Motion préjudicielle

sur la délibération cadre sur la santé

Monsieur le président,

Mes chers collègues,

Les Républicains Calédoniens souhaitent que la réforme de la protection sociale soit une réussite.

C’est bien pour cette raison que nous souhaitons que toutes les conditions soient réunies pour que
cette réforme rassemble une large adhésion et non une défiance.

Or, nous constatons que le président du gouvernement fait tout pour que cette réforme échoue.

Nous ne pouvons que déplorer la méthode poursuivie qui brille par l’absence de concertation et de
dialogue dans l’élaboration de ce texte.

En effet, aucun des partenaires sociaux n’a été consulté de manière normative et réglementaire et
les autres consultations ont montré la non adhésion à cette réforme, notamment sur la forme :

 Le Conseil du Dialogue Social (CDS) n’a pas été saisi

Ce défaut de saisine constitue un manquement à l’article Lp. 381-3 du Code du Travail de

Nouvelle-Calédonie, qui stipule que « le Conseil du Dialogue Social est en outre chargé
notamment d’émettre un avis sur tous les textes concernant le travail, l’emploi, la formation
professionnelle, la protection et la prévoyance sociale des salariés. Il peut également
émettre un avis sur toute question relevant de ces mêmes domaines ».

Monsieur le président du Congrès, un courrier vous a été adressé dans ce sens le 28 août
dernier par les deux co-présidents du CDS, Dominique Lefeivre (pour le collège
Employeurs) et André Forest (pour le collège Salariés). Une copie a été adressée aux élus de
notre assemblée.

Les co-présidents du CDS tenaient à nous rappeler « que l’avis du Conseil du Dialogue
Social fait intégralement partie du processus de consultation institutionnelle de la Nouvelle-
Calédonie. Par là même, le non-respect de cette procédure consultative sur tout texte
relevant du domaine de compétence du Conseil et portant notamment sur l’organisation du
système de protection et de prévoyance de la Nouvelle-Calédonie peut constituer une
carence non négligeable et entraîner divers recours ».
  Le Conseil Economique Social et Environnemental a émis un avis plus que mitigé : 12
voix favorables, 12 voix réservées et 4 voix défavorables. L’avis favorable n’a été rendu que
grâce à la voix prépondérante du Président. A contrario, une simple addition nous démontre
qu’il y a eu en réalité 16 voix non favorables contre seulement 12 voix favorables.

 On sait aussi que les administrateurs de la CAFAT sont opposés à ce projet de

délibération. Son président du Conseil d’administration, a déploré tout récemment dans la
presse « de ne pas retrouver l’esprit des discussions avec les élus dans les textes » (LNC 28
août 2018).

 De plus, nous savons qu’une délibération cadre sera présentée dans les prochaines
semaines aux élus du congrès par Valentine Eurisouké, en charge notamment de la
Santé. Un texte argumenté, précis et pertinent, qui lui a fait l’objet d’un effort de
concertation.
Il nous paraitrait par conséquent logique et souhaitable, que ce projet de délibération soit
examiné dans le même temps que celui qui nous ait proposé aujourd’hui afin d’éviter des
doublons. Mais surtout qu’un texte fait à la va vite par le président du gouvernement pollue
le travail réalisé par la membre du gouvernement en charge de la Santé et l’équipe
DOKAMO.

En conséquence, les Républicains Calédoniens demandent l’ajournement de l’examen du projet de

délibération cadre relative à l’application de la délibération n°114 du 24 mars 2016 relative au plan
de santé calédonien « Do Kamo, Etre épanoui ! » en matière d’organisation de gouvernance de
pilotage et de régulation du système de protection sociale et de santé (Rapport n° 39/GNC du
19.06.2018) jusqu’à :

1) Recueillir l’avis des partenaires sociaux qui n’ont pas été consultés et notamment celui du
CDS, comme le prévoit Lp. 381-3 du Code du Travail de Nouvelle-Calédonie ;

2) L’examen conjoint en commission du Congrès des deux textes, celui que nous nous
apprêtions à examiner et celui proposé sur le même thème par Valentine Eurisouké, membre du
gouvernement en charge de la Santé.

Monsieur le Président, tel est l’objet de la motion préjudicielle que le groupe des Républicains
Calédoniens soumet aux conseillers.

Je vous remercie.