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23Dans ce tableau, il semble que les deux prémisses vraiment fortes dialectiquement soient
une prémisse d’inconnaissabilité externaliste :
(2K ) ~K~MG
24et une prémisse de clôture internaliste :
(Clôture de J ) Si Jp et J(p=>q) alors Jq
25Mais de ces deux prémisses, il semble qu’on ne puisse pas tirer d’argument, à moins de
confondre les notions internaliste et externaliste. L’argument du Malin Génie reposerait-il
simplement sur une confusion des niveaux internaliste et externaliste de nos croyances ? Je
ne le crois pas, et Duncan Pritchard a montré, à mon avis, que le cœur du problème n’est ni
purement internaliste, ni purement externaliste, mais réside dans une combinaison des
deux niveaux.
26(Pritchard 2005, chap. 6) a montré que le hasard pouvait poser deux types de problèmes
distincts pour une croyance. Le premier type de problème est le problème externaliste que
nous avons déjà vu et qu’il appelle « hasard véritique » : le hasard véritique est l’absence de
lien de dépendance externe entre le fait et la croyance. C’est ce type de hasard qui est
manifeste dans les cas de Gettier, dans lesquels on est tenté de juger que « c’est un pur
hasard si telle croyance est vraie ». Comme on le voit clairement dans les cas de Gettier, ce
type de hasard empêche qu’une croyance constitue une connaissance, mais il n’empêche
pas qu’elle puisse compter comme justifiée d’un point de vue internaliste.
27Mais Pritchard fait observer qu’un autre type de hasard épistémique peut affecter la
justification internaliste d’une croyance :
Même lorsque le hasard épistémique véritique est éliminé, une autre forme de hasard
épistémique demeure qui peut être épistémologiquement tout aussi significatif, sinon plus.
Ce type de hasard épistémique concerne la manière dont, du point de vue réflexif de l’agent,
c’est un pur hasard que sa croyance soit vraie (Pritchard 2005, 174).
28C’est ce que Pritchard a appelé le « hasard réflexif ». Le cas le plus simple et le plus
célèbre de hasard réflexif est celui des sexeurs de poussins de (Foley 1987) : les sexeurs de
poussins ont la capacité de discerner de manière fiable les poussins mâles des poussins
femelles. Leur croyance n’est donc pas hasardeuse du point de vue externaliste (pas de
hasard véritique). Mais comme ils n’ont aucune conscience de ce mécanisme fiable, on peut
tout de même dire que « de leur point de vue interne, c’est un pur hasard que leur croyance
soit vraie ». Ou pour le dire dans notre vocabulaire, la croyance des sexeurs de poussin
constitue une connaissance, mais les sexeurs n’ont aucune justification à croire qu’elle
constitue une connaissance.
Kp ∧ ~JKp
La notion de hasard réflexif combine donc l’aspect internaliste et l’aspect externaliste : on
pourrait dire qu’il s’agit d’un problème externaliste « internalisé » – c’est la question de
savoir si du point de vue internaliste la croyance satisfait aux réquisits externalistes.
29Pour Pritchard, c’est cette notion de hasard réflexif qui permet de faire apparaître le
cœur de l’argument sceptique du Malin Génie, dans sa version la plus forte et la plus
convaincante. Si nos croyances perceptives sont compromises par l’hypothèse du Malin
Génie, ce n’est pas parce qu’elles seraient hasardeuses du point de vue externaliste, c’est
parce que, de notre point de vue internaliste, rien n’exclut qu’elles soient hasardeuses.
C’est-à-dire que nous ne sommes pas justifiés à les tenir pour des connaissances. Or pour
que nos croyances soient pleinement justifiées, il faudrait que nous puissions les tenir
réflexivement pour des connaissances. Donc elles ne sont pas pleinement justifiées.
30J’attire l’attention sur le principe épistémologique que je viens d’utiliser :
Principe de méta-cohérence : pour qu’une croyance soit pleinement justifiée, il faut que le
sujet puisse (de manière justifiée) la tenir réflexivement pour une connaissance
Jp => JKp
Ce type de principe a été récemment étudié, notamment par (Huemer 2011), sous le nom
de principe de méta-cohérence.
31C’est ici que je me sépare du raisonnement de Pritchard qui, étonnamment, n’a pas vu le
lien entre l’idée de hasard réflexif et le principe de méta-cohérence de Huemer, ni le fait
que ce principe peut être utilisé pour reformuler l’argument du Malin Génie. Comment le
principe de méta-cohérence entre-t-il donc en jeu dans l’argument du Malin Génie ? Mon
idée est qu’il constitue la troisième prémisse fondamentale qui, en combinaison avec les
deux prémisses fortes de la section 2, permet de dériver une conclusion sceptique en deux
étapes.
32Voici donc comment dériver la conclusion sceptique à partir de ces trois prémisses.
33Partons de la prémisse (2K), la prémisse d’inconnaissabilité de la proposition
anti-sceptique ~MG. Ce qu’il est important de remarquer, c’est que lorsque le sujet prend
conscience du hasard épistémique qui touche la croyance anti-sceptique, le problème de
hasard véritique ou externaliste devient de facto u n problème de hasard réflexif ou
internalisé. Donc on peut aussi bien partir de la prémisse de hasard réflexif suivante :
(HR) ~JK~MG
Je ne suis pas justifié à tenir pour connaissance ma croyance anti-sceptique.
Ou encore : ma croyance anti-sceptique est frappée de hasard réflexif.
En application du principe de méta-cohérence, pour que ma croyance anti-sceptique soit
justifiée, il faudrait que je puisse la considérer comme une connaissance :
(MC) J~MG => JK~MG
Donc par modus tollens, on peut déduire de (HR) et (MC) que ma croyance anti-sceptique
n’est pas justifiée :
(C1) ~J~MG
Or, en application du principe de clôture de la justification, pour que ma croyance
perceptive « j’ai deux mains » soit justifiée, il faudrait que ma croyance anti-sceptique soit
elle-même justifiée, puisqu’elle en est une conséquence reconnue et justifiée :
(Clôture J) JA => J~MG
Donc par un second modus tollens, on arrive à la conclusion sceptique radicale :
(C2) ~JA
En résumé :
Argument du Malin Génie en deux étapes
(HR) ~JK~MG
(MC) J~MG => JK~MG
donc (C1) ~J~MG (par modus tollens)
(Clôture J) JA => J~MG
donc (C2) ~JA (par modus tollens)
34Voilà l’essentiel de l’argument. On peut en représenter les deux étapes dans le schéma
suivant :
35La première étape fait passer le problème du niveau métacognitif au niveau de premier
ordre par un principe de méta-cohérence. La seconde étape fait passer le problème de la
proposition anti-sceptique à la proposition perceptive anodine via un principe de clôture.
Ainsi, en utilisant une prémisse d’inconnaissabilité externaliste et une prémisse de clôture
internaliste, on a pu, grâce au principe de méta-cohérence, dériver la conclusion sceptique.
36L’intérêt de ce schéma est qu’il permet de bien voir en quoi la reconstruction habituelle
de l’argument sceptique par la clôture de la connaissance manque totalement le problème.
On pourrait représenter la reconstruction habituelle, celle de Dretske et Nozick ainsi :
37Ici, la procédure consiste à appliquer d’abord la clôture de connaissance (externaliste),
pour arriver à la conclusion que nos croyances perceptives anodines ne sont pas des
connaissances (et ceci peut ensuite, éventuellement, être considéré comme un problème
pour la rationalité des croyances perceptives). Dretske et Nozick croient tenir une réponse
au scepticisme en rompant le lien logique de la clôture de connaissance. Mais le problème,
c’est que, quand bien même on rompt ce chemin v ers la conclusion sceptique (le chemin
Nord-Est sur le schéma, celui qui passe par la case « KA »), il reste l’autre c hemin (le chemin
sud-ouest, celui du schéma 1), celui qui applique d’abord la méta-cohérence et ensuite le
principe de clôture de justification. Cet autre chemin vers le scepticisme reste entièrement
ouvert puisque Dretske et Nozick n’ont aucun argument contre la clôture de la justification.
38Dans la dernière section, je m’appuierai sur les récentes améliorations apportées au
principe de clôture et au principe de méta-cohérence pour donner à ces deux principes leur
formulation la plus forte et montrer toute la force dialectique de l’argument du Malin Génie.
39Dans la discussion récente, John Hawthorne et Michael Huemer ont apporté aux principes
de clôture et de méta-cohérence (respectivement) des améliorations tout à fait
comparables, bien que les deux discussions soient indépendantes. On peut résumer ces
améliorations en disant qu’ils ont présenté ces deux principes comme des principes
d’engagement épistémique, pour éviter certaines objections qu’on peut faire contre les
versions plus simples de ces principes.
40L’objection principale qu’on peut faire au principe de clôture tel que je l’ai présenté pour
l’instant est de dire qu’il est impossible d’avoir une justification pour toutes les
conséquences logiques de toutes nos croyances, car cela semble impliquer une infinité de
justifications. De même, contre le principe de méta-cohérence, il est impossible d’être
justifié pour la proposition « je sais que p » dès qu’on est justifié pour une proposition p, car
cela m’obligerait en même temps à justifier la proposition de deuxième ordre « je sais que je
sais que p », puis celle de troisième ordre, etc. à l’infini.
41L’idée d’engagement épistémique permet d’éviter un tel réquisit de justifications infinies.
Dans le cas de la clôture, l’idée consiste à dire ceci :
● 7 Formulation de (Hawthorne 2005, 29) : « If one knows P and competently deduces
Q from P, thereby co (...)
(Engagement de Clôture) Si je suis justifié à croire que p et si je prends conscience de pouvoir
en déduire q, alors je suis engagé à croire q, faute de quoi je perds ma justification initiale
pour p7 .
Je n’ai pas besoin d’avoir à un instant t t outes les justifications pour toutes les conséquences
logiques de ma croyance ; mais si la question de telle conséquence est soulevée, alors je suis
engagé à croire la conséquence ; et si je ne peux pas la croire de manière justifiée, alors je
perds ma justification initiale pour l’antécédent.
42Pour la méta-cohérence, le principe est le suivant :
● 8 Formulation exacte de (Huemer 2011, 1) : « Categorically believing that P commits
one, on reflectio (...)
(Engagement MC) Si je suis justifié à croire que p et si je considère la question métacognitive
Kp, alors je suis engagé à croire que je sais que p, faute de quoi je perds ma justification
initiale à croire que p8.
Là encore, je n’ai pas besoin d’avoir pour chaque croyance une justification métacognitive,
mais lorsque la question métacognitive se pose explicitement, je suis engagé à croire que
ma croyance est une connaissance ; et si je ne le peux pas, je perds ma justification initiale
pour ma croyance de premier ordre.
43Les principes de clôture de la justification et de méta-cohérence, lorsqu’on les présente
comme des principes d’engagement épistémique, sont extrêmement difficiles à rejeter pour
des raisons qu’ont bien exposées Hawthorne et Huemer. Rejeter l’engagement de clôture
pour la justification reviendrait à accepter une forme très problématique d’inconséquence,
que Hawthorne expose de la manière suivante :
Problème de l’inconséquent :
Supposez que Q est une conséquence « lourde » de P, et S sait que P et sait également que
P implique logiquement Q. Je demande à S si elle est d’accord avec P. Sa réponse est
affirmative : « Oui », dit-elle. Puis je demande à S si elle a conscience que Q s’ensuit
logiquement de P. « Oui », dit-elle. Puis je lui demande si elle est d’accord avec Q. « Je ne
suis pas d’accord avec ça », dit-elle. Je lui demande si elle souhaite à présent revenir sur une
de ses déclarations précédentes. « Oh non, dit-elle. Je maintiens ma déclaration que P, et
ma déclaration que P implique logiquement Q. Simplement, je me refuse à soutenir que Q. »
Notre interlocutrice ressemble très exactement à la Tortue de Lewis Carroll, ce célèbre objet
de dérision qui était tout à fait prête à accepter les prémisses d’un argument en modus
ponens mais se refusait à accepter la conclusion (Hawthorne 2005, 32).
L’interlocuteur inconséquent semble clairement irrationnel d’un point de vue internaliste :
s’il a conscience de la conséquence logique, soit il est justifié à accepter le conséquent, soit il
devrait revenir sur l’antécédent.
44Un problème exactement parallèle se pose si l’on essaye de refuser l’engagement de
méta-cohérence.
Problème de l’incohérent :
Supposez que je demande à S si elle est d’accord avec p. Sa réponse est affirmative : « Oui »,
dit-elle. Puis je demande à S si elle est d’accord avec « je sais que p ». « Je ne suis pas
d’accord avec ça », dit-elle. Je lui demande si elle souhaite à présent revenir sur sa
déclaration que p. « Oh non, dit-elle. Je maintiens ma déclaration que p. Simplement, je me
refuse à soutenir que c’est quelque chose que je sais. Ce que je dis, c’est que p e st vrai, mais
que je ne le sais pas, ou qu’il est bien possible que je ne le sache pas ; et il n’y a là aucune
contradiction logique. »
L’interlocuteur incohérent a raison de souligner qu’il n’y a aucune contradiction logique à
affirmer à la fois p et ~Kp. Mais, malgré l’absence de contradiction logique, une conjonction
du type « p mais je ne sais pas que p » est paradoxale pour le même genre de raisons qui
rend inacceptables les fameux « paradoxes de Moore » tels que « p mais je ne crois pas que
p ». Moore lui-même donne un exemple de type p et ~Kp :
« Les chiens aboient, mais je ne sais pas qu’ils aboient » (Moore 1962, 277).
Pour éviter d’être en situation de paradoxe mooréen, l’interlocuteur devrait donc, lorsqu’on
lui fait considérer la question métacognitive Kp, soit accepter qu’il sait que p, soit revenir sur
sa déclaration initiale que p. Il ne peut pas être justifié à croire que p s’il persiste à rejeter la
croyance justifiée Kp.
45Pour ces deux raisons, inspirées de Hawthorne et de Huemer, je crois que les principes
d’engagement de clôture et d’engagement de méta-cohérence sont des principes de sens
commun qui sont extrêmement forts dialectiquement et presque impossibles à rejeter.
46Si l’on reformule l’argument du Malin Génie à partir de ces deux principes, le
raisonnement est le suivant :
Argument sceptique du Double Engagement :
(1) Je crois de manière justifiée à t0 que j’ai deux mains (A) .
(Engagement de Clôture) Lorsqu’on me fait considérer à t1 le scénario du Malin Génie, je
reconnais que sa négation est impliquée par A et je suis donc engagé épistémiquement à
accepter ~MG, faute de quoi ma justification pour A s era défaite.
(2) (admettons que) je suis en mesure d’admettre le conséquent ~MG de manière justifiée à
t1
donc (3) je crois de manière justifiée à t1 que ~MG
(Engagement de Méta-cohérence) Lorsqu’on me demande ensuite, à t2, si je sais que ~MG
(question métacognitive), je suis engagé à admettre que je le sais, faute de quoi ma
justification initiale à croire ~MG sera défaite
(4) Je ne suis pas en mesure de croire de manière justifié que la croyance ~MG constitue une
connaissance (prémisse de hasard réflexif)
(C) Donc ma justification initiale à croire ~MG (en 3) est défaite, et par contrecoup ma
justification initiale à croire A (en 1) est défaite également (en vertu de l’engagement de
clôture).
47Ce sont ces deux engagements successifs que j’ai résumés dans le petit dialogue en
exergue de cette présentation :
– J’ai deux mains
– Mais êtes-vous prêt à affirmer par conséquent que vous n’êtes pas une âme sans corps
manipulée par un Malin Génie ?
– Bien sûr, j’affirme que je ne suis pas une âme sans corps manipulée par un Malin Génie.
– Mais comment pouvez-vous prétendre savoir c ela ?
– ??
Ce bref dialogue d’apparence très simple exprime à mon sens le cœur du problème du
Malin Génie.
48L’intérêt de l’argument en deux étapes à mes yeux est de montrer que l’argument du
Malin Génie repose sur de principes épistémologiques qui sont à la fois très simples,
motivés indépendamment, et très forts dialectiquement. Je rejoins ainsi Barry Stroud
lorsqu’il dit que la force de l’argument sceptique vient du fait qu’il repose sur des principes
élémentaires du sens commun et non sur des exigences épistémiques élevées.
49Ma reformulation permet de voir également pourquoi le recours à l’idée de clôture était
une très bonne idée, bien qu’elle soit insuffisante. Le principe de méta-cohérence, qui attire
de plus en plus l’attention des épistémologues, permet d’apporter la pièce manquante à
l’argument sceptique.
50Cette reformulation permet de voir enfin pourquoi la réponse des externalistes tels que
Dretske et Nozick manque le cœur internaliste de l’argument.
51Dans cette présentation, je n’ai pas eu le temps d’envisager les réponses qu’on pourrait
apporter à l’argument sceptique. Et de fait, je pense que l’on peut répondre à l’argument,
mais pas en refusant le principe de clôture de la justification ni le principe de
méta-cohérence – pas en tout cas dans leur version d’engagement épistémique. Par
conséquent, la solution que je suis prêt à défendre, c’est que nous sommes en mesure de
tenir nos croyances anti-sceptiques pour des connaissances, parce qu’elles peuvent éviter le
hasard épistémique grâce à une condition de sûreté – c’est la solution de Pritchard
lui-même au problème externaliste, ou encore celle de (Williamson 2000). Mais dans les
limites de cette présentation, je me suis proposé simplement de présenter l’argument dans
ce qui est à mon avis la version la plus forte, afin de pouvoir écarter les fausses résolutions.
Audi, R., 1998, Epistemology : A Contemporary Introduction to the Theory of Knowledge,
London, New York, Routledge.
Dretske, F., 1970, « Epistemic Operators », The Journal of Philosophy 67(24), p. 1007-1023.
Foley, R., 1987, The Theory of Epistemic Rationality, Cambridge, Mass., Harvard University
Press.
Hawthorne, J., 2005, « The Case for Closure », Matthias Steup et Ernest Sosa (dir.),
Contemporary Readings in Epistemology, Malden, MA, Blackwell Pub., p. 26-43.
Huemer, M., 2011, « The Puzzle of Metacoherence », Philosophy and Phenomenological
Research 82(1), p. 1-21.
Moore, G. E., 1962, Commonplace Book, 1919-1953, Londres, New York, Allen & Unwin,
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Nozick, R., 1981, Philosophical Explanations, Cambridge, Mass., Harvard University Press.
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