Professional Documents
Culture Documents
Tout d'abord, il faut remarquer qu'à l’origine le terme Magie faisait référence
aux membres des Magi qui étaient une secte-tribu de Médie qui formaient la caste sa-
cerdotale persane du culte d'Ahura Mazda. C’étaient donc des prêtres-sacerdotes-as-
trologues, mais pas des “sorciers*” au sens [Ndt : 1] que nous lui donnons.
Auprès des Grecs, ils avaient une grande renommée de sagesse et apparaissent
souvent dans la littérature de l’époque.
Chez les Romains, le terme Magie paraît très tard dans l’acception moderne du
terme, le premier emploi en ce sens apparaît sous Auguste. Cicéron employait encore
le terme Magus dans son sens ethnique.
Quels étaient donc les termes employés jusqu'à maintenant pour indiquer
l’acte magique' D'abord que la magie n'était pas encadrée entre des frontières bien
précises comme aujourd'hui, dans lequel nous pouvons distinguer clairement la carto-
mancienne du scientifique, nous pouvons découvrir ces termes sur les lois des 12 ta-
bles. Sur deux de ces lois il est fait prohibition d'employer la magie pour faire disparaî-
tre la récolte du champ du voisin, ou bien de transférer la récolte dans son champ. Les
termes employés en latin sont Malum Carmen “mauvais charme”, action pour faire
disparaître la récolte, Incantation comme acte de déplacer la récolte dans son champ.
Il existait même un charme auxiliare, c'est-à-dire des pratiques magiques bé-
néfiques, pratiquées en médecine ; par exemple la réduction de la fracture d’une jambe
cassée était accompagnée de chants de guérison précis et d'actes qui simulaient la re-
composition de l’os (par exemple, une canne cassée était recomposée).
Quelle était l'attitude envers la magie et son emploi ? Cela dépend ! L'emploi
d'un Malum Carmen était un délit civil pour les 12 tables lorsque il endommageait la
propriété ; donc l'emploi de charme auxiliare était considéré comme légal, mais il ne
faut pas mal comprendre : le charme auxiliare n'était pas légal comme magie bénéfi-
que, il n’était légal que comme acte médical.
Les Charmes bénéfiques et maléfiques étaient deux choses distinctes comme la
fraude ou le soin médical. Il n'existait pas un ensemble magie qui les regroupait ou de
toute façon c’était secondaire par rapport à la première distinction. À l’époque impé-
riale c'était un peu plus qu’une distinction organique, mais les frontières de la magie
resteront toujours flous avec ceux de la religion, de la science et de la philosophie.
La loi de base pour tous les procès de magie, était la lex Cornelia de sicariis et
veneficis émise par Silla : cette loi avait pour but de limiter la violence après le chaos
de la guerre civile. La loi punissait soit les assassins violents à main armée (épingler les
sicaires), soit ceux plus subtils qui utilisaient des maléfices (faire du mal) tels les empoi-
sonneurs (veneficis). Par veneficis nous entendrions facilement les empoisonnements,
mais pour les Romains il s’agissait de toutes les morts inexplicables ; c'est dire que sans
l'aide de la pathologie moderne, il était difficile de distinguer l'empoisonnement ou les
maledictions d’une maladie non evidente. Donc les maédictions rentraient dans la caté-
gorie du veneficis et était punies de la même manière.
Dans la mort de Germanicus, suspectée de veneficium, lorsqu’il commença à
être mal on chercha par toute la ville et dans les chambres, le maléfice ou l'image mau-
dite en cause.
À l’époque impériale, Pline raille la magie, mais il retient l'existence de faits ob-
jets d'une malediction, un danger très probable dans son temps.
Pour les gens du commun, une attitude religieuse anomale (par exemple prier
en silence car les Romains priaient à haute voix) ou bien même des recherches scienti-
fiques ou philosophiques peu claires, pouvaient rendre suspect.
À tel point qu’il suffisait de provoquer l'envie ou l'interêt pour faire jaillir une
procédure judiciaire (ce qui fut le cas d'Apulée [2]).
Les références magiques les plus nombreuses sont, ou sur les papyrus magiques
(qui proviennent pour la plupart de lÉgypte où, par la force des choses, ils se sont
mieux conservés), ou des défixions/ charmes [4].
Les premières contiennent les rites* magiques ou les conseils de magiciens à
magiciens, les secondes sont de véritables malé-dictions de divers type écrites sur des
tablettes habituellement en laiton et laissées dans les puits, cimetières, temples des divi-
nités infernales, sous l’eau ou sous terre (pour rechercher justement la protection de la
divinité terrestre, contrairement aux divinités célestes des cultes officiels).
Les charmes peuvent être de divers type : amoureux pour conquérir l'aimée ou
éloigner un rival, judiciaires pour gagner un procès en liant la langue des témoins ou
de l’avocat adverse, contre des rivaux économiques, contre des athlètes du cirque,
contre des voleurs et calomniateurs (celui qui a lu le livre de Manfredi Chimaira se rap-
pellera des défixions du prêtre étrusque).
Les défixions/ malédictions qui invoquaient les morts sont rares parce que la
méthode pratique était probablement plus sûre, mais aussi parce que l'incantation était
demandée pour des choses plus subtiles, inatteignables par des procédés normaux.
Un exemple de defixion/ malédiction judiciaire est celui-ci : « J'annonce aux
personnes ici susmentionnées, Lentino et Tasgillo, qu'ils doivent paraître devant Plu-
ton. Comme ce petit chat n'a fait de mal à personne, il est ainsi impossible de gagner
ce procès. Et comme la mère de ce petit chat n'a pas pu le défendre, ainsi leurs avocats
ne peuvent pas les défendre, et ces adversaires (suit une file de mots énigmatiques
ATRACATIITRACATI GAL LARA PRIICATA IIGDARATA HIIHIIS CIILATA
MIINTIS ABALTA AT PRISIIRPINAM HINC A). »
se terminait là où commençaient les maisons de la basse plèbe, pour ne pas parler des
campagnes : réduire une fracture et pratiquer l'incantation de guérison étaient deux ac-
tes parfaitement complémentaires et non contradictoires.
Certains personnages doctes comme Pline ou Ciceron, pour ne pas parler des
savants des zones grecques (philosophes et scientifiques) raillaient certains pratiques…
Mais ils pensaient de même de la religion traditionnelle.
Ceci ne veut cependant pas dire que, comme eux, tous étaient indifférents à
tous les autres.
L'attitude plus rationnelle tendait plus à dire : “Ce n'est pas vrai mais j’y crois,
en tout cas… on ne sait jamais”, qu'à celle du scientifique moderne. »» 2003
< signainferre.it >