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F R A N C E A M E R I Q U E L AT I N E M A G A Z I N E

N°90
FAL MAG 3ème trimestre 2007
4,00 euros

Mythe et réalité
du libre-échange
EN IMAGES
ACTUALITES

ANALYSE

PLACE DE LA SORBONNE ASSEMBLÉE CONSTITUANTE BOLIVIE


Hommage au Che Une Bolivie en transition, Un an de nationalisation
ASSOCIATION FRANCE AMERIQUE LATINE
SOLIDARITÉ - DECOUVERTE - VOYAGES

Association de solidarité internationale, France Amérique Latine (FAL) travaille depuis plus de
35 ans à dénoncer les atteintes aux droits humains en Amérique latine et Caraïbe (ALC), et à construire
une réflexion nouvelle sur les alternatives au développement néo-libéral. Notre association s’efforce de
faire connaître la culture des peuples d’Amérique latine et de la Caraïbe, dans toutes leurs composantes,
leurs différences, leurs espoirs et leurs élans novateurs. C’est en faisant connaître leurs combats et leurs
succès dans la défense des droits humains et de la démocratie, pour le développement économique et
le progrès social, que nous leur manifestons notre solidarité. Nous agissons sous la forme d’appels, de
pétitions, de manifestations, d’interventions directes auprès des ambassades et des gouvernements. FAL
organise régulièrement des conférences-débats, des colloques, des rencontres avec des militants latino-
américains, des expositions thématiques, des projections de films.

Essence même de la création de notre organisation, un travail en réseau permanent est


incontournable pour se faire entendre sur la scène politique internationale. FAL est membre du
CNAJEP (Comité pour les relations Nationales et internationales des Associations de Jeunesse
et d’Education Populaire), d’ATTAC, du CRID (Comité de Recherhe et d’Information sur le
Développement), du CAL (Collectif pour l’Amérique latine et la Caraïbe), de l’ACME (Association
pour le Contrat Mondial de l’Eau), du Collectif Haïti de France, entre autres.

Pour être membre de FAL, il suffit de vouloir connaître,


faire connaître et soutenir les peuples d’Amérique latine et de la Caraïbe !!!

L
E S PAGNO
RS ON
ONNE
ECTI 2 heures de discussion en espagnol
PERF
Tous les jeudis de 18h30 à 20h30 à France Amérique Latine, Paris

Prendre de l’aisance à l’oral, perfectionner son apprentissage de la langue


espagnole : France Amérique Latine propose toutes les semaines deux heures de
discussions en groupe animées par un professeur hispanophone.

France Amérique Latine : 37, Bd. Saint Jacques 75014 Paris


Tél : (33) 1 45 88 20 00 Fax : (33)1 45 65 20 87
www.franceameriquelatine.org

Fal Mag est une revue publiée par l'association France Amérique Latine

Directeur de Publication : Fabien Cohen Comité de traduction : Colette Casado, Maquette : Coralie Crivillé
Michel Donabin, Alain Dianoux, Sylvie Favier,
Rédactrice en chef : Coralie Crivillé Renata Molina, Gloria Verges Couverture :

Comité de rédaction : Luc Brossard, Fabien Comité de relecture : Luc Brossard, Coralie ISSN : 1957-6668 CPPAP : 0111 G 87915
Cohen, Coralie Crivillé, Michel Forgeon, Franck Crivillé, Alain Dianoux, Danielle Marquilly,
Gaudichaud, Patrice Jouneau, Renata Molina, Renata Molina, Gloria Verges Impression : Imprimerie Desbouis Grésil S.A.S.
Jean Marie Paoli, Valérie Techer, Gloria Verges ZIC du Bac d’Ablon 10-12 rue Mercure
Ont participé à ce numéro : Olivier Besan- 91230 Montgeron
çenot, Michael Löwy, Rémy Herrera, Denise Tél .: 01.69.83.44.66; idg@desbouis-gresil.fr
Mendez
EDITORIAL

CONTRE LES ACCORDS DE LIBRE-ECHANGE,


MIRAGE DE PROGRÈS

Nous sommes apparemment devant un paradoxe. Le processus de libéralisation du


commerce mondial impulsé par le système capitaliste à travers un de ses princi-
paux instruments de cohersion, l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC) se
trouve affaibli après l’échec des négociations appelées Ronde de Doha en 2001. Les
rencontres successives organisées par les représentants des 151 pays qui intègrent
cette machine du libéralisme capitaliste, ne sont pas parvenues à un accord qui
donne une orientation définitive tant souhaitée par le capital et ses représentants
en faveur d’un nouveau cadre légal pour la libéralisation des marchandises et des
services.

Le problème – et c’est là que prend tout son sens l’apparence du paradoxe – c’est
que malgré l’impasse dans laquelle se trouve l’OMC, la libéralisation dérégulation
capitaliste continue d’avancer, à travers un autre mécanisme juridique : les traités et
accords de « libre échange ». Quelques exemples : Brésil-Inde, Corée du Sud – As-
sociations des Nations du Sud Est Asiatique (ASEAN), Centre Amérique – Etats-Unis
(CAFTA), Pérou, Colombie, Panama- Etats-Unis, etc.

Comme cela ne suffisait pas, l’Union Européenne et les Etats-Unis principalement,


maintiennent un infatigable activisme pour étendre autant que possible leur hégé-
monie par la multiplication de ce type d’accords, toujours présenté comme un outil
irremplaçable « de développement économique et social ».
Il convient de citer quelques exemples. Les Adas – Accords d’Association économiques
que l’UE cherche à imposer à ses anciennes colonies, les pays de l’ACP (Asie-Pacifique-
Caraïbe), les négociations de l’UE avec la Communauté Andine des Nations (CAN) et
avec l’Amérique Centrale, l’ASPAN « Alliance pour la Sécurité et la Prospérité de l’Amé-
rique du Nord » négociée par le Canada, Etats-Unis et le Mexique, une prolongation sur
le plan sécuritaire du TLC que les trois ont signés en 1994 …

Quels effets ces accords ont-ils engendrés ? Dans l’intérêt de qui ont-ils été conçus et
ratifiés ? A quels types d’organisation et de luttes ont-ils donné lieu ? C’est autour de
ces questions que FAL MAG vous propose ce numéro centré sur les « accords de libre
échange ».

Les gouvernements de l’UE et leur capital corporatif transnational mène depuis des an-
nées une offensive sur le plan interne et externe. Leurs objectifs principaux sont dans le
document appelé « La Stratégie de Lisbonne », approuvé en mars 2000 et, plus récem-
ment, dans le texte « Europe globale et concurrence mondiale », approuvé en octobre
2006, où est faite la promotion de la compétitivité des entreprises, pour augmenter leur
profit, en favorisant à tous moments leurs intérêts.

Nous sommes contre cette stratégie de prédation, antisociale et antidémocratique.


Nous sommes convaincus qu’il est possible de créer d’autres relations commerciales et
sociales basées sur la solidarité, la souveraineté et la libre participation des principaux
affectés par ces relations : les peuples des cinq continents. C’est dans cette lutte que
nous sommes engagés.

Braulio Moro
Membre de France Amérique Latine
SOMMAIRE EN IMAGES
Assemblée Constituante :

Une Bolivie en pleine


mutation

P. 23

ACTUALITES

Évènement Place de la Sorbonne : « 40 ans après, El Che Presente ! » p. 5

Mexique, Canada, États-Unis : Mutations libre-échangistes p. 6

Journée pour la dépénalisation de l’avortement :


« Ta bouche est fondamentale contre les fondamentalistes » p.10

ANALYSE

Politique gouvernementale : les défis de la communication publique p. 26

VIE ASSOCIATIVE

Avec nos partenaires la CRD et le FUNPROCOOP : Solidarité avec le Salvador p. 29

DOSSIER P. 11
MYTHE ET RÉALITÉ DU LIBRE-ÉCHANGE
Des transnationales espagnoles recolonisent l’Amérique latine p. 11

XXXXXXXXX p. 12

XXXXXXXXX p.15
ACTUALITES

Évènement Place de la Sorbonne

40 ANS APRÈS, EL CHE PRESENTE!


C’est un public enthousiaste et nombreux, avec plus de 200 à 300 specta-
teurs, qui a assisté à l’inauguration de l’hommage à Ernesto Che Guevara
« 40 ans après : El Che presente ! » organisée par France Amérique Latine, en
partenariat avec 13 autres associations, Place de la Sorbonne, lundi 8 octobre.

A u cours de cette manifestation politique et


culturelle, présentée par notre Secrétaire
Général, Fabien Cohen, et Carlos Argüelles de
Entre les chansons et les lectures de textes
sélectionnés pour l’occasion, la parole a été
donnée à Jose Luis Martinez du Consejo Pro
Racines Cubaines, plus d’une vingtaine d’artis- Bolivia et Gus Massiah, président du Crid (Cen-
tes et de groupes ont participé solidairement tre de recherche et d’information sur le déve-
à ce parcours musical et littéraire sur les traces loppement).
du Che, de l’Argentine à la Bolivie. Parmi eux,
citons le célèbre pianiste argentin Miguel An- Cet évènement s’inscrit dans le cadre de
gel Estrella, ambassadeur d’Argentine auprès l’hommage au Che organisé par Fal, et suivi
de l’Unesco. par la projection de «El Che Ernesto Guevara,
enquête sur un homme de légende » de Maurice
La soirée a été ouverte par le discours de notre Dugowson avec l’intervention de Pierre Kalfon
présidente, Sophie Thonon-Wesfreid, accom- le 24 octobre, et par un colloque sur l’actualité
pagnée sur scène par les représentants des de l’éthique et de la pensée politique du Che
13 associations qui ont soutenu l’évènement : le 10 novembre.
Amica d’Uruguay, Association d’Ex prisonniers
politiques chiliens en France (AEXPPCH), Casa Pour plus d’information sur le programme du 8
Santa Fé, Cercle Bolivarien, Consejo Pro Bolivia octobre, et la liste complète des artistes que nous
Francia, Comité d’Appui aux Luttes du Peuple remercions sincèrement p pour leur engage-
Argentin (CALPA), Coordination Populaire Co- ment: http://www.franceameriquelatine.org/in-
lombienne à Paris (CPCP), Cuba Coopération, dex.php?m=3&idnews=56
Cuba Sí, ¿Donde Están?, France Cuba, Le Jouet
Enragé et Racines Cubaines (cf photo en bas à Coralie Crivillé
gauche). Membre de France Amérique Latine

Info : Nous venons de publier un FalMag spécial «40 ans après, el Che presente! », n’hésitez pas à le commander.
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ACTUALITES

Mexique, Etats-Unis, Canada


MEXIQUE

MUTATIONS LIBRE-ÉCHANGISTES

Les 20 et 21 août derniers, les présidents étasunien, mexicain et le premier


ministre canadien se réunissaient dans le cadre du Partenariat nord-améri-
cain pour la sécurité et la prospérité (PSP) à Montebello au Canada. Ce pro-
gramme, lancé en mars 2005 lors d’un sommet trilatéral au Texas, innovait
en intégrant la notion de sécurité à la logique économique et commerciale
et institutionnalisait le pouvoir du secteur privé.

D ans le contexte obsédant qui fit suite aux


attentats du 11 septembre 2001, les gou-
vernements du Canada et du Mexique décidè-
latérales sont prises au moyen de rencontres
pour les entreprises, de consultations pour les
intéressés et de séances d’information pour
rent d’intégrer leur système de sécurité à celui
les Parlements. Sans légitimité ni mandat pour
des Etats-Unis, en échange d’un accès continu
le faire.
aux marchés pour leurs plus grandes entrepri-
ses. Cet accord de principe se concrétisait en
La nouveauté dans cet exercice de la démo-
mars 2005, lors du premier sommet du PSP au
cratie réside dans la mainmise du secteur
Texas.
privé sur le processus de prise de décision. Au
Ce partenariat a depuis pour objectif de faire
sein du PSP, les négociations sont publiques/
adopter des mesures sans déboucher sur un
privées. Les lobbies n’ont plus à attendre dans
accord final qui nécessiterait l’approbation
l’ombre l’occasion de se faire entendre car les
des parlements nationaux. Il est une extension
chefs d’entreprises sont au cœur même des
informelle de l’ALENA, même s’il ne lui est pas
négociations et doivent définir la stratégie et
explicitement rattaché.
les moyens à mettre en œuvre. En juin 2006, le
PSP institutionnalisait cette pratique en créant
L’entreprise démocratique du PSP
le Conseil nord-américain pour la compétitivi-
té (CNAC). Ce conseil réunit 10 chefs d’entre-
Depuis 2005, les trois chefs de gouvernement
prises de chaque pays et a pour fonction de
chargent le PSP d’établir un pacte des ressour-
remettre périodiquement ses recommanda-
ces, un périmètre de sécurité, des politiques
tions aux ministres concernés.
agricoles, de santé et de sécurité communes
pour l’Amérique du Nord. Des groupes de tra-
Le PSP crée un mode opératoire où les chefs
vail formés
d’entreprises se mettent d’accord sur des ob-
de ministres
jectifs et des moyens, et les pouvoirs exécu-
et de chefs
tifs tâchent de les instrumenter soit par des
XXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXX d’entreprises
politiques économiques précises, soit par des
s’affairent à
modifications apportées à certaines régle-
mettre en
mentations. Lorsque des mesures exigent un
œuvre des
changement dans les lois, celles-ci sont pré-
projets. Les décisions affectant les relations tri-
sentées aux assemblées législatives de façon

6
En Bref
isolée, afin d’éviter qu’elles ne paraissent être
le fruit d’une entente négociée entre gouver- TRAITÉ DE LIBRE COMMERCE:
nements. Le PSP devient le cadre politique LE COSTA RICA DIT OUI AU LIBÉRALISME
d’une confiscation du pouvoir par les exécu- ETASUNIENS
tifs sans contrepoids, tout en permettant aux
entreprises d’intervenir dans la définition des Approuvez-vous le Traité de Libre
politiques publiques. Commerce République Dominicaine,
Amérique Centrale / Etats-Unis ? Dimanche
Quelques projets en marche 7 octobre 51,6 % des électeurs costariciens
ont répondu OUI à cette question. En
A Houston en février 2006, le président Bush adhérant à ce traité, le Costa Rica ouvre la
mettait en avant le souci des Etats-Unis d’ac- porte à la privatisation de ses monopoles
céder à un approvisionnement énergétique publics dans les télécommunications,
sécuritaire le moins dépendant possible du l’énergie, les assurances… Suivront les
Proche-Orient et du Venezuela. A cette occa- réformes de santé et d’éducation publiques.
sion, Stephen Harper s’engageait à garantir Le président Oscar Arias offre ainsi son pays
une augmentation de la production de pé- sur un plateau d’argent aux investisseurs
trole de l’Alberta, passant de un à quatre mil- étasuniens. Lui en seront-ils seulement
lions de barils/jour d’ici à 2015. Or, l’extraction reconnaissants ?
du pétrole des sables de l’Alberta génère des
émissions de gaz à effet de serre trois fois plus LE DROIT DES PEUPLES AUTOCHTONES
importantes que pour une extraction classi- ENFIN RECONNU
que. Pour produire un baril de pétrole brut,
on utilise quatre barils d’eau non recyclable, Le 13 septembre 2007 à l’Assemblée Gé-
prélevée dans la rivière Athabasca, dont le bas nérale des Nations Unies, la Déclaration sur
niveau commence à être préoccupant. Le pro- les Droits des Peuples Autochtones a été
jet prévoit l’acheminement du pétrole brut au voté par 143 pays. Ainsi, après avoir lutter
Texas, où des entreprises étasuniennes s’oc- pendant trente ans afin d’acquérir une re-
cuperont de l’opération la plus génératrice de connaissance identitaire, les 350 millions
valeur ajoutée : le raffinement. d’autochtones du monde ont droit à pré-
Au Mexique, si les industries pétrolière et ga- sent à une identité culturelle ainsi qu’à une
zière appartiennent encore à l’Etat, le lobby protection et une gestion de leurs terres et
des entreprises travaille fort à leur privatisa- territoires.
tion auprès de Felipe Calderón. Cet évènement a été célébré en France en
présence de son excellence Mme Luzmila
Une négociation en cours consiste à élaborer Carpio, femme aymara et quechua, Ambas-
des normes communes de production, d’ins- sadrice de Bolivie à Paris.
pection, de transformation et de transport
des aliments. A l’heure actuelle, les différentes
normes entre les trois pays sont considérées
comme des irritants commerciaux par les en-
treprises de l’agro-alimentaire. Les trois pays
s’affairent à les éliminer. Le Canada et le Mexi-
que sont en train de hausser leurs seuils maxi-
mums de tolérance de pesticides sur des cen-
taines de fruits et de légumes afin de fusionner
leur politique avec celle des États-Unis. Bien
loin de l’élaboration de normes alimentaires
communes dans l’intérêt public, l’harmonisa-
tion de la réglementation favorise nettement

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ACTUALITES

la pénétration de nouveaux produits de l’agri- d’eau en vrac depuis le Nord et les grands lacs
culture étasunienne chez ses deux partenaires, canadiens vers les Etats-Unis… Silence radio.
avec en prime des normes sanitaires au rabais. Vu la confidentialité qui règne autour du PSP, il
est aisé de comprendre l’exaspération des opi-
Récemment, un accord discrètement négocié nions publiques et de certains parlementaires
par les administrations Bush et Calderón a été des trois pays.
signé pour combattre les cartels de la drogue
au Mexique, assorti d’un plan d’aide s’étalant Début juillet, la mairie de Papineauville, à six
sur plusieurs années. Ce plan comprend l’équi- kilomètres de Montebello, informait le Conseil
pement d’écoute électronique, des appareils des Canadiens que la Gendarmerie Royale du
d’aviation pour transporter des brigades anti- Canada, la Sûreté du Québec et l’armée des
drogues mexicaines, le tout assorti de forma- Etats-Unis ne permettraient pas à la municipa-
tions spécialisées de responsables mexicains. lité de louer son centre communautaire pour
On retrouve ici d’inquiétantes similarités avec y accueillir un forum public la veille du som-
le Plan Colombie, financé par les Etats-Unis. met. Suite à cette décision, Brent Patterson, di-
Ainsi, tout Mexicain doit s’attendre à être sur- recteur du Conseil des Canadiens déclarait : il
veillé, menacé, condamné s’il ne soutient pas est déplorable qu’on nous empêche de réunir
la politique de Felipe Calderón. Ce plan met en une table ronde d’écrivains, d’universitaires et
œuvre de nouveaux outils de criminalisation de parlementaires pour partager, avec les Ca-
du militantisme et de la contestation, dans un nadiens, leurs inquiétudes en ce qui a trait au
pays déjà extrêmement répressif en la matiè- PSP.
re.
Le 18 août se tenait à Montréal la « 1ère Ren-
Au menu du PSP de Montebello contre nord-américaine des organisations du
secteur énergétique : pour une mise en valeur
Lors du sommet du PSP au Canada, les prési- démocratique et nationale des ressources
dents Bush, Calderón et le premier ministre énergétiques de l’Amérique du Nord », ras-
Harper ont défini cinq thèmes prioritaires semblant 19 syndicats et 10 réseaux et mou-
qui figurent dans leur déclaration finale du vements sociaux des trois pays. Les partici-
21 août : « l’amélioration de la compétitivité pants déclaraient : Nous partageons la crainte
de l’Amérique du Nord sur les marchés mon- des mouvements de la société civile que le
diaux », « des aliments et des produits sûrs », PSP ne soit un puissant instrument nouvelle-
« l’énergie durable et l’environnement », « des ment créé par les élites gouvernementales et
frontières intelligentes et sûres » et « la gestion patronales pour orienter l’avenir de nos pays
des urgences et la protection civile ». Dans ce sans participation ni droit de regard démocra-
texte, les trois dirigeants font la part belle aux tiques. Nous rejetons le programme du PSP en
recommandations du CNAC et à sa volonté de matière de sécurité qui lie l’ALENA et le com-
poursuivre le dialogue sur la promotion de la merce à la restriction des libertés civiles, à la
compétitivité nord-américaine. surveillance des masses, au profilage racial et à
la politique étrangère militariste de George W.
De nombreuses voix se sont depuis élevées Bush qui s’est révélée désastreuse et vouée à
pour contester ce document qui ne révèle l’échec. Nous contestons les hypothèses néo-
que des grands principes en matière de libé- libérales sur la prospérité qui ont accru les dis-
ralisation et de mondialisation de l’économie. parités de richesse et de pouvoir dans chacun
Convoque-t-on un sommet trilatéral pour n’y de nos pays.
évoquer que des banalités libre-échangistes
? Des négociations sur le pétrole albertien fi- Tout au long du sommet, de nombreuses ma-
guraient bien au programme du sommet, de nifestations contre le PSP ont eu lieu à Mon-
même que le projet d’exportation massive tebello et dans d’autres villes canadiennes. Le

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En Bref
TRAITÉ DE LIBRE COMMERCE:
LE COSTA RICA DIT OUI AU LIBÉRALISME
premier ministre Stephen Harper en a minimi- ETASUNIENS
sé l’importance. Ce n’est rien, déclarait-il, alors
que deux personnes venaient pourtant d’être Approuvez-vous le Traité de Libre
arrêtées à proximité de l’hôtel où les chefs Commerce République Dominicaine,
d’Etat devaient se réunir. A lire les communi- Amérique Centrale / Etats-Unis ? Dimanche
qués officiels sur le PSP, on pourrait également 7 octobre 51,6 % des électeurs costariciens
se dire « ce n’est rien », en tout cas rien de plus ont répondu OUI à cette question. En
que ce qui existe déjà. Pourtant, les projets en adhérant à ce traité, le Costa Rica ouvre la
marche sont porteurs de volontés manifestes porte à la privatisation de ses monopoles
de la part des trois gouvernements et de leurs publics dans les télécommunications,
maîtres à penser du CNAC : faire la part encore l’énergie, les assurances… Suivront les
bien plus belle aux entreprises transnationa- réformes de santé et d’éducation publiques.
les, sans se préoccuper des populations ni des Le président Oscar Arias offre ainsi son pays
écosystèmes qui en subiront les conséquen- sur un plateau d’argent aux investisseurs
ces. On en regretterait presque l’ALENA ! étasuniens. Lui en seront-ils seulement
reconnaissants ?

LE DROIT DES PEUPLES AUTOCHTONES


ENFIN RECONNU

Le 13 septembre 2007 à l’Assemblée Gé-


nérale des Nations Unies, la Déclaration sur
les Droits des Peuples Autochtones a été
voté par 143 pays. Ainsi, après avoir lutter
pendant trente ans afin d’acquérir une re-
connaissance identitaire, les 350 millions
d’autochtones du monde ont droit à pré-
sent à une identité culturelle ainsi qu’à une
protection et une gestion de leurs terres et
territoires.
Cet évènement a été célébré en France en
présence de son excellence Mme Luzmila
Carpio, femme aymara et quechua, Ambas-
sadrice de Bolivie à Paris.

Christophe

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ACTUALITES

Journée pour la dépénalisation de l’avortement

« TA BOUCHE EST FONDAMENTALE


CONTRE LES FONDAMENTALISTES »
Le 28 septembre dernier, la journée de lutte pour la dépénalisation de l’avorte-
ment en Amérique Latine et dans les Caraïbes a rappelé que l’IVG et la contracep-
tion constituent un défi majeur pour ces sociétés.

S elon l’OMS, 4 millions d’avortements sont


pratiqués chaque année en Amérique La-
tine. Parmi ceux-ci, 90% sont fait par des mé-
sent à la liberté pour les femmes de maîtriser
leur fécondité. Le voyage récent du Pape té-
moigne de cette volonté rétrograde. Tous ces
decins non autorisés ou par des femmes elles- interdits n’ont pourtant jamais empêché la
mêmes selon des méthodes de triste mémoire pratique des avortements dans des conditions
dans notre pays. dramatiques, provoquant ainsi de nombreux
drames et souffrances.
De ce fait, dans cette partie du monde, l’avor-
tement est responsable de 15% de la mortalité Nous apportons notre soutien aux femmes
maternelle. De plus, il faut savoir que même si d’Amérique latine et des Caraïbes qui agis-
la juridiction permet l’IVG lorsque la vie de la sent courageusement pour la dépénalisation
mère est menacée, seules 40% de ces femmes de l’avortement, la contraction et l’éducation
ont accès à des conditions d’avortement ac- sexuelle.
ceptables.
La dépénalisation partielle ne suffit donc pas Les droits sexuels constituent des droits fon-
si les pouvoirs publics ne s’engagent pas à damentaux de la personne humaine. Ils néces-
donner les moyens sanitaires nécessaires. sitent une mobilisation citoyenne de toutes et
Par exemple, chaque année en Argentine, 200 de tous. Cette question est aujourd’hui en dé-
000 femmes sont victimes d’un avortement bat dans de nombreux pays d’Amérique Latine.
clandestin soufrant de complication ou ayant Apporter notre soutien aux forces progressis-
perdu la vie, par la suite. A cette situation tes de ces pays, c’est affirmer la volonté que les
s’ajoute un nombre important de grossesses droits des femmes progressent partout dans
précoces, de violences sexuelles et de viols. le monde. Nous savons que lorsque les droits
des femmes progressent dans une partie de la
Les femmes d’Amérique latine réclame une planète, cela fait progresser les droits de tou-
réforme du code pénal comprenant une légis- tes. Avec les femmes du Chili, nous disons « la
lation de l’avortement. A ce jour, seul Cuba bé- femme décide, la société garantit, l’Eglise n’in-
néficie d’une législation complète de l’IVG. tervient pas. ».

En Amérique Latine comme en Europe, des


Commission solidarité Femmes
forces politiques réactionnaires et des fonda-
France Amérique Latine
mentalistes catholiques et protestants s’oppo-

Rejoindre la commission Femmes de France Amérique Latine

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MYTHE ET RÉALITÉ DU LIBRE-ÉCHANGE

Coordonné par Braulio Moro

DOSSIER
LÉGENDE

Les gouvernements des Etats Unis, de l’Union Européenne et du Japon, principalement, et


leur capital corporatif transnational mènent depuis des années une offensive sur le plan
interne et externe. L’un des outils les plus utilisés est le traité dit de « libre échange », parole
magique du discours libéral qui semble pouvoir ouvrir les portes du développement à
n’importe quel pays qui accepte la règle du jeu. En réalité, ces accords n’ont de « libre » que la
possibilité pour le plus fort de faire prédominer ses bénéfices en deçà des droits des peuples.
Ce dossier propose une incursion au sein des entrailles de cette Hydre du capitalisme, notre
objectif étant de bien faire connaître ses mécanismes pour mieux le combattre.

Des transnationales espagnoles


recolonisent l’Amérique latine
Bien que les rappels du soulèvement créole contre le joug de la colonisation espagno-
le ne soient pas rares dans les écoles et sur les calendriers des pays latino-américains,
aujourd’hui le continent a été recolonisé par les grandes entreprises espagnoles.

A la suite de changements structurels impo-


sés par la Banque Mondiale et le FMI dans
les économies nationales durant la dernière
Les années 90 ont été caractérisées par une of-
fensive de dénationalisation, encouragée par
le Consensus de Washington, qui prétendait
décennie, des multinationales espagnoles( et réduire la dette extérieure à coup de privati-
aussi d’autres pays) ont accaparé le patrimoi- sations et d’exportations alors qu’on réduisait
ne et les services publics, qui ont été sacrifiés les dépenses de l’état, essentiellement en ma-
pour une bouchée de pain. Ainsi, des entrepri- tière d’éducation et de santé.
ses comme Repsol-YPF opèrent dans 9 pays D’autre part, des gouvernants corrompus qui
du continent américain, Gas Natural dans 5 font aujourd’hui l’objet de poursuites judiciai-
pays, Endesa dans 12 pays, les banques BBVA res (Menem en Argentine, Fujimori au Pérou,
et BSCH dans 11 pays. Bucaram en Equateur, Sànchez de Losada en

11
© XXXXXXXXXX
DOSSIER

xXXXXXXXXXX

Bolivie) ont été facilement instrumentalisés Enersis. De l’autre côté des Andes, le président
pour appliquer ce qu’ils ont appelé le « Nouvel Argentin Carlos Menem, poursuivi pour trafic
Ajustement Structurel » national. d’armes et enrichissement illicite, renflouait
Les compagnies espagnoles en expansion qui avec des fonds publics l’entreprise YPF pour
avaient besoin de nouveaux marchés et de lé- la vendre à Repsol au bout de quelques mois,
gislations moins contraignantes pour décoller suivant ainsi les strictes recommandations de
et obtenir des bénéfices jusque là inégalés ont personnages tels que le roi Juan Carlos ou les
tiré profit de ce contexte. anciens présidents du gouvernement José
Bien que ces entreprises soient privées, la Marìa Aznar et Felipe Gonzàlez. Lorsque le pé-
diplomatie espagnole (et même le Président trole et les autres ressources furent vendues, la
du gouvernement et Leurs Majestés) ont agi nouvelle offensive s’attaqua à des services aux
comme des commis fidèles de l’offensive com- bénéfices juteux, et les besoins essentiels de
merciale en Amérique. C’est que les millions millions de personnes furent dépendants de
de dollars qui traversent quotidiennement monopoles captifs dont le siège social se trou-
l’Atlantique viennent des poches de la société vait à Madrid ou à Barcelonne. Des compagnies
latino-américaine appauvrie, mais sont dépo- telles que Agbar (Aguas de Barcelona), Gas Na-
sés dans les banques espagnoles. Et la crois- tural, Unión Fenosa, prennent le contrôle de
sance augmente… la distribution d’eau, du gaz et de l’électricité
Dans certains cas, les liens politiques des chefs dans les principales villes latino-américaines.
d’entreprises ont eu un rôle déterminant, Par ailleurs, Telefónica est devenue propriétai-
comme au Chili sous Pinochet ou Endesa, re des réseaux de télécommunications de plu-
dont le président était le franquiste Rodolfo sieurs pays sans avoir pratiquement rien inves-
Martin Villa, a absorbé l’entreprise d’électricité ti en câbles. Les banques espagnoles, outre le
fait qu’elles possèdent des actions dans les en-

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ALBA (L’Alternative bolivarienne pour les
Amériques) est une initiative lancée par le
président vénézuélien Hugo Chávez:
treprises citées, ont aussi phagocyté les entités
financières des différents pays, non seulement

GLOSSAIRE
L’ALBA se présente comme une alterna-
des banques mais aussi des administrations des tive d’intégration au projet de Zone de li-
fonds de pensions, gérant ainsi les économies bre-échange des Amériques lancé par les
de millions de personnes du continent. Etats-Unis. Elle a été pour la première fois
D’autres domaines importants et très prisés sont évoquée par M. Chávez lors du 3e sommet
d’une part l’industrie touristique( Melia, Barcelò, des chefs d’Etat et de gouvernement de la
NH )qui transforme les côtes des Caraïbes en Communauté des Caraïbes (Caricom), sur

DOSSIER
l’île de Margarita, en décembre 2001. Elle est
complexes hôteliers , déplaçant les populations
officiellement née à La Havane, en avril 2005.
et les employant comme main d’œuvre bon Unj an plus tard, la Bolivie d’Evo Morales a
marché, et d’autre part la maintenance et l’ex- rejoint cette alliance en proposant notam-
ploitation des péages d’autoroutes. ment un Traité commercial des peuples (en
En une décennie, la société latino-américaine a opposition aux traités de libre-échange) en-
perdu deux siècles de construction nationale. tre ses membres.
Les économies nationales sont désormais en- L’ALBA entend se baser sur les principes de
traînées dans une spirale dangereuse et irréver- solidarité, de coopération et de complémen-
sible de dépendance des compagnies privées, tarité. L’initiative s’oppose notamment à la
comme ce fut le cas pour l’Argentine, puisque suppression des droits de douane et pro-
pose la création de fonds compensatoires et
les banques et les ressources ne leur appartien-
l’utilisation de commandes publiques privi-
nent plus et échappent à leur contrôle. Pour légiant les coopératives et les petites ou les
protéger les investissements d’un éventuel re- moyennes industries.
virement vers les nationalisations, le projet de la
Zone de Libre-échange des Amériques ( ZLEA
– ALCA en espagnol ) ainsi que les traités bilaté- L’ALÉNA ou Accord de libre-échange nord-
raux de protection des investissements, créent américain (en anglais, North American Free
un cadre légal qui rend impossibles les retours Trade Agreement abrégé en NAFTA, en es-
en arrière. Et pour protéger les entreprises d’un pagnol TLC: Tratado de Libre Comercio ou
rejet populaire, des offensives militaires telles TLCAN: Tratado de Libre Comercio de Amé-
rica del Norte ) :
que le Plan Colombie, soutenu par l’Espagne,
le plan Puebla-Panama ou l’Initiative Régionale Traité créant une zone de libre-échange
Andine se chargeront de défendre les capitaux entre les trois pays d’Amérique du Nord : le
étrangers de possibles mobilisations populaires Mexique, les États-Unis et le Canada. Il est
visant à récupérer les entreprises ou à contester entré en vigueur le 1er janvier 1994.
les tarifs abusifs. Depuis son instauration, la plupart des pro-
duits grand public du continent nord-amé-
Des affaires qui laissent des traces ricain sont livrés avec des informations en
trois langues : anglais, espagnol et français.
L’expansion espagnole a de graves conséquen- Les gouvernements américains s’étant suc-
cédé depuis sa ratification ont toujours sou-
ces sur le territoire et la société latino-améri-
haité l’étendre à tout le continent sous le
caine. nom de Zone de libre-échange des Améri-
La privatisation limite l’accès des populations ques (ZLEA). Cependant, une telle extension
défavorisées aux services de base, car la logique rencontre de vives oppositions en Amérique
des multinationales, qui consiste à maximiser les du Sud.
bénéfices, ne se préoccupe pas de développer
les infrastructures dans les quartiers pauvres qui
pourront difficilement payer les factures. Outre Consensus de Washington :
que les privatisations augmentent le chômage,
les excédents annuels ne profitent pas aux usa- En 1989, à Washington, l’économiste John
Williamson a proposé une liste de dix pres-
gers mais augmentent les chiffres des bilans
criptions économiques recommandées aux
de croissance des maisons mères. En réalité, les économies en difficulté (notamment celles
usagers paient les investisseurs par le biais des d’Amérique latine) afin de promouvoir leur
croissance, qu’il a regroupées sous le nom
de consensus de Washington[1]. Cette liste
tentait de résumer la position de la plupart

13
hausses de tarifs qui augmentent tellement ment massif qui renversa le président Sànchez
qu’il y a un transfert des revenus des consom- de Losada après une répression qui coûta la
mateurs vers les transnationales privés qui in- vie à 67 personnes. Le 30 juin 2005, 2 paysans
vestissent très peu de capital. moururent calcinés dans l’incendie d’un puits
de Repsol pour lequel les responsables ne fu-
Sur le terrain, l’impact des entreprises éner- rent pas inquiétés.
gétiques est flagrant. Endesa et Union Fenosa En Equateur, Repsol est associé à Consorcio
ont construit des barrages dans différents Oleoducto de Crudos Pesados et exploite plus
DOSSIER

pays, inondant des territoires et déplaçant des de cents puits à l’intérieur du territoire Hua-
communautés entières sous l’unique prétexte roni, compromettant ainsi la survie d’un des
de vendre des kilowatts aux marchés urbains. derniers peuples de la planète qui n’ait jamais
L’impact des compagnies pétrolières (CEPSA eu de contact avec d’autres civilisations. En
et REPSOL) est très important à cause de l’ex- Colombie, Repsol a été accusée par Amnistie
tension des unités de production et de la no- Internationale de financer les groupes parami-
civité des produits utilisés à chaque étape de litaires dans le département d’Arauca.
production et de transformation. Pour vendre
un litre d’essence ou de gasoil, il faut détruire la Des paramilitaires au service de Unión
forêt sur des milliers de kilomètres le long des Fenosa
lignes sismiques, ouvrir des routes, amasser
ou déverser des boues de forages et des eaux Unión Fenosa est une entreprise qui appar-
d’écoulement, occuper des milliers d’hectares tient au puissant groupe financier de la ban-
pour les gazoducs et construire des complexes que Banco Santander Central Hispano. Ce
pétrochimiques dangereux et polluants. groupe possède aussi la compagnie pétrolière
CEPSA qui a acquis l’entreprise Ert Oil, pro-
Repsol envahit les territoires indigènes priété de l’ex-ministre espagnol Josep Piqué
qui fut impliqué dans un énorme scandale de
Repsol-YPF est l’une des 15 premières compa- corruption et de fraude fiscale au moment de
gnies pétrolières du monde depuis qu’en mars la transaction.
1999 elle a acheté l’entreprise argentine YPF. En Colombie, la CEPSA s’est associée à ENRON
Pour rentabiliser l’achat, comme Iberia l’a fait pour exploiter le pétrole dans le département
avec Aerolìneas Argentinas, Repsol a vendu les de Bolivar, dans une zone à forte présence pa-
unités les moins rentables,à fermé des raffine- ramilitaire. Union Fenosa s’est adjugée la pri-
ries et à licencié des milliers de travailleurs. Par vatisation des entreprises publiques de l’éner-
ailleurs elle a augmenté la production dans gie électrique de la Côte des Caraïbes et de la
les énormes gisements de la Patagonie en Ville de Cali, par décret du président Samper,
Argentine, en empoisonnant avec ses rejets deux jours avant la fin de son mandat.
plusieurs communautés mapuches .En Bolivie Les syndicats de ces entreprises ont résisté à la
Repsol-YPF opère sur 5 millions d’hectares, ré- privatisation, mais des groupes paramilitaires
partis sur 27 sites pétroliers avec des contrats ont assassiné le vice-président de la Centrale
de 40 ans qui laissent au pays 50 centimes par Unitaire des Travailleurs et le dirigeant du Syn-
baril contre 70 dollars le baril sur le marché in- dicat Electrique de Cartagena, ainsi que des
ternational. Ces sites se trouvent en Amazonie dirigeants syndicaux de Barranquilla.
et dans le Chaco et envahissent 6 Parcs Natio- L’avocat de l’organisme qui enquêtait sur les
naux et 15 territoires indigènes. De plus, Repsol fraudes commises lors de la privatisation, sur
s’est appropriée la moitié des gisements d’hy- les pots-de-vin versés aux hommes politiques
drocarbures découverts par la compagnie bo- au moment des transactions et sur les contrats
livienne YPF, laquelle avait placé dans la région véreux assumés par l’état colombien à ce mo-
du Chaco les plus grandes réserves de gaz sec ment-là, a été assassiné. Une fois l’avocat dis-
d’Amérique Latine. L’exportation du contenu paru, le processus judiciaire a été interrompu,
d’un de ces puits vers les Etats-Unis est ce qui a et Unión Fenosa et ses complices sont restés
motivé, en 2003, la guerre du gaz, un soulève- impunis .Unión Fenosa est aussi bénéficiaire

14
des experts des institutions financières in-
ternationales (Banque mondiale, Fonds mo-
nétaire international) et du Département du

GLOSSAIRE
de l’électricité produite à partir de la construc- Trésor américain.
tion du barrage Urrà, cause du déplacement Bénéficiant du contexte de crise idéologi-
et du massacre du peuple indigène Embera- que globale lié à l’effondrement du commu-
Katìo. Kimi Pernìa, le dirigeant historique des nisme soviétique, ces propositions ont été
Embera, a été séquestré et a disparu à la suite appliquées par de nombreux États (de façon
d’une intervention paramilitaire. sélective) avec des niveaux de réussite très
divers.
Les réfugiés d’Endesa Loin d’être effectivement consensuelle, cet-

DOSSIER
te liste, d’inspiration libérale, contient des
points rejetés par de nombreux économis-
Le conflit d’Endesa sur le fleuve Bio Bio fut tes, y compris libéraux, comme Jagdish Bha-
connu grâce à la résistance des communau- gwati, ou le prix Nobel d’Économie Joseph
tés mapuches pehuenches Quepuka Ralko et Stiglitz dans son ouvrage La grande désil-
Ralko Lepoy qui refusaient d’abandonner leurs lusion. Elle est également décriée par les al-
terres et de laisser la vallée se transformer en termondialistes. Alors que le contre modèle
macroprojet hydroélectrique qui fournirait communiste a pratiquement disparu, les
des kilowatts à Santiago de Chili. Aujourd’hui, voies alternatives au consensus ont du mal à
les eaux du lac artificiel du barrage Ralco inon- percer. Des ébauches d’alternatives, que l’on
dent les terres des 184 pehuenches qui ont été pourrait qualifier de voie mixte entre les ex-
trêmes du capitalisme sans régulation et du
obligés de les échanger et de vivre à 70 kilo-
communisme, sont avancées par les post-
mètres en amont, dans des maisons préfabri- keynésiens, et les altermondialistes.
quées incluses dans le Plan de Relocalisation En 2007, dans son Rapport mondial sur le
Endesa. On leur a donné des terres et des mai- développement, la Banque mondiale, une
sons, mais dans des conditions bien moins fa- des principales institutions à suivre le Con-
vorables. José Millanao, un déplacé d’Endesa, sensus de Washington, reconnaît la néces-
déclare au journal mapuche Azkintuwe : sité de l’intervention de l’État [2].
« Aujourd’hui nous vivons dans de pires condi- Au sein de l’Union européenne, les critères
tions. Nos animaux meurent en hiver, la neige de Maastricht sont inspirés des prescriptions
les tue lorsqu’ils tombent dans les crevasses, du Consensus de Washington.
il y a moins de prairies et de fourrage...nous
vendons nos bêtes pour acheter des marchan- Initiative Régionale Andine:
dises, pour envoyer nos enfants à l’école ou
pour payer les dettes que nous avons à l’égard Cette stratégie communautaire régionale
de la propre entreprise Endesa qui nous avait s’adresse à la Communauté andine (CAN), à
pourtant promis la gratuité de l’électricité et savoir les cinq pays andins (Bolivie, Colom-
qui, maintenant, procède à des coupures im- bie, Equateur, Pérou, Venezuela) et le sys-
médiates pour ceux qui ne payent pas ». tème d’institutions régionales andines (SAI).
L’objectif originel de l’Accord de Carthagène
lors de sa création en 1969, visait à promou-
voir une intégration sous-régionale plus
rapide que celle en cours pour le continent
sud-américain.

Ajustement Structurel:

Une réforme structurelle (ou ajustement


structurel, terme dérivé de l’anglais structu-
ral adjustment) est une mesure de politique
économique visant à améliorer le fonction-
nement d’un secteur économique ou de
Marc Galvadà l’économie entière d’un pays.
Auteur de La Recolonisation, éditions Icaria Les réformes structurelles sont soit décidées
et mises en place par les entités politiques
d’une zone géographique, soit découlent
d’une évolution spontanée des agents éco-
nomiques, visant à aménager la structure

15
Mexique, Etats-Unis, Canada :
mutations libre-échangistes
Les 20 et 21 août derniers, les présidents étasunien, mexicain et le premier ministre
canadien se réunissaient dans le cadre du Partenariat nord-américain pour la sécurité
et la prospérité (PSP) à Montebello au Canada. Ce programme, lancé en mars 2005 lors
DOSSIER

d’un sommet trilatéral au Texas, innovait en intégrant la notion de sécurité à la logi-


que économique et commerciale et institutionnalisait le pouvoir du secteur privé.

l’ombre l’occasion de se faire entendre car les


Dans le contexte obsédant qui fit suite aux at- chefs d’entreprises sont au cœur même des
tentats du 11 septembre 2001, les gouverne- négociations et doivent définir la stratégie et
ments du Canada et du Mexique décidèrent les moyens à mettre en œuvre. En juin 2006, le
d’intégrer leur système de sécurité à celui des PSP institutionnalisait cette pratique en créant
Etats-Unis, en échange d’un accès continu aux le Conseil nord-américain pour la compétiti-
marchés pour leurs plus grandes entrepri- vité (CNAC). Ce conseil réunit 10 chefs d’entre-
ses. Cet accord de principe se concrétisait en prises de chaque pays et a pour fonction de re-
mars 2005, lors du premier sommet du PSP au mettre périodiquement ses recommandations
Texas. aux ministres concernés.
Ce partenariat a depuis pour objectif de faire
adopter des mesures sans déboucher sur un Le PSP crée un mode opératoire où les chefs
accord final qui nécessiterait l’approbation d’entreprises se mettent d’accord sur des ob-
des parlements nationaux. Il est une extension jectifs et des moyens, et les pouvoirs exécu-
informelle de l’ALENA, même s’il ne lui est pas tifs tâchent de les instrumenter soit par des
explicitement rattaché. politiques économiques précises, soit par des
modifications apportées à certaines régle-
L’entreprise démocratique du PSP mentations. Lorsque des mesures exigent un
changement dans les lois, celles-ci sont pré-
Depuis 2005, les trois chefs de gouvernement sentées aux assemblées législatives de façon
chargent le PSP d’établir un pacte des ressour- isolée, afin d’éviter qu’elles ne paraissent être
ces, un périmètre de sécurité, des politiques le fruit d’une entente négociée entre gouver-
agricoles, de santé et de sécurité communes nements. Le PSP devient le cadre politique
pour l’Amérique du Nord. Des groupes de tra- d’une confiscation du pouvoir par les exécu-
vail formés de ministres et de chefs d’entrepri- tifs sans contrepoids, tout en permettant aux
ses s’affairent à mettre en œuvre des projets. entreprises d’intervenir dans la définition des
Les décisions affectant les relations trilatérales politiques publiques.
sont prises au moyen de rencontres pour les Quelques projets en marche
entreprises, de consultations pour les intéres-
sés et de séances d’information pour les Parle- A Houston en février 2006, le président Bush
ments. Sans légitimité ni mandat pour le faire. mettait en avant le souci des Etats-Unis d’ac-
céder à un approvisionnement énergétique
La nouveauté dans cet exercice de la démo- sécuritaire le moins dépendant possible du
cratie réside dans la mainmise du secteur Proche-Orient et du Venezuela. A cette occa-
privé sur le processus de prise de décision. Au sion, Stephen Harper s’engageait à garantir
sein du PSP, les négociations sont publiques/ une augmentation de la production de pé-
privées. Les lobbies n’ont plus à attendre dans trole de l’Alberta, passant de un à quatre mil-

16
d’une économie qui pose des problèmes et
d’orienter celle-ci vers un meilleur dévelop-
pement économique et un plus grand équi-
lions de barils/jour d’ici à 2015. Or, l’extraction libre social.

GLOSSAIRE
du pétrole des sables de l’Alberta génère des
émissions de gaz à effet de serre trois fois plus
importantes que pour une extraction classi-
que. Pour produire un baril de pétrole brut, Politiques liées au FMI et dites «d’ajustement
on utilise quatre barils d’eau non recyclable, structurel»:
prélevée dans la rivière Athabasca, dont le bas
Parfois des confusions existent et on appelle
niveau commence à être préoccupant. Le pro-

DOSSIER
parfois « politique d’ajustement structurel »
jet prévoit l’acheminement du pétrole brut au un ensemble de dispositions dont certaines
Texas, où des entreprises étasuniennes s’oc- agissent sur la conjoncture et d’autres sur
cuperont de l’opération la plus génératrice de les structures et qui résultent d’une négocia-
valeur ajoutée : le raffinement. tion entre un pays endetté et le Fonds mo-
Au Mexique, si les industries pétrolière et ga- nétaire international (FMI) pour améliorer
zière appartiennent encore à l’Etat, le lobby le fonctionnement économique du pays (le
des entreprises travaille fort à leur privatisa- FMI conditionnant son aide à la mise en pla-
tion auprès de Felipe Calderón. ce de réformes pérennes). Ces crédits sont
dénommés entre autres prêts d’ajustement
structurel ou des prêts d’ajustement secto-
Une négociation en cours consiste à élaborer
riel (Structural adjustment loans ou sectoral
des normes communes de production, d’ins- adjustment loans).
pection, de transformation et de transport Le détail des moyens à mettre en œuvre fait
des aliments. A l’heure actuelle, les différen- l’objet d’une négociation impliquant trois
tes normes entre les trois pays sont considé- partenaires :
rées comme des irritants commerciaux par Les gouvernements des États en difficulté
les entreprises de l’agro-alimentaire. Les trois : en charge de proposer et de préparer des
pays s’affairent à les éliminer. Le Canada et le plans pour sortir leurs pays de la crise ;
Mexique sont en train de hausser leurs seuils Le Fonds monétaire international : en charge
maximums de tolérance de pesticides sur des de la restructuration de la dette extérieure
et intérieure du pays ;
centaines de fruits et de légumes afin de fu-
La Banque mondiale : en charge du finance-
sionner leur politique avec celle des États-Unis. ment des mesures nationales de restructu-
Bien loin de l’élaboration de normes alimen- ration et d’ajustement.
taires communes dans l’intérêt public, l’har- Le programme économique qui sous-tend
monisation de la réglementation favorise net- un accord est formulé par le pays en con-
tement la pénétration de nouveaux produits sultation avec l’institution, puis soumis au
de l’agriculture étasunienne chez ses deux Conseil d’administration du FMI dans une
partenaires, avec en prime des normes sanitai- « lettre d’intentions ». Celle ci reprend les
res au rabais. engagements du pays concerné, qui cons-
tituent autant de conditions (voir plus bas).
Le FMI suit leur mise en place et accorde au
Récemment, un accord discrètement négocié
pays des crédits pour poursuivre ces réfor-
par les administrations Bush et Calderón a été mes.
signé pour combattre les cartels de la drogue
au Mexique, assorti d’un plan d’aide s’étalant
sur plusieurs années. Ce plan comprend l’équi- Plan Colombie:
pement d’écoute électronique, des appareils
d’aviation pour transporter des brigades anti- Le Plan Colombie, mis en place en 1999, est
drogues mexicaines, le tout assorti de forma- un package complet d’aide « pro-démo-
tions spécialisées de responsables mexicains. cratie » que les Etats-Unis (EUA) ont donné
On retrouve ici d’inquiétantes similarités avec à la Colombie. Le premier objectif déclaré
était de mettre fin au trafic de drogue dans
le Plan Colombie, financé par les Etats-Unis.
ce pays. On a découvert ensuite que le Plan
Ainsi, tout Mexicain doit s’attendre à être sur- avait en réalité un objectif supplémentaire,
veillé, menacé, condamné s’il ne soutient pas celui de vaincre la guérilla.
la politique de Felipe Calderón. Ce plan met en

17
œuvre de nouveaux outils de criminalisation PSP.
du militantisme et de la contestation, dans un
pays déjà extrêmement répressif en la matiè- Le 18 août se tenait à Montréal la « 1ère Ren-
re. contre nord-américaine des organisations du
secteur énergétique : pour une mise en valeur
Au menu du PSP de Montebello démocratique et nationale des ressources
énergétiques de l’Amérique du Nord », ras-
Lors du sommet du PSP au Canada, les prési- semblant 19 syndicats et 10 réseaux et mou-
DOSSIER

dents Bush, Calderón et le premier ministre vements sociaux des trois pays. Les partici-
Harper ont défini cinq thèmes prioritaires pants déclaraient : Nous partageons la crainte
qui figurent dans leur déclaration finale du des mouvements de la société civile que le
21 août : « l’amélioration de la compétitivité PSP ne soit un puissant instrument nouvelle-
de l’Amérique du Nord sur les marchés mon- ment créé par les élites gouvernementales et
diaux », « des aliments et des produits sûrs », patronales pour orienter l’avenir de nos pays
« l’énergie durable et l’environnement », « des sans participation ni droit de regard démocra-
frontières intelligentes et sûres » et « la gestion tiques. Nous rejetons le programme du PSP en
des urgences et la protection civile ». Dans ce matière de sécurité qui lie l’ALENA et le com-
texte, les trois dirigeants font la part belle aux merce à la restriction des libertés civiles, à la
recommandations du CNAC et à sa volonté de surveillance des masses, au profilage racial et à
poursuivre le dialogue sur la promotion de la la politique étrangère militariste de George W.
compétitivité nord-américaine. Bush qui s’est révélée désastreuse et vouée à
l’échec. Nous contestons les hypothèses néo-
De nombreuses voix se sont depuis élevées libérales sur la prospérité qui ont accru les dis-
pour contester ce document qui ne révèle parités de richesse et de pouvoir dans chacun
que des grands principes en matière de libé- de nos pays.
ralisation et de mondialisation de l’économie.
Convoque-t-on un sommet trilatéral pour n’y Tout au long du sommet, de nombreuses ma-
évoquer que des banalités libre-échangistes nifestations contre le PSP ont eu lieu à Mon-
? Des négociations sur le pétrole albertien fi- tebello et dans d’autres villes canadiennes. Le
guraient bien au programme du sommet, de premier ministre Stephen Harper en a minimi-
même que le projet d’exportation massive sé l’importance. Ce n’est rien, déclarait-il, alors
d’eau en vrac depuis le Nord et les grands lacs que deux personnes venaient pourtant d’être
canadiens vers les Etats-Unis… Silence radio. arrêtées à proximité de l’hôtel où les chefs
Vu la confidentialité qui règne autour du PSP, il d’Etat devaient se réunir. A lire les communi-
est aisé de comprendre l’exaspération des opi- qués officiels sur le PSP, on pourrait également
nions publiques et de certains parlementaires se dire « ce n’est rien », en tout cas rien de plus
des trois pays. que ce qui existe déjà. Pourtant, les projets en
marche sont porteurs de volontés manifestes
Début juillet, la mairie de Papineauville, à six de la part des trois gouvernements et de leurs
kilomètres de Montebello, informait le Conseil maîtres à penser du CNAC : faire la part encore
des Canadiens que la Gendarmerie Royale du bien plus belle aux entreprises transnationa-
Canada, la Sûreté du Québec et l’armée des les, sans se préoccuper des populations ni des
Etats-Unis ne permettraient pas à la municipa- écosystèmes qui en subiront les conséquen-
lité de louer son centre communautaire pour ces. On en regretterait presque l’ALENA !
y accueillir un forum public la veille du som-
met. Suite à cette décision, Brent Patterson, di-
recteur du Conseil des Canadiens déclarait : il
est déplorable qu’on nous empêche de réunir
une table ronde d’écrivains, d’universitaires et
de parlementaires pour partager, avec les Ca-
nadiens, leurs inquiétudes en ce qui a trait au

18
Plan Puebla Panama:

Le plan Puebla-Panamá (ou PPP) est un plan


présenté par le gouvernement Mexicain en
2001, destiné à développer le sud du pays et

GLOSSAIRE
l’Amérique centrale, avec un investissement
de 20 milliards de dollars sur 10 ans.
Il est présenté comme un « projet de déve-
loppement durable et intégral » destiné à
une zone comprenant neuf Etats mexicains
(Puebla, Campeche, Guerrero, Oaxaca, Ta-

DOSSIER
basco, Veracruz, Quintana Roo, Yucatan et
Chiapas), de sept pays d’Amérique centrale
(Belize, Guatemala, El Salvador, Honduras,
Nicaragua, Costa Rica et Panamá)et de la Co-
lombie qui a intégré le projet en 2005.
En tout, 65 millions d’habitants (28 millions
de Mexicains et 37 millions de Centraméri-
cains),
Ce projet a suscité de vives critiques et une
opposition au Chiapas, notamment des pay-
sans devant être délogés de leurs terres.

Plan de relocalisation Endesa:

communautés Mapuche-Pehuenches
touchées par la construction du barrage
hydraulique de RALCO. Immédiatement,
ENDESA-España s’empressa d’obtenir du
gouvernement chilien les autorisations
environnementales nécessaires comme
l’autorisation de la Corporation Nationale
du développement indigène de la CONADI,
afin de régulariser l’appropriation des terres
Mapuches dans un premier temps puis l’im-
plantation de la concession électrique dans
un deuxième temps. Ainsi avant l’implanta-
tion du projet Ralco, la communauté Que-
puca Ralco dénombrant alors 88 familles,
occupait une superficie de 11 710 hectares
divisée en 137 parcelles individuelles.
Aujourd’hui tous les membres de cette com-
munauté ont été déplacés. De plus on comp-
tabilise environ 600 personnes dont les ha-
bitations ne devraient pas être submergées
par le projet mais qui résident néanmoins à
proximité de la zone submergée par le bas-
sin de rétention des eaux. Cette population
est considérée comme « indirectement af-
fectée » même si ce projet modifiera de ma-
nière directe leurs conditions de vie.

Il est également important d’ajouter que


les populations indigènes de toute la ré-
gion mapuche-pehuenche du Haut Biobio,
incarnant une unité culturelle nourrie par
des liens de fraternité et de parenté avec
les communauté de Ralco Leroy et Quepuca
Ralco (comprenant les communautés de Cal-
laqui, Pitril, Caunicu, Malla Malla et Trapa Tra-
pa), seraient non seulement physiquement
préjudiciées par ces inondations mais aussi
19
Mexique, Etats-Unis, Canada :
mutations libre-échangistes
Les 20 et 21 août derniers, les présidents étasunien, mexicain et le premier ministre
canadien se réunissaient dans le cadre du Partenariat nord-américain pour la sécurité
et la prospérité (PSP) à Montebello au Canada. Ce programme, lancé en mars 2005 lors
DOSSIER

Dans le contexte obsédant qui fit suite aux at- le Conseil nord-américain pour la compétitivi-
tentats du 11 septembre 2001, les gouverne- té (CNAC). Ce conseil réunit 10 chefs d’entre-
ments du Canada et du Mexique décidèrent prises de chaque pays et a pour fonction de re-
d’intégrer leur système de sécurité à celui des mettre périodiquement ses recommandations
Etats-Unis, en échange d’un accès continu aux aux ministres concernés.
marchés pour leurs plus grandes entrepri-
ses. Cet accord de principe se concrétisait en Le PSP crée un mode opératoire où les chefs
mars 2005, lors du premier sommet du PSP au d’entreprises se mettent d’accord sur des ob-
Texas. jectifs et des moyens, et les pouvoirs exécu-
Ce partenariat a depuis pour objectif de faire tifs tâchent de les instrumenter soit par des
adopter des mesures sans déboucher sur un politiques économiques précises, soit par des
accord final qui nécessiterait l’approbation modifications apportées à certaines régle-
des parlements nationaux. Il est une extension mentations. Lorsque des mesures exigent un
informelle de l’ALENA, même s’il ne lui est pas changement dans les lois, celles-ci sont pré-
explicitement rattaché. sentées aux assemblées législatives de façon
isolée, afin d’éviter qu’elles ne paraissent être
L’entreprise démocratique du PSP le fruit d’une entente négociée entre gouver-
nements. Le PSP devient le cadre politique
Depuis 2005, les trois chefs de gouvernement d’une confiscation du pouvoir par les exécu-
chargent le PSP d’établir un pacte des ressour- tifs sans contrepoids, tout en permettant aux
ces, un périmètre de sécurité, des politiques entreprises d’intervenir dans la définition des
agricoles, de santé et de sécurité communes politiques publiques.
pour l’Amérique du Nord. Des groupes de tra- Quelques projets en marche
vail formés de ministres et de chefs d’entrepri-
ses s’affairent à mettre en œuvre des projets. A Houston en février 2006, le président Bush
Les décisions affectant les relations trilatérales mettait en avant le souci des Etats-Unis d’ac-
sont prises au moyen de rencontres pour les céder à un approvisionnement énergétique
entreprises, de consultations pour les intéres- sécuritaire le moins dépendant possible du
sés et de séances d’information pour les Parle- Proche-Orient et du Venezuela. A cette occa-
ments. Sans légitimité ni mandat pour le faire. sion, Stephen Harper s’engageait à garantir
une augmentation de la production de pé-
La nouveauté dans cet exercice de la démo- trole de l’Alberta, passant de un à quatre mil-
cratie réside dans la mainmise du secteur lions de barils/jour d’ici à 2015. Or, l’extraction
privé sur le processus de prise de décision. Au du pétrole des sables de l’Alberta génère des
sein du PSP, les négociations sont publiques/ émissions de gaz à effet de serre trois fois plus
privées. Les lobbies n’ont plus à attendre dans importantes que pour une extraction classi-
l’ombre l’occasion de se faire entendre car les que. Pour produire un baril de pétrole brut, on
chefs d’entreprises sont au cœur même des utilise quatre barils d’eau non recyclable, pré-
négociations et doivent définir la stratégie et levée dans la rivière Athabasca, dont le bas ni-
les moyens à mettre en œuvre. En juin 2006, le veau commence à être préoccupant. Le projet
PSP institutionnalisait cette pratique en créant prévoit l’acheminement du pétrole brut au

20
culturellement affectées pas la submersion
de cimetières et de lieux de cultes.
Sources : http://www.fidh.org/IMG/pdf/ma-
puche_fr.pdf

GLOSSAIRE
Traités bilatéraux de protection des investis-
sements:

Les traités bilatéraux de libre commerce et


de protection et promotion des investisse-

DOSSIER
ments, composants de la trame très dense
des conventions économiques internationa-
les qui ont pris le pas sur les instruments de
base du droit national et international, pro-
duisent des effets des plus néfastes sur les
droits des peuples.
Ils octroient le « traitement le plus favorable
» à l’investisseur étranger quel qu’il soit, in-
terdisent l’aide aux investisseurs nationaux,
font fi de la protection de l’économie natio-
nale (comme favoriser des matières premiè-
res locales dans l’industrie, etc.), s’ils ne la
prohibent pas, et enfin facilitent le transfert
à l’étranger des bénéfices. Pour sortir de ce
carcan, les gouvernements peuvent invo-
quer la nullité des traités en se basant no-
tamment sur la Convention de Vienne sur le
droit des traités de 1969. Sous-commission
des droits de l’homme 2004

ZLEA-ALCA:

La Zone de libre-échange des Amériques ou


ZLÉA (en anglais : FTAA ; en espagnol et por-
tugais : ALCA) est une communauté écono-
mique qui pourrait succéder à l’ALENA.
Lors du Sommet des Peuples organisé à Mar
del Plata en Argentine en novembre 2005,
l’Alliance Venezuela, Brésil et Argentine a fait
échoué définitivement ce projet.

MERCOSUR :

Le Mercosur (Mercosul en portugais, Merco-


sud en français) est la communauté écono-
mique des pays de l’Amérique du Sud, qui
signifie littéralement Marché Commun du
Sud (Mercado Común del Sur en espagnol /
Mercado Comum do Sul pour sa traduction
en portugais car ce sont les deux langues of-
ficielles du MERCOSUR (l’espagnol pour l’Ar-
gentine, le Paraguay, l’Uruguay, le Venezuela
et les pays associés et le portugais pour le
Brésil)).

21
DOSSIER

22
EN IMAGES
PHOTOS ET TEXTES: Renata Molina, Fal

ASSEMBLÉE CONSTITUANTE :
UNE BOLIVIE EN PLEINE MUTATION
La victoire électorale d’Evo Morales en décembre 2005 a amorcé un nouveau processus social et
politique en Bolivie. Devenant ainsi un nouveau point de départ pour l’histoire du pays, considéré
comme le plus pauvre de l’Amérique latine. Tous les regards se tournent vers cette expérience qui
intrigue, qui rend possible le « Un autre monde est possible », une alternative nulle part expérimen-
tée.
L’une des premières décisions du gouvernement a été de mettre en place l’Assemblée Constituante,
réclamée par les mouvements sociaux depuis de nombreuses années. Une assemblée constituante
est une institution collégiale ayant pour tâche la rédaction et l’adoption d’une constitution, c’est-
à-dire le texte fondamental d’organisation des pouvoirs publics d’un pays. Celle-ci est chargée de
permettre une refondation profonde du pays, pour construire une autre forme de relation entre les
forces sociales et le pouvoir politique, entre identités socioculturelles et régionales et hégémonie
nationale de l’Etat, entre revendications locales et le projet de pays.
Instance marginalisée par les médias boliviens, vilipendée par la droite et l’extrême droite du pays,
elle n’a pas pu achever ses travaux à la date prévue du 6 août 2007. Une prolongation a été déci-
dée jusqu’au 14 décembre de cette année, où un référendum populaire devrait légitimer la nouvelle
constitution. Composée de 255 membres démocratiquement élus, et parmi lesquels 133 appartien-
nent au MAS (Mouvement vers le Socialisme). Le défi pourra-t-il être atteint ?
Au jour d’aujourd’hui, le travail de l’Assemblée est paralysé. La droite qui se réarticule à travers les
comités civiques, cherche par tous les moyens à diviser le pays, en provoquant des affrontements
violents surtout dans la région de Santa Cruz. Cette zone du pays qui détient la plupart des richesses
naturelles du pays.
Mais la Bolivie a amorcé sa mutation. Le pays est en pleine ébullition. Le « réveil citoyen » a eu lieu et
le retour en arrière n’est dorénavant pas possible.
Toutes les générations
de femmes sont pré-
sentes au sein de la
Fédération Départe-
mentale des Femmes
paysannes « Bartolina
Sisa ».

Le 27 juillet
2007, les
peuples
originaires et les
mouvements
sociaux de tout
le pays se sont
réunis au Colisée
de Sucre.

La délégation de la Confédération Syndicale Unique des Travailleurs Paysans de la Bolivie


(CSUTCB). C’est une des principales organisations syndicales des Peuples originaires Que-
chuas, Aymaras, Tupí Guaranís et autres travailleurs paysans du pays, affiliée à la Centrale
Ouvrière Bolivienne (COB).
EN IMAGES

Les « Ponchos Rojos »


s’étaient déplacés de
La Paz pour défendre
les travaux de l’As-
semblée Constituante
au Sommet des peu-
ples originaires et des
mouvements sociaux.
ANALYSE

NÉO-LIBÉRALISME

LES DÉFIS DE LA COMMUNICATION


PUBLIQUE
Dans son intervention au VI° Sommet Social de l’Union Latino-américaine et
Caribéenne, en Août 2007 à Caracas, Marco Consolo à mis l’accent sur quel-
que chose de nouveau: la conscience, de la part des nouveaux gouverne-
ments de gauche ou de centre gauche, et des mouvements sociaux, du rôle
de la communication de masse.

tion d’un monde multipolaire, de paix, de vé-


A près les années de dictature sur presque
tout le continent, après les mouvements
de libération en Amérique Centrale et les ac-
rité et de justice sociale ». TELESUR peaufine
ses programmes en direction des Etats Unis et
cords de paix, les années 90 ont été marquées, de l’Europe, à l’attention des immigrants his-
en Amérique Latine aussi, par l’hégémonie panophones.
néolibérale et ce qu’on appelle le « consensus
de Washington ». Les privatisations néolibé- 2) La réalisation, par les gouvernements du
rales avaient réduit la capacité d’intervention MERCOSUR, du séminaire de Buenos Aires
des états dans les Politiques Nationales de (janvier 2007) consacré à la communication
Communication (PNC), favorisant l’uniformisa- publique et aux processus d’intégration pour
tion des consciences, avec l’aide de l’expansion coordonner des politiques concrètes. De là,
des marchés publicitaires. Les médias sont de- sont nés 3 groupes de travail : TV, Radio et
venus les véritables arbitres en matière de va- Agences de Presse.
leurs et de goûts.
Aujourd’hui, contre ces projets hégémoniques 3) La naissance d’ALBA-TV (printemps 2007),
de la « pensée unique » et l’uniformisation cul- TV continentale consacrée à la diffusion des
turelle par les médias commerciaux, on perçoit programmes des TV communautaires riches
quelques signes d’une nouvelle orientation d’expérience. Elle fait ses premiers pas à partir
en Amérique Latine. On débat des possibilités d’une banque de documents video du conti-
concrètes pour créer des politiques de com- nent et par une formation de masse, dans le
munication à l’échelle régionale au travers des domaine de la production, en Bolivie, Equateur
médias publics des différents pays: et au Nicaragua, en étroite collaboration avec
les TV communautaires qui ont résisté durant
1) L’initiative de l’Argentine, de Cuba, du Ve- toutes ces années passées.
nezuela et de l’Uruguay de créer TELESUR (la
Bolivie et le Nicaragua ont adhéré après), pre- 4) La naissance de TV Brésil, projet parallèle
mier exemple de TV continentale des gou- à TELESUR. Le Brésil a préféré une voie auto-
vernements « pour stimuler l’identité latino- nome.
américaine par des programmes basés sur Les processus d’intégration doivent parfois
l’intégration, la promotion de la démocratie faire face à des relations inégalitaires .Les con-
participative, le développement humain et la tradictions font partie de la vie du MERCOSUR
solidarité entre les peuples, pour la construc- (tarifs douaniers, conflit Argentine Uruguay

26
des papeteries, possible accord commercial d’opposition au gouvernement, Lula a gagné
avec l’UE, etc.). les élections pour la seconde fois, et le réseau
Nous sommes face à une intégration comple- de médias communautaires, tout en formu-
xe où les médias sont des acteurs politiques. lant de sévères critiques, lui a conservé son
soutien.
La guerre des medias D’autre part, une TV publique qui réunit plus
de 40 TV publiques ( Université, parlements
L’intérêt renouvelé des gouvernements pro- d’états et parlement fédéral, TV du Ministère
gressistes pour les médias a plusieurs explica- de la Culture ,et bien d’autres) est en gesta-
tions. tion, et le débat est approfondi en ce qui con-
La plus importante est que tous doivent af- cerne son degré d’ autonomie par rapport au
fronter la guerre médiatique, ouverte ou pouvoir exécutif.
souterraine, déclarée par les médias privés et En Equateur, les médias contrôlés par les ban-
commerciaux. Souvenons-nous du coup d’état ques privées ont fait campagne contre la créa-
de 1973 contre le Chili d’Allende, soutenu et tion de l’assemblée constituante, et pourtant
justifié par la presse réactionnaire (El Mercurio le OUI l’a emporté avec 70% des suffrages.
d’Edwards). Au Brésil, en 1964, presque toute la Aujourd’hui, le gouvernement de Correa est
presse appelait au coup d’état militaire. engagé dans la définition d’une « Loi Organi-
Aujourd’hui, temps de la globalisation néoli- que sur la Transparence et l’Accès à l’informa-
bérale et de la pensée unique, tous les gouver- tion publique ».
nements progressistes subissent l’attaque des En Bolivie l’opposition, traditionnellement
grands médias. hostile aux indigènes, est particulièrement fé-
Parmi eux , la Société Internationale de Presse roce à l’égard du président Evo Morales. Celui-
(SIP) qui réunit les journaux tout dévoués aux ci a pris des mesures pour renforcer les médias
volontés de Washington, ou le Groupe de Quo- d’état (TV et Agence Bolivienne de Presse) et
tidiens d’Amérique (DGA) qui réunit 11 jour- pour renforcer les radios communautaires,
naux de 11 pays et qui «s’abreuve à une seule surtout dans les zones rurales. Celles-ci peu-
source »,celle où s’abreuve aussi la SIP . L’un vent compter sur l’expérience des « radios
d’eux est le quotidien argentin La Naciòn qui a minières » qui ont résisté durant les années de
soutenu la dictature militaire (1976-1983) qui répression.
a assassiné des travailleurs des médias. Les failles sont plus importantes au Venezue-
Il y a aussi Reporters sans Frontières (RSF), une la. Le « parti des médias » a préparé le coup
« ONG » financée par le NED (National Endo- d’état de 2002 et la grève pétrolière, et mené
vment for Democracy – Soutien National à la campagne contre le processus de transforma-
Démocratie), c’est-à-dire par le Département d’ tion et le président Chavez. Après l’échec du
Etat Américain (cf Eva Golinger , 2006). RSF ne coup d’état, la vente des journaux et l’audi-
fait aucun commentaire sur la concentration mat des TV ont diminué. Les gens ne croient
des médias au Venezuela, sur les assassinats plus cette propagande et beaucoup ont com-
de journalistes en Colombie et au Mexique, mencé à créer des médias communautaires à
mais se scandalise des atteintes à la liberté de partir d’organisations sociales ou de quartiers.
la presse des gouvernements progressistes (le D’autre part, le parlement a voté la « Loi de
non renouvellement de la concession RCTV au Responsabilité Sociale des Medias ».
Venezuela et la création de nouvelles TV).
Quelques modèles de financement
Des failles dans le système
Comment financer un système de communi-
Ces guerres des médias présentent pourtant cation publique, surtout s’il est continental ?
des failles dans leur système de mensonges. Beaucoup pensent à la BBC, mais elle est en-
Au Brésil, malgré l’impressionnante campagne core financée par un impôt, comme en Italie

27
ANALYSE

ou en France. créativité, de fantaisie et de capacité inven-


Au Canada, la CBC (Canadian Broadcasting tive.
Corporation) dépend du Ministère des Fi- Pour conclure nous pouvons affirmer qu’en
nances Publiques, rend des comptes au par- Amérique Latine les Politiques Nationales de
lement, et son indépendance est assurée par Communication Publique restent à définir.
une « charte de principes ». Dans un pays où La démocratisation de la communication est
la diversité culturelle est menacée par des pro- urgente et demande de nouvelles relations en-
grammes venus des USA, la CBC produit des tre le secteur public et d’état, le secteur com-
programmes de recherche de haut niveau qui mercial et privé et le secteur social et commu-
ont la faveur des citoyens , et transmis dans les nautaire. Le défi prioritaire est de renforcer les
deux langues, l’anglais et le français. médias publics et communautaires.
Aux Etats-Unis, il existe un réseau public, la PBS La crédibilité de la communication publique
(Public Broadcasting Service) avec des chaînes réside dans l’autonomie par rapport aux mar-
éducatives, universitaires et communautaires, chés et aux gouvernements. Il faut renforcer la
et un réseau public de radio, la National Public participation des citoyens dans la définition
Radio. Chacune produit son propre contenu des politiques de communication et dans la
et participe à la programmation nationale. Le gestion pour apprendre la liberté de pensée
gouvernement finance une petite partie, le et l’esprit critique. Il faut rétablir le droit à la
reste vient de dons. Il faut souligner que, con- communication pour tous les citoyens et les
trairement à ce qui s’est passé en Europe, la organisations qui doivent se sentir sujets de
PBS a été créée alors que le monopole privé transformation culturelle. Il est nécessaire de
des médias existait déjà. préserver la régionalisation dans la produc-
tion des contenus, le métissage culturel et
Un bon journalisme public l’identification à d’autres luttes dans d’autres
endroits de la planète.
Qu’est-ce qu’un bon journalisme public ?
La culture des médias commerciaux se veut
dominante, transformant, selon Baudrillard, les
simulacres en vérités
Il devient urgent d’avoir un journalisme de
qualité, et la BBC pourrait servir de modèle :
un journal assez long dans lequel les informa-
tions seraient approfondies, et une autonomie
avec des programmes critiques, même en ce
qui concerne le divertissement.
Pour cela il faut des ressources financières suf-
fisantes et des ressources humaines de qualité,
qui agissent avec professionnalisme et qui ne
soient pas engagées par protection où clien-
télisme. .
L’éthique, la vérification des sources, les diffé-
rences de point de vue et l’honnêteté doivent
constituer la règle.
La communication publique ne doit pas se li-
miter à des évènements partiels ou à des thè-
mes consensuels. Le défi consiste à gagner le
coeur et l’intelligence de nos peuples. On ne
doit pas associer privé et divertissant, ni public Marco Consolo
et ennuyeux. La bataille des idées a besoin de Chercheur en communication sociale

28
VIE ASSOCIATIVE

AVEC NOS PARTENAIRES, LA CRD ET LE FUNPROCOOP

SOLIDARITÉ AVEC LE SALVADOR!


Le Salvador est le plus petit état d’Amérique Centrale, le plus densément peuplé
(6,5 millions d’habitants, 21 040 km2) et l’un des plus pauvres. Depuis de nom-
breuses années les comités Fal des Bouches-du Rhône, de Nice et Fal natinale, ma-
nifestent leur solidarité avec le peuple salvadorien, de diverses manières pendant
les longues luttes de libération menées par le FMLN, au moment des désastreuses
catastrophes naturelles qui ont ravagé le pays, mais également dans le travail de
reconstruction engagé après les accords de paix signés en 1992.

A insi FAL collabore avec une ONG salvado-


rienne intitulée CRD (Coordination pour la
Reconstruction et le Développement). Quatre
comités locaux de FAL ont soutenu la construc-
tion d’un centre de jeunesse à Espino, en bord
de mer un site magnifique à l’ouest du Salvador.
L’enfance et la jeunesse sont particulièrement
touchées par la situation économique. Le man-
que de travail favorise la délinquance, mais aus-
si l’exploitation, dans cette région, des enfants
qui se retrouvent embauchés pour la pêche aux
mollusques. L’objectif est donc de favoriser la
réinsertion de ces jeunes à travers diverses acti- Inauguration du centre juvénile d’Espino. de gauche à droite: Michel
vités, de leur permettre d’aller à l’école et de les Forgeon (Bureau de Fal), Jean-Marie Héricher (Président de Fal), Maurice
Caupert (Président Fal Marseille),. (???)
préparer aux responsabilités futures.
Le CRD a pour projet d’organiser ainsi un ré-
seau de centres de formation de jeunes pour
le développement. s’accompagnant de sa guitare. D’autres surpri-
ses nous attendaient tout au long de ce séjour.
Nous étions invités en juillet dernier par le CRD Un jour par exemple, après avoir emprunté un
à l’inauguration du centre juvénile d’Espino. chemin de terre à peine carrossable en pleine
Elle s’est déroulée en présence de l’Ambassade brousse tropicale, nous débouchons sur une
de France, une manière de reconnaître le travail clairière au milieu de laquelle était installée
réalisé, mais aussi un type de coopération dé- un réservoir d’eau qui alimente les villages re-
centralisée efficace. FAL y était représenté par culés de la région. Sur ce réservoir, y figurait
le président Jean Marie Héricher, le trésorier une inscription : « CRD – Conseil général du Val
national Michel Forgeon et Maurice Caupert de Marne ». Voilà une coopération qui sert au
dont le comité local de Marseille s’est investi mieux les besoins des gens !
pendant de longues années dans cette soli-
darité avec le Salvador. De nombreux jeunes Une société américanisée
ont participé à cette journée de célébration
et de Fête. L’un d’eux avait même composée La capitale regorge de pancartes lumineuses à
une chanson pour l’évènement. Il l’a chanté en la mode Coca Cola où sont loués les Fast food

29
en tout genre, banques internationales, etc. responsables des nombreux assassinats de
Depuis peu la monnaie du pays est le dollar. dirigeants syndicaux. Tous ceux qui travaillent
Les gens disent « Nous sommes payés en « co- dans le mouvement social sont menacés.
lons » (ancienne monnaie) mais nous payons A noter aussi que 25% des morts de violence
en dollars ! ». sont des femmes jeunes. Les responsables
Les riches se protègent dans des quartiers de la coordination nationale des femmes, du
réservés, gardés par des hommes armés. Les FMLN nous parlent de « féminicide ».
pauvres sont parfois expulsés de leurs mai-
sons pour construire ces nouveaux quartiers Là bas et ici !
auxquels ils n’ont pas accès. Il semble que ces
nouveaux quartiers servent aussi à blanchir Quinze jours de délégation au riche contenu
de la drogue. qui renforce nos convictions qu’ici et là bas,
Dans les rues de la capitale des banderoles pré- nous nous heurtons au même système néo-
viennent : pistolet en effigie « Pour la sécurité il libéral. Ici et là bas, notre sort est lié. Quinze
est interdit de porter des armes sur les plages jours où nous avons reçu des Salvadoriens car
et dans les parcs ». Le Salvador serait devenu la solidarité est réciproque. Elle est aussi « la
le pays le plus violent d’Amérique Centrale. tendresse des peuples ! ».
Nos hôtes ne nous laissaient pas sortir seuls
dans la capitale. « Les Maras », groupes dont
certains sont organisés depuis les Etats-Unis Jean Marie Héricher
font régner la terreur. Mais il y a une confusion Président de France Amérique Latine
qui se crée, autour d’eux. Ainsi l’Etat les rend

Fal Nice : Défendre l’agriculture biologique de «résistance»

En 2004 Mr Dimas Vanegas, directeur de la FUNPROCOOP (Fundacion Promotora de Cooperativas), un groupe-


ment de communes d’environ 55,000 habitants dans la région de Santa Ana et de Chalatenango était invité en
France par le CCFD. Nous l’avons alors convié à notre Assemblée Générale où il a expliqué que le gouvernement
salvadorien favorisait les grandes exploitations agricoles, la FUNPROCOOP aidant au contraire au développement
d’une agriculture biologique «de résistance», qui tente de protéger et diffuser des semences originelles et des
espèces locales dites «créoles». Dans une école à Chalatenango elle forme également les agriculteurs à la bio-
diversité, la souveraineté alimentaire et l’identification des ressources
génétiques locales afin d’éviter leur exploitation (voire leur pillage)
par certains grands laboratoires nord-américains. Nous avons décidé
de participer à la réalisation de projets modestes mais concrets que la
communauté pourrait ensuite gérer elle-même.

En 2004, FAL Nice a financé l’achat de 2600 alevins et la construction


d’un bassin piscicole autosuffisant permettant de fournir un complé-
ment alimentaire à une centaine de personnes. Depuis, nous avons
réalisé un bassin de recueil des eaux de pluie pour l’irrigation et l’éle-
vage ainsi qu’un poulailler.

Nous sommes un petit comité mais grâce aux dons de certains mem-
bres, aux conférences organisées par F. Couëdel, notre Présidente, et
au succès des «mojitos» que nous vendons lors de la «fête du Château»
à Nice, nous parvenons à envoyer tous les ans 500 ou 600 Euros, en restant en contact permanent avec Dimas.
Nous aimerions aujourd’hui construire et équiper une petite ébénisterie où seraient fabriqués des meubles sim-
ples à usage quotidien (coût estimé: 550 euros) et acheter pour les planter des arbres fruitiers et des semences de
produits maraîchers pour la communauté de Santa Ana (650 euros). Afin de mener à bien ces deux projets nous
serions très reconnaissants à quiconque nous ferait parvenir un chèque, même modeste, à l’ordre de:
FAL Nice Projet El Salvador (adresse: Jacqueline Torrecillas - FAL Espace Associations Nice Garibaldi12 ter, Place
Garibaldi, 06300 Nice). Nous vous enverrons un reçu fiscal car 75% des dons sont déductibles des impôts.
Merci à tous!
Jacqueline Torecillas, Fal Nice
VIE ASSOCIATIVE

Un peu d’économie salvadorienne

Le Salvador est parmi les 20 pays au monde comptant les plus grandes disparités sociales, 60% de la population
vit en dessous du seuil de pauvreté, 40% avec moins de 2 dollars par jour, 35% sont analphabètes et le quart des
Salvadoriens (2,5 millions) a dû s’exiler aux USA. L’argent que ces exilés envoient à leurs proches («remesas»)
représente plus que les budgets de l’éducation et de la santé réunis… Pour préserver cette source de devises,
indispensable à l’économie nationale, le Salvador s’aligne sur Washington dans toutes les instances internatio-
nales et demeure le seul pays d’Amérique latine à maintenir des troupes en Irak.
Après 1992 et 10 ans de guerre civile l’économie avait bénéficié d’une croissance substantielle, mais les espoirs
d’une amélioration durable des conditions de vie ont été anéantis par une décennie de catastrophes naturelles
et par l’incapacité des gouvernements d’y répondre de manière énergique et efficace.
Récemment, plusieurs gouvernements latino-américains (Argentine, Brésil, Uruguay et Venezuela) se sont op-
posés à la tentative des Etats-Unis de conserver leur mainmise sur les pays et les économies d’Amérique du Sud
et ont mis en échec l’ALCA (Zone de Libre Echange des Amériques). Mais les USA ont riposté en élaborant en
mars 2006 un traité de Libre Echange (CAFTA) avec l’Amérique centrale. Le Salvador semble être le pays qui en
a le plus souffert. Les exportations salvadoriennes vers les Etats-Unis, qui étaient en augmentation les années
précédentes, ont baissé de 2,5% tandis que les importations en provenance des USA augmentaient de 5,3%. Le
déficit commercial est passé de 872 à 1,080 millions de dollars. Le chômage et l’inflation ont augmenté et les
investissements étrangers ont diminué de 26%. Tout cela a bien sûr affecté avant tout les populations les plus
pauvres et les plus démunies.
Jacqueline Torecillas, Fal Nice

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