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Droit de l'entreprise
CM 01
Il conviendra donc de garder présent à l'esprit les différents intervenants (« entreprise » vs « dirigeant »),
l'objet des cessions (« fonds de commerce », d'une part, « entreprise individuelle » vs « société »), les
différents niveaux d'analyse (« cession proprement dite » vs « plus-values éventuellement dégagées par la
cession »).
La principale difficulté de l'analyse des conséquences fiscales de la transmission d'entreprise réside dans les
confusions qui peuvent naître entre ces divers éléments (intervenants, objet de la cession, vente/plus-
values).
La vente d'un fonds de commerce ou de clientèle commerciale ou civile (pour les notaires, architectes,
médecins, etc.) est soumise à des mentions obligatoires, des formalités d'enregistrement et au
paiement de droits de mutation.
Un fonds de commerce est un ensemble d'éléments utilisés pour l'exploitation d'une activité commerciale
ou industrielle. Ces éléments sont souvent inséparables et constituent la valeur du fonds.
Les éléments matériels doivent donner lieu à un inventaire détaillé et estimatif, rédigé sur l'imprimé
n°2676.
Si ces éléments n'apparaissent pas dans l'acte de vente, l'acheteur peut demander la nullité de la vente.
Remarque : avant l'acte de vente, les parties peuvent conclure une promesse de vente. Le compromis de
vente doit comprendre les mêmes mentions obligatoires.
Ne sont pas transmis à l'acheteur du fonds (ou cessionnaire) :
- les créances et dettes, sauf si l'acheteur ne respecte pas certaines obligations et dans le cas de la
solidarité fiscale (l'acheteur reste solidaire avec le vendeur des impôts que ce dernier doit acquitter : impôt
sur le revenu, impôt sur les sociétés, taxe d'apprentissage),
- les contrats (sauf ceux obligatoirement transmissibles, tels que les contrats d'assurance, ou ceux qui sont
transmis par voie conventionnelle tels que les contrats « client / fournisseur », « crédit bail », « contrat
d'exclusivité », « contrat de franchise »),
- les documents comptables (l'acheteur doit pouvoir les consulter pendant 3 ans),
- les immeubles,
- le droit de terrasse d'un restaurant ou d'un débit de boissons (l'autorisation d'occupation du domaine public
est délivrée à titre personnel au précédent exploitant : une nouvelle autorisation doit être demandée par
l'acheteur du fonds).
Dans une entreprise comportant jusqu’à 249 salariés, les salariés doivent être obligatoirement informés, en
cas de projet de vente du fonds de commerce ou de l’entreprise (plus de 50 % des parts sociales d’une
SARL ou d’actions ou valeurs mobilières donnant accès à la majorité du capital d’une société par actions),
au plus tard 2 mois avant la conclusion du contrat de vente.
Les salariés, qui restent tenus à une obligation de discrétion, ont ainsi le temps de proposer une offre de
rachat du fonds de commerce, des parts sociales, actions ou valeurs mobilières, ou une offre de reprise de
l’entreprise.
L’information préalable doit être transmise selon l’une des modalités suivantes :
- au cours d’une réunion d’information des salariés, avec signature d’un registre de présence,
- affichage, avec signature d’un registre daté attestant avoir connaissance de cet affichage,
- courrier électronique, avec une date de réception certifiée,
- remise en mains propres, contre émargement ou récépissé,
- lettre recommandée avec avis de réception (la date de réception de l'information étant alors celle de la
première présentation de la lettre),
- acte d’huissier,
- tout autre moyen de nature à rendre certaine la date de réception.
Par dérogation, la vente peut intervenir avant l'expiration des 2 mois dès lors que chaque salarié a fait
connaître sa décision de ne pas présenter d'offre.
La vente doit intervenir avant l'expiration d'un délai maximal : une fois tous les salariés informés, le
vendeur dispose de 2 ans maximum pour réaliser la vente, sans avoir l'obligation d'informer à nouveau les
salariés en cas de nouveau projet de vente.
Ce délai court :
- soit à compter de la date à laquelle tous les salariés ont été informés, dans le cas où l'entreprise a
l'obligation de mettre en place un comité d'entreprise (CE),
- soit à compter de l'expiration du délai de 2 mois, pour les entreprises non soumises à l'obligation de mettre
en place un CE.
Si l'entreprise est vendue sans information des salariés en amont, le salarié peut engager la responsabilité
civile du vendeur. Lorsqu'une action en responsabilité civile est engagée, la juridiction saisie peut prononcer
une amende civile dont le montant ne peut excéder 2 % du montant de la vente.
Déclaration à la Mairie
Si le bien cédé est situé dans le périmètre de sauvegarde des commerces et de l'artisanat de proximité, il
peut faire l'objet d'un droit de préemption de la commune, c'est-à-dire du droit de l'acheter en priorité pour
le rétrocéder à un commerçant ou un artisan.
Le maire dispose d'un délai de 2 mois pour exercer éventuellement le droit de préemption au profit de la
commune.
L'acquéreur du fonds doit enregistrer l'acte de cession auprès du bureau de l'enregistrement du service des
impôts de la situation du fonds.
L'enregistrement permet de déterminer le montant des droits qui devront être acquittés lors de la
présentation de l'acte à la formalité.
Ils sont le plus souvent pris en charge par l'acquéreur, même si l'acte de cession peut prévoir d'autres
modalités (prise en charge par le vendeur ou partage des frais, par exemple).
Dans le mois qui suit l'acte de cession ou l'entrée en possession du fonds, l'acquéreur du fonds de
commerce ou de la clientèle doit effectuer son enregistrement auprès du service des impôts (SIE), en
déclarant la mutation du fonds de commerce ou de clientèle.
Cette formalité donne lieu au versement par l'acheteur de droits d'enregistrement (ou droits de mutation)
perçus sur le prix de la vente de l'achalandage, de la cession du droit au bail et des objets mobiliers ou
autres servant à l'exploitation du fonds.
L'acheteur du fonds de commerce doit soit créer une nouvelle société, soit déclarer un établissement
secondaire, dans le cas où il exerce déjà une activité.
Il doit s'adresser au CFE dont il dépend, pour son immatriculation et déclarations légales et administratives,
notamment au registre des commerces et des sociétés (RCS), au répertoire national des entreprises (Siren),
aux services fiscaux, au régime social des indépendants (RSI).
À la demande de l'acheteur, via le greffier du tribunal de commerce, la vente du fonds de commerce doit
faire l'objet d'une publication au Bodacc dans les 15 jours suivant la signature de l'acte de vente.
L'insertion doit mentionner notamment l'enregistrement de l'acte de vente, les noms et domiciles des
propriétaires (l'ancien et le nouveau), la nature et le prix du fonds.
Les éventuels créanciers du vendeur disposent de 10 jours après publication au Bodacc pour s'opposer à la
vente.
Obligations de l'acquéreur
Dans le mois qui suit l'acte de cession ou l'entrée en possession du fonds, l'acquéreur du fonds de
commerce ou de la clientèle doit effectuer son enregistrement auprès du service des impôts (SIE), en
déclarant la mutation du fonds de commerce ou de clientèle (imprimé 2672).
Cette formalité donne lieu au versement par l'acheteur de droits d'enregistrement (ou droits de
mutation).
En effet, dans les 30 jours qui suivent l'acte de cession ou l'entrée en possession du fonds (mutation à
titre onéreux), l'acquéreur du fonds de commerce ou de la clientèle doit effectuer son enregistrement auprès
du service des impôts (SIE), en déclarant la mutation du fonds de commerce ou de clientèle (imprimé 2672).
Si la valeur du fonds dépassent 23 000 €, cette formalité donne lieu au versement par l'acheteur d'un droit
d'enregistrement, au profit de l'État, et de taxes additionnelles départementale et communale, qui sont
perçus sur le prix hors TVA, augmenté des charges, ou, si elle est supérieure, sur la valeur vénale.
Droit d'enregistrement et taxes additionnelles pour les mutations à titre onéreux de fonds de
commerce ou de clientèle (en pourcentage sur chaque fraction taxable)
Droit
Valeur taxable (€) Taxe départementale Taxe communale Total
budgétaire
Entre 23 000 et 107 000 2 %* 0,60 % 0,40 % 3%
0,60 % 1,40 % 1% 3%
Entre 107 001 et 200 000
* le taux est réduit à 0 % pour les acquisitions de fonds de commerce et de clientèles réalisées dans les
zones franches urbaines-territoires entrepreneurs (ZFU) à condition que l'acquéreur s'engage, lors de la
mutation, à maintenir l'exploitation du bien acquis pendant une période minimale de 5 ans.
Remarque : la cession en pleine propriété de fonds artisanaux, de fonds de commerce, de fonds agricoles
ou de clientèle d’une entreprise individuelle à un salarié ou à un membre de sa famille (conjoint,
partenaires d'un pacte civil de solidarité, ascendants, descendants en ligne directe et frères et sœurs) en
vue de poursuivre l’exploitation, bénéficie sous certaines conditions, d’un abattement de 300 000 €.
Dans le cas contraire, les marchandises neuves garnissant le fonds sont assujetties à un droit de 1,50 %
et doivent être désignées et estimées article par article dans un inventaire détaillé et estimatif, rédigé sur
l'imprimé n°2676.
Le cas particulier des immeubles
Si l'acquéreur du fonds de commerce achète également l'immeuble dans lequel ce fonds de commerce est
exploité, cette acquisition suit son régime fiscal propre et sera soumise aux droits de mutation à titre
onéreux d'immeubles de droit commun.
Obligations du cédant
Dans un délai de 45 jours à partir de la publication au Bodacc, le cédant doit clôturer ses comptes et
effectuer plusieurs déclarations fiscales.
Dans un délai de 45 jours à partir de la publication au Bodacc , le cédant doit clôturer ses comptes et
déclarer les revenus de l'exercice clos pour le calcul de l'impôt sur le revenu ou sur le sociétés.
La cession entraîne l'imposition immédiate des bénéfices réalisés depuis le dernier exercice clos, des
bénéfices en sursis d'imposition (provisions constituées avant la cession, plus-values dont l'imposition
avait été différée) et des plus-values réalisées sur la vente des immobilisations.
Les modalités déclaratives de cette imposition immédiate dépendent du statut juridique et du régime fiscal
de l'entreprise qui cède son fonds de commerce :
- pour une personne morale ou une société : la déclaration de résultats (imprimé n°2065)
- pour une entreprise individuelle (commerçant, artisan, etc.) soumise à l'impôt sur le revenu dans la
catégorie des bénéfices industriels et commerciaux (BIC) : la déclaration de revenu en ligne ou au moyen du
formulaire papier (imprimé n°2031)
- pour une entreprise individuelle (profession libérale par exemple) ou une société soumise à l'impôt
sur le revenu dans la catégorie des bénéfices non commerciaux (BNC) : la déclaration de revenu
(imprimé n°2035)
- pour les bénéfices agricoles : la déclaration de revenu (imprimé n°2139)
- pour une micro-entreprise ou un auto-entrepreneur : la déclaration de revenu (imprimé n°2042)
Remarque : si la cession fait suite au décès de l'exploitant, les ayants droit disposent de 6 mois pour y
procéder.
La première est taxée dans le résultat de l'entreprise (plus-values à court terme) ou en même temps que le
résultat de l'entreprise (plus-values à long terme). Cette taxation est incluse dans l'impôt sur les sociétés (IS)
ou viendra augmenter l'impôt sur le revenu du dirigeant (entreprises individuelles ou sociétés non soumises
à l'IS).
La seconde est taxée au niveau du foyer fiscal du dirigeant, à l'impôt sur le revenu.
Pour l'entreprise, la situation est différente selon que la plus-value est qualifiée de « PV à CT » ou « PV à
LT », d'une part, que l'entreprise relève de l’impôt sur le revenu (IR) ou de l’impôt sur les sociétés(IS), d'autre
part.
Les plus-values et moins-values sont les profits ou les pertes réalisées par les sociétés à l'occasion de la
cession d'un bien inscrit à l'actif du bilan. Elles sont à court terme lorsque la cession dudit bien intervient
avant un délai de 2 ans.
D'une manière générale, la plus-value nette à court terme est intégrée aux résultats de l'entreprise et
imposée au taux de droit commun.
L'entreprise peut, cependant, demander un étalement de l'imposition sur l'année de réalisation de la plus-
value et les deux années suivantes. Cette possibilité d'étalement sur trois ans est toutefois exclue si la plus-
value est constatée en fin d'exploitation, c'est-à-dire dans le cadre de la cession ou de la cessation de
l'entreprise.
→ Entreprise soumise à l'impôt sur les sociétés
La plus-value est imposée aux taux de 33,33 % ou 15 % sans possibilité d'étalement. Le taux de 15 %
s'applique aux sociétés contrôlées à 75 % par des personnes physiques dont le capital est entièrement
libéré et dont le chiffre d'affaires est inférieur à 7 630 000 euros. Le taux réduit s'applique sur une fraction du
bénéfice imposable limitée à 38 120 euros par période de douze mois.
La moins-value vient diminuer les bénéfices de l'entreprise. Toutefois, si ces bénéfices ne sont pas suffisants
pour l'absorber en totalité, la fraction restante de la moins-value devient un déficit d'exploitation reportable en
application des règles de droit commun en la matière.
reporter le déficit de manière illimitée sur les exercices suivants (report en avant) dans la limite d'1 million
d'euros par an, majoré de 50% de la fraction du bénéfice supérieure à ce plafond ;
opérer le report sur les bénéfices de l'exercice précédant l'exercice déficitaire (report en arrière) et dans la
limite d'1 million d'euros.
Cette plus-value est à long terme lorsque la cession d'un bien intervient 2 ans ou plus à compter de son
inscription à l'actif du bilan.
Les plus-values nettes réalisées à l'occasion de la cession de titres de participation sont exonérées sous
réserve de la taxation au taux normal de l'impôt sur les sociétés d'une quote-part de frais et charges de 12 %
du montant brut.
Exemple : une société soumise à l'impôt sur les sociétés dégageant une plus-value sur des titres de
participation d'un montant de 20 000 euros devra verser au titre de la plus-value 800 euros (soit 20 000 x 12
% x 33,33 %).
La moins-value nette à long terme ne peut être imputée que sur les plus-values nettes à long terme qui
seront éventuellement réalisées au cours des dix exercices suivants. Elle vient ainsi en diminution du
montant taxable de la plus-value.
I – 2 – Exonération de la plus-value
Quelques exemples d'exonérations totales ou partielles de plus-values réalisées par une entreprise à la
suite de sa cession.
Toutes entreprises
Les cessions d’entreprises individuelles ou de l’intégralité des parts d’une société soumises à l’IR, ou
d’une branche complète d’activité pour les entreprises soumises à l’IS peuvent être exonérées
partiellement si la valeur des éléments cédés est inférieure à 500.000 euros et totalement si cette valeur est
inférieure à 300.000 euros.
Remarque : là encore, il faut distinguer ce qui se passe au niveau de l'entreprise de ce qui se passe au
niveau du dirigeant.
Ainsi, pour une société soumise à l'IS qui céderait une branche complète d'activité inférieure à 300 000 €, la
plus-value dégagée serait exonérée d'IS.
En revanche, la distribution au dirigeant du résultat exceptionnel ainsi dégagé sera taxable au niveau du
dirigeant (à l'impôt sur le revenu), après un abattement de 40 %.
Dans le cas d'une entreprise individuelle, la plus-value dégagée dans les mêmes conditions (moins de 300
000 €) aurait été exonérée directement et le dirigeant aurait perçu la somme sans payer d'impôt sur le
revenu (puisqu'il ne s'agit pas d'une distribution mais d'un prélèvement).
Entreprises individuelles
Si le cédant exerçait une activité commerciale, artisanale, libérale ou agricole, en tant entreprise
individuelle, pendant au moins 5 ans, la plus-value est exonérée selon le montant des recettes.
Les recettes concernées s'entendent de la moyenne des recettes hors taxes réalisées au titre des exercices
clos, si besoin ramenés à 12 mois, au cours des 2 années civiles qui précèdent la date de clôture de
l'exercice de réalisation de la plus-value.
Remarque : si le fonds de commerce cédé n'était pas exploité à titre professionnel par le cédant, s'il était mis
en location-gérance par exemple, sa cession est exclue du dispositif d'exonération.
Cette exonération de la plus-value de cession s'applique aussi aux parts de société civile de moyens (SCM),
statut juridique propre aux professions libérales.
I – 3 – Taxe sur la valeur ajoutée (TVA)
La cession globale du fonds de commerce entraîne en principe le paiement de la TVA.
Lorsque ces biens n'ont pas ouvert droit à déduction de la TVA lors de leur acquisition, leur revente est
exonérée de TVA (article 257 du CGI).
L'exonération concerne alors l'ensemble des ventes de biens et prestations de services réalisées à
l'occasion de la cession du fonds. Sont concernés les biens mobiliers d'investissement, les marchandises,
les biens meubles incorporels (marques, brevets, licences, etc.) et les immeubles.
Lors d'une vente d'un fonds de commerce en cours d'année, le vendeur doit verser la CET pour l'année
entière, sauf si les parties s'accordent pour que l'acheteur en prenne une partie à sa charge.
Mais si la vente prend effet au 1er janvier, l'acheteur est imposé sur les bases d'imposition déclarées par son
prédécesseur en mai de l'année précédant la cession.