1 Mai 2007
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leur implication d’enjeux inscrits sur 2005) avait confirmé la décision ren-
l’agenda politique (affaire des carica- due par le tribunal de grande instance
tures de Mahomet). de Paris. On doit précisément faire
Quel fut l’argumentaire du tribunal l’hypothèse que le choix de la
de grande instance de Paris dans l’af- 17e chambre du tribunal correctionnel
faire Marithé et François Girbaud ? En de Paris de relaxer Charlie Hebdo des
voici les « attendus » : poursuites d’injure religieuse dans l’af-
faire des caricatures n’a pas été indif-
[…] l’affiche critiquée constitue dans
son ensemble une violation manifeste de
férent au fait que le 14 novembre 2006,
l’esprit de tolérance qui doit caractéri- la Cour de cassation (1re chambre
ser, au même titre que la liberté d’ex- civile) déjugeait le tribunal de grande
pression, une société démocratique ; instance et la Cour d’appel de Paris
[…] en effet, les catholiques peuvent dans l’affaire Marithé et François Gir-
d’autant plus se sentir attaqués et offen- baud. Entre autres considérations, la
sés dans leurs sentiments religieux que Cour de cassation fit valoir que
la représentation litigieuse, loin de la seule parodie de la forme donnée à la
constituer une contribution à un débat représentation de la Cène qui n’avait
d’idées sur la place ou sur le rôle des pas pour objectif d’outrager les fidèles
femmes dans la société contemporaine, de confession catholique, ni de les
procède de la seule intention de réali- atteindre dans leur considération en rai-
ser des profits au mépris de la foi de son de leur obédience, ne constitue pas
personnes appartenant à la religion l’injure, attaque personnelle et directe
catholique ; […] l’affiche litigieuse dirigée contre un groupe de personnes
parodie une représentation de la Cène en raison de leur appartenance reli-
qui, par sa qualité esthétique, sa puis- gieuse.
sance évocatrice et la place qu’elle tient Rapportée à l’attente angoissée dans
dans l’imaginaire des croyants, a valeur laquelle les rédacteurs de Charlie
d’icône et vise non pas tant l’œuvre de
Hebdo ont été de la décision du tribu-
Léonard que l’objet même de la foi
catholique à travers la représentation du nal correctionnel de Paris dans l’affaire
dernier repas précédant la mort du des caricatures de Mahomet, cette
Christ ; […] s’il n’est pas contestable concurrence de trois regards juridic-
que l’affiche litigieuse constitue une tionnels dans l’affaire Marithé et Fran-
œuvre de création, il n’en demeure pas çois Girbaud témoigne d’une chose
moins que, destinée seulement à la pro- simple : dans les affaires d’offenses aux
motion de vêtements, sa nature ne lui croyances religieuses, les décisions des
permet pas de s’inscrire dans un débat juges – que ce soit le juge des référés
d’idées, seul susceptible d’enlever à la (affaire Marithé et François Girbaud)
critique la gratuité qui en fait une ou le juge pénal (affaire des carica-
injure, comme le permet par exemple
tures) –, sans être arbitraires, sont
une œuvre littéraire ou cinématogra-
phique. […]. néanmoins particulièrement aléatoires.
Il y a à cela des raisons objectives.
C’est au terme de cette argumenta- C’est que pour substantialiser soit le
tion que, dans l’affaire Marithé et Fran- « trouble manifestement illicite causé
çois Girbaud, le tribunal de grande ins- à l’ordre public » par un détournement
tance de Paris (10 mars 2005) avait ou un dénigrement de croyances reli-
décidé l’interdiction d’afficher « en gieuses, soit l’injure et la diffamation
tous lieux publics et sur tous supports » religieuses, le juge doit objectiver
l’affiche publicitaire litigieuse. Avec – suprême gageure – l’offense faite aux
une argumentation somme toute diffé- convictions religieuses. Sinon il suffi-
rente, la Cour d’appel de Paris (8 avril rait à tout plaignant ou à tout groupe
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