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LA CRISE FINANCIÈRE: EFFETS ET

SOLUTIONS

INTRODUCTION

À l’origine de la crise financière, qui frappe maintenant tous les pays développés, est situé le
nombre très important des prêts hypothécaires consentis à des ménages en situation précaire
aux États-Unis. Depuis 25 ans, on constate l’appauvrissement des ménages américains, y
compris des classes moyennes. Les salaires ne progressent pas et le pouvoir d’achat
diminue.
La politique menée par les États-Unis pousse à un endettement excessif pour soutenir la
consommation et l’immobilier: nombreuses cartes de crédit, credits d’équipement (automobiles),
crédits immobiliers…On assiste donc à la formation d’une bulle spéculative dans l’immobilier.

Les banques américaines veulent profiter de ce marché en pleine expansion et juteux. Pour cela,
des crédits immobiliers hypothécaires, à taux variables, dits subprime, sont distribués aux
ménages déjà surendettés et ayant connus des incidents de paiement dans les 24 derniers mois !
Les banques ayant octroyé ces crédits savent que ces clients sont « douteux » et veulent se
débarrasser de ces créances de mauvaise qualité. Ces dernières sont transformées (grâce à la
titrisation) en titres, promettant des rendements exceptionnels. Bizarrement, ces nouveaux titres
sont notés « AAA » par les Agences de notation. Les investisseurs du monde entier –
institutionnels ou privés – se ruent pour acheter ces titres prometteurs…Ainsi, des milliards de $
d’actifs toxiques se répandent à travers le monde.

Partout dans le monde, on assiste à la création par les banques de nouveaux montages
sophistiqués et spéculatifs, destinés à réaliser le maximum de profits à très court terme et à
devancer la concurrence. Les traders prennent des risques maximum car leurs bonus sont
proportionnels aux résultats qu’ils réalisent sur les marches. Les Banques Centrales injectent
abondamment des liquidités et baissent leurs taux directeurs pour rendre l’endettement
supportable pour les ménages et les PME.

Mais, les ménages américains ne peuvent plus rembourser leurs emprunts, les banques font jouer
les hypothèques et tentent de vendre les maisons au plus vite. Le marché de l’immobilier se
retourne, la bulle immobilière éclate, les hypothèques prises sur les maisons n’ont plus de valeur,
les titres issus de la titrisation non plus !

Le système financier mondial contaminé dans son ensemble, est déstabilisé et de grandes
banques sont en faillite ou subissent de lourdes pertes. Comme résultat, les acteurs des marchés
ne se font plus confiance.

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LES EFFETS DE LA CRISE FINANCIÈRE

L’effondrement du système financier

La prolifération de titres surévalués a provoqué la crise du crédit, tout d’abord dans le marché
hypothécaire, mais avec des répercussions sur tout le système financier et bancaire qui s’est
effondré. La bulle du crédit immobilier a éclaté à cause de l’insolvabilité de petits débiteurs. La
pratique de la titrisation des crédits bancaires a augmenté la volatilité des marchés. Titres et
obligations ont infecté tout le système financier et ont entraîné en outre un effet domino
d’insolvabilité. Les banques ont refusé de se prêter de l’argent les unes aux autres, portant à un
niveau sans précédent le manque de liquidité dans les marchés interbancaires. Même des banques
apparemment plus solvables ont perdu en quelques jours leurs fonds propres ou leurs réserves.
La crise est systémique, et dès lors la contraction du crédit exercée par les banques provoque le
manque de liquidités sur le marché. La gestion du risque par chaque banque a consisté à assurer
sa propre protection sans prendre en considération les risques pour l’ensemble du système. Des
mesures prises pour raisons de survie individuelle ont débouché sur des résultats collectifs
irrationnels, comme la panique qui s’est emparée des courtiers. Les banques centrales ont dû
intervenir, limitant les effets de la crise, pour enrayer cette épidémie. Mais la solution de la crise
reste incertaine dans un système où les produits dérivés sont multiformes.

Les « produits dérivés », initialement conçus pour permettre aux entreprises de se couvrir contre
différents types de risques financiers (variations des prix, fluctuations des cours), ont contribué à
les multiplier, en servant à la spéculation. L’objectif est de permettre aux parties contractuelles
de réaliser une transaction à un prix déterminé sur l’actif sous-jacent (matières premières,
devises, dettes, actions, obligations...) grâce aux contrats à terme, aux contrats d’échange et aux
options d’achat et de vente. En contrepartie, des opérateurs spéculent sur les hausses ou baisses
des cours, tentant d’en tirer profit. Ces dernières 20 années, on a assisté à une véritable explosion
de ces transactions par la création de dérivés de plus en plus complexes. La somme de ces
produits derives navigue entre 600 et 1000 trillions de dollars, ce qui équivaut plus ou moins à
vingt ans de production mondiale fondée sur le sable ! Ne s’agit-il pas d’une autre bulle après la
bulle immobilière ? L’ingénierie financière ne cesse pas de créer de nouveaux produits
financiers. La «titrisation », technique de financement alternative, permet de convertir des actifs
immobilisés, tels des créances commerciales et des stocks, en papiers négociables. C’est
littéralement faire des nouveaux papiers à partir de vieux papiers de diverses valeurs mélangés,
« titrisés ». Il s’agit d’une manipulation qui consiste à transformer des créances en titres
vendables sur le marché des actions, par gros paquets, par exemple de crédits hypothécaires
amalgamés à d’autres créances. Par cette opération, les banques se défaussent des crédits qu’elles
octroient en plaçant leurs engagements bien souvent les plus douteux hors bilan. C’est un méli-
mélo pour diversifier les risques d’obligations pourries avec quelques titres réputés plus sûrs

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pour, dit-on, compenser les risques des uns par les autres. Ces paquets ont trouvé preneurs à la
Bourse à cause de leur haute rentabilité liée au risque.

Du collapsus financier à la récession ou à la dépression


de l’économie réelle

L’effondrement financier est seulement la pointe de l’iceberg. La crise se propage à l’ensemble


de l’économie réelle. Une spirale récessive est en train de se dérouler. Les marchés anticipent
une chute du profit des entreprises qui sont confrontées à des perspectives de dégradation de
leurs activités. Les entreprises n’arrivent plus à se financer par les marchés d’actions et
commencent à être confrontées à une compression du crédit. Les perspectives d’embauche de
main-d’oeuvre se réduisent, le chômage augmente et les rendements diminuent. Une dépréciation
significative des actifs des entreprises amplifie la dégradation des activités et conduit à une
dépression qui les amène à vendre leurs équipements réduisant ainsi leur capacité de production.
Qu’il s’agisse de récession ou de dépression économique, d’amples secteurs de production sont
en crise, affectant d’autres secteurs : la construction civile, la production pétrolifère, les mines et
la sidérurgie, le montage des voitures, l’électroménager, etc…

Répercussions de la crise financière et économique sur


les marchés du travail
1. La crise se fait sentir sur les marchés du travail depuis 2008, en particulier aux Etats-Unis, là où tout a
commencé. Au niveau mondial, après quatre années consécutives de baisse, le nombre de chômeurs a
augmenté de 11 millions en 2008. Et comme la crise continue de gagner du terrain et que les
suppressions d’emplois se multiplient, le monde pourrait compter 40 millions de chômeurs de plus à
la fin de cette année.
2. Certaines catégories de population, comme les femmes, les travailleurs migrants et les jeunes,
souffrent beaucoup plus que d’autres de l’atonie du marché de l’emploi. Dans certains pays, le secteur
financier, le bâtiment et l’industrie automobile sont les plus touchés. En général, les secteurs axés sur
l’exportation, principales sources d’emplois formels dans de nombreux pays en développement,
surtout pour les femmes, sont confrontés à la perspective d’un repli rapide des marchés mondiaux. De
plus, les pertes d’emplois ne seront pas les seules manifestations de la crise sur les marchés du travail:
les emplois informels et le nombre de travailleurs pauvres vont augmenter et aggraver encore les
problèmes déjà existants.
3. Une récession prolongée sur les marchés du travail est le plus grand risque. Les enseignements tirés
des crises antérieures montrent que le marché du travail ne se redresse généralement que quatre ou
cinq ans après la reprise de l’économie (laquelle n’est pas attendue avant la fin de 2009). Cela tient au
fait qu’il est extrêmement difficile de revenir à la normale après une hausse massive du chômage de
longue durée et d’une «informalisation» accrue du marché de l’emploi – encore accentuée par le
retour des travailleurs migrants et d’importants flux migratoires inversés – depuis les zones urbaines
vers les zones rurales. Si ces tendances se confirment, les effets de la crise se feront durablement
sentir, provoquant de graves problèmes sociaux et privant l’économie de précieuses ressources.

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4. Le recul des taux de croissance qui s’est produit en 2008 a aussitôt eu des effets sur le marché du
travail. Après quatre années de baisse consécutive, le taux de chômage mondial est passé à 6 pour
cent en 2008, alors qu’il était de 5,7 pour cent en 2007, et le nombre de chômeurs a augmenté
de 11 millions. L’impact a été immédiat et particulièrement prononcé aux Etats-Unis où les
suppressions d’emplois ont commencé au début de 2008, et se sont ensuite aggravées. La
même chose s’est produite au Japon. Dans les pays européens, les suppressions d’emplois ont
été dans une certaine mesure contenues grâce à la réduction du temps de travail ou à
l’indemnisation partielle du chômage, encore que là aussi des indicateurs récents signalent
une augmentation sensible du chômage.
5. Dans d’autres pays, la crise commence seulement à provoquer des suppressions d’emplois, si
bien que ses conséquences sur les marchés du travail ne se feront sans doute pas sentir
pleinement avant quelque temps. Néanmoins, elle a d’ores et déjà des effets incontestables
sur le comportement du marché du travail et la situation sociale des économies émergentes et
des pays en développement:

• A la suite des suppressions d’emplois dans des usines de la côte orientale


industrialisée de la Chine, plus de 20 millions de travailleurs auraient regagné leurs
régions rurales d’origine.

• Au cours du dernier trimestre de 2008, l’emploi a régressé de plus de 3 pour cent


dans huit secteurs d’exportation de l’Inde (extraction minière, textile et confection,
métaux et fabrications métalliques, automobile, pierres précieuses et joaillerie,
bâtiment, transport et technologies de l’information).

• L’économie sud-africaine pourrait perdre 250 000 emplois en raison de la crise, ce


qui compromettrait probablement le projet du gouvernement de réduire le taux de
chômage de 14 pour cent avant 2014.

• Preuve d’une soudaine détérioration de leurs perspectives économiques, les pays


d’Europe centrale et orientale voient en ce moment disparaître les emplois qu’ils
étaient parvenus à créer avec beaucoup de difficultés.

• Beaucoup d’emplois ont été supprimés dans des pays en développement qui sont
tributaires d’une base d’exportation étroite. En Afrique, par exemple, l’emploi dans
la production de matières premières et le tourisme a beaucoup diminué au cours de
ces derniers mois.

6. Dans ces pays, les suppressions d’emplois aggraveront les problèmes de l’emploi informel et de la
pauvreté des travailleurs. En l’absence d’autres sources de revenus, les travailleurs qui perdent leur
emploi soit retournent dans les zones rurales, soit vont travailler dans l’économie informelle urbaine,
ce qui, selon un rapport du BIT, a déjà commencé à se produire. Par exemple, on a constaté que, en
Chine, les travailleurs qui avaient émigré vers les villes retournaient dans les campagnes et que, en
Afrique, les travailleurs qui avaient des emplois formels dans les branches d’exportation ont dû se
rabattre sur l’économie informelle où ils gagneront moins. Résultat: en 2009, les revenus de 40 à 50
pour cent des hommes et des femmes qui travaillent dans le monde ne devraient pas permettre à ces
travailleurs et à leurs familles de dépasser le seuil de pauvreté de 2 dollars des Etats-Unis par
personne et par jour.
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Incidences sociales

La socialisation des pertes et la privatisation des profits les montre à quel point les responsables
politiques des pays développés se soucient très peu de l’avenir de leurs concitoyens. En effet, il
résulterait des conséquences économiques précédentes, une baisse du niveau d’emploi, un fort
taux de chômage (nombreux licenciements). Devant le souci de l’Etat de vouloir sauver de
nombreuses sociétés financières et industrielles, il n’est pas exclu que des secteurs sociaux
entiers soient abandonnés ou voient la part budgétaire qui leur était consacrée diminuer (santé,
éducation, aide aux personnes démunies, etc.).

Déjà, la nationalisation de plusieurs banques avec des fonds publics constitue un coût pour la
société et singulièrement pour les agents économiques les plus pauvres. A titre d’exemple, le
renflouement de la banque franco-belge DIXIA coûte 100 euros par Français. L’injection de 360
milliards d’euros par la France sera un lourd fardeau pour les pauvres. C’est pourquoi certains
ont pu dire qu’il s’agit pour le capital de « privatiser plus les profits et de socialiser les dettes ».
Historiquement, on sait aussi que le capitalisme, c’est la guerre pour la conquête de plus
d’espace pour son expansion.

Du fait de l’existence au pouvoir dans certains pays occidentaux de coalitions militaro-


industrialo- financiers, il n’est pas exclu qu’il y ait des tendances guerrières comme en 1929, afin
d’ouvrir de nouveaux marchés à leurs économies dans le but de refaire un nouveau partage du
monde. Toutefois, ce scénario est réalisable, mais peu probable, car il peut conduire à la
destruction du monde compte tenu des potentiels militaires en présence.

La plus grande probabilité, c’est des conflits localisés genre Irak, Afghanistan, etc. La relance de
l’industrie de l’armement pourrait être une source de relance des économies en faillite. Pour qu’il
en soit ainsi, il faut que ces militaro-industriels élargissent le champ des « nouveaux Etats
voyous » ou l’« axe du mal » (Iran, Venezuela, etc.) pour justifier leurs interventions.

Enfin, cette crise sera rejetée sur les immigrés qui verront leurs conditions de vie devenir plus
précaires avec un accroissement du nombre de charters remplis d’Africains, à destination de leur
pays.

Les conséquences macroéconomiques de cette crise


1er effet de la crise : on va observer une augmentation de l'aversion à l'égard des risques. Depuis
3 ans, le risque du crédit a été massacré par les marchés, les investisseurs, etc. ; les primes de
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risque ont été anormalement basses. Jean-Claude Trichet parle ainsi à juste titre de
"normalisation du risque".

2ème effet : la consommation aux États-Unis constitue l'un des canaux de transmission
importants des effets de cette crise. Certains ménages américains sont actuellement victimes d'un
double effet de richesse négatif : la chute de la bourse et la baisse des prix des logements. Cette
conjugaison de deux effets de richesse négatifs, l'un sur l'immobilier, l'autre sur les actifs
financiers, ne s'est pas retrouvée depuis quelques temps. Je considère comme plausible la double
hypothèse selon laquelle la consommation des ménages américains va ralentir et les ménages
américains qui font de l'épargne négative vont recommencer à faire de l'épargne positive,
hypothèse qui va alimenter le ralentissement américain. Un taux de croissance de 2%, ou un peu
moins, ne doit toutefois pas être considéré comme une récession. Par ailleurs, la réactivité de la
FED pourra être l'un des vecteurs permettant d'éviter cette récession.
Le débat sur la consommation américaine est très important par rapport aux prévisions sur la
croissance mondiale et aux conséquences de cette crise en Europe et ailleurs.

3ème effet : le comportement des banques. Ce n'est pas prendre de risque que de dire que les
banques vont être plus sélectives dans la distribution des crédits. Un "credit crunch", c'est-à-dire
une suppression des crédits, semble impensable. Les banques, tout comme les marchés, vont
devenir plus sélectifs. Cela se traduira sans doute par une baisse des taux de croissance des
crédits en rythme annuel de 10-11% par an, par exemple, pour les crédits à l'habitat dans la zone
euro ou en France, à des rythmes qui seront peut-être plus soutenables. Là aussi, ce sera en
quelque sorte un retour à la normale.

4ème effet : la fragilité du dollar. Cette crise financière ne revigore pas le dollar, loin de là. Elle
renforce sa fragilité qui existait avant la crise et qui est accentuée par les comportements
différenciés de la FED et de la BCE.
Dans les mois à venir, le problème que l'Europe devra gérer ne sera pas monétaire mais politique,
et il l'est d'ailleurs déjà. Il s'agit du problème du taux de change de l'euro. Il est possible que les
Européens se déchirent sur cette question. En effet, si on considère l'Allemagne, avec son
excédent extérieur, et la France, avec son déficit extérieur, on voit bien que les
problèmes/contraintes de compétitivité divergent.

DES SOLUTIONS POUR LA SORTIE DE LA CRISE

Comment atténuer les effets de la crise économique ?

Les observateurs s’accordent pour dire qu’en réinjectant, en réalité en avançant, massivement des
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liquidités (ces milliards dont on n’arrêtait pas de nous rebattre les oreilles) dans le système
financier ce dernier est remis sur pied. Il reste néanmoins que les problèmes structurels de
gouvernance et de contrôle ne sont pas encore résolus.

Pour la crise économique, ce qui est appelé une policy mix (ou politique mixte), les pouvoirs
publics disposent de deux éléments majeurs pour lutter contre les effets d’une crise à savoir :

la politique monétaire,

la politique budgétaire.
Ces deux éléments leur permettent d’engager des politiques contracycliques (de lutte contre les
cycles) en fonction des circonstances.

La politique monétaire qui consiste à jouer sur les taux d’intérêts est intéressante pour juguler
l’inflation et elle pourra accompagner une relance par des taux d’intérêt faibles. Nous ne
maîtrisons que très peu la fixation des taux d’intérêt car ces derniers sont fixés désormais par la
Banque centrale européenne, gardienne d’une inflation maîtrisée et d’un taux de change adapté.
Il ne faut pas s’en plaindre bien au contraire car on imagine les risques de dévaluation que nous
aurions pu connaître sans l’euro.

La politique budgétaire peut permettre, dans un tel contexte, de relancer l’économie. Comment ?
Soit par les achats et les investissements directs de l’Etat et du secteur public soit par des baisses
d’impôts ciblées sur les contribuables les plus modestes ou de charges sur les entreprises ou
encore par la majoration des revenus distribués (minima sociaux, par exemple).

Un plan de sauvetage collectif


Afin de faire face à la conjoncture économique actuelle, il faudrait envisager une solution
collective, pour réduire les besoins de capitaux dont souffrent l’ensemble des banques mondiales.

Pour cela, le gouvernement américain prévoit un apport de l’ordre de 700 milliards de dollars
pour combler le déficit des titres financiers liés aux créances immobilières des banques, c’est-à-
dire les dettes accumulées par les ménages américains lors de la crise des subprimes.

Cette action ne consiste pas dans le rachat total des crédits immobiliers qui ont touché les
ménages américains récemment, mais seulement dans un refinancement partiel, ie dans le
remplacement partiel des "titres pourris" détenus par les banques par de nouvelles ressources
financières que se procurent les banques ou les entreprises.

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Cependant, la réaction du gouvernement doit être travaillée minutieusement, car si le
remboursement des actifs américains est trop bas, les banques feront faillite, en raison de
l’insuffisance d’apports financiers nécessaires à leur fonctionnement.

Ainsi avec un rachat gouvernemental des titres financiers liés aux crédits immobiliers plus haut,
le système bancaire pourra « recommencer tout à zéro et oublier cette crise ».

D’après Christian Chavagneux, « avec ce plan, on arrête les médicaments et on passe à


l’intervention chirurgicale pour enlever la racine du mal ». Cette métaphore illustre bien le
contexte et la situation actuelle : la solution envisagée coûte très cher à l’Etat américain, mais est
néanmoins nécessaire puisqu’elle répond parfaitement au rétablissement du problème
conjoncturel actuel.

Cependant, certaines personnes telles que le Secrétaire au Trésor et les parlementaires


démocrates cherchent à limiter les coûts du Plan de sauvetage collectif.

Ils veulent obtenir plusieurs milliards de dollars, afin de pouvoir les reverser aux populations
américaines, dont bon nombre d’entre elles est aujourd’hui à la rue, démunies et affaiblies.

Ce versement financier permettrait ainsi un remboursement des prêts immobiliers pour les
ménages possédant encore leur patrimoine.

La population américaine est la principale victime de la crise des subprimes. Il faut donc établir
une harmonie entre les banques et les ménages quant au « plan de sauvetage ».

Que faut-il faire ?


1. Le soutien aux banques

Les banques vont en France, signer des conventions avec l'Etat via un Institut de Régulation des
banques qui doit contrôler les ouvertures de crédit aux PME, la rémunération des dirigeants, les
règles de fonctionnement. Un médiateur a été mis en place avec un rôle d'arbitre. Quand il n'y a
plus de confiance entre opérateurs bancaires, il ne reste de confiance que dans les Etats, qui
interviennent pour permettre d'ouvrir à nouveau des crédits.

2. Une réglementation internationale minimale

Il faut donner un statut aux agences internationales de notations, réglementer les « hedge funds »
(fonds spéculatifs), et pour surveiller tout cela confier une mission au FMI ou créer un autre
organisme. Comme ce rôle sera très important, il est nécessaire qu'à côté des techniciens, il y ait
des politiques avec un mode de gouvernance. Il faut que le pouvoir donné corresponde au poids
économique réel, dépasser le G8 et même le G20, aller sans doute jusqu'à 24 pays. Tout ceci doit
être contractualisé dans des traités pour légitimer.

Il est indispensable également de mettre en œuvre un plan de soutien aux pays les plus pauvres.
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Le G 20 doit prochainement se réunir avec le nouveau président des USA pour négocier ces
nouvelles règles et également aborder la réforme du système monétaire international.

3. Les plans de soutien à l'économie

Dans ces circonstances, il est essentiel de soutenir les PME et le secteur du bâtiment, renforcer la
politique de la ville......

Tout ce qui touche à l'investissement est essentiel car cela prépare la société de demain. Si on
veut être cohérent avec les inquiétudes de l'avenir, il faut investir fortement dans les technologies
de l'environnement, facteur de rentabilité car les USA vont s'y mettre et les marchés vont se
développer. La relance de la consommation serait pour la France, porteur d'un risque de
détérioration de son commerce extérieur déjà très mal en point par manque de compétitivité. Elle
aurait pour effet que l'aide de l'Etat bénéficie davantage aux pays exportateurs à destination de la
France. Le risque de développement du protectionnisme est également fort, chaque pays
protégeant ses produits, avec comme effet inévitable, la réplique identique de ses partenaires
commerciaux au détriment de ses propres activités.

4. Un problème d'éthique

Les valeurs fondatrices d'une économie de marché sont aujourd'hui manquantes, les « néo-
libéraux » ont effacé les valeurs liées à l'économie de marché telles le respect de l'autre, le sens
de la mesure....Il faut bien se rappeler que l'idéologie néolibérale représente le fondement des
idées économiques des républicains américains au pouvoir depuis 10 ans. Il y a un énorme devoir
d'éducation civique dans l'économie d'aujourd'hui. Il faut éveiller nos concitoyens au sens de
l'universel, car l'économie actuelle ne peut être que mondialisée. Comment peut-on négocier le
problème des paradis fiscaux, zones de non-droit ? par une volonté commune de boycott ? Sans
doute faut-il proposer une imposition internationale sur les transactions ?

Si l'on tente de regrouper les mesures envisagées, on discerne trois grandes familles d'objectifs:
rétablir la confiance, renforcer la stabilité financière, prévenir le risque systémique. En premier
lieu rétablir la confiance car sans celle-ci les investisseurs se détournent des marchés et l'activité
s'arrête. Renforcer la stabilité financière car s'il est une théorie économique qui se vérifie bien
dans les faits, c'est celle du caractère cyclique de l'économie capitaliste. Prévenir le risque
systémique car dans des marchés de plus en plus intégrés, les défaillances locales peuvent de
plus en plus vite entraîner des désordres globaux.

Toutes les mesures – ou principes de mesures, car dans certains cas la nécessité de réformer est
visible, mais la mise en application concrète n'est pas encore précisée - décrites ci-dessous ont
une portée et une validité en principe universelle. Elles ne préjugent pas de l'état actuel de la
réglementation dans tel ou tel pays ou zone économique.

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CONCLUSION
Dans le contexte actuel, il y a deux problèmes : les mesures d’urgence qui sont celles prises à
l’heure actuelle pour redonner une confiance aux épargnants afin qu’ils ne se bousculent pas aux
portes des banques pour retirer leur argent, ce qui va accélérer la crise financière avec des
faillites en cascades ; et les mesures de long terme qui reposent sur une réforme fondamentale du
système monétaire international qui prendra en compte les nouvelles monnaies fortes autres que
le dollar, à savoir l’euro, le yen japonais et le yuan chinois.

Par ailleurs, toute une réflexion doit être faite en ce qui concerne la croissance fondée sur le
libéralisme total avec comme support la monnaie (l’offre) telle qu’elle a été menée au cours des
trente dernières années et le retour au keynésianisme basé sur un capitalisme ponctué par
l’intervention de l’Etat, en d’autres termes, une « économie mixte ».

La crise démontre que les marchés non réglementés par les Pouvoirs politiques produisent des
résultats catastrophiques. Un contrôle démocratique est donc nécessaire, ainsi qu’une
coopération internationale plutôt qu’une concurrence délétère entre économies nationales.

La parole est maintenant aux responsables politiques des pays concernés, et à ceux des
institutions internationales qui n’ont pas su, ou pas pu, anticiper les conséquences prévisibles des
dérives financières dont chacun pouvait constater les effets collectifs. Nous devons, ensembles,
suivre et tenter de comprendre les évolutions et modifications législatives et réglementaires
permettant de surmonter cette crise financière at ses conséquences économiques, sociales et
humaines, afin, autant que possible, d’influencer les décideurs, dans le sens de l’intérêt général.
Il faut savoir aussi que la crise ne se résoudra pas par de simples injections financières, mais par
la découverte de nouvelles théories économiques, conduisant à de nouvelles politiques
économiques.

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