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A
SOMMAIRE
Pages
1— I/Iise en contexte •.
2— Jbjectifs. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
. . . . . . . . . . . . . . . . . .
. . . ...3
3— 1vIëthodo1ogie. .. .. ........ ... SS•• .•.••• •.. 3
4- Presentation de la Banque Populaire HaItienne (BPH)..........4
5— Iésu1tats dégagés. • • • • • .. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
. . ...8
6— onc1usions
36
F7
1ecoiiiriiandations. ..... •..... .... .. .. ..... . ..37
8— Annexes....... . .
. . . • • • • • •. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . •....
. ..40
2
1.-MISE EN CONTEXTE
Suite aux allegations portant sur la deterioration de Ia situation financière de la Banque Ppulaire
Haltienne (BPH) consecutive a une mauvaise gestion du portefeuille de l’Tnstitution, la Direction
Générale de l’Unité de Lutte Contre Ia Corruption (ULCC). conformement a sa mission stipulee a
Particle 2 du decret du 8 septembre 2004, a decide d’ouvrir une enquête pour determiner leur
bien fonde. A cette fin, une commission d’enqudte ad hoc a été mandatee par le Directeur
General de l’ULCC, Me. Lionel Constant BOURGOIN, en vue de rechercher les dventuels cas
presumes de corruption qui auraient ete commis dans Ia gestion du portefeuille de credit de la
BPH.
2.-OBJECTIFS
Dans le cadre de cette investigation, l’ULCC s’est donne pour objectif d’une part, de faire le
jour sur les soupcons de mauvaise gestion du portefeuille de credit de la Banque Populaire
Haltienne (BPH) ayant conduit a sa deterioration financière et d’autre part, de determiner
l’eventuelle responsabilité administrative et/ou pénale des principaux agents publics impliques
dans la gestion du portefeuille de credit de la BPH pour la periode allant d’octobre 2011 a
septembre 2016.
3.-METHODOLOGIE
3
En outre, la Commission a consulté le Manuel de Procedures de credit en vigueur a la BI?H, les
différentes Circulaires de la BRH, Ia loi du 27 novembre 2008 portant modification de certajnes
dispositions du décret du 13 décembre 1983 sur Ia Banque Populaire Haltienne et d’autres
documents specifiques dont les Protocoles d’Accord conclus avec d’autres Institutions puIliques
dans le cadre de la mise en place de programmes de credits spéciaux tels que: KRED IPAM,
CHANJE METYE CHANGE LAVI et KAY PAM. Ii est a préciser que les procès-verbaux’
daudition et tous les autres documents relatifs a lenquête sent annexes au present rapport.
- Le cadre legal
La Banque Populaire Haltienne (BPH) est une institution d’épargne et de credit. Elle a étë créée
par la loi du 20 aoflt 1973 pour remplacer la Banque Populaire Colombo-Haltienne frappee de
dissolution a la suite d’un Protocole d’Accord conclu le 30 juin 1973 entre les autorités
gouvernementales d’alors et le représentant de Ia Banque Colombienne <<Banco Popular >>. La
loi du 20 aoflt 1973 a consacré en quelque sorte le droit de preemption du Gouvernement
haltien sur les actions de la Banque Populaire Colombo-Haltienne qui cessait alors d’être une
banque mixte pour devenir la propriété exclusive de l’Etat haItien. Ainsi, s’est justifiée la
nouvelle denomination de <<Banque Populaire Haltienne >> qui lui est désormais attribuée par la
loi, l’épithète colombienne n’ayant donc plus sa place dans la raison sociale de la nouvelle
banque. L’article 3 de cette loi du 20 aout 1973 avait conflé la gestion de la Banque Populaire
HaItienne (BPH), pourtant dotée de la personnalité civile et juridique, au Conseil
d’Administration de la Banque Nationale de la Republique d’HaIti. Un Directeur Général
nommé par le Président de la Republique était done chargé de l’exécution des decisions du
Conseil d’Administration.
Mais, suite a la
dissolution de la Banque Nationale de la RCpublique d’HaIti en 1979, la BPH
allait désormais être placée sous la tutelle de la Banque de la République d’HaIti (BRH) par
décret en date du 13 décembre 1983 portant modification de Ia loi du 20 aoüt 1973. Ii s’agissait
1
Voir Les Procès-verbaux daudition.
4
aux yeux de plus dun d’une anomalie, car, étant donné sa mission légale de régulat
rice du
système bancaire, ii était donc inconcevable que la BRH soit impliquee directement
dans la
gestion et l’administration d’une banque commerciale comme Ia BPH. 2Ainsi, Ia
loi du 27
novembre 2008 a modifié diverses dispositions du décret du 13 décembre 1983 dont
celles de
l’article 5 de ce décret fixant désormais le capital minimum autorisé de la Banqu
e Populaire
Haltienne a soixante millions de gourdes (Gdes 60, 000, 000.00) et celles de l’articl 7
e confiant
dorénavant l’administration et Ia gestion de la banque a un Conseil d’Administra
tion et un
Directeur Général. Ce Conseil d’Administration est compose de cinq (5) membres
dont un
Président, un Vice-président et trois membres nommés pour trois ans par arrété du
Président de
Ia République et ratiflé par le Sénat. L’institution de cette nouvelle structure de
gestion et
d’administration devait faire désormais de Ia BPH une banque indépendante a part entière
.
Mais, jusqu’à present, force est de constater que la mise en place de ce Conseil d’Adm
inistration
se fait encore attendre. La BPH fonctiorme tout a fait en marge du cadre legal prévu
par la loi
du 27 novembre 2008 portant modification de certaines dispositions du décret du 13
décembre
1983. Notons qu’en 2011, ayant abuse de sa fonction, le Président de la République
d’alors, M.
Michel Joseph MARTELLY a nommé a la tête de la BPH un Conseil de Directi
on compose
d’un Directeur Général et d’un Directeur Général Adjoint, ce, au mépris de l’article 2 de
la loi
du 27 novembre 2008 portant modification de l’article 7 du décret du 13 décembre 1983.
Cet
article se lit comme suit
<<La BPH est administrée et gérée par tin Conseil d ‘Administration et tin Directeur
Général. Le
Conseil d’Administration est compose de cinq (5,) membres nommés pour trois (3 ans par
Arrêté
die Président de Ia République et ratUIé par le Sénat:
- Un Président
- Un Vice-président.
- Trois (3) membres
2
Max, Etienne, HaIti : Code Monétaire et Financier, Mise a jour en Aot 2013, Port-au-Princ
e, Banque de Ia
République d’HaIti, 2009, p. 373 (notes au bas de I’artide 1 du décret du 13 décembre
1983 plaçant le Conseji de
Direction de Ia Banque Populaire Haltienne sous Ia Supervision du Conseil D’Administr
ation de Ia Banque de Ia
République d’HaIti).
5
Chacun des trois autres membres du Conseil d’Administration s ‘acquittera des i-zissions
spécIques qui leur seront assignees par le Conseil. Ces trois membres seront rémunérés par
des
jetons de presence. >>
a) des operations de credit en général, sons forme de préts, d ‘avance de garantie, prise de
pension ou d’escompte d’effets publics on de commerce, de financement a tern-je
des
exportations ,
b) des operations de credit a long terme avec ses profits ou avec les fonds provenant de ses
activités internes [...]>>.
Le portefeuille de credit de Ia BPH regroupe genéralement trois (3) categories de prêts qui
peuvent, suivant le cas, presenter certaines variantes. Ii s’agit principalement des: prêts
au
logement, préts a la consommation et préts commerciaux. Ces trois categories de prêts sont
dailleurs définies dans la Circulaire no. 87 de la Banque de la République d’HaIti. Vojci
les
definitions données respectivement aux différentes categories de prêts4
4Voir Dossier < autres annexes >, Document 1, Banque de Ia République d’HaIti, Circulaire no. 87.
6
• Les prêts commerciaux se disent de l’ensemble des credits accord
és a une personne
physique ou morale pour des fins d’affaires. Ces credits incluen
t les prêts et les avances
de créances, les titres de participation, les acceptations, les lettres
de credit, les garanties,
les titres de substituts de prêt et les contrats de credit-bail financi
er. Les prts aux
intermédiaires financiers, Ic préts a l’Etat, aux entreprises publiq
ues et aux collectivités
de même que les prêts immobiliers commerciaux appartiennent a cette
categoric.
6
Avenant #4 du 4 décembre 2012 au protocole du 1er
aout 2002(Voir le dossier < Prêt a Ia consommation : Kredi
Pam).
7
5. - RESULTATS DEGAGES
Dans la majorité des cas, la BPH n’a pas respecté les formalités édictées dans le
Manuel de
Procedures concemant le traitement des dossiers de credit. En effet, les dossiers
analyses par la
commission ont mis en evidence un grand nombre d’irrégularites. Celles-ci concernent
toiites les
categories de préts.
8
Marie Wana
9
ainsi précisés: Tout prêt commercial doit être diment analyse avant d’être approuvé. Cette
<<
analyse couvrira au tnoins les points suivants: l’objet du credit, les états financiers audjtés
ou
redresses pour faire apparaltre le cash-flow de rembozirsement, les sz2retés et/ou Ia cauticzm
pour
démontrer l’existence d’une deuxième source de remboursement >>. Cependant, force
est de
constater que dans certains cas, ces formalités n’ont pas été prises en consideration.
A titre
d’exemple, la commission présente les cas suivants:
Au cours de l’exercice 2012-2013, plus précisément entre octobre 2012 et Juin 2013, la
BPH a
octroyé trois (3) préts a M. BASTIEN equivalant a trente neuf millions quatre cent quarante
quatre mule soixante dix et 05/100 gourdes ( Gdes 39,444,070.05) et soixante quatre mule
six
cent vingt et un dollars et 16/100 (USD 64,621.16 ). Notons que M. BASTIEN avait déjà
bénéficid de deux (2) autres prêts totalisant quatorze millions trois cent quarante mule gourdes
et
00/100 (Odes 14, 340, 000.00) au cours de l’exercice précédent. Le comité de credit
a donc
décidé d’accorder ce montant exorbitant a un seul client au cours d’un exercice au moment
oi la
BPH se trouvait dans une situation catastrophique. Se référant a certaines données présentées
dans les différents rapports annuels rédigés par les auditeurs extemes du Cabinet d’Experts
Comptables Mérové-Pierre et celles recueillies au cours de l’audition de Monsieur
Max
ETIENNE, membre du Comité de Restructuration et de Contrôle chargé d’assainir la gestion
de
la BPH10. En outre, la commission d’enquete a constaté qu’au cours de l’année 2012 l’avoir
des
actionnaires était a six millions neuf cent mille et 00/100 gourdes (Gdes 6, 900, 000.00), c’est-à
dire, nettement en dessous du seuil reglementaire recommandé par les normes bancaires fixées
a
dix millions et 00/100 gourdes (Odes 10, 000, 000.00). La commission a aussi observe
que les
10
préts improductifs ne faisaient qu’augmenter d’année en année. Voici les constats faits
par la
commission a titre d’illustration:
- En 2011 les prêts improductifs s’élevaient a trois cent dix sept millions htiit cent
quatre vingt quatorze mule quatre cent cinquante deux gourdes et 00/100 gourdes
(Gdes 317, 894,452.00).
- En 2012 les prêts improductifs sont passes a trois cent quatre vingt treize millions
quatre cent trente quatre mule quatre cent seize et 00/100 gourdes
434,416.00).
- En 2013 les préts improductifs s’élevaient a cinq cent vingt quatre millions quatre
cent vingt trois mule et 00/100 gourdes (Gdes 524, 423,000.00).
Les provisions pour pertes de valeur sur préts ont subi aussi une augmentation d’année en
année
comme le témoignent les données ci-après
- En 2011, la provision pour perte de valeur sur préts ëtait estimée a quatre millions
sept cent soixante trois mule et 00/100 gourdes (Gdes 4, 763, 000.00).
- En 2012, Ia provision pour perte de valeur est passée a trente et un millions neuf
cent cinquante six mule et 00/100 gourdes (Gdes 3 1. 956,000.00).
- En 2013, elle est encore passée a quatre vingt cinq millions cinq cent soixante
quatorze mille et 00/100 gourdes (Gdes 85, 574, 000. 00).
L’état des résultats de l’année 2012 a accuse un revenu net de vingt deux millions neuf
cent
trente huit mule neuf cent cinquante huit et 00/100 gourdes (Gdes 22, 938,958.00) tandis
qu’au
cours de l’année suivante, soit en 2013, l’Etat des Résultats a accuse une perte nette de
vingt
neuf millions cing cent soixante guinze mule cing cent quatre et 00/100 gourdes (Gdes
29,
575,504.00), soit un ëcart négatif de six millions six cent trente six mule cing cent guararite
six
et 00/100 gourdes (Gdes 6, 636, 546.00). Cet écart reprësente une contreperfoance de la BPH
ëvaluée a 28.93 % en une annëe.
En outre, des pertes consécutives totalisant cent vingt six millions cinq cent quatre vingt et
un
mule cinq cent quarante cinq et 00/100 (126, 581,545.00) gourdes ont été enregistrées
pendant
les trois dernières années. Les derives accumulés pendant cette période ont provoqué la faillite
technique de la BPH qui fonctionne aujourd’hui avec un capital nëgatif, soit de moms de
quatre
11
millions huit cent mille et 00/1 00 (-4, 800,000.00) gourdes suivant les données communiquées
a
la commission d’enquête de l’ULCC par le Comité de Restructuration et de Contrôle chargé
d’assainir Ia gestion de la BPH”.
Au cours de l’année 2013, une étude a été réalisée par une agence externe répondant au nom
de
CDES. Les résultats de cette étude ont révélé que la BPH était sous capitalisée. Les declarations
faites par l’ancienne Directrice Générale de Ia BPH, Mme Marie Gesly LEVEQUE, au cQurs de
son audition’2 corroborent lesdits résultats. Selon Mme LEVEQUE, ii a fallu l’intervention de
I’Etat HaItien afin de refinancer la BPH a hauteur de cent soixante millions et 00/100 gourdes
(Gdes 160, 000,000.00). En dépit de tout, la commission a constatC que les responsables en
charge de la gestion du portefeuille de credit n’avaient pas cessé de violer les règles édictées
dans le Manuel de Procedures en matière d’octroi de credit ainsi que la circulaire # 83 de la
Banque de la Republique d’l-IaIti (BRH).
Le 15 novembre 2011, M. Jovenel MOfSE a formulé une demande de six cent mule dollars
américains (USD 600,000.00) pour son commerce. Le formulaire de declaration qu’il a
rempli fait état de ses revenus et de ceux de son épouse, de sa situation bancaire, de son
patrimoine, de ses relations de credit et de ses rCférences personnelles. etc.
Dans un document de deux pages intitulé <Bilan Personnel >>, M. Jovenel MOISE a aussi
déclaré un bilan dont lavoir net est de cinq millions quatre cent vingt sept mule quatre cents
dollars américains (USD 5,427,400.00) et les revenus nets de quatre vingt cinq mule dollars
(USD 85,000.00).
Des documents en annexe montrent que ce prêt de six cent mule dollars américains (USD
600,000.00) accordé sous forme de ligne de credit au taux de 1.0 %, remboursable sur une
période de 12 mois (du 21 novembre 2011 au 30 décembre 2012), est garanti par:
12
Voir le procès-verbal d’audition de Madame Levêque en date du 19 octobre 2016 (Dossier Procès-verba
ux).
13
Voir Dossier Prêts commerciaux-Dossier Jovenel MoIse.
12
-une hypotheque de ler rang (Un terrain de 300 m2 sis a Balan, Cap-1-IaItien estimé a USD
150,000.00, et une propriété (superficie: 5,940 m2) située au # 31 de la Rue Titus, Bas
peu de
Chose, Port-au-Prince, selon les rapports des évaluateurs-experts agréës, les ingénieurs
Claude
Rivière et Alain Rivière, les 17 et 21 novembre 2011,
-une assurance Multi risques a souscrire par le client sur le stock dont la BPH sera bénéciaire
-une assurance-vie d’USD 500,000.00
Ii faut souligner Ia legèreté avec laquelle un dossier dune telle envergure a été traité. En effet,
le
suivi qui a été fait a la demande de credit na pas respecté les principes édictés dans le manuel
de
procedures de Ia BPH. Ii n’existe aucun document dans les dossiers qui puisse prouver l’origine
et lauthenticité des revenus des époux MOISE totalisant les sommes respectives de cent soixante
deux mule quatre cent soixante six et 00/100 gourdes (Gdes 162,466.00) et celle de six rEnille
et
00/100 dollars américains (USD 6,000.00). De plus, parmi les garanties susmentionnées,
Ia
commission détient une copie des rapports des ingénieurs Claude et Alain RIVIERE pour
les
propriétés situées au Cap- Haltien et a Port-au-Prince et une copie du contrat d’assurance-vie
souscrit a l’AIC (Alternative Insurance Company) datëe du 3 novembre 2011. Toutefois, alors
que Ic prêt en question avait déjà été approuvé depuis le 16 décembre 2011, la correspondance
y
relative nest parvenue a Madame Jessie NEMORIN, Officier de Credit de Ia BPH, que le
16
janvier 2012.
Le 28 mai 2013, Ia BPH a octroyé un prêt d’un montant de dix neuf millions de gourdes (Gdes
19, 000,000.00) a M. Jovenel MOISE. Selon le calendrier de paiement annexé au dossier, cette
dette au taux dintérêt de 12 % arrivera a échéance le 30 juin 2018. Malgré les différentes
correspondances échangées entre M. MOISE et les instances de Ia BPH sur les retards
et
irrégularités des versements dus, cc prêt se trouve en situation de restructuration. Son solde au
23
septembre 2016 est de neuf millions cent vingt six mule cent douze gourdes et 60/100
(9,
126,112.60).
13
A signaler que Ia plupart des irrégularités et anomalies relevées dans les dossiers de
credit
accordés a MM. Frantz BASTIEN et a Jovenel MOISE ont aussi été constatées dans
d’autres
dossiers de prêts. Ii s’agit des clients dont les noms figurent dans le tableau ci-dessous
Le cas des prêts hypothécaires et celui du credit au logement ne sont pas différents sagissa
nt de
violation des règles de conforrnité et de procedures relatives a loctroi des préts toute
catégorie
confondue.
Le 24 octobre 2016, l’Officier de credit Jessie NEMORIN’4 a ainsi répondu aux questio
ns de la
commission relativement a certains dossiers ayant retenu lattention des enquêt
eurs. La
commission a jugé bon de reproduire intégralement quelques-unes de ces declarations
qui en
disent long sur les multiples irrégularites relevées dans le traitement de ces dossiers
14
Audition de Jessie Nemorin en date du 24 octobre 2016 (Voir Dossier procès-verbaux daudition ).
14
Q 3- Avez-vous toujours pris le soin de verifier l’exi
stence réelle des garanties déclaées par
tin client sollicitant tin prêt pour les diffe’rentes categ
ories de credit Logement, co,-Iimerce,
Consommation?
15
susmentionnës. Donc, les prêts ont été accordés a Jovenel MOISE, Evinx DANIE
L, Yves-Whyn
FRANOIS et son épouse Marie Nicole Etienne FRANçOIS, sans confirm
er les garanties
(existence dentreprises, fiabilité des états financiers, authentification d’hypo
thèque, cap acité de
remboursement, avaliseur, etc.) déclarées dans leurs dossiers de deman
de de credit.
Lors de son audition en date du 16 juin 2016, Madame Marie Jean France
sse XA1TUS15,
nouvelle Directrice de Credit, ayant remplacé Madame Jacqueline SALNAVE
a ce poste, avait
apporté les précisions suivantes:
<<Le prêt commercial a tine durée de trois (3) a cinq (5,). Ce prêt est accord
é pour les business
deja existants. La garantie pour ce prêt est tine garantie hypothécaire. Mais,
il petit arri-ver que
Ic client alt d’auires supports: cash collateral.
Le micro- credit est ten prêt qui est accordé aux petites et moyennes entreprises.
Le plafond de cc
prêt est de 750,000.00 gourdes, Pour le micro-credit la garanhie est Ic fond de
commerce.
‘5Audition de Francesse Xantus en date du 16 juin 2016 ((Voir Dossier < procès-verbaux d’audition >).
de Jessie Nemorin en date du 24 octobre 2016 (Voir Dossier < procès-verbaux d’audition 4
16
5.2.2- Violations constatées dans l’analyse des prêts improductifs
‘
Uste transmse par Ia BPH sous support électronique.
17
3.- Prêts au logement improductifs en gourdes:
L No Compte
35100026392
Nom & Prénom Montant(HTG)
MARSAN YVETTE 16,854,523.56
18
35100022589 PETIT-DE MARIE LIS 7,284,3 82.13
35100022638 GUIRAND BEATRICE 5,512,154.06
35100022640 BOULOS CAROLINE CA 9,536,182.68
35100024099 NERETTE FRANTZ GER 5,031,067.95
35100024100 CHANDLER CONRAD 5,972,647.59
35100024323 DEGRAFF JERRY 6,213,702.97
35100025391 MILFORT FARAH 6,461,708.29
35100025404 HILAIRE CONCEPTIA 5,152,016.78
35100025723 MERCIER FRANCESCA 6,976,795.69
35100025833 FOURCAND YVES MICH 6,076,309.96
35100026981 FILOSCIN FRITZ GERALD 5,150,000.00
35100020991 LISSADE JOSEPH GUERDY 7,575,409.06
35100022519 JEAN BAPTISTE GERA 11,366,629.40
35100026407 BAKER MARIE LUCIE 12,838,842.22
35100026442 PLANCHER MICHEL JU 7,582,762.80
35100026930 ALCINDOR ENOLA 7,600,000.00
19
5- Prêts au commerce a long terme en dollars:
No Compte Nom & Prénom Montant(USD)
35110025767 BLOTGREGORY 115,607.34
35110026871 PIERRE MARIE 493,404.26
ELVIR
35110026912 JAPON AUTO PARTS 200,000.00
35110021850 MILLIEN BERNARD 61,862.32
35110026315 NACOSESA 648,598.16
Total 1,519,472.08
Un prêt restructure est un prêt pour lequel l’Ctablissement bancaire a accepté de modifier les
dispositions initiales en raison de Ia détérioration de la situation financière de l’emprunteur. Cette
decision est prise généralement dans l’une ou plusieurs des situations suivantes énumérées dans
la Circulaire No. 87 de la BRJ-I:
La commission tient a préciser que dans la rubrique des prêts restructures, toutes les categories
de prêts sont prises en compte (Commercial, logement, consommation). En fait, la restructuration
d’un prêt par un établissement bancaire ne résulte pas forcément du non-respect des formalités et
procedures établies pour l’octroi de credit. En effet, pour des raisons diverses, la situation
financière d’un emprunteur peut se degrader a un moment ou a un autre, cc qui l’empêche done
d’honorer ses obligations et ses dettes envers la Banque. Ceci fait partie des aléas du métier
bancaire qui se trouve constamment exposé a des risques d’insolvabilité. Cependant, la situation
deviendra alarmante et inquiétante lorsque le nombre des prêts restructures par l’institution
bancaire tend a augmenter.
Dans le cas de Ia BPH par exemple, les données disponibles révèlent que le nombre des prêts
restructures est élevé. Cet état de fait traduit de toute evidence de graves anomalies dans la
gestion du portefeuille de credit. Dc fait, plusieurs prêts ayant fait l’objet de restructuration ont
20
été octroyés en dehors des normes prudentielles relatives a la gestion des risques de
credit.
Autant dire que cette augmentation considerable du nombre de prêts restructures par la
BPH
s’explique par le laxisme et la negligence des autorités bancaires en charge de la gestion
du
portefeuille de credit.
Le nombre considerable de prêts restructures par la BPH est dQ au fait que les règles
et les
normes n’ont pas été respectées en amont lors de I’octroi de credit. Ces règles sont d5
ailleurs
résumées dans Ic Manuel de Procedures de credit de la Banque, dans la Partie B consacrée
a Ia
definition de la Politique de Credits, no. 2 en ces termes : <<La meilleure réponse possible
a un
dossier urgent est NON,• la documentation des prêts est un impératzf:si on n ‘a pas le temps
pour
documenter correctement c ‘est qu ‘on a pas le temps de faire le prêt.
,
J) “D ‘éviter la
concentration des préts, tant stir un seal client que sur an seal groupe ott encore une
seule
activité (‘circulaire #83 de la Banque Centrale) éviter aussi Ia concentration dun type donné
,
de
süreté. 18Plus loin, a Ia partie C du Manuel de Procedures traitant de la Politique de credit de
la
BPH, nous lisons ce qui suit << Les garanties ne doivent pas se substituer a la qualité du
client.
Un credit est consenti avant tout parce que le client est sam et solvable et non parce qu ‘ii
offre
de bonnes garanties. Bien que nécessaires, ces dernières ne viennent qu ‘en deuxième position. >.
A ce
sujet, la commission s’est penchée sur plusieurs dossiers de prêts restructures et qui lui
ont
permis de mettre en evidence d’abord le non-respect de la politigue de credit de la banque
a
travers la concentration du credit a un seul client ou a un groupe et la légèretë enregistrée
dans
l’analyse des dossiers.
La BPH nous a soumis un rapport de préts restructures pour la période allant de 2011 a
2016,
contenant des prêts restructures en gourdes et en dollars US. Sur un total de soixante cinq
clients
(personne morale et physique) ne pouvant pas honorer le service de la dette, onze seulement,
soit
18
Banque Populaire Haltienne, Manuel de Procedures de credit,
p. 6 (Voir Dossier des prêts restructures).
21
16.9%, ont une dette de deux cent soixante dix huit millions deux cent quatorze mule huit
cent
deux gourdes et 27/100 (278, 2l4,802.27)’, capital et intérêt inclus.
19
Rapport des prêts restructures Octobre 2011 a septembre 2015, soumis par Ia BPH (Voir Dossier des prêts
restructures).
22
Le problème relatif a la concentration de prêt concerne egalement le Groupe Gabart JOSEPH
S.A, représenté par Monsieur Frantz Yves JOSEPH qui a une dette de trente deux millions trois
cent mule gourdes (32, 300,000.00), capital et intérêts inclus. Ce prêt a été restructure le 24 juin
2015 suite aux tentatives infructueuses de la BPH de recouvrer ledit montant. L’extrait d’une
lettre adressée le 26 mai 2014 au Vice-Président /Directeur Général du Groupe GABART par
I’Unité de Recouvrement de la BPH confirment ces faits: ‘c’ Nous voulons collaborer
étroitement avec vous ajmn d’arriver a la conformite de ce dossier qui vous catalogue cornme un
de’biteier délinquant du système et en même temps pénalise fortement la BPH qui est obligee de
prendre des provisions a hauteur de 100%. D ‘oh la mise en garde de nos auditeurs nous
demandant de réaliser la garantie et de prendre les dispositions nécessaires en vue de
poursuivre le de’biteur de toute balance due. >>20
Suivant Ia definition proposée dans la Circulaire no. 87 de la BRH, un prêt radié se dit d’un prêt
(toutes categories confondues) que ( 1 ‘établissement bancaire est amené a radier, lorsque toutes
les activités de restructuration ott de recouvrement possibles on! été entreprises et qu ‘ii est peti
probable qu ‘elles permettent de récupérer le principal et les intérêts >.
En analysant les dossiers, Ia commission a constaté que la plupart des prêts faisant l’objet de
decision de radiation ont été encore octroyés au mépris des normes prudentielles établies en
matière d’octroi de credit bancaire. Cette situation témoigne de l’inefficacité du système de
contrôle interne de la Banque et/ou de la complaisance des autorités bancaires en charge de la
gestion du portefeuille de credit. A titre d’illustration, nous mettons en evidence dans ce rapport
les multiples irrégularités enregistrées dans quatre (4) dossiers de prêts octroyés par la BPH a M.
Bouquette EUSTACHE, TELEMAX, Jude Ralph BLANCHARD et ABEILLAUTO2’ et qui ont
été radiés au 30 septembre 2013 par decision du Conseil de Direction:
20
Correspondance de I’Unité de Recouvrement de (a BPH en date du 26 mai 2014 (Voir Dossier Prêts
restructures).
z’
Voir Dossier des prêts radlés.
23
- Le cas de Monsieur Bouquette EUSTACHE
23
Correspondance adressée Monsieur EUSTACHE en date du 27 septembre 2012, le. rappel (Voir dossier
des prêts radiés).
24
Ref. Fichier electronique : BPH / Créances radiées an 30 septembre 2013 (Voir dossier des prêts radiés).
25
Manuel de procedures opérationnelles- Administration de credit, page 5. (Voir dossier des prêts radlés).
24
ou a négocier le prêt (carte d’identité, patente, moniteur, journaux, procès-verba
l
assemblée générale, autorisation pour engager la société); elle renseigne sur la situatio
n
financiere et les revenus dii client (états financiers, lettre de travail, autre attestc
ition de
revenus) et garantit les intérêts de la banque (delegation de salaires, reçu de
paiement
contribution foncière etc.). >>.
peux pas vous dire, parce que je n ‘étais pas dire ctement en charge de ce dossier qui renion
te a
2007
Qui done en avait vrairnent la charge? Pour répondre a cette question, la commission se réfère
au manuel de procedures de credit de la BPH. II est fait mention (au chapitre <<Politique
de
26
Manuel de procedure de credit, page 7, b. (Voir dossier des prêts radiés).
2)
de Madame Jessie NEMORIN, Assistante-Directrice de credit en date du 13 octobre 2016
(voir
dossier procès-verbaux).
25
- Le cas de TELE 7 S.A / TELEMAX
Le solde du prêt radié accusait un montant d’un million cent trente huit
mule trois cent soixante
dix sept (1, 138,377.60) gourdes et 60/100. En analysant les docum
ents relatifs a ce prêt, la
commission a retenu ce qui suit
Ii est fait aussi mention (au paragraphe 6) que Ia TELE 7 S.A / TELEM
AX serait prête
a conceder en domiciliation de paiement la valeur de deux contrats33 de service qu’elle
a
conclue avec la BPH et la BRH. Interrogee sur ce point, Madame
SALNAVE Antoinette
Marie Jacqueline, Directrice de credit, a fait savoir a Ia commission que
les deux contrats
mentionnés dans le dossier ont été établis comme source de revenu
de la TELE 7 S.A /
TELEMAX. En se rCférant a l’analyse des deux clauses que compo
rtent seulement ces
27
credits >>), point 2 (Préceptes de base) que <<la Direction de Credit est responsable de la
qualité
des engagements commerciaux de la banque >>.
b) Une note30 d’autorisation concernant les créances radiées au 30 septembre 2013 et 2014
a
été soumise par Ia BPH. En absence du Conseil d’Administration, cette note a été paraph
ée
par Ic Conseil de Direction. Or, toute créance radiée doit faire 1’Object d’une autorisation
au
plus haut degré de la Direction de la chaine de commande. Selon Madame SALNAVE,
o’ pour la radiation des créances, les listes sont soumises au comité de credit. Ily a toujou
rs
une documentation relative a i ‘approbation de la radiation du conseil après que les listes de
dossier aient été passées en revue par le comité de credit. Cette liste a été paraphée
par
quatre (4) personnes identifiées .
d) La banque a accepté d’octroyer un prêt de vingt mule (20 000.00) $ US et 00/1010 contre
une garantie (DAT) de dix mule (10 000.00) $ US. Or. Ia crCance de dix mille (10 000.00)
US n’était pas garantie. Ce qui était tout a fait normal d’aprês les declarations de Madame
Jessie NEMORIN qui a répondu en ce sens: o’ Ii ny apas de limite pour la garantie, cela vane,
ici la garantie de 50% a Pu bene’JIcier de l’approbation dii Comité Mais, pour Ia
.
30
Note ci’autorisation de Ia Liste des créances a radier (Voir dossier des prêts radiés).
26
deux contrats qui ont été conclus en dates respectives du 27 aout 2003 et 23 juiI1t 2003,
Ia commission a constaté qu’il y avait une certaine légereté:
- les deux contrats ne font l’objet d’aucune référence légale en cas d’un éventuel litige
-Ic contrat redige pour la BRH n’a pas été signé par l’autre partie, représentée par le
Gouverneur.
-I’entente conclue avec Ia BPH ne fait aucune référence quant a Ia période de debut et de
fin de contrat.
c) Aucune procuration des autres actionnaires n’a été versée au dossier alors que monsieur
Jean Robert JOSEPH a dit avoir représenté Ia société et agi au nom de la sociétë parce
qu’il possède 95% des actions. Ii a contracté ce prêt en son nom personnel alors que les
documents relatifs a ce prêt font référence a la TELE 7 S.A / TELEMAX. Aux ternies de
l’article 19 des Statuts de la Société Anonyme TELE 7 S.A., c’est le Directeur Qénéral,
en sa qualité de Président du Conseil d’Administration qui a la gestion des affaires
sociales et est tenu d’exécuter les decisions du conseil d’Administration. Done, avant de
lui octroyer ce prêt au nom de la société, Ia BPH devrait exiger les minutes ou procès
verbaux de reunion afin de s’assurer que ce prêt va être contracté en conformité avec le
cadre legal de Ia compagnie et au nom de Ia compagnie. Plus loin encore l’article 19,
paragraphe 3 des Statuts mentiorme ce qui suit : ‘xli [le Présidentj émet et signe tous les
cheques, effet de commerce ainsi que toutes pièces comptables conjointement avec le
vice-président ou un autre Membre du Conseil désigné a cet effet >>. La non verification
de ces renseignements constitue pour Ia BPH une violation flagrante du manuel de
credit34, plus précisément, de la section traitant de l’autorisation pour engager la société.
Manuel de procedures opérationnelles- Administration de credit, page 5.( Voir dossier des prêts radiés)
28
quatre vingt dix sept (96 397.22) $ us et 22/100, au taux de 12% l’an, sur une période de
34 mois en date du 18 février 2004 dont la date35 d’échéance était le 3 1 décembre 2006.
La BPH a accepté d’octroyer36, en date du 12 juin 2006, a Monsieur BLANCHARD une ligne
de credit de huit cent mule (800 000.00) gourdes, au taux de 24%, renouvelable l’an, moyelmant
un DAT de six mule (6, 000.00) dollars US et 00/100. Au 30 septembre 2013, le solde de son
compte accusait un montant d’un million deux cent vingt cinq mille cent quarante deux (1, 225
142.73) gourdes et 73/100, montant qui a été totalement radié aux livres de la banque. En
analysant ce dossier, la commission a relevC ce qui suit:
La Banque Populaire HaItienne (BPH) avait, en février 2007, accordé avec diligence un premier
prêt, sans aucune garantie tangible, d’une durée de trois (3) mois, au taux de 14%, d’un montant
de l’ordre de trente sept mule sept cent trente cinq (37 735.00) dollars américains et 00/100 a
ABEILLAUTO S.A. Le solde du prêt radié au 30 septembre 2013 accusait un montant d’un
million deux cent seize mille quinze (1 216 015.53) gourdes et 53/100. En analysant
minutieusement la documentation y relative, la commission a découvert cc qui suit:
29
a) La compagnie ABEILLAUTO S.A s’était pleinement engagée a l’égard de la I3PH en
signant un cautionnement solidaire (engagement) y relatif le 23 février 2007 alors que la
Direction Générale n’avait pas encore validé le prêt et donné son avis d’approbation.
b) Le certificat de patente ainsi que les rapports financiers de 1’ABEILLAUTO S.A ont été
soumis a la BPH le 17 mai 2007, période de l’échéance du prêt. En outre, la copie de
l’article du moniteur créant ladite société n’a pas été insérée dans la documentaticm pour
analyse et commentaires. Or, les responsables de ladite Institution savaient sciemment
que l’analyse de la documentation s’avère importante avant l’octroi d’un prêt. Ce qui
voudrait dire que le dossier du prêt n’a pas été suffisamment instruit et l’avis
d’approbation du décaissement du prêt38 a été validé sans ambages par le cornité de
credit compose de Madame Jessie NEMORIN, Madame Judithe SYLVAIN, Monsieur
André DAUPHIN et Madame Jacqueline SALNAVE, respectivement Officier de credit,
Responsable Administration de credit, Directeur Général et Directeur de credit.
Madame Yvette MARSAN est la propriétaire de Gerly Distribution qui évolue dans
la
production des semences. Agronome de profession, cette dernière travaille également a titre de
fonctionnaire de l’Etat. Elle est cliente de Ia BPH depuis l’année 2007. Cependant, Ia
Commission a constaté que pour deux prêts différents contractés en gourdes et en dollars
américains, cette derniêre a présenté les mêmes garanties : B/O a vue de 10, 500,000.00,
Nantissement DAT #750-00024 de 191,177.38 US, lettre de déchéance du terme, Nantissement
DAT de 108,822.62 USD, soit un total de 300,000.00 dollars américains pour une dette de plus
de 500,000.00 dollars américains Soit une couverture tangible de 60% et les 40% par les
.
38
Correspondance de ABEILLAUTO adressée a Ia BPH. (Voir dossier des prêts radiés).
Dossiers de prêt de Madame MARSAN (2009) (Voir Dossier Prêts restructures).
30
Pour une entreprise peu performante 40
comme Gerly Distribution et qui est constamment
confrontée a des problèmes de liquidité susceptibles de jouer sur sa solvabilité, la conwnission
estime que la banque avait pris beaucoup de risque en acceptant de lui octroyer ces prêts, sans
réaliser une analyse approfondie de ses états financiers. A ce sujet, le Manuel de Procedures de
credit fixe clairement les procedures d’octroi des préts a une entreprise commerciale.
Maiheureusement, les responsables en charge du credit ont passé outre ces forrnalités
procédurales en décidant de s’appuyer seulement sur le mouvement des depots effectués par le
client ou d’autres formes de garanties.
°
Etats financiers : 2005-2006; 2006-2007, bilan d’ouverture 2008 (Voir Dossier Prêts restructures).
41
Profit et loss non authentifié 1 oct.2008-26 mai 2009 (Voir Dossier Prêts restructures).
42
Correspondance de Ia Direction de Credit a Ia Direction Générale en date du 21 janvier 2009. (Voir dossier
prêts restructures).
31
fait état d’une dette totale de quinze millions sept cent quarante trois mule neuf cent quatre vingt
dix gourdes (Gdes 15, 743,990).
Malgré ces anomalies relevées dans les états financiers présentés par l’entreprise Gerly
Distribution, elle a Pu quand même bénéficier le 17 juin 2009 des deux prêts mentionriés plus
haut aux taux d’intérêts respectifs de 14% (250,000.00 US) et de 22% (10, 500,000.00 gourdes).
Et a l’échéance, soit le 30 juin 2010, Gerly Distribution représentée par Madame Marsan Yvette
n’a pas Pu honorer ses obligations envers la banque. A entendre les responsables de la MPH, la
situation d’insolvabilité s’explique par l’indiscipline de Madame MARSAN qui a utilisC
l’argent emprunté a d’autres fins. C’est du moms l’explication donnée a la commission ad hoc
par l’officier de credit Jessie NEMORTN lors de son audition en date du 13 octobre 2016 : << Ce
sont des dossiers qui ont éte’ montés. Au depart, c’était de bons dossiers. Pvlais, l’indiscipline dii client a
provoqué safaillite. On a di alors envoyer le dossier au recouvrement. C’est un peu difficile pozir nous
d’expliquer la faillite dii client. Mais, souvent certains clients utilisant l’argent reçu de la bctnque a
d’autres fIns. .
Ii est donc evident que les responsables du portefeuille de credit de la BPH n’ont pas pris trop en
consideration les états financiers des entreprises avant l’octroi des credits. Les declarations faites
par l’officier de credit, Madame Jessie NEMORIN, lors de l’audition réalisée le 13 octobre 2016
confirment cet état de fait: <(On demande toujours les états financiers. Ivlais, ii peut arriver que
le dossier soit présenté sans les etats financiers en cas de derogation. Donc, Ia presentation des
états financiers n’est pas obligatoire. On tient compte alors des depots faits par le client, de ses
rentrées, et d’autres garanties présentées et certijIees par le DG (.).
Une telle explication traduit le comportement irresponsable des responsables de credit qui ont
avant tout pour role de se renseigner constamment sur l’évolution des affaires du client après
l’octroi du prêt. En outre, en dépit de cette situation d’insolvabilité de Madame MARSAN, elle
s’est quand même vue octroyer par la BPH le 22 décembre 2011 un autre prêt de un million cinq
cent mille et 00/100 gourdes (Gdes 1, 500,000.00) pour une durée d’un mois au taux de 2O%.
Comme d’habitude, elle a bénéficié de ce prêt en faisant valoir un problème de liquidite, cc qui
témoigne donc de l’incapacité de Madame MARSAN a faire une bonne gestion de ses comptes
‘
Dossier de prêt de décembre 2011 (Voir Dossier Prêts restructures).
32
a recevoir. De fait, le prêt qui lui a été octroyé devait lui permettre d’honorer un contrat
conclu
avec CHEMICO SA. Pour justifier ce prêt, l’Unité de recouvrement et Ia Direction
Générale
ont avancé les raisons suivantes << Dans le but d iider le client a améliorer sa
capccité de
paiement, de faire un versement sur la dette en souffrance aux livres et arriver
a une
restructuration de ladite dette; nous autorisons le décaisseinent de HTG 1, 500,00
0.00 payable
au 20 janvier 2012 auplus tard. >>. La BPH a octroyé le prêt a Gerly Distribution a l’idée
que le
reglement de Ia facture de treize millions six cent cinquante mule et 00/100 gourdes
(Gdes 13,
650,000.00) de son client Chemico S.A se ferait directement sur le compte 600-1
824 de
Madame MARSAN domicilié a la BPH. Cependant, en analysant le relevé de ce
compte 600
1824, le client CHEMICO S.A avait seulement fait deux versements de quatre
millicns cent
mule quatre cent cinq et 00/100 gourdes ( Gdes 4,100,405.00) respectivement en janvier
et en
février 2012. A titre de preuve, Ia commission a constaté qu’au mois de mars 2012, la
balance
due en capital de l’ancienne dette, soit neuf millions cent quatorze mule deux cent quaran
te deux
et 27/100 gourdes ( Gdes 9, 114, 242.27) ainsi que les intérêts courus, soit trois millions
sept cent
soixante quinze mille quatre cent soixante dix et 76/1 00 gourdes Gdes 3. 775, 470.76
( ) n’ont
toujours pas été amortis.
La commission tient a
préciser que contrairement aux declarations44 faites par Madame Gesly
LEVEQUE lors de son audition, le 19 octobre 2016, le prêt d’un million cinq cent
mule et
00/100 gourdes (Gdes 1,500,000.00) octroyé le 22 décembre 2011 a
Madame
MARSAN/GerlyDistribution a bel et bien été décaissé. D’aprês le relevé bancaire
du compte
600-1824, ce prêt a été utilisé comme suit 1) reglement de la balance negative de 998,718.44
gourdes dudit compte en date du 22 décembre 2011; 2) tirage de 460,000.00 gourdes
(cheque
353) en date du 22 décembre 201 i.
Le comité de credit a accepté d’octroyer a l’entreprise Tiny Import-Export une facilité de credit
a hauteur de six cent vingt mule et 00/100 dollars américains (US $620,000.00) sur la base d’une
proposition d’hypothèque faite par le propriCtaire, ceci, sans une analyse des états
financiers
33
historiques46. Le comité de credit avait donné son accord pour que cette ligne de crdit soit
renouvelée a deux reprises. Pourtant, l’officier de credit en charge du dossier avait claireirient fait
savoir au comité qu’il n’avait pas reçu les états financiers de l’entreprise pour analyse. Mise a
part la proposition d’hypothèque, l’officier de credit n’a donc pas été en mesure d’évaluer la
capacité de remboursement du client.47 La decision du comité de credit d’accorder ce prêt va
donc a l’encontre du point C de Ia politique de credit établie par la banque qui stipule : <Les
garanties ne doivent pas se substituer a la qualité dii client. Un credit est consenti avcint tout
parce que le client est sam et solvable et non parce qu ‘il offre de bonnes garanties. Bien que
nécessaires, ces dernières ne viennent qu ‘en deuxième position. ,>.
Certes, dans le dossier de prêt accordé a Tiny Import Export, on a constaté un état prévisionnel
réalisé pour la periode d’avril a septembre 2011. Cependant, ce ne sont pas des chiffres
historiques qui pourraient permettre a l’officier de credit de se faire une idée sur la performance
passée de Tiny Import- Export. De fait, les chiffres présentés dans cet état prévisionnel ne
reflètent nullement la réalité avec une prevision de six cent quarante neuf mule et 00/100 dollars
américains (US $649,000.00) ou vingt six millions quatre cent dix mule huit cent soixante et
30/100 gourdes (Gdes 26,410,860.30), soit 40,6947gourdes pour un dollar,48 comme résultat,
Tiny Import-export a enregistré une perte d’un million neuf cent six mule sept cent quatre vingt
quatre et 00/100 gourdes ( Gdes 1,906,784.00) en septembre 2011 oü le coflt des ventes
(62,665,831.00 gourdes) représente 99% des ventes brutes (63,298,819). Certes, ce prêt est
garanti par un hypothèque mais, la banque aurait dfl s’intéresser d’abord a la capacité de
remboursement du client.
Depuis 2011, cette entreprise présentait déjà des signes d’insolvabilité. Nous en avons pour
preuve les données suivantes tirées de l’état financier historique pour l’exercice 2011-2012. Pour
l’année 2011, Tiny Import-export avait un capital de 17, 630,204 gourdes. Après une perte de 1,
906,784 et un prélèvement de 892,320.00 gourdes, ce capital est passé a 14, 831,100 gourdes.
46
Voir les états financiers de Tiny Import-Export (Voir Dossier Prêts restructures).
‘
Correspondance de I’officier de credit adressée au comité de credit en date du 3 décembre 2012 (Voir Dossier
Prêts restructures).
48
http://www.brh.net/evoIutiontauxdechange.htmI.
34
En septembre 2012, ce capital a été réduit a 10, 898,250
a la suite d’un prélèvemeEt de 5,
109,280.00 gourdes49. Maiheureusement, le comité de credit
n’avait pas pris en corripte ces
données avant de decider d’octroyer le prêt a cette entrepr
ise. Aujourd’hui, Tiny Import-
Export se trouve dans l’incapacité d’honorer ses obligations financi
ères envers Ia BPH et sa dette
est passée a 33, 560,960.68 gourdes, capital et intérêts compr
is.
5.4) Programme 50
<<Chanje Metye Chanje Lavi>>: gaspillage de fond
s et
influence politique
les
acteurs. A noter que ce dossier a été initié sons Charles
C’ASTEL, Gouverne air de la
BRI-I, entre fin 2014 et debut 2015.
Si
Voir Audition de Madame Levêque, ex-DG BPH en date du
19 octobre 2016 (Dossier Procès-verbaux).
35
Nous avons dü travailler avec les béne’ficiaires au nombre de 73 pour leur
apprendre ecmment
s ‘y prendre pour s ‘acquitter de leurs obligations. us devaient rembourser le
prêt pendcnt trois
(3) ans. On a dz2 prendre / ‘assurance pendant cette période de trois (3) ans.
Le montaizt global
du prêt était d ‘environ un million de dollars qui devaient être garantis par la
BRH Mais la BPH
n ‘ajamais recu le montant de la garantie prom is par la BRH.>>
II faut ajouter que suivant le Protocole d’Accord2, trois (3) institutions devraie
nt être impliquées
dans la mise en ceuvre de ce programme: le Ministère des Affaires Social
es chargé de c1signer
les bénéficiaires et d’assurer leur formation en matière de conduite automobile;
Ia Banque de La
Republique d’HaIti ( BRH) qui s’est engagée a garantir a hauteur de
50% le financement du
projet totalisant un million trois cent cinquante mule dollars américains
(USD 1,350,000.00); la
Banque Populaire Haltienne ( BPH) appelée a financer l’achat des autobu
s, a fournir des
informations fiables et détaillées concernant les prêts accordés,
les garanties obtenues
directement des bénéficiaires et les mesures nécessaires pour la sauvegarde
des garanties.
Cependant, les clauses dudit Protocole d’Accord n’ont jamais été respec
tées. A noter que Ia
copie remise a la commission par la BPH n’a pas été signépar les acteurs
impliqués dans le
projet. Ii y a donc lieu de s’interroger sur Ia validité même de ce docum
ent dont copie est
annexée au present rapport.
52
Voir Dossier Programme Chanje Metye Chanje Lavi >.
36
6. CONCLUSIONS
37
7-RECOMMANDATIONS
38
Sur le plan penal
39