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Pour la première fois, une étude de l'ONG Survival international montre l'impact néfaste de ces
gigantesques projets sur les
peuples indigènes.
Le " boom " de l'énergie verte a des conséquences désastreuses. Que connaît-on de la tribu
Penan aux confins de la Malaisie ou des tribus nichées dans la vallée de l'Omo en Éthiopie ?
Presque rien, sinon le vague souvenir de documentaires souvent prompts à exalter le mythe du
bon sauvage. Le rapport publié la semaine dernière par l'ONG Survival International vient de
jeter une lumière crue sur les conséquences du " boom " de l'énergie verte sur ces populations.
Après une accalmie au début des années 1990, la construction des mégabarrages connaît une
nouvelle embellie depuis 2000 que les ONGs tentent d'enrayer. " Nous ne sommes pas anti-
développement, prévient Sophie Baillon, responsable de la communication de Survival
International. Mais on sait que les mégabarrages ont des conséquences désastreuses sur
l'environnement et les populations affectées. " Les barrages freinent les crues naturelles des
fleuves, bouleversant notamment les habitudes migratoires des poissons, dont s'alimentent
principalement les populations autochtones. Pourtant des règles existent. En 2000, une
Commission mondiale des barrages a été mise en place, sous l'impulsion notamment de la
Banque mondiale. Son rapport constitue " un texte fondamental ", selon Nicolas Fornage,
spécialiste des barrages à l'Agence française de développement (AFD). Désormais, " les grands
bailleurs de fonds appliquent ces règles, ou vont même plus loin comme la Banque mondiale qui
a développé ses propres procédures, très précises ", souligne Nicolas Fornage .Seul problème,
de plus en plus d'investisseurs privés se lancent dans ces gigantesques projets et
s'embarrassent peu des bonnes pratiques édictées par la Banque mondiale, qui n'ont pas de "
caractère contraignant ", déplore Sophie Baillon. Résultat, " les droits des peuples indigènes,
garantis par la convention 169 de l'Organisation internationale du travail, sont régulièrement
bafoués, les populations concernées n'ayant jamais été consultées. ". Par ailleurs, la
Commission Mondiale sur les Barrages avait déjà constaté que tous les réservoirs, étudiés à ce
jour par les scientifiques, produisaient des gaz à effet de serre, avec des émissions très
variables selon le lieu et l'historique de la zone. Les gaz à effets de serre, produits en raison du
pourrissement de la végétation inondée et des apports de carbone du bassin versant, sont
beaucoup plus importants dans les régions chaudes. Les données de l'étude de la Commission
Mondiale sur les Barrages sur un barrage hydroélectrique brésilien, montrent que le volume des
émissions est important comparé à celui de centrales thermiques de capacités équivalentes. À
l'opposé, dans les zones boréales, comme au Canada, les émissions de gaz à effet de serre y
sont considérablement plus faibles. Un barrage est un ouvrage artificiel (ou naturel),
généralement établi en travers d'une vallée, transformant en réservoir d'eau un site naturel
approprié. Si sa hauteur est supérieure ou égale à 20 m et la retenue d'eau supérieure à 15
millions de m3, il est appelé grand barrage. Dans une cuvette qui doit être géologiquement
étanche, le barrage est constitué d'une fondation : étanche en amont, perméable en aval, d'un
corps, de forme variable, d'ouvrages annexes : évacuateurs de crue, vidanges de fond, prises
d'eau. Les barrages ont plusieurs fonctions et avantages, qui peuvent s'associer comme la
régulation de cours d'eau, l'irrigation des cultures, l'alimentation en eau des villes, la production
d'énergie hydro-électrique, la retenue de rejets de mines ou de chantiers, le tourisme, loisirs ou
la lutte contre les incendies. Mais barrages peuvent aussi être synonymes de disparition de
plantes, d'animaux et de biodiversité aquatique et avoir des répercussions graves sur les
populations humaines : 4 millions de personnes seraient déplacées, chaque année, dans le
monde entier, par des projets de construction de barrages.La CMB avait conclu déja en 2002
que si " les barrages ont contribué de manière importante et significative au développement de
l'humanité, et si leurs bénéfices ont été considérables (...), dans de trop nombreux cas, un prix
inacceptable et souvent inutile a été payé, en particulier en termes sociaux et
environnementaux, par les personnes déplacées, les communautés de l'aval, les contribuables
et l'environnement naturel." Appliquer une approche purement comptable pour évaluer les coûts
et les bénéfices des grands barrages, en estimant que les pertes d'une partie de la population
sont compensées par les avantages qu'en retire une autre partie de la population, est considéré
comme inacceptable, en particulier si l'on prend en compte les engagements en matière de
droits de l'homme et de développement durable.

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