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géographes français
Pinchemel Philippe. L'étude des réseaux hydrographiques. In: Bulletin de l'Association de géographes français, N°208-209,
27e année, Mars-avril 1950. pp. 72-80;
doi : https://doi.org/10.3406/bagf.1950.7308
https://www.persee.fr/doc/bagf_0004-5322_1950_num_27_208_7308
(1) Cité par Hohton : Erosional development of streams and their drainage
basins ; hydrophysical approach to quantitative morphology. Bulletin of the
Geol. Hoc. of America, I>VI, 1945, p. 27.5-370. (D'après Tarr et Martin, College
Physiography, >1|9i14).
(2) I. es Formes du terrain, p. .'?.
en relation ou non avec les données structurales ; cependant
l'observation de contrées lithologiquement homogènes et struc-
turalement peu dérangées, comme certaines parties de bassins
sédimentaires ou de massifs anciens conduit à d'autres ordres
de réflexions. Dans la mesure où l'étude géographique implique
d'abord une description, une analyse minutieuse des éléments
du relief, dans de telles régions où il n'est qu'occasionnellement
possible de se raccrocher à un relief dérivant directement de
la structure, c'est bien la seule disposition des vallées, leur
espacement, leur groupement, la répartition des confluences, des
lignes de partage qui confèrent au relief étudié ses
caractéristiques, son originalité ; la forme de relief principale de la
plaine picarde est bien la vallée sèche comme le vallon drainé
est celle du Morvan ou du Limousin ; une fois quitté le domaine
des influences structurales, les études morphologiques ne sont
pas loin de considérer que seuls le hasard et la fantaisie du
ruissellement ou des sources sont responsables de la disposition
des thalwegs ; de grandes surfaces sont ainsi laissées dans
l'anonymat, celles qui drainent un « chevelu hydrographique » plus
ou moins dense ou qui offrent un relief « confus » de « croupes
et de vallons ».
En dehors de toute influence structurale l'équipement
hydrographique d'une région se fait en obéissant à des modalités
rigoureuses qui assurent, avec le minimum de thalwegs, le
drainage optimum en fonction de nombreux facteurs : géologie, sols,
structure, climat. Il est même possible que cette organisation
réponde au besoin d'assumer l'écoulement des précipitations
avec le minimum d'action érosive.
Nous voudrions indiquer simplement ici les possibilités d'une
étude qualitative et quantitative des réseaux en montrant dans
quelles directions les recherches devraient être poursuivies
d'après les premiers résultats.
L'analyse hydro-morphologique d'une région comporte :
l'étude des bassins et des lignes de partage ;
l'étude du drainage et de l'organisation des réseaux
hydrographiques.
Lignes de partage et bassins. — Les anciens atlas contenaient
tous une carte des bassins fluviaux français : on y voyait,
naïvement figuré, un semis de montagnes ou de collines limitant
chaque bassin ; ces dessins répondaient à l'idée parfaitement
raisonnable que toute ligne de partage entre deux zones
d'écoulements opposés ne pouvait qu'être une région élevée ; on a fait
justice depuis longtemps de cette représentation cartographique,
mais on a peut-être exagéré dans un autre sens en oubliant la
grande valeur de ces lignes quant à leur signification morpolo-
gique ; l'attention a été concentrée sur les vallées et leurs
versants au détriment des crêtes et des lignes de partage.
Celles-ci sont fort variées en, plan comme en profil et elles
sont rarement homogènes ; il existe d'abord toute une
hiérarchie des lignes de partage correspondant à la hiérarchie des
séries de rivières dont nous parlerons plus loin et il est souvent
très suggestif de comparer les lignes de partage sous cet angle.
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En plan, une ligne peut être une courbe simple, une droite, une
ligne sinuée ou dentelée ; la courbe simple ou si nuée traduit
une stabilité de la ligne de partage et l'absence de support
structural ; la ligne droite indique au contraire une influence
structurale (Nord de la Bresle), la ligne dentelée, une évolution
complexe avec amputation ou accroissement du bassin (bassin
du Rhône à l'emplacement du Jura).
D'un bassin à l'autre, il arrive souvent qu'une ligne de
partage change de degré dans la hiérarchie ; l'axe anticlinal de
Margny-lès-Compiègne, qui délimite au Nord le bassin de la
Bresle, ne sépare plus ensuite que deux groupes des affluents de
la Selle, puis du ru des Trois Doras (fig. 1) ; il en va de même
pour l'axe de l'Artois. En profil, la ligne de partage d'un bassin
se compose de secteurs relativement élevés, stables,
généralement structuraux et de secteurs bas, d'apparence fragile,
exposés aux captures et dont on doit de demander la raison d'être
et la date d'entrée en fonction ; c'est le cas de la ligne de
partage entre la Somme et l'Oise, de Grandvilliers au canal Crozat ;
c'est celui des lignes de partage qui, dans la dépression du Pays
de Bray séparent l'Epte, l'Andelle et l'Avelon, secteurs apparus
tardivement et appuyés sur des niveaux d'érosion. Mais après
avoir ainsi analysé les composantes d'une ligne de partage il
importe d'en refaire la synthèse et de ne pas oublier que depuis
un certain temps c'est à l'intérieur de cet assemblage d'éléments
disparates et grâce à cet assemblage que le drainage est assuré.
Ce bassin présente en effet une certaine forme ; cette forme
est le produit de la combinaison, des compromis réalisés entre
la structure et le libre développement du réseau ; plus le bassin
est vaste, plus, évidemment, la combinaison s'avère complexe.
L'étude des bassins des organismes fluviaux élémentaires
développés suivant un seul système de pentes initiales montre que
la forme du bassin se rapproche étroitement de la figure d'un
ovoïde (forme de l'ove). Cette ressemblance se retrouve même
dans les grands bassins dont on connaît la complexité
d'élaboration, tels ceux de la Seine et de la Garonne.
Nous avons pensé qu'il était possible de traduire
quantitativement cette plus ou moins grande approximation de l'ovoïde
qui traduit l'homogénéité ou l'hétérogénéité de l'origine, c'est
l'objet de notre indice d'homogénéité* : rapport de la surface du
bassin considéré à la surface d'un ovoïde qui aurait pour grand
axe la longueur maxima du bassin (1). Voici les résultats
obtenus pour la Selle, affluent de la Somme au Sud d'Amiens ; la
Liane, rivière principale du Bas-Boulonnais ; la Roselle, sous-
affluent de la Vienne au Sud-Est de Limoges et pour les quatre
grands bassins français :
Selle 0,837 Garonne 0,602
Roselle 0,770 Loire 0,600
Seine 0,716 Rhône 0,550
Liane 0,636
(1) Les mesures ont été faites sur un calque des thalwegs établi en
partant des minutes au 1/40.I(W>O, les longueurs calculées au curvimiètre, les
surfaces au planimètre de Coradi.
. — 77 —
(1) Une numérotation inverse a été proposée, qui n'offre guère d'avantages.
(2)) Le procédé le plus clair consiste à attribuer une couleur à chaque série.
1 Nombre do Longueur n.oyenne
| thalwegs des thalwegs
8
7
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5
4
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3 4
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(rapport
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Séries
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position
Salle, dela sur
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chaque
et leurs
ladroite
Roselle
nombres
de r.C.
— 79 —
(1) Article cité, p. 29ili. (T. es études de Horton sont essentielles pour tout ce
qui concerne ces questions),
(2) II ne faut d'ailleurs pas exagérer le caractère anarchique de ces faits
étant donné que le procédé de numérotation des thalwegs en est en partie
responsable.
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