MAURICE ANDRÉ

ADIEU
Cher Maître

N° 21

THOMAS
LELEU
N°21 premier trimestre 2012

Révélation soliste instrumental

2012

. . . et retrouvez toute l’actualité

N° 21 Ides > page 1sur gazettedescuivres.fr
Cuivres
/ 2012
 samedi 25 février
Photo © J-C Decalonne
Disparition de Maurice André
Au moment de boucler la rédaction de ce N°21,
nous apprenons avec tristesse le décès de Maurice An-
dré survenu samedi 25 février, à 23 h 45, à Bayonne où
il était hospitalisé.
Maurice André, né en 1933, aurait fêté son 79
anniversaire le 21 mai.
Premier trompettiste à remporter trois victoires de
la musique classique, il n’aurait sans doute pas souhaité
que l’on modifie trop la présentation de ce numéro. Tout
en conservant sa place de leader d’artiste mondial de la
musique, Maurice André a toujours porté une attention
particulière aux jeunes talents. Et notamment, aux
cuivres dont il a ouvert la voie médiatique.
La rédaction de La Gazette des Cuivres publiera
dans le N°22 des pages spéciales en hommage à notre
Cher et Grand Maître de la trompette et de la musique.
Nous avons une pensée émue pour son épouse
Liliane, ses enfants Béatrice et Nicolas.
La rédaction
Parution trimestrielle.
Editeur : Association Studio des Arts
12, rue Plantin 37270 Montlouis sur Loire
Directeur de publication : Frédéric Casado
Directeur de la rédaction : Yves Rémy
Dépôt légal : N° 21 - premier trimestre 2012
février 2012
I.S.S.N. 0996-5122
Commission paritaire : CPPAP N° 0114G88792
Gazette des Cuivres 49, bld Paul Langevin 37700
Saint Pierre des Corps - France
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Sur le site gazettedescuivres.fr
Nommé en 2006 à l’âge de
19 ans, Tuba Solo de l’Or-
chestre Philharmonique de
l’Opéra de Marseille, à 24
Lundi 20 février ans la carrière médiatique
Thomas Leleu
de Thomas Leleu prend son
envol.
Victoire de la Musique Classique
“Révélation soliste instrumental”
“La disparition de Maurice André, le plus grand
trompettiste de tous les temps, me touche au
plus profond de moi-même. Je n’ai jamais eu
la chance de le rencontrer mais cela ne fait
aucun doute que je dois beaucoup, comme
tous mes collègues, à ce Maître incontesté.
Je me souviens, étant plus jeune, passer des
heures à écouter ses enregistrements. Cette
Victoire de la Musique que je viens de rece-
voir est sans nul doute aussi grâce à lui et au
travail incroyable qu’il a fait tout au long de
sa carrière immense. Merci Maestro ! “
Déjà, Radio, télé et presse écrite consacre
Photos Thomas Leleu
à Thomas Leleu des interviews, attiré égale- © Peggy Porquet
ment par cet étrange instrument : le tuba.
“Pour la Victoire, ce dont je suis le plus fier est qu’à une heure de
grande écoute plus d’un million et demi de téléspectateurs et 800
000 auditeurs de France Musique ont pu apprécier un mouvement
d’un concerto original pour Tuba et Orchestre symphonique, Conver-
gences de Jean-Philippe Vanbeselaere. Faire découvrir un instrument
et un compositeur contemporain en même temps reste un moment
privilégié. Bien sûr, je suis aussi très satisfait pour moi-même en tant
que soliste. Cette Victoire est une belle promotion pour notre instru-
ment encore mal connu en soliste dans le milieu classique français.
Depuis la nomination et le choix du jury composé de deux cent cin-
quante personnalités du monde de la musique, j’attendais fébrile-
ment. Ça devenait stressant. D’autant que mes collègues nommés
étaient un pianiste Adam Laloum et une harpiste, Pauline Haas. Des
instruments au vaste répertoire et appréciés du grand public.»
“Le tuba est reconnu”
“J’espère que cette nouvelle médiatisation du tuba et de son réper-
toire soliste se poursuivra et que le public du tuba et des tubistes ne
cessera de s’élargir. Dans mes concerts, j’essaye d’associer le tuba au
violon et à l’orgue et dans toutes les formations de chambre. Je n’ai
jamais eu envie de faire comme tout le monde. J’ai toujours cherché
à sortir du «schéma classique». Certains me le reprochent. Je le sais.
Je l’assume.
Je voue cette Victoire à mes aînés qui m’ont encouragé et aidé tech-
niquement et artistiquement. En premier, Marc Steckar, le premier
à avoir imposé sur la scène française jazz, le tuba soliste et à mes
professeurs mon père Christian, François Thuiller, Philippe Legris et
Gérard Bucquet. En Mai, je vais créer une œuvre pour orchestre à
vents et tuba d’Arnaud Boukhitine et en 2013, un concerto de Ri-
chard Galliano, Fables of Tuba avec orchestre à cordes, commande
de l’Orchestre Philharmonique de l’Opéra de Marseille.
Je prépare la diffusion prochaine de mon premier CD enregistré avec
l’Orchestre Symphonique de Larà (Vénezuela). Au programme le Con-
certo de Ralph Vaughan Williams, Convergences (avec trio de jazz ;
guitare, basse guitare, batterie) de Jean-Philippe Vanbeselaere et des
adaptations de pièces célèbres.
Je suis fier également d’avoir rejoins mon frère, Romain, dans le pal-
marès des Victoires de la Musique. A l’image des frères Capuçon, Re-
naud le violoniste et Gauthier au violoncelle, seuls frères avant nous
à être distingués aux Victoires, nous avons des projets artistiques qui
mêleront trompette et tuba. Nous en reparlerons.”
Propos recueillis par Yves Rémy
 Levallois-Perret
Rendez-vous annuel
des trombonistes
Le programme très éclectique et d’une véritable qualité artis-
tique est concocté par Tristan Mauguin et Benny Sluchin. Des
pièces en soliste comme la création de Instable du composi-
teur français Bernard de Vienne et magnifiquement défendu par
un Benny Sluchin en grande forme ou les pièces pour grand
ensemble par De Profondis.
Janvier 2012 Les anciens étaient comme d’habitude à l’honneur avec

Coulisses
l’invitation de Raymond Katarzynski ou Guy Ferrand qui
anima une conférence sur le développement d’une classe de
trombone.
Cette belle rencontre donna l’occasion de découvrir de nouveaux

dans les
ensembles dont c’était la première programmation : le trio Ella,
ÆNEA avec en soliste Patrick Wibart et l’Orchestre d’Harmonie
Français, nouvelle formation, née sous l’impulsion de son chef
Mathias Charton, de Sylvain Mino (Euphonium) et Sylvain Jarry

étoiles
(saxophone). Ils invitaient pour leur premier concert Fabrice
Millischer avec au programme, Continental Ouverture de J. de
Meij, Rhapsody Boréalis de S. Hyldgaard pour trombone solo
et O.H. et Music of the spheres de P. Sparke.
Nous détaillerons dans le prochain numéro les projets
professionnels de cet ensemble.
TRIO ELA
Eric Laparra-de-Salgues, trompette,
Laurent Cabaret, trombone
Aurore Cénédèse, piano
En 2010, ces trois amis musiciens dans un élan d’amitié musicale
créent le TRIO ELA. Réunissant leurs expériences multiples comme
membres dans les formations les plus diverses : orchestre symphoni-
que, musique contemporaine, musique de variété, quatuor ou quintette
de cuivres, piano 4 mains…, tous trois en activité à l’Opéra de Mar-
seille et au CNRR de Toulon se sont rapprochés pour porter au devant
de la scène une formation originale et inattendue.
L’alchimie des timbres des cuivres et celui du piano réussit le pari de
s’adonner dans un même souffle d’espièglerie et de virtuosité à l’exé-
cution d’œuvres transcrites du répertoire allant de la période classique
jusqu’à la musique d’aujourd’hui.
Cette jeune formation originale classique portée par la passion de leur
instrument se dénote et revendique sa place dans le paysage musical actuel comme tout ensemble de musique de chambre tradition-
nel (quintette de cuivres, quintette à vent, quatuor à cordes…)

Tout en gardant en ligne de mire l’exigence musicale de leur instrument, ce trio se

veut ouvert à toutes les rencontres artistiques. Dans un futur proche, le trio ELA
collaborera avec la danseuse flamenco Sophie Bonus pour une série de concerts. Il
Retrouvez le trio ELA
- samedi 10 mars 2012 :
a pour projet de provoquer d’autres rencontres avec d’autres arts, d’intéresser des
Opéra de Marseille
compositeurs afin de développer le répertoire pour cette formation et bien sûr des
- vendredi 13 avril 2012 :
programmateurs.
Cadolive (13)
- mardi 17 avril 2012 :
La tradition musicale de leurs maîtres tenant une place prépondérante n’empêche
Espace des arts Le Pradet (83)
pas la vocation novatrice de ce trio dans la conception du concert classique en gar-
- Mardi 07 août 2012 :
dant un esprit d’ouverture sur toutes sortes de formes musicales et artistiques et en
Les nuits du Parvis Saint Maximin (83)
rendant leur « travail » passionnant et attractif. Le trio tend vers une communion
avec le public en transmettant la joie de jouer ensemble.
Contact : Laurent Cabaret
06 08 49 79 53
La participation récente face à un public de spécialistes dans les festivals de cuivres
www.trioela.fr
« Week-end cuivres » et « les coulisses dans les étoiles » a permis au trio ELA de faire
une prestation remarquée auprès de la famille des cuivres.

N° 21 I / 2012 > page 4

 L’Ensemble ÆNEA, invité des Coulisses dans les étoiles
Lorsque se découvre l’ensemble
ÆNEA dirigé par Benjamin Attahir qui
interprète un répertoire du XIXème
siècle, deux expressions viennent à
l’esprit : modernité et fraicheur.
Modernité, car le quintette à cordes
puissant et présent sonne et joue moder-
ne tout en s’approchant des inflexions
des timbres et des modes jeu issu de la
pratique historique. Il accompagne les
pupitres de bois et cuivres, sur instru-
ments ou copies d’époques.
Fraicheur des jeunes musiciens qui
maîtrisent ces instruments d’un autre
temps et qui découvrent cette musique
et ses sonorités avec la même gourman-
dise que l’ont créé leurs grands aînés
des siècles passés.
Nous avons à faire à des spécialistes !
Eh non ! Ce qui caractérise la génération
des musiciens actuels réside dans le fait
qu’elle n’est plus dans ce formatage et
dans cet esprit d’étiquettes qui sépa-
raient les baroqueux, des novateurs, des
contemporains ou autres chercheurs…
Les jeunes musiciens, et notamment
ceux qui composent l’ensemble ÆNEA,
traversent allégrement les frontières des
répertoires. A l’instar de son chef Benja-
min Attahir, violoniste et compositeur et
du soliste Patrick Wibart au serpent et à
l’ophicléide.
Benjamin Attahir & Patrick Wibart
Benjamin Attahir, comment
est né l’Ensemble ÆNEA ?
L’ensemble ÆNEA est né d’un désir, que
nous avions Patrick et moi, de faire évo-
luer la forme du concert classique, qui
reste fortement figée. L’objectif étant de
créer des programmes allant du clas-
sicisme tardif ou du romantisme nais-
sant à la musique de nos jours, conçu
comme une œuvre d’une soirée. Mêler
les esthétiques, trouver les liens entre
musique du passé et musique contem-
poraine, montrer comment le présent se
nourrit du passé sont en quelque sorte
les lignes conductrices de ce projet mu-
sical, tout ceci avec l’exigence de la
recherche organologique et des techni-
ques d’interprétation du répertoire an-
cien. Voilà pourquoi nous faisons appel
à des musiciens polyvalents, pouvant
passer au sein d’un même concert d’un
instrument ancien à l’instrument mo-
derne, d’un style à l’autre avec la même
virtuosité, la même curiosité.
N° 21 I / 2012 > page 5
Questions à
Comment sont choisis les musiciens ?
Il leur faut être équipé d’instruments
anciens ?
Les musiciens de l’ensemble sont
autant d’amitiés artistiques, anciennes
ou récentes. Leur intérêt pour ces diver-
ses musiques est un élément moteur. Je
pense que nous avons là des musiciens
profondément engagés dans les divers
aspects de leur Art.
Pour ce qui est des instruments anciens,
certains possèdent les leurs, mais nous
fonctionnons principalement sur le prêt
de ces objets, souvent chargés d’his-
toire.
La jeunesse des musiciens rend cette
musique très proche de l’auditeur. Est-
ce un nouveau pari, celui de faire vi-
vre la musique du XIXème comme l’ont
réussi les baroqueux ?
Faire vivre ces musiques n’est pas for-
cément un défi car les chefs d’œuvres
abondent, mais réinventer une inter-
prétation est pour nous un enjeu fon-
damental. Nous sommes dans une époque de la
synthèse, il me semble que le temps des guerres de
chapelles est résolument révolu. Je ne crois pas en
la restitution pure et dure d’une musique de plus
de deux siècles, mais la recherche d’un son, d’un
style propre basé sur des connaissances tangibles,
est pour ma part un stimulus sans égal à l’imaginaire
musical et pourquoi pas à la fantaisie.
Comment faire vivre professionnellement ce genre
de formation ?
Nous comptons avoir un noyau de musiciens perma-
nents, portant si je puis dire la formation, est qui
seraient engagés sur diverses productions tel que
l’opéra, le théâtre, la musique de danse et bien sûr
le concert dans une tout autre pensée, beaucoup
moins hermétique.
Votre parcours de chef d’orchestre, de violoniste, de
compositeur ?
J’ai débuté la musique par le violon au conservatoire
de Toulouse, puis j’ai été amené à chanter énormé-
ment au Théâtre du Capitole au sein de la maîtrise.
Très vite, je me suis intéressé à la composition porté
par l’envie de créer mais aussi à l’analyse, l’écriture,
l’orchestration et la direction d’orchestre. Tout ceci
m’a conduit jusqu’au Conservatoire Supérieur de Pa-
ris où actuellement je termine ces divers cursus. En
quelque sorte, c’est la composition qui m’a mené
à la direction, car pour faire travailler des pièces,
seconder un chef sur des partielles, il faut pouvoir se
forger une certaine technique en la matière. Cela dit,
du plus loin que je me souvienne j’ai toujours rêvé de
diriger et je me surprends toujours à y rêver.
Pensez-vous composer pour ce genre de formation ?
Y a-t-il par exemple des musiques à penser nouvel-
lement pour des instruments comme le serpent ou
l’ophicléide ?
Oui, bien sûr, l’instrumentarium ancien est un ob-
jet à la fois magnifique et fragile pour un composi-
teur. Tout ou du moins beaucoup de choses restent
à faire dans ce domaine. J’écris très régulièrement
pour mon ami Patrick et son serpent au timbre si
envoutant; nous avons d’ailleurs créé en 2010 un
concerto, Al’Aacha, pour serpent solo et six musi-
ciens qui est régulièrement repris. Pour ce qui est
de l’ophicléide, nous pensons actuellement à la ma-
nière d’utiliser ses multiples potentialités et son su-
perbe cuivré-boisé.
Quels sont vos projets personnels et ceux de l’En-
semble ÆNEA ?
Je travaille actuellement à une commande du festival
de Lucerne qui sera créée en 2013 sous la direction
de Pierre Boulez. Par ailleurs, nous allons faire avec
l’ensemble la première d’un spectacle chorégraphi-
que le 8 mars prochain au théâtre Debussy de Mai-
sons-Alfort, en collaboration avec la harpiste Chloé
Ducray ainsi que des danseurs de l’Opéra de Paris.
Cette pièce dont j’ai écrit la musique, met en œuvre
à la fois des instruments anciens mais aussi les nou-
velles technologies de captation du mouvement et
de traitement sonore.
Par ailleurs, l’ensemble ÆNEA sera invité par le
Conservatoire National Supérieur de Paris pour la
création d’un opéra dédicacé à la soprano Raquel
Camarinha, avec laquelle nous entretenons des liens
très forts, que j’aurais le plaisir de diriger début no-
vembre 2013 et qui sera mon premier opus dans ce
genre.
Propos recueillis par Yves Rémy
PATRICK
WIBART
Patrick Wibart, Tu es un ancien élève de la maîtrise de Radio France. Cette
formation vocale est-elle à la base de ton intérêt pour les divers répertoires ?
Effectivement, ma formation à la maîtrise de Radio France sous la direc-
tion artistique de Toni Ramon est une base très importante pour moi. J’ai,
par cette formation, eu la chance très jeune de chanter et travailler avec
de nombreux ensembles. Beaucoup de création contemporaine mais aussi
de musique ancienne et baroque. Cette grande diversité de répertoire et
l’exigence de notre chef de chœur Toni Ramon nourrit profondément mon
parcours et mon discours musical. C’est toujours avec beaucoup d’émotion
et de plaisir que je retrouve par exemple aujourd’hui, grâce au Serpent, des
chefs et des ensembles comme La Fenice ou L’ensemble Sagittarius avec
lesquels à seulement 10 ans j’enregistrais des disques.
Tu as commencé au CRR de Paris l’étude du Saxhorn basse et l’Euphonium
dans la classe de Philippe Legris, puis au CNSM de Paris avec Philippe
Fritsch et Jean-Luc Petiprez. Pourquoi et comment as-tu découvert cet uni-
vers grave ?
J’ai réellement découvert le tuba à 6 ans dans l’école de musique de Persan
en Picardie. Un de mes plus persistants souvenirs est, qu’à cet âge, le père
d’une amie de classe m’a offert le disque 33 tours du Steckar Tubapack
«In a digital mood». J’étais loin d’imaginer à l’époque que quelques années
plus tard je rencontrerai et même étudierai avec les membres de ce groupe
«mythique» !
Michel Godard qui t’a initié au Serpent est un musicien très libre et un grand
improvisateur. Que t’apporte-il ?
La rencontre de Michel Godard au CNSM en tant que professeur de serpent
est un tournant décisif de mon parcours. Musicien très libre, oui. C’est avec
lui que j’ai compris que l’on pouvait jouer avec les époques et les styles,
pratiquer simultanément des instruments très différents pour enrichir de
timbres et d’esthétiques une idée musicale originale.
Comment découvres-tu l’ophicléide ? Avec Qui ?
Pour l’ophicléide, la découverte s’est faite encore une fois grâce à Michel
Godard. Quant à son étude et à sa pratique, c’est essentiellement seul que
je me suis familiarisé avec cet instrument, qui parait très déroutant pour un
tubiste, mais qui devient extrêmement simple et naturel si l’on commence
son approche par une pratique assidue du serpent. En effet après avoir
beaucoup travaillé ce dernier ma première réaction avec l’ophicléide a été
de découvrir une merveille technologique qui simplifie et règle presque tou-
tes les difficultés du serpent. C’est aussi un instrument que j’apprécie tout
particulièrement pour la beauté de son timbre et sa fluidité technique.
Quel instrument joues-tu, une copie ou un original ?
L’Ophicléide que je joue est un original 11 clés en Si bémol de Couesnon de
très belle facture. C’est un instrument assez tardif car daté de 1901. Cela
dit, en dehors de quelques innovations intéressantes comme un bocal qui
permet l’accord général de l’instrument et la taille progressive des clés, il est
très proche des instruments de milieu du XIXème siècle.
Le serpent lui, est une très belle copie réalisée par deux luthiers Suisses
Mathias Wetter er Stephan Berger d’un serpent français dit «d’église» et de
facteur anonyme.
N° 21 I / 2012 > page 6
Serpent, Ophicléide, Tubiste et Spatiste
de la renaissance à la musique acousmatique !
Tu interprètes avec l’Ensemble ÆNEA, une Fantaisie de Johan notamment le concours «Musique au centre» dont nous sommes
Hummel écrite à l’origine pour violon alto. C’est très virtuose avec finaliste avec mon groupe de musique ancienne «Anamorphoses»,
un ambitus très étendu. Penses-tu qu’à l’origine Hummel pouvait la reprise de «Grand Défilé» une œuvre de théâtre musicale écrite
destiner cette fantaisie à l’ophicléide naissant ? par le compositeur Aurélien Dumont et le metteur en scène Fré-
Pourquoi pas ! En réalité dans l’Allemagne des années 1820 l’on déric Tentelier que nous avons crée à l’Opéra de Lille en octobre
jouait une sorte de serpent droit appelé «bass horn», en bois donc. dernier, ainsi que la préparation de journées internationales du
C’est notamment l’instrument utilisé par Mendelssohn dans ses Serpent en Suisse à la fin mars dont nous nous occupons avec
cantates ou œuvres pour orchestre à vent. Cela dit en France et Michel Godard et Volny Ostiou.
un peu plus tard en Allemagne, dans le reste de l’Europe ainsi Propos recueillis par Yves Rémy
qu’en Amérique notamment aux Etats-Unis et au Mexique, il y
eut un véritable engouement pour l’ophicléide, avec de grands
solistes. La reprise d’un concerto célèbre par l’un de ces solistes
me semble donc tout à fait envisageable. Quant à l’ambitus et la
virtuosité, il est intéressant de savoir que dès l’origine cet ins-
trument fut loué pour sa grande flexibilité, les traits d’orchestres
écris notamment pour lui chez Berlioz ou chez les compositeurs
italiens comme Rossini ou Verdi posent encore de nos jours des
problèmes aux tubistes !
Tu sembles à l’aise dans divers répertoires et univers. Tu as joué
le 15 janvier au local de la lutherie urbaine «Lull» un drôle d’ins-
trument, le Spat’Sonore, instrument de musique géant et tenta-
culaire de la famille des cuivres, réalisé par Nicolas Chedmail.
Comment cela se joue-t-il ?
C’est ici une véritable expérience sonore ainsi que de facture ins-
trumentale, cet instrument qui se joue en groupe, pour ce der-
nier programme avec quatre «Spatistes», propose sur une base
«traditionnelle» de cor ou de tuba, un instrument munie d’une
douzaine de pistons et de cinq pavillons déroulés, qui projette
dans l’espace des sons d’une incroyable palette de timbres. Avec
quatre spat’, c’est donc une vingtaine de pavillons spatialisés
qui propose au public une expérience très proche de la musique
acousmatique et électro-acoustique. Nous seront le 2 et 3 mars
à L’Atelier du Plateau à Paris sur un programme de créations des
compositeurs Gérard Pesson, Elsa Biston et Mathieu Boniat.
http://www.myspace.com/spatsonore est le lien du «myspace»
pour découvrir cet étrange instrument.
Quels sont tes autres projets musicaux ?
Plusieurs en dehors des prochains projets de l’ensemble ÆNEA,

Collectif Spat’sonore
Le spat’ est un instrument de musique géant et «tentaculaire» de la
famille des cuivres, réalisé par Nicolas Chedmail, et joué par les quatre
cornistes, tubistes, serpentistes solistes Philippe Bord, Nicolas Ched-
mail, Joris Rhül et Patrick Wibart.
Le spatiste peut, selon le piston qu’il enclenche, faire sortir ses sons
���������� à quatre mètres à sa gauche, à deux mètres à sa droite ou bien en-
������������
core par un pavillon suspendu
au-dessus du public. L’installa-
tion, composée d’une vingtaine
de pavillons disposés autour du
public, est un espace dans le-
quel les couleurs particulières
du son et l’étendue de l’instru-
ment permettent d’épouser le
lieu ; de rendre hommage à sa
singularité et d’y créer la sur-
prise.
������������ myspace.com/spatsonore
��� ����������������������������������
N° 21 I / 2012 > page 7
NOUVELLES PARUTIONS
TUBA ET CUIVRES
EUPHONIUM
Retrouvez plus de 150 titres pour tuba et euphonium
sur notre site internet avec des extraits PDF et MP3.
www.editions-bim.com
CHARLES RESKIN
THIERRY THIBAULT
EASY TRUMPET
FRÈRES OUTINGS
DE LA BRUME
saxhorn
12 (euphonium),
études & 11 duets tuba et piano
pour trompe�e
Durée: 8’
Niveau: moyen
Niveau : facile

CHARLES RESKIN
ROLAND SZENTPALI
INTERMEDIATE Jacques Mauger

ENTRETIEN AVEC
CARMEN FANTASY
TRUMPET OUTINGS
tuba et harmonie ou piano ou orchestre - Tu présides la nouvelle Association des Trombonistes
12 études & 12 duets Français créée en 2010. Elle démarre en fanfare avec
pour trompe�
Durée: 9’ e l’organisation à Paris de l’International Trombone Fes-
Niveau: avancé tival du 4 au 7 Juillet 2012. Comment se monte une
Niveau : moyen telle opération ?
L’Association des Trombonistes Français, créée par Guy
Destanque, Jean Douay et Maurice Cevrero était en
CHARLES
ANTHONY PLOGRESKIN sommeil depuis plus de 20 ans. L’organisation du fes-
ADVANTED
3 PROFILES tival était la meilleure occasion de la remettre sur pied.
TRUMPET
4 euphonium etOUTINGS
4 tubas D’un autre côté, il fallait donner en France une forme
14 études & 14 duets juridique à l’International Trombone Festival pour pou-
voir l’organiser. La forme associative était celle qui s’y prêtait
DEUX
Durée:VOLUMES
8’ pour trompe�e
le mieux. L’Association et le festival se sont donc parfaitement
Niveau: moyen / avancé
Niveau : avancé trouvés ! Une opération telle que l’International Trombone Festi-
val demande plus d’un an et demi de préparation. C’est un tra-
vail de longue haleine, surtout lorsque l’on a une vie profession-
THOMAS STEVENS
ROLAND SZENTPALI nelle très remplie. Il faudrait pouvoir se consacrer entièrement à
AFTER
PEARLS II l’organisation d’un événement d’une telle ampleur.
- C’est la 41ème conférence annuelle de l’ITF et depuis 1971. A
SCHLOSSBERG
euphonium et piano
de très rares exceptions, cette manifestation affiliée à l’Interna-
pour trompe�e tional Trombone Association a quitté les Etats-Unis. En 2009 au
Durée: 11’ Danemark et en 2006 à Birmingham en Angleterre. Comment
Niveau
Niveau: :moyen
moyen/avancé
/ avancé les américains ont-ils souhaité s’associer aux trombonistes fran-
çais pour 2012 ?
Le système est plus complexe. Depuis plusieurs années, l’Inter-
JEAN�MARC BOUDET
ARON ROMHANYI national Trombone Association (ITF) et l’association International
Trombone Festival (ITF) sont deux entités travaillant en réseau,
PARALLELS
MITIA’S SUN mais distinctes. Chaque année, trombonistes professionnels, so-
tuba et piano ou orchestre listes ou enseignants, ont la possibilité de déposer des dossiers
Quinte�e de Cuivres de candidature auprès de l’ITF pour l’organisation d’une édition
Durée: 10’ du festival. C’est en 2010 que j’ai déposé ma candidature. J’ai
Niveau
Niveau: :avancé
avancé
du défendre le projet que nous portons maintenant avec l’Asso-
ciation des Trombonistes Français, lors du Festival à Nashville
en 2011. La décision pour que Paris accueille le Festival en
2012 a été unanime.
MARIA CORRADO
FRANÇOIS THUILLIERSAGLIETTI
- Quels sont les rapports avec l’ITA et les soutiens de l’ITF et
GROOVE IN
NOTTE TOURS
SERENA leur président respectifs John Drew pour l’ITF et Jiggs Whigham
tuba solo pour l’ITA ? Aides techniques, financières, pédagogiques, artis-
Bugle et Quinte�e à Cordes tiques ?
Durée: 4’30 Nous sommes étroitement en contact avec nos collègues de
Niveau
Niveau: :moyen
moyen/ avancé l’ITA et de l’ITF. Les rapports avec eux sont très bons, même s’il
est parfois difficile de faire comprendre qu’il n’est pas possible
de plaquer le modèle américain sur le modèle français. Chaque
composante du festival doit être adaptée en fonction du pays
qui l’accueille et nous tenons absolument à ce que l’édition de
l’événement à Paris ait sa propre identité. Si les deux institu-
C.P 300 • CH-1674 Vuarmarens, Suisse tions américaines ne nous apportent pas d’aides financières,
Tél. +41 (0)21 909 1000 • Fax +41 (0)21 909 1009 elles nous aident à avancer dans l’organisation de ce grand évé-
nement, je pense surtout à l’ITA qui s’occupe de l’organisation
N° 21 I / 2012 > page 8
Jacques Mauger
l’Association des Trombonistes Français
organisent :
4 au 7 Juillet au CRR/Paris
International Trombone Festival
des nombreux concours, de A jusqu’à Z, ce
que nous ne pourrions pas faire.
- En France de quelles aides as-tu des col-
lègues ?
Porter seul la candidature à l’organisation
du Festival était faisable. Organiser seul
un événement d’une telle ampleur n’était
absolument pas réaliste. Grâce aux mem-
bres du bureau de l’Association des Trom-
bonistes la machine a pu rapidement se
mettre en marche. J’en profite ici pour re-
mercier particulièrement Camille Lévêque-
Claudet et Nicolas Moutier qui travaillent
beaucoup à construire le Festival 2012.
Monsieur Xavier Delette, directeur du CRR
de Paris, a toujours soutenu cette initiative
et grâce à lui et à la Ville de Paris, nous
pouvons organiser le Festival dans ce lieu.
- Quels sont les sponsors essentiels pour
l’organisation de cette manifestation inter-
nationale ?
Nous avons deux principaux partenaires.
La Ville de Paris – Direction des Affaires
culturelles nous apporte un soutien logis-
tique et technique en mettant à notre dis-
position le Conservatoire à Rayonnement
Régional (CRR) de Paris ainsi qu’une par-
tie de son équipe. Son directeur, Monsieur
Xavier Delette, soutient depuis le début le
projet ; grâce à lui nous pouvons organi-
ser le Festival dans un lieu à la mesure de
l’événement.
Le “Buffet Group” Antoine Courtois Paris
est notre principal sponsor. Le groupe a
toujours souhaité soutenir les initiatives
comme celle-ci et participer à la diffusion
de l’enseignement, de la pratique et du
répertoire d’instruments à vent, dont le
trombone.
Les autres manufactures – Stomvi, Ya-
maha, Michael Rath, Jupiter, Edwards,
Conn/Selmer, Thein, Shire – participent en
organisant le voyage des artistes.
- 60 artistes venus du monde entier sont
au rendez-vous. Depuis quelles dates les
avez-vous retenus ?
Les artistes ont été contactés en juillet
2011. Certain d’entre eux étaient déjà en-
gagés et ont du décliner l’invitation. Pour
cette édition, l’objectif était d’avoir un
maximum de trombonistes européen pré-
sentés. Nous accueillerons donc en 2012
des Français, bien évidemment, mais
aussi des Anglais, Italiens, Espagnols, Po-
lonais, Néerlandais, Hongrois,… Nous ne
fermons pas pour autant nos portes aux
trombonistes du monde entier et solistes
d’Amérique comme d’Asie seront présents
au rendez-vous ! Nous espérons que cet
événement sera l’occasion de nouveaux
liens et d’échanges fructueux entre les
membres de la communauté internatio-
nale du trombone !
- Un concours de trombonistes, pour so-
listes et ensembles s’organise au sein du
festival. Comme tous les ans depuis 20
ans et durant le festival ITF il y a la finale
du concours International ITA organisé par
Vern Kagarice Professeur de trombone de
l’université North Texas de Denton. Merci
de détailler les catégories et le profil des
candidats attendus. Français, étrangers ?
Les douze concours, par leurs noms, ren-
dent hommages à des personnalités in-
timement liées au monde du trombone.
Autant de concours pour permettre aux
trombonistes basses, comme altos et té-
nors, aux jeunes comme aux moins jeu-
nes, aux adeptes du répertoire classique,
comme du répertoire jazz ou baroque, de
participer. Le site Internet de l’ITA (www.
trombone.net) détaille plus précisément
chacun des concours.
Les participants ont du envoyer, avant le
15 décembre, l’enregistrement d’une piè-
ce imposée. Les enregistrements sont en-
suite envoyés à un jury international, avec
un respect de l’anonymat des candidats.
Dans chaque catégorie, trois d’entre eux
sont ensuite sélectionnés pour aller parti-
ciper à la finale à Paris, en public.
- Les inscriptions closes au 15 décembre,
combien de candidats solistes et ensem-
bles (français et étrangers) sont recensés
à ce jour ?
Plus de 250 candidats sont recensés pour
tous les concours… Et seulement 4 Fran-
çais et un 1 ensemble de trombones fran-
çais ! Aucun étudiant des classes de trom-
bone basse et ténor du CNSM de Paris !
L’information avait pourtant été diffusée.
Je suis désolé du désintérêt des étudiants
français et de leur manque d’ambition in-
ternationale.
- Quels seront les membres du jury ?
Leurs noms restent actuellement secrets.
Il est préférable que l’anonymat soit res-
pecté des deux côtés, jusqu’à la remise
des prix.
- L’ITF Junior se déroulera pendant les ma-
tinées de l’ITF avec un programme spécial.
Aux Etats-Unis, lors des ITF cette partie
junior semble être davantage destinée aux
jeunes musiciens pas encore entrés dans
un collège (Lycée pour la France), une uni-
versité ou un Conservatoire. A quel type de
jeunes trombonistes français s’adressera
cette quatrième édition de l’ITF Junior ?
Organiser le Junior ITF à Paris n’est pas
chose aisée. Le Junior ITF prend habi-
N° 21 I / 2012 > page 9
tuellement la forme d’un véritable stage,
ouvert à tous les jeunes trombonistes. Le
Festival se déroulant dans un campus, il
est facile d’organiser l’accueil de nombreu-
ses personnes pendant quatre jours. Dans
le centre de Paris, ce n’est pas le cas. Tous
les jeunes trombonistes seront toujours les
bienvenus, débutants, étudiants des éco-
les de musiques comme des conservatoi-
res, et pourront travailler individuellement
ou en ensembles avec de nombreux pro-
fesseurs ou solistes, mais nous savons que
le Junior ITF à Paris, accueillera moins de
participants que lors des trois précédentes
éditions.
- L’ITF Paris célèbrera-t-il une ou plusieurs
personnalités du trombone ou compositeur
plus particulièrement ?
Nous voulons pour cette édition célébrer,
à travers des Cartes blanches, le travail de
trois compositeurs français qui ont œuvré
à l’enrichissement du répertoire : Roger
Boutry, Jacques Casterède et Jean-Michel
Defaye. Une Carte blanche sera également
dédiée au compositeur américain Eric
Ewazen. Nous avons également sollicité
Marc Lys, Jérôme Naulais et Alexandre
Mastrangelo, afin de composer des œuvres
qui seront créées pendant le Festival.
- Comment concerner un public très large,
au-delà des trombonistes, des cuivres en
particulier ?
Le festival ne se doit pas d’être unique-
ment un événement par les trombonistes
pour les trombonistes. Par la programma-
tion de concerts avec harmonie et orchestre
nous espérons attirer d’autres musiciens.
En organisation cet événement au cœur de
Paris, au début de l’été, nous aimerions at-
tirer la curiosité des mélomanes, parisiens
ou de passage.
Afin d’accueillir un public large nous es-
sayons de réduire aux maximum le prix
des billets ; c’est pourquoi nous sommes
encore à la recherche d’autres partenaires.
Mais nous sommes lucides : le coût du sé-
jour à Paris et l’absence d’une structure
d’accueil type « campus américain » nous
privera d’une partie du public, et nous le
regrettons sans pouvoir trouver une solu-
tion. Pour voir notre dossier de candidature
acceptée, il fallait que la première édition
française de l’ITF se déroule à Paris.
N’hésitez pas à consulter le site de l’As-
sociation des Trombonistes Français (ATF)
sur www.trombonefrance.fr. Pour en savoir
plus sur l’International Trombone Festival
2012, artistes, programmation, évène-
ments,… : www.itf2012.org.
Propos recueillis par Yves Rémy
 Festival et concours à Namur
Du 28 au 30 mars 2012
Troisième festival des Rencontres Open de France
Internationales de Cuivres Brass Band
de la Communauté Française de Belgique
Institut Supérieur de Musique et Pédagogie de Namur.
- 6 concerts, 18 master classes, 6 conférences, solistes
et ensembles invités, présentations des nouveautés
Amboise1er au 03 juin 2012
instrumentales par de nombreux exposants.
Concerts de prestige avec Brass Bands et Big Bands VENDREDI 1er Juin
invités en accompagnement des solistes invités : Jean - 21h Gala d’ouverture - Tongwynlais Temperance Silver band
Christophe Dobrzelewski (USA), Michel Becquet (Fran- Salle Claude Ménard
ce), Urban Walser (Suisse, Soliste et professeur Basel
Music Académie), Ensemble de Cuivres de Belgique, SAMEDI 2 Juin
Alexandre Faure, (Trombone Solo Radio Suisse Roman- 8h30 à 18h - concours – Théâtre Beaumarchais
de), Antony Plog (USA), quatuor Kimoiz (France), Nico- 10h à 12h - Concours de musique de marche – Place Michel Debré
las Desvois (France) 14h à 18h30 Prestations extérieures
Animations de ville par “La Banda Jean & La, Fanfara Bersa-
Premier concours international de cuivres glieri di Magenta” (IT)
trompette, tombone, cor et tuba. 21h - Gala de clôture par le Flowers Brass Band (UK)
8 000 € de prix Direction Philip Harper– Salle Claude Ménard
Trois catégories
12-14 ans / 15-17 ans / 18-23 ans DIMANCHE 3 Juin
Eliminatoires se dérouleront dans plusieurs pays : 10h à 13h “La Banda Jean & La, Fanfara Bersaglieri di Ma-
Belgique, (Tournai, Namur et Malmedy), Suisse genta” (IT)
(Musik-Akademie der Stadt Basel; France (Paris), USA 11h30 Mass Bands du Nord de la France
Philadelphie (West Chester University of Pennsylvania);
www.openamboise.com
Espagne (Union Musical de Benidorm)
Infos sur site www.imepric.com
Direction Artistique
Antoine Acquisto
00 32 475 48 02 86 / a.acquisto@swing.be

Concours National 2012

Petites Mains Symphoniques
réservé aux enfants de 6 à 12 ans inclus
et de 7 à 14 ans pour le jazz
Classique et Jazz
17 instruments de l’orchestre
Violon, Alto, Violoncelle, Contrebasse, Flûte, Hautbois, Clarinette,
Basson, Cor, Trompette, Trombone, Tuba, Saxophone, Piano, Har-
pe, Guitare et Percussions/Batterie.
Mars/Avril 2012
Eliminatoires régionaux publics dans 80 établissements
Mai/Juin 2012
Finales à Paris, salle Gaveau
Contacts
Eric du Faÿ +33 6 60 17 99 94
ericdufay@hotmail.com
Julien Couson +33 6 07 13 07 43
Administrateur et communication
julien@petitesmainssymphoniques.com
www.petitesmainssymphoniques.com

N° 21 I / 2012 > page 10


Florent Didier
ENTRETIEN AVEC
Le Paris Brass Band vient de par-
ticiper pour la seconde fois au
Championnat de France, à Amiens,
et se voit attribuer une note frô-
lant l’excellence, 19 sur 20 et un
premier prix en « Honneur » lui
attribuant le titre de champion de
France. Quelles sont vos premières
impressions ?
Beaucoup de satisfaction bien sûr.
C’est tout le travail d’un groupe
soudé qui est récompensé. Je fé-
licite tous mes musiciens et les membres du
bureau du Paris Brass Band car cette réus-
site est la leur.
A un point et demi au dessus d’AEolus et
deux points du BBNPC, deux très bons brass,
eux aussi auparavant champions de France,
c’est un écart important. Quelle est votre re-
cette ?
Il n’y a pas de recette miracle. Une rigueur
de travail mais également un parti pris en
faveur d’une expression musicale singulière.
Ainsi le Paris Brass Band s’est forgé sa pro-
pre identité.
Avez-vous travaillé avec des artistes invités
étrangers ?
Pas encore, mais c’est dans nos projets.
S’ouvrir à ce qui se fait de mieux en Europe
ne peut-être qu’enrichissant. Mais je resterai
vigilant, le Paris Brass Band gardera sa con-
ception du Brass Band, conception étant lié
au contexte et aux musiciens faisant partie
de l’ensemble.
Pour vous quelle est votre référence dans le
monde des brass bands ?
Je n’ai pas de «référence» absolue mais plu-
tôt des préférences. Le son et le timbre des
Brass Band norvégiens, la solidité des Brass
Band anglais et leur jeu d’ensemble, etc...
Mes influences sont plurielles.
Y a-t-il une spécificité française ?
Elle se créera avec le temps, la plupart des
Brass Bands Français étant encore de «jeu-
Paris Brass Band
Champion de France
Le jury invité par la CMF à Amiens Luc Vertommen
(Belgique) Président, Bruce Fraser (Ecosse) et Philippe
Wendling (France) a déclaré premier de la catégorie
Honneur du Championnat de France de Brass Band le
Paris Brass Band dirigé par Florent Didier.
nes» ensembles. Mais je pense que l’école
des cuivres Français et son jeu caractéristi-
que brillant, virtuose et visant une démarche
plus soliste, est forcément très présente dans
nos Brass Bands. Il nous appartient certaine-
ment maintenant de faire en sorte d’appren-
dre à mieux jouer ensemble. Les qualités du
jeu de nos musiciens en seront d’autant plus
sublimées.
Beaucoup de musiciens du Paris Brass Band
sont musiciens d’orchestres (symphonique
ou d’harmonie), est-ce un plus ou au con-
traire une adaptation à fournir ?
Presque plus qu’à l’orchestre symphonique
ou d’harmonie, le Brass Band demande à
chaque musicien de prendre à la fois une
fonction instrumentale bien définie ainsi
qu’une prise de conscience de tout l’ensem-
ble. Cette démarche doit être parfaitement
bien assimilée pour réaliser des pièces ou
partitions qui sont parmi les plus difficiles
pour nos instruments. L’investissement des
musiciens doit donc être important (beau-
coup de répétitions, de travail en pupitres,
de concerts de préparation...) même pour
des instrumentistes habitués au jeu en or-
chestre.
Quels sont vos projets ?
Notre résidence au CRD de Créteil permet de
mettre en œuvre des projets divers : parte-
nariats, actions pédagogiques, des créations
lors de tous nos concerts à l’auditorium du
conservatoire de Créteil... Nous avons enre-
gistré une pièce sur le premier disque de Bas-
tien Baumet, un duo avec Bastien et Steven
Mead, disque qui est à présent disponible.
Nous allons enregistrer plusieurs pièces sur
le prochain disque de notre cornet principal
Alexis Demailly, et enfin nous allons finali-
ser un premier disque court ainsi qu’un clip,
avant de proposer un premier enregistrement
l’année prochaine. Le Paris Brass Band se
produira également avec différents solistes
et dans plusieurs festivals cet été.
Il incombe maintenant au Paris Brass Band
de représenter la France au championnat
N° 21 I / 2012 > page 11
d’Europe qui se tiendra à Oslo en 2013 !
Aurez-vous les possibilités financières et or-
ganisationnelles pour faire ce long déplacement ?
Nous allons tout faire pour. Mais il est vrai
que le budget pour un tel déplacement est
énorme, et que des aides seraient les bien-
venues !
Comment allez vous vous préparer ?
Nous allons nous préparer de la même ma-
nière que pour le championnat de France. La
motivation sera décuplée par l’honneur de
représenter notre pays dans une compétition
internationale !
Le Paris Brass Band concourra-t-il à l’Open
d’amboise 2012 ?
Oui, le Paris Brass Band sera présent à
l’Open d’Amboise 2012, nous pourrons ainsi
gagner en expérience en nous confrontant à
d’autres Brass Bands Français mais égale-
ment étrangers.
www.parisbrassband.com
Propos recueillis par Yves Rémy
Palmarès CMF
HONNEUR
1er : Paris Brass Band 1er Prix avec men-
tion Très bien, 19/20
2e : Aeolus Brass Band 1er Prix avec men-
tion Bien, 17,5/20
3e : Brass Band Nord Pas-de-Calais 1er
Prix, 16,5/20
EXCELLENCE
1er : Brass Band Brassage 1er Prix,
16,5/20
2e : Brass Band de Toulouse 1er Prix,
16/20
1ère DIVISION
1er : Orchestre de cuivres d’Amiens 1er
Prix, 16,5/20
2e : Burgundy Brass 1er Prix, 16/20
2e DIVISION
1er : Brass Band de Champs-sur-Marne
1er Prix avec mention Bien, 17/20
2e : Brass Band en Seine 2e Prix, 13/20
3e DIVISION
1er : Brass Pearl 1er Prix avec mention
Bien, 17/20
2e : Brass Band de la Côte Picarde 1er
Prix, 16/20
Historique Milieu du XIXème siècle : Cornet à pistons contre

Naître l’année de la deuxième révolution

du XIXème siècle ne pousse sans doute pas
à rester inactif et soumis à la tradition.
Merri Franquin, né en octobre 1848, en
est l’illustration exemplaire.
1. Comment une carrière orchestrale
peut être le théâtre d’une bataille fratricide ?
2. L’enseignement supérieur peut-
il changer l’orientation esthétique d’un
instrument ?
3. L’innovation technique permet-elle
de rejouer un répertoire oublié ?

Ces trois questions nous permettent

de découvrir la vie d’un trompettiste
particulièrement révolutionnaire.

Merri Franquin Conflits entre cornet et trompette

Il vient des Bouches du Rhône, de Lançon exactement une com-
mune rurale où son père est agriculteur. Son enfance doit être laborieuse :
il apprend sans doute à lire et écrire avec le curé de son village, alternant
le peu d’études avec les travaux des champs. À l’âge de 15 ans, il reçoit un
cornet à pistons et débute l’étude de l’instrument. Remarqué par un chef
d’orchestre, il rentre au casino de Marseille en 1867 et joue avec le Palais
Lyrique et le Théâtre Chave.
En 1870, il est appelé pour effectuer son service militaire; à cette
époque, on tirait au sort; suivant le numéro tiré, le service pouvait durer
7 ans. Il a la chance d’être libéré assez tôt ce qui lui permet de monter à
Paris en 1872 et d’intégrer le conservatoire dans la classe de cornet, te-
nue alors par Jean-Baptiste Arban (1825-1889). Il obtient un accessit en
1874, année où Arban est forcé de quitter le conservatoire pour assurer ses
tournées en Russie. En 1875, il obtient un premier accessit avec Jacques-
Hippolyte Maury (1834-1881) puis un deuxième prix l’année suivante. Il
est enfin reçu premier prix de cornet en 1877.
La France est alors en pleine ébullition, depuis 1870 le pays est
sous le régime de la IIIème république après un second empire qui s’est
terminé par la cruelle défaite contre les Prussiens. Une politique de grands
travaux débute, les expositions universelles se succèdent, les lignes de
chemins de fer se développent. Franquin débute sa carrière profession-
nelle.
Dans les coulisses de cette actualité trépidante, une bataille fait
rage : cornet à pistons contre trompette. Divertissement contre rigueur,
peuple contre armée.
N° 21 I / 2012 >
Bien que Merri Franquin sorte de la classe de cornet
à pistons, il s’avère être un fervent défenseur de la
trompette. Au travers d’un article paru dans l’ency-
clopédie dirigée par Albert Lavignac (1846-1916),
il essaye de nous rendre compte de la présence en-
vahissante du cornet dans les orchestres en cette fin
de XIXème siècle :
“...Le cornet, en effet, depuis le milieu du XIXe
siècle, remplace la trompette pour jouer les parties
chromatiques, et même certaines parties de trom-
pette simple dans les solos qui auraient exposé celle-
ci à des accidents facilement évitables avec le cornet
aigu...” 1
La musique, visage d’une société
en mutation
Ces constatations semblent bien anodines; pourtant,
elles sont le reflet de toute une société. Durant le
XIXème siècle, Paris a subit une profonde mutation :
la révolution industrielle a bouleversé l’ordre de la
société dans cette ville. En effet la province est cons-
tituée de petit ou gros propriétaires terriens craintifs
des bouleversements sociaux liés à la propriété tan-
dis que Paris voit le nombre de ses habitants ouvriers
croitre exponentiellement, d’où de nouvelles reven-
dications sociales comme des horaires de travail né-
gociés, des salaires minimaux...
page 12
Trompette ; Divertissement contre Rigueur ; Peuple contre Armée
Ces nouveaux besoins, étrangers aux provinciaux, vont engendrer
un soulèvement sans précédent en France : la Commune, et
durant deux mois, Paris ne fait plus partie de la France. Cette
insurrection se finira dans un bain de sang abominable : l’armée
contre le peuple. Ce conflit trouvera écho dans nombre de domai-
nes et notamment en musique avec le choix du cornet ou de la
trompette images du divertissement ou de l’ordre.
Nous pourrions allez plus loin dans l’analyse extra musicale de ce
différend entre les deux instruments mais ce n’est pas le lieu. Il
reste à explorer la vision populaire de ces instruments à travers
la littérature.
Trompettes, cornets et Littérature
Un moyen de comprendre la popularité du cornet à pistons, est de
lire les auteurs de l’époque. Dès 1837, une opérette s’intitulant le
cornet à pistons2 est jouée au théâtre national du vaudeville. De
nombreux passages mettent en scène cet instrument. Émile Zola
(1840-1902) et Gustave Flaubert (1821-1880), respectivement
dans l’Assommoir et dans Madame de Bovary, évoquent les bals
au cours desquels l’instrument est la star incontestée. Flaubert
raconte même dans l’Éducation Sentimentale le départ de la di-
ligence où le cornet intervient: “Le commis de l’octroi grimpa sur
l’impériale, et une fanfare de cornet à piston éclata.” Théophile
Gauthier (1811-1872), de son côté, évoque le cornet comme d’un
instrument très faux3. La trompette quant à elle, est toujours méta-
phore militaire : arrivée de régiment, présentation de personnalités.
Zola dans le Travail parle du vacarme des trompettes réveillant les
gens4 dans les casernes.
Ce rapide tour d’horizon littéraire montre la représentation mentale
que le lecteur de roman feuilleton5 en cette fin de XIXème siècle
Christophe Rostang © 2012
pouvait se faire du cornet et de la trompette. Pour l’anecdote,
un ami me racontait ses cours de trompette aux conservatoire
de St Etienne avec Marcel Heyte (1938-1999) qui l’interpellait
régulièrement lui disant: «Vas y Nénesse». Allusion au personnage
de la Terre de Zola, le jeune Nénesse joueur de cornet dans les
fêtes du village...6
De ce terrible décalage, d’un côté la vision divertissante, de l’autre
la rigueur militaire nait un conflit.
Le monde musical va alors voir s’affronter ces deux instruments.
Le cornet à piston apparait dans les années 1830. Un poste est
spécifiquement ouvert à l’opéra en 1850. En 1869 la classe de
cornet s’ouvre au conservatoire de Paris et en 1880 les effectifs de
l’opéra passent à trois cornets. L’ascension de ce nouvel instrument
est fulgurante. Sur la même période, la trompette décline en raison
du conservatisme des instrumentistes et des difficultés intrinsè-
ques de cet instrument. En effet les trompettistes de l’époque ont
du mal à accepter les innovations et nient souvent les évidences.
La trompette (comme le cor) est synonyme de canard voire de ca-
tastrophe potentielle...
Le tournant décisif s’amorce en février 1874, quand Xavier Teste7
interprète la partie de trompette du Messie de Haendel sur une
trompette à piston courte (en ut). Pourtant, malgré son succès et
l’assurance que lui permet cet instrument, il ne la joue pas à l’opé-
ra. La raison vient de la pression de ses collègues réfractaires à
cette évolution, certes cette trompette est moins riche en harmoni-
ques mais elle est tellement plus juste dans le chromatisme et plus
homogène... Il faudra finalement l’intervention du chef Charles La-
moureux en 1891, lors de l’interprétation de Lohengrin de Wagner,
pour faire évoluer la situation. Il obligera alors les trompettistes à
utiliser l’instrument court !

Petit Bal
le cornet à piston
en vedette. XIXème
Épilogue
Le changement va alors s’opérer grâce à
l’évolution du répertoire et à la découverte
des œuvres de Wagner qui redonnent à la
trompette ses lettres de noblesses.
Le résultat de la bataille s’illustre par la
décision de l’Opéra de rééquilibrer les pu-
pitres de trompettes et cornets et de ne
plus utiliser que les instruments souhaités
par le compositeur moyennant l’utilisation
exclusive pour les trompettes de l’instru-
ment court à piston. C’est la fin de l’âge
d’or du cornet à pistons.
La carrière parisienne de Merri Franquin
commence donc à 28 ans. Musicien à la trompette en ut) aux Concerts Colonne avait été le créateur avec différentes for-
l’orchestre de l’opéra comique, Il devient (1884 – 1892) alors dirigé par Édouard Co- mations dont “la trompette “
premier soliste au concert Pasdeloup lonne. Les Concerts Colonne servent alors Il est aussi, premier trompette solo, après
(1876-1892), il y créera le Roi d’ys avec passion la musique contemporaine de le départ de Teste et H. Maury, au Théâtre
d’Edouard Lalo (1823-1892) et des l’époque : ils imposent de nombreux mu- National de I‘Opéra (1880-1901). L’année
œuvres de Gustave Charpentier (1860- siciens français tel Debussy (1862-1918), de son entrée, il jouera Aïda de Verdi
1956) ou Henri Duparc (1848-1933). Ravel (1875-1937), d’Indy (1851-1931), (1813-1901), il y interprète les Wagner
Dans le sillage de Teste (mort en 1900), il et les intègrent dans leur répertoire. Merri (1813-1883) : Lohengrin, la Walkyrie,
exécute en 1882 le solo de trompette dans Franquin sera lui aussi défenseur de ses mais aussi Rigoletto ou Otello de Verdi et
Samson d’Haendel avec un instrument contemporains et jouera de nombreuses Ascanio de Saint-Saëns (1835-1921). Il
court. Il sera ensuite trompette solo (sur fois le Septuor de Saint-Saëns dont Teste fait partie aussi des concerts du Châtelet, il

1. M. Franquin in Encyclopédie de la musique
et dictionnaire du conservatoire dirigé par
Lavignac, p 1609
2. De Roger de Bauvoir
3. «...le ténor ou le baryton
plus faux qu’un cornet à piston
q’un crécelle ou qu’un jeton...»
Octobre 1861
N° 21 I / 2012 > page 13
4. Zola, le travail p 578 chez l’Harmattan 1993
(les quatre évangiles.
5. Les romans de Zola ou Flaubert furent
publiés par épisode dans des journaux.
Historique
Trompettes Courtois
jouées à l’Opéra
entre 1850 et 1891
est trompette solo à la société des concerts
du Conservatoire (1892-1901) et participe
aux concerts d’oratorio de St. Eustache de
1899 à 1901 où il se produit plusieurs fois
comme soliste. Cette riche carrière l’amène
Professeur au conservatoire
de Paris (1894 - 1925)
Merri Franquin est nommé professeur de
trompette au conservatoire de Paris en
1894, Ambroise Thomas en est encore le
directeur. Le maître, après 12 ans d’ex-
périence, éditera une méthode en 1908,
constituant l’héritage des principales mé-
thodes de trompette et cornet françaises à
savoir celle de Dauverné, Arban et Fores-
tier. Cette nouvelle méthode constitue une
réelle innovation dans la manière d’abor-
der l’apprentissage et le perfectionnement
de l’instrumentiste. Pour la première fois
des programmes de travail sont détaillés.
Constitués à partir du temps disponible, ils
sont extrêmement précis. Les explications
sont largement développées. En outre, à la
fin de la méthode, quelques compositions
ou extraits du répertoire sont proposés avec
des pages d’Enesco (Légende), Dallier, Ro-
partz et la partie de première trompette de
la Messe en Si de J.S. Bach !
Bien qu’il ait adopté parmi les premiers la
trompette en ut, il continue à faire jouer la
trompette simple (naturelle) et la trompet-
te en Fa dans sa classe jusqu’en 1916.8
Parmi ses activités il sera amené à écrire
les deux articles sur le cornet et la trom-
pette dans l’encyclopédie et le dictionnaire
de la musique et du conservatoire d’Albert
Lavignac. Ils sont riches d’enseignements
sur le début du XXème siècle et l’expérience
d’un des grands trompettistes de cette
époque.
L’écriture de ces deux articles, pousse
l’homme à réfléchir et expliquer la situa-
tion musicale en ce début de siècle, princi-
palement du point de vue de la trompette.
Nous voyons à la lecture apparaître un gros
doute dans l’esprit du maître, comment les
trompettistes du XVIIIème siècle ont-ils pu
jouer le répertoire baroque et plus particu-
lièrement celui de Bach ?
6. Zola, La terre, p 346 édition l’Intéglale chez Seuil.
naturellement à être nommé
professeur au conservatoire
de Paris lors du départ de
Jules Cerclier en septembre
1894.
Les concerts Pasdeloup
répétition vers 1879
Cirque d’hiver
par J. Sargent
Découverte
de la musique ancienne
Dans les orchestres, Merri Franquin joue
de la trompette. Il débute avec la longue
trompette en fa, à laquelle il restera long-
temps attaché, puis passe progressivement
à la courte en ré ou en ut vers 1880. Il
découvre durant cette fin de siècle le ré-
pertoire baroque, qui va le perturber pour
le restant de sa carrière.
Il est important de replacer les choses dans
leur contexte : jusqu’à la fin du XVIIIème siè-
cle, seule la musique du «temps présent»
est jouée, les compositeurs, nombreux,
produisent à l’avenant. Au XIXème, les cho-
ses se modifient petit à petit et des œuvres
anciennes sont redonnées mais avec des
modifications pour s’accorder au goût de
l’époque. Mendelssohn redonnera ainsi
des Passions de Bach et la Messe en si,
non sans ajouter des clarinettes ni modifier
quelques passages.
À Paris, on a créé l’orchestre de la société
des concerts du conservatoire en 1826
pour jouer le répertoire symphonique, sur-
tout des œuvres anciennes comme celle
de Mozart, Haydn ou Beethoven... Puis on
remonte dans le temps et on redécouvre
le Magnificat de Bach, la Messe en Si, le
Messie de Haendel et autant de parties de
trompette vertigineuses comparées au ré-
pertoire de l’Opéra de Paris.
Et là, nous imaginons un Merri Franquin
absolument ébahi, n’en croyant pas ses
yeux. Comment des trompettistes on-ils pu
jouer de telles parties ? Ont-ils un secret
définitivement perdu ? Pourtant notre per-
sonnage est doué et n’a pas particulière-
ment de difficultés sur l’instrument...
Pour se rendre compte de son étonnement,
7. Michel Laplace, Xavier Teste in la Gazette des cuivres n°14 - 2009
N° 21 I / 2012 > page 14
il faut lire l’article qu’il consacre à la trom-
pette dans l’encyclopédie Lavignac :
“...Nous nous refusons absolument, pour
notre part à croire que, du temps de Bach,
comment des trompettistes ont-ils pu exé-
cuter ces parties dans le registre pratiqué
de nos jours ...”10
De cette interrogation, il fera le champs
de recherche de sa vie. Notons d’ailleurs
que la seule partition d’orchestre qu’il
juge digne d’apparaitre dans sa méthode
est la partie de trompette de la Messe en
Si de J.S. Bach... Il dut donc la faire jouer
à nombre de ses élèves durant son profes-
sorat au conservatoire.
Filiation
Parmi ses étudiants, nous comptons :
Georges Mager (1885 - 1950), qui émi-
grera aux États-Unis pour devenir trom-
pette solo au Boston Symphony Orchestra
(1919 à 1950) non sans avoir interprété le
concerto Brandebourgeois avec l’orchestre
Staram à Paris. Eugene Foveau (1886 -
1957) premier prix de trompette en 1907
et successeur d’Alexandre Petit comme
professeur de cornet à pistons au Con-
servatoire de Paris. Julien Porret (1896-
1979), auteur d’une célèbre méthode de
trompette et un des pionniers français du
Jazz. Enfin, Francis Bodet (1894-1981),
devenu trompette solo de l’orchestre de
la suisse romande de 1929 à 1960, pro-
fesseur de trompette au conservatoire de
Genève et interprète en 1928 du 2ème con-
certo Brandebourgeois à Zurich... Ce digne
élève de Franquin participera souvent à la
société de musique ancienne de Genève
spécialisée dans l’interprétation des œu-
vres de J.S. Bach.
 Merri Franquin
Facture instrumentale.
Dernier aspect de la carrière professionnelle de Merri Franquin : sa contribution à l’évo-
lution de la facture instrumentale.
Soucieux d’améliorer les qualités d’émission sur la trompette et notamment sur le la
aigu, il va développer un quatrième piston puis un cinquième qui transpose la trompette
en ré ; le trompettiste n’a plus qu’à faire un sol sur la trompette en ré, l’émission est
beaucoup plus aisée...
Cette trompette développée à partir de 1912 sera sortie en série par la maison Thibou-
ville-Lamy. Les élèves du conservatoire l’adopteront pendant la première guerre mondiale
mais au retour de celle-ci, les vétérans rejetteront cet instrument. Un des derniers à jouer
cette trompette fut Roger Voisin (1918-2008) qui enregistra la cinquième symphonie de
Mahler avec l’orchestre symphonique de Boston sur cet instrument à cinq pistons !
Ces trompettes à quatre et cinq pistons ont permis principalement de jouer le répertoire
baroque, elles sont l’ancêtre de la trompette piccolo.
Publicité de la maison Thibouville Lamy
Rapport à la musique Enfin, nous voyons Merri Franquin aller au devant des compositeurs
et chefs d’orchestre pour connaitre leur opinion à propos des
de son temps instruments utilisés, il interroge à ce propos quelques unes des
Peu de témoignages nous permettent de connaitre son rapport sommités musicales de l’époque : Saint-Saëns, Alary, Colonne,
avec les compositeurs contemporain. On sait que sa fille 11 fut unanimes pour encourager la trompette en ut au détriment de
recommandée par Camille Saint-Saëns, et les traces de la corres- celle en fa.
pondance entre Enesco et Franquin sont amicale... Il est pourtant
certain qu’il était acteur de son temps, il jouait la musique mo- Merri Franquin meurt le 22 Janvier 1934. Durant sa carrière, il
derne aussi bien à l’orchestre qu’en petite formation. aura réussi à asseoir la position de la trompette en ut, en assurant
la formation des élèves sur cet instrument, et contribuant à dé-
On trouve notamment que dans la ligné de Teste, il participe à la velopper sensiblement le répertoire trompettistique. Il s’est aussi
formation de chambre «La trompette» pour interpréter le célèbre intéressé de près au répertoire baroque, ouvrant la voie en inter-
septuor de Saint-Saëns.12 Il se produit le 6 janvier 1899 dans la prétant les redoutables partitions de cette époque, donnant le
salle La Trompette. Il jouera aussi avec le cercle Volney et le cer- goût à ses élèves qui poursuivront la quête du Graal. Certains iront
cle Militaire où Il interprétera les septuors d’Alphonse Duvernoy, jusqu’à interpréter le deuxième concerto Brandebourgeois. Enfin
de Vincent d’Indy et de Gabriel Pierné il développe un instrument convainquant bien qu’aujourd’hui
Il commande aussi, et ce en complète rupture avec la tradition, oublié : la trompette à quatre et cinq pistons en ut et ré.
une série de morceaux de concours à divers compositeurs de Le chemin ainsi tracé ouvre des perspectives multiples, dévelop-
l’époque tel Dallier, J. Guy Ropartz ou Enesco. Ce dernier compo- pement de la musique pour trompette en ut. Jolivet, Tomasi, Fran-
sera la célèbre Légende morceau de concours de l’année 1906. çaix s’en chargeront. Pour l’évolution de la facture instrumentale,
Ce renouvellement des morceaux de concours pour trompette est les maisons françaises comme Selmer ou Courtois réussiront à
salué dans le Figaro du 1er août 1896 qui fait le parallèle avec répondre au besoin d’interpréter le répertoire baroque avec l’in-
l’activité musicale contemporaine et salue le modernisme de ces vention de la trompette piccolo. Enfin la qualité des élèves formés
nouvelles pièces, l’initiative en revient à Théodore Dubois qui perdurera avec la magnifique lignée de trompettistes qu’a connue
souhaitait un renouvellement des pièces de concours. le XXème siècle. Mais ceci est une autre histoire...
Christophe Rostang © 2012

Photo de la classe de trompette dans les dernières années de Merri Franquin

8. M. Franquin in Encyclopédie de la musique et dictionnaire du conser- 11. Jane Blanche Franquin, qui accompagna la classe de trompette au
vatoire dirigé par Lavignac, p. 1614 moins à partir de 1901 (G Shamu, ibid, p132)
9.http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k123724v/f217.image.r=trompette.langfr 12. Sabina Teller Ratner in «Saint Saëns, 1835-1921:
10. M. Franquin in Encyclopédie de la musique et dictionnaire du conser- The instrumental works» ; p177
vatoire dirigé par Lavignac, p. 1600
N° 21 I / 2012 > page 15
 Eric Giausserand
Leader du pupitre de trompettes d’Eddy
Mitchell, très sollicité, la rédaction de La
Gazette des Cuivres revient sur le parcours
d’Eric Giausserrand. C’est lui qui ponctue
les finales de bi-Ut, gros comme des mon-
tagnes comme lors de la tournée d’adieu
d’Eddy Mitchell ou dans le dernier live
d’Henry Salvador.
Remarqué depuis les années 80 par son
suraigu facile, il est très souvent demandé
comme leader de pupitre.
C’est après quelques spectacles avec Vé-
ronique Sanson où il remplaçait son grand
ami, Christian Martinez, un autre trompet-
tiste d’exception, que nous nous sommes
entretenus avec Eric Giausserand.
Le sur-aigu, une fin en soi ?
“C’est vrai, je l’avoue j’ai usé et abusé des suraigus au point que
j’ai cette image du mec qui ne fait que cela. On m’a souvent in-
vité comme leader, premier trompette, dans des big bands ou en
section de variétés pour les pêches, riffs ou lignes mélodiques au
dessus de la portée, sans souvent me proposer un chorus. C’est
ainsi, on catalogue très vite. Pour beaucoup, t’es leader ou cho-
rusman, pas les deux. C’est stupide.
Je me souviens d’une séance d’enregistrement en 1986 avec
Claude Bolling où j’étais invité dans son big band pour une ver-
sion d’un passage de Cat Anderson qui monte au double-Ré.
J’étais un peu inquiet, Claude Bolling a été très agréable et m’a
mis en confiance. Après la séance, un grand silence, pas un mot.
Pour les autres membres du pupitre, j’étais là comme spécialiste
du sur-aigu et c’était normal, j’avais fait le boulot.
Heureusement, j’ai eu la chance
de faire bouger un peu les lignes.
Ma grande chance est celle de naître à Monaco, pas pour le fisc,
mais pour le Sporting Club et l’Académie de musique. Mon pro-
fesseur de trompette fut Alfred Guaitolini, trompette solo de l’Or-
chestre de Monaco. Un personnage avec qui j’ai passé neuf an-
nées. J’ai également appris la contrebasse à cordes. A 17 ans, en
1976, j’ai passé mon concours de fin d’études à la trompette avec
des concertos classiques dont les deux premiers mouvements du
concerto de Haydn ; mais ça n’était pas mon truc. Déjà, j’avais
pris le virus du jazz en suivant les cours du saxophoniste belge
Roger Grosjean, enseignant à l’Académie de Monaco.
De plus, j’allais souvent voir les vedettes américaines invitées
au Sporting Club. J’ai invité par le batteur Jean Paul Ceccarelli,
le père d’André. J’ai découvert l’univers de la scène, des musi-
ciens et des trompettistes fabuleux. J’ai pris mes plus grandes
leçons en les écoutant. Et bien sûr, il y avait la star française, le
trompettiste Aimé Barelli, qui dirigeait l’orchestre et de temps en
temps nous émerveillait à la trompette. J’ai eu la chance très tôt
de jouer à ses côtés. Je me souviens aussi d’avoir écouté à 17 ans
au Festival de Nice, le big band de Lionel Hampton avec comme
première trompette Cat Anderson.
N° 21 I / 2012 >
A cette époque, je n’étais pas très doué pour l’aigu, contrairement
à mon oncle Atos Allegreti, musicien au Sporting Club qui jouait
dans l’esprit d’Harry James et qui pourtant ne travaillait que ra-
rement sa trompette.
J’ai eu aussi un « père spirituel » le trompettiste André Laidil, qui
joua avec Johnny et avec le groupe Kassav’. C’est au cours d’une
tournée mouvementée au Gabon en 1986, qu’André s’éteint bru-
talement.
Dans mes débuts de trompettistes, je ne m’intéressai pas à l’aigu.
J’appréciais surtout les chorus dans le grave et médium, à la ma-
nière de Chet Baker ou de Miles Davis.
C’est un peu plus tard que j’ai commencé à chercher l’aigu. J’ai
cherché et j’ai trouvé. C’est vrai que si tu veux jouer au dessus du
Contre-Sol, il faut y aller. Ne pas avoir de hantises. J’ai travaillé
la résistance et le sur-aigu sur la base de la méthode Caruso. Je
joue aussi les études Clarke par série de 20 mn avec beaucoup
d’énergie sans décoller l’embouchure et au métronome. J’attache
beaucoup d’importance à ma préparation et à l’échauffement.
Je me réfère également à une des premières méthodes de trom-
pette, celle de Franquin. Je confie que je ne sais pas buzzer, je
place ma langue très près de l’embouchure. Mon entrainement
est sans concessions, je ne recherche pas à me faire plaisir mais
à progresser. Souvent, je joue avec une sourdine d’appartement
ou mieux dans un placard à fringues, d’où le son sort étouffé. Là,
t’es obligé de nourrir le son. Il n’y a pas mieux pour développer
la sonorité.
Pour mes débuts dans le monde de variétés parisiennes, j’ai passé
une audition. C’était le 13 décembre 1977 à l’invitation d’André
Ceccarelli qui m’avait présenté à Claude François à la recherche
d’un nouveau trompettiste. Contrairement à ce que l’on attendait,
j’ai improvisé un chorus dans les lignes, sur le thème de Comme
d’habitude, avec la trompette bouchée. Claude François fut in-
téressé et m’engagea pour ses spectacles. J’avais 19 ans et je
venais de terminer mon service militaire. J’étais le plus heureux.
Malheureusement quelques mois plus tard, Claude disparu bruta-
lement le 11 mars 1978.
Rapidement, Jean Loup Longnon m’engage comme première
page 16

trompette dans son big band. Puis c’est Ivan Julien, un super mec
et un grand musicien, qui me mit le pied à l’étrier. J’ai fait aussi
une belle rencontre avec Jacques Bolognesi, tromboniste, accor-
déoniste et compositeur. C’est lui que me donna les meilleurs
conseils dans l’interprétation et le jeu rythmique, le groove et
l’écoute harmonique.
Dès 1982, j’enchaine avec les spectacles de France Gall, Ni-
coletta, Thierry Le Luron, Sacha Distel, Gilbert Bécaud, Sylvie
Vartan, Serge Lama, Claude Nougaro, Michel Leeb ou Johnny
Hallyday…
Dès 1993, je joue avec Eddy Mitchell sur scène comme en studio
et je suis fier qu’à chacune de ses tournées, il me confie un solo.
Avec Michel Gaucher, nous formons une équipe très soudée et
Michel me fait confiance pour nous entourer des meilleurs cuivres
comme cela fut le cas pour la tournée d’adieu d’Eddy Mitchell.
Quelles anecdotes ?
En 1986, j’enregistre avec mon ami des Alpes Martimes, Richard
Galliano le CD Spleen, avec des parties de bugle dans le style de
Freddy Hubdard dont je raffole. Quelques années plus tard, en
1995, Richard me met en contact avec le chef d’orchestre de
Ray Charles pour un remplacement dans son orchestre. J’arrive
en stress. D’autant que j’avais fais la route à moto entre Monaco
et Marciac, lieu du concert et que je m’étais égaré à Toulouse. La
veille du concert, j’ai fait deux heures de Caruso. C’est donc avec
émotion que je rejoins le pupitre. Tout c’est bien passé et Ray
Charles m’a remis en remerciement en plus du cachet un billet de
100 dollars. Ce billet, je l’ai longtemps conservé. Puis plus tard,
pour une fois, je l’ai misé au casino. J’ai récolté 14 000 francs
avec lesquels j’ai acheté une moto, ma deuxième passion.
En 2000, le chef du Duke Ellington Orchestra recherchait pour
Eric Giausserand sur scène avec Eddy Mitchell et Johnny Hallyday
N° 21 I / 2012 >
Jazz - Variétès
quelques concerts en France un remplaçant à son premier trom-
pette malade. On me proposa l’affaire. Même si je m’étais fami-
liarisé avec ce grand répertoire et les solos de Cat Anderson, les
jouer avec cette formation était inimaginable. De plus, les con-
certs se déroulaient au Sporting Club de Monaco, un retour aux
sources. J’étais le seul blanc du pupitre et impressionné par les
anciens dont certains avec joués avec le Duke. J’avais comme à
mon habitude ma Conn Constellation, la même que le collègue du
pupitre. Cà jouait terrible et avec un bon esprit, nous échangions
des ondes positives. J’étais soulagé. Après le concert, il me dit
“Eh Men, You ‘re a black man”. Là, tu es comme face à tes rêves
de petit garçon.
Tract ou pas tract
On me voit souvent comme un fonceur insouciant. C’est sans
doute une attitude de défense. On dit que j’ai un caractère pri-
mesautier. J’ai surtout du caractère. C’est vrai, j’aime la vie à
cent à l’heure. Cela m’a coûté en moto. A l’instar de Lino Ventura,
j’apprécie les diners entre copains autour d’un plat de pâtes. Mais
je suis aussi un inquiet qui veut s’ignorer ou qui ne le montre pas.
Souvent en séance ou en live, je semble décontracté et l’on m’en-
tend rarement préluder. Beaucoup pense que je joue sans prépa-
ration physique. Ce qu’ils ne savent pas, c’est que je m’échauffe
en privé, c’est ma manière pudique. J’ai deux trompettes Conn,
l’une pour la scène, l’autre chez moi ou à l’hôtel, pour mon tra-
vail personnel. Cela m’est arrivé de prendre une chambre d’hôtel
entre deux séances pour simplement travailler sereinement ma
trompette et me remettre en forme. J’ai un collègue tromboniste
Jean-Louis Damant qui me racontait que son père Marcel, trom-
bone solo des grands orchestres symphoniques, répétait le solo
du boléro de Ravel dans son salon à heure fixe et quand il avait
page 17
 Jazz - Variétès Facture instrumentale
à l’interpréter sur scène, se visualisait tranquillement installé dans
contemporaine
son fauteuil. L’interprétation musicale est aussi une question de
mental.

J’ai été sollicité pour l’enregistrement des musiques de Serge Pera-

thoner pour la série télévisée Fabio Montale avec en vedette Alain

JoyKey…
Delon. La musique s’inspire de l’ambiance du célèbre Ascenseur
pour l’échafaud de Miles Davis. J’ai improvisé à la trompette avec
sourdine. Après les prises, Alain Delon est venu me serrer la main
et m’a dit “On sent bien que vous avez un passé”. J’ai été plus que Une clé d’eau révolutionnaire
payé. Là non plus pas de sur-aigu, simplement de l’émotion qui
passe. pour tous les cuivres !
Dans les séances parfois ont nous sollicite pour des phrasés clas-
siques ou des parties de trompette piccolo. Pour cela, je préfère
contacter mes copains classiques, Bruno Nouvion, Thierry Caens,
Pierre Gillet. Chacun sa spécialité. Une fois pourtant, j’ai accepté
une folie, jouer à l’Opéra Paris-Bastille un ballet contemporain, Les
Variations d’Ulysse, musique de Jean-Pierre Drouet. Le compositeur
souhaitait avoir un trompettiste de jazz et variétés. Bien entendu
tout était écrit. J’y suis allé fièrement d’autant que je n’avais pas
vu la partition. D’ailleurs cela participe à ma manière d’être serein
face aux diverses sollicitations du métier. Ma fausse décontraction
est due souvent au fait que je préfère découvrir au dernier moment
ce que je dois interpréter. Je n’ai donc pas de pression sur les L’humidité s’accumule dans tous les cuivres
difficultés musicales à surmonter, tout se joue sur l’instant. C’est au niveau situé le plus bas. À cet endroit, le
quand je suis inquiet qu’il est préférable de ne pas me contrarier.
JoyKey® permet à l’eau de s’écouler, tout en
jouant, continuellement hors de l’instrument.
Le métier
Avec la tournée d’Eddy Mitchell, plus de 100 dates, nous redeve-
nons ce que nous sommes des troubadours. La scène, il n’y a que Le système permet de conserver une perce
cela de vrai. débarrassée en permanence de toute
Notre génération connait la fin d’un âge d’or, celle des musiciens
accumulation de liquide (condensation, salive).
de studios, avec de vrais ingénieurs du son, des arrangeurs qui écri-
vaient tout à la perfection, des pupitres qu’il fallait faire sonner en-
semble. Maintenant, les rares séances où les cuivres sont conviés Le JoyKey® est un produit de qualité fabriqué
sont d’un triste à mourir. Trompettistes, on est souvent seuls pour
en Allemagne. Le coeur du système est le filtre
faire les re-re, les machines font le reste. De plus, les programma-
teurs remplacent les compositeurs et arrangeurs. Souvent ils ne WaterWick® remplaçable en métal.
savent pas ce qu’ils veulent. Ils t’exposent une idée et attendent
ton inspiration musicale. Récemment, pour une musique de Pub En résumé, le WaterWick® de la JoyKey permet
sur un thème bien connu pour des collants, j’ai passé trois heures à
souffler pour un mec qui n’était jamais satisfait et qui simplement à la colonne d’air de l’instrument d’être en
justifiait sa propre présence. J’ai fini pas le faire craquer et au final, permanence absolument impeccable.
la production a choisi ma première prise.
Posée en atelier, la clé d’eau JoyKey® s’adpate
La nouvelle génération facilement sur tous les cuivres, trompettes,
On voit arriver des jeunes musiciens formés dans les conservatoires
dont la technique est sans faille mais qui jouent tous sur le même cornets, cors, trombones ou tubas.
modèle, ni classique, ni jazz. Simplement trompette. Un débit de
notes sans véritable profondeur esthétique, sans couleur sonore af-
firmée, sans trop de personnalité.
Je m’inquiète pour cette nouvelle génération. Les tarifs qu’on leur
propose et qu’ils sont obligés d’accepter sont à prix cassés. Il y a
encore quelques temps, nous les musiciens avions droit comme les
vedettes, aux hôtels 4 étoiles, maintenant c’est tout juste si on te
rembourse un Formule 1.
Je pense que ceux qui se débrouilleront, ce sont ceux qui prendront
la route avec tout ce que cela représente pour vivre la vie de vérita-
bles saltimbanques. A la condition d’avoir quelque chose d’artisti-
que à vendre et une originalité à défendre, pas un jeu standardisé. 61, rue de Rome 75008 Paris
Et la roue tourne... Je sais aussi qu’à 22 ans j’ai remplacé un an- 01 42 93 61 52
cien de 47 ans chez Bécaud. www.feelingmusique.com
Alors….
Propos recueillis par Yves Rémy
N° 21 I / 2012 > page 18
 CD - Nouveautés
KinNtanZ
Laurent VADROT : Euphonium
Raphaël AGGERY et Ying-Yu CHANG : Percussions
Wind Chimes-2010 Euphonium et vibra-
phone - Arnaud BOUKHITINE
“Combinaison du souffle et du geste per-
cuté, point de départ de variations par ré-
pétition...”
Petites conversations avec mon genévrier-
2010 Euphonium et percussions
- Patrick BUSSEUIL
Hommage au roman «Désert solitaire» de
l’américain Edward Abbey. Quatre notes (ré,
mi, fa, sol), ainsi que des cellules périphéri-
ques construisent le discours musical...».
In freundschaft Euphonium
- Karlheinz STOCKHAUSEN
Production Laurent Vadrot
laurent-vadrot.fr
Four dialogues Euphonium et marimba
- Samuel ADLER
Bass - Bo NILSSON
KinNtanZ » - Euphonium, percussions et
synthétiseur - Karlheinz STOCKHAUSEN
KinNtanZ - 1983 (la danse du menton) par-
tie finale de la 3e scène «la danse de Luci-
fer» de l’opéra « samedi de lumière ». Ecrite
pour voix de basse, trompette piccolo, flûte
piccolo, danseur à échasses, danseur, bal-
let et orchestre d’harmonie. Ici, version de
1989 pour euphonium, percussion, alto
trombone, tenor horns et tubas ou pour
euphonium, percussion et synthétiseur.

L’Art de l’Euphonium « Je suis honoré de jouer ce duo avec Bastien

dans ce merveilleux premier CD. J’ai suivi
Bastien BAUMET avec grand intérêt le développement de sa
Paris Brassband - Steven Mead - carrière et sans aucun doute il se destine
Geraldine Dutroncy - Sebastien Stein à devenir l’une des personnalités les plus
- Paris Wind Ensemble - Coups de importantes du monde de l’euphonium.
Vents Wind Ensemble Bravo ! » Steven MEAD
Vladimir Cosma
- Euphonium Concerto Bastien Baumet, membre de l’Orchestre d’Har-
Philip Sparke monie des Gardiens de la Paix de la Préfecture de Police
- Party Piece de Paris depuis 2008, est également Euphonium solo du
- Two part Invention Paris Brass-Band et de Saxhornia.
James Curnow Il enseigne au Conservatoire du 13e arrondissement.
- Symphonic Variants Depuis 2008, Bastien se produit régulièrement en so-
Daniel D’Adamo liste en France et à l’étranger (Taiwan, Hong-kong, Kiev,
- Pholia Chine, Japon, Corée, Serbie, Hongrie, Portugal…), où il
y donne également des master-classes.
Artiste Buffet-Crampon, il joue l’euphonium Bes-
son Sovereign avec Trigger – BE967T. Il joue également
le saxhorn-basse Antoine Courtois – AC366.

Gershwin et Bernstein
sont deux figures marquantes et «à
la mode» de la musique américaine
du XXème siècle.

Guy Touvron souhaitait apporter une

MERVEILLEUX ADAGIOS
Guy Touvron, trompette
Philippe Dubeau, orgue
CIMAROSA - LOEILLET - J.S.BACH -
MARCELLO - HAENDEL - SCHUBERT -
CACCINI - ALBINONI - ADAM
Référence: 642308
TRUMPET IN BLUE
Guy Touvron, trompette
Chantal Riou, piano
Michel Glasko, accordéon
Hervé Moreau, contrebasse
Patrice Fontanarosa, violon
N° 21 I / 2012 >
vision nouvelle toute à la fois respec-
tueuse, populaire et originale de ces
œuvres rabâchées que sont la Rhap-
sody in Blue pour l’un et West Side
Story pour l’autre. Il a choisi pour
cela de faire écrire des arrangements
inédits de ces deux standards ainsi
que de plusieurs medley pour trom-
pette (ou bugle) et piano mais aussi
avec en alternance ou ensemble : ac-
cordéon, violon et contrebasse.
On découvre ainsi une version per-
sonnelle et très «française» de ces
très belles œuvres.
Une véritable nouveauté !
Label Ligia Digital 105231
page 19
 CD - Nouveautés
Fabrice Millischer
Gravit les marches du succès
On ne présente plus ce jeune musicien de 27 ans
violoncelliste et tromboniste émérite. Traversant aisément les
frontières des différents styles musicaux à la sacqueboute,
au trombone alto ou ténor, Fabrice Millischer s’impose
rapidement après son premier prix obtenu à l’ARD Munich
en 2007 comme l’un des musiciens les plus complets et les
plus talentueux de la jeune génération, salué par une Victoire
de la Musique Classique.
Après la sortie de son premier CD en 2010, Pérégrinations dans lequel il présentait un tour d’horizon
très large du répertoire de la sacqueboute et du trombone, Fabrice Millischer continue sa quête éclectique en
enregistrant avec des formations instrumentales très variées.

Libretto
Derek Bourgeois (1941)
- Concerto pour trombone Opus 114
Etienne Perruchon (1958)
- Libretto
pour trombone solo & brass band
Gordon Langford (1930)
- Rhapsody pour trombone et brass
band
Ottorino Respighi (1879-1936)
- Les Pins de Rome (arrangement
Howard Snell)
Les Pins de la villa Borghèse, Les Pins
près d’une Catacombe, Les Pins de la
voie Appienne.

Tuba Mirum Fabrice Millischer présente un CD enregistré

Présent aux côtés de ses anciens professeurs
Michel Becquet et Daniel Lassalle lors de
l’enregistrement de Tuba Mirum, dernier CD
des Sacqueboutiers, ensemble de cuivres
anciens de Toulouse paru en fin 2011.
Label Apparté
Trombone All Styles
Fabrice Millischer, sacqueboute, trombone
alto et ténor accompagné au clavecin, orgue
et piano par Maiko Kato et Nathanël Gouin
- Sonata Prima de Dario CASTELLO
- Sonata Prima de Giovanni FONTANA
- Todo el Mundo de Coréa d’ARAUXO
- Concerto en Fa Mineur de G.Friedrich HAENDEL
- Concerto op.9 n°11 de Tomaso ALBINONI
- Pavane pour une infante défunte
de Maurice RAVEL
- Mouvement de Frigyes HIDAS
- Fast and Furious de Matthieu MILLISCHER
avec le Brass Band Tourangeau, Exo Brass.
Le titre Libretto, s’inspire du titre du concerto qu’Etienne
Perruchon (1958) dédie à Fabrice Millischer, œuvre originale
pour trombone et brass band. Œuvre concertante pensé com-
me un long travelling cinématographique en “plan séquence”,
écrite par l’un des compositeurs français fétiche du cinéaste
Patrice Leconte. Conduit depuis 2006
Etienne Perruchon précise : «Mon goût pour la dramaturgie par Gildas Harnois,
m’emporte naturellement vers ce genre d’écriture narrative. Exo Brass participe
J’ai découvert chez Fabrice Millischer un artiste sensible et pleinement à l’élan du
d’une ouverture musicale peu commune. Notre collaboration mouvement Brass Band
autour de la partition fut une expérience formidable. » en France et fédère dans
Le Concerto pour trombone Opus 114 de Derek Bourgeois ses rangs une partie des
(1941) dans l’adaptation pour Brass Band est dédié à Christian enseignants cuivre de la
Lindberg qui l’a créé en 1988 pour le 1er symposium Européen Région Centre. Il intègre
de trombone à Londres. également les grands
Au programme, l’œuvre la plus populaire du répertoire concer- élèves formés au Brass
tant pour trombone, Rhapsody pour trombone et Brass Band de Band junior du CRR de
Gordon Langford (1930). Tours. Libretto est le
Exo Brass interprète trois mouvements des Pins de Rome, second CD d’Exo Brass.
Poème symphonique à caractère descriptif d’Ottorino Respighi exobrass.com
(1879-1936) dans la transcription de Howard Snell.
Trois autres CD à venir de Fabrice Millischer
En septembre, sortira un enregistrement consacré à la sacqueboute avec l’ensemble
«Affetti Cantabili» dirigé par sa sœur Anne Millischer, violoniste baroque.
Puis un CD enregistré avec l’orchestre allemand dont il est trombone solo, le «Deutsche
Radio Philharmonie». Au programme trois concertos français pour trombone et
orchestre, Henri Tomasi, Jean Guillou et La Chute de Lucifer de Patrick Burgan, qui
lui est dédicacé.
Prévu en début 2013, un autre CD avec quatre concertos classiques pour trombone alto
et orchestre de chambre, Wagenseil, Albrechtsberger, Léopold Mozart et Albinoni.
N° 21 I / 2012 > page 20
 Éric Aubier
L’œuvre pour trompette
d’Henri Tomasi

Photo (c)Jean-Baptiste Millot

Éric Aubier
en séance
d’enrefgistrement
de la Suite avec - Concerto pour trompette et orchestre (1948)
Alexandre - Suite pour 3 trompettes (1964)
Baty (soliste du - Variations grégoriennes sur un Salve Regina (1963)
- Semaine sainte à Cuzco (orchestre) (1962)
concertgebouw
- Tryptique (1957)
d’Amsterdam)
- Trois Etudes (1955)
et Frédéric - Fanfares liturgiques (1944)
Mellardi (soliste pour ensemble de cuivres,
de l’orchestre de choeur et soprano
Paris). - Semaine sainte à Cuzco
(orgue) (1962)

Henri Tomasi (1901-1971) connu des cuivres pour son concerto
pour trombone (1957) et bien entendu pour celui pour trompette et
orchestre composé en 1948, reste un compositeur mystérieux à re-
découvrir. Éric Aubier dévoile l’intégrale de son œuvre pour trompette
en compagnie des trompettistes, Alexandre Baty et Frédéric Mellardi,
de l’organiste Thierry Escaich et du pianiste Nikolaos Samaltanos.
Les Fanfares liturgiques sont enregistrées par l’ensemble de Cuivres
et Chœur de Rouen dirigés par Jean-Philippe Dambreville.
Les Fanfares liturgiques pour soliste, chœur mixte, cuivres et per-
cussions ont été composées en 1944. À l’exception de la première,
elles sont incluses au départ dans l’opéra Miguel Mañara, dont elles
marquent plusieurs temps forts en accompagnant la conversion du
héros jusqu’à son accession ultime à la lumière aveuglante de la
révélation. Le langage s’en fait simple et direct, presque rude dans
sa sincérité. L’Annonciation est une progression calme et solennelle.
L’Évangile se veut plus ramassé, d’une écriture plus compacte, avant
les déferlements inquiétants de l’Apocalypse. La dernière des qua-
tre pièces, Procession peut être interprétée en version instrumentale
ou bien avec le concours d’un soprano et des chœurs, comme dans
l’opéra, option retenue dans le présent enregistrement. (extrait du
texte de Lionel Pons)
L’enregistrement du concerto pour trompette et orchestre (1948) est
celui de référence daté de 1988 avec Eric Aubier et l’Orchestre de
l’Opéra de Paris dirigé par Marius Constant.
Six Études pour trompette (1955).
En 1957, Henri Tomasi développe les numéros 1, 6 et 2 des Études
pour en faire le Triptyque pour trompette et
piano.
Semaine Sainte à Cuzco (1962), création par
Maurice André, mobilise une trompette en ut
ou en si bémol et une trompette piccolo, et trois dispositifs au choix
d’accompagnement : un orchestre de chambre, un piano ou un orgue.
L’œuvre est un triptyque dont les mouvements sont enchaînés. Eric
Aubier nous propose deux versions l’une avec orchestre, l’autre avec
orgue.
En 1963, le compositeur revient une ultime fois sur le thème du Dio
Vi Salve Regina, véritable expression de l’âme corse, déjà présent
dans les Fanfares liturgiques, dans Miguel Mañara ou dans Sampiero
Corso, et sous la forme de citations distanciées dans le Requiem pour
la Paix, dans les Variations Grégoriennes sur un Salve Regina, initia-
lement conçues pour trompette et orchestre de chambre (2 harpes et
cordes), mais dont la version pour trompette et orgue ou trompette et
piano a conquis une large audience.
Suite pour trois trompettes - Havanaise - Lento Égéen - Danse bo-
livienne
Une fois encore, Eric Aubier nous présente avec le label Indesens
une production irréprochable sur le plan technique et d’une qualité
artistique de référence. Eric Aubier, nous fait le plaisir de nous faire
entendre la Suite pour trois trompettes dans une version éblouissante
de gravité et de densité avec ses collègues et amis Alexandre Baty et
Frédéric Mellardi.
Révérence pour cet enregistrement de référence.

N° 21 I / 2012 > page 21

 Pédagogie

Premiers pas de l’enseignement

des Cuivres chez les débutants
Ces quelques conseils ont pour but d’amener le tout-débutant à réaliser que
la trompette n’est pas un instrument avec lequel on s’époumone, pour lequel
il faut prendre de très grandes respirations afin de pouvoir souffler, expirer un
considérable volume d’air dans l’instrument, afin d’en obtenir un son généreux.
Le professeur lui-même doit s’imprégner de cette notion, afin de ne pas égarer
son élève sur une fausse voie, en l’assénant d’injonction du genre : « Mais respire
bien mieux ! Davantage ! Mets de l’air dans ton instrument ! Souffle ! ».1
André Daire

D
ans le N°19 de La Gazette des Cuivres, j’ai présenté
les profonds changements que l’on doit opérer dans
la conception ancienne de l’enseignement de la
trompette c’est-à-dire sur la prononciation et le soufflage
intempestif, chapitrant également sur la colonne d’air
et la propriété diaphragmatique d’auto-régulation, sur
le travail de la langue, toute sa rééducation pour les
modulations de compression d’air avec le S.T.M.-CAR.2
Premier contact avec l’instrument
Il s’agit de l’acquisition et la prise en mains de l’instrument par
l’élève pour la première fois. Cela devrait, dans l’idéal, avoir lieu
uniquement lors de la première leçon avec l’enseignant, afin
d’éviter que les futurs-jeunes débutants s’adonnent pendant des
jours, quelques fois plus, à des essais (“soufflages” désordonnés
et inopportuns), contraires à ceux qui doivent être dispensés,
dirigés rationnellement pour créer les meilleurs habitudes par
l’enseignant menant donc à une forte chance de réussite.
Attitude du débutant
Dans le temps de l’assimilation du premier trimestre (plus court
selon l’âge) la position assise de l’élève est préférable, installé
au fond d’une chaise, jambes et pieds non-croisés pour éviter le
dispersement fonctionnel et organique qui diminuerait l’attention
et la concentration.
La prise en mains de l’instrument est « pilotée » par l’enseignant
selon la dimension totale de la main gauche. Pour la main droite :
pouce en appui sur le corps du 1er piston, petit doigt «crocheté »,
avant bras droit en position oblique pour éviter l’applique du talon
de la paume de main sur le corps cylindriques des pistons. Les
doigts sont ainsi en aplomb sur les collerettes nacrées, l’appui
étant vertical.
La Vibration
L’enseignant doit s’efforcer à employer les vrais termes : la Vibration
est produite (à notre niveau d’application instrumentale) par une
mise en action de micro-mouvements tissulaires spécifiques
dans une zone muqueuse de nos deux lèvres jointes mais non
serrées. Ces vibrations sont « génératrices » d’ondes sonores qui
développent et qui sont converties en sons différents par notre
instrument selon les dimensions et côtes tubulaires, selon que les
pistons soient levés ou baissés ».
L’enseignant donne l’exemple : Lèvres jointes, il embouche et
émet quelques secondes l’interjection ‘EUH !‘. La voyelle ‘E’
N° 21 I / 2012 >
est la seule sur les cinq à pouvoir déclencher la vibration sonore
lèvres jointes. Il précise que sa langue est plate et en recul
(rétractée dans la bouche). Il peut même s’ingénier à chantonner
quelques notes avec participation vocale. Ce procédé rappelle en
partie celui du ‘BUZZ’ (beuzz) de James Stamp. Le ‘EUH‘ est
préférable car le ‘B’ provoque un mouvement de lèvres « ouvrant »
légèrement persistant et moins instantané. De plus, l’émission du
‘ZZ’ durcit et avance la langue vers l’ouverture labiale contraire
à mon système de rétractation de la langue, en conformité avec
l’émission par articulation du ‘EUH’, parfait diphtongue.
On peut même demander aux élèves de “Mirlitonner”. Le mirliton
est cet instrument simpliste à membrane sur lequel on insuffle
un peu d’air pour produire un vague bruit de crécelle. On peut
également comparer le ‘BUZZ’ au vol d’un bourdon, le ‘EUH’
serait plutôt le vol d’une grosse mouche.
L’élève ayant réussi son ‘EUH’, on l’incite à choisir l’endroit lui
paraissant le plus agréable, judicieux pour le contact des bords de
l’embouchure avec les deux lèvres réunies. L’enseignant enregistre
visuellement, donne son accord ou non, propose éventuellement
une rectification, corrige une positon vicieuse (application
du bord de l’embouchure au plus haut sur la muqueuse de la
lèvre supérieure). Le positionnement le plus confortable peut-
être trouvé d’emblée, ou par tâtonnements, l’élève évaluant
instinctivement quelquefois le bon centrage du ‘EUH’ avec le
grain de l’embouchure.
Le travail en groupe d’élèves est préférable.
Tout est en place.
L’embouchure est bien appliquée sur les deux lèvres jointes.
L’enseignant recommande à l’élève de ne pas bouger et maintient
le silence pendant 6 à 12 secondes. Il lui demande maintenant
de désemboucher et pose la question :’Comment as-tu respiré
pendant notre silence ? ». L’élève répond : « Ne pouvant respirer
par la bouche, j’ai respiré par le nez ». Parfait !
Après l’embouchement (embouchure et instrument) sur des lèvres
jointes prendre une bonne respiration par le nez, émettre sans
tarder le ‘EUH’. La note le plus souvent entendue est le do grave
parfois le sol, rarement le do médium. L’enseignant demandera à
l’élève de reprendre le même exercice plusieurs fois et de tenir le
son entre 4 et 6 secondes.
En conclusion de ce paragraphe, je suis partisan
de la respiration nasale surtout à titre indicatif. La tentation
d’ouverture labiale par les coins de la bouche ou buccale est
préjudiciable à bien des égards (modifications de l’homogénéité
page 22
de la production). Même chez les professionnels, il existe souvent un panachage
labio-nasal. Personnellement je me sers de ce « duo » pour l’utilisation de mon
S.T.M-Car pour certains exercices. De toute façon, il faut bien se dire que l’air
Les voyelles
aspiré ne l’est jamais à 100 % buccal. Petite précision : l’air pris par le nez est Description pour distinction
une inspiration. Par la bouche c’est une aspiration. L’ensemble théoriquement
est une respiration.
du langage.
L’aspiration de l’air par la bouche se fait par les parties de lèvres situées bien en Avec quelques adaptations
dehors des bords d’embouchure sans atteindre les commissures.
Connaissance des doigtés à l’usage instrumental.
L’enseignant décrit le principe du rapport entre les trois pistons et les longueurs
de coulisses. En présentant les différents doigtés, Il précise que les notes A ou AH !
naturelles sur deux octaves à l’exception du ré grave s’obtiennent en combinant L’air est libéré “guturallement”, très peu par
les doigtés des deux premiers pistons et en utilisant donc l’index et le majeur. exhalation. Bouche plus ou moins ouverte,
Exercice pour la qualité vibratoire langue rétractée pour le A, plus ouverte pour
L’enseignant joue des notes tenues de six à 10 secondes et demande à l’élève le AH ! de l’étonnement et maximale dans le
de l’imiter. Durée du jeu de cinq à 10 minutes. Cet exercice anodin peut s’avérer bâillement.
d’une grande importance pour l’avenir, constituant une solidité tissulaire labiale.
Les grands anciens proposaient, jadis, les sons filés du pianissimo crescendo E ou EUH !
forte pour revenir decrescendo au pianissimo. Je pense qu’il est plus important Pour le E, lèvres et bouche arrondies. Les
de conserver un volume d’air consacré à la longueur de temps de decrescendo muscles commissuraux, coins de la bouche,
pour l’obtention de toutes les nuances les plus difficiles à maîtriser. Je propose Risorius, légèrement contractés ainsi que
pour les sons filés le schéma inversé : de mezzo-forte ou forte à pianissimo et la langue avancée, dont la pointe touche la
crescendo jusqu’à forte. Ainsi, on favorise le contrôle du problème compression- partie postérieure des incisives inférieures.
décompression. Les lèvres sont peu ouvertes.
Premier exercice sur la gamme Pour le EUH ! Langue libre, sa prononciation
Notes séparées ; par degrés montants diatoniques, division en 3 quintes sera utilisée pour les exercices éducatifs,
montantes et descendantes. des premières vibrations sans embouchure,
La tentation de l’élève sera ou non l’agitation réflexe de la langue mais mieux que le BEUZZ qui avance la langue
désordonnée avec la tentative de sons « ponctués » (que l’on appelle souvent et le Z qui la contracte. Muscles canins très
encore « attaques »). En réalité staccato ou staccati pour être plus conforme légèrement en action.
avec le mot articulation par le mouvement rétro-lingual. L’enseignant demande à
l’élève de reproduire chez lui la tenue de sons en respectant la durée suffisamment I
longue. Le i impose lèvres et bouche demi-ouvertes.
L’enseignant insiste sur le système de retrait d’une langue plate qui assure
La langue est rétractée mais contractée et
le plus facile, précis, le meilleur staccato parce que l’articulation s’exerce
s’applique sur le plat inférieur des dents
en continuation totale sur un volume d’air maintenu en compression. Ce qui
prémolaires. Le menton est très libre, mais
s’oppose à une langue allongée, épaisse, durcie qui prononce un TU ouvrant
immobile. Ne pas employer le Ti Ki du
plus ou moins les deux lèvres. Ce qui laisse passer un air inutile parce que la
vibration au niveau du Site muqueux labial a précédé de quelques millièmes de binaire. A la limite, le Te Ke des trompettistes
seconde l’expulsion de l’air en dehors des deux lèvres. Une différence de temps Mexicains, à l’instar de Raphael Méndez.
et de dimension s’observe entre la pointe de la langue contractée qui opère son
recul pour un nouveau TU et la langue plate qui se rétracte instantanément de O ou OH !
quelques millimètres. Lèvres avancées et arrondies, bouche en cul
Ce qui vient d’être traité ne constitue pas le seul panel d’exercices s’apprentissage. de poule !
Je les considère comme une « rampe de lancement » pour dans le premier et Orbiculaire, Buccinateurs et Compresseurs
court laps de temps, être de suite à la recherche de la qualité de son, du goût de contractés. Traduction de l’étonnement, l’abus,
l’émission propre, nette et précise gage d’une future délicatesse d’expression. l’horreur. Langue rétractée et contractée.
Le travail sur les liaisons, les nombreuses variétés d’articulations, les gammes, les voyelle a oublier pour les instrumentistes.
familles arpègiques… tout ce qui contribue à l’extension du langage technique Lèvre inférieure en contraction ainsi que la
instrumental dont l’indispensable souplesse labiale sont présentées dans de houppe du menton. L’hyper soufflage permet
nombreuses méthodes. d’éteindre une flamme ou bougie.
L’unanimité s’est toujours faite sur notre Bible, La méthode de Jean-Baptiste
Arban. Je pense toutefois que pour les tout-débutants, elle est trop rapidement U
“corsée”. Il faut sélectionner, panacher à travers des modèles d’exercices
Muscles Canins non participants. Risorius
intouchables. Par exemple, personnellement, j’ai ajouté à la page 20 (Edition
en légère contraction et bloqués. Lèvres à
Fischer) N°46 toutes les articulations possibles. Page 42 et suivantes les quartes
demi-ouvertes, un peu débridées vers l’avant.
et les quintes descendantes puis à partir de l’accès au niveau plus élevé, les
Prive le Myrtiforme de sa qualité de pince
tierces et secondes supérieures au dessus de MI- Sol, 4ème et 5ème ligne pour
atteindre le passage aigu-sur-aigu en secondes majeures, pistons levés ou en centrale. Permet trop à la pointe de la langue
doigtés factices. de s’infiltrer entre les deux lèvres (d’où le
André Daire drame du ‘TU’.). En abaissant la pointe de
1 : En qualité de juré aux quatre épreuves du C.A de 1982 à 1994, j’ai trop souvent entendu la langue sur la face postérieure des incisives
des candidats employer ces recommandations stupides avec des élèves-témoins. inférieures permet avec les Buccinateurs de
2 : S.T.M. CAR Système de Transmission des Modulations de Compression d’Air qui à 90 ans je
siffler très fortement dans l’aigu.
suis en mesure, pour l’instant, d’assurer sur le « terrain » la preuve intangible de mes propos.
N° 21 I / 2012 > page 23
 Chronique de Disques de Claude Decugis
Pédagogie
Propriétés
et utilisation des
différents muscles
du visage
par André Daire
Orbiculaire : Elliptique, occupe l’épaisseur des deux
lèvres. Fibres concentriques. Détermine l’occlusion de
la bouche, l’étire ou la « rapetisse », participant en
ce sens à la souplesse et la résistance du tissu labial
contre les appuis plus ou moins importants des bords
d’embouchure.
Compresseur des lèvres. (Superficiel plus profond).
Comprime les lèvres dans leur épaisseur d’avant en
arrière et inversement. Muscle de la résistance et de
l’obturation. Qualité exceptionnelle : l’obtention du
trille « pneumatique ». Les mini-saccades compressives
des bords d’embouchure sur le tissu labial d’avant
en arrière, permettant d’obtenir des trilles beaucoup
plus rapides, nombreux, instantanés qu’avec le mini-
mouvement de souplesse de la lèvre inférieure. Autre
action : muscle de la succion chez le bébé. Les lèvres
plus charnues des gens de couleur sont favorables.
Myrtiforme : Abaisse l’aile du nez et rétrécit
transversalement l’orifice des narines. Muscle de la
pince centrale. Les détenteurs de la forme parfaite en
feuille de Myrte sont rares, à condition de ne pas trop
en compresser la terminaison.
Canin : muscle qui recouvre la dernière canine. Elève
la partie interne de la commissure, Risorius, et la lèvre
inférieure. Aide parfois les bords d’embouchure à bien
« se caler » entre ses parties internes.
Houppe du menton. Elévateur du menton et de la lèvre
inférieure. Sur des séquences filmées, j’ai observé
que l’exceptionnel et merveilleux Maynard Fergusson
s’en servait beaucoup. excelente répercusion sur la
compression.
Risorius de Santorini : inconstant triangulaire, attire en
dehors et en arrière la commissure des lèvres. Pour les
« petits cuivres » ne doivent être utilisés que comme «
bloqueurs » des Buccinateurs.
Buccinateur : Ce muscle s’insère dans la partie profonde
de la joue, entre les deux maxillaires et la commissure
des lèvres. Expulseur, Pulseur, Compresseur, c’est le
muscle de la succion chez le bébé et du sifflet chez
l’adulte. Moteur de la compression.
Zygomatique. Petit : attire en haut et en dehors la lèvre
supérieure. Grand : élève la joue, porte en dehors la
commissure. Peut participer un peu à la compression
et au blocage labial.
Carré du menton et Triangulaire. Abaisseurs de la lèvre
inférieure et de la commissure. « Etireurs » des deux
en dehors. Constituent une Mimique à éviter dans la
pratique de l’instrument.
N° 21 I / 2012 >
Orchestres
PORTRAIT
de JEAN DAETWYLER
Orchestre d’Harmonie de l’Ar-
mée Suisse
direction: Philipp Wagner
Références: AMOS6056- Disponible chez: Tonstudio Amos AG – CH 4207
Bretzwil – Suisse Site: http://www.blasmusik.ch
De la lignée des plus grands compositeur Suisses pour orchestre
d’harmonie, Stephan Jaeggi, Paul Huber, Albert Benz ou Frantz
Konighshofer, Jean Daetwyler, né à Bâle, (1907-1994)laissera une
trace indélébile dans le monde musical de son pays.
S’il a achevé ses études à l’Ecole César Franck de Paris; il s’est ins-
tallé à Sierre, dès 1938, où durant 40 ans, il a gravé la vie artistique
de sa région, le Valais.
Il est resté 40 ans à la direction de la Gérondine (Harmonie) et pres-
que autant de la Sainte Cécile (Chœur). Professeur au Conservatoire
de Sion, il était aussi un membre influent de la Commission de
Musique Suisse (Fédération Nationale des harmonies).
En fait, et vous l’avez bien compris, Jean Daetwyler était un person-
nage important. Aussi est-ce avec un plaisir non dissimulé que je
vous propose ce bel enregistrement réalisé par l’Orchestre d’Harmo-
nie de l’Armée Suisse, placé sous la baguette de Philipp Wagner.
Enthousiasme, fraicheur, musicalité, rigueur, voilà un ensemble qui
sort de l’ordinaire, parce qu’il est composé des meilleurs jeunes mu-
siciens du pays qui, par sessions, effectuent leur service militaire.
Magnifique et unique réussite ! De Jean Daetwyler , je ne connaissais
que la remarquable marche MARIGNAN qui date de 1939 et qui
situe son auteur au même niveau que les Sousa, Fucik ou Teike.
C’est tout dire !
Formule très originale que celle utilisée pour la SINFONIETTA ALPES-
TRE où le soliste est un Cor des Alpes. Certes, on sort des sentiers
battus, mais le résultat est vraiment épatant pour une œuvre festive,
recueillie ou joyeuse et un soliste, Nicolas Devène, de très haut ni-
veau.
Ecrit en 1967, commande du Musikpreis Grenchen, BALLET SANS
BALLERINE fait appel à toute notre imagination, mais ne manque
surtout pas d’arguments. Si je vous dis: romantisme, élégance, agi-
lité ou délicatesse, est-ce suffisant ?
J’ai beaucoup apprécié KARL DER KUHNE (Charles le Téméraire),
un poème symphonique inspiré de l’histoire. C’est tout à la fois som-
bre ou brillant, agité ou incertain, mais c’est avant tout une pièce qui
dénote tout le caractère fier du compositeur.
Mais pourquoi ma préférence va-t-elle à la DANSE DU LOETSCHEN-
TAL ? Composée e 1985, elle est toujours disponible aux éditions
Milgra et remporta, la même année, le 1° Prix du Concours organisé
par la Télévision Suisse. Jean Daetwyle enleva la palme dans un con-
cours très disputé puisque présentant 78 compositions.
Nul ne sait si il a utilisé d’anciennes mélodies de la région ou, tout
simplement, imaginé un folklore qui correspondait à son idée ou à
son rêve !
La musique est généreuse, joyeuse, vive et heureuse et elle est la
représentation idéale de ce magnifique compositeur qu’est Jean
Daetwyler.
page 24
 Les Sacqueboutiers
d’Harmonie ensemble de cuivres anciens de Toulouse

A l’occasion du 35ème anniversaire de leur fondation,

Les Sacqueboutiers présentent leur dernier enregistrement:

Tuba Mirum

JEROME NAULAIS Portrait

Volume 4
Philharmonic Wind Orchestra
direction: Marc Reift
Références: MARCOPHON
CD 7186 – Disponible chez: éditions Marc Reift
Route du Golf – 3963
Crans Montana – Suisse
Site: www.reift.ch

A l’occasion de son 60° anniversaire, Jérôme NAULAIS

(Paris, 1951) a été généreusement fêté par son éditeur
fétiche, Marc Reift de Crans Montana en Suisse.
En effet, j’ai reçu 25 disques et vous ne m’en voudrez
certainement pas de vous présenter seulement quel-
ques spécimens choisis de cette incroyable série.
Comme à chaque fois, il y a deux disques par coffret
et un choix délibéré de la musique originale qui sied si
bien à notre compositeur parisien. Ils ont invité à les rejoindre trois virtuoses du trombone et de la
Plusieurs œuvres avec soliste(s) ont attiré mon sacqueboute parmi les plus réputés au monde :
attention, car c’est une denrée plutôt rare, surtout
dans les niveaux intermédiaires.
TOUNDRA, modéré et expressif, est dédié à la clari-
Michel Becquet,
nette, alors que BAYSIDE est un blues joué par le saxo- Jörgen van Rijen et Fabrice Millischer.
phone alto. Sur une musique dansante, avec boléro et
du jazzy, BLUE BONE est souligné avec talent par le
soliste, le compositeur et tromboniste suisse Bertrand
Cette collaboration est une première et constitue un atout consi-
Moren. dérable. En effet, si Michel Becquet, professeur au Conservatoire
Mélodieux et facile, toutefois un peu bref, MORNING National Supérieur de Lyon et à la Haute Ecole de Musique du
donne une belle opportunité au flûtiste Lenka Rericho- Conservatoire de Lausanne est le pionnier dans la redécouverte
va, alors que BLUE CLARINET, sans problème techni- des instruments anciens aux côtés des Sacqueboutiers,
que, nous offre toute sa musicalité. Fabrice Millischer et Jörgen Van Rijen sont les chefs de file de la
En dehors des solos, j’ai beaucoup aimé IRISH STORY,
nouvelle génération de brillants instrumentistes.
avec ses trois parties et des mélodies empruntées au
folklore irlandais. La valse musette MONTMARTRE
nous entraine dans le Gai Paris, d’une autre époque Cet enregistrement est constitué d’œuvres issues des plus belles pièces
certes, mais si cher aux touristes, comme l’Allegro de originales consacrées à la sacqueboute (ancêtre du trombone), avec
style espagnol FLAMME AND CO nous conduit vers des des compositions de William Holborne, Giovanni Gabrieli, Samuel
contrées plus ensoleillées, au sud de l’Europe. Scheidt ou encore Heinrich Schütz dont le motet ‘’Fili mi Absalon’’ est
Beaucoup de pièces de qualité, assez courtes en général, interprété par la basse Renaud Delaigue.
mais susceptibles de meubler avantageusement les
programmes de la plupart de nos orchestres d’harmonie.
Merci Jérôme ! 22 bis rue des Fleurs
31000 Toulouse (France)
Tél. (33) 05 61 13 00 18/Fax 05 61 13 33 02
les.sacqueboutiers@wanadoo.fr – www.les-sacqueboutiers.com
N° 21 I / 2012 > page 25
 CDs
Chronique de Disques de Claude Decugis
nouveautés
BY THE RIVER BY THE RIVER
Nagoya University of Arts Wind Orchestra
direction: Jan Van der Roost/Masaichi Ta-
keuchi
Références: De Haske DHR 04-032-3 – Disponible chez
De Haske France
La magnifique interprétation de l’Orchestre d’Harmo-
nie de l’Université des Arts de Nagoya (Japon) met
encore plus en valeur la qualité des œuvres présen-
tées.
Avec une double direction d’orchestre, Jan Van der
Roost et Masaichi Takeuchi, la formation nippone est
étincelante, jouant avec une fougue et une musica-
lité exceptionnelles.
Ecrite pour le 150° anniversaire de l’Harmonie Roya-
le de Rupelzone-Boom, BY THE RIVER de Jan VAN
DER ROOST ( 1956) fait allusion à la rivière Rupel
qui traverse la ville. C’est une belle fresque musi-
cale, recherchée et délicate qui dénote aussi la joie
et le bonheur des habitants de cette zone rurale.
Réalisé sous forme d’un Andante mélodieux, lumi-
neux et poétique, WHITE LIGHT de Philip SPARKE
(1951) met en valeur le hautbois solo. C’est une
commande du Hautboïste Fumiko Teramoto, très
connu à Tokyo.
J’apprécie toujours la musique du Luxembourgeois
Marco PUTZ (1958) et sa A LITTLE IRISH SUITE n’y
déroge point. Avec ses trois mouvements basés sur
la musique folklorique irlandaise, il en résulte une
pièce assez facile, joyeuse et entrainante, à recom-
mander à nos orchestres de niveau intermédiaire.
L’intensité de BROKEN SWORD de Kevin HOUBEN
(1977) est créée par une grande diversité d’atmos-
phères. Après un début dans une harmonie sereine
et émouvante arrivent d’autres moments plus agités,
à la vitalité évidente.
Le compositeur suisse Gilbert TINNER (1956) nous
propose DREAMS AND MIRACLES. Entre rêves et
réalité, il mêle expression et nostalgie à un allegro
clair et optimiste, symbole d’un homme réaliste.
Un Andante avec une belle ligne mélodique grave,
suivie d’un Allegro léger et joyeux, c’est toute la
simplicité de DIPTYQUE de Jan VAN DER ROOST.
Cette pièce est basée sur deux mélodies populaires
japonaises créant ainsi une atmosphère tout à fait
orientale.
Composé en 1988, CAPTAIN MARCO est la première
pièce pour orchestre d’harmonie de Hayato HIROSE
(1974). Elle a été inspirée par le navigateur Marco
Polo. C’est une musique bien construite, claire, ex-
pressive ou légère, avec une qualité musicale cer-
taine.
De bons moments musicaux en perspective avec ce
«By the River».
THE GOLDEN SECRET
Musique de Otto M. SCHWARZ
Références: Mitropa – M-Disc 209-040-3 – Disponi-
ble chez De Haske France
Compositeur autrichien né à Neunkirchen en
1967, Otto M. SCHWARZ a fait ses études à
l’Académie de Musique de Vienne, notamment
en trompette et en composition.
Sa production touche à tous les domaines: mu-
sique commerciale, le cinéma, la radio, la télé-
vision et, bien sûr, l’orchestre d’harmonie qui
reste son principal support puisqu’il est joué
partout en Europe et à l’international.
Cette compilation fait appel à plusieurs orchestres de grande qualité comme la
Musique de l’Armée Néerlandaise «Johan Willem Friso», la Musique de la Police
de Vienne, la Musique de l’Armée Allemande ou le Midwest Winds.
Toujours sélectif, par force, j’ai surtout relevé trois magnifiques pièces et pour
commencer
MANTUA qui porte le nom d’une cité italienne. L’auteur se réfère à l’histoire qui a
longtemps opposé les Autrichiens aux Italiens. On retrouve ici des éléments d’in-
certitude, de vigueur, d’agitation et, finalement de triomphe éclatant.
Le cap Horn est situé à la pointe sud de l’Amérique du Sud et représente un danger
potentiel pour tous les navigateurs. Dans CAPEHORN, le cor solo déjoue toutes les
embuches trouvées dans cette pièce de caractère, énergique et expressive, totale-
ment maitrisée par le soliste, Stefan Klein au cor.
Avec beaucoup d’autorité, l’auteur nous dit tout sur le GOLDEN SECRET, une com-
position à la fois mystérieuse, vigoureuse, au final sonore où tout semble dit avec
véhémence et expression. Mais le secret, vous le connaissez ?
Quelques mots sur l’excellent saxophoniste Gert Kolaja, soliste talentueux de SAX-
PACK au style jazzy et variétés, bien loin des standards du répertoire conventionnel
du saxophone.
De l’excellent et du moins bon dans cet enregistrement qui vaut la peine qu’on
s’intéresse à lui.
SPANISH MUSIC FOR WIND BAND
Divers Orchestres d’Harmonie
disponible chez Rivera Editores – Site: www.riveraeditores.es
Je viens de découvrir les éditions Enrique Rivera au travers de cet exceptionnel
enregistrement de «Musique Espagnole pour Orchestre d’Harmonie».
Il me faudrait dix pages pour détailler son contenu et vanter les mérites de tous ces
orchestres. Je vais au moins citer toutes ces belles formations qui m’ont fait frémir:
Banda Municipal de Bilbao, direction Rafael Sanz-Espert; Banda Sinfonica do Es-
tado de Sao Paulo, direction Rafael Sanz-Espert; Banda Sinfonica del Conservatorio
Superior de Aragon, direction Miquel Rodrigo; Banda de la Filharmonica Alcudiana,
direction Rafael Sanz-Espert et Sociedad Santa Maria Magdelena de Novelda, di-
rection José Antonio Perez Botella.
Un mot sur les solistes, plus valeureux les uns que les autres, haut niveau pour
tous: Ximo Vicedo au trombone, Woodrow English à la trompette et Antonio Suarez
Saavedra à la clarinette.
Enfin, j’en dirai un peu plus sur mon choix de répertoire, très difficile à effectuer
car tout était super intéressant.
Le CONCERTO d’Oscar NAVARRO exprime de somptueuses sonorités avec un so-
liste, à la clarinette, étonnant par sa dextérité et son sens artistique.
Du même Oscar Navarro, un épatant EL ARCA DE NOE, si vivant et si proche de ce
qu’on imagine sur cette incroyable aventure.
L’intensité et la poésie sont réunies dans TE BON E PAIPORTA de Ferrer FERRAN, une
pièce conséquente de vingt minutes, en trois mouvements dédiée au trombone.
De DE CAUSIS de Francisco ZACARES, j’ai retenu les belles phrases et la vitalité,
alors que LA NOCHA DE BRAHMA de Jesus SANTANDREU exprime à la fois nos-
talgie et énergie.
Ah, j’oubliais la CHAMBER SYMPHONY de José SUTER, avec ses trois parties, dont
un remarquable Cantique à la ligne mélodique lumineuse et au timbre clair.
Et encore: VELO DE ISIS de Jesus SANTANDREU, AN AMERICAN IN VALENCIA
signé Gregory FRITZE ou VARIACIONS IRONICAS de Francesco BORT.
En fait, il n’y a que l’embarras du choix pour un coffret de deux disques qui doit
absolument trouver sa place dans votre discothèque.
N° 21 I / 2012 > page 26
 Orchestres
CLOUD FACTORY
Banda Sinfonica del
Conservatoriode Musica
de Asturias
direction: Johan de Meij
Références: Amstel Classic CD 2011-01
Disponible chez De Haske France
Tromboniste, compositeur, chef d’orchestre,
enseignant, éditeur de musique (Amstel
Music), Johan DE MEIJ est vraiment l’homme
aux multiples casquettes. Mais comme il
oeuvre dans tous les domaines avec un égal
talent, on peut parler pour lui de réussite
totale.
Dans cet enregistrement, il est à la tête de
l’Orchestre d’Harmonie du Conservatoire Su-
périeur de la Région des Asturies et nous
présente quatre nouveaux spécimens de sa
production.
Comme toujours ces pièces durent au mini-
mum dix minutes et sont généralement réser-
vées aux orchestres d’harmonie de bon ou très
bon niveau.
Dans l’ouverture SPRING, avec voix de femme,
on ressent l’éveil de la nature. La vie est belle,
joyeuse, avec d’abord un Allegro en forme de
danse. Quant au final, il sera vivant et coloré.
Un local dans la zone industrielle, le mouve-
ment d’une machine, les vagues et les mouet-
tes, en fond, c’est CLOUD FACTORY, très des-
criptif, mais tellement vrai qu’on s’y croirait !
Changement total de décor avec AT KITTY O’
SHEA’S, une suite d’orchestre basée sur des
mélodies
populaires irlandaises. Un peu de solennité,
une douce mélodie et, surtout, beaucoup de
danses, un peu folles au final.
Commandée par la firme allemande Juni,
WIND POWER a été créé en octobre 2010. Il
fait montre d’une saine vitalité sous la forme
d’une grande marche, un peu pesante. L’ul-
time allegro sera brillant et clair à l’image du
symbole qu’il représente.
La conclusion appartiendra à THE SEVILLE
SUITE de Bill WHELAN, avec un heureux mé-
lange de danses vives et de phrases poétiques
à consonance ibérique.
Toujours du bon, et même de l’excellent
(Spring) chez Johan De Meij. A consommer
avec envie, au coin du feu, en cette période
hivernale.
d’Harmonie
CUBAN SOUND
Fiatinsieme
direction: Enea Tonetti
Références: Scomegna – SC 213 CD – Dis-
ponible aux éditions Robert Martin à Mâcon
Habituellement, on a droit à un orches-
tre d’harmonie, mais cette fois, quelle
opulence, on est gâté, puisqu’on arrive
à quatre. L’essentiel est réalisé par Fia-
tinsieme, ensemble bien apprécié de
nos lecteurs, le reste étant dévolu à la
Banda du Conservatoire Supérieur de
Murcie (Espagne), à l’Association Mu-
sicale d’Ales et à l’Harmonie de Cortina
d’Ampezzo.
Et toute une série de compositeurs ita-
liens parmi lesquels nous avons relevé
les œuvres les plus marquantes de cet
enregistrement très éclectique, à défaut
d’être enthousiasmant.
L’œuvre titre CUBAN SOUND de Gian-
carlo GAZZANI (1941) nous offre un
dépaysement exotique et latino sur les
plages sud américaines
GIORNO DI FESTA , Jour de Fête, de
Giovanni BRUNI nous entraine dans
une journée festive italienne où la dan-
se tient la part la plus importante.
Une marche très entrainante, CLEO-
PATRA, est signée Donald FURLANO
(1965) avant une seconde marche, de
défilé cette fois, qui rend hommage à
un des pères de l’unité italienne CA-
VOUR, due au talent de Lorenzo PUS-
CEDDU (1964).
REGINA MONTIS, c’est encore une
marche, modérée et solennelle, écrite
par Antonion ROSSI (1964), également
chef de la banda de Cortina d’Am-
pezzo.
On trouve aussi plusieurs chansons
populaires chantées, très agréables à
écouter et qui sont dans un style pure-
ment transalpin.
La célèbre MAMMA de C.A. BIXIO nous
enchante, au moins autant que MAT-
TINATA de Ruggero LEONCAVALLO ou
l’éternel TORNA A SORRENTO d’Ernest
De Curtis.
Un petit air de vacances au soleil d’Ita-
lie ! Toujours bon à prendre.
N° 21 I / 2012 > page 27
Sélection Fanfare
TIGNALE
Synfonische Blasorchester Einschede
direction: Luce Hoekstra
Fanfare Union Zelhem
direction: Harrie Janssen
Références: BMC 95002-2 - Disponible chez:
Stormworks Europe
C’est très rare, mais ça arrive: réunir sur un même
disque un orchestre de fanfare, ici Fanfare Union
de Zelhem, direction Harrie Janssen, et un or-
chestre d’harmonie: Symfonisch Blassorkester de
Enschede, direction Luce Hoekstra.
C’est un excellent choix d’autant que ces deux
formations se situent parmi l’élite néerlandaise
des orchestres à vent, un domaine très fourni en
quantité comme en qualité. Harrie Janssen, on
le connait déjà, et sa passion pour l’orchestre de
fanfare s’exprime encore à la tête de la Fanfare
Union de Zelhem.
Dans un répertoire très varié, nous avons noté la
dextérité et la musicalité des fanfaristes, avec ces
sonorités spécifiques et douces apportées par les
saxhorns, et surtout les bugles. Dans KRAKEN de
Chris HAZELL, chacun se lâche dans des airs jazzy,
avec un rythme syncopé et un swing bienvenu.
J’ai aussi apprécié LAND OF CZARS de Jerry BILIK,
une suite d’orchestre avec des consonances cosa-
ques, slaves et orthodoxes de la meilleure veine.
De Dmitri SHOTAKOVITCH, l’OUVERTURE TO
THE GADFLY permet à l’orchestre d’exprimer
toute son énergie et son intensité sonore.
Avec ses belles phrases, sa douce musicalité,
l’ARIETTA FOR WIND de Franck ERICSSON est
un bel exemple d’adaptation réussie, car passant
de l’harmonie à la fanfare.
Avec un répertoire assez spécifique et plusieurs
pièces originales, l’Orchestre d’Harmonie d’Ens-
chede nous donne une démonstration de son ta-
lent.
A la fois dynamique et tendre, le surprenant TAN-
GO FOR WINDS de Roberto DI MARINO nous a
particulièrement séduit.
Utilisant des mélodies populaires italiennes avec
beaucoup de raffinement, Carl WITTROCK nous
emmène vers le petit village de TIGNALE situé
sur les hauteurs du lac de Garde.
Enfin, de Harrie JANSSEN, un intéressant ROMA
WELLS, œuvre en trois parties commençant par
un Allegro vigoureux. Il sera suivi d’un Andante
aux teintes sombres et final au caractère
vif. Passez un bon moment musical entre fanfare
et harmonie.
 Chronique de Disques de Claude Decugis
claudecugis@free.fr
CORY IN CONCERT volume I
Cory Band
direction: Robert Childs
références DOY CD 239 – Disponible chez Salva-
tionist Publishing
Le Cory Band est une des plus fameuses for-
mations de brass band au niveau européen.
La preuve ? Elle vient de remporter le titre
dans le championnat britannique, puis le
Championnat Européen et, enfin, au Con-
cours Mondial de Kerkrade, elle est montée
sur la plus haute marche du podium ! Qui dit
mieux ? Une vraie razzia ! !
Profitons de leur talent, du en partie à leur
exceptionnel directeur, Robert Childs, pour
déguster ce magnifique enregistrement réa-
lisé tout récemment.
Techniquement, ils sont quasiment parfaits,
mais l’essentiel est dans le collectif, avec
une balance sonore équilibrée, on ne peut
mieux. Et comme tout ce qui est phrasé et
musicalité est exemplaire ! Vous ne con-
naissez pas encore le Cory Band ? C’est une
faute de goût, Cher
Lecteur !
On commence avec INTO THE LIGHT de
Philip WILBY, un allegro énergique, éclatant
de sève, avant d’enchainer avec RUSSLAN
ET LUDMILLA de Mikhail GLINKA. Bien sûr,
rien ne peut remplacer les cordes, mais ve-
nez donc écouter les cornets de Cory Band !
Ouf, c’est quelque chose !
Acrobatique, virtuose, très technique, c’est
ce que j’ai relevé sur mes fiches concernant
CAPRICCIO pour trombone de Philip SPAR-
KE, avec Christopher Thomas, super star au
trombone.
Venant de loin, avec un crescendo impres-
sionnant et puissant, c’est les PINS DE
ROME d’Ottorino RESPIGHI, une œuvre
d’une réelle intensité et d’une vérité frap-
pante.
Avec Bert van Thienen au cornet mi b,
BRAMWEN de Cai ESFRYN expose deux
facettes de son instrument. Au début, le
tempo est modéré et expressif, alors que la
seconde partie exploite les sons suraigus de
l’instrument.
On pourrait citer toutes les compositions,
alors allons-y brièvement, avec ZIRKUS
RENZ et un brillant Gavin Pritchard au xylo-
phone ou TRIOKA TIDY avec l’époustouflant
David Childs à l’euphonium.
Ecoutez ce disque de A à Z, vos n’aurez que
d’agréables surprises.
Brass Bands
DREAMING OF THE MASTERS
JENS LINDEMAN
trompette et Foden’s Band
direction: James Gourlay
Références: DOY CD 283
Disponible chez Salvationist Publishing
Le prodigieux trompettiste Jens Lindemann et le Foden’s
Band, conduit par James Gourlay, voilà un beau plateau
pour un disque très attirant et, surtout, de belle facture.
Ces brass bands britanniques sont étonnants ! On se de-
mande où sont leurs limites, car avec Cory Band et Black Dyke Band, le Foden’s Band fait
partie du dessus du panier british en la matière. Et à quel niveau !
Deux compositions conséquentes forment l’ossature de cet enregistrement. Tout d’abord APO-
PHENIA de Peter MEECHAN qui est interprétée au cornet, puis au bugle, enfin à la trompette,
en fonction du timbre spécifique. C’est d’abord un Vivo, technique et agité, puis un Lento, très
calme et serein. Enfin, le final est très rythmé et le soliste se retrouve dans les hautes sphères,
sans perdre un pouce de sa virtuosité.
DREAMING OF THE MASTERS III d’Allan GILLILAND est l’autre pièce importante de cet
enregistrement. Le début, Blues, ne laisse pas présager ce qui suit: un swing avec des improvi-
sations de folie. Ouf ! La prière, avec son monologue, nous permet de retrouver le calme avant
une conclusion au rythme latino effréné.
L’arrangement de Paillasse de Leoncavallo, sous le nom de ON WITH MOTLEY, nous a charmé
par son expression distinguée.
Citons aussi la prière GIVE ME JESUS, air traditionnel qui apporte toute sa tranquillité et ce
repli sur soi-même nécessaire dans ce cas.
AMAZING GRACE , on le connait mais on l’apprécie toujours autant, surtout lorsqu’il est dis-
tillé de façon aussi artistique.
Ecrit pour tuba solo, THE STRAIT OF HORMUZ de Sam PILAFIAN et Patrick SHERIDAN est ici
joué au cornet, au bugle et puis à la petite trompette. Si le début est quasi improvisé, on passe
par diverses émotions pour terminer dans un style semi oriental, inattendu mais apprécié. Ici,
tout est bon à consommer: le trompettiste est magnifique et le Foden’s Band : excellent !
ESSENTIAL DYKE, volume X
Black Dyke Band
direction: Nicholas Childs
Références – DOY CD 273
Disponible chez Salvationist Publishing
Le Black Dyke Band, on le sait, tutoie en permanence l’ex-
cellence, sous la direction d’un
grand maître, l’exceptionnel Nicholas Childs et cette per-
formance: rester parmi les meilleurs, est à saluer.
On imagine bien le travail assidu et les efforts soutenus
que cela nécessite lorsqu’on pense au nombre d’enregistre-
ments ou de concerts réalisés par le Black Dyke.
Et comme d’habitude, je me suis régalé car le répertoire reste toujours choisi avec un goût très
sûr et une recherche renouvelée, mais judicieuse.
Cette fois, j’ai été épaté par CROWN IMPERIAL écrit en 1937 par William WALTON, pour le
couronnement du Roi George VI. Quelle noblesse, quelle allure, c’est superbe !
Une seconde oeuvre d’un grand maître anglais, Malcolm ARNOLD nous est proposée avec
FOUR CORNISH DANCES. Un Vivace vigoureux précède un Andantino lointain et paisible.
Puis vient le Con Moto, un andante expressif avant la conclusion avec un Allegro agité qui
offre le thème aux basses.
Joseph Cooke au tuba solo, on a déjà eu l’occasion de l’apprécier en d’autres circonstances.
C’est encore le cas avec KLEZMORIN de Sandy SMITH. C’est une pièce pleine de vie et de
mélancolie qui se réfère à la musique klezmer avec son final virtuose.
KIRTON 140 de Philip WILBY est une marche réalisé pour célébrer les 140 ans d’existence
du Kirton Band, situé dans la région du Lincolnshire. La marche est adaptée à la région et à
ses habitants avec son Allegro vigoureux et fier. Une bien belle marche.
Pour terminer cet enregistrement, l’orchestre a choisi la final de la SYMPHONIE N°3 pour
orgue de Camille SAINT SAENS. C’est magnifique, on croirait que le compositeur français l’a
écrite spécialement pour ce brass band.
Bravo et Merci le Black Dyke Band. Et continuez !
N° 21 I / 2012 > page 28
GRIMETHORPE IN CONCERT
Volume IV
Grimethorpe Colliery Band
direction: James Gourlay
Références: MCPS – SFZ 151
Disponible chez Salvationist Publishing
Le Grimethorpe Colliery Band a été créé en
1917 et, déjà, en 1918, il participait au con-
cours
de Belle Vue à Manchester, signe d’expansion
précoce.
Placé sous la direction de James Gourlay, cet-
te formation détient quelques titres de gloire
qui situent sa valeur. En 1992, un titre de
champion de Grande Bretagne de brass band
avec l’incroyable total de 99 points sur 100,
puis l’inoubliable film Brass Off, en français,
les Virtuoses, enfin, un exceptionnel concert
au Carnegie Hall de New York en 2003.
Aujourd’hui, l’ensemble maintient son niveau
et le prouve avec notamment CANTERBURY
CHORAL de Jan van der ROOST. Une musi-
que harmonieuse qui génère un tutti intense
et sonore, avant le retour à un calme céleste.
Musique traditionnelle BELIEVE ME … bé-
néficie du talent de Michael Dodd à l’eupho-
nium qui s’exprime avec aisance dans cette
mélodie expressive.
Écrit pour orchestre d’harmonie par l’Austra-
lien Percy GRAINGER, IRISH TUNE FROM
COUNTY DERRY est bien rendu avec une
pâte sonore très onctueuse et agréable pour
l’auditeur.
Le paso-doble AMPARITO ROCA de Jaime
TEXIDOR est d’un tempo habituellement
rapide, ici peut-être un peu trop, mais tel-
lement bien interprété qu’on peut pardonner
de tels excès !
Un autre soliste, Andrew Holmes au bugle,
qui déclame joliment CHILDREN OF SAN-
CHEZ de Chuck MANGIONE. Belle sonorité,
envie et qualité technique de notre homme
sont à souligner.
Un second air traditionnel en provenance
du Nord Est de l’Angleterre, DANCE TO THI
DADDY
utilise la musique de cette région sur une fine
orchestration de Darrol Barry.
Il y a encore bien d’autres titres à vous signa-
ler, mais vous aurez l’occasion d’écouter la
totalité de ce disque de qualité. Les cadeaux,
même en retard, ça fait toujours plaisir !
PATRONS’ CHOICE volume IV
Foden’s Band
direction: Michael Fowles
Références: DOY CD 267
Disponible chez Salvationist Publishing
On continue la tournée des brass bands his-
toriques britanniques avec le Foden’s Band,
déjà entendu en collaboration avec le trom-
pettiste Jens Lindeman.
Sous la baguette de Michael Fowles, on sent
bien un orchestre aux rouages bien huilés,
à la technique impeccable et, en sus, des
solistes dont nous allons vous vanter les
mérites.
C’est tout d’abord Mark Wilkinson au cornet
dans HEJRE KATI de Jeno HUBAY, violonis-
te et compositeur hongrois. L’oeuvre est ba-
sée sur des danses gitanes, avec alternance
d’expression et de virtuosité. Beau soliste.
Le bugle est un instrument à la douceur
proverbiale et dans MARIANNE de Martin
BUNCE, Helen Williams nous charme par
ses sonorités suaves.
De Peter GRAHAM, voici EPISODE avec
Lesley Hovie au ténor horn. Je crois qu’en
France, on l’appelle sax-horn alto ou encore
pichotte. C’est un instrument peu connu
qui étonne par sa dextérité et une sonorité
inattendue, mais bienvenue.
L’euphonium, on le connait bien et on
l’apprécie pour sa propension à s’exprimer
de façon mélodieuse, comme le fait Glyn
Williams dans BE MY LOVE de Nicholas
BRODZKY. Très court, mais très technique,
SPINNING SONG de Félix MENDELSSOHN
nous donne l’occasion de découvrir Mark
Landon au marimba.
En dehors des solistes, citons HYMN TO
BAROSSA de Andy SCOTT, un choral tout
de musicalité et de finesse. De William
RIMMER, on connait surtout les brillantes
marches dont la qualité n’est plus à louer.
Ici encore, c’est un régal d’entendre THE
COSSACK dont la vitalité est la marque de
fabrique.
Les brass bands aiment bien les grandes
ouvertures classiques et avec COLAS BRU-
GNON de Dmitri KABALEVSY, ils sont gâ-
tés et nous aussi. Quelle technique, surtout
chez les cornets !
Le Foden’s Band, une bien belle formation
a apprécier dans sa totalité.
N° 21 I / 2012 > page 29
CELEBRATION
Fountain City Brass Band
direction: Joseph Parisi
Références: DOY CD 282
Disponible chez Salvationist Publishing – Londres
Le Fountain City bras Band est une formation
nord américaine qui, à l’image des ensem-
bles de cuivres anglais, veut divulguer cette
culture musicale. Créé en 2002, le FCBB est
cantonné dans la région de Kansas City et est
dirigé par Joseph Parisi, professeur assistant
à l’Université du Missouri.
Ce brass band de bon niveau nous offre un
répertoire varié avec de la musique européen-
ne, mais aussi quelques produits américains.
Composé pour le centenaire de la Statue de
la Liberté, en 1986, LIBERTY FANFARE de
John WILLIAMS est devenu un standard pa-
triotique aux Etats Unis.
O.R.B. de Charles ANDERSON est une mar-
che typique avec son traditionnel tutti de bas-
ses. Elle a été commandée par Oldham Rifles
Brigade.
Composée à la mémoire de la Princesse Dia-
na, décédée tragiquement en 1997, HYMN
FOR DIANA de Joseph TURRIN est un hymne
aux accents de prière, moment intense de re-
cueillement et de pensées émues.
Le fameux CARNAVAL DE VENISE de Jean-
Baptiste ARBAN est mis à toutes les sauces,
mais celle-ci manque singulièrement d’assai-
sonnement, soliste inclus.
La chanson populaire irlandaise CARRICK-
FERGUS, bien orchestrée par Roberts permet
à Lee Harrelson d’exprimer tout son potentiel
expressif à l’euphonium.
Le dernier mouvement des PINS DE ROME
d’Ottorino RESPIGHI est toujours très prisé
des brass bands et le FCBB sait le maitriser
totalement.
Avec Stephen Molloy au cornet, nous avons
retrouvé LIVE AND LET DIE de Paul MC CAR-
TNEY. Un air de blues, un peu de mouvement
et retour au début constituent l’essentiel de
cette pièce.
Le compositeur américain Stephen BULLA et
son ROLLER COASTER sont le symbole de
l’avènement du bras band aux Etats Unis. Cet
Allegro marcato et animé conclut en fanfare
ce bon enregistrement du FCBB.
 Disparitions
Infatigable
musicien,
pédagogue,
chercheur
et journaliste
Raymond
Fonsèque
est décédé
le 19 novembre 2011
à l’âge de 81 ans.
Tromboniste, passionné de jazz et de musique, Raymond
Fonsèque faisait partie des grands.
Il a contribué à faire sonner le Jazz Dixie-Swing et depuis les
années 1980, il a su partager par sa pédagogie ce langage
particulier aux nombreux élèves dans les conservatoires et aux
musiciens amateurs.
Raymond était aussi sensible à la justesse et a proposé un
système d’accord des instruments révolutionnaire, le « Super-
tempérament ».
Raymond a occupé, entre autres responsabilités, dans les an-
nées 1990, le poste de trésorier de l’association “Cuivres en
France” et a contribué à cette époque très activement à la
rédaction de La Gazette des Cuivres.
Nous avons une pensée émue pour son épouse, Francine,
qui au tuba formait un duo de choc avec Raymond Fonsèque
animant jusqu’au bout des jazz sessions et le magazine Jazz
Dixie-Swing.
Bien sincèrement, Yves Rémy
Une biographie compléte de Raymond Fonséque,
signée Michel Laplace est publiée sur le site
gazettedescuivres.fr
Alain Recordier Editions
est décédé le 4 janvier à la suite
d’une brutale et terrible maladie.
Il était bien connu des méloma-
nes orléanais. Trombone solo de
l’orchestre d’Orléans, il enseignait
dans notre conservatoire depuis
1979.
Ce provençal était une personna-
lité musicale et humaine hors du commun. Depuis la fin de
ses études au conservatoire de Paris couronnées d’un 1er prix
en 1969, il avait parcouru le monde entier.
Longtemps membre de l’Ensemble de Cuivres Da Camera,
puis du Quintette Arban fondé par Jean-Paul Leroy et Thierry
Caens, il était l’animateur d’un groupe de musique ancienne :
Musicque de Joye qu’il avait créé en 1986.
Les compétences et les recherches d’Alain Recordier s’éten-
daient dans toutes les directions. Il fut l’un des premiers, en
France, à enseigner la sacqueboute et à promouvoir la musi-
que et les cuivres des XVe et XVIe siècle, mais il participait
aussi à des concerts et des enregistrements de jazz et occu-
pait la place de trombone solo de l’orchestre Pasdeloup.
Ses élèves éprouvaient pour lui estime et affection car il était
un modèle, intransigeant, humain et disponible. On ne saurait
évaluer toute l’influence qu’il a eu sur la vie musicale de la ré-
gion, tant pour la formation d’éminents musiciens profession-
nels que pour l’éducation musicale et technique de nombreux
trombonistes amateurs.
C’était un ami, fidèle, attentif, discret.
Claude-Henry Joubert
France
Enseignement supérieur de la Musique
Les nouveaux Pôles supérieurs
Sur les onze Pôles supérieurs habilités en intégrant les deux CNSMD,
six Pôles supérieurs en Musique ouvrent leurs portes aux étudiants
Cuivres –cor, trompette, trombone, tuba.
Alsace, Conservatoire de Strasbourg, Bourgogne, PESM Bourgogne,
PESSV Bretagne – Pays De Loire, Ile de France PSPBB Paris-
Boulogne, Pôle Sup’93, Nord-PDC Pôle Lille.
Seul, le Pôle Sup’93 est restreint aux étudiants trompettistes et
trombonistes.
Une nouveauté pour les étudiants qui découvrent progressivement
un dispositif d’enseignement supérieur de premier cycle où études
musicales se conjuguent avec études universitaires menant à la li-
cence et au DNSPM – diplôme national supérieur professionnel de
musicien. Particularité de certains Pôles qui en convention avec un
CEFEDEM offre d’un « package » de formation diplômante : Diplôme
d’Etat de professeur de musique, DNSPM et Licence de musique.
Les promotions annuelles comptent en moyenne une vingtaine d’étu-
diants pour l’ensemble des disciplines instrumentales et de forma-
tion à la direction. Contrairement à la tradition de classes instrumen-
tales et de concours réservés des CNSMD, Paris et Lyon, les Pôles
supérieurs recrutent les étudiants dans une logique transversale de
compétences et de formation. Le but étant de ne pas les enfermer
dans un espace restreint « de classe instrumentale de Maître ». C’est
pourquoi, les étudiants concourent ensemble dans les mêmes épreu-
ves d’admissibilités, mêlant pianistes, cordes, cuivres, chanteurs,
harpistes et autres…
La rédaction de La Gazette des Cuivres a interrogé l’ensemble des
directions des Pôles supérieurs nouvellement habilités. Vous trouve-
rez l’ensemble de leurs réponses sur l’organisation, le recrutement
d’étudiants, le nombre de cuivres admis, les enseignants, les condi-
tions de formation… sur le site de La Gazette des Cuivres
www.gazettedescuivres.fr.
Une classe d’orchestre clés en main
Mireille Wozniak-Lepinoy, Christophe Pavie
Mireille Lepinoy et Christophe Pavie sont pro-
fesseurs de musique et de français aux «Explo-
rateurs» à Cergy, ce collège qui a accueilli en
1998 la première classe orchestre de France. La
lecture révèle l’incroyable expérience humaine et
apporte la compréhension à tous les porteurs de
projets de la musique instrumentale à l’école.
Mireille Lepinoy est professeur certifié d’édu-
cation musicale depuis plus de vingt ans. Elle
a également enseigné la clarinette en école de
musique et joué pendant de nombreuses années
dans des orchestres symphoniques et d’harmonie.
Christophe Pavie, Professeur certifié de lettres modernes
“Une classe d’orchestre clés en main est le livre de mon engagement dans
mon métier de professeur de collège dans l’école de la République. J’ai
choisi, il y a bientôt 20 ans de transmettre, de faire partager avec passion,
exigence et bienveillance les textes qui construisent, qui font progresser et
qui permettent d’acquérir le sens critique. La musique (comme les autres
arts) est un formidable outil pour trouver le petit fil qui permettra de rat-
traper l’élève qui décroche, qui ne croit plus en l’école. J’ai eu la chance
exceptionnelle de rencontrer Jean-Claude Decalonne et Mireille Lepinoy
à l’origine du concept d’orchestre à l’école et je souhaite à chaque ensei-
gnant de pouvoir faire l’expérience d’un projet de cette nature.”
• janvier 2012 • 98 pages
Deux formats : papier et en PDF téléchargeable
aux éditions L’Harmattan http://www.editions-harmattan.fr
N° 21 I / 2012 > page 30
 LES
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D'INSTRUMENTS La Gazette des Cuivres
À VENTS 49, bld Paul Langevin 37700 Saint Pierre des Corps. France
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3 rue de Bergues
59630 Bourbourg
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Nantes Tél. 02 43 24 42 54 Orléans
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Place de la Bourse 44000 Nantes 49, rue du Colombier
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N° 21 I / 2012 > page 32