You are on page 1of 1

Réalisation : Claude Jutra

Défendu par Jean-François Chicoine


L'argument-choc
« Le film de Claude Jutra est un film fondateur pour le Québec, on va s’entendre là-
dessus. Hier, c’était les Jutra, c’était pas les Morin ou les Mankiewicz ! »

Le film
Mon oncle Antoine (1971)

Comédie dramatique de Claude Jutra avec Jean Duceppe, Jacques Gagnon et Olivette
Thibault.

Un jeune garçon donne un coup de main au magasin général de son oncle et


l'accompagne aussi dans sa fonction de croque-mort.

Vote du public : 31 %

VOS ARGUMENTS
Quelques extraits de vos courriels :

Jeudi 22 février - Chaque image est un tableau pittoresque !

Maurizio Paradisi, Gatineau

Jeudi 22 février - Après avoir revu et revu Mon oncle Antoine ces derniers jours, noircissant feuilles après feuilles, à
la recherche de cette clé de voûte divulguant le secret de la solidité de cette cathédrale d'images, d'émotions,
d'analyses, de synthèses et surtout de témoignages qu'est la réalisation de ce film, je n'ai plus qu'une réponse :

Lors de mes études en scénarisation, une belle lecture m'avait fait connaître la notion du Grand Narrateur. D'après
celle-ci, il arrive parfois qu'un film soit le fruit d'une atmosphère particulière entourant sa réalisation, affectant par ce
fait même chaque membre de l'équipe : du cuisinier au chauffeur, de l'électricien à la maquilleuse, du comédien à
l'éclairagiste, du réalisateur au manoeuvre, etc. et d'où surgit un chef-d'oeuvre.

Au début des années 80, j'ai passé un été à faire et exposer mes tableaux sur la rue Prince-Arthur. Je voyais
quotidiennement déambuler Claude Jutra dans un silence intriguant, nos regards fuyants se croisant à peine. À quoi
pensait-il ? Que nous préparait-il ? Jamais je n'ai osé briser ce silence dans lequel il s'enveloppait.

Aujourd'hui que d'autres poètes l'ont rejoint et que les hivers passent, la ré-écoute de ce film demeure toujours un
enrichissement pour mon âme, comme ce poème de Gilbert Langevin :

Années de malheur où la peur était reine


On trompait son courage dans un baquet de haine
Des épines couronnaient le désir dénoncé
L'amour avait des gants pour ne pas se blesser
Tous les matins portaient masque de carême
Le désir se cachait dans un danger suprême
Ces années me reviennent avec leurs bruits de chaînes
Avec leurs mornes traînes et leurs laizes de peine
Qu'à cela ne vache
Qu'à cela ne chienne
Ce fleuve de douleur,
apporta la révolte

Jeudi 22 février - On vous a posé la question, M. Chicoine, à savoir ce dont il est question précisément dans ce film.

Peut-être est-il tout simplement question de la désillusion d'un enfant qui apprend à voir le monde tel qu'il est.

D'abord omnubilé par la bonhommie de son oncle, le dynamisme de sa tante et l'activité au sein du magasin général, il
prend pour acquis que ce monde est tout simplement cela : la vie bouillonnante d'un couple qui aide les clients à se
procurer ce dont ils ont besoin, en attendant joyeusement l'arrivée de Noël.

Puis arrive la sexualité à travers le corps de Monique Mercure, la mort par le travail de son oncle, l'alcoolisme,
l'infidélité, le déni, le paraître, les non-dits et les souffrances du monde adulte... À la fin de son odyssée, il perçoit le
couple de son oncle tel qu'il est, soit une fraude, il commence à percevoir les faiblesses morales de son oncle, de sa
tante, de tous les adultes autour de lui, il voit les choses plus durement, mais plus clairement. C'est la perte des
illusions enfantines.

N'est-ce pas un thème profondément québécois que celui de l'individu (ou du peuple) qui, d'abord évoluant dans un
monde plus fermé, comme s'il avançait avec des oeillères, s'affranchit de se carcan pour essayer de regarder la vie en
face?

Le peuple québécois, après la main-mise de l'Église et de la Grande noirceur de Duplessis, a lui aussi dû apprendre à
se défaire de ses illusions religieuses ou naives pour faire face plus directement à la vie et à la complexité du monde,
à la nature humaine, la sexualité et la mort.

Ce n'est qu'une idée, mais nul doute qu'il s'agit d'un grand film!

Marc-André Bernard, Montréal

Jeudi 22 février - Chaque image est un tableau pittoresque !

Maurizio Paradisi, Gatineau

Mercredi 21 février - Bonjour,

Discussions très intéressantes à l'émission. Merci.

Les trois films sont excellents et c'est Michel Brault qui devrait avoir une mention spéciale puisqu'il est à la caméra
dans les trois films.

Cependant, la combinaison de Jutra à la réalisation, Perron à la scénarisation et Brault à la caméra (d'ailleurs, toute
l'équipe était formée des meilleurs de l'époque) fait en sorte que Mon Oncle Antoine est #1.

Le film est vrai, le film est nous, il est beau, drôle, tendre et dur, tout à la fois. Il n'a pas vieilli d'une seconde. Duceppe
est devenu l'Oncle Antoine plus vrai que le vrai. Le film a remporté 8 Genies en 1971, et à cette époque, c'était un
exploit qu'un film québécois en raffle autant.

Suis-je impartiale ? Non, Clément Perron est mon papa.

J'étais ado mais j'ai vu des moments de sa passion et de celle de Claude Jutra lorsqu'ils ont fait ce film ensemble et
cela a donné Mon Oncle Antoine.

Annik Perron, Île-Perrot

Mercredi 21 février - La vie, l'amour, la mort à travers les yeux d'un jeune garçon ; la vision d'une campagne
enneigée et d'un village que bien peu de Québécois connaissent encore aujourd'hui ; l'ironie de Jutra devant un patron
en manteau de fourrure qui jette des cadeaux aux enfants ; sa tendresse devant la mère au chevet de son fils mourant
et du père qui rentre pour apprendre le décès ; le sourire d'Olivette Thibault à qui Jutra fredonne une chanson... La
liste serait longue si l'on voulait parler de tous les moments qui illuminent ce film. Un très grand film !

Louise Nepveu, Montréal

Mercredi 21 février - Ce film m'a ému aux larmes et m'a fait rire à toutes les fois que je l'ai vu... Je souhaite le revoir
encore et encore.

Gilles Larochelle, Boisbriand

Mardi 20 février - J'aimerais répondre à l'argument de Marie-Louise Arsenault, du 19 février, à propos de la


modernité de l'oeuvre de Robert Morin, par rapport aux autres cinéastes qui nous intéressent ici.

Sans rien enlever à Robert Morin, qui est sûrement le plus indépendant des cinéastes québécois actuels avec Pierre
Falardeau et Marc-André Forcier, il ne faudrait tout de même pas oublier que Claude Jutra a « révolutionné » la
cinématographie québécoise en l'inscrivant dans une cinématographie de calibre internationale. Les premières oeuvres
de Jutra sont sans contredit de la même modernité que les films de la Nouvelle vague française, sans pour autant les
plagier.

Il faut savoir remettre chaque cinéaste dans son contexte historique, sans quoi plus aucun argument ne tient !

Morin a réalisé des films beaucoup plus personnels que Requiem pour un beau sans-cœur, que l'on pense seulement
à Yes sir, madame, comme Jutra a réalisé des oeuvres beaucoup moins « classiques » que Mon oncle Antoine.

Suzan Delagrave, Montréal

Mardi 20 février - Ce chef-d'oeuvre de Claude Jutra représente bien notre inconscient collectif : la neige, le froid, les
préparations de la Fête de Nöel, la famille. Mais aussi un Québec au passé ouvrier, pauvre et dominé par le patronat
anglais, pas si lointain qu'il n'y parait.

Comme Benoit, le spectateur est amené, à travers une série de portraits tantôt savoureux, tantôt durs, à prendre
conscience de sa propre destinée. C'est sans complaisance que Benoit deviendra adulte, avec toute la force de ses
expériences et épreuves passées.

Ce film fait figure de charnière dans l'histoire culturel et politique du Québec.

Suzan Delagrave, Montréal

Mardi 20 février - Si ce film est si bon c'est à cause du scénariste clément perron, qu'on ne mentionne jamais mais
qui a raconté des souvenirs à Claude Jutra.

Sans scénario pas de film, et ce n'est pas Jutra qui a grandit dans un monde aisé qui aurait pu inventé ce scénario. Au
moins que l'on mentionne l'apport de clément perron, monsieur Chicoine.

Christiane Robitaille, Montréal

Mardi 20 février - Mon oncle Antoine est un film unique. Il reflète parfaitement le point de vue d'un milieu régional,
sans folklore apparent, sans exclure le regard moderne et dans un réalisme rarement atteint. Le scénariste Clément
Perron a créé un univers symbolique profond à partir de ses souvenirs personnels et révèle ainsi un Québec méconnu
en 1971 et qui le reste peut-être jusqu'à nos jours. Le cadre rural ou villageois du film démontre une belle ouverture
sur le monde qui enrichit l'imaginaire québécois au lieu de le rapetisser. Nous sommes loin d'Hérouxville dans ce petit
village du pays québécois pour qui sait voir. Un film encore bien actuel en fait... À voir dans un esprit de méditation à
la veille des élections... !

Serge Gauthier, La Malbaie

Vendredi 16 février - L’hiver, la neige, les rencontres à la brasserie du village, le magasin général, la crèche, la veille
de Noël… c’est ça Mon oncle Antoine et c’est ça en dit tellement sur le Québec. Jean Duceppe est magistral
enveloppé dans sa fourrure, lorsqu’il exprime tous ses regrets à son neveu. Un film sur les relations humaines, les
choix de vie, la famille élargie. Des images magnifiques de Michel Brault. Ça donne presque le goût d’être pris dans
une tempête

Léon Forcier, Longueuil

You might also like