It A fri vin DE CET OUVRAGE
£200 exemplaires sur papier pur fil Lajuma
numérotés de 1 @ 200.
COLLECTION DES UNIVERSITES DE FRANCE
pubic sow le puirnage de ASSOCIATION GUILLAUME BUDE
DEMOSTHENE
PLAIDOYERS CIVILS
TOME IV
Louis GERNET
Directeur d'études & Iieole dev Heutee-rodes
INDEX,
J. A, pe FOUCAULT ier R. WEIL
PARIS
SOCIETE D'EDITION « LES BELLES LETTRES »
95, movnevanp masratt (v1)
1960ux
CONTRE NEERA
NOTICE
{On a vu! que le Contre Néra figurait primitivement,
ins la collection démosthénique, tout de suite aprés les
ros yo. Déyer dont les aniciens ne paraissent jamais
voir séparé : il était le premier des trois discours qui
mnt aujourd'hui & la fin de notre collection. Il mériterait,
ler cette place. Non pas, certes, & cause de so va-
tur littéraire, ni méme do son intérét historique ; mais
flest amusant comme tableau de moeurs — véridique ou
jmnieux, peu importe : Ie réalisme do la peinture’, Ie
fttoresque, on oserait. presque dire le picaresque de la
rie de personnages Iai donne une saveur d’autant plus
piquante que le pédantisme de l'orateur nous garantit
qu'elle est involontaire.
INééra est accusée d'avoir, étant étrangbre, épousé un
“Athénion, Stéphanos. Naturellement, c'est Stéphanos qui
‘vis6, et par des ennemis personnels qui sont, de sur-
erolt, des ennemis politiques. Rien que de conforme & la
fo! du jou : on vient de voir quo les haines privées ne
“disoréditent pas les accusateurs & Athénes et que, souvent
Sime, les accusateurs s’en_ prévalent, Ici, Théomnestos,
‘a intenté laction, explique les raisons personnelles
“quill a de poursuivre. il se borne méme a cela. Il cdde as
“fox vite la parole son beau-frére et heau-pére Apollodore,
qui, usant de la tolérance ordinaire des tribunaux athé
‘piens, vient appuycr la partic accusatrice jusqu’a Ta fin du
Aemps aceordé par In clepsydre : la plus grande partie du
Contre Nééra est faite de la ovvmyopla.
A, Voir la Notice générale, tI, p. 8 89
2. On peut oroire que, dans notre tradition, il 646 expurgé.66 CONTRE NEERA
Le discours est manifestement du méme auteur que les
autres « plaidoyers d’Apollodore » (c'est-i-dire, d'aprés
Vhypothése que nous avons admise, d’Apollodore lui-
méme). Los mémes caractéristiques s'y reconnaissent : le
désordre de la composition, une espece de prédilection
pour les arguments qui ne prouvent rien et pour les dév
loppements oratoires en dehors de la question, une érudi
tion complaisante et souvent gratuite en matiére de droit,
une expression diffuse et abandonnée, mais avec une
pointe de préciosité ga et 1a; de Ia véhémence au reste et
méme, ici, toute la violence qu’on peut attendre d'un ora-
teur athénien devant. un tribunal
Stéphanos? n’est pas tout & fait un inconnu : son nom
figure dans deux inscriptions de 368 et de 347 comme
celui de T'auteur de deux décrets?, Il est certain qu'il
jouait depuis assez longtemps un role politique ; dans un
‘autre camp que son adversaire, bien entendu : il avait
figuré auprés de Callistratos et il a da s'attacher dans
la suite & Eubulo et au pacifisme qu'il représentait. Nous
savons qu'Apollodore, Iui, était du c6té de Démosthene
au début de 348, lors de la guerre d’Olynthe, il proposa
un décret invitant Passemblée a décider si les exeédents
de recettes seraiont employés & des fins militaires* ou
continueraient & étre versés au théorique ou fonds des
spectacles que gérait Eubule, Ce fut Stéphanos qui diri-
gea contre lui une de ces accusations d'illégalité q
@laient monnaie courante dans la vie politique : il fit
invalider le décret et condamner son auteur & une amende
qu'il aurait voulue de quinze talents et qui fut réduite &
trois, De 1a une haine solide qui toutefois — et ce n'est
pas précisément la une présomption de véracité — atten-
1, Quill ne faut pas confondre avec le personnage du Conire Sié
hana: les démotiques differen.
2.2. G, 1 2133 105
8, Peutaire Ia eaisse des fonds militaires, qui n'existait pas un an
plas 10t (Dém., Ob, I, 19), avait-elle été dija erbée (cf. Glotz, Hist
tery t ILL, p. 262); mals Vexpression d’Apollodore au § 4 ne le préjuge
‘Pad nécessairement, et nous avons traduit en conséquence,
“4. Pour le fond, semble-Li, plutOt que pour des raisoas de pro
ceédure. Ia présentation du déeret (Wabord au Conseil,
‘ob il fut Pobjet d'un probouleuma ou vote préalable, puis & V'Assem:
bide, qui parait bien Vavoir adopté) était tout a fait reguliee :ef. § 6
tout cx
NOTICE 67
git un bon nombro dannées pour so satisfaire par la pré-
fente accusation.
La loi n’admettait de mariage de plein droit qu’entre
srsonnes athéniennes. On rappelle que cet état: de choses
Femontait seulement au milieu du v° sidcle, ot un déeret
de Périclés ne reconnut la qualité de citoyen qu’a ceux
dont les parents étaient Athéniens un et autre, En-
‘core co décrct, renouvelé en 403%, ne prohibait-il qu’i
ectement les mariages mixtes. L'interdiction expresse de
¢oux-ci fut. prononeée — dans certaines conditions duu
moins —par deux lois? dont Apollodore donne lecture et
quifrappent deux espices de délinquants : 1° ’étranger qui
a épousé une Athénienne, ou I’étrangére qui a épousé un
‘Athénien ; 'un et Pautre seront vendus comme esclaves,
{0 qui est la peine normale de usurpation du droit de
‘ité (Gov); en outro, lo mari d’une étrangére condamnée
fice titre payera une amende de mille drachmes ; 2° ce-
Tui qui a donné en mariage & un Athénien une étrangére
quil fait passer pour sa fille (ou, plus généralement, dont
i] prétend avoir la tutelle)¢ : il sera déchu de tous ses
droits civiques et ses biens seront confisqués — 'accusae
teur recevant le ticrs du produit de la confiscation,
4, CL, C. Beste, 1, Notie, p. 889.
2, Ct. C. Euboul, 30,
8, Ces doux lois, qui paroissont contomporaines, doivent étre pos-
Asioures an moins '& Varchontat d’Buclide ance que ee sont
des ois, alors qu’au y* siicle on aurait prooédé par d¥eret, & exemple
Périolis lutméme, De plus, Yaccusation prévue est de la compé-
tence des thesmothites : of, sous le régime du déerot de Pércls, co
font les Exvodlens, pain Tes yauroBbeat, do qui dépendent le
tions Eeviac qui pouvaient sfautorisor du dit décret (cf. Kor
Hermes, 1993, 238 2qq.), o1 co sont eux aussi qui auraient été ehar
‘gs par une exicnsion naturelle, do Vexdcution des deur lois si ces
Jois valent existé (la premiére no fait que viser un cas particulier de
Eevla). Dans Ia suite, au cours de la guerre du Péloponnese, le décret
fst au moins tombé en désuétude c'est seulement aprés qu'll fut
tomis en viguour qu'on a pu songer a légiférer dans une matiore voi-
fine, La compétence des thesmothites fait méme penser & une date
Yolsine do 350.
% La Toi dit de fagon eliptique : « comme étant sa parente
‘eatendons : « quia droit de donner en mariage ». La liste de ceux
Gui ont co droit figure au C. Suh. I, 18.
‘Sur cotte prime de Vaccusateur (la mémo dans la loi cite § $2),
tf. 0. Nicostr, 2; 0. Théoer, 13.