités — indique l'importance de l'ap-
Dd
pauvrissement ou de l'abaissement des nappes ; nous l'avons
appelé indice d'assèchement, expression évidemment discutable
dans la mesure où elle évoque une modification d'ordre
climatique :
Selle Liane Roselle
la 7,4 1,85 1,3
Le rapport entre la longueur et le nombre des thalwegs et
celui entre la surfae du bassin et le nombre des thalwegs
fournissent encore deux données intéressantes :
Selle Liane Roselle
Longueur moyenne des
thalwegs, Lm : 2,4 1,01 0,357 (en km.)
Surface moyenne drainée par
thalweg, Sm : 3,4 0,65 0,13 (en kni2)

(1) Les mesures ont été faites sur un calque des thalwegs établi en
partant des minutes au 1/40.I(W>O, les longueurs calculées au curvimiètre, les
surfaces au planimètre de Coradi.
. — 77 —

ces nombres expriment les principaux contrastes


topographiques des régions perméables et imperméables.
Tous ces rapports procèdent du nombre total et la longueur
totale des thalwegs d'un réseau ; une étude plus précise permet
de faire une série d'observations qui révèlent les lois de
l'organisation hydrographique.
Nous avons noté au début de cette étude la disposition
ramifiée si frappante de tous les réseaux, l'existence de toute une
hiérarchie ; or celle-ci est loin d'être laissée au hasard ; un
réseau peut se décomposer en plusieurs séries suivant le
nombres d'affluents que reçoit chaque thalweg ; l'ensemble des
thalwegs élémentaires qui ne reçoivent aucun affluent (ce qui
correspond aux capillaires les plus fins) forme la série du premier
degré (1) ; les thalwegs qui reçoivent cette première série
constituent la seconde série et ainsi de suite jusqu'à la rivière
principale qui peut être du cinquième, du sixième, du septième

I'ig. 1. — Schéma montrant les possibilités de compter les séries de rivières


de plusieurs manières

degré, etc.. L'établissement de ces séries pose certains problèmes


car il est possible de disposer diversement les degrés, la figure 1
en donne un exemple. Dans de tels cas nous avons toujours
choisi la solution qui évitait de multiplier les séries. Lorsque
ces séries sont distinguées (2), on compte le nombre des
thalwegs de chaque série, puis on mesure la longueur totale des
thalwegs de chaque série ; on peut dès lors calculer la longueur
moyenne des rivières de chaque série :
Selle Liane •
Séries Nomb. Long. L. moy. Nomb. Long. L. moy. (km.)
lre 169 187 1,10 310 165,5 0,533
2e 38 127 3,34 71 114 1,600
3e 12 116 9,66 23 66,3 2,882
4e 4 64 16 6 37 6,16
5° 1 46 1 34,5

Total 224 540 411 417,3

(1) Une numérotation inverse a été proposée, qui n'offre guère d'avantages.
(2)) Le procédé le plus clair consiste à attribuer une couleur à chaque série.
1 Nombre do Longueur n.oyenne
| thalwegs des thalwegs

8
7
6
5
4
! 4\ 1
3 4

2 I
\ \
I )

1 1 / /1
9 \ I
8 \4
\ ) 1
7 \
6
\
5
4 ./
3 //
-/
\ ( 0/
4 1
<
3 \ 1
\
\
i\\\\
i: \\
\
\ \\
\VI*'\\ H
Z
4
■1
4 il
4
9 / 1
a I I
1 I
7 \)
l \\\J I /
6
5•>X
\
,\,
\\\\\ \
\\ 4 I
S

1

A
3

2 \

1 \

(rapport
Les detraits
Fig.
confluence).
et2.horizontaux
leurs
— Relations
longueurs,
désignent
entre
pourles
Séries
la
laseries
position
Salle, dela sur
rivières,
Liane
chaque
et leurs
ladroite
Roselle
nombres
de r.C.
— 79 —

Ces nombres se comportent comme les termes de deux


progressions géométriques, décroissante pour le nombre des
thalwegs et croissante pour la longueur moyenne.
C'est ce que Horton a exprimé sous forme de lois (1).
Loi du nombre des rivières : Le nombre des rivières des
différentes séries dans un bassin donné tend à approcher une
progression géométrique inverse, dans laquelle le premier terme est
l'unité et la raison le rapport de confluence (rc).
Loi de la longueur des rivières : Les longueurs moyennes des
rivières de chaque série, dans un bassin donné, tendent à
approcher une progression géométrique normale dans laquelle le
premier terme est la longueur moyenne des, rivières du premier
degré (rapport de longueur).
On peut matérialiser cette qualité en portant les nombres et
les longueurs sur du papier quadrillé semi-logarithmique ; les
deux séries de chiffres s'alignent suivant deux droites (fig. 2).
De cette constatation découle toute une série de propriétés très
intéressantes dont le développement nous entraînerait trop loin.
Il est plus important d'insister sur le caractère seulement
approché des progressions. Dans le cas du nombre des thalwegs, par
exemple, puisque la rivière principale est l'unité qui marque le
premier terme de la progression, le nombre des rivières de la
série précédente (le quatrième degré pour la Selle et la Liane)
devrait correspondre à la raison de la progression ; il n'en est
rien et c'est un des avantages du graphique que de fournir la
raison par lecture directe là où la droite coupe l'axe de l'avant-
dernière série ; nous avons porté ci-dessous le nombre des
thalwegs comptés sur la carte et les résultats correspondants obtenus
par calcul.
Selle Liane
Séries N (carte) N (calculé) N (carte) N (calculé)
rc = 3,5 rc = 4,2
lre 169 149 310 310
2e 38 42 71 74
3e 12 12 23 17
4e 4 3 6 4
5e 1 1 1 1

Total 224 208 411 405


Ces écarts traduisent l'importance des interventions «
étrangères » dans la mise en place des éléments du réseau.
Lorsqu'on distingue les diverses séries, on constate aussitôt
que la hiérarchisation est loin d'être régulière ; de nombreuses
rivières du premier degré se jettent dans des rivières du
troisième et quatrième, et même du dernier degré et il en va de même
pour des rivières de toutes les séries (2). Il est facile de ne

(1) Article cité, p. 29ili. (T. es études de Horton sont essentielles pour tout ce
qui concerne ces questions),
(2) II ne faut d'ailleurs pas exagérer le caractère anarchique de ces faits
étant donné que le procédé de numérotation des thalwegs en est en partie
responsable.
— 80 —

compter dans chaque série que le nombre des rivières qui


confluent en respectant la voie hiérarchique ;
Liane :
Sur 310 du l*r, 148 confluent dans la série du 2" — 47,7 % moyenne
Sur 71 du 2e , 39 confluent dans la série du 3" — 54,9 % 51,53 %
Sur 23 du 3e , 12 confluent dans la série du 4e — 52 %
Selle :
Sur 169 du 1er, 67 confluent dans la série du 2e — 39,6 !% moyenne
Sur 38 du 26 , 20 confluent dans la série du 3e — 52,6 % 49,96 %
Sur 12 du 3e, 7 confluent dans la série du 4" — 58,3 %
Nous appelons ce pourcentage l'indice d'hiérarchie.
Ces chiffres s'ordonnent d'ailleurs également suivant une
progression géométrique de raison inférieure à celle de la
progression précédemment étudiée.
Le nombre des vallées susceptibles de s'établir dans une région
et de s'organiser en réseau apparaît donc comme étroitement
« réglementé » , la marge de liberté étant assez restreinte ; et il
ne s'agit pas seulement du nombre total ou de la longueur totale
des vallées, mais encore du nombre des confluences et de la
hiérarchie des divers affluents. L'étude simultanée des bassins,
des types de drainage et de l'organisation des réseaux s'avère
riche d'enseignements, mais les lois qui président à leur
développement ne pourront se dégager qu'après un long travail
préliminaire portant sur plusieurs dizaines de bassins.
Indépendamment, d'ailleurs, des possibilités d'explication de
la genèse des réseaux hydrographiques que ces mesures sont
susceptibles de fournir, elles sont déjà intéressantes en elles-
mêmes, car elles permettent de définir quantitativement des
éléments essentiels du relief, éléments qu'il est bien difficile de
définir d'une autre façon.

You might also like