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PROPORTIONS

DU CORPS HUMAIN
Proportions du Corps Humain

COULOMMIERS. - IMP. P. BRODARD ET GALLOIS .

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PROPORTIONS
DU

CORPS HUMAIN
ABRÉGÉ DE L’OUVRAGE DE JEAN COUSIN
AVEC ADJONCTION

DES CANONS DE PROPORTIONS EMPLOYÉS A DIFFÉRENTES ÉPOQUES

PAR
CH.-P. BELLAY
Inspecteur de l’Enseignement du Dessin.

PARIS
LIBRAIRIE CH. DELAGRAVE
15, RUE SOUFFLOT, 15
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© IAB Dublin 2010 - Signus - Piet Herzeel


Proportions du Corps Humain

Je suis toujours stupéfait de voir comment on enseignait le


dessin il y a moins de cent ans. J’ai d’ailleurs du mal à
croire que l’on pouvait prendre le moindre plaisir à in-
gurgiter des textes aussi pénibles à lire que celui écrit par
CH.-P. Bellay.
Le nombre relativement important des illustrations arrive
à peine à compenser le manque de simplicité de l’énoncé et
pourtant...

Lorsque l’on tombe, chez un bouquiniste sur un vieux livre


à couverture toilée rouge qui traite du dessin, on ne peut
s’empêcher de rêver d’avoir redécouvert un manuscrit oublié.

Celui dont je vous offre aujourd’hui un fac-similé n’aurait


pu se révéler un trésor si j’avais seulement mis ma tête entre
les mains, essayant de suivre page après page les démons-
trations interminables et les calculs de proportions insensés
qu’il proposait. Ce n’est donc en aucun cas au premier de-
gré qu’il faut l’apprécier. Mais des générations ont découvert
l’histoire des canons dans cet ouvrage. L’information et le
savoir n’ont pas toujours circulé de manière fluide comme
aujourd’hui. De tels livres ont sans aucun doute joué leur
rôle de courroie de transmission du savoir jusqu’à nous.
C’est à ce titre que derrière une apparence ardue, ce sont
des trésors qui me touchent et valent, à mon sens, la peine
d’être entretenus.

Piet Herzeel

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Proportions du Corps Humain

INTRODUCTION

En publiant cette brochure mon intention est d’être


utile aux personnes qui se destinent à la carrière des
arts du dessin et à celle du professorat.

Elles exigent des connaissances assez étendues dans


différentes branches spéciales, qui toutes appartien-
nent au même domaine.

L’étude des proportions du corps humain est au


nombre de celles qui sont d’une utilité incontestable.
A toutes les époques brillantes de l’art, des artistes
d’ordre supérieur ont fait des recherches à ce sujet,
et ont établi des règles, aussi précises que peuvent le
permettre les observations émanant d’une pluralité
de sujets, pour en conclure à l’unité.

Nous donnerons ici les canons des proportions


dont la tradition nous indique les différentes épo-
ques, et les noms, quand ils nous seront connus, des
artistes qui en ont fait les recherches, commençant
par les Égyptiens, les Grecs, les Romains, et arrivant
jusqu’à l’époque de la Renaissance.

Nous nous occuperons plus particulièrement, en


raison de son application pratique, du Traité des
proportions fait par Jean Cousin, artiste français,

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Proportions du Corps Humain

peintre et sculpteur du XVIe siècle, dont l’ouvrage est


considéré, à juste titre, comme étant le résultat de re-
cherches et d’observations très sensées, d’une concep-
tion très simple dans ses calculs, et très clair dans ses
formes de présentation, ce qui est d’une grande impor-
tance pour l’utilité de cet ouvrage.

Les Grecs appelaient symétrie ce que nous appelons


proportion, c’est-à-dire le rapport des membres entre
eux et de chaque membre avec le corps entier, de telle
sorte que, la mesure d’une seule partie étant connue,
on puisse en déduire à la fois la mesure des autres
parties et celle du tout.

La noblesse, la force, la grâce, résident dans l’applica-


tion très étudiée des proportions; il est nécessaire de
faire observer, qu’à l’exception de quelques mesures
fixes, elles sont soumises à de continuelles variations
suivant le caractère plastique de la figure à représenter.

Il est évident qu’un lutteur à la course est de nature


différente d’un Hercule, de même une Diane a peu
d’afférences aux formes d’une Vénus.

Un système de proportions, de source antique ou de la


Renaissance, ne doit pas, quand on est devant un mo-
dèle, soit l’antique, soit la nature, s’appliquer de parti
pris, mais il doit être considéré comme un excellent
guide à consulter, car étant le résultat d’observations
faites par des hommes dont l’esprit était tourmenté
de l’idée de la beauté, et de l’équilibre des différentes

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Proportions du Corps Humain

parties du corps entre elles, l’on peut en conclure en sa


faveur, et il est même très curieux de remarquer qu’il
y a entre ces divers systèmes une similitude d’aperçus
dans le résultat des recherches poursuivies, et dans les
traditions léguées.

Cette étude spéciale des proportions n’est donc, en


grande partie, qu’une façon d’attirer l’attention du
dessinateur sur le caractère particulier du modèle qu’il
doit reproduire; c’est en quelque sorte, en lui indiquant
les belles proportions, lui suggérer la pensée d’obser-
vations à faire sur son modèle, observations qu’il ferait
peut-être de lui-même, mais qui lui sont pour ainsi dire
imposées, en ce qu’il n’ignore plus les travaux faits sur
ce sujet, par ces grands artistes qui se passionnaient
pour la beauté, et qui nous ont laissé comme précieux
enseignement, des chefs-d’œuvre renfermant des
perfections multiples, ayant pour base d’admirables
proportions.

Nous savons d’après Diodore de Sicile que les Égyp-


tiens réclamaient comme leurs disciples les plus
anciens sculpteurs grecs. Selon son dire, ils divisaient
le corps humain en vingt et une parties un quart et
ils réglaient sur cette mesure toute l’économie d’un
ouvrage; mais on n’en avait conservé aucune trace.

M. Ch. Blanc après de nombreuses recherches crut


reconnaître parmi des figures dessinées en Égypte par
Lepsius, pour un ouvrage publié en 1852 à Leipzig,
l’expression figurative du canon égyptien. Le person-

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Proportions du Corps Humain

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Proportions du Corps Humain

nage debout, les jambes rapprochées et les bras pen-


dants le long du corps, est divisé dans toute sa hauteur
jusqu’au sommet de la tête en dix-neuf parties (la tête
est recouverte d’une coiffure qui mesure deux parties
un quart de haut, ce qui fait un total de vingt et une
parties un quart).

Il tient une clef de la main droite, et laisse tomber le


long de sa cuisse sa main gauche étendue; et tandis que
la huitième division à partir du sol est justement à la
hauteur de la main fermée, la septième touche préci-
sément l’extrémité de la main gauche ouverte, c’est-à-
dire le bout du médius: quand la main est fermée, le
médius s’allonge sensiblement, partant de son point
d’attache avec le métacarpe, et diminue environ d’un
cinquième lorsque la main s’ouvre.

Selon M. Ch. Blanc, en considérant cette figure com-


me l’expression figurée du canon égyptien, l’unité de
mesure est donc égale au médius gauche de la main
étendue et il se trouve contenu dix-neuf fois dans
l’ensemble de la figure, la coiffure comptant pour deux
parties un quart dans la totalité des vingt et une parties
un quart.

Trois cents ans environ, après que le canon de propor-


tions égyptien avait été rapporté d’Égypte en Grèce
par les fils de Bacchus, Téléclès et Théodore, le sculp-
teur Polyclète, contemporain de Phidias, faisait une
statue représentant un Doryphore (ou garde du roi
de Perse armé d’une lance); c’était la figure d’un jeune

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Proportions du Corps Humain

homme aux formes viriles qui était la figuration d’un


traité des proportions, auquel Polyclète donna le nom
de canon, ou règle absolue.

J’emprunte à la belle étude faite sur le Doryphore par


M. Eugène Guillaume, inspecteur général de l’ensei-
gnement de dessin, différents passages qui, en outre de
l’appréciation d’art qu’ils contiennent, nous instruisent
sur le mode de mensuration employé par Polyclète :

“La qualification de canon donnée au chef d’œuvre


de Polyclète nous ouvre un autre ordre d’idées. Ce
surnom ne signifie pas seulement que l’on voyait dans
cet ouvrage l’image d’un homme accompli, et qui était,
pour les jeunes artistes en particulier, un modèle classi-
que : le Doryphore offrait un intérêt plus considérable
encore : c’est qu’il avait été pour ainsi dire construit
d’après une règle mathématique.

Il constituait un système de proportions tel que l’on


pouvait conclure des dimensions de l’une de ses par-
ties aux dimensions du tout, et, réciproquement, du
tout à la mesure de la moindre de ses parties. C’est ce
que les Grecs appelaient la symétrie.

L’idée de déterminer ainsi d’une manière rigoureuse


les rapports qui existent entre les parties et l’ensemble
du corps n’était pas nouvelle. Il y avait plusieurs siècles
que les Égyptiens exécutaient leurs statues au moyen
de règles de proportions.“

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Proportions du Corps Humain

Voici le passage qui traite des mesures et de leur appli-


cation :

“... Nous remarquerons que la largeur des quatre


doigts, prise au métacarpe, donne un palme naturel
qui se prête fort bien à diviser l’ensemble de certaines
statues, quand cette mesure peut être relevée sur elles.
Il est facile d’en faire l’épreuve sur plusieurs figures
qui, par leur caractère athlétique et leur physionomie
dorienne, ont avec le Doryphore une étroite parenté.

Tel est l’Idolino dont nous avons déjà parlé; tel un


autre Doryphore au musée de Florence dont le mou-
lage est à l’École des Beaux-Arts; tel surtout le beau
Diadumène qui est à Londres; tel aussi l’Antinoüs du
Capitole qui a été exécuté sur un canon ancien.

On obtient sur ces différents ouvrages les mêmes


résultats. Chez tous d’abord, la largeur de la main à la
naissance des doigts, ce que j’ai appelé le palme vrai,
est contenue en moyenne trois fois dans la longueur
du pied; je dis en moyenne parce que les pieds d’une
même statue ne sont pas toujours égaux.

Ensuite on trouve six fois ce palme dans la hauteur de


la jambe; six autres fois depuis le dessus de la rotule
jusqu’au nombril; et enfin six fois encore de ce point
au bas du lobe de l’oreille, ou plutôt jusqu’au trou
auditif. Six palmes donnent encore la longueur du
torse redressé, depuis l’attache du col aux clavicules

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Proportions du Corps Humain

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Proportions du Corps Humain

jusqu’au bas de la région pubienne.


Le palme partage exactement en quatre parties la
distance qu’il y a de la première phalange du médius
jusqu’au coude, et aussi en quatre le bras depuis le
coude jusqu’au sommet de l’épaule.

Trois palmes mesurent obliquement la tête depuis le


menton jusqu’au sinciput. La longueur de la main, la
grandeur du masque, là hauteur des pectoraux, l’espace
qui s’étend des pectoraux au nombril, et de celui-ci au-
dessous du bas-ventre, toutes ces divisions sont égales
à deux palmes. Il n’est pas nécessaire de pousser plus
loin ni d’entrer dans de plus longs développements. »

- « ...On rapporte que Lysippe disait avoir appris son


art rien qu’en étudiant le Doryphore. S’il en fut ainsi,
il est remarquable qu’après en avoir tiré ce parti, il ait,
à son tour, créé un canon d’un tout autre caractère,
d’après un principe différent et pour ainsi dire opposé.

Lysippe répétait souvent qu’il voulait représenter


l’homme, non tel qui est, mais tel qu’il devrait être: et
il voulut qu’il parût grand. Il avait donc imaginé de lui
donner cette tête petite, ces proportions élancées que
l’on observe dans beaucoup d’ouvrages de son école
et qui sont en contradiction avec les traditions ancien-
nes...

C’est ce qui frappe quand on regarde et quand on


mesure l’Apoxyomène, le Méléagre, le Gladiateur, le
Germanicus. Le système de mesures qui repose sur le

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Proportions du Corps Humain

palme ne s’adapte plus à ces statues ...


Le canon de Lysippe est, selon toute vraisemblance,
celui qui nous a été conservé par Vitruve, celui que
suivaient les Byzantins, que l’on retrouve dans le livre
de Cennino Cennini. Dans ce canon, ce n’est plus le
palme ou le pied, mais c’est la tête avec ses subdivi-
sions qui sert de modèle.“

Vitruve était contemporain de Diodore de Sicile, il


n’était étranger à aucune question de science ou d’art;
il nous indique également un système de proportions
que M. Eugène Guillaume, comme on l’a vu plus
haut, suppose être celui de Lysippe qu’il nous aurait
conservé.

Il consiste entre autres dans la division du corps en


huit têtes, division prise de la partie supérieure du
crâne jusqu’à la plante des pieds; le milieu du corps est
à la symphyse pubienne; le pied, représenté comme
étant la sixième partie de la hauteur totale de la figure,
me parait d’une dimension exagérée; son équivalence
serait de cinq parties un tiers, en prenant la tête com-
me unité de mesure divisée dans sa hauteur en quatre
parties.

L’on attribue à Vitruve ce que l’on nomme le carré


des anciens: c’est l’ensemble du corps de l’homme
inscrit dans un carré; c’est-à-dire que les bras écartés
perpendiculairement au corps, et les pieds rapprochés,
le sommet de la tête, l’extrémité des doigts et la plante
des pieds, sont limités par les lignes formant le carré;

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Proportions du Corps Humain

l’envergure est donc égale à la hauteur totale du corps.


Mais si ce carré s’inscrit dans un cercle, et que le nombril
soit le centre de la figure du carré et du cercle dans lequel
il est inscrit, le touchant par tous ses angles, il faut que
les jambes s’écartant jusqu’à faire toucher par les extré-
mités des orteils, les angles du carré à droite et à gauche,
fassent fléchir la figure au moins d’un huitième de sa
hauteur, et que les bras s’élevant au-dessus de la ligne
de la tête, aillent toucher par l’extrémité des doigts des
mains étendues les angles du carré dans sa partie supé-

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Proportions du Corps Humain

rieure.

Le nombril est bien alors le milieu de la figure, inscrite


dans un carré qui lui-même est inscrit dans un cercle,
dont toutes les extrémités du corps, pieds et mains,

touchent également à la circonférence.

Je joins à l’appui, comme démonstration, la reproduc-


tion de deux gravures qui se trouvent dans une édition
de Vitruve, publiée en MDXXl, et qui me paraissent
devoir faciliter la compréhension du système.

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Proportions du Corps Humain

JEAN COUSIN
ARTISTE PEINTRE ET SCULPTEUR DU XVIe SIÈCLE

Nous nous occuperons actuellement de Jean Cousin,


peintre et sculpteur, surnommé le Michel-Ange fran-
çais, qui vivait au XVIe siècle. Il a fait un traité de l’Art
de dessiner qui enseigne conjointement la connaissan-
ce des proportions du corps humain.

Il s’est inspiré du système des proportions que Vitruve


nous a conservé des anciens, en y ajoutant ses obser-
vations personnelles; ce sont les règles des proportions
du corps humain, telles qu’on les enseigne dans les
livres depuis la Renaissance, qui n’a fait que prendre et
détailler les mesures de Vitruve.

Ce traité de J. Cousin, par la recherche des détails, la


clarté et simplicité avec lesquels l’ensemble est présen-
té, a été adopté depuis longtemps déjà dans les écoles;
c’est donc son système que je décrirai avec le plus
d’étendue en donnant à l’appui des explications, des
dessins de figures et de têtes qui auront les mesures
de leurs dimensions sur leurs différentes faces, notées
en chiffres, afin que la compréhension du système soit
très nettement établie. Je commencerai par la construc-
tion de la tête vue de différents côtés, parce qu’elle a
été adoptée comme l’unité de mesure pour les propor-
tions de l’ensemble du corps.

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Proportions du Corps Humain

EXPOSITION DES SUJETS

1° Construction de la tête vue de face.

2° Construction de la tête vue de profil.

3° Construction de la tête vue de trois quarts.

4° Construction de la tête vue par derrière.

5° Construction de la main.

6° Construction du pied de face, de dos et de profil.

7° Proportions de l’ensemble du corps.

8° Proportions de la femme.

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Proportions du Corps Humain

Construction de la Tête (vue de face)

1 ° La tête humaine est de forme ovoïde dont la grosse


extrémité est à la partie supérieure.

2° Elle se divise en quatre parties égales dans sa hau-


teur: la première partie, en partant du haut du crâne,
se trouve marquer la racine des cheveux; la deuxième,
la ligne des yeux; la troisième, la base du nez; la qua-
trième, l’extrémité du menton.

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Proportions du Corps Humain

3° Pour exécuter la trace de la tête vue de face voici la


méthode à employer.

4° Vous tracez une horizontale AB, et d’un point


quelconque de cette ligne comme centre vous tracez
une circonférence, et sur le centre de cette horizontale
vous abaissez une perpendiculaire CD qui dépasse la
circonférence de toute la longueur de son diamètre.

5° Puis avec une ouverture de compas égale à AB,


alternant chacun de ces points comme centre, vous
tracez les arcs de cercles AE, BE, qui vous donnent
la partie inférieure de la tête. Vous divisez ensuite la
circonférence en trois parties égales, et la quatrième
partie se trouve coïncider avec la réunion des deux arcs
de cercles.

Sur la première division vous tracez la racine des che-


veux.
La seconde division qui sert à placer les yeux doit être
partagée en cinq parties égales, la seconde et la qua-
trième contiendront les yeux, ce qui donne à l’œil un
cinquième de la largeur de la tête.

Vous divisez ce cinquième qui est la grandeur de l’œil


en trois parties égales, et une de ces parties sera la
grosseur de la prunelle; l’ouverture de l’œil est égale-
ment d’un tiers de sa longueur.

Sur la troisième division se trouve la base du nez, il a


de largeur l’espace compris entre les deux yeux; la na-
rine est le tiers de la hauteur du nez, et la côte du nez

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Proportions du Corps Humain

est le tiers de la distance qui sépare les yeux.

L’espace contenu dans la quatrième partie se divise en


trois parties égales : sur la première est placée la com-
missure des lèvres, la seconde qui arrive à la naissance
du menton contient la lèvre inférieure, la troisième
partie contient le menton jusqu’à sa base qui termine
la tête dans sa partie inférieure.

La largeur de la bouche est d’un œil et demi, et l’épais-


seur de la lèvre supérieure égale au huitième de sa
largeur; celle de l’inférieure au cinquième.

L’oreille s’étend de la ligne des yeux jusqu’à celle du


nez. Elle a, vue de face en largeur, la moitié de sa
hauteur.

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Proportions du Corps Humain

Construction de la Tête (vue de profil).

Pour dessiner la tête de profil, il est nécessaire de répé-


ter les constructions géométriques comme pour la tête
vue de face, la divisant ensuite en quatre parties égales
du sommet à sa base. Pour tracer le derrière de la tête,
il faut, de la même ouverture de compas dont vous
avez décrit le cercle, en reculer le centre d’une sixième
partie du diamètre, et tracer avec l’autre branche du
compas la courbe qui dessine le derrière de la tête.

Pour placer l’œil, divisez en trois parties égales l’espace


qui est entre la perpendiculaire et la circonférence de
l’ovale, sur celle du milieu sera placé l’œil, qui n’a de
longueur que la moitié de celui de face.

Pour dessiner la proéminence du nez, divisez en deux


parties la troisième section de l’ovale depuis la ligne
perpendiculaire jusqu’au contour de l’ovale pointé,
en ajoutant extérieurement une de ces parties, vous
obtiendrez la saillie du nez en dehors de l’ovale.

Tirez ensuite une ligne qui descendra en obliquant


depuis la ligne des yeux jusqu’à cette troisième partie,
que vous réunirez par un méplat formant l’extrémité
inférieure du nez.

L’aile de la narine arrivera jusqu’à la verticale abaissée


de la glande lacrymale.
Pour former le bas du visage tirez une perpendiculaire
depuis la section de la ligne horizontale du nez et du
contour de l’ovale ponctué jusqu’à la quatrième sec-

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Proportions du Corps Humain

tion.

Divisez comme pour la tête vue de face cet espace en


trois parties égales. Sur la première ligne se place la
commissure des lèvres, le second espace contient la
lèvre inférieure jusqu’à la naissance du menton, le troi-
sième espace contient le menton jusqu’à sa base.

Pour obtenir la saillie de la lèvre supérieure il faut di-


viser en deux parties l’espace compris entre le contour
de l’ovale pointé, et l’extrémité du bout du nez, puis
abaisser de la division du milieu une verticale sur la-
quelle, en partant du nez, on dessinera la lèvre supé-
rieure qui touchera cette ligne à son point de départ
à la base du nez, et descendra le long de cette ligne
en infléchissant sensiblement au centre pour indiquer
la gouttière jusqu’à la distance de la saillie de la lèvre
représentant en épaisseur le quart de la largeur totale
de la bouche, qui est la mesure que doit avoir la lèvre
supérieure vue de profil.

Cette moitié sera elle-même divisée par le milieu, et sur


la verticale que vous abaisserez jusqu’à la base du men-
ton, viendra s’appuyer, à l’angle formé par la verticale
avec la commissure, la lèvre supérieure, qui s’y attache
en obliquant, et la lèvre inférieure dont c’est le point
de départ.

De même la saillie du menton viendra s’appuyer sur


cette ligne pour s’infléchir ensuite jusqu’à sa base et
rencontrer la perpendiculaire partant de l’angle de

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Proportions du Corps Humain

l’ovale pointé.

Placez l’oreille au contour de l’ovale en dedans, depuis


la ligne des yeux jusqu’à la ligne du nez.

Dessinez le col de la grosseur de deux parties comme


pour celui vu de face, et faites que le contour aille en
s’élargissant, depuis la base de la quatrième section,
pour former le contour de l’épaule qui s’éloigne de
la perpendiculaire de deux mesures de nez; dessinez
ensuite le cou dans sa partie antérieure à la moitié de la
longueur du menton à la perpendiculaire, soit une de-
mi-partie, ce qui fait un total de deux parties et demie
ou deux longueurs et demie de nez à la naissance des
épaules.

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Proportions du Corps Humain

Construction de la Tête (vue de trois quarts).


Pour dessiner la tête de trois quarts tracez un cercle
ponctué comme pour les têtes précédentes que vous
diviserez en trois parties égales dans sa hauteur, et re-
culez le centre d’un sixième du diamètre pour former
le derrière de la tête.

Puis, posant la pointe du compas à la section de la


ligne des yeux qui passe par le cercle pointé à l’oreille,
et l’ouvrant jusqu’à l’extrémité opposée dudit cercle,
vous tracerez de ce point le contour de la joue gau-
che; ensuite divisez en deux parties l’espace qui de ce
point sur la ligne des yeux va jusqu’à la verticale qui
traverse toute la tête, et posant la pointe du compas à
cette division qui serait l’attache du nez à sa racine, et
l’ouvrant jusqu’à la rencontre sur la ligne des yeux avec
le cercle pointé, vous tracerez le contour de l’autre
joue, et dessinerez le bas de la tête en ajoutant une par-
tie égale aux autres, afin d’avoir les quatre parties dont
se compose l’ensemble de la tête dans sa longueur.

Vous divisez ensuite en cinq parties égales la ligne sur


laquelle sont les yeux qui occuperont la troisième et la
cinquième division.

Puis ensuite vous prenez le huitième du diamètre du


cercle pointé et vous transportez ce huitième derrière
le contour de la tête sur la ligne des yeux derrière
l’oreille; et de ce point comme centre avec une ouver-
ture de compas allant jusqu’à la partie supérieure du
crâne traversée par la perpendiculaire, vous décrivez

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Proportions du Corps Humain

un arc de cercle qui va rejoindre à son extrémité in-


férieure la perpendiculaire à son point d’intersection
avec la quatrième division.

Cette courbe perspective de l’ovale de la tête passera à


la racine du nez, à sa base à la gouttière, et au milieu de
la bouche.
La saillie du nez occupe la moitié de l’espace existant
entre la courbe perspective et la joue gauche.

La narine sera placée à la verticale du larmier. La bou-


che est placée sur la première des trois divisions dont
est partagée la quatrième partie de la tête.

Elle commence du grand côté à la perpendiculaire, en


s’étendant du petit côté jusqu’à la moitié de l’espace
compris entre la courbe perspective et la joue elle a
d’épaisseur le septième de sa largeur.

La lèvre inférieure a d’épaisseur le cinquième de la


largeur de la bouche et occupe la moitié de l’espace
compris entre la commissure des lèvres et la naissance
du menton.

La troisième partie est occupée par le menton depuis


sa naissance jusqu’à sa base.

Le cou a deux parties de largeur comme à la tête de


profil et une partie de longueur jusqu’aux clavicules.

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Proportions du Corps Humain

Construction de la Tête (vue de dos).

Pour dessiner la tête vue de dos il faut se servir des


mêmes règles que pour les précédentes, divisant le
cercle en trois parties égales et ajoutant une quatrième
partie en dessous : il y a ceci de particulier que pour
former le bas de la rondeur de la tête, il faut abaisser
le centre du cercle sur la ligne perpendiculaire, du tiers
de la distance qui existe entre le centre du cercle et la
ligne qui marque la seconde division, et qui, dans la
tête de face, passe par les yeux; de ce point comme
centre vous tracerez ensuite une demi-circonférence
qui formera le contour de la tête par en bas.

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Proportions du Corps Humain

Les oreilles se placent comme à la tête vue de face en-


tre les lignes de la seconde et de la troisième division,
au-dessous vous marquerez ce qui peut paraître du
derrière des mâchoires.

Le cou a la même proportion que pour la tête vue de


face (deux parties). Si vous voulez ajouter des cheveux,
le centre inférieur est celui qu’il faudra choisir.

Construction de la main

La main a de longueur une face ou trois parties; divi-


sez-la en trois carrés égaux marqués 1, 2, 3, auxquels

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Proportions du Corps Humain

vous ajouterez un quatrième pour le poignet. - Posez


ensuite la pointe du compas à l’angle du carré où le
poignet joint le pouce, et l’ouvrez jusqu’au tiers du
deuxième carré à gauche, d’où vous tracerez un arc de
cercle qui vous donnera la place de la première join-
ture des doigts.

Ensuite divisez la base du troisième carré en deux


parties égales, ajoutez en dehors sur la droite une troi-
sième partie égale aux deux premières; de son extré-
mité vous élèverez une perpendiculaire, et à la section
qu’elle fera avec la ligne supérieure du même carré,
vous marquerez la deuxième jointure du pouce, puis
du même point inférieur tirez jusqu’à l’angle à gauche
du premier carré en haut, une ligne qui formera un
triangle ponctué dans lequel sera inscrit le premier
doigt, l’index, dont la longueur arrive jusqu’à la moitié
de l’articulation supérieure du doigt médius; l’annu-
laire, le troisième doigt, arrive au tiers de ladite articu-
lation du doigt médius, et l’auriculaire jusqu’à l’arti-
culation supérieure de l’annulaire, et le pouce s’étend
jusqu’à la première articulation de l’index.

A la main de profil le poignet ne doit avoir que trois


quarts de largeur de celui de face.

Construction du Pied
(vu de face, par le talon et de profil).

1° Le pied vu de face se divise au niveau des orteils, en


une partie deux tiers, que vous partagez en trois parties

33
Proportions du Corps Humain

égales : la première contient le gros orteil; la seconde,


les deux suivants; la troisième, les deux derniers, - du

cou-de-pied à la base du pied il y a une partie et demie.

Le bas de la jambe mesure une partie de largeur au-

dessus des chevilles.


2° Le pied vu par le talon a de largeur une partie;
l’extrémité du pied aux orteils a la même mesure que
le pied vu de face, une partie deux tiers, et le bas de la

34
Proportions du Corps Humain

jambe au-dessus des chevilles, une partie.

3° Le pied vu de profil est égal dans son étendue à


une tête ou quatre parties. On le divise en trois parties,
égales chacune au diamètre du bas de la jambe vue de
profil.

Du cou-de-pied à l’articulation métacarpo-phalangien-


ne du gros orteil il y a une partie deux tiers.

De la plante du pied marquée C à l’articulation du cou-


de-pied marquée A il y a une partie et demie.

Le petit doigt commence à la troisième division qui


partage le pied en quatre parties égales et ne dépasse
pas la première jointure du pouce.

Les doigts suivants augmentent successivement de la


grandeur de leurs ongles jusqu’au doigt qui touche le
pouce.

Il n’y a pas de différence de mesure entre le pied de


profil vu intérieurement, ou vu extérieurement, si ce
n’est par le dessin de la plante du pied et le dessin des
doigts.

35
Proportions du Corps Humain

36
Proportions du Corps Humain

Voici les proportions de la tête et celles du corps


humain, de face, de profil de dos, selon le système de

37
Proportions du Corps Humain

Jean Cousin.

Les mains ont la même longueur que la face, c’est-à-


dire trois longueurs de nez ou trois parties, plus une
longueur pour le poignet.

La longueur du pied vu de profil est de la grandeur


d’une tête, c’est-à-dire de quatre parties.

Le pied vu de face est de une partie deux tiers.

PROPORTION DES DIFFÉRENTES LARGEURS

38
Proportions du Corps Humain

39
Proportions du Corps Humain

DU CORPS ET DE LA TÊTE (vus de face).

L’on forme un triangle équilatéral pour placer les


mamelons qui aboutiront à deux des angles, et le troi-
sième sera sous le menton. L’ouverture de ce triangle
sera de quatre longueurs 1/2 de nez.

40
Proportions du Corps Humain

PROPORTIONS DU CORPS HUMAIN VU DE PROFIL

PROPORTIONS DU CORPS HUMAIN (vu de dos).

Jean Cousin s’exprime ainsi: “Les mêmes proportions


et mesures s’observent pour le derrière du corps,

savoir :

Proportions de la Femme.

Il y a une différence sensible entre les proportions de


la femme et celles de l’homme. La taille moyenne de
la femme est plus petite d’un vingt-deuxième, c’est-
à-dire que, l’homme ayant 1 m. 76 par exemple, la
femme n’aura que 1 m. 68. Son visage est plus court
d’un dixième, et comme l’espace entre les yeux reste
le même, l’ovale de la femme est plus rond que celui
de l’homme. Les bouts des seins étant moins écartés
forment avec la fossette du cou un triangle équilatéral.

La moitié de l’ensemble de la figure, au lieu d’être à


l’os pubis, est au pli du bas-ventre, d’où il résulte que
les jambes sont plus courtes relativement au torse.

41
Proportions du Corps Humain

42
Proportions du Corps Humain

Toute proportion gardée, la main de la femme est plus


grande que celle de l’homme d’un neuvième à peu
près.

Jean Cousin dit que les grandes divisions sont les


mêmes pour la femme que pour l’homme; mais on ne
compte chez la femme que six parties d’une épaule à
l’autre, cinq parties à la ceinture, tandis que le diamètre
des hanches est de deux têtes.

De profil le diamètre antéro-postérieur du tronc au


niveau des épaules et des hanches est de cinq parties;
ceux de la ceinture et de la cuisse au-dessous de la
région pubienne sont d’une tête ou quatre parties. Le
genou a le même diamètre que le cou, c’est-à-dire une
partie cinq sixièmes. Le poignet et la jambe au-dessus
de la cheville ont la largeur de la moitié du cou.

M. le docteur Mathias Duval dit à propos des rap-


ports de proportions des hanches aux épaules “que
les Anciens n’hésitaient pas à s’exprimer de la manière
suivante : chez l’homme et chez la femme, le tronc re-
présente un ovoïde, c’est-à-dire un ovale comparable à
celui qui figure un œuf, ayant un gros bout et un petit
bout; mais, chez l’homme, cet ovoïde est à gros bout
supérieur, tandis qu’il est à gros bout inférieur chez la
femme.
Cela revient à dire que chez la femme le diamètre des
hanches l’emporte sur celui des épaules, tandis que
chez l’homme c’est le diamètre des épaules qui l’em-
porte sur celui des hanches.

43
Proportions du Corps Humain

Jean Cousin, avec un peu d’exagération, donne six


parties aux épaules de la femme, et deux têtes ou huit
parties aux hanches.

Quant à l’enfant, voici ses mesures d’après Jean Cou-


sin: à l’âge de trois ans, il arrive à la moitié de toute
sa croissance, et, à cet âge, toute sa hauteur est de six
têtes. L’enfant plus jeune et qui n’a que cinq longueurs
de tête arrive à la moitié de la cuisse de son père et
l’enfant de six mois ne va que jusqu’à ses genoux.

Des cinq longueurs de tête qui ont été mesurées par


Jean Cousin il s’en trouve trois dans la tête et le buste,
et deux dans la hauteur des jambes.

Le corps de l’enfant, dit cet artiste est gros d’une


grandeur de tête; son pied est long comme l’espace
du commencement du front jusqu’à la bouche, et la
grosseur de son genou est égale à la distance de l’œil
au menton. Suc, dans sa Physiognomonie des corps vi-
vants, place au nombril la moitié du corps de l’enfant,
qui se divise en quatre parties égales: la première, du
sommet de la tête au bas du cou; la seconde, du bas du
cou au nombril; la troisième, du nombril au-dessus du
genou; la quatrième, de ce point à la plante des pieds.

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Proportions du Corps Humain

LOMAZZO
Lomazzo, peintre italien du XVI siècle, était élève de
Léonard de Vinci, il écrivit en 7 livres un traité très
important de la peinture; le premier livre est consacré
spécialement aux proportions du corps humain, à cel-
les du cheval, et aux ordres d’architecture.

Il n’emploie pas comme unité de mesure pour ana-


lyser le corps humain la longueur de la tête, mais la
longueur de la face, c’est-à-dire l’espace compris entre
la racine des cheveux et le menton; il donne dans son
traité les proportions de figures de différentes tailles,
entre autres celles de l’homme ayant sept têtes et de-
mie, qu’il considère comme étant la taille qui est la plus
commune; l’ensemble du corps, selon son système, du
sommet du crâne à la plante des pieds, contient dix
longueurs de faces ou trente parties, la tête étant divi-
sée en quatre parties, et la face en contenant trois de la
racine des cheveux à la partie postérieure du menton.

Il indique comme particularité le rapport de trois gran-


des dimensions entre elles, c’est-à-dire celle de la base
du nez au nombril, égale à celle du nombril à l’articula-
tion du genou, et de cette même articulation du genou
à l’extrémité des orteils ou la plante des pieds.

Selon Jean Cousin les mamelons sont placés plus haut


d’une demi-partie, le nombril est à la même place, le
ventre est plus court d’une partie chez Lomazzo et

45
Proportions du Corps Humain

46
Proportions du Corps Humain

le cou en ayant une de plus en Iongueur, la cuisse se


trouve par conséquent être plus courte de deux parties.

Voici les divisions par faces de l’ensemble de la figure


selon le système de Lomazzo (fig. de 7 têtes 1/2) :

Total pour la hauteur du corps : dix faces ou trente


longueurs de nez, ce qui donne au corps entier la pro-
portion de sept têtes et demie, qui est la stature la plus
ordinaire.

J’ai indiqué les mesures de Lomazzo concernant la fi-


gure de sept têtes et demie, afin de bien établir les dif-
férences qui existent entre le système de Jean Cousin
et celui de Lomazzo. Ce dernier a pris la face comme
unité de mesure, au lieu de se servir de la tête, et il
obtient pour l’ensemble du corps dix faces ou trente
parties ou sept têtes et demie pour la totalité, tandis
que Jean Cousin a trente-deux parties pour son ensem-
ble, ce qui représente un personnage de huit têtes et
d’un aspect différent.

47
Proportions du Corps Humain

Pour chacun d’eux la tête se divise en quatre parties


égales, la différence est donc très sensible.

Lomazzo donne ensuite deux parties de longueur au


cou; Jean Cousin n’en donne qu’une; le torse et la
cuisse avec chacun deux parties en moins, et la jambe
plus longue d’une partie.

Les largeurs des membres vus de face sont pareilles


dans les deux systèmes, les épaules ont deux têtes de
largeur, la ceinture, les hanches, les trochanters, les
cuisses, le mollet, l’articulation du pied, sont de même
mesure.
Les mamelons sont à la distance l’un de l’autre d’une
face et forment un angle équilatéral avec la fossette
sus-sternale; tandis que dans Jean Cousin la distance
qui sépare les mamelons est de quatre parties et demie
et forme un triangle équilatéral avec la base du men-
ton.

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Proportions du Corps Humain

LÉONARD DE VINCI
Léonard de Vinci, artiste des XVe et XVIe siècles, un
des plus admirablement doués de la Renaissance, s’est
occupé des proportions du corps humain.

Les recherches qu’il a faites en ce genre sont infinies,


il avait probablement l’intention d’en faire un ouvrage
spécial. Dans son Traité de la peinture, il donne un
énoncé des proportions équivalant à celles du système
de Jean Cousin.

49
Proportions du Corps Humain

On connaît de lui beaucoup de dessins de têtes et


de figures avec des tracés de lignes et divisions chif-
frées; ce sont des mesures qui lui sont personnelles
et ne paraissent se rattacher à aucun système défini;
la bibliothèque Mazarine est riche en matériaux de ce
genre, mais ils sortent malheureusement du cadre que
nous nous sommes tracé, et nous ne pouvons que les
mentionner.

Nous ajoutons ici une reproduction d’un dessin qui


est l’expression d’études faites, d’après le système de
Vitruve, par Léonard de Vinci.

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Proportions du Corps Humain

ALBERT DURER
Albert Durer, peintre et graveur des XVe et XVIe siè-
cles, a fait un Traité des proportions du corps humain
avec des figures gravées sur bois; il est très compliqué
dans ses divisions et ses tracés de projections géomé-
triques: les fractionnements sont multiples, et les énon-
cés à l’appui difficiles à comprendre; c’est un ouvrage
manquant de simplicité et de clarté et pour cela diffici-
le à consulter avec profit; les figures sont nombreuses
et bien dessinées. Une des dernières planches possède
un intérêt de curiosité. Ce sont dix sections transversa-
les faites aux parties les plus importantes de la tête et
du corps.

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Proportions du Corps Humain

La première a pour titre la tête, il n’y a qu’un carré.


La deuxième section est faite au niveau du menton.

La troisième est aux épaules.

La quatrième est aux os traversiers (têtes humérus) .

La cinquième est au niveau des mamelles.

La sixième est à la ceinture.

La septième est aux hanches.

La huitième est à la cuisse.

La neuvième est au genou.

La dixième est au bas de la cheville.

Puis vient la plante du pied.

Il a réuni ensuite toutes les sections en les plaçant avec


ordre sur deux lignes tracées en croix se coupant à
angle droit, ce qui fait qu’en observant avec soin tous
les contours, on peut voir la figure en raccourci par la
plante des pieds.

Il divise la tête en quatre parties dans sa hauteur avec


un espace moindre pour les cheveux; la seconde
division passe au niveau de la paupière supérieure et
même du sourcil, au lieu de traverser les yeux dans
leur centre; dans son système général de mensurations
toutes les mesures sont rapportées à la hauteur totale
du corps.

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Proportions du Corps Humain

GÉRARD AUDRAN
1683. - Gérard Audran, artiste français du XVIIe
siècle, s’est occupé de proportions, mais il a principale-
ment mesuré un nombre assez considérable de statues
antiques dans toutes leurs parties; il n’en paraît tirer
aucune conséquence, n’établissant aucun parallèle avec
la nature.

Je suppose qu’il a fait ce travail de mensuration des


figures antiques, afin d’en donner la décomposition
mathématique aux artistes de son époque, et permet-
tre à leur admiration d’en faire des applications dans
leurs œuvres personnelles. Il a choisi parmi les statues
anciennes des types différents :

pour la force, il a mesuré l’Hercule Farnèse;


pour l’élégance virile, le Méléagre;
pour la divinité, l’Apollon Pythien;
pour l’élégance et la grâce, la Vénus de Médicis.

Les idées de l’époque étaient tournées vers l’imitation


des personnages de l’antiquité; l’allégorie, les nudités,
les cothurnes et les chlamydes étaient à l’ordre du jour
officiel; le Louis XIV à cheval en Romain à Versailles
avait son pendant à Montpellier sur la place du Pey-
rou, et à Paris place des Victoires; c’est la raison pour
laquelle je suppose que Gérard Audran ne s’est pas
occupé de la nature comme types et proportions, et

53
Proportions du Corps Humain

n’a cherché qu’à donner les mesures au moyen des-


quelles les artistes anciens (sentiment artistique à part)
avaient produit des statues d’un haut mérite. Je donne
ci-joint le tableau comparatif des principales mesures
des quatre figures que j’ai citées dans la pensée qu’elles
pourront intéresser.

54
Proportions du Corps Humain

GERDY
Gerdy, professeur d’anatomie, s’est occupé des pro-
portions du corps humain dans un Traité d’anatomie
publié en 1829. Le chapitre qui traite du sujet qui nous
occupe est très intéressant, il diffère sur différents
points du système de Jean Cousin et le complète pour
ainsi dire.

Le corps est divisé comme dans le traité de Jean Cou-


sin en huit têtes. « La proportion de huit têtes se prête
commodément à une division régulière de la hauteur
du corps de l’homme, mais il n’en résulte pas que les
artistes doivent n’en point suivre d’autre. »

La tête se divise en quatre parties, toutes les autres


dimensions de détails sont les mêmes pour la tête vue
de face que dans Jean Cousin.

Vue de profil, elle diffère en ce que Gerdy l’insère dans


un carré dont le milieu est en avant du trou auditif.
“Cette proportion, dit-il, est fort simple, et ne manque
point de beauté : c’est, à peu de chose près, celle du
Gladiateur.”

Il donne au cou une partie et demie à deux parties de


longueur. Jean Cousin n’en donne qu’une.

Selon Gerdy, le membre supérieur a cinq parties


depuis le sommet de l’épaule ou le haut de la fossette
sous-clavière, jusqu’au pli du coude, quatre depuis ce

55
Proportions du Corps Humain

dernier point jusqu’au-dessus du poignet au niveau de


la tête du cubitus, et quatre jusqu’au bout du doigt du
milieu.

Le doigt du milieu est plus court que la paume de la


main d’environ la longueur de sa phalange onguéale.
Le bras descend jusqu’au niveau de l’ombilic, l’avant-
bras jusqu’à l’articulation de la hanche et le bout des
doigts jusqu’au-dessous du milieu de la cuisse.”

Le bras a une partie et demie de largeur, et deux


d’épaisseur au plus, de son ventre à son dos, d’avant en
arrière. L’avant-bras a deux parties au plus d’un bord à
l’autre, dans son point le plus large. Il a un peu moins
d’épaisseur de son ventre à son dos.”

Le poignet a de largeur un peu plus, et d’épaisseur un


peu moins d’une partie.

La main a deux parties au moins de largeur. En tenant


compte de l’articulation, le bras aura la même longueur
que dans le système de Jean Cousin, qui lui donne trois
têtes jusqu’à l’extrémité de la main.

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Proportions du Corps Humain

GÉNÉRALITÉS
L’on doit observer que la taille de huit têtes ne peut
s’appliquer qu’à des sujets de taille très élevée; la tête
varie peu comme hauteur: d’après des observations
faites d’après nature par le docteur Léger sur une cen-
taine de sujets il a été observé :

14 têtes de 22 centimètres

2 - têtes de 23 centimètres

5 - têtes de 21 centimètres

Sur le même nombre de sujets:

Taille de 7 têtes : 18 fois.

Taille de 8 têtes : 4 fois.

Taille de 6 têtes : 1 fois.

Un sujet de grande taille a les membres inférieurs plus


longs que ceux d’un individu petit; chez l’un et l’autre,
la hauteur du torse diffère peu.
Il en résulte que le centre du corps tend à descendre
au fur et à mesure que la taille devient plus élevée :
chez un sujet de petite taille, le milieu du corps sera au
pubis; chez un sujet de grande taille, il sera au-dessous.

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Proportions du Corps Humain

Angle facial.
Camper, artiste hollandais du milieu du XVIIIe siè-
cle, avait fait des observations sur les squelettes des
têtes humaines, dans la pensée de fournir aux artistes
le moyen de donner le caractère aux différentes phy-
sionomies; il avait remarqué que, en général, plus le
squelette de la face est saillant en avant dans sa partie
inférieure, moins le front est développé.

Il a donc proposé d’apprécier le développement relatif


du crâne et de la face, par la mesure d’un angle produit
par la rencontre de deux lignes, dont l’une, qu’on peut
dire horizontale, passe par le trou auditif pour abou-
tir à l’épine nasale, l’autre, plus ou moins oblique, et
tangente par le bas à la saillie des dents incisives, et par
le haut à la partie saillante du front. Selon l’inclinaison
plus ou moins prononcée de cet angle, la race se rap-
proche ou s’éloigne de celle du singe.

Selon Camper, l’angle facial varie de 70 à 80 degrés


dans l’espèce humaine : dans la race nègre, il est de 60
à 70 degrés; de 31 degrés chez les gorilles.

Les Antiques, selon Camper, ont exagéré l’angle facial


en proéminence. L’Apollon du Belvédère entre autres,
dit-il, a un angle facial supérieur à 90 degrés.

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Proportions du Corps Humain

CONCLUSlON
J’arrêterai ici le cours de l’étude de cet abrégé des pro-
portions, et me reconnaîtrai satisfait si je
suis parvenu à énoncer avec clarté ce que j’ai voulu
présenter.

J’ai cherché à grouper les résultats des recherches


faites très antérieurement à Jean Cousin ainsi que celles
faites par des artistes de son époque; et j’ai essayé de
montrer qu’il y avait analogie dans les formules d’ap-
préciation; que les calculs, variant dans le procédé,
aboutissaient tous presque au même résultat techni-
que; et qu’il y avait un but certain, auquel ils avaient,
à toutes les époques, cherché de parvenir, c’était celui
d’arriver à reproduire le corps humain dans sa plus
grande beauté et perfection, qu’ils avaient cherché à
fixer les règles au moyen desquelles ils croyaient être
relativement parvenus à ce résultat, et ce sont ces
règles que j’ai eu la pensée de grouper, en vue de leur
utilité pratique pour les études qui sont du domaine
des Beaux-Arts.

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