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20/12/2018 Algérie : à 4 mois de la présidentielle, c'est la "panique chez les obligés du régime"

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Algérie : à 4 mois de la présidentielle, c'est la


"panique chez les obligés du régime"

Le politologue Mohamed Hennad analyse la situation politique avant


le premier tour de la présidentielle algérienne, alors que se profile
une cinquième candidature d'Abdelaziz Bouteflika.

Par Céline Lussato


Publié le 20 décembre 2018 à 11h17

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A quatre mois du premier tour de l'élection présidentielle algérienne, le politologue


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Mohamed Hennad, professeur de sciences politiques à l'université d'Alger, décrypte
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les derniers soubresauts de la vie politique du pays, alors qu'une cinquième candida-
ture d'Abdelaziz Bouteflika, 81 ans,REGLAGES est toujours   envisagée
OK pour le 19 avril. 

https://www.nouvelobs.com/monde/afrique/20181219.OBS7368/algerie-a-4-mois-de-la-presidentielle-c-est-la-panique-chez-les-obliges-du-regime.html 1/9
20/12/2018 Algérie : à 4 mois de la présidentielle, c'est la "panique chez les obligés du régime"

Après de nombreux appels à un cinquième mandat du président Boutefli­
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ka, on entend ces derniers jours des appels à une "continuité" du pouvoir,
des rumeurs de prolongation du quatrième mandat… Qu'en pensez­vous ?
La présidentielle pourrait­elle être reportée ?

Pour le moment, ce ne sont que des rumeurs. Je pense donc qu'il est inutile de s'y at-
tarder ! Les appels à un cinquième mandat sont d'une toute autre nature.

En fait, ils n'émanent que de ceux dont le rôle est de jouer les thuriféraires, guidés par
le duo fatal FLN-RND [les deux partis au pouvoir, NDLR]. Ceux-là mêmes qui ont
soutenu le viol de la Constitution en 2008 pour faire sauter le verrou des deux man-
dats. Ceux-là mêmes qui seraient heureux si leur idole pouvait continuer sa présidence
le temps que durera la vie parce qu'ils en profitent bien !

Cependant, ces appels incessants pourraient également traduire une certaine difficulté
à trouver un successeur au très malade président Bouteflika, difficulté elle-même lar-
gement due au vide que le président a voulu créer autour de lui pendant toute cette pé-
riode à la tête de l'Etat. Et c'est ce vide qui donne l'impression, aujourd'hui, d'une cer-
taine panique chez les obligés du régime.

Qui plus est, il me semble que le système est dans une impasse totale, sinon il aurait
fait miroiter un peu ce qu'il compte faire. Car la situation est vraiment critique : le pré-
sident Bouteflika est tellement mal en point qu'on risque de ne plus le revoir, même
pour la signature de la loi des finances 2019 très prochainement. En même temps, la
population ne cesse de déclamer haut et fort sa haine et son mépris envers le système.
Alors qu'un "cinquième" mandat devient impossible, le système
préfère probablement attendre l'issue naturelle dont il compte exploiter une certaine
sympathie qu'il mettra à contribution pour placer – encore une fois – son "candidat du
consensus". 

Pourquoi aucun autre nom n'émerge aujourd'hui pour se présenter à la
prochaine présidentielle ?

C'est justement à cause du vide que je viens de mentionner. Les forces politiques du
pays semblent sidérées par trois éléments : d'abord, le défi que le pouvoir s'est permis
de lancer à tout le monde, en 2008, en supprimant l'article de la Constitution limitant
le nombre de mandats présidentiels à deux pour permettre au président de briguer un
troisième mandat ; ensuite, l'inutilité de toute candidature puisque la victoire du "can-
didat du pouvoir" est assurée d'avance ; enfin, non seulement le fait que le président
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soit maintenu malgré son incapacité physique totale évidente, mais aussi ces appels
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que continuent de lancer les partis du pouvoir et le syndicat domestique (UGTA) pour
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que M. Bouteflika brigue un cinquième REGLAGES


mandat.  
Ainsi, l'opposition, échaudée, se dit :
OK
"Laissez-les faire, on voit bien qu'ils vont se casser la gueule" !  
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20/12/2018 Algérie : à 4 mois de la présidentielle, c'est la "panique chez les obligés du régime"

La dernière sortie d'Abdelaziz Bouteflika le montre à nouveau très affaibli.
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Cet état de santé n'influe donc pas sur une possible nouvelle candidature ?

Ce fut une scène humainement insoutenable : le président, visiblement très mal en


point, ne tenant sur son fauteuil roulant qu'à l'aide d'une sangle ! Les images ont fait le
tour du monde et, malheureusement, égayé quelques plateaux de télévision à l'étran-
ger. Entre-temps, le pays continue de perdre beaucoup de temps précieux !

On va jusqu'à parler de guerre des clans dans les hautes sphères du pou­
voir dès qu'on évoque une éventuelle succession ? De quoi parle­t­on ?

"Guerre des clans" ! De mon point de vue, ces propos expriment moins une réalité poli-
tique algérienne qu'une tournure journalistique. Bien sûr, il y a des clans dans tous les
régimes politiques, sans pour autant bloquer le pays ou l'exposer à des risques. Chez
nous, il me semble que les gens se perdent plutôt en conjectures. Dans le cas comme
celui de l'Algérie, les clans ont beau se multiplier, ils obéiront toujours à un même
centre, plus ou moins collégial, dont ils sont les obligés. En fait, un peu comme dans
un harem ! Enfin, à force de parler de clans, on risque de nous soupçonner de soutenir
tel ou tel, alors qu'ils sont tous pareils du point de vue de l'éthique politique.

Mais alors comment expliquer le remplacement, il y a quelques semaines,
du président de l'Assemblée nationale ?

Ce qui s'est passé à l'APN [Assemblée populaire nationale, NDLR] – Parlement crou-


pion – pourrait bien être une simple bagarre en interne qui a trouvé sa solution en de-
hors de l'Hémicycle. En même temps, la saga a bien montré que le respect de la notion
de "séparation des pouvoirs" chez nous n'est toujours pas à l'ordre du jour !

Un mouvement contre le cinquième mandat de Bouteflika, Mouwatana
("Citoyenneté"), s'est exprimé. Que représente­t­il ?

Ce mouvement représente des personnalités de l'opposition et de la société civile.


Comme son nom l'indique, il milite pour un système politique citoyen, respectueux
d'une pratique politique saine et efficiente. Mouwatana rappelle le mouvement Bara-
kat de 2014, sauf que celui-ci – comme son nom l'indique également ("Ça suffit") –
s'opposait surtout au quatrième mandat. Aujourd'hui, ce mouvement n'est donc plus
seulement en opposition mais essaie de faire en sorte que la prochaine élection prési-
dentielle soit le prélude à un nouvel ordre national.

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