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Moquette !

C’est le nom que m’a donné ma petite maîtresse Charlotte parce que, paraît-il, je
me suis affalée sur le tapis dés notre première rencontre.

Je m’en fiche, je ne suis pas vexée !

Chaque jour Charlotte me câline, me caresse me nourrit de croquettes, m’a appris


la litière. J e joue parfois, elle me fait courir après un bouchon attaché au bout d’une
ficelle, ça l’amuse !

Je grandis, je grossis, je suis heureuse ! Sauf que l’escalier m’est interdit…

« -Pas les chambres !!! » a dit la maman de Charlotte.

Je m’en fiche, je ne suis pas vexée !

La cuisine, le couloir, la salle de séjour et le sofa surtout sont mon domaine et ça


me suffit !

Et puis il y a eu ce jour malheureux où Charlotte a laissé la porte ouverte ! Je me


suis aventurée tout doucement jusqu’à ce buisson ! Horrible ! Ce fut horrible !

Il y avait là une vieille chatte grise qui m’a insultée !

« -Alors Chochotte, ça va ? »

J’étais paralysée …

« -Chatte de salon va ! Tu n’as plus rien de notre Race ! Oublié l’instinct de chasse
hein ! Et pourtant sur le lit de ta maîtresse il y a une énorme souris ! Je l’ai vue ! Tu
es une honte pour Nous ! »

Heureusement Charlotte m’a prise dans ses bras, m’a essuyé les pattes et m’a
bercé contre elle, en me grondant un peu :

« Ne va plus jamais dehors Moquette, tu pourrais te salir ! »

Mais là, j’étais vexée ! Une souris ! Sur le lit de Charlotte ! Qu’est-ce que c’est que
ça ?

Sûr ! Je dois faire quelque chose !!!

Alors mes instincts me sont revenus : j’ai aiguisé mes griffes sur les pieds de
chaises ; j’ai épié longtemps, longtemps …

J’ai bravé tous les interdits et me suis cachée, tapie au fond du placard du couloir .

Quand Charlotte est sortie de sa chambre je l’ai vue : elle est là, énorme, blanche
avec des yeux roses, elle me nargue ! Alors j’ai fait un saut acrobatique en poussant
mon cri de guerre :

« MI-A-OU !!!! »

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Je lui ai arraché les yeux, détruit sa queue, sauté à la gorge et je l’ai secouée,
secouée, secouée !

Elle ne se défendait même pas…

Et soudain j’ai entendu ce cri affreux de Charlotte :

« -MA PELUCHE ! LACHE MA PELUCHE !!!!!!!!!!!!!! »

Juillet arrive.

Voici l’été, la saison des jeux et des longues promenades pour les petits enfants, les
petits chats ou les petits hérissons. Partout, c'est la même chose. Pour tous les
petits, l’école est terminée.

Quelle joie ! Les cahiers au feu et le maître au milieu. Un ballon vole dans le jardin
du voisin emportant au passage le massif de fleurs de sa femme. Les tables de
multiplications sont rangées tout au fond de la mémoire jusqu’à la rentrée
prochaine...si on s'en souvient encore !

Vivent les vacances !

Mais les jours passent, volent, filent. Août déjà se termine. Septembre pointe le bout
de son nez.

Ding dong ! c’est l’heure de la rentrée... Toutes les bonnes choses ont une fin.
Beaucoup ont le coeur gros de quitter les nouveaux amis de vacances. Il est temps
de ranger son cartable : livres, cahiers et plumier sans oublier le bonbon pour la
récréation.

- Sèche tes larmes ! Tu vas retrouver tes amis, dit maman.

Et elle a bien raison. Ce matin, dans la cour de l’école, ils sont tous présents.

Comme Julie a grandit. Elle est plus jolie encore que l’an passé. Tiens, Maxime a un
nouveau petit frère.

Un peu à l’écart, les petits lapinots regardent, craintifs. Ils sont curieux et très fiers
de leur sac mais ils ont tellement peur de quitter leur maman. Pour eux, une

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nouvelle vie commence. Les plus vieux ont amené un ballon et des billes. Le
premier jour, c’est encore un peu les vacances...Les lapins parlent, bavardent,
gesticulent. Ils sont dissipés en classe. Le maître a bien des difficultés à avoir le
silence.

- Méfiez-vous, dit-il ! Si vous continuez, vous n’apprendrez jamais rien et je devrai


vous punir.

A la première rangée, les tout petits se tiennent bien droits, sans bruit. Ils veulent
tout apprendre, tout savoir, tout connaître.

Les jours passent. Les lapins apprennent chaque jour des choses nouvelles. Ils
viennent en classe avec plaisir. A présent, ils peuvent compter sans se tromper :
additionner, soustraire, multiplier, diviser ; écrire leur nom et beaucoup d’autres
mots pour faire des phrases et des textes. Ils lisent des histoires et chantent des
chansons. A la récréation, ils inventent mille activités et s’amusent comme des
petits fous...

L’automne remplace l’été. Les feuilles des arbres prennent des teintes féeriques
puis se mettent à tomber en recouvrant le sol d’un tapis très doux et craquant sous
les pas. Mais bien vite, la pluie change le sol en boue et les lapinots rentrent chez
eux, le soir tout crottés au grand désespoir des mamans lapines.

Puis un matin, c'est le calme total. Pas un bruit au dehors mais une grande lumière
qui entre par les fenêtres.

L’hiver est arrivé sans bruit pendant la nuit. Il a recouvert la terre d’une épaisse
couche de ouate blanche. Pour partir en classe, les lapins enfilent leurs gros
manteaux, leurs moufles et leurs bonnets. Il ne faudrait pas qu’ils attrapent une
otite... La récréation est encore plus joyeuse que d’habitude. Ils organisent une
énorme bataille de boules de neige.

- Attention !

Trop tard. Blanchet vient de la recevoir la boule en plein sur le bout de son nez.

Un matin, Louiset découvre la première perce-neige. La neige s’en va doucement.


Elle fond et le printemps revient. Les jours s’allongent chaque jour un peu plus. Les
arbres retrouvent leur couleur verte. Les jardins se parent de fleurs odorantes.

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Les cloches reviennent de leur voyage à Rome chargées d’oeufs en chocolat
qu’elles déversent dans les jardins, les prés et les parcs. Il y en a partout. Les
jeunes lapins courent dans tout les sens, leur panier sous la patte. Il ne faudra pas
trop en manger pour éviter d’être malade et manquer des jours de classe car les
derniers jours sont importants.

La température augmente. Les leçons deviennent de plus en plus difficiles à


apprendre. La fatigue s'installe. Il faut revoir tout le contenu des cahiers pour les
tests de la fin d’année. Encore un mauvais moment à passer mais après... Après, à
nous les grands espaces, les courses dans les bois et les grasses matinées ! L’été
est revenu.

Aujourd'hui, c’est le dernier jour de classe. Tous les parents sont présents pour la
remise des bulletins. Le maître semble satisfait et un grand sourire illumine son
visage. Ses élèves ont bien travaillé et ils méritent une grosse botte de carottes
toutes fraîches cueillies du matin.

- A bientôt les petits lapins ! Passez de bonnes vacances et reposez-vous pour être
en forme, en septembre.

Ici ou ailleurs, la vie suit son cours imperturbable. Les saisons font place aux saisons
; les années au années. Les lapins, les chats, les hérissons et nous faisons partie de
ce cercle magique de la vie.

BONNES VACANCES !!!!!!!!

Il était une fois une souris qui n'était jamais contente. C'était pourtant une souris
ordinaire, une souris gris souris, avec un petit museau pointu et une petite
moustache; mais rien ne lui plaisait dans la vie.

D'abord, elle n'aimait pas sa couleur. Un jour elle voulait être rousse, et elle
rouspétait; le lendemain elle préférait marron, et elle maronnait.

Elle se trouvait petite. On l'appelait mini-souris; mais elle avait beau se pendre par
les pieds, elle ne gagnait pas un minimètre; et ça, elle ne pouvait l'admettre.

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Son poil non plus ne lui convenait pas; elle le trouvait trop ras. Elle ressemblait à
ses cousins, les rats, et ça la chagrinait. Elle vivait dans un trou qui était si étroit
qu'elle avait plus de place quand elle achetait trois grains; ça la rendait grincheuse.

Bref, jour et nuit, notre souris ronchonnait sans répit.

Tu n'es pas très gentille, lui disait-on, peut-être es-tu malade ? Ou trop maigre ?

C'est vrai ça, on parle toujours des " bons gros " mais jamais des " bons maigres ";
tu devrais y songer.

Elle y songea.

Manger, manger, elle ne pensa plus qu'à se gonfler la panse . Elle s'enferma chez
elle avec des provisions et se mit à la tâche:

Menu

Lundi : pâté, patates et pâtes ;

Mardi : pâtes, pâté et patates ;

Mercredi : patates, pâtes et pâté ;

Jeudi : pâté, pâtes et patates ;

Vendredi : pâtes, patates et pâté ;

Samedi : patates, pâté et pâtes ;

et le dimanche

un grand verre d'eau.

Une semaine passa. Sans résultat. Malgré un tel menu, elle restait trop menue. Elle
supprima le verre d'eau.

Après plus de deux mois de ce régime " bourri-bourra ", notre souris glouton finit
pourtant par s'empâter de partout et devint ronde comme un ballon. Même les

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pattes semblaient parties, cachées par son gros ventre. Il n'y avait plus que les
oreilles qui dépassaient, et encore, pas tout, juste un petit bout.

Mais quand elle se trouva coincée dans son trou sans pouvoir en sortir, elle fut à
nouveau de très mauvaise humeur, Et elle jeûna le plus vite possible.

A sa première sortie, elle rencontra deux souris voisines. Une blanche, une verte. La
blanche travaillait à l'hôpital et elle était très pâle. La verte courait dans l'herbe,
mais quelqu'un qui passait par là l'attrapa par la queue, la trempa dasn l'huile, dans
l'eau, et elle se transforma en un escargot tout chaud. Quel sort pour une souris de
finir en escargot ! Notre souris grise aurait pu se dire qu'être couleur muraille, ce
n'était pas si mal que ça ; mais non, elle ne se le dit même pas.

Le soir, il y avait un bal. Pour se faire belle et se grandir un peu, notre mini-souris
mit ses souliers vernis avec des talons hauts. Puis elle entra.

Musique....

Drame , c'était un cha-cha-cha.

Elle voulut s'échapper, mais elle glissa par terre et tomba sur les dents.

Crac, plus de dents.

Mais c'est triste une souris sans dents, qui ne grignote ni ne sourit. Il lui fallait
d'urgence une dent de remplacement. Elle fit alors le voeu que si elle en trouvait
une, elle deviendrait une crème de souris et le demeurerait pour le reste de la vie.

Et c'est depuis ce temps-là que les enfants glissent sous leur oreiller leur première
dent de lait.

C'est pour aider les petites souris à devenir plus sages.

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Sur la mer-océan, sur l'île Bouyan, habite le chat savant endormeur enjôleur. Autour
de la maison, sur les arbres et les buissons poussent des contes et des chansons. Le
chat savant les cueille, les ramasse, dans sa cave les entasse. J'y suis allée par une
nuit noire, j'ai volé au chat une histoire. Si ça vous plaît, vous n'avez qu'à écouter.

Dans la forêt, dans la clairière, dans une petite chaumière vivaient trois camarades,
trois amis, trois frères:

un moineau, une souris et une crêpe au beurre.

Ils travaillaient, s'entraidaient de leur mieux - le moineau allait chercher les


provisions, la souris coupait le bois et allumait le feu, et la crêpe au beurre faisait
cuire la soupe. Mais quelle soupe! Epaisse, grasse, beurrée, parfumée…

Le moineau disait:

- Une soupe pareille, même le roi des rats ne s'en offre pas tous les dimanches. Et
nous, c'est chaque soir comme ça!

La crêpe au beurre répondait:

- C'est parce que, avant de servir, je plonge dans la marmite, je m'y tourne-
retourne, clapote-barbote - et voilà la soupe beurrée, assaisonnée.

La souris à son tour:

- Et moi, je ronge le bois fin-fin pour qu'il brûle bien, j'attise le feu du bout de ma
queue, la soupe cuit encore mieux!

Et le moineau qui reprenait:

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- Et il faut voir avec quoi elle est faite, cette soupe! Rien que des produits de
premier choix. Un champignon par ci, une poignée d'orge par là, deux feuilles de
chou, quatre pois chiches, c'est ça qui fait la soupe riche!

Et tous les trois, ils disaient en chœur :

- Ah, la bonne soupe, bien faite, bien cuite, bien mitonnée, bien assaisonnée!…
Donnez m'en encore une assiette, s'il vous plaît !

Un jour, le renard qui passait par là a vu par la fenêtre la crêpe assise au coin du
feu. Une belle crêpe au beurre, toute ronde, toute dorée, croustilla-a-ante ! Le
renard l'aurait bien mangée, mais la crêpe ne sortait jamais de la maison et la porte
restait fermée au loquet. Alors, voilà le renard qui s'en va trouver le moineau dans
la forêt et qui soupire :

- Mon pauvre ami! Mais tu te tues au travail ! Quand je pense que tes compagnons
ne font rien de la journée, ça me fait vraiment de la peine.

Le moineau dit que les autres travaillent aussi, chacun dans sa partie. Mais le
renard hoche la tête avec pitié :

- Tu appelles ça travailler? Un fagot de bois à couper, la soupe à mettre au feu, et


reposez-vous donc! Tandis que toi, tu cours les bois du lever du jour à la tombée de
la nuit. Je voudrais bien voir la crêpe en faire autant! Pas de danger qu'elle accepte,
la grosse paresseuse!

Et sur ces bonnes paroles, le renard s'en va.

Le renard s'en va et le moineau reste là, à réfléchir. Il se dit:

- Mais il a raison, le renard! C'est moi qui fais tout le travail. Ce n'est pas juste. On
va y mettre bon ordre, et pas plus tard que tout de suite!

Le moineau est rentré à la maison, il s'est fâché, il a crié, tapé du pied. Comme
quoi, il en avait assez de faire seul le gros de l'ouvrage. Et que demain c'est la

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crêpe qui ira chercher les provisions. La souris fera la soupe, et pour ce qui est du
bois, lui, moineau, en fait son affaire.

Bon, bon, c'est d'accord!… Et le lendemain matin la crêpe s'en est allée au bois,
panier au bras, cueillir les champignons, gauler les noix.

La crêpe roule à travers bois, ramasse des coquilles de noix; elle roule sur la
mousse humide, ramasse une cosse de pois vide; en passant sous le chêne vert elle
trouve un cèpe mangé aux vers et en traversant l'herbage, elle cueille un oignon
sauvage. Un peu pourri, mais ça fait rien. Que voulez-vous, elle ne sait pas, la
pauvre! Elle n'a pas l'habitude.

Juste comme elle se dit qu'il est temps de rentrer à la maison, voilà le renard que
sort son museau pointu de dessous les branches. Et il attrape la crêpe par son bord
doré, beurré, croustillant.

Ouille!… La crêpe a crié. Et le renard a crié. C'est qu'elle est chaude, la crêpe,
brûlante comme au sortir du four. Le temps que le renard lèche son museau
échaudé, et la crêpe est déjà loin. Elle roule vers sa maison aussi vite qu'elle peut.
Et elle boite, la pauvre! Le coup de dents du renard lui a enlevé un bon morceau.
Alors, pour rouler, ce n'est pas pratique.

Et à la maison, pendant ce temps les choses n'allaient pas beaucoup mieux.

Le moineau a voulu couper le bois "fin-fin pour qu'il brûle bien" et il a attaqué la
bûche à grands coups de bec. Mais le bois, ce n'est pas une cosse de pois, ça ne se
fend pas facilement. Le moineau s'est obstiné, la bûche n'a pas cédé, c'est le bec
du moineau qui s'est tordu.

La souris, de son côté, avait préparé la soupe. Elle avait fait de son mieux, mais ce
n'était quand même pas ça. La souris s'est dit: "Comment fait-elle déjà, la crêpe? –
"Je plonge dans la marmite, je clapote-barbote et voilà la soupe prête…" Bon, je vais
en faire autant."

La souris a plongé dans la marmite. Elle a été ébouillantée, elle a failli se noyer, elle
n'a jamais su comment elle s'en est tirée. Elle a couru dehors, elle s'est assise sur le
seuil, a pleuré. Sa fourrure ébouillantée pèle, elle a le bout de la queue qui tremble.
C'est qu'elle a eu peur, pensez donc!

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Là-dessus la crêpe arrive, en se dépêchant, en boitant. Elle voit ses deux amis assis
sur le seuil côte à côte. Le moineau a le bec tordu, la souris a sa fourrure mouillée
et le bout de la queue qui tremble, Et ils pleurent, ils pleurent…

- Eh bien, nous voilà jolis, tous les trois! a dit la crêpe. Mais qu'est-ce qui nous a pris
de vouloir changer de métier? Le travail qui nous convient, on le fait bien et tout le
monde en profite. Tandis que ce qu'on ne sait pas faire ennuie la maisonnée entière
et après il faut le refaire.

Le moineau, de honte, s'est caché la tête sous l'aile. C'est encore les deux autres
qui ont dû le consoler.

Et, après, les trois amis se sont remis à vivre comme avant, le moineau à chercher
les provisions, la souris à couper le bois et la crêpe au beurre à cuire la soupe. Et
tout le monde en été satisfait. Sauf le renard, bien sûr. Mais à celui-là, on ne lui a
pas demandé son avis.

Aujourd'hui encore, les trois amis vivent dans leur chaumière au milieu des bois. J'y
étais, on m'avait invité. Il y avait de la bonne soupe épaisse, beurrée, parfumée. On
m'en a donné une assiette – je n'en ai pas laissé une miette. On m'en a donné une
soupière – j'ai failli avaler la cuillère. On m'en a donné un pot plein – je n'en ai pas
laissé un brin. On m'en a donné un chaudron – j'ai manqué faire un trou au fond. Et
depuis, on ne m'a jamais plus réinvité, Je me demande bien pourquoi…

Il était une fois, dans le royaume de la mer, un roi dauphin qui était très triste car sa
fille avait disparu. La méchante pieuvre Monstra l'avait capturée et enfermée dans
une grotte sous-marine secrète. Le roi fit mettre, dans tout le royaume, l'affiche
suivante :

"Le dauphin qui retrouvera ma fille pourra l'épouser. Signé : Le Roi"

Comme la princesse était très belle, plusieurs dauphins essayèrent de la délivrer.


Mais on ne les revit jamais plus.

Un jour Théo, un jeune dauphin, vit l'affiche.

Il décida d'aller immédiatement à la recherche de la princesse car il en était


amoureux depuis des années. Sa mère lui dit :

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"C'est très dangereux! De nombreux dauphins ont déjà disparu.

-Je l'aime. Je veux la délivrer, repondit Théo."

Il partit donc a l'aventure et nagea, nagea, nagea...

Soudain, il entendit une voix.

"Au secours! Au secours! Délivrez-nous!"

Théo se précipita vers ces cris. Il vit alors une sirène et un hippocampe géant
prisonniers d'un filet de pêcheur. Il remonta à la surface prendre de l'air.

Il redescendit et déchira les mailles du filet avec son bec.

"Merci de nous avoir sauvés. Je m'appelle Cheveux d'Or. Comment pourrais-je te


remercier? interrogea la sirène.

-Je ne veux rien. Mais peut-être sais-tu où habite Monstra la pieuvre?

-Je connais la grotte qui lui sert de refuge. Je vais t'y accompagner avec mon ami
l'hippocampe, répondit la sirène."

Les trois amis reprirent la route et nagèrent, nagèrent, nagèrent...

Tout à coup ils entendirent le chant de douleur d'une baleine. Ils se dirigèrent vers
ces plaintes et trouvèrent une baleine avec un harpon planté dans un de ses flancs.

"A l'aide! Je saigne, je suis blessée!

-Ne crains rien. Nous allons te sauver rassura Théo."

Le dauphin et la sirène réussirent à retirer le harpon.

Cheveus d'Or, qui connaissait toutes les plantes de la mer, alla chercher des algues
qui soignaient les blessures. Elle en fit un pansement à la baleine.

"Je vous dois la vie, remercia le baleine. Je m'appelle Lucie. Que pourrais-je faire
pour vous?

-Suis-nous, on aura peut être besoin de toi lui proposa Théo."

Les quatre amis reprirent la route et nagèrent, nagèrent, nagèrent...

Soudain, la sirène les arrêta.

"Chuutt...,voilà la grotte de Monstra chuchota-t-elle."

Devant 'entrée veillaient trois requins marteaux et trois requins blancs...

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Théo remonta alors à la surface pour respirer et prendre des forces. Après un
terrible combat, il se débarrassa de tous les requins en attaquant leurs ouïes avec
son bec. Ils moururent asphyxiés.

L'énorme pieuvre Monstra sortit alors de son trou et se mit à agiter ses huit
tentacules.

"Vous ne passerez pas! Je vais tous vous tuer! gronda t-elle.

-C'est ce que l'on va voir! s'exclama Théo."

Le courageux dauphin s'avança. Mais la pieuvre lui lança un jet d'encre noire pour
l'aveugler.

Heureusement, Lucie, la baleine, aspira toute l'encre et la rejeta sur Monstra. Celle-
ci ne savait plus où elle était. Elle s'affola, gigota et s'emmêla les huit tentacules.

Théo en profita pour aller chercher la princesse dans la grotte. Celle-ci tomba
immédiatement amoureuse de son sauveur.

Nos amis et la dauphine retournèrent au palais. Théo alla voir le roi dauphin.

"Majesté, je vous ramène votre fille.

-Comme promis tu peux l'épouser, répondit le roi."

Ils se marièrent et eurent beaucoup de bébés dauphins.

Quant à la pieuvre, elle essaie toujours, paraît-il, de se démêler les tentacules

- Papa, je veux aller à l'école ! dit Sébastien. le petit dauphin.

Mais le papa n'est pas d'accord :

- Il faut d'abord que tu saches siffler, explique-t-il. Sinon comment veux-tu


apprendre les signaux ?

Là, Sébastien a un problème car il n'arrive pas à siffler.

-Creuse les joues, pince les lèvres sans les fermer, mets correctement ta langue
entre tes dents...

C'est trop compliqué. Sébastien coince sa langue à l'envers et pas un son ne sort.

- Tu le fais exprès, ma parole ! s'impatiente le papa.

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Non, Sébastien ne le fait pas exprès et il a le coeur gros de voir partir ses frères
sans lui avec leurs cartables.

Alors il prend des bonbons et son chapeau neuf puis s'en va, très loin, cacher son
chagrin.

Mais soudain que se passe-t-il ? Un filet lui passe sous le nez.

Horreur ! Ce filet, sûrement lancé d'un bateau par des pêcheurs, se dirige droit vers
un groupe de sardines. Celles-ci bavardent et ne voient rien.

Vite Sébastien s'élance :

-Attention ! leur crie-t-il. Attention

Les sardines se sauvent. Il était temps car elles ont bien failli être attrapées. Aussi,
l'une d'elles revient vers Sébastien :

- Pourquoi n'as-tu pas sifflé pour signaler le danger ? s'étonne-t-elle.

- Je ne sais pas le faire, avoue Sébastien en baissant la tête. Je n'y arrive

pas.

- Nom d'un caramel, je n'ai jamais entendu une histoire pareille ! s'exclame la
sardine ... Attends-moi un peu, je vais t'aider ...

Deux minutes plus tard, elle est de retour avec un coquillage :

- Prends-le, dit-elle. Tu n'as qu'à souffler doucement dedans, ça marche à chaque


fois.

Un sifflet ? Quelle bonne idée !

Sébastien veut tout de suite essayer. IL souffle doucement mais , hélas, le


coquillage reste muet. Le petit dauphin est déçu. Pourtant il ne peut pas croire que
la sardine se soit moquée de lui.

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Alors il recommence, creuse ses joues, pince les lèvres sans les fermer vraiment,
met sa langue bien comme il faut et ...c'est lui qui siffle !

Maintenant j'ai compris, cette sardine m'a sauvé la vie. Puis il file dare-dare
rejoindre ses frères à l'école.

Ptiloup vivait dans un tout petit appartement, une pièce principal, une cuisine et
une salle de bain accompagné de sa maîtresse Melissa, il vivait heureux tous les
deux, et s’aimaient beaucoup, chaque matin il avait droit à une caresse de sa part,
et bien sur un bon gros bol de croquette qu’il attendait plus que tout.

Ptiloup est tigré, gris et noir, doux, très gros,il est très gourmand, il mange
beaucoup trop, Melissa a beau lui dire sa suffit tu manges trop, tu vas être malade à
force d’en réclamer autant, cela lui est égal, il en veut encore, et peu importe s’il
est gros et paresseux, puisque sa journée lui est consacré à ses seules activités,
dormir, manger, se faire câliné par Melissa et encore dormir. Bien paresseux ce
ptiloup.

Mais ce lundi matin fut tout autre, bien différent des autres, bien allongé dans son
lit douillé, une fois Melissa parti travaillé, il se dégourdit les pattes, une a une il les
étire, les lèches, et se roule sur le sol, heureux d’être un chat ce dit il, je suis
heureux d’être un chat gros et paresseux.

Il se dit un peu d’exercice ne me ferait pas de mal, allons voir du côté de la fenêtre
le temps qu’il fait, il grimpas d’abord sur la table ronde du salon, se lécha un instant
les babines, puis il fit un saut en direction de la fenêtre, très agile pour un gros chat
se dit il, après on dira que je suis trop gros, je suis bien portant tout simplement
pensa t-il fortement.

Devant la fenêtre il vit une drôle de chose tombait sur le sol dans la cour ou il rêvait
d’aller gambader, mais la journée Melissa fermait les portes,et les fenêtres, elle
avait bien trop peur que ptiloup s’échappe et se perde chez les voisins.

Il voyait tomber des boules de toutes les couleurs qu'il distinguait difficilement,
alors il gratta la fenêtre avec ses quatre cousinés sous ses petites pattes toutes
douces effaça la bué, il n’en revenait pas des croquettes tombaient sur le sol et
formaient un gros tas de croquette, il se mit à miauler, à tourner en rond, il sautait
dans tous sens, des croquettes se disait il, plein de croquettes, hum, miam miam,
j’en veux, je les veux. Il était bien embêté car la porte et les fenêtres étaient belle
et bien fermées, épuisé à courir dans tous les sens, de la table au lit, de la fenêtre
au canapé, de la cuisine au salon, il cherchait désespérément à attraper ses
magnifiques croquettes qui tombait sur le sol, il aimerait tant pourvoir les manger,
si seulement il était dehors, si seulement il pouvait sortir, il pourrait toutes les
manger et remplir son gros ventre de délicieuses croquettes de toutes les couleurs
à l’odeur parfumé qu’il aime tant.

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Tout à coup la pluie de croquettes s’arrêta et la il se mit à compter une à une les
croquettes, une, deux, trois, quatre, cinq, six,sept, huit , neuf, dix, il n’en revenait
pas, il y en avait tant, c’était un rêve se disait il, je suis en train de rêver. Pour être
sure qu’il ne rêvait pas il se mit dans l’idée de se réveiller, alors il se jeta sur
l’armoire il fit un grand bon en plein sur l’armoire, on entendit un énorme boum, et
puis plus rien.

Un grand silence, ptiloup mangeait dans la cour toutes les croquettes une à une
sans en laisser aucune, il avait traversé le carreau, ouvert les volets, et il mangeait
tant qu’il pouvait personne ne pouvait l’arrêter pas même Melissa, il est heureux,
un paradis de croquettes pour un gros chat c’est merveilleux., il n’en avait laissé
aucune, il avait tout mangé, petitloup voulait aller dormir mais il avait tellement
mangé qu’il n’arrivait plus à marcher, il se sentait lourd, gros, et n’arrivait pas à
mettre une patte devant l’autre. Il avait mal au ventre et se sentait très mal.

Soudain Ptitloup redressa ses oreilles, leva le museau, ses petites moustaches
bougés comme des guirlandes de noël, il entendit la clef dans la serrure, c’était
Melissa, de retour de sa journée de travail, il n’en revenait pas, il était dans le salon,
il n’avait plus mal au ventre et se faisait câliné par Melissa qui lui promis de lui
servir un grand bol de croquettes. Quant il entendit croquette ptiloup se jeta sur le
lit et se cacha à l’intérieur de la couverture, bizarrement il n’avait pas faim.

Melissa se demandait ce qu’il lui arrivait, c’est la première chose qu’il demande au
réveil, et la toute première chose qu’il demande à son retour, un bol de croquette.
Elle fit le tour de la maison, chercha quelque chose, sans vraiment savoir ce qu’elle
cherchait puis elle ouvra la porte qui donné à la cour, et là, Melissa vit une
farandole de croquettes sur le sol, elle regarda en direction de l’étage du dessus,
chez ses voisins, elle se demandait comment ses croquettes avait atterri dans sa
cours. La voisine lui fit signe, en lui demandant de bien vouloir l’excuser car sa
petite fille s’était amuser à renverser la boite de croquette dans sa cour. Melissa lui
répondit que cela n’était pas grave, mais si mon chat était tombé dessus, il les
aurait certainement dévoré et se serait senti bien mal.

Ptiloup toujours sous sa couette n’en revenait pas, il n’avait pas faim, il pensait à se
mal de ventre et se disait que Melissa avait bien raison de ne pas trop lui en donner
car cela pourrait bien le rendre malade. Mais ce que ptiloup ne savait pas, c’est qu’il
n’en avait mangé aucune, c’était un rêve, un étrange rêve, il n’a jamais su qu’il
avait rêvé. Le saut qu’il avait fait en direction de l’armoire l’avait completement
assommé.

Melissa quant à elle était bien heureuse, ptiloup devenait raisonnable et il était
moins gourmand, il restait pourtant, un gros chat tigré, doux et paresseux.

Rocco se décida à approcher des trois merveilles qu’il avait épiées depuis des mois.
Aujourd’hui, c’est le grand jour, se disait-il pour s’encourager. Le ciel était clément,
le soleil du printemps réchauffait l’air. Il s’était baigné dans une flaque laissée par la
pluie de la veille et son plumage brillait et lui donnait fier allure.

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Rocco tournoya longtemps en décrivant des cercles autour de ses belles. Elles
l’observaient et commentaient bruyamment le séducteur acrobate. Soudain, elles
se turent, fascinées par le vol piquet et l’atterrissage en douceur du maestro.

Rocco lissa ses plumes ébouriffées pour conserver une allure présentable. Il voulait
mettre toutes les chances de son côté, lui, le petit moineau des cités osant
approcher ces trois demoiselles perruches venant des îles et au plumage de
couleurs si chatoyantes. Ses copains avaient bien tenté de le dissuader, mais il
n’avait écouté que son désir.

Il lança un « bonjour, mesdemoiselles » sonore et qui retentit longuement.


Simultanément, il fut pris d’une angoisse terrible de les avoir effarouchées. Les trois
grâces se mirent aussitôt à parler toutes les trois en même temps, dans un vacarme
assourdissant qui le déconcerta.

« Monsieur, je vous demande de cesser de nous importuner. Mes soeurs et moi-


même sommes très désappointées de votre visite. Aussi, je vous demande de
quitter les lieux instamment ».

C’était la Bleue qui avait parlé ainsi. « Importuner, désappointées, instamment »,


Rocco ne comprenait rien à ce langage.

Il les observa un moment. La Bleue qui se tenait toujours bien droite, étirant son
cou et se déplaçant de manière saccadée. Il la surnomma in petto « la psychorigide
». La Jaune, plus massive, qui mangeait tout le temps, dormait souvent et qui, dans
un état soudain d’agitation intense, mordillait pendant des heures les barreaux de
leur cage. C’était la maniaco-dépressive. Enfin, la Blanche. Ah, la Blanche ! Quelle
merveille ! Réservée, timide peut-être, espiègle parfois, triste sûrement. Il ne se
lassait pas de la contempler. La blancheur de son teint le ravissait. Il lui avait déjà
donné un nom depuis longtemps « Ma Douce ».

Tout à sa contemplation, il avait complètement oublié la requête formulée par la


psychorigide. Il annonça : « Je me présente, je m’appelle Rocco, pour vous servir !
». Indignation et cris de la Bleue, regard en coin espiègle de « Ma Douce » et
redoublement compulsif des morsures des barreaux de la Jaune.

« Permettez que je poursuive, mesdames. Je m’exerçais, comme chaque jour, avec


mes amis à perfectionner mes vols, quand, pour la première fois, j’ai entendu vos
cris. Ils me sont allés droit au cœur. Je vous ai localisées et, misère ! Qu’est-ce que
je vois ? Trois de mes congénères dans une cage ! J’ai aussitôt conçu le dessein de
vous libérer. Cette idée ne me quitta plus, renforcée par la vision angélique et
envoûtante de votre aimable personne, Madame, dit-il en posant son regard sur la
Blanche. Certes, je ne suis qu’un banal moineau des cités, destiné, comme tous les
siens, à un destin tout tracé. Pourtant, grâce à vous, j’ai senti naître au fond de mon
cœur une émotion d’amour fraternel si forte que ma vie en a été complètement
chamboulée. Acceptez et je vous libèrerai de votre servitude. Mes amis et moi-
même sommes prêts ».

La discussion s’anima crescendo entre les trois perruches. La psychorigide refusa


catégoriquement. Elle avait vécu toute sa vie en cage et ne comprenait pas qu’on
puisse imaginer chercher la liberté à l’extérieur. La maniaco-dépressive, au plus
bas, jurait que la vie ne valait pas d’être vécue et que, de toute manière, si on la

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libérait de sa cage, elle ne serait toujours pas libérée d’elle-même et que, donc, elle
se suiciderait. La Blanche hésita longuement, réfléchissant, pesant le pour et le
contre et déclara vouloir être libre, comme un oiseau. Pourtant, l’ombre de la
culpabilité commença à planer sur son cœur. Allait-elle abandonner ses sœurs
d’infortune pour voler vers la liberté ?

Une forme noire s’approcha de tout notre petit monde et, dans un miaulement et un
coup de patte, ouvrit la cage et s’enfuit en crachant.

Que pensez-vous qu’il advint ? La maîtresse de maison arriva et emporta la cage !

Voulez-vous que je vous raconte l’histoire d’Ourson de verre ? Oui ? Alors, allons-y !

C’était un vrai ourson, en muscles et en fourrure. Je l’appelle Ourson de verre (ODV


en abrégé), parce qu’il était transparent. Transparent ? Bon, ce n’est une façon de
parler : disons plutôt que sa mère ne le voyait pas. Je ne peux pas vous dire
pourquoi, ODV lui-même l’ignore et nul ne le sait sans doute. Mais le fait est que
Mère Ourse (MO) ne compta que deux des trois petites masses nées d’elle cette
année-là. C’est étonnant et bizarre, je sais, mais c’est comme ça !

Heureusement, comme MO léchait quotidiennement et consciencieusement ses


deux oursons, elle donnait aussi un coup de langue à ODV parfois sans y prendre
garde. D’ailleurs ODV pouvait discrètement téter et se blottir contre la fourrure
maternelle, incognito. Et ODV pu grandir avec ses frères.

Ses frères ? C’étaient Petit Ours Marron et Petit Ours Gris, POM et POG, en abrégé.
Ils étaient perplexes car ils voyaient bien ODV, eux, et ils jouaient de temps en
temps avec lui sans en avoir l’air en l’absence de MO. Mais comme ils avaient
confiance en leur mère qui ignorait ODV, ils ne savaient pas trop quoi penser.
C’était un peu compliqué pour de si jeunes ours. En tout cas, si nul ne s’intéressait à
ODV, on ne le chassait pas non plus. Comment pourrait-on chasser quelqu’un qui
n’existe pas ?

Je tiens à préciser qu’on ne parlait pas dans cette famille car c’était une espèce
d’ours muets, tout juste un peu « grognonants ».

Un jour, il se passa quelque chose. Alors que MO suivie de ses petits cherchait un
nouveau territoire où habiter, le leur ayant été dévasté par le feu, ils eurent à
traverser un torrent tumultueux. Qu’à cela ne tienne ! MO fit passer tour à tour POM
et POG sur son dos. Elle déposa POM en premier de l’autre coté et revint chercher

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POG. Vous devinez la suite, n’est-ce pas ? Elle ne refit pas le trajet pour ODV,
évidemment !

Heureusement que ODV n’était plus un bébé, et pas si fragile que ça malgré son
nom ! Il avait un peu plus d’un an et savait déjà grimper aux arbres. Il pleura mais
finit par sécher ses larmes. Il explora les alentours et trouva facilement de quoi se
nourrir et où dormir. Et quelques jours plus tard – miracle et merveille – il rencontra
une famille d’ours à peu près semblables à lui.

On lui posa plein de questions : que faisait-il là, tout seul et si jeune dans la forêt ?

ODV ne comprenait pas car il n’avait pas de langage, mais il se sentit accueilli et
suivit volontiers cette ourse et ses quatre oursons. Au début, il avait été intimidé
par tant de regards sur lui et de paroles à son égard. Il aurait bien voulu redevenir
transparent de temps en temps – question d’habitude – pour se reposer.

Mais ces ours-là étaient patients et ODV apprit vite à réagir comme eux. Comme il
n’avait pas l’habitude d’être sollicité pour des jeux ou de menus travaux, il
endormait le soir épuisé, mais content. Il a du apprendre aussi à se faire remettre à
sa place quand il dérangeait ou déplaisait mais cela se faisait tout en douceur.

Ce qui ravissait le plus ODV, c’était l’étonnante capacité de sa nouvelle famille à


échanger des mots et des phrases. C’était un moyen rapide et léger de se
comprendre, de s’expliquer, de prendre des décisions et de s’accorder les uns aux
autres qui l’émerveillait. En deux semaines à peine, il avait appris à décoder la
plupart des mots et un mois plus tard, il parlait lui aussi !

Quelques années plus tard, ODV était un jeune adulte, destiné à se trouver un
nouveau territoire où s’établir. Il explorait la grande forêt chaque jour et revenait le
soir retrouver les siens. Or, un jour, devinez qui il vit ? Mère Ourse, celle-là même
qui l’avait mis au monde sans même s’en rendre compte. Elle avait un peu vieilli et
elle était seule. POM et POG étaient sans doute déjà partis faire leur vie ailleurs.

« Mère Ourse » murmura ODV. Elle le voyait mais ne le reconnaissait bien sûr pas. «
Je te reconnais, moi » dit ODV, mais il se rappela qu’elle ne pouvait pas le
comprendre. Alors ODV resta deux mois auprès de MO, jusqu’à ce qu’elle ait appris
à parler elle aussi. Et il s’avéra que Mère Ourse avait une très jolie voix, chantante
et fluttée. « Tu es ma Mère Ourse de Cristal », lui dit un jour Ourson de verre en
riant.

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ODV et MO décidèrent de retrouver POM et POG pour leur faire partager tous ces
mots à dire et à créer. Ils envisagèrent de prévoir à l’avenir des rencontres
régulières, juste pour le plaisir de bavarder entre eux, eux et leurs familles
respectives et puis tous ceux qui voudraient se joindre à leur groupe.

Et voilà pour cette histoire d’ours, de verre et de cristal.

Naëlle habite avec sa grand-mère dans une maison au bord de la forêt. Il fait très
froid ce matin- là quand elle demande la permission d’aller jouer dehors.

”Non ma chérie, pas ce matin, il fait vraiment trop froid, si tu enlève tes gants, tes
mains vont geler. Tu iras demain, il fera moins froid.”

Et grand-mère met une bûche dans le poêle. Toute la journée elle a fait brûler du
bois si bien que Naëlle n’a pas senti le froid qu’il faisait dehors. Le lendemain, à son
réveil, elle demande la permission d’aller jouer dehors.

Et comme la veille sa grand-mère lui répond qu’il fait froid. “Encore plus qu’hier ! Tu
iras demain. ”

Toute la journée grand-mère met du bois dans le poêle, si bien qu’il ne reste plus de
bois de réserve. Quand Naëlle, le lendemain, propose à sa grand-mère d’aller
chercher du bois dans la forêt, celle-ci ne peut qu’accepter :

“Mais fais attention, tu ne dois pas rester trop longtemps dehors, tu risques de
mourir de froid!”

Naëlle promet, va mettre ses habits les plus chauds et part avec sa luge. Elle a déjà
ramassé beaucoup de bois mort et pense à rentrer quand elle entend un petit bruit.
Elle cherche d’où il vient et trouve un petit oiseau qui tremble de froid.

“Pauvre petit oiseau ! Qu’est ce que tu fais là ? Rentre vite chez ton papa et ta
maman sinon tu vas mourir de froid !”

Mais le petit oiseau ne part pas et regarde Naëlle.

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“Je pense que tu n’as pas assez de forces pour t’envoler. Je vais regarder si je
trouve quelque chose à te donner.”

Elle enlève son gant et se rend compte qu’il fait très froid. “Grand-mère avait
raison. Il fait très froid !” Elle trouve des miettes de pain dans sa poche qu’elle
donne au petit oiseau qui les mange puis s’envole vers ses parents.

Naëlle remet ses gants et continue de ramasser du bois. Elle va partir quand elle
entend un drôle de bruit. Elle cherche d’où il vient et trouve un petit ourson qui a la
patte prise dans un piège.

”Pauvre petit ourson, je vais essayer de te délivrer !”

Elle réussit et le petit ourson part en lui grognant un merci. Naëlle est fatiguée et
décide de se reposer juste cinq minutes. Mais elle s’endort et ne voit pas arriver une
bande de loups.

“Voilà notre dîner dit le chef. On va se régaler !

-Tu n’as pas le droit de manger les petits. Même les petits d’hommes ! lui dit un
louveteau. - C’est moi le chef ! Je fais ce que je veux. Ce n’est pas toi qui peux dire
quelque chose !”

-“Il a raison lui répond une voix.

Le chef regarde d’où vient la voix et se moque du Papa oiseau qui vole au-dessus
de lui avec Maman oiseau et Petit oiseau.

–“Ce n’est pas toi qui va me faire peur !”

C’est à ce moment qu’il entend une grosse voix qui lui demande :

“Et moi, je te fais peur ?”

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Il se retourne et voit Papa ours avec Maman ours et Ourson qui sont vers lui.

-“Cette petite fille a sauvé mon fils qui avait la patte prise dans un piège.”

-“Elle a aussi donné à manger à mon fils qui a pu nous retrouver”dit Papa oiseau.

Quand le loup voit le Papa ours, il se dit qu’il fait mieux de partir s’il veut rester en
vie.

-“Bon, bon, ça va…Il ne faut pas vous énerver comme cela. Si vous y tenez tant à
cette petite fille, je vous la laisse ! Allez les loups,on part.”

Et les loups partent laissant la petite Naëlle avec la famille oiseau et la famille ours
qui sont bien contents mais un peu embêtés car ils ne savent pas où habite Naëlle.

Un petit écureuil qui passe par-là leur dit qu’il sait ou elle habite car elle lui donne
très souvent à manger. Papa ourson prend Naëlle dans ses bras et tous les animaux
ramènent Naëlle chez elle.

Sa grand-mère, qui commençait à s’inquiéter, voit avec surprise Papa ours qui
dépose Naëlle devant sa porte. Maman ours laisse la luge qu’elle tirait et qui est
pleine de bois. Les animaux retournent dans la forêt et grand-mère rentre sa petite
fille et le bois. Elle prépare un grand bol de chocolat chaud et quand Naëlle se
réveille elle lui fait boire.

-“Tu sais grand-mère lui dit Naëlle, j’ai rêvé que j’étais dans les bras d’un ours qui
me tenait et j’avais bien chaud !! Tu te rends compte ! C’est drôle quelquefois les
rêves…! Tu ne trouves pas ? ”

Martin était une brave tortue aux yeux marron. Malheureusement il n’avait pas de
cheveux. Cependant c’était une flèche, imbattable à la course.

Martin vit une île sur la carte, il ne l’avait encore jamais vue alors il décida d’aller la
visiter.

Il demanda à son meilleur ami Patapouf , un beau chien noir.

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-« Veux - tu venir avec moi pour visiter l’île déserte?

-« Excellente idée ! »

Les deux amis partirent. Arrivés à la mer, ils prirent le plus gros bateau .

Le vent commença à se lever. Les vagues s’agitèrent. Un éclair toucha le bateau,


sur le côté. Le bateau coula.

Les deux amis tombèrent à l’eau. Mais, grâce à un dauphin, les amis purent
remonter à la surface. Tout à coup un requin surgit et blessa le pauvre, malheureux
dauphin. Il tomba à l’eau. Il remonta brusquement et lui donna un coup de queue
Bam ! Les deux amis virent le requin passer au dessus de l’eau. Un peu plus loin, le
requin tomba dans l’eau … PLOUF !

Martin dit :

-« Comment t’appelles-tu ? »

-« Je m’appelle Léo ,toi je sais que tu t’appelles Martin, c’est un plaisir de t’aider. »

-« Regarde Martin le gros bateau. »

-« C’est le pirate Ba Baboudzi !Il est très puissant !. »

Baboudzi kidnappa les deux amis Léo et Patapouf. Martin lui s’accrocha à la corde
suspendue au dessus de lui. Il se balança et cogna le pirate. Mais le pirate
s’accrocha à sa chaussure Mais la chaussure partit et le pirate tomba à l’eau et se
noya.

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Léo était dans une bassine, il eut de la chance d’être là sinon il serait déjà mort. Les
trois amis continuèrent leur chemin. Tous épuisés ils s’endormirent. A l’aube ils
entendirent un gros bruit. Ils se réveillèrent et virent l’île déserte. A l’instant où
Patapouf et Martin visitaient la ville, Léo restait à la surface, pour attendre. Une fois
l’île visitée, ils repartirent. Un jour plus tard, ils arrivèrent sains et saufs, chez eux.

Tout le monde les félicita.

Martin a dû quitter son ami Léo, mais de temps en temps, il va le voir

Comme deuxième nom, la mouette s’appelle, « rieuse », c’est donc un animal gai
est joueur, qu’il faut en déduire. J’aime à les contempler planer au-dessus des flots,
lutter contre le vent afin d’avancer, tout en lançant son cri rauque. Ou alors le
groupe qui poursuit un bateau de pêcheurs, avec quelques-unes qui plongent
rapidement derrière le chalutier et remonte vite vers le ciel, tout ça est un spectacle
que je ne me lasse pas de regarder ou d’entendre.

L’hiver le long de la plage, m’accompagnant dans mes longues promenades, courbé


en deux pour réussir à avancer contre le vent, je progresse péniblement, elles sont
là, criant encore plus fort, es-ce le vent qui amplifie leurs cris ?

Un jour, sur le pas de ma porte, prêt à partir pour prendre mon bol d’air et d’iode,
quelque chose me sembla bizarre, une drôle de sensation indéfinissable me pris les
tripes mais impossible d’expliquer pourquoi. En avançant doucement dans la Grand-
rue qui mène à la plage, cette gêne s’accentuait mais toujours pas moyen d’en
trouver la raison. Arriver à quelques mètres du sable fin, une odeur me pris les
narines et tout à coup j’ai tout réalisé, tout compris, depuis le début, je n’entendais
pas le cri des mouettes, et la en même temps que cette constatation j’ai su
pourquoi toute de suite. Je les voyais, toutes engluées de mazout, dans l’incapacité
de se déplacer, d’ouvrir le bec, donc de crier. Mon cœur a fait un bond dans la
poitrine et j’ai dû m’asseoir vite fait sur le muret de la digue. Ce n’est pas vrai, une
marrée noire est venue souillée la plage, noircir tous ces beaux coquillages, engluer
les oiseaux, assaillir les narines d’une odeur nauséabonde.

J’’en ai eu les larmes aux yeux, et un sentiment d’impuissance me pesa lourdement


sur les épaules.

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En remontant sur la ville, pour aller prévenir les autorités du désastre, je me suis
demandé, « ça gênait tant que ça que les mouettes soient rieuses, il fallait leur
coller les plumes et le bec » ?

OURQUOI LES CHOUETTES FONT - ELLES " HOU ... HOU ... HOU ..."

De nos jours, la forêt est un endroit paisible, plein de jolis chants d'oiseaux. Mais
autrefois, il y a vraiment très longtemps, il en était tout autrement ! Les oiseaux
chantaient tous n'importe comment.

Le rossignol croassait "croa...croa ...", au risque de se casser la voix.

L'aigle criait "Coucou ! ", en s'égosillant comme un fou.

La pie se mettait à gazouillait,

le corbeau à siffler,

le pigeon à pépier et

le moineau à roucouler.

Ils faisaient un vacarme si épouvantable que les lapins, les sangliers et les biches
s'étaient enfoncé de gros bonnets sur les oreilles afin de ne plus les entendre. Mais
ça ne suffisait pas !

L'ours, qui régnait en maître sur la forêt, était très contrarié. D'autant plus qu'il
aimait bien faire sa petite sieste après son déjeuner et que ces cris désordonnés
l'empêchaient de bien sommeiller. Aussi, un jour, décida-t-il de rassembler les
oiseaux dans une grande clairière.

Ils se rendirent à son invitation. Tous, sauf la petite chouette,car elle ne s'éveillait
que le soir et dormait toute la journée.

L'ours déclara :

Je serai bref. vous voyez ce tonneau ? Il est plein de chants d'oiseaux. Il y en a pour
chacun d'entre vous. Choisissez bien celui qui vous appartiendra car vous le
garderez toute votre vie. Vous ne pourrez plus en changer et il vous faudra
l'enseigner à vos enfants et vos petits-enfants.

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Les oiseaux se précipitèrent sur le tonneau et en retirèrent les chansons les unes
après les autres. Ils se disputèrent bien un petit peu, mais ils finirent par se mettre
d'accord et par avoir chacun la leur.

Quand la petite chouette s'éveilla, elle aperçut le tonneau vide auprès duquel l'ours
lisait paisiblement son journal, car il n'avait pas encore sommeil. Elle demanda :

Qu'est-ce que c'est que ce tonneau-là ?

L'ours le lui expliqua et la petite chouette s'écria :

Et moi ? Je n'aurai donc rien à chanter ?

L'ours réfléchit et finit par lui conseiller :

Tu devrais aller au village qui se trouve de l'autre côté de notre grande forêt. J'ai
entendu dire que les gens y font une fête. Ils dansent et chantent des
chansonnettes. Peut-être t'en apprendront-ils une ?

La petite chouette trouva l'idée excellente.

Elle vola longtemps à travers la forêt...

Quand elle atteignit enfin le village, les douze coups de minuit avaient déjà sonné.
Tout était plongé dans l'obscurité. Il ne restait qu'une petite chaumière allumée.

Dedans, les chandelles étaient presque brûlées et le feu de la cheminée achevait de


se consumer. Les gens étaient si fatigués d'avoir chanté et dansé qu'ils étaient tous
endormis.

Certains venaient de s'écrouler sur la table, d'autres dessous...

Des femmes s'étaient assoupies en berçant leurs enfants sur leurs genoux. Les
musiciens ronflaient sur un banc... Dans un coin, pourtant, un petit garçon
promenait encore en rêvant son archet sur son instrument. C'était une énorme
contre basse, deux fois grande comme lui et d'où s'élevait un étrange bruit :

" HOU ... HOU ... HOU ..."

C'est la seule chanson qu'il me reste !soupira la petite chouette. Elle n'est pas bien
jolie mais ne sera pas difficile.

Elle l'apprit sans hésiter et retourna vers la forêt.

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Depuis, chaque nuit, ceux qui ne dormaient pas encore l'entendirent ululer
doucement :

"HOU ... HOU ... HOU ..."

Plus tard, elle apprit ce refrain à ses enfants et ses petits -enfants.

C'est pourquoi, depuis des temps et des temps, dans cette forêt-là et celles de
partout, les petites chouettes et les petits hiboux ululent tous:

" HOU ... HOU ... HOU ..."

Au temps où les grandes prairies vibraient sous les sabots de milliers de bisons, un
petit peuple de souris vivait dans une clairière odorante. L’été à l’abri des grandes
ombelles de carottes sauvages et l’hiver dans de chaudes galeries protégées du
froid par une épaisse couche de neige.

Les souris se réunissaient le soir pour couiner doucement en choeur. La journée


elles travaillaient efficacement à ramener graines, pignes et cosses boursouflées.
Elles s’aimaient aussi, quand la saison le voulait et élevaient leurs petits avec des
gestes ancestraux ponctués de quelques tendresses.

L’un d’entre eux, la souris bleue, était né un jour de printemps dans l’herbe tendre.
Eduquée patiemment par ses aînées, elle savait, aujourd’hui, danser avec ses
compagnes et mesurer son pas dans les sentiers.

Un matin, alors qu’elle fouinait dans la corolle d’un pissenlit, ses oreilles se
dressèrent. Mêlée au sifflement de la brise une rumeur se logea au fond de sa
poitrine et ne la quitta plus. Elle l’entendait imperceptiblement, comme parfois le
battement de son cœur, le soir, avant de s’endormir.

" Entends-tu ce bruit bizarre ? "

demanda-t-elle à l’une de ses sœurs.

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Mais cette dernière, trop occupée, ne lui répondit pas.

" Dis-moi, entends-tu comme moi ce bruit, tout là-bas vers la lisière ? "

" C’est le bruit de cette racine qui croque sous ma dent !" objecta, moqueuse, une
seconde souris.

La troisième lui dit qu’elle était folle, qu’il n’y avait aucun bruit dans la clairière et
qu’elle ferait mieux de s’occuper de ses affaires de souris.

Elle décida alors d’oublier cette mélodie. Son museau fouilla la terre chaude et elle
remplit trois paniers tressés de graines dodues. Dans une hutte d’herbe elle
retrouva quelques-unes de ses sœurs pour préparer le repas. Sous les pattes agiles
les enveloppes des graines craquaient et les langues allaient bon train.

C’est en profitant d’un rayon de soleil échappé à la chaleur de midi que,


discrètement, la musique rattrapa la souris bleue. A l’heure de la sieste, alors que
toutes ses sœurs étaient calfeutrées dans leur sommeil, elle s’aventura, seule,
jusqu’à la lisière de la forêt.

S’enroulant autour des vieux arbres, se faufilant entre les troncs un cortège de
notes émergeait des profondeurs du bois.

" D’où venez-vous ? " - " Qui vous chante ainsi ? " s’exclama-t-elle en bondissant de
l’une à l’autre. Puis elle s’arrêta.

Devant elle se tenait un lièvre aux yeux vifs et brillants comme deux étoiles:

" Pourquoi veux-tu le savoir, petite ? "

" Pour prouver à mes sœurs que je ne suis pas folle et comprendre ce qui me
remplit le cœur ! "

balbutia-t-elle.

" Alors viens et suis-moi ! "

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En faisant volte-face le lièvre s’élança vers l’obscurité de la forêt. La souris bleue
hésita. Une note caressa son oreille et elle se retrouva trottant derrière son guide.
Une humidité froide raidissait ses poils. Du sol spongieux montait la senteur de
l’humus et des champignons.

Quand l’herbe remplaça la mousse sous les pattes roses de la souris, le lièvre, d’un
bond, disparut. Les arbres s’espacèrent et Souris Bleue continua son chemin. En
débouchant à l’orée de la forêt, elle reçut la réponse à sa question. Au fond d’un
petit vallon verdoyant se déroulait un long ruban bleu duquel naissait ce chant qui
l’avait mise en marche. Des notes cascadaient hautes et claires, d’autres, sourdes
et profondes, roulaient jusqu’à elle.

Médusée, elle descendit sur la rive et s’installa sous un iris jaune.

" Bienvenue à toi petite sœur ! "

croassât une grenouille.

" Oh ! Qui es-tu ? "

" Je suis la gardienne de la rivière."

"Tu habites le plus bel endroit du monde ! "

C’est vrai !

Ma rivière est belle mais les montagnes sacrées, là où jaillit sa source, sont
infiniment plus belles.

"Montre-les-moi ! "

La grenouille éclata de rire.

" Pour les apercevoir, tu devras sauter plus haut que le plus haut de tous ces
arbres. "

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"J’y parviendrai. Apprends-moi ! "

Le soleil se coucha, la lune se leva et traversa les quartiers du ciel. A l’aube, sous
l’éclat de la dernière étoile, après toute une nuit d’intense préparation, la souris
bleue comprit qu’elle était prête.

Un rayon d’or frappa les montagnes sacrées. Elle sauta encouragée par la
grenouille. Une force sans nom la projeta dans l’air. Elle monta, monta, au-delà des
brumes, au-delà des cimes bruissantes de la forêt. Les montagnes étaient là,
majestueuses et immobiles.

Fugace vision. Un instant plus tard, Souris Bleue retombait dans le courant de la
rivière. Elle suffoquait. Le poids de sa fourrure mouillée l’entraînait vers les
profondeurs. Affolée, elle se débattait pour maintenir sa tête hors de l’eau. Elle eut
la vie sauve grâce à un roseau auquel elle s’agrippa et qu’elle utilisa pour rejoindre
la terre ferme.

" Pourquoi tu m’as fait ça ! ? J’ai failli mourir ! Tu savais que je retomberais dans la
rivière, Grenouille ! "

" Regarde ! Tu es saine et sauve. Ne laisse pas la peur t’emporter et la colère te


noyer ! Qu’as-tu vu là-haut ? "

La souris s’apaisa.

" J’ai vu les montagnes sacrées. Bleues ! Elles sont bleues, comme moi ! "

"Oui "

dit la grenouille

" Aujourd’hui je te nomme " Celle qui saute ".

Va et n’oublie pas ta vision.

" Je n’oublierai pas et je pars.

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Je suis très impatiente de partager avec mes sœurs cette découverte que je te dois.
"

Dans la clairière aux souris les petits animaux prenaient le repos vespéral. La souris
bleue arriva, bondissante, une flamme claire dans le regard.

" Sœurs, mes sœurs écoutez-moi ! L’aventure que je viens de vivre est si étrange.
La musique ! La musique... je sais : l’eau est sa mère et la grenouille sa gardienne.
Ecoutez-moi, écoutez-moi ! "

Tout doucement les souris se rapprochèrent l’une de l’autre en se lançant des


regards étonnés. Cette créature qui cabriolait par-dessus les herbes sèches en
tenant des propos incohérents était-ce bien Souris Bleue ? Ses yeux brillaient d’une
drôle de lueur et elle avait un comportement si bizarre... elle était sûrement
dangereuse... oui, c’était cela... elle était folle... et si c’était contagieux ?

La pauvre petite souris eut beau parler, s’expliquer, seul le vent l’écoutait. Elle était
maintenue à l’écart. Chacun la fuyait.

Peu à peu elle dût s’y résoudre, ses sœurs ne l’accueilleraient plus.

Une nuit, silencieusement elle quitta le monde des souris.

Si plate, si large, si sèche : La plaine

A présent, une étendue jaune séparait la souris bleue des montagnes qui fermaient
l’horizon. Comment ferait-elle pour traverser, pour rejoindre, comme elle se l’était
promis, cette fabuleuse chaîne.

Gorgée de courage, elle plongea dans l’immensité de la plaine. Elle courait droit
devant elle, sans réfléchir, déterminée, les oreilles aplaties sur sa nuque, lorsqu’elle
buta dans une masse brune et laineuse que les hautes herbes avaient dissimulée à
sa vue ; un bison. Une bête au poil terne et mité, couchée sur le flanc, haletante et

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sans force. Son front était surmonté de robustes cornes noires et un voile nacré, sur
ses yeux, cachait son regard. Le cœur de la souris s’émut de pitié :

" Pauvre bison, comme te voilà fait ! Tu as l’air si malade. De quoi aurais-tu besoin
pour te remettre ? "

" Je suis aveugle, je ne peux m’orienter. Un long jeûne m’a affaibli et mon voyage
s’arrête ici. Je vais bientôt mourir. A toi donc je dirai le remède. Seul l’œil d’une
souris pourrait me rendre la Vie."

L’émotion la noua.

" Oh non ! Pas ça ! Donner un de mes yeux ? Devenir borgne ! "

Ventre à terre, la souris s’enfuit. Puis s’arrêta.

" Et pourquoi pas ? J’aurai toujours mon deuxième oeil ! "

Elle revint sur ses pas. Elle n’était qu’à quelques mètres de l’animal gémissant,
quand son oeil droit, quittant son orbite, alla se ficher instantanément dans celle du
bison. Le maître de la plaine se leva ayant retrouvé toute sa force et sa beauté.

" Souris, tu m’as sauvé la vie ! Où tes pas vont-ils se diriger maintenant ? "

" Vers les montagnes de l’horizon. "

" C’est bien loin ! Grimpe sur mon dos ! Je galoperai pour toi jusqu’à leur pied."

La petite souris se nicha dans le cou du bison, là où les poils sont si doux et la
grosse bête s’élança.

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A travers la plaine une nuée s’éleva sous le galop fracassant du bison. Grisée par la
vitesse et le vent, Souris Bleue, folle de joie, s’ agrippait de toutes ses forces à la
toison de son vigoureux guide.

" Plus vite, plus vite ! ..."

Et le bison filait. Même les étoiles, marraines du sommeil ne l’arrêtèrent pas. La


souris perdit la notion du temps.

Une aube se levait lorsque le silence l’éveilla. Le bison, fourbu, était agenouillé.

" Nous y voici, mon amie."

Etourdie, la souris contempla le pan vertigineux de la plus haute des montagnes


bleues qui se dressait devant eux.

" Ici s’arrête mon domaine. Je dois te quitter petite souris."

" Bison mon ami, je n’ai plus qu’un seul oeil et ces montagnes sont si hautes.
Comment faire pour arriver jusqu’aux sommets qui cachent la source de la rivière ?
"

" Cultive en toi le profond désir de cette réponse. Adieu ! "

Et bientôt le bison n’était plus que roulement de sabots et point brun à l’horizon.

" Celle qui saute " se remit courageusement en route. La roche était coupante et
dure à ses pattes fragiles, la pente raide la laissait essoufflée. La beauté d’une fleur
d’argent, le ciselé délicat d’une feuille, captés par son oeil unique, la remplissait
d’espoir.

Elle ne s’arrêta qu’au crépuscule lorsqu’elle entra dans l’ombre d’une grande
silhouette grise. Un loup était devant elle, immobile. Elle resta pétrifiée.

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" J’ai peur ! "

finit-elle par dire dans un souffle.

La silhouette du loup s’assombrit mais il ne broncha pas.

Elle reprit :

" Je suis " Celle qui saute " et j’aimerais ardemment rejoindre la source de la rivière.
Me laisseras-tu poursuivre ma quête ? "

" Ne craint rien de moi. Je suis ici pour mourir et je ne t’attendais plus. "

La souris fut interloquée.

" Le loup l’avait-il donc attendue ? "

" Oui bien sûr puisque seul l’œil d’une souris pourrait me redonner vigueur et
santé."

Une sorte de grande douceur triste envahit le corps et le coeur de " Celle qui saute
". Assise sur ses pattes arrières, elle ne bougeait pas. Son oeil coula sans bruit dans
sa main et la nuit devint son univers.

Elle était aveugle.

Elle trembla. Puis, comme au ralenti, elle lança son oeil en direction de ce loup
qu’elle ne voyait plus.

" Mon territoire va jusqu’au Grand Lac tout en haut des montagnes "

La voix du loup, claire et chaleureuse, vibrait d’une énergie retrouvée.

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" Viens Souris Bleue, je te conduirai jusque là, je serai tes yeux et ton pas "

Tout en parlant le loup s’était approché de sa bienfaitrice. Avec délicatesse il la


saisit entre ses crocs et s’éloigna. D’escarpements en ravins, d’éboulis crissants en
sentiers à peine marqués, il avançait. Le cri aigu d’un oiseau, un caillou qui roule, le
grondement d’un orage lointain ricochaient de paroi en paroi. L’écho d’une
mystérieuse vie nocturne accompagnait leur voyage.

Dans la chaleur moite de la gueule du loup, la souris aveugle s’était détendue. Elle
sentait le balancement de la course. La froideur de l’air fripait son museau si elle le
dardait hors de son abri. Ses yeux étaient grand ouverts mais la lune avait beau se
refléter en mille éclats sur le cristal des rochers, aucune lueur ne perçait plus la nuit
de " Celle qui saute ".

De sa foulée tranquille le loup les avait amenés au bord du Grand Lac. Il déposa la
souris sur une pierre plate, réchauffée par toute une matinée de soleil.

Elle reconnut immédiatement le chant qu’elle avait entendu, un après-midi,


aujourd’hui si lointain, dans sa clairière natale. Les notes joyeuses et
rafraîchissantes jaillissaient de la source sacrée dévalant les abîmes de la
montagne.

" Cette nuit j’étais ton pas Souris Bleue. Maintenant, écoute mes yeux "

Pour elle le loup raconta le lac et la magie de ses verts profonds, la fougue et la
transparence de la source. Les galets tout de douceur arrondie qui se laissent
façonner par les vagues au cours des millénaires. Il dit les pics griffant le ciel, qui
formaient une sentinelle sur la rive Nord du lac. En bas, la plaine jaune s’étendant
vers le Sud, traversée d’un lacet miroitant. " Celle qui saute " réalisa alors tout le
chemin qu’elle avait parcouru. Puis le loup se tut.

Bien avant qu’il se remette à parler la souris avait deviné son message.

" Ici s’arrête mon chemin, ma sœur. Je dois te quitter" .

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" Loup mon ami, je n’y vois plus et l’aigle plane, à la recherche de nourriture.
Comment pourrais-je lui échapper ? "

" Consens et tu connaîtras la liberté de ta conscience. Adieu "

Plaquée sur la pierre chaude, la souris sans yeux entendit le battement des grandes
ailes qui s’appuyaient sur l’air. L’aigle royal. Sa peur enfla, monta de son ventre,
envahit sa gorge et explosa dans sa nuque. Puis, plus rien. Tout peut arriver et tout
est bien.

Quand l’aigle la saisit entre ses serres, elle s’évanouit.

Un éclair fendit les ténèbres. La lumière mangea l’obscurité tout entière. Le bleu, le
jaune et le rouge, projetés de l’infini, se percutèrent pour exploser en une pluie
scintillante de couleurs. L’air tourbillonnait dans un courant qui passa d’un froid
mortel à la chaleur réconfortante de la Vie.

" Je vois. Je vois de nouveau "

Oui " Celle qui saute ", tu vois ! Et maintenant saute ! Saute comme je te l’ai appris.

C’était la voix de la Grenouille.

La souris n’y comprenait plus rien mais avec une force venue du plus profond d’elle-
même elle s’élança. Elle se retrouva planant dans les nuages au-dessus des
montagnes bleues. De sa vue perçante la souris aperçut un bison qui galopait dans
hautes herbes et un loup qui zigzaguait entre les roches de la montagne. Et plus
elle montait, plus le monde au-dessous d’elle mariait le lac à la montagne, la
montagne à la plaine, la plaine aux forêts lointaines. La rivière, comme un fils
chantant, les unissait les uns aux autres.

De chauds courants ascendants la berçaient. Elle était devenue Aigle.

L'écureuil court, grimpe. Sans cesse en mouvement, attiré semble-t-il par une
odeur, une couleur, un bruit particulier. Gai, insouciant, vif, surprenant.

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Le hérisson l'observe souvent. Il constate qu'outre cette tendance à toujours avoir
la bougeotte, ce bel animal accumule de la nourriture un peu partout dans la forêt.
Que de fruits secs cachés en mille et uns endroits ! La souris profite bien souvent de
cette habitude pour se nourrir à peu de frais. Elle aussi observe l'écureuil. Elle
s'amuse de son comportement. Contrairement au hérisson, elle ne se torture pas
les méninges pour chercher une explication à tant d'agitation et à tant de provisions
accumulées.

Le hérisson, peureux, anxieux, s'interroge et interroge les bêtes les plus


inoffensives qu'il rencontre. Parmi ses connaissances, il y a le blaireau, celui-là
même qui, pour se défendre, trouve moyen d'envoyer aux importuns une odeur
pestilentielle. "Dis-moi donc blaireau, pourquoi l'écureuil juge-t-il bon d'accumuler
ainsi sa nourriture ? Pourquoi fait-il de telles réserves ?"

"Franchement, je ne me suis jamais posé la question. J'ai bien assez avec mes
propres soucis. Je ne m'inquiète pas de ses excentricités. C'est qu'il y en a des êtres
bizarres ici. T'es-tu demandé pourquoi le sanglier se roule tellement volontiers dans
la boue comme s'il se prélassait dans une eau pure ?" Telle est la réplique
empreinte d'une certaine sagesse de blaireau.

"J'ai entendu dire que des bestioles se nichent dans ses poils épais, s'y réchauffent
à plaisir, y trottinent, lui occasionnant quelques démangeaisons. Cet être rustre,
n'ayant pas l'idée de demander à l'un de nous de lui gratter le dos, apaise ainsi ses
démangeaisons. C'est ce qu'on dit et cela me paraît possible."

Mis en confiance, le blaireau ose pousser plus loin la conversation : "Tiens, explique-
moi pourquoi tu te roules si souvent en boule, brave hérisson ?"

Le hérisson se confie : "C'est que je suis froussard. Je me protège comme je peux.


Ne suis-je pas impressionnant, quand je suis roulé en boule, pareil à une pelote
d'aiguilles et d'épingles ?"

"Peut-être que l'écureuil a peur de manquer de nourriture, tu ne crois pas ?" répond
le blaireau gêné d'avoir amené le hérisson à livrer un tel secret.

"Je ne le pense pas. Quand on est sympathique comme lui, on doit se trouver
facilement des amis en cas de nécessité. Je suis sûr qu'il y en aurait plus d'un,

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disposé à lui offrir de la nourriture s'il le demandait." Sur cette réflexion, le hérisson
demeure pensif. Ô qu'il envie cet écureuil incroyablement beau, joyeux, aimé de
tous.

La souris qui a tout entendu et qui se mêle volontiers de ce qui ne la concerne pas,
ne résiste pas à la tentation d'intervenir de manière judicieuse. Elle murmure :
"Mais hérisson, si cela te préoccupe tant, demande donc à l'écureuil pourquoi il fait
de telles provisions qu'il dissimule partout. Il n'est pas farouche pour un sou. Il sera
trop heureux de te satisfaire. En plus, tu seras vraiment sûr de la réponse."

"C'est vrai. Demande-lui et informe-nous. Tu as aiguisé notre curiosité, à toi de


l'assouvir", repartit le blaireau en riant sous cape. Car peureux comme il l'est, le
hérisson osera-t-il un jour interroger le sémillant écureuil ?

Et bien oui, il osa. Et la réponse le laissa pantois : "Je suis tellement distrait mon
ami, que j'oublie où je range tout. Alors en multipliant les lieux, il me paraît que j'ai
plus de chance de ne jamais rester sur ma faim. Pas la peine de t'inquiéter pour
moi. Tu vois, je ne suis pas maigre et je ne manque pas d'énergie. Il faut dire que
contrairement à toi, ma nourriture n'est pas constituée de pauvres insectes
innocents. Je suis végétarien. Ma nourriture se conserve parfaitement là où je la
mets. Ne devrais-tu essayer d'agir comme moi à l'avenir ? Juste pour me plaire
davantage !"

Sur ce, le hérisson se roula en boule non parce qu'il se sentait menacé par l'écureuil
mais parce qu'il était troublé de ce qu'il avait entendu.

Il y avait une fois un marchand qui avait trois filles. Un jour qu'il devait aller à la
foire, il leur demanda ce qu'elles souhaitaient qu'il leur rapportât,L'aîné dit

-Je voudrais des perles et des pierres précieuses!

La cadette dit:

-Pourras-tu m'acheter une robe couleur de ciel ?

Quant à la benjamine elle déclara:

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-De tout ce qui existe au monde, rien ne me ferait plus de plaisir qu'une grappe de
raisin !

Aussitôt que le marchand fut arrivé au marché, il trouva facilement des perles et
des pierres précieuses pour sa fille aînée, ainsi qu'une robe couleur de ciel pour sa
fille cadette; mais il eut beau chercher dans tous les coins, il lui fut impossible de
découvrir une grappe de raisin. Ilen fit tour attristé, car sa benjamine était sa
préférée.

Il revenait chez lui, perdu dans ses pensées, quand un petit bonhomme se dressa
sur son chemin:

-Pourquoi es-tu si triste, marchand ? demanda-t-il.

Hélas, répindit le père. Je devais rapporter une grappe de raisin à la plus jeune de
mes filles. et je n'en ai pas trouvé une seule sur tout le marché!

-Ecoute-moi bien, dit le petit bonhomme. A quelques pas d'ici, tu trouveras un joli
sentier qui descend à travers les prés.Il te mènera jusqu'à un immense vignoble.
Mais fait attention, car il y a là un ours blanc qui grondera méchamment quand il te
verra. Ne te laisse pas effrayer. et la grappe de raisin sera à toi.

Le marchand remercia, descendit dans les prés et tout était comme l'avait dit le
petit bonhomme. Un ours blanc montait la garde devant le vignoble et gronda
méchamment contre le marchand poir l'empêcher de passer :

-Que viens-tu faire ici ?

-Sois gentil, dit le marchand. laisse-moi cueillir une grappe de raisin pour ma plus
jeune fille !

Tu n'entreras pas, grogna l'ours, ou alors tu dois me promettre que tu me donneras


ce que tu rencontreras en premier en arrivant chez toi.

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Le marchand ne réfléchit guère et accepta le marché; il put cueillir la grappe de
raisin et reprit tout heureux le chemin de sa maison. Comme il approchait de chez
lui, la plus jeune de ses filles accourut à sa rencontre, car elle l'attendait avec
impatience depuis son départ; et quand elle aperçut la grappe dans la main de son
père, elle se jeta fougueusement à son cou et elle lui manifesta sa joies par mille
carresses. Mais elle resta fort étonnée quand elle vit son père devenir tout triste.
Elle lui demanda la raison de son chagrin; il ne répondit rien. Chaque jour, le
marchand attendait avec une angoisse indescriptible que l'ours blanc vînt lui
reclamer son enfant chérie.

Un an passa. Le marchand avait presque oublié la grappe du vignoble interdit, il


croyait avoir rêvé sa rencontre avec l'ours; aussi fut-il épouvanté quand celui-ci se
dressa devant lui et lui dit:

-Donne-moi maintenant ce que tu as rencontré en premier en rentrant chez toi, ou


je te mange!

Le marchand se remit aussitôt de son effroi et répndit:

Voilà mon chien; c'est lui qui m'a accueilli devant la porte quand je suis rentré chez
moi.

Mais l'ours gronda très fort:

-Le chien n'est pas le bon! Remplis ta promesse ou je te mangerai!

-Alors prends le pommier: c'est le premier que j'ai renconrté en rentrant chez moi!

Mais l'ours gronda plus fort encore et grogna:

-Le pommier n'est pas le bon! Remplis ta promesse ou je te mangerai!

Il n'y avait plus rien à faire; le marchand dut donner sa benjamine. Il appela celle-ci,
la fit monter dans un carrosse, et l'ours blanc s'assit auprès d'elle, et l'emmena au
loin.

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Quelque temps plus tard, le véhicule s'arrêta dans la cour d'un château, l'ours blanc
conduisit la jeune fille à l'intérieur et lui souhaita la bienvenue:

-Sois ici chez toi, jeune fille, et sois désormais mon épouse!

Elle put lire tant d'amour et de bonté dans ses yeux qu'avec le temps, elle ne
remarqua bientôt plus que son mari n'était qu'un ours. Deux choses cependant
l'intriguaient au plus haut point: pourquoi l'ours blanc ne souffrait-il pas la moindre
lumière pendant la nuit? Pourquoi était-il si froid quand il était allongé auprès d'elle?

Les jours s'ajoutèrent aux jours, et un matin, l'ours blanc demanda à sa femme:

-Sais-tu depuis combien de temps tu es ici?

-Non, répondit-elle, je n'ai pas vu le temps passer.

-C'est bien, dit l'ours. Aujourd'hui, cela fait une année que nous sommes partis en
voyage. Il nous faudra aller rendre visite à ton père. Elle accueillli cette nouvelle
avec une joie immense. Arrivée chez son père, elle lui raconta sa vie au château et
tout ce qu'elle y faisait. Mais au moment de se séparer, le marchand glissa
discrètemenr un paquet d'allumettes à sa fille, en cachette de l'ours blanc.
Néanmoins, celui-ci s'en aperçu et gronda furieusement:

-Garde-toi bien de faire cela ou je te mangerai!

Puis il reconduisit son épouse au château, et ils y vecurent ensemble comme


auparavant.

Les jours s'ajoutèrent aux jours, et un matin l'ours dit à sa femme:

-Depuis combien de temps crois-tu que tu es ici?

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-Je n'en ai pas la moindre idée, dit-elle; je ne sens pas le temps passer!

-C'est bien, dit l'ours. Cela fait aujourd'hui deux ans que tu as entrepris le voyage. Il
nous faudra rendre visite à ton père un de ces jours.

Ils firent ainsi, et tout se passa comme la première fois. Et une nouvelle année
passa. Mais à la troisième visite de la jeune fille à son père, celui-ci lui glissa
dicrètement des allumettes sans que l'ours s'en aperçût. Quand ils furent de
nouveau ensemble au château, elle attendit avec impatience que la nuit tombât et
que l'ours vînt se cou cher près d'elle. Elle frotta alors une allumette, et elle resta
saisie d'émerveillement et de joie devant ce que lui dévoila la faible lueur: près
d'elle reposait un très beau jeune homme avec une couronne d'or sur la tête. Il lui
sourit et lui dit:

-Jamais je ne te remercierai assez, car tu as rompu l'enchantement qui me retenait


prisonnier. Ce n'est que maintenant que nous pouvons célébrer nos noces, et je
serai désormais le roi de cette contrée.

Aussitôt, le château tout entier s'anima: de tous côtés surgissaient serviteurs et


femmes de chambre, pages et chambellans, dames d'honneur et nobles seigneurs,
officiers et gardes du corps, et tous félicitaient et acclamaient leur roi et leur reine.

Un beau jour, un petit lapin voulut être roi. Par un beau matin d'été qui sentait bon
l'herbe humide, il sortit de son terrier et courut à la clairière des petits lapins, tout
excité. Il criait :

- Petits lapins, petits lapins, c'est décidé, je vais être roi !

- Ah! ah! ah! s'esclaffèrent tous les petits lapins. Mais tu n'as pas de couronne, tu
ne peux pas être un roi.

Loin d'être découragé, le petit lapin se mit en route et partit à la recherche d'une
couronne de roi.

Chemin faisant, il rencontra l'écureuil qui perché sur la plus grosse branche d'un
chêne l'interpella :

- Où cours-tu comme ça, petit Lapin ?

- Je suis à la recherche d'une couronne de roi. Sais-tu où je peux en trouver une,


demanda le petit lapin ?

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L'écureuil réfléchit un instant puis, comme s'il venait d'avoir une révélation dit :

- Cherche ici et cherche là. Puis, il se retourna et rentra dans son trou.

Le petit lapin ramassa quelques brindilles. Il les assembla et les mit sur sa tête.
Sans attendre, il retourna vers la clairière des petits lapins tout excité. Il criait :

- Petits lapins, petits lapins, regardez, je suis le roi !

- Ah! ah! ah! s'esclaffèrent tous les petits lapins. Mais pour être roi, il faut une
couronne et un sceptre de roi. Mais tu n'as pas de sceptre, tu ne peux pas être un
roi.

Loin d'être découragé, le petit lapin se remit en route et partit à la recherche d'un
sceptre de roi.

Chemin faisant, il rencontra le chien qui cherchait des os. L'entendant arriver, il
releva la truffe et l'interpella :

- Où cours-tu comme ça, petit Lapin ?

- Je suis à la recherche d'un sceptre de roi. Sais-tu où je peux en trouver un,


demanda le petit lapin ?

Le chien réfléchit un instant puis, comme s'il venait d'avoir une révélation dit :

- Cherche ici et cherche là. Puis, il se retourna et reprit sa recherche dans son trou.

Mais il déterra un bel os et le tendit au lapin.

- Voilà, petit lapin, c'est pour toi, dit-il.

- Merci bien, mille mercis, répondit le petit lapin et sans attendre, il retourna vers la
clairière des petits lapins tout excité. Il criait :

- Petits lapins, petits lapins, regardez, je suis le roi !

- Ah! ah! ah! s'esclaffèrent tous les petits lapins. Mais pour être roi, il faut une
couronne, un sceptre de roi et des gardes du palais. Mais tu n'as pas de gardes du
palais.

Loin d'être découragé, le petit lapin se remit en route et partit à la recherche des
gardes du palais.

Chemin faisant, il rencontra le cheval, la poule, le chien et l'écureuil. Tous le


regardaient arriver et l'interpellèrent :

- Où cours-tu comme ça, petit Lapin ?

- Je suis à la recherche des gardes du palais. Savez-vous où je peux les trouver,


demanda le petit lapin ?

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L'écureuil, le chien, la poule, le cheval, répondirent tous en chœur :

- Petit lapin, nous serons les gardes de ton palais.

- Merci bien, mille mercis, répondit le petit lapin et sans attendre, il retourna vers la
clairière des petits lapins tout excité. Il criait très très fort :

- Petits lapins, petits lapins, regardez, je suis le roi !

A sa suite, venaient l'écureuil, le chien, la poule, le cheval. Il avait l'os dans la patte
comme sceptre et sur la tête les brindilles en guise de couronne.

- Ah! ah! ah! s'esclaffèrent tous les petits lapins. Mais pour être roi, il faut…

- Arrêtez maintenant ! cria le petit lapin très fâché. J'ai trouvé une couronne de roi,
un sceptre de roi et les gardes du palais. Et vous ne voulez pas que je sois le roi ?
Gardes ! emparez-vous des petits lapins !

Alors les gardes s'emparèrent des petits lapins et les enfermèrent dans leurs
terriers. Ils montèrent la garde !

Le roi petit lapin resta tout seul dans la clairière des petits lapins. C'était bien beau
d'être devenu le roi mais il s'ennuyait. Que pouvait-il faire à présent ? Il chercha,
chercha et finalement, il trouva une balle dans les fourrés.

Vite, il courut vers les terriers des petits lapins tout excité. Il criait :

- Petits lapins, petits lapins, c'est décidé, je vais être arbitre de football ! Gardes du
palais, libérez les petits lapins.

- Ah! ah! ah! s'esclaffèrent tous les petits lapins. Mais pour être arbitre de football, il
faut une équipe et beaucoup de joueurs.

- Eh bien justement, dit le petit lapin. Vous êtes beaucoup de petits lapins…

- Et nous, nous serons les spectateurs, dirent l'écureuil, le chien, la poule et le


cheval.

Alors tout le monde cria :

- Vive l'arbitre ! Vive les petits lapins footballeurs !

Et le petit lapin installa la balle au milieu de la clairière.

On les menait toujours chercher les oeufs de Pâques dans la forêt, une grande forêt
où les pins parlaient. C'était le vent de mars ou d'avril, mais il y avait de véritables
paroles qui se glissaient entre les branches comme au travers de bouches vivantes.

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Les enfants écoutaient en pensant à toutes sortes de choses : à la mer où s'en allait
le fleuve proche, aux oiseaux dont ils trouvaient parfois un nid à terre. Et surtout, ce
jour-là, aux paniers remplis d'oeufs teints, de chocolats et de bonbons qui leur
étaient destinés.

Je crois qu'ils ne pensaient pas du tout au Lapin de Pâques.

Ils savaient très bien que c'était leurs parents qui cachaient pour eux, dans les
bruyères et les genièvres, ces douceurs qui invariablement se mangeaient.

Moi, je voudrais avoir un lièvre en massepain ... disait un des garçons.

Moi, un immense oeuf en nougat avec la ligne de sucre autour.

Et moi, une poule noire avec un parasol japonais, comme j'en ai vu en vitrine !
s'écria leur soeur en bâillant, car elle s'était levée de bonne heure.

On les laissa jouer un moment. Discrets, sans trop regarder autour d'eux, ils se
prêtèrent d'aimable grâce au rite de Pâques. Les parents s'étaient un peu éloignés;
à des bruits de branchages, les enfants devinaient leurs allées et venues.

Cherchez, cherchez ! appelèrent les parents.

Et ils se mirent à chercher.

J'ai trouvé ! s'exclama le plus jeune des frères.

Il arracha d'entre les mousses un carton fleuri et lourd de friandises.

Un ici ! dit l'autre, en cueillant un oeuf du plus beau rouge, posé à même le sol sur
les aiguilles de pin.

Un autre là !

Une étrange exaltation les gagnait. Cette forêt sauvage, offrant comme des bijoux
ses présents de Pâques se magnifiait à leurs yeux. Le geste des parents n'existait

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plus. La forêt redevenait ce qu'elle était autrefois , le lieu de toutes les possibilités,
le lieu des pièges, des mirages et des envoûtements.

Et la soeur aînée, qui errait à la recherche de son panier, dépassa le zone réservée
aux enfants ce jour-là.

Elle arriva sans bien s'en rendre compte dans un fourré où les arbres
s'enchevêtraient. Mais elle découvrit un passage sous leurs ramures et s'engouffra
dans un tunnel de petites branches sèches. Derrière elle, la forêt se referma; elle
n'en éprouva aucune inquiétude et poursuivit sa marche, tête baissée.

Elle fut bientôt dans une clairière et rencontra un lapin qui se tenait debout sur ses
deux pattes de derrière, et qui était revêtu d'un pantalon vert aux bretelles
tyroliennes.

"A vrai dire, pensa-t-elle sans trop de surprise, on dirait le Lapin de Pâques."

Vous me reconnaissez ? dit-il d'un ton assez fat.

Oh ! oui. Du moins vous en avez l'air ....ajouta-t-elle, incrédule.

Il ne daigna pas relever ces derniers mots et lui fit signe de le suivre. Ils
débouchèrent dans une autre clairière au milieu de laquelle s'élevaient deux tas
d'oeufs. L'un des tas était blanc et l'autre de toutes les couleurs. De plusieurs pots
de peinture bleue, rouge, jaune, violette, surgissaient des pinceaux aux longs poils.

Mais ... murmura la fillette déconcertée. Nous, à la maison, on ne les peint pas les
oeufs, on les fait rouler dans une teinture, c'est bien plus simple, et même on peut
leur donner une très jolie couleur rousse avec du jus d'oignon. Ensuite on les frotte
avec un morceau de lard pour les vernir. Oh ! qu'ils deviennent beaux !

Le Lapin fronça les sourcils :

Vous n'allez pas me faire la leçon ! Je connais mon métier.

Je n'ai pas voulu vous offenser, s'excusa-t-elle un peu confuse

Pourtant elle remarqua :

Mais enfin pourquoi nos parents s'en occupent-ils alors ?

Pourquoi vend-t-on dans les magasins ces petits cornets avec de la poudre de
couleur dedans ? et de votre portrait dessus ?

Vous êtes une sotte ! fit le Lapin vexé.

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Ses petites joues se gonflaient de colère et ses moustaches frémissaient . Elle
ressentit de la pitié pour lui et tenta de l'apaiser :

Je ne veux pas dire que vous êtes inutile, que vous ne servez plus à rien, non, non !
affirmait-elle de plus en plus maladroite. Puis elle s'arrêta net en voyant une larme
couler de l'oeil gauche du Lapin

Notre temps est fini ... soupira-t-il.

Et il laissa pendre misérablement ses deux oreilles.

Je veux vous aider, voulez-vous ?

Oui, oui .... Mais il avait perdu tout entrain.

Elle s'avança vers le tas d'oeufs encore blancs et se baissa pour en prendre un.

A ce moment-là, elle entendit qu'on l'appelait. Elle s'éveilla.

Au-dessus d'elle, les ramures des pins griffonnaient le ciel bleu. A ces côtés, un
panier de Pâques pouvait à peine contenir la poule noire au parasol japonais et un
grand lapin en chocolat affublé de culottes tyroliennes. Il ressemblait trait pour trait
à celui de son rêve. Mais elle s'aperçut que ses pauvres oreilles avaient eu le temps
de fondre au soleil.

Oui, c'est bien lui que j'ai rencontré en dormant, dit-elle à voix haute

Avant de rejoindre ses frères, elle tourna la tête vers les fonds mystérieux de la
forêt aux troncs serrés et fut très troublée d'y voir courir une ombre rapide, vêtue
de culottes vertes.

Mais alors ?...

Le Lapin de Pâques l'avait-il épié dans son sommeil ?

Avait-il voulu voir de près sa statue ?

Celle que les hommes sculptent dans une pâte brunâtre au parfum de cacao.

Voilà le printemps ! Dans un champs de blé, une alouette a bâti son nid et attend
patiemment l'éclosion de ses trois œufs.

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Toc, toc, toc ! une première coquille éclate et un tout petit oiseau chauve et à demi
aveugle en sort en pépiant.

Toc, toc, toc ! les autres coquilles éclatent à leur tour et deux autres oisillons
rejoignent le premier.

Madame Alouette est devenue l'heureuse maman de trois adorables oiselet et selon
l'ordre consacré, la mère et les enfants se portent bien. Trois, ce n'est pas rien. Elle
n'a plus une seconde à elle. Sa progéniture réclame à manger. Elle n'a de cesse
d'aller et de venir pour leur apporter la nourriture. Ce ne sont plus des oiseaux, ce
sont des ogres !

Maintenant, l'été est là. Malgré toute l'attention et les bons soins qu'elle leur a
prodigués, les oisillons n'ont pas encore leurs ailes assez fortes pour pouvoir
s'envoler. Lorsqu'elle regarde la couleur du blé, Madame Alouette sait qu'il est
grand temps pour sa nichée de quitter le champs. Le temps des moissons ne doit
plus être très loin et bientôt le fermier viendra et les délogera.

Un matin, avant de s'en aller en quête de nourriture, Madame Alouette réveille ses
petits et leur dit :

- "Mes enfants, aujourd'hui, le paysan va certainement venir. Ecoutez bien ce qu'il


dira et vous me répéterai mots pour mots ses paroles !"

Le soir, à son retour, elle trouve ses trois petits qui l'attendent les traits tirés par
l'inquiétude.

Tous parlent ensemble dans un beau brouhaha :

- "Maman, maman, le paysan a dit qu'il viendrait demain pour faucher les blés avec
toute sa famille !"

- "Fort bien, répond Madame Alouette, dans ces conditions, nous n'avons pas de
souci à nous faire. Nous pouvons rester un jour de plus."

Madame Alouette avait raison et lorsqu'elle rentre au nid, le jour suivant, elle y
trouve ses enfants qui tous en même temps lui racontent que le fermier est venu,
qu'il a attendu toute la journée l'arrivée de sa famille et qu'il était très en colère.

-"A-t-il dit quelque chose ?" demande l'alouette.

- "Oh oui ! répond le plus petit des trois, il a dit qu'au moins ses amis ne le
laisseront pas tomber et qu'ils viendront demain pour l'aider à rentrer sa récolte."

- "Fort bien, répond Madame Alouette, dans ces conditions, nous n'avons pas de
souci à nous faire. Nous pouvons rester un jour de plus.

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Le jour suivant, lorsqu'elle rentre au nid, elle trouve ses trois petits fort agités.

- "Maman, maman, les amis du paysan ne sont pas venus" dit le premier

- "Mais il a dit qu'il rentrerait sa récolte demain " enchaîne le second

- "Qu'il aura un coup de main de ses voisins puisqu'il les a aidés" termine le
troisième.

- "Fort bien, répond Madame Alouette, dans ces conditions, nous n'avons pas de
souci à nous faire. Nous pouvons rester un jour de plus.

Une fois de plus, l'alouette ne n'est pas trompée. Et, lorsque, le jour suivant, elle
rentre au nid, elle apprend de ses trois enfants que fatigué d'attendre, le fermier a
décidé de faucher son blé tout seul dès le lendemain.

- "Cette, fois, le paysan a compris qu'il vaut mieux faucher son blé tout seul que
d'attendre le bon vouloir des autres. Il nous faut partir. Le fermier n'attendra pas un
jour de plus !"

Et dès le matin suivant, les petites alouettes devenues suffisamment fortes,


prennent leur envol avec leur mère, toujours très fière de ses petits…

Il était une fois un labrador noir qui s’appelait Zoubar, il était brave et courageux. Il
avait un poil soyeux.

Un jour, sa future fiancée Rose se fit kidnapper par une bande de chiens inconnus.
Le père de Rose dit à Zoubar :

_ « S’il vous plaît monsieur retrouvez ma fille ».

_ « S’il vous plaît !! » implora le vieil homme.

_ « Très bien, je vais ramener Rose et trouver les kidnappeurs. » dit Zoubar.

_ « Merci, mille fois merci. »dit le vieil homme.

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Le lendemain matin, il partit retrouver Rose. Sur sa route il vit une chienne qui
examinait un ruban, cette chienne avait des ailes d’ange. Il se dit : « Elle doit
sûrement savoir quelque chose. »

De ce pas il alla l’interroger.

_ « Bonjour, je m’appelle Zoubar, avez-vous vu une chienne noire et au poil soyeux,


elle a été enlevée et c’est ma future épouse. »

_ « Bonjour, je m’appelle Mimosa, oui j’ai vu cette chienne et ses kidnappeurs. »

_ « Où sont ils allés ? »

_ « Ils sont allés dans le château des chiens méchants. »

_ « Voulez-vous m’y m’accompagner ? »

_ « Oui, je veux bien. »

Ensemble, ils partirent pour le château des chiens méchants.

Arrivés là-bas, ils rentrèrent dans le château, se glissèrent jusqu’aux catacombes et


là ils virent un boxer, un berger allemand et des caniches qui surveillaient la prison
de Rose. Quand ils les sentirent, ils les défièrent. Alors Mimosa tourna sur elle
même et aboya ces paroles :

_ « Aboua Hou Hou transformez-vous en glaçons. »

Aussitôt les méchants devinrent des glaçons.

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Zoubar et son ami délivrèrent Rose et tous ensemble ils rentrèrent chez eux. Pour
les récompenser Mimosa leur donna le don de vivre en paix dans la prospérité.

Rose et Zoubar se marièrent, ils invitèrent Mimosa et ils eurent plein de petites
canailles de chiots.

Coco le singe s'ennuyait à la maison parmi les autres jouets. Le cheval basculait
toujours de la même manière, le petit chien racontait toujours la même histoire: "
Vou- vou- vou !" et le camion de bois n'avait pas de moteur.

Coco réfléchissait. C'était difficile car il n'avait pas beaucoup de cervelle. Il devint
de si méchante humeur qu'il ne prêta plus sa patte secourable aux jouets tombés
par terre. Le chien de peluche et le cheval de bois ne reconnaissait plus le bon
Coco.

D'abord pourquoi s'appelait-il Coco ? Ressemblait-il vraiment à une noix de coco ?


C'est ce qu'on lui avait dit, mais il n'en était pas sûr. Il eut envie de courir le monde.
Il en apprendrait des choses !

Il mit son chapeau panama et son petit veston rouge. Il remplit une gourde d'eau,
se coupa un morceau de pain et du chocolat qu'il cacha dans une musette. Et tout
doucement il s'en alla .

Enfin il vit le monde ! Des villes, des beaux châteaux, des lacs, des vignes et des
vergers, des montagnes.

Les oiseaux chantaient, les ombelles blanches s'ouvraient dans l'herbe, le ciel était
tout bleu. Coco se sentait heureux. Il suivit un long chemin où il ne rencontra
personne.

Il arriva dans une forêt. Il avait très soif, mais l'eau des étangs n'est pas bonne à
boire. Il but de sa gourde pendant qu'une grenouille étonnée le regardait.

" Où vas-tu ?" demanda-elle. "Très loin, je veux connaître le monde", répondit Coco.
"A moi, mon étang me suffit !" Et la grenouille sauta dedans.

Mais derrière un buisson, il aperçut un tigre qui avait une grosse tête et des oreilles
comme des touffes d'herbes sèches.

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Coco eut peur. Il savait que le tigre est dangereux; plus que les autres bêtes de la
forêt.

Il grimpa sur un arbre et s'endormit. Au matin, il eut grand faim. Mais il ne trouva
rien dans sa musette. Pendant la nuit, les écureuils étaient venus chercher le pain
et le chocolat. Il but l'eau qui lui restait dans sa gourde et descendit de l'arbre après
quelques culbutes sur les branches.

Le tigre était parti. Il rencontra des ours et s'entendit très bien avec eux, surtout
avec un petit ours qui lui donnait la main. Mais il avait de la peine à les suivre sur le
sol. Coco préférait remonter sur les sapins, sauter de l'un à l'autre et lancer des
pives sur le museau des ours.

En leur compagnie, il traversa d'immenses forêts. Les ours lui enseignèrent à se


nourrir de noisettes, de fraises et de framboises, et du miel des abeilles sauvages.
Ils l'emmenèrent ainsi jusque dans le Nord.

Là, ils procurèrent à Coco un joli traîneau et un chien polaire, très fort, qui courait
plus vite qu'un cheval ! Coco glissa ainsi sur de grands déserts de neige. Il était
content d'avoir pris son chapeau panama, car le soleil tapait dur.

Ainsi Coco le singe arriva chez le Roi des Ours. Il était tout blanc, avec une
couronne d'or sur la tête, et son trône reposait sur une montagne de glace qui
étincelait.

Mais Coco avait toujours vécu en Suisse, les montagnes de glace ne


l'impressionnaient guère et il avait pas un très grand respect des rois. Il ne fit pas
d'élégantes courbettes, à peine sut-il enlever son chapeau.

Aux questions que lui posa le Roi des Ours, il osa répondre "Les Suisses n'ont jamais
voulu de roi".

Le Roi des Ours ne goûta pas du tout cet esprit républicain. Il fit enfermer le pauvre
Coco dans un cachot très froid.

Le singe sombra dans la mélancolie, sa paupière devint de plus en plus lourde et


son regard d'éteignit. Une bonne araignée vint à son secours et tissa sur le mur une
toile si solide, qu'il put l'utiliser comme une échelle de corde.

Hissé jusqu'au soupirail, il se laissa redescendre de l'autre côté.

Mais la prison était entourée d'une mer remplie d'icebergs qui s'entrechoquaient de
manière effrayante.

"Au secours !" cria-t-il.

Par bonheur le Pilote des Glaces faisait un petit tour par là avec son hélicoptère et il
descendit attraper Coco.

Ils passèrent par-dessus la mer. Coco regardait. Il dit : "Voici une île où je voudrais
aller !" Le Pilote des Glaces le déposa sur l'île. Ils se firent des signes d'adieu.

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Mais c'était une baleine . Par chance, elle se montra de belle humeur. Coco n'était
pas mal sur son dos. Il s'amusait beaucoup avec ses petites fontaines. Mais il avait
perdu son chapeau, le vent soufflait très fort.

Enfin la baleine amena Coco dans un port. Là, il prit d'abord un bateau, puis un
train, puis un autobus, et il arriva dans sa petite ville.

Tout avait tellement changé en son absence ! Il y avait de nouvelles rues et de


grands magasins.

Il retrouva pourtant sa maison.

Il entra tout joyeux, salua le cheval à bascule, le camion de bois et le chien de


peluche qui l'attendaient.

"Comme on se sent bien chez soi !" dit-il.

Il était une fois une panthère voyageuse, myrtillée et sans logis. Une nuit qu'elle
avançait, droit devant elle sans jamais se retourner, à la recherche de sa terre, de
sa planète panthère passion, elle vit devant elle une montagne à contre-lune. La
montagne respirait lourdement, saccadée et sonore. Vibrante. La terre en tremblait.
Mais la montagne était un lion, un petit lion endormi dans la brousse. Il fermait les
yeux pour faire semblant de ne pas voir la forme inquiétante qui avançait. Très fort.
Tellement fort qu'il l'imaginait plus sauvage et plus dangereuse qu'elle ne l'était.
Une lionne peut-être. Une chasseresse qui l'empêcherait d'être libre. Seul un
parfum de myrtille et de voyage lui faisait deviner qu'elle pouvait peut-être être
douce. Pendant ce temps la panthère se demandait comment escalader cette
montagne. Elle n'a pas pensé la contourner. Elle n'avait jamais vu une montagne
aussi puissante. Elle la sentait vibrer sous ses pattes. Un petit singe passa par là. Il
regarda tour à tour la panthère figée devant cette grande masse ocre, et le lion
faisant semblant de dormir. Le petit singe rigola. Mais pourquoi restes-tu là arrêtée
devant un lion, il a peur de toi, tu ne crains rien... Ce n'est pas un lion, dit la
panthère, c'est ma montagne. Je t'assure que c'est un lion, répondit le petit singe et
qu'un lion ne peut pas être ta montagne. La panthère ne bougeait pas. Le lion qui
avait tout entendu, ouvrit un œil . Il vit tour à tour la panthère et le singe et se dit
qu'il était d'accord avec le singe et qu'il ne pouvait pas être une montagne. La
panthère ne ressemblait à aucune lionne. Elle était plus noire, plus lisse, elle
semblait plus forte et plus guerrière. La panthère s'approcha de la montagne - le
lion - et se frotta doucement contre lui. Une bouffée de douceur envahit le lion.
N'aie pas peur de moi, dit la panthère. Je cherche ma terre panthère passion pour
voyager plus loin, ma terre ocre de soleil, un petit prince voyageur, je cherche un
sourire dans le silence et les chants de la plaine, je cherche une petite montagne
triste d'avancer seule. J'ai l'air puissante et dure pour cacher ma douceur, féroce
contre ma tendresse, et noire contre ma pureté. Deviens ma montagne, mon petit
bout de terre, et nous voyagerons ensemble. Le petit singe avait écouté tout cela et
il ne pouvait pas croire que la panthère continue à prendre le petit lion pour une
montagne. Le petit lion regarda à nouveau la panthère mais cette fois-ci au lieu de
la regarder du dehors il plongea dans ses yeux et il y vit tous les voyages qu'elle

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avait faits, tout l'amour qu'elle pouvait donner, sa tendresse - tout ce qu’il n’avait
pas vu d'abord. Petite Panthère, répondit le lion, tu ne me fais plus peur. Je devine
maintenant qui tu es. Tu cherches une montagne. Je ne suis qu'un lion. Mais je veux
bien t'accompagner pendant ton voyage et te protéger si tu as besoin de moi.
Regarde mes griffes qu'on ne voit pas quand je dors, je pourrai mordre si on te fait
du mal, et te tenir chaud quand tu auras froid. La panthère le regarda longtemps
sans rien dire. Finalement elle s'avança vers le lion et lui dit à l'oreille: Tu seras
toujours ma petite montagne.

Il y avait une fois un paon qui était si fier de sa queue magnifique qu’il passait toute
la journée à faire la roue, ses plumes largement déployées, et à crier pour attirer
l’attention. Quand le paysan l’appelait : Piwi ! Piwi ! il regardait au loin et faisait
mine de ne pas entendre.

Tu te prives de beaucoup de bonnes choses, lui disait la poule. Quand le fermier crie
: Piwi ! ou Tschick, Tschick ! c’est qu’il lance le grain qui nous est destiné.

Je ne m’appelle pas Piwi, répondit orgueilleusement le paon en faisant la roue et le


cou allongé, en criant d’une voix aigre : Mon nom est «Sa-queue-est-magnifique-
comme-le-soleil-quand-il-brille-sur-les-montagnes-dans-les-brouillards-du-matin.»

Est-ce- compris ? Désormais ne m’appelle plus autrement, sans quoi je t’arracherai


les yeux.

Je ne t’appellerai jamais autrement, promis la poule, qui redoutait le bec acéré de


l’autre, jamais, jamais.

Au même instant un renard sortit du bois; il sauta sur le paon et voulait l’emporter.

Au secours ! Au secours, criait le paon. Cours vite chercher le chat et dis- lui qu’il
vienne me délivrer du renard.

La poule courut chercher le chat et s’écria : « Sa-queue-est-magnifique-comme-le-


soleil-quand-il-brille-sur-les-montagnes-dans-les-brouillards-du-matin» vient d’être
enlevé par le renard, cours vite, cours vite !

Qui le renard emporte-t-il ? demanda le chat. Qui diable ce peut-être : «Sa-queue-


est-magnifique-comme-le-soleil-quand-il-brille-sur-les-montagnes-dans-les-
brouillards-du-matin» ?

C’est le paon, dit la poule, c’est son nouveau nom et il ne veut pas que tu lui en
donnes d’autres. Mais cours donc, cours bien vite !

Comme c’est bête, dit le chat en se levant. Je suis bien trop petit pour attraper un
renard. Je vais aller chercher un chien.

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Mais n’oublie pas qu’il faut appeler le paon par son nouveau nom, caqueta la poule.
Si tu ne le fais pas il t’arrachera les yeux.

Il n’y a pas de danger, répliqua le chat en allant chercher un chien.

Le chien dormait au soleil ; quand il entendit venir le chat il sursauta et les poils de
son cou se hérissèrent.

Calme-toi, dit le chat, ce n’est pas le moment de me donner la chasse. «Sa-queue-


est-magnifique-comme-le-soleil-quand-il-brille-sur-les-montagnes-dans-les-
brouillards-du-matin» a été enlevé par le renard.

Qui donc est «Sa-queue-est-magnifique-comme-le-soleil-quand-il-brille-sur-les-


montagnes-dans-les-brouillards-du-matin» ? lui demanda le chien. Je n’ai jamais
entendu un nom pareil.

C’est le nouveau nom que s’est donné le paon, répondit le chat. Si tu l’appelles
autrement il t’arrachera les yeux.

Eh bien, dit le chien, je n’ai pas envie de me faire arracher les yeux ni de perdre
mon temps à sauver un oiseau qui a un nom aussi long. Je vais aller chercher le
fermier.

Le chien courut vers le paysan occupé à la fenaison.

Maître, maître ! aboya le chien, «Sa-queue-est-magnifique-comme-le-soleil-quand-il-


brille-sur-les-montagnes-dans-les-brouillards-du-matin» vient d’être emporté par le
renard !

Qu’il a-t-il, demanda le fermier qui avait l’oreille dure. Qui est-ce qui a été emporté
par le renard ?

« Sa-queue-est-magnifique-comme-le-soleil-quand-il-brille-sur-les-montagnes-dans-
les-brouillards-du-matin», répéta le chien.

Ah ! dit le paysan en secouant la tête. Je croyais que tu parlais de toute une famille.
Mais qui donc est-ce : «Sa-queue-est-magnifique-comme-le-soleil-quand-il-brille-sur-
les-montagnes-dans-les-brouillards-du-matin» ?

C’est le paon, répondit le chien. C’est le nouveau nom qu’il s’est donné lui-même.
Ne lui en donne pas d’autre surtout, sans quoi il t’arrachera les yeux.

Je lui tordrai le cou, cria le fermier, en courant pour délivrer le paon.

Lorsque le paysan eut atteint le terrier du renard, celui-ci avait déjà mangé le paon
avec toutes ses plumes.

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Quand la poule apprit la nouvelle, elle songea :

S’il s’était contenté de son nom de Piwi, il pourrait encore faire la roue dans la cour.
Si vous aviez un jour à me délivrer du renard appelez-moi simplement Tschick.

Et moi, appelez-moi Puss, ronronna le chat en repliant ses pattes pour faire un petit
somme.

Appelez-moi Fleck, dit le chien en allant voir si son repas était prêt.

Ce conte américain nous apprend ce qui arrive au paon qui avait décidé de changer
de nom. Et c’est en même temps pour nous une leçon d’humilité.

il était une fois un corbeau tout triste qui s'appelait kibou

il en avait marre kibou ...

toujours la risé de ses camarades de son espèce : les oiseaux ...

tous se pavanaient devat son nez , pardon son bec ...

entre le paon léon qui frimait avec sa voix d'opérette, jacotte la poule avec ses
plumes fournies au derrière, sophie l'oie fière, et tico le moineaux , kibou ne se
sentait pas à sa place !!!! tous le snobait atrocement ..

du coup kibou commença à sentir la dépression du corbeau qui arrivait sur son bout
de bec ...

il n'était même plus affamé du moindre asticot qui d'habitude tremblait sous la
patte du volatile, et bien sur l'asticot nino en profita pour le narguer ...

"Bah alors Kibou, tu me boudes ? chui plus ton met préféré ? tu t'es reconverti sur
les pousses de pissenlit" ???

Nino rigolait à se tordre ses anneaux d'asticot.

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Kibou soupira et versa une larme, non de crocodile, mais de corbeau ...

"j'en ai marre Nino, tout le monde me boude, personne ne m'aime, mon plumage
est moche, mon bec est moche, mes pattes sont moches !!!" ...

Nino à l'aide de son bout de corps qu'il faisait remuer resta pensif .

il reprit la discussion :

"tu es po si moche que ça, Kibou, pis tu as l'avantage d'être un grand malin pour
nous attraper nous les vers, tu n'as pas ton pareil pour bondir , fouiner avec ton bec
et nous dénicher de nos planques secrètes !!!" ...

"oui ok, mais vous m'aimez pas non plus puique vous avez tous peurs de moi !!!"
pleunicha de plus belle le plus noir des volatiles ...

Le ver se gratta la tête et continua ...

"nous, les vers, personnelement, on préfère se faire manger par toi que par tes
ridicules comparses d'oiseaux, tu l'a trouve plus intelligente toi , la poule jacotte,
parlons en, quand elle nous attrape, elle nous prends pour des pierres et avec son
bec, elle pique pique pique encore et encore sur nos têtes, et parlons de Léon le
Paon, lui il nous rends sourds avec sa voix stridente , et bien souvent mes amis
meurent les tympans âbimés avant qu'il ait eu le temps de nous gober ... quand à
l'oie Sophie , elle est si fière que avant qu'elle nous mange , elle joue méchamment
avec nous et nous écrase avec ses affreuses pattes palmées ...

Kibou le corbeau essuya ses larmes avec un pétale de violette que lui donna Nino.

"Que puis je faire pour qu'on me respecte enfin ? " demanda Kibou

"il faut déjà leur prouver que tu es très utile, que tu n'es pas fait uniquement pour
être emprisonné dans les pièges des champs de blé !!!!!"

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Le ver continua sa thèse du "comment accepter les corbeaux !!!!"

il s'exclama soudain !!!

"viens le corbeau , je vais devenir ton avocat, on va aller les voir ces volatiles
débiles" ....

ainsi kibou suivi Nino en sautillant tandis que le ver rampait de tout son corps ....

La bande d'oiseaux se faisaient bronzer au soleil , jacotte pour passer le temps


faisait une partie de coque st jacques et driblait pour marquer un but ....

Sophie l'oie fière , elle, s'admirait dans l'eau de la pataugeoire,

Léon lui préparait son dernier récital et Tico le moineau lui piallait pour que sa mère
lui rapporte à manger ...

Le petit ver était bien décidé à plaider pour la réhabilitation de son client Kibou.

il monta donc rapidement un tribunal et monta sur un bout de coquille d'huitre qui
trainait pas là et dont Jacotte en avait oublié l'existence

un vacarme régnait, et le ver hurla : "silence ou je fais évacuer la cour !"

Le paon Léon jugea utile de l'a ramener mais le ver "grand juge" pour l'occasion, ne
se laissa pas impresionner,

il reprit !

"qui peut voler très haut dans le ciel ?" toi Léon, toi Sophie, Toi Jaquotte , et toi
Tico , il te faut encore ta maman pour t'aider !!!!"

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"qui peut sautiller dans les champs sans se tordre une patte ?, toi Léon, toi Sophie,
Toi Jaquotte , et toi Tico , il te faut encore ta maman pour t'aider à marcher !!!!"

"qui n'a pas peur des voitures sur les routes ?" toi Léon, toi Sophie, Toi Jaquotte , et
toi Tico , il te faut encore ta maman pour te protéger !!!!"

"qui évites les chasseurs le dimanche ?" Vous ? planqués dans votre basse court ???

"qui sait se poser sur des fils électriques ? Vous ?

Alors ok , Kibou ne sait pas chanter, Kibou n'a pas un beau ramage, Kibou est
toujours détesté , que ça soit par vous, ou les hommes qui trauisent leur
méchancetés envers lui au travers de leurs fables, mais Kibou est bien
courageux !!!!"

Kibou renifla, et peu à peu les oiseaux re rapprochèrent de lui, Jacotte s'arracha une
plume en guise de cadeau, Léon le paon, lui faisait le même présent avec une de
ses plus belles plumes, Sophie lui donna un coup de patte calin, et Tico se posa sur
sa tête et lui donnant un petit coup de bec affectueux ...

Ce jour là , Kibou fut porté en oiseau courageux de la basse cour et le petit ver Nino
eut la vie sauve ....

Il y a des ères et des ères, au temps où les oiseaux parlaient, le corbeau était
habillé de gris. Elégant, soucieux de sa parure, il alla trouver un jour le hibou, qui
exerçait,comme chacun sait, la profession de teinturier.

« Cher hibou, ma robe grise est terne, je souhaiterais la remplacer par quelque
chose de plus gai, de plus éclatant !

Je n’ai pas de temps à perdre ! grommela le hibou. Dites-moi exactement ce que


vous désirez, j’ai d’autres clients à teindre avant ce soir !

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Eh bien, fit le corbeau songeur, j’aimerais assez la robe du pic-vert : le dos d’un
beau vert brillant avec un léger dégradé sur le ventre, dans les nuances gris clair,
vert amande, la calotte rouge, bien entendu, les moustaches noires… Ah,
j’oubliais,une tache rouge juste au milieu des moustaches…

Tout cela est bien compliqué, marmonna le hibou, oû-ho.. oû-ho..

Il se mit au travail, mélangea dans ses grands chaudrons en ébullition les diverses
teintures. Mais la tâche était difficile, et la nuit tombait.

« Je vous ai demandé un ton plus doux pour le dessous, un vert pâle ! protesta le
corbeau. Et la calotte, je la veux rouge pourpre, vous me proposez un rouge
violine ! Ce n’est pas cela ! «

Le hibou agitait ses aigrettes sans répondre, il mêlait furieusement les couleurs, il
transpirait.

« Décidément, constata le corbeau, déçu, vous n’y arrivez pas ! Le plus simple est
que nous essayions autre chose : je préfère à la réflexion la robe du martin-
pêcheur : bleu-vert scintillant, métallique pour le dos, un peu de brun et de roux sur
le ventre, la gorge blanche, et tout sera parfait !

Vous m’embrouillez ! s’emporta le hibou, je ne sais plus si vous voulez du vert ou du


bleu, du brun, du rouge ou du blanc, si vous voulez ressemblez à un pic-vert ou à un
martin-pêcheur ! ! «

Et dans un accès de colère, il renversa ses chaudrons, et teignit le corbeau…en noir.

Tous les matins, Jeannot menait ses trois chèvres au pâturage et tous les soirs, au
coucher du soleil, il les ramenait à la maison. Un matin, il se mit en route de bonne
heure, poussant ses chèvres devant lui et sifflant un air joyeux. Comme il atteignait
un champ de navets, il vit qu'une planche de la clôture était cassée.

Les chèvres aussi le virent ! Et voilà qu'elle sautent, gambadent dans le champ, ne
s'arrêtant que pour mordiller les feuilles tendres des jeunes navets.

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Jeannot jugea que l'affaire était grave.

Il ramassa un bâton, se faufila dans la clôture, et tenta de chasser les chèvres.

Mais jamais les chèvres n'avaient été plus insolentes.

Elles poursuivaient leurs gambades d'un bout à l'autre du champ, sans même jeter
un regard vers la clôture.

Jeannot courut, courut jusqu'à perdre haleine, et quand il fut à bout de force, il se
glissa hors du champ, s'effondra au bord de la route et se mit à pleurer.

C'est alors que le renard, qui se promenait, passa près de lui.

- Bonjour , Jeannot ! dit-il. Pourquoi pleures-tu ainsi?

- Je pleure car je ne peux chasser les chèvres du champ de navets, dit Jeannot.

- Oh ! ne pleure donc pas, dit le renard. Je les ferai sortir du champ, moi.

Et le renard bondit par-dessus la clôture et se mit à poursuivre les chèvres parmi les
navets.

Mais rien à faire, elles refusaient de sortir.

Elles remuaient la queue, secouaient la tête et repartaient de plus belle, piétinant


les navets, de sorte qu'il devint bientôt impossible de deviner ce qui avait poussé là.

Le renard courut jusqu'au bout de ses forces.

Puis il vint s'asseoir près de Jeannot et se mit à pleurer.

C'est alors que sur la route vint à passer un lapin.

- Bonjour, renard, dit-il. Pourquoi pleures-tu ainsi?

- Je pleure car Jeannot pleure, dit le renard, et Jeannot pleure car il ne peut chasser
les chèvres du champ de navets.

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- Allons, allons ! dit le lapin, qu'elle idée de pleurer pour ça ! Regarder-moi. En un
clin d'oeil, je les ferai sortir du champ.

Et il bondit par-dessus la clôture.

Et le voici courant, sautant derrière les chèvres, qui jamais ne se rapprochaient du


trou dans la clôture.

A la fin le lapin fut si fatigué qu'il ne put faire un bond de plus.

Il rampa sous la barrière, s'assit près du renard et se mit à pleurer

C'est alors que vint une abeille qui bourdonnait parmi les fleurs.

Elle vit le lapin et lui dit:

- Bonjour, Lapin,pourquoi pleures-tu ainsi ?

- Je pleure car le renard pleure, dit le lapin, et le renard pleure car Jeannot pleure, et
Jeannot pleure car il ne peut chasser les chèvres du champ de navets.

- Cessez de pleurer, dit l'abeille, je les ferai vite sortir du champ, moi.

- Toi ! s'écria le lapin, tu prétends faire sortir les chèvres, quand ni Jeannot, ni le
renard, ni moi n'y sommes parvenus ? " Et il se mit à rire.

- Regardez, dit l'abeille.

Elle s'envola dans le champ et se mit à bourdonner à l'oreille de la plus vieille


chèvre, " bzzz " , "bzzz ".

La chèvre secoua la tête pour tenter de la chasser, mais l'abeille vola vers l'autre
oreille et poursuivit ses "bzzz ", " bzzz ", si bien que la chèvre finit par penser qu'il
se passait des choses effrayantes dans ce champ de navets, et elle se faufila dans
le trou de la clôture, pour courir vers son pâturage.

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L'abeille vola vers la seconde chèvre et reprit ses " bzzz ", " bzzz ", dans une
oreille , puis dans l'autre, alors la chèvre ne pensa plus qu'à suivre sa compagne à
travers la clôture, pour courir vers son pâturage.

L'abeille se dirigea enfin vers la plus jeune qui, en entendant ces bourdonnements,
suivit les autres sans demander son reste.

- Merci, petite abeille, dit Jeannot, puis en essuyant ses larmes, il reprit sa route en
courant pour mener les chèvres au pâturage.

Grouillette est une tortue ... tê-tue ! Ce matin, elle a décidé qu'elle n'irait pas à son
cours de natation. Sa maman est venue deux fois lui dire tout doucement :

-Grouillette, c'est l'heure ! Réveille-toi.

Mais Grouillette fait comme si elle n'avait pas entendu, ce qui met son père fort en
colère :

-Dépêche-toi, Grouillette.

Grouillette soupire. Elle n'a vraiment pas envie de bouger. Ses soeurs se moquent
d'elles

Mais elles peuvent toujours parler ! Grouillette a glissé sous sa carapace, sa tête et
ses quatre pattes.

-Tu ne seras jamais une vraie tortue de mer si tu ne vas pas à ton cours de
natation ! lui lance sa première soeur.

-Tu vas prendre racine, à rester là, sans bouger ! lui dit la deuxième.

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-Elle reste à l'abri, elle a sans doute peur de la pluie ! crie la troisième.

Enfin ! Elles repartent comme elles sont venues. Grouillette glisse, hors de sa
carapace, sa tête et ses quatre pattes. Et elle savoure la calme en écoutant le
clapotis des vagues. Mais elle reconnaît, au loin, la voix du professeur de natation.

-Plier,tirer. Maintenant, vous pouvez laisser vos bouées !

-Grouillette s'avance vers un coin isolé au bord de l'océan. Elle hoche la tête et
pense : "Pourquoi se fatiguer ? Il suffit de se laisser flotter au soleil à la surface de
l'eau, comme ça ! "

Et Grouillette passe un long moment à se prélasser, sans remarquer qu'elle


s'éloigne des rochers.

Mais voilà le vent qui se lève. Il souffle de plus en plus fort. Et les vagues se
soulèvent de plus en plus haut. De gros nuages emplissent le ciel. L'océan gronde.
C'est la tempête ! Grouillette est ballottée de haut en bas.

Elle à le mal de mer.

Elle boit la tasse.

Elle tousse

Elle se débat,puis après ... elle ne sait plus !

Lorsqu'elle rouvre les yeux, le ciel est à nouveau bleu.

Il y a, à côté d'elle, une grosse boîte sur laquelle est inscrit " trousse de secours ".
Grouillette a bien mal à la tête.

Elle a aussi des pansements plein les pattes. Tout le monde est là : sa mère, son
père, ses soeurs et d'autres qu'elle ne connaît pas.

Le professeur de natation lui tapote la joue :

-Vous l'avez échappé belle, Mademoiselle ! Quand reviendrez-vous au cours de


natation ?

Grouillette se racle la gorge et, de sa voix la plus douce, elle répond poliment :

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-Dès que j'irai mieux, Monsieur !

e vais vous conter l'histoire de Bozo, le petit éléphant ....

Il était une fois, un petit éléphant qui s'appellait Bozo Zozo. Bozo vivait dans un clan
d'éléphant avec sa maman. Son père était le chef de la troupe. Le chef, son père,
était méchant avec tous les éléphants, il les obligeait à travailler toute la journée,
sans s'arrêter. Il y avait un règlement dans le clan des éléphants. Il y avait une
phrase :

INTERDIT DE POSER DES QUESTIONS

Tous les éléphants respectaient ce règlement, sauf un : Bozo ! C'est pour cela, que
tous les jours, Monsieur Zozo chassait son fils pour ne pas qu'il lui pose de
questions.

Un jour où Bozo était parti se promener , un singe l'interpella, "Pourquoi ton nez est
si petit ?" Lui demanda t-il.

Le petit éléphant lui répondit qu'il ne savait pas, et qu'il allait de ce pas la poser au
crocodile des marais.

- Bonjour Monsieur Le Croco !

- Bonjour appétissant petit éléphant ! Que me vaut ta visite ?

- Pourquoi les éléphants ont un nez si petit ?

- Si cela t'embête, je peux arranger cela.

- Ah oui ! Faites, comme cela je serais le seul éléphant à avoir un long nez. Je serais
le plus beau .

Le crocodile s'approcha et tira avec ses dents le nez du petit éléphant. Monsieur Le
Croco pensait pouvoir faire tomber Bozo dans l'eau, et le manger. Mais, au bout
d'un certain temps, le petit éléphant commença à avoir mal, il se plaignit, se
plaignit...

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Mais le crocodile continuait. Alors Bozo, tira, lui aussi, de son côté. Et il réussit à
arracher son nez des dents du crocodile. Mais, son nez n'était plus du tout petit,
mais alors plus du tout. C'était devenu une gigantesque trompe.

Il remercia mille fois le croco, et repartit vers le clan des éléphants .

Arrivé là bas, tous le monde le trouva élégant, et ils partirent tous se faire allonger
le nez !

Depuis ce temps là, les éléphants ont une trompe.

Il était une fois... Un beau chêne si grand et si robuste, qu'il faisait l'admiration de
toute la forêt. Bruno l'écureuil y avait établi son refuge qu'il bourrait de glands
provenant de l'arbre majestueux. Sur la plus haute branche, Madame Rossignol
avait dressé fièrement son nid. Et entre les racines énormes, gîtait Pomponet le
lapin.

En résumé, tous y trouvaient un logis confortable. Mais hélas, ce beau chêne était
aussi convoité par des bûcherons. Ceux-ci étaient venus s'installer depuis peu dans
le bois afin de commencer leurs travaux d'abattage. C'est ainsi qu'un beau jour,
munis de leurs haches et scies, arrivèrent deux solides gaillards. Ils cernèrent le
vieux chêne et se mirent à le marteler de leur cognée. L'arbre gémissait sous la
douleur qu'on lui infligeait.

Mais que pouvait-il faire, le malheureux ? Il saignait sa sève un peu de partout et il


sentait, impuissant, qu'il ne résisterait pas longtemps...

Réunissant ses dernières forces, il fit frémir branches et feuilles en un ultime appel
de pitié. Ses amis Pomponet et Bruno folâtraient non loin de là. Ils entendirent
l'appel de leur ami et accoururent à toute vitesse.

- Hô ! , s'écrièrent-ils en choeur devant l'affreux spectacle.

Mais que faire ? Comment débarrasser leur ami de ces intrus malveillants ?

Tout à coup, Bruno eut une idée.

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S'adressant à son compagnon, il lui dit :

- File à ton terrier sous les racines ! Hurle et grogne de toutes tes forces, sans te
faire voir !

Sans chercher à comprendre, le lapin obéit. Profitant de quelques minutes de pause


des bûcherons, il s'engouffra dans son refuge.

- Ah, mes amis, dit l'arbre dans un soupir, il va vous falloir trouver un autre logis car
je vais mourir...

- Allons, ne dis pas de bêtises, lui répondit Pomponet. Nous allons t'aider.

Et puis, nous ferais-tu douter du proverbe : « Solide comme un chêne » ? Allez, un


peu de patience...

- Bon, s'exclamèrent les bûcherons, au travail !

Ils s'avancèrent en direction du vieux chêne, déjà très mal en point.

Mais, à peine eurent-ils saisi leur cognée, que Pomponet exécuta les consignes.

- Houuu ! Hou... ! Grrrrrr... ! Et grrrrrrrr... ! grogna le lapin.

Au même instant, Bruno se mit à bondir de toutes ses forces, de branche en


branche, surtout sur les plus garnies. Les glands se mirent aussitôt à pleuvoir sur
les intrus. Les deux hommes, jetant des regards effarés de tous côtés, se mirent à
courir, à courir... laissant là leurs outils.

- Merci mes bons amis ! , dit le vieux chêne à l'adresse de Bruno et Pomponet. Vous
m'avez sauvé la vie.

- Bah ! Ce n'est rien, répondirent ceux-ci. De toute façon, tu t'en serais bien tiré tout
seul ! Tu es si énorme que ces deux bûcherons auraient bien fini par abandonner.

Ensemble, ils se mirent à panser les blessures du vieux chêne avec de la terre et
des feuilles séchées. L'arbre, pour les remercier, écarta largement ses racines afin
d'agrandir le terrier de Pomponet. Et il promit de donner, l'an prochain, encore plus
de glands pour son ami Bruno.

1. Une hyène pas comme les autres

De mémoire d’hyène, on avait jamais vu ça : Pupu était très délicat. Le matin, il se


brossait les dents. Puis il mangeait de l’herbe fraîche mais alors très fraîche.

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Comble du comble, pour aller aux cabinets, il lui fallait de l’intimité ! Et pour
couronner le tout, à l’heure du bain, il disait :

- Je ne veux pas me laver dans la boue mais alors pas du tout.

Allen-Fétide, son père, était stupéfait :

- Marie-Fange, TON fils me rend zinzin. Il se brosse les dents tous les matins. Je n’y
comprends rien. Il ne veut pas manger de la bonne charogne qui craque, qui croque
sous la dent. Une hyène végétarienne, c’est quand même étonnant !

Marie-Fange eut soudain une idée :

- Allons voir le docteur Sanpabon. Il nous dira si quelque chose ne tourne pas rond.

2. Le remède du docteur

Comme tous les enfants, Pupu détestait aller chez le docteur. En plus ça sentait pas
la fleur :

- Quelle odeur ! Quelle puanteur ! dit Pupu en se bouchant le nez.

Les parents de Pupu, eux, trouvaient cette odeur exquise.

Quand le docteur s’approcha, Pupu crut étouffer : le docteur Sanpabon sentait très
mauvais ! On aurait dit qu’il avait mangé du camembert trop fait. Après avoir tout
vérifié, le docteur Sanpabon dit :

- Pupu est en bonne santé. Son problème, c’est sa relation avec la propreté. Faites
lui faire un stage chez Monsieur Cradouille. C’est le meilleur professeur de saleté.

3. Stage de saleté

Quand il arriva chez Monsieur Cradouille, Pupu faillit tourner de l’œil :

- Quelle odeur ! Quelle puanteur.

La maison était tellement sale qu’on ne voyait plus la couleur de rien du tout : ni les
meubles, ni la tapisserie, ni la moquette. Il y avait de la boue absolument partout.

Monsieur Cradouille dit à son élève :

- Commençons par la première leçon. Viens prendre un bain de gadoue, de la


bonne, de la très bonne. Y’a pas mieux près de chez nous.

- Bonne ou pas bonne, je ne veux pas me laver dans la boue mais alors pas du tout,
dit Pupu.

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Et il n’y plongea que son petit doigt.

- Quel être délicat ! soupira Monsieur Cradouille. Bon, passons à la deuxième leçon :
bien se tenir à table.

Monsieur Cradouille se roula par terre, les quatre pattes en l’air. Et il dévora tout ce
qui passait par là :

- Maintenant, à toi !

Pupu but dans un verre avec le petit doigt en l’air.

- Quelles manières ! soupira Monsieur Cradouille. Tu es catastrophiquement propre.


Dernière leçon, je te confie la maison. Surtout, soi sage et ne range rien !

Une fois Monsieur Cradouille parti, Pupu se mit à aspirer, nettoyer, ranger. Si bien
que la maison brillait de propreté. Monsieur Cradouille fut horrifié :

- Je te renvoie chez tes parents petit garnement !

4. Dernière tentative

Allen-Fétide dit à Marie-Fange :

- Ton fils est un cas unique au monde. Que faire, que faire ?

Marie-Fange eut une autre idée :

- On va lui présenter Aude-Heure, la fille de ma cousine Marie-Selle. Elle pourra


l’influencer.

Aude-Heure était une parfaite petite hyène. Elle se roulait tous les matins dans la
gadoue, elle mangeait de la bonne charogne qui craque, qui croque sous la dent et
elle se parfumait à l’eau de puanteur : un vrai bonheur !

- C’est une horreur, dit Pupu en la contemplant.

Allen-Fétide dit à Marie-Fange :

- Que faire, que faire ?

Mais Marie-Fange avait beau se gratter le nez, elle n’avait plus d’idées. Quant à
Allen-Fétide, il n’en avait toujours pas. Donc les parents de Pupu prirent une grande
décision :

- Pupu est très délicat. Il ne changera pas.

Depuis ce jour là, ils l’acceptèrent comme ça.

Il était une fois, une petite fille qui s’appelait Pauline. Elle avait de beaux cheveux
bruns clairs qui brillaient sous le soleil et de jolis yeux noisette cerclés de vert. Sa
maison était fort jolie, très propre et bien rangée. Très gaie aussi avec de belles
couleurs et de jolis meubles. Son papa et sa maman étaient très gentils.

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Un jour, un minuscule chat gris s’installa sur le rebord de la fenêtre de sa chambre
qui donnait sur un petit jardin. Plusieurs jours de suite, il revint pour regarder, il
n’entrait jamais, il regardait seulement.

Ce n’était pas un chat d’un gris triste, non, un beau gris foncé avec des touches
plus claires, un petit nez tout noir agrémenté de belles moustaches blanches, et de
très beaux yeux vert irisés de reflets dorés.

Enfin, la fillette l’aperçue, ouvrit la fenêtre et lui dit :

« Bonjour, comment t’appelles-tu ? »

« Moi, c’est Grismimi. Et toi ?»

« Pauline, mais tout le monde me surnomme Linette ».

«C’est un joli prénom, très gai et pourtant depuis que je te regarde, tu as toujours
l’air un peu triste. Veux-tu me faire un dessin ? » Lui dit Grismimi.

« C’est curieux, lui dit Linette, je viens de lire un joli livre où un petit garçon
demandait qu’on lui dessine un mouton »

« Ah non ! s’écria Grismimi, les moutons, ça fait dormir ! Et un mouton, et deux


moutons, et trois, mout… Et te voilà qui dors ! Non plutôt une souris, j’ai envie de
m’amuser car c’est vrai que je m’ennui un peu moi aussi tout seul».

Linette se mit de bonne grâce à la tâche, et essaya de dessiner une petite souris
grise. Grismimi se pencha sur le dessin et regarda Linette étonné car ce que la
petite fille avait tracé ne ressemblait guère à une souris. Elle essaya à nouveau,
plusieurs fois, mais sans résultats concluants. N’y tenant plus, Linette pris la feuille
de papier, la roula en boule et la jeta au sol.

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Grismimi voyant cela, sauta à terre et se mit à bondir et à gambader après la balle
improvisée. Linette lui emboîta le pas et tout deux s’amusèrent ainsi tout l’après-
midi.

Cette journée fut le début d’une grande amitié entre Linette et Grismimi et plus
jamais ils ne s’ennuyèrent.

Saute à pieds joints dans le troisième millénaire. Je te propose d'embarquer dans sa


machine à avancer dans le temps, pour vivre une journée en l'an 2030 ! Attention
au départ...

7H00 Le mur-écran de ta chambre s'illumine lentement, faisant apparaître ton


personnage de dessins animés préféré. Il t'annonce :

- Il est temps de te réveiller ! Aujourd'hui, le temps sera froid et sec. Ton cours
d'histoire commence dans une heure, par visioconférence, sur la borne-écran du
salon. Ton prof te fera visiter le temple de Delphes, en Grèce. Bonne journée !

7H20 Un passage rapide dans la cabine de douche permet de te laver, tandis que
des capteurs vérifient que tu es en bonne santé. Dans le couloir, tu croises
l'aspirateur qui fonctionne tout seul. Dans la cuisine, tu constates, avec joie, que
l'ordinateur central a lancé la préparation de ton chocolat au lait et de tes toasts
grillés. Le réfrigérateur signale, sur son écran lumineux, qu'il n'y a plus de beurre.
Tant pis !

8H05 Tes parents sont devant leur borne-écran. Ils travaillent à la maison, comme
quatre personnes sur dix. "Bonjour, disent-ils en t'embrassant, tu es en retard pour
l'école !" Tu t'empresses de te connecter. Ton prof apparaît en hologramme. Il te
fait les gros yeux : "nous t'attendions, pour débuter !"

9H55 Récréation : tu as rendez-vous avec des amis pour un match de football


virtuel. Tu revêts ta combinaison et ton casque, et tu te retrouves sur un terrain de
foot, plus vrai que nature. Bravo ! Tu parviens à marquer deux buts, malgré la
bonne défense de ton copain Grishka.

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10H30 Cours de cyber-civilisation avec tes correspondants des quatre continents :
Aïssa de Bamako, Steeve d'Ottawa, Xiaoji de Pékin, et Gatjil de Sydney. Le thème
du jour est : l'énergie. Tu ouvres ton cartable électronique. Tu apprends que, au
20ème siècle, les hommes utilisaient des énergies polluantes telles que le pétrole,
le gaz ou, pire, les centrales nucléaires ! Vous comparez les différentes manières
d'exploiter l'énergie solaire, non polluante et peu coûteuse.

14H00 Tu enfourches ton VTT super léger, pour te rendre au Centre Educatif de ton
quartier. Quelques voitures volantes te survolent. Elles sont réservées aux
personnalités. Des ballons dirigeables assurent les transports en commun. En
centre ville, les gratte-ciels comptent vingt étages de plus que les buildings du
20ème siècle.

Deux muguets, Blanchette et Rosette, croissaient à la lisière d'un bois, à flanc de


coteau. Elles étaient soeurs et portaient de ravissantes robes qui brillaient comme
de la soie. On sait que les muguets ont des voix fines comme la timbre d'une
clochette, et c'est un plaisir de les entendre jaser aux derniers rayons du soleil
couchant. Or la robe de rosette était striée d'un rose tendre, tandis que Blanchette
portait une toilette de la blancheur éclatante de la neige ; on ne pouvait rien voir de
plus lumineux.

Elles s'aimaient d'amour tendre et pourtant, comme il arrive entre frères et soeurs
trop souvent, hélas, un soir les deux soeurs se prirent de querelle au sujet de leurs
robes,chacune prétendant avoir la plus belle.

Rosette se mit tout à coup à crier :

" Ma robe est bien plus belle que la tienne."

" Penses-tu" répliqua vivement Blanchette, "la mienne vaut cent fois la tienne".

Peut-on se laisser dire cela ? La dispute s'envenima et les voix, d'ordinaire si


gentilles et douces, se firent criardes comme le croassement des corbeaux. Ah, cela
vous faisait mal à les entendre.

Tel était probablement le sentiment de M. Strobile, un cône de sapin gros et brun,


qui pendait à une branche bien au-dessus des deux fleurs. Les cris qui montaient du

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pré lui donnaient tellement sur les nerfs qu'il finit par trembler de rage. N'y tenant
plus,il bondit sur le sol.

Patati,le voici par terre, couché sur le dos comme un hanneton qui ne peut plus se
retourner. Il avait voulu sauter entre les deux fleurs qui se disputaient, pour les
séparer sans doute, mais dans son aveugle colère, il avait mal calculé son élan et
était tombé trop à gauche.

C'était terrible !

Naturellement, plus moyen pour lui de retourner sur son sapin. La dispute des deux
clochettes lui sonnait dans les oreilles sans qu'il pût s'y soustraire. Il avait beau
protester, gémissant et grognant, les deux fleurs ne l'écoutèrent pas et n'en
continuèrent pas moins leur sotte discussion.

Mais le vent, qui avait facilité sa descente de l'arbre, eut pitié de lui et voulut
intervenir en fourrant ses grosses pattes dans les cheveux des deux fleurs. Rien n'y
fit.

" Blanc bec ", cria rose à Blanchette;

Crête de coq ", répondit l'autre d'une voix railleuse.

Que fit le vent ?

Avec ses bottes de sept lieues, il courut derrière les montagnes où son frère, M.
Tonnerre, et son cousin, M. l'Eclair se trouvaient justement réunis.

"Venez", leur cria-t-il, "vous allez vous amuser" !

Empressés, les deux se levèrent, disant à leur domestique, la Pluie, de les suivre et,
en compagnie du Vent, ils passèrent par-dessus la montagne.

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Arrivés au-dessus des muguets qui se querellaient toujours, ils se cachèrent
derrière un nuage noir, pour mieux écouter les deux fleurs qui étaient maintenant
comme deux chats prêts à se griffer et à se cracher à la figure.

Ce spectacle peu édifiant indisposa d'abord M. le Tonnerre qui poussa un sourd


grognement. M. l'Eclair enfonça sa lance dans le nuage et fit une large déchirure,
qui apparaissait comme une tâche jaune.

A cet instant, M. le Tonnerre, toujours plus irrité, éclata en grondements forts et le


Vent, soufflant à pleines joues, fit rouler son ami Strobile sous une pierre où il serait
à l'abri, car la Pluie versa de grosses larmes sur les deux fleurs querelleuses ;
c'étaient de véritables cascades

Ah, que les deux clochettes tremblaient ! L'envie de se disputer leur avait passé
depuis un bon moment ; elles ne sentaient plus que l'eau et le froid, elles
courbaient leurs petites têtes, si orgueilleuses tout à l'heure ! Lorsque le Tonnerre,
l'Eclair et la pluie eurent fait leur oeuvre, il ne restait à ces pauvres fleurs de toute
leur splendide toilette que de misérables loques trempées et sales.

" Bonté divine, comme te voilà arrangée ", dit rosette, d'une voix lamentable.

" Et toi," répliqua Blanchette, "on dirait un ramoneur".

Elles s'affaissèrent sur l'herbe et leurs âmes affligées se réfugièrent dans la terre,
glissant jusque dans les racines.

M. Strobile, le cône de sapin, avait assisté sous sa pierre à cet effrayant spectacle
dont la fin était si triste. Il plaignit les deux petites fleurs, puis son âme s'envola sur
le sapin, car les âmes des plantes ne meurent pas ; Les végétaux et les fruits
passent, mais l'âme des plantes, selon leur essence, s'en retourne d'où elle est
venue, dans les racines sous la terre, dans les troncs des arbres et des buissons.

Après cela, tout rentra dans le calme pour des mois. Il y avait longtemps que le
Tonnerre, l'Eclair et la Pluie s'étaient retirés derrière les montagnes.

L'hiver vint.

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La place où les muguets avaient poussé était recouverte d'une neige profonde; de
nuit, le renard rouge, qui fouine partout, arrivait là pour causer avec sa cousine, la
chouette, de tout ce qui s'était passé dans cet endroit. Mais un beau jour, bien plus
tard, un bel oiseau noir au bec doré était perché sur le sapin débarrassé de neige;
et il chantait, cet oiseau, lançant en trilles mélodieux la belle promesse :

"Le printemps revient".

Le joli mois de mai revint dans le pays et les âmes des muguets se réveillèrent.

Le jour vint où Rosette et Blanchette, les deux muguets, se dressaient de nouveau


dans l'herbe à la lisière du bois. Ces deux fleurs avaient des robes merveilleuses;
l'une était rose et l'autre pâle comme la neige. Les deux se regardaient. Mais leur
humeur était changée, il semblait à chacune que jamais elle n'avait aimé autant sa
soeur.

Comme dans un rêve, Blanchette commença à faire tinter sa clochette, et comme


en rêve, Rosette se mit à vibrer à l'unisson :

"C'est le joli mois de mai ! c'est le joli mois de mai !"

Quelle musique, on aurait dit des cloches véritables !

M. Strobile, le cône de sapin, se trouvait de nouveau sur sa branche et entendit tout


cela .Cela lui faisait un effet, comment vous dire ?

Il en était un peu grisé et, patati, il tomba de l'arbre et, pour cette fois, droit au
milieu des deux fleurs. Rosette, effrayée, poussa un cri :

"Eh mon Dieu !"

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Mais le Vent lui susurra à l'oreille :

"Du calme, du calme !

Il ne vous fera pas de mal. Il vous aime."

Blanchette reprit sa sonnerie et Rosette l'accompagna. Le cône poussa un soupir de


contentement et sa poitrine se gonfla de joie. Tout à coup, on entendit gronder
derrière la montagne. C'étaient des éclats de voix qui firent peur à Blanchette, mais
M. le Vent, prenant sa voix la plus douce, chuchota.

"Du calme ! Ne vous alarmez pas. Est-ce que vous n'entendez pas que M. le
Tonnerre rit ?"

Alors les muguets surent qu'ils n'avaient rien à craindre, ils se penchèrent sur le
brun M. Strobile et lui chantèrent une chanson après l'autre. Le soleil se glissait à
travers les sapins et se faisait radieux. M. Strobile, le cône , transpirait de plaisir.
Celui qui, en mai, monte dans la forêt à flanc de coteau peut l'y voir encore.

Mais ne le touchez pas !

Un cône de sapin qui transpire est gluant.

Il était une fois, deux petites hirondelles inséparables au royaume des oiseaux. Elles
étaient libres et insouciantes, unie comme le peuvent être les deux meilleures
amies du monde.

Leur jeu préféré était de s'élancer élégamment dans l'atmosphère en criant, afin de
dessiner au crayon noir et blanc de magnifiques arabesques dans le ciel immense.

Elles volaient très haut dans l'air tout en se souriant et leurs gracieuses silhouettes
étaient semblables à des notes de musique que l'on aurait posées sur une partition.
Parfois, elles formaient une ronde en se tenant par le bout des ailes, légères tel du
coton, puis se laissaient griser par le vent. Elles tournaient jusqu'à l'ivresse en riant,
et de les voir toutes deux s'amuser dans les cieux était un enchantement. Elles
coulaient des jours heureux, ainsi donc passait le temps...

Les deux petites hirondelles étaient très gentilles et aimaient rendre service. Tantôt
en apportant des miettes de pain à une hirondelle âgée, tantôt en prenant grand

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soin du petit d'une jeune maman, ou bien encore en se rendant à la chasse aux
vers pour un convalescent.

Tous les appelaient des amours d'hirondelles et leur bonne réputation parvint aux
oreilles du roi des oiseaux. Un jour, celui-ci les convoqua en son grand nid afin de
leur parler. En fait, il voulait les mettre à l'épreuve afin de tester la solidité de leur
dévouement.

Il leur dit : "cui-cui, mes chères enfants, cui-cui, ouvrez grandes vos oreilles ! J'ai,
par mégarde, laissé tomber sur la terre la clé de l'horloge du temps. Je suis désolé
par cette histoire car le printemps ne pourra pas se faire. Vous devez absolument la
retrouver et revenir immédiatement.

Nous n'avons que très peu de temps, allez mes chères enfants, partez à sa quête
sur le champ. Surtout n'oubliez pas votre mission en cours de route ! J'offrirais une
belle récompense à celle qui me rapportera la clé la première.

Les petites hirondelles ne savaient pas trop par où commencer car elles n'avaient
pas eu beaucoup de renseignements. Elles comprenaient bien que c'était très
urgent et qu'elles ne devaient pas se détourner de leur objectif.

Alors, afin de multiplier leurs chances, elles se sont concertées :

"Ma douce amie, si tu es d'accord, partageons la terre en deux continents. Je


volerais sur le nord en pensant très fort à toi. Je te souhaite bonne chance et bon
voyage, que la meilleure gagne.

"Je suis d'accord et je te remercie. Je volerais sur le sud en pensant très fort à toi.
Amie, je te souhaite pleins de merveilleuses aventures, que la meilleure gagne !".

Elle se sont embrassées en pleurant puis elles sont parties chacune de leur côté.
Elles étaient très courageuses et ont volé par tous les temps. elles ont d'abord
fouillé les océans et ce n'était pas facile du tout.

En chemin, l'une d'entre elle a fait connaissance avec un petit dauphin triste qui
avait perdu sa maman. La petite hirondelle a tout de suite pris le petit sous son aile
en le réconfortant. Puis ils sont tous deux partis confiants à la recherche du parent.

Ils sont cherché pendant longtemps avec l'aide, bien sûr, de tous les animaux de
l'océan. La petite hirondelle parlait un langage universel et c'était vraiment très
pratique pour faire avancere les recherches. Elle tenait bonne compagnie au petit et
le rassurait souvent en l'embrassant. Elle parlait sans arrêt de son amie la douce
hirondelle et lui contait ses mérites, en ajoutant de temps en temps : "Haaaa si tu la
connaissais ! tu sais, elle mérite vraiment la récompense !".

Puis, au bout d'un très long périple, ils ont enfin retrouvé la maman dauphin. Celle-
ci attendait son fils depuis plus d'un an et les retrouvailles ont été très émouvantes.
Elle a remercié mille fois l'oiseau et le ciel, et lui a dit en souriant : "Tu es vraiment
un amour d'hirondelle, rentre vite le roi t'attend !".

Ainsi, sur le continent Africain, la deuxième petite hirondelle entreprenait de


nombreuses recherches. Elle voyageait en compagnie du vent et elle était
infatigable.

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En chemin, elle a fait la connaissance d'une gazelle blessée. Celle-ci s'était brisée
une patte et ne pouvait plus marcher. Sans réfléchir, elle a tout de suite décidé de
s'occuper de la malade immédiatement.

Elle l'a aidé à s'installer confortablement, vu son état, dans une petite caverne -
histoire d'être à l'abri des prédateurs et des feux de brousse.

Chaque jour, la courageuse petite hirondelle parcourait des kilomètres afin de


ramasser de l'herbe pour nourrir suffisamment sa protégée.

Souvent le soir pour passer le temps, elle contait à la gazelle ses aventures vécues
avec sa grande amie l'hirondelle. Elle disait : "Haaaa, si tu la connaissais ! Tu sais,
elle mérite vraiment la récompense !".

Au bout de quelques mois, la gazelle a retrouvé forces et vitalité. Elle a mille fois
remercié l'oiseau et lui a dit en souriant : "Tu es vraiment un amour d'hirondelle,
rentre vite le roi t'attend !".

Elles se sont alors retrouvées toutes les deux au royaume des oiseaux. Cela faisait
vraiment plaisir à voir ! Puis elles se sont rendues chez le roi, la tête basse car elles
n'avaient pas retrouvé la clé.

Le roi leur dit : "Cui-cui, relevez la tête mes chères enfants, cui-cui ! La clé est sans
importance car elle n'existe pas. Je suis, bien au contraire, ravi de vous revoir. Vous
pouvez être fières de vous ! On m'a narré vos nobles aventures sur la terre ! Vous
êtes vraiment des amours d'hirondelles et méritez toutes deux une récompense".

Je vous fais chevalières de la légion d'honneur des oiseaux ! Dorénavent, vous serez
chargé d'annoncer le printemps ensemble et d'un même coeur. Soyez les dignes
messagères de l'amour universel et répandez-le sur la terre partout où vous irez ....

Il était une fois un petit pays tranquille où, lorsque le printemps s'annonçait, les
gens, dans chaque village, organisaient un grand marché. Ils enfilaient leur costume
de fête et s'installaient sur la place principale pour vendre ce qu'ils avaient produit
de meilleur ou de plus beau :

des couronnes de brioche ou de pain doré,

des oeufs,

des outils de bois sculpté,

des ceintures de cuir ...

La nature elle-même participait à l'événement. Les pommiers s'habillaient de blanc,


les papillons défroissaient leurs ailes et les fleurs leurs pétales.

Un jour, au centre d'un de ces villages, comme d'habitude à cette époque, des
fermières comparaient les oeufs de leur poulailler. C'était à qui aurait les plus gros,
les plus ronds ou les plus blancs.

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Seule une vieille femme se taisait. Elle ne possédait pour toute fortune qu'une
petite poule maigrichonne qui ne lui avait donné que trois petits oeufs pas plus gros
que des billes.

La vieille femme soupirait :

Je suis pauvre, ma poulette, que je t'ai mal nourrie et que tes oeufs sont tout juste
bons à offrir aux enfants pour jouer aux billes.

Comme il faut cependant que je vende quelque chose afin de gagner quelques
sous, c'est toi que je vais être obligée de mettre à l'étalage...

A ces mots, la petite poule se mit à crier :

Pitié, ma bonne dame ! Je ne veux pas finir rôtie. Si vous me gardez, je vous
promets de pondre l'année prochaine les oeufs les plus extraordinaires !

La vieille femme n'en crut rien, mais elle se laissa attendrir et rentra chez elle avec
sa poulette. Une année passa. Et la vieille femme, de plus en plus pauvre, n'avait
que quelques poignées de riz à donner à sa petite poule en guise de nourriture.

Le jour du marché approchait et la petite bête dépérissait. Elle comprit qu'elle ne


pouvait pondre des oeufs plus gros que ceux de l'an passé et , désespérée, elle alla
se cacher dans un champ pour se lamenter :

Que vais-je devenir si je ne suis pas capable de donner à ma maîtresse que trois
petits oeufs tout juste bons à offrir aux enfants pour jouer aux billes ? Cette fois,
elle sera forcée de me vendre, et je finirai dans l'assiette d'un gros fermier !

Tout à sa peine, elle ne se rendit pas compte que les fleurs et les papillons
l'écoutaient

Nous ne laisseront pas faire cela ! chuchotèrent-ils.

A la nuit tombée, les fleurs se couchèrent sur le sol, formant une sorte de litière
multicolore au creux de laquelle se blottit la petite poule. Puis les papillons
étendirent leurs ailes sur elle comme une couverture bruissante et bariolée.

Au matin, lorsqu'elle se réveilla, la poulette se sentit fraîche, dispose, et même si


ragaillardie qu'elle se mit à chanter et pondit une demi-douzaine d'oeufs.

Et ces oeufs-là n'étaient pas ordinaires ! Ils n'étaient toujours pas bien gros, mais ils
possédaient toutes les couleurs de l'arc-en-ciel. Et même, à y regarder de près, on

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pouvait voir sur leur coquille de très jolis dessins comme on peut en admirer sur les
ailes des papillons.

Toute heureuse, la petite poule courut chercher sa maîtresse. Celle-ci examina les
oeufs un par un avant de les ranger dans son tablier :

Tu as tenu ta promesse. Ce sont bien les oeufs les plus extraordinaires que l'on
puisse voir ! J'ai eu raison de ne pas te vendre !

Le jour du marché, les oeufs de la vieille femme attirèrent les curieux. On se


bouscula pour les acheter et la pauvre fermière récolta plus de pièces d'argent
qu'elle n'en avait jamais eues dans sa vie.

Depuis ce jour, chaque année, dans ce petit village, puis dans tout le pays, et même
dans les contrées voisines, les gens essayèrent de copier les oeufs de la vieille
dame en peignant et décorant les leurs. Mais ils ne réussirent jamais à les égaler en
couleurs et en délicatesse, car la petite poule, les fleurs des champs et les papillons
gardèrent bien leur secret.

C'est ainsi que, chaque année, lorsque s'annonce le printemps, on prit dans ce petit
pays et ensuite dans le monde entier l'habitude de décorer les oeufs ....

L’année scolaire sera terminée dans quelques jours. Les autres enfants parlent de
plages, de voyages, de sommets enneigés, de stages sportifs ou créatifs, de parcs
d’attraction, de châteaux de sable. Pierre, lui, demeure silencieux. Il en vient peu à
peu à envier ses camarades. Ce n’est pas qu’il ait vraiment envie de partir, c’est
plutôt qu’il a envie d’avoir des projets intéressants, de se projeter comme eux dans
un avenir passionnant, de pouvoir intervenir dans leur conversation.

Pierre se sent différent de la plupart d’entre eux avec ses vêtements de seconde
main, son matériel scolaire démodé, ses chaussures usées.

Ainsi, à quelques jours des congés, Pierre se met à envier ses compagnons de
classe. Il n’en souffle pourtant mot à personne. Surtout pas à sa mère qui vit seule
avec lui et fait des petits boulots pour assurer leur subsistance.

Ce dernier mercredi après-midi de l’année scolaire, parce que sa mère lui a dit : "Tu
t’es sali le bout du nez", Pierre se regarde dans le grand miroir accroché dans la
salle à manger. Il passe l’index sur son nez et la trace grisâtre disparaît aussitôt.
Pierre s’apprête à aller jouer au jardin lorsque son regard est attiré par les oiseaux
qui apparaissent dans le miroir. De superbes oiseaux. Des oiseaux multicolores au

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vol majestueux. Puis ce sont des hiboux et des chouettes qui, dignes et mystérieux,
passent dans le miroir.

"Viens m’aider, Pierre".

Pierre obéit. Il quitte le miroir aux oiseaux, il va aider sa mère à replier des draps de
lit.

"Tu es resté un temps fou pour te débarrasser de cette trace sur le nez. Ce que tu
peux être lent parfois !"

Sa mère ne le gronde pas, elle sourit. Elle le taquine un peu. Elle a une voix si douce
quand elle s’adresse à lui.

Lorsque les draps de lit sont repliés, Pierre part au jardin. Il y rêvasse. Il y observe
les insectes, les moineaux, les fleurs. Ils lui semblent bien plus beaux
qu’auparavant. Il se dit que durant les vacances, il ira emprunter des livres relatifs
aux animaux à la bibliothèque communale.

Le lendemain à l’école, durant la récré, on parle encore de promenades en mer, de


balades en montagne, de visites touristiques, de rencontres familiales, d’activités
plus captivantes les unes que les autres. Soudain, Christophe se tourne vers Pierre.
Il l’interroge : "Et toi où vas-tu ? Tu vas peut-être à la plaine ?"

"Hum, non. Ma mère a gagné plusieurs entrées pour le zoo. Elle compte m’y
emmener plusieurs fois. Elle dit qu’il y a tant à voir..." Pierre ment bien sûr. Mais il
ne rougit pas, il ne pâlit pas, il ne tremble pas. Il n’a jamais semblé aussi sûr de lui
et aussi content.

"C’est bien aussi..." Christophe est pris de court, il ne s’attendait pas à une telle
réponse. Il ne met cependant pas en doute les propos de Pierre. Il parle de nouveau
de ses propres vacances, au soleil du sud avec ses parents, son frère et des amis.

Ce jour-là, quand il rentre de l’école, Pierre est seul à la maison. Sa mère ne


rentrera pas avant une heure. Alors, avant même de manger la tartine que sa mère
a préparée pour son goûter, il va se regarder dans le miroir. Il aplatit du plat de la

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main puis des doigts une mèche de cheveux qui rebique. Il est prêt à prendre son
goûter quand il aperçoit des lémuriens dans le grand miroir. Ils font mille cabrioles
dans un cadre enchanteur constitué d’arbustes et de lianes. Pierre ne se lasse pas
du spectacle.

"Bonjour, Pierre. Ça va ? As-tu mangé ta tartine ?" Sa mère est là. Pierre quitte le
miroir. Une heure s’est écoulée sans qu’il s’en soit rendu compte.

"Je n’avais pas faim, maman. J’avais trop chaud. Je t’ai attendue dans la salle à
manger en pensant aux livres que j’irai chercher la semaine prochaine à la
bibliothèque."

Le miroir, Pierre n’en parle pas à sa mère. Le miroir, c’est son secret. Le miroir,
c’est le cadre fantastique où surgit le merveilleux. Le miroir, ce sera son meilleur
compagnon d’évasion...

En septembre, à son retour de vacances, Pierre n’a pas son pareil dans toute la
classe, pour décrire le comportement des animaux. Évidemment, il a lu bien des
livres de la bibliothèque. Il a également beaucoup appris des rencontres qu’il a
réalisées grâce au miroir.

Tom était un petit garçon comme les autres, mais pas tout à fait. Il avait une
particularité : il était très petit, vraiment petit. Ce n’était pas un nain pour autant,
mais c’était toujours lui le plus petit de la classe. Il avait beau tout faire pour grandir
: manger des tonnes de soupe, se tirer sur les bras et les pieds, faire des prières
matin et soir…. Rien n’y faisait. Il grandissait un peu, certes, mais très lentement
comparé à ses camarades, comme si son processus de croissance était à moitié
endormi.

Les autres enfants riaient beaucoup en voyant Tom, et se moquaient souvent de lui.
Toutes ces railleries lui faisaient énormément de mal, et il n’hésitait pas à frapper
ceux qui osaient le blesser par des mots. Pendant le primaire, la violence fut sa
seule défense, mais arrivé au collège, Tom compris très vite qu’il ne pourrait plus
rivaliser de force. Il lui fallait donc trouver un autre moyen pour se défendre des
moqueries et des coups, qu’il était assez facile de lui porter. C’est alors qu’il
entrepris lui aussi de se moquer de sa petitesse. Il était le premier à faire des
blagues, toutes plus idiotes les unes que les autres. Ah, ça, il en avait des tonnes,
depuis le temps qu’il les entendait à longueur de journées. L’attitude de Tom faisait
beaucoup rire ces camarades, si bien qu’il était devenu un peu le clown de service.

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Les garçons le trouvaient drôle et riaient de bon cœur, les filles le trouvaient
attachant, et il devenait très souvent leur confident, faute de mieux, car sa relation
avec les filles s’arrêtaient là.

C’est ainsi que Tom poursuivi sa scolarité au collège, et il le vivait assez bien.
Jusqu’au jour où il arriva au lycée. Là, tout devint différent, et Tom crut un moment
être revenu à l’école primaire. Il était en effet, toujours le plus petit et les
moqueries, très blessantes, fusaient à son égard. Tom était perdu, d’autant plus
que le lycée dans lequel il avait choisi de faire ses études était assez éloigné de son
collège, il n’avait donc quasiment plus aucun ami. Tom essaya de trouver un
nouveau moyen de s’en sortir, mais cette fois-ci, il ne trouva rien. Ses seules armes
étaient désormais la solitude et le silence. Il essayait de ne pas porter attention aux
remarques, méchantes et gratuites, mais Tom était une vraie éponge, il
emmagasinait tout. Un jour, un sentiment nouveau apparu dans le cœur de Tom, il
n’y prêta pas vraiment attention, et continua de vivre.

Tom est maintenant un adulte. Il est grand, très grand même. Son corps s’est mis à
grandir à la fin du lycée, mais pas grand monde ne l’a remarqué. Tom est une
personne calme, discrète, timide. Tom à fait des études qu’il vient de finir
brillamment, il a peu d’amis, mais des vrais, et il est toujours célibataire, d’ailleurs,
il l’a toujours été. Depuis quelques mois, Tom ne se sent pas bien, il est de plus en
plus malheureux, il pleure souvent.

Presque 18 mois ans se sont écoulés et Tom sort doucement de sa dépression. Il à


compris énormément de chose sur lui-même, et surtout, il à compris pourquoi il
était malheureux. Au cours d’une analyse, Tom à retrouvé ce sentiment auquel il
n’avait pas fait attention : à l’époque il s’agissait de rancœur et de vengeance. Et
c’est à compter de ce jour que Tom se renferma avec un seul but en tête : prouver
à tous ces imbéciles qu’il réussirait sa vie, et qu’ils seraient tous obligés de
l’admettre et de le voir sous un autre jour, comme quelqu’un de grand. Seulement,
Tom avait enfoui ce sentiment au plus profond de lui-même, mais pas assez, car ce
dernier lui dictait son attitude depuis le lycée, et l’avait empêché de vivre
pleinement sa vie. Ce sentiment l’avait rongé de l’intérieur et Tom, sans s’en rendre
compte, se sabotait tout seul l’existence. Aujourd’hui, il avait peut-être réussi des
choses, mais aucuns de ses ennemis de l‘époque n’étaient là pour le voir, d’ailleurs,
il s’en foutait. Aujourd’hui, Tom décide de dire adieu à ce petit homme plein de
rancœur, aujourd’hui, Tom décide de devenir grand, aujourd’hui Tom décide de
faire plus attention à ses sentiments et de commencer à vivre pleinement.

Les petits, les grands, les costauds ou les minces

« Tous les gens sont différents ! »

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C’était le message écrit aujourd’hui sur le tableau noir par la maîtresse !

Se serait donc la leçon du jour !

Les enfants du CM1 de l’école Jacques Prévert s’assirent sagement, chacun à leur
place, comme le plan de classe établi en début d’année, l’indiquait : le doux Léo à
côté d’Alexis, Clément, le casse-cou à côté de Manon, dont elle était secrètement
amoureuse, Paul et Clara partageaient le même bureau tout comme les deux
inséparables pipelettes, Eléonore et Clémence ! Près de la fenêtre, le rêveur Vincent
et la rieuse Jessica. Enfin, au fond de la classe se trouvaient le très timide Antoine et
son camarade Simon. La classe était au complet !

« Le thème d’aujourd’hui, les enfants, sera la différence » annonça la maîtresse. «


Savez-vous ce que signifie ce mot ? »

Clémence la première leva le doigt et s’empressa de répliquer : « C’est quand les


gens ne sont pas pareils ! »

« Oui, c’est l’idée », répondit la maîtresse en souriant,

« Décidément, les enfants ont toujours une vision très juste des choses », songea t-
elle !

« Mais encore ? » demanda t-elle ?

« Ils n’ont pas la même couleur de peau » susurra timidement Antoine

« Ni les mêmes cheveux ! » ajoutèrent en cœur les deux pipelettes

« Bien, que peut-on dire encore ? » questionna la maîtresse

Toute la classe réfléchissait …. Les élèves avaient saisi le sens du terme mais
comment l’exprimer ? C’était difficile d’expliquer un mot par d’autres mots !

« Maîtresse », demanda Paul, « Est-ce que la différence c’est aussi ne pas habiter
dans une maison comme nous mais dans une caravane ou ne plus avoir de jambes
et être dans un fauteuil roulant ou être tout vieux et tout voûté ? »

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« Ou avoir un gros ventre comme mon papy ? » ajouta Jessica

Tous les enfants s’esclaffèrent !!! Jessica était le petit clown de la classe et elle
faisait toujours rigoler tout le monde !

« Oui Paul, les exemples que tu as pris sont tous très éloignés les uns des autres
mais expriment très justement ce qu’est la différence ; certains sont blancs,
certains sont noirs ; d’autres sont grands et forts, d’autres ont une petite taille ; les
uns sont minces, les autres sont grassouillets ; certains habitent en ville, d’autres à
la campagne, dans des maisons ou des appartements.

La différence s’exprime à travers beaucoup de choses, mais ce que vous devez


comprendre, les enfants, c’est que la différence n’est pas seulement physique ; elle
porte également sur la façon de s’habiller ou de parler, de vivre ou de penser, de
prier ou d’aimer, de manger ou de se soigner …

Le plus important ce n’est pas d’être différent, c’est d’accepter que les autres
soient différents de vous ».

Pour illustrer la leçon du jour, et ajouter une touche ludique à son cours, la
maîtresse leur demanda alors à chacun de dessiner un copain imaginaire de leur
âge. Sans indication ni détail supplémentaire. « Laissez libre cours à votre
imagination et interprétez-le comme vous l’entendez ! » précisa t-elle.

Toute la classe s’appliqua à dessiner ce petit camarade virtuel.

Bien entendu tous les enfants le dessinèrent différent !

La maîtresse ramassa les feuilles, s’assit à son bureau et regarda, attentivement


chaque dessin.

Elle sourit en voyant le copain de Simon qui l’avait imaginé ressemblant à un cow-
boy de l’espace et s’attendrit sur celui de Manon qui avait dessiné … Clément !

Aucun élève n’avait choisi les mêmes formes ni les mêmes traits pour faire naître le
corps de leur copain, les mêmes couleurs pour dessiner la peau, les yeux ou les

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cheveux, les mêmes vêtements pour habiller leur camarade imaginaire, le même
environnement pour le faire vivre.

« Voilà les enfants, vous avez compris ce qu’est la différence ! » félicita la


maîtresse.

« La différence est tout simplement la base de l’être humain ! Vos dessins le


prouvent ».

« Le monde est riche car tout est différent et chacun se nourrit des différences de
l’autre !

Ne l’oubliez pas les enfants ! Soyez toujours gentils, tolérants et respectueux avec
les gens qui ne vous ressemblent pas forcément, même si la différence vous fait
peur».

Le soir, en sortant de l’école et en rentrant chez eux, les enfants se sentirent un


peu plus « grands » que d’habitude car ils avaient tous compris le secret des
relations humaines et comment vivre en harmonie avec les autres !

Tu as perdu ! Tu es illuminé !!!

- On dit éliminé, rectifia Charlie.

- D’accord : tu es éliminé ! C’est moi que je gagne.

- C’est moi qui gagne, corrigea à nouveau Charlie.

- Oui et bien de toute façon c’est moi qui l’aie gagnée, la partie de petits chevaux !

- Oui, c’est vrai, c’est toi qui as gagné.

- Charlie, dis, tu viendras tout à l’heure à la fête foraine ? , demanda Laura.

- Je ne sais pas…

- Mais si viens, ce sera bien, et je demanderai à papa qu’il nous achète une barbe à
lui !

- Une… barbe à papa ?

- Oui voila ! Une barbe de mon papa !!! J’adore ça !

- Moi aussi, acquiesça Charlie. Mais je ne suis pas sûr que tes parents soit d’accord,
rappelle toi la semaine dernière, lorsque j’ai failli me perdre dans la galerie
marchande…

- Oui mais c’était de ma faute, je t’avais lâché la main dans les tapis volants.

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- Dans les escaliers roulants tu veux dire ?

- Oui !!! C’est ça, mais je ferais attention cette fois-ci. Je te tiendrais par la main tout
le temps !

- Promis ?

- Promis !

- Dans ce cas je viendrais avec plaisir.

- Super, on ira tous ensemble en toto-mobile.

- En automobile, reprit encore une fois Charlie.

- Arrête de me reprendre, c’est un glaçon à force.

- Agaçant ?

- Oui !! Tu m’énerves à la fin Charlie. Mais ça, c’est parce que tu as perdu aux petits
chevaux, tu es un méchant perdant !!

- Un mauvais perdant ... ?

- Mais, nom d’un scoubidou, tu cherches la bonne guerre ??

- La bagarre ? Non pas du tout, j’essaie juste de corriger tes erreurs. Laura, je suis
ton meilleur ami, ne l’oublie pas.

- Je sais bien, Charlie.

- Tu sais Charlie, heureusement que tu es là, des fois j’aimerais bien avoir un petit
frère, ou bien une petite sœur.

- Tu préfèrerais quoi ?

- En fait, j’aimerais bien un grand frère, mais c’est pas possible, alors je me
contenterais d’un petit frère.

- Et tu as demandé à ton papa et à ta maman s’ils voulaient bien t’en fabriquer un,
de petit frère ?

- Oui je leur ai demandé. « Je suis déjà bien occupée avec toi et tes bêtises », elle a
dit ma maman. Et elle m’a dit aussi « Demande à ton père ».

- Et tu as demandé à ton papa ?

- Oui et lui il a dit « pour faire un enfant il faut que le papa et la maman s’aiment, et
tu vois, Laura, ta maman et moi on ne s’aime plus assez pour ça ». Après papa il a
dit qu’ils allaient se divorcer tous les deux. J’aimerais bien que tu m’expliques ce
que c’est Charlie, de « se divorcer » ?

- Ca veut dire que ton papa et ta maman ils ne vont plus habiter ensemble.

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- Mais moi je ne veux pas qu’ils n’habitent plus ensemble ! Tu peux faire quelque
chose, dis Charlie ?

- Je ne peux pas faire grand-chose, car ce sont des histoires d’adultes, mais je peux
te promettre que je serais toujours là, moi je n’arrêterais jamais d’être ton meilleur
ami.

- Merci, Charlie.

La maman de Laura fait irruption dans sa chambre. Elle lui demande de se préparer
car son papa l’attend en bas pour l’accompagner à la fête foraine. Laura demande
si elle peut emmener Charlie.

La maman répond que oui, elle peut emmener son nounours avec elle.

Les yeux tout embués, le cœur battant, le petit garçon éveillé par un cauchemar
demande une histoire à sa maman.

Ce petit garçon a rêvé qu’un arbre mort très méchant voulait le dévorer.

Sa maman le prend dans ses bras et commence son recit.

« Tu sais l’arbre que tu as vu, au début il n’était pas méchant, ni maintenant


d’ailleurs je vais te raconter son histoire…

Il était une fois un grand pré tout vert sous le soleil, dans ce pré il y avait un arbre
qui commençait à sortir, ce petit arbre avait un peu peur, il était tellement petit que
chaque fois que le vent soufflait un peu, il tremblait, chaque fois qu’il pleuvait il
avait peur d’être mouillé il avait peur que le soleil s’il brillait trop longtemps, le
brûle. Le petit arbre avait peur aussi d’être écrasé par des grandes personnes qui
marchaient dans ce pré.

Alors le petit arbre voulait grandir très vite pour devenir plus fort, et puis un jour
alors qu’il avait plu, le petit arbre a vu qu’il faisait de nouvelles feuilles. Il s’est dit «
Tiens, la pluie n’est pas si méchante elle m’aide à grandir » Le vent s’est mis à
souffler et a séché les larmes du petit arbre il s’est dit : « Tiens le vent aussi est
gentil, il sèche mes larmes » Et le soleil s’est mis à briller pour le petit arbre qui
avait compris que les éléments autour de lui l’aidaient à grandir. Quand il est
devenu adolescent, l’arbre s’est senti très fort, il regardait les gens de haut,
maintenant ils ne pouvaient plus l’écraser. Et puis, il a commencé à voir ses feuilles
tomber…alors la peur l’a envahit comme quand il était enfant, il a regardé autour
de lui et il a vu que les autres arbres aussi avaient perdu leurs feuilles. Alors il a
demandé à un vieil arbre ce qui se passait, celui ci lui répondit : « Tu sais, parfois
nous possédons des choses et nous ne les voyons plus, alors nous n’en prenons pas
soin et puis quand ces choses là tombent et ne sont plus là, elle nous manquent…
alors nous faisons « peau neuve » comme on dit. Ne t’inquiète pas, les feuilles
repousseront quand tu en auras besoin et tomberont au fil des saisons…c’est la vie
»

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L’arbre se senti rassuré et au fil des saisons il comprit beaucoup de choses sur la
vie, il donnait des fleurs et des fruits même aux personnes qui lui avaient peut être
un jour fait du mal. Mais ça ne l’avait pas empêcher de grandir, au contraire.

L’arbre est devenu adulte ; ses racines sont devenues de plus en plus solides et tout
le monde venait le voir parce qu’il donnait toujours l’impression de sourire. Les
enfants jouaient autour de lui, les adolescents s’abritaient du soleil et les adultes
l’enviaient de le voir si beau.

« Mais pourquoi maman il m’a fait peur avec ses grandes branches ? »

« Il ne voulait pas te faire peur, il était juste un peu triste comme nous pouvons
l’être parfois, et il t’a tendu les bras… il ne faut pas avoir peur des arbres et des
personnes tristes ou qui ne te paraissent pas comme les autres, il faut juste les
regarder et essayer de comprendre.

Cet arbre mon enfant, nous sommes comme lui, nos larmes nous aident à grandir et
parfois nous perdons des choses ou des êtres qui nous sont chers et nous avons
besoin de faire peau neuve et même si le vent nous bouscule parfois, même si, à
certains moments le soleil reste caché derrière les nuages, il faut bien ouvrir les
yeux pour le voir et tu le verras et il te réchauffera ; mais n’oublie jamais qu’il ne
faut pas regarder les gens de haut et se croire plus fort que eux…..

Voilà tu vois il ne te faut pas avoir peur de cet arbre…il vit et grandit comme
toi….c’est l’Arbre de vie.

En cette dernière quinzaine d'août, Charlotte commence à redouter la rentrée


scolaire. Retrouvera-t-elle ses copines ? Madame Laure qui semble si sévère sera-t-
elle titulaire de classe ou bien aura-t-elle choisi de prendre sa retraite comme le
laissait entendre la rumeur qui courait dans l'école ? Mademoiselle Anne continuera-
t-elle à donner les cours d'éducation physique ? Sa classe se trouvera-t-elle dans le
nouveau bâtiment ou dans l'ancien ?

Charlotte s'interroge. Plus question de jouer, de lire, de se balader, sans penser à


cette fameuse rentrée. Le grand jour approche. Impossible de l'ignorer. D'autant
plus que les encarts publicitaires dans les journaux et les prospectus se multiplient.
Ils font ainsi écho à ses préoccupations.

Charlotte attend que sa mère achève de préparer le repas du soir. Elle s'assied un
moment dans le salon. Elle prend machinalement un dépliant que son frère a laissé
sur le bras d'un fauteuil. Elle passe le doigt sur la belle page de pub consacrée au
magasin "L'Heureux Savoir". Une page en papier glacé. Une page colorée
représentant une classe modèle.

Charlotte passe l'index sur un banc en bois blanc et se retrouve assise à ce banc en
compagnie de ses amies. Quel voisinage agréable ! On parle de vacances. On
évalue sur une carte la distance qui sépare le village des lieux de vacances

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évoqués. On calcule, on compare des distances sous le regard bienveillant de
Madame Laure.

Puis chacun écrit quelques phrases au sujet des vacances avant de les lire devant
toute la classe. On lit des textes où il est question de plages, de jeux de ballon, de
zoos, de promenades en forêt, de parcs récréatifs, de nouveaux amis. A l'occasion,
Madame Laure corrige quelques erreurs de syntaxe.

On travaille dans une bonne odeur de papier, de crayons neufs et de cire. Des
rayons de soleil pénètrent par la baie vitrée de la classe, cette belle classe du
premier étage du nouveau bâtiment d'où on peut voir le parc tout proche.

Tandis que chacun corrige son texte, on entend des chants d'oiseaux.

La cloche tinte. C'est l'heure de la récréation.

Madame Sophie et Madame Nathalie, les institutrices précédentes, surveillent les


jeux. Elles semblent tellement heureuses de revoir les enfants. On dirait qu'elles ont
des dizaines de bras et d'oreilles.

"Comme tu as grandi Julie !"

"Charlotte ce que tu es habile !"

Monsieur Bernard joue au foot avec des garçons. Amélie et Amandine vont consoler
des petits. Carine et Isabelle, les jumelles, parlent de leur visite chez leur père, au
Canada.

"Charlotte, le souper est prêt !"

Charlotte quitte à regret l'école et la cour de récré. Le dépliant publicitaire est


tombé à ses pieds. Elle ne se souvient plus qu'une simple caresse de l'index sur une
image en papier glacé l'a emmenée en un lieu chargé de promesses.

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Vivement la rentrée pour revoir les copines, échanger avec elles, se faire de
nouvelles connaissances, apprendre de nouvelles choses, découvrir peut-être un
décor tout neuf !

Comme il ne pouvait plus supporter les hommes et leur méchanceté, le plus


puissant de tous les sorciers avait décidé de quitter son pays et de se réfugier tout
au sommet de la plus haute des hautes montagnes. Aussitôt dit, aussitôt fait... Il
s’en alla.

Un grand malheur s’abattit sur la nature ; toutes les fleurs, celles des bois, celles
des prairies, celles des collines, celles des bords de mer, celles du long des rivières
et celles de lacs moururent instantanément. Il n’y en eu pas une seule qui survécut.
Le pays, jadis si beau et si fleuri devint rapidement un désert. Tous les animaux, les
oiseaux, les papillons, les insectes s’enfuirent après la mort des fleurs. Pour voir les
fleurs, les habitants ne pouvaient user que de leur imagination. Mais les enfants, qui
n’avaient jamais connu ces merveilles, ne voulaient pas croire les anciens.

- Vous ne racontez que des histoires, leur disaient-ils et ils s’en allaient tristes dans
le décor triste d’un pays sans fleurs.

Parmi tous ces enfants, il en était un qui ne pouvait imaginer que tout eut disparu
pour toujours. Lorsque sa mère, lassée de raconter l’ancien temps, se taisait, il
réclamait encore et encore d’autres histoires car il aimait entendre parler de la
beauté des fleurs.

Il pensait que lorsqu’il serait un homme, il partirait à la recherche du grand sorcier


et lui demanderait de redonner de la couleur au pays.

Les années passèrent.

Un jour, il fut grand. Son amour des fleurs avait grandi avec lui. Il s’en alla donc
trouver sa mère et lui dit :

- Mère, je vais m’en aller à la recherche du grand sorcier et lui demander de nous
rendre les fleurs.

Sa mère le regarda avec des yeux remplis d’effroi.

- Mais fils ! s'écria-t-elle, tout ce que je t'ai raconté n'était que des histoires. Il ne
faut jamais croire aux histoires. Je te disais ce que ma mère me racontait parce
qu'elle l’avait entendu raconter par sa mère qui le tenait de sa mère. Malheur à toi !
Les fleurs n'ont probablement jamais existé. Tu aurais beau marcher mille ans,
jamais tu ne trouverais le sorcier qui vit tout en haut de la plus haute montagne.

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Mais le fils ne l’écouta même pas, il prit son baluchon et s’en alla. Les gens du pays
qui le voyaient passer se moquaient de lui :

- Ce garçon est fou ! disaient-ils. Il n’y a que les fous qui croient aux histoires.

Le jeune homme se dirigea vers le nord. Il marcha longtemps, longtemps,


longtemps et arriva au pied d'une montagne, si haute, si haute que son sommet
était invisible.

Il tourna autour de la montagne, mais ne vit aucun sentier, seulement de la roche et


des cailloux. Il tourna encore et encore. Las de tourner, il se dit :

- « Il faudra bien que je découvre un chemin. Le sorcier a dû le prendre pour


atteindre le sommet. »

Il inspecta avec attention les rochers et finit par découvrir une petite marche. En
regardant de plus près, il aperçut une autre petite marche et puis encore une autre.
Lorsqu’il leva les yeux vers le sommet de la montagne, il aperçut un escalier et il se
mit à grimper sans jamais regarder en bas pour ne pas avoir le vertige.

A la fin du premier jour, il s’arrêta sur une terrasse. Le sommet de la montagne


n'était pas visible. Il en fit de même le deuxième, puis le troisième, puis le
quatrième puis le cinquième puis le sixième jour. Il commençait à se décourager
quand, au soir du septième jour, il aperçut enfin le sommet. A force de courage et
malgré la fatigue accumulée depuis 7 jours, il parvient à l’atteindre juste au
moment où le soleil avait complètement disparu et que la nuit avait recouvert le
monstre de pierre. Arrivé tout en haut, il aperçut une source. Il se pencha pour y
boire un peu d'eau. Au premier contact de l’eau sur ses lèvres, toute sa fatigue
s’évapora. Il se sentit fort et heureux comme jamais dans sa vie. Tout à coup,
derrière lui, il entendit une voix qui lui demanda ce qu'il était venu chercher sur la
plus haute des hautes montagnes.

- Je suis venu, dit-il, pour rencontrer le grand sorcier et lui demander de nous rendre
des fleurs et des insectes. Un pays sans fleurs, sans oiseaux et sans abeilles, est
triste à mourir. Seule le beauté peut rendre les gens bons et je suis certain que les
gens de mon pays cesseraient d'être méchants, si le sorcier leur redonnait les
fleurs.

Alors, le jeune homme se sentit soulevé par des mains invisibles. Il fut transporté
délicatement vers le pays des fleurs éternelles. Les mains invisibles le déposèrent
sur le sol au milieu d'un tapis de fleurs multicolores. Le jeune homme ne pouvait en
croire ses yeux. Il y en avait tant et jamais il n'avait imaginé que les fleurs puissent
être aussi belles ! Dans l’air, un délicieux parfum flottait et les rayons du soleil
dansaient sur le sol multicolore comme des milliers et des milliers d'arcs-en-ciel. La
joie du jeune homme fut si grande, qu'il se mit à pleurer.

91
La voix lui dit de cueillir les fleurs qu'il préférait. Il s’exécuta et en cueillit de toutes
les couleurs. Quand il en eut plein les chargés, les mains invisibles le reconduisirent
doucement au sommet de la montagne.

Alors, la voix lui dit :

- Rapporte ces fleurs dans ton pays. Désormais, grâce à ta foi et à ton courage, ton
pays ne sera plus jamais sans fleurs. Il y en aura pour toutes les régions. Les vents
du nord, de l'est, du sud et de l'ouest leur apporteront la pluie qui sera leur
nourriture, et les abeilles vous donneront le miel qu'elles cherchent dans les fleurs.

Le jeune homme remercia et commença aussitôt la descente de la montagne qui,


malgré la quantité de fleurs qu'il portait, lui parut bien plus facile que la montée.

Quand il revint dans son pays, les habitants, en apercevant les fleurs et en respirant
leur parfum, ne voulurent pas croire à leur bonheur. Puis, quand ils surent qu'ils ne
rêvaient pas, ils dirent :

- Ah ! nous savions bien que les fleurs existaient et que ce n'étaient pas des
histoires inventées par nos ancêtres.

Et leur pays redevint un grand jardin. Sur les collines, dans les vallées, près des
rivières, des lacs et de la mer, dans les bois, dans les champs et dans toutes les
prairies, les fleurs crûrent et se multiplièrent. Tantôt c'était le vent du nord qui
amenait la pluie, tantôt le vent du sud, de l'est ou de l'ouest. Les oiseaux revinrent,
ainsi que les papillons et tous les insectes, et surtout les abeilles. Désormais, les
gens purent manger du miel, et la joie revint sur la terre.

Quand les hommes virent leur terre transformée grâce au jeune homme qui avait
osé ce que personne n'avait cru possible, ils lui demandèrent d'être leur roi. II
accepta et il devint un roi bon, courageux et intelligent.

-Rappelons-nous, disait-il, que c'était la méchanceté des hommes qui avait entraîné
la disparition des fleurs de notre pays.

Et, comme personne ne voulait recommencer à habiter un désert et à être privé de


miel, chacun s'efforça désormais d'être aussi bon que possible pour ne pas fâcher le
grand sorcier

Il y a très, très longtemps, un vieux sorcier entreprit un long voyage.

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Un jour qu'il avait tant et tant marché qu'il ne sentait plus ses pieds, il décida de
chercher un endroit pour se reposer.

C'est alors qu'il entendit soudain chanter. Ce n'était pas un chant comme celui des
oiseaux, ni comme celui du vent à travers les feuilles, mais une voix claire, qui
prononçait des mots qu'il ne comprenait point.

Poursuivant son chemin, il arriva dans une clairière. Juste au centre, se dressait un
arbre majestueux, dont les feuilles brillaient au soleil. On eût dit qu'il était en or!

Alors, le sorcier entendit à nouveau le chant, mais, cette fois, plus fort que
précédemment. Regardant tout autour de lui, il ne vit personne. Il n'y avait là que
les branches dorées de l'arbre, plus quelques souris grises qui couraient dans
l'herbe.

Le sorcier s'assit contre l'arbre pour souffler un peu. Il songea qu'il serait sage de
piquer un petit somme avant de continuer sa route.

Mais le chant le tenait éveillé! Enervé, il regarda encore autour de lui, sans rien
remarquer d'anormal.

"Il faut que je trouve ce chanteur! ", se dit-il. "J'aimerais bien qu'il se taise, pour que
je puisse me reposer. "

Le vieux sorcier se leva et observa les alentours à travers le feuillage de l'arbre. Ce


faisant, il posa ses mains sur le tronc et sentit l'écorce vibrer. Il comprit alors que le
chant provenait de l'arbre lui-même!

-"Tiens ! Cela fait bien longtemps que je n'avais plus, entendu un arbre chanter!",
grommela-t-il. "Mais, par chance, je connais encore le moyen de le faire cesser! "

Il sortit de la poche de son manteau long morceau de corde et le lança en l'air tout
en marmonnant une formule. La corde se tortilla quelque peu, puis s'enroula deux
fois autour du tronc. Le sorcier prononça ensuite d'autres mots magiques, puis il
termina en faisant un gros nœud dans la corde. Aussitôt, le l'arbre d'or cessa de
chanter.

-"Je vais enfin pouvoir me reposer", soupira le sorcier avant de s'allonger dans
l'herbe.

Mais il découvrit alors des rubans de fumée, qui se dégageaient des racines de
l'arbre. Peu à peu, la fumée s'épaissit, jusqu'à former un gros nuage gris, qui
changea progressivement de couleur. Il devint d'abord gris foncé, et puis noir.

Tout à coup... il se mit à tournoyer sur lui-même et se transforma en un hideux


génie aux longues oreilles, avec un gros nez bourgeonnant de verrues, des bras
démesurés et des mains larges des pelles!

-"Hahaha! Hihihi! ", ricana le génie. "Quel stupide sorcier tu es! Il y a des années, un
de tes confrères m'a enfermé dans cet arbre. Mais maintenant que tu lui as cloué le
bec, je suis libre! Et j'ai fort envie de te dévorer! "

Ce disant, le génie saisit le vieux sorcier par la barbe.

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Heureusement, ce dernier savait que les esprits des bois sont toujours idiots! Et
celui-là semblait encore plus bête que les autres...

-"Vas-tu me faire mijoter ou rôtir?", demanda-t-il au génie. "Tu sais que les vieux
sorciers ne se mangent pas crus. Tu aurais des crampes d'estomac! "

L'affreux génie réfléchit quelques instants.

"Je vais faire un grand feu et t'attacher à une branche. Ensuite, je te ferai rôtir au-
dessus des flammes", déclara-t-il, tout content.

-"Mais je vais m'enfuir pendant que tu allumeras le feu", insinua le sorcier.

-"C'est vrai ... ", admit le génie. "Je vais... euh ... je vais ... "

-"Pourquoi ne me ligotes-tu pas? ", suggéra le sorcier. "Ainsi, je serai incapable de


fuir. "

-"Très bonne idée! ", s'exclama le génie. "Mais à quoi donc vais-je t'attacher? "

-"A cet arbre, bien sûr! ", répondit le sorcier. "Utilise donc la corde que j'avais
enroulée autour du tronc pour le faire taire! "

Convaincu, l'esprit des bois alla détacher la corde.

Il commença par défaire le nœud... tout comme le sorcier l'avait espéré. En effet,
dès que la corde eut été dénouée, l'enchantement se trouva rompu!

L'arbre se remit à chanter et le génie, de violet qu'il était, vira au mauve foncé.
Puis, très lentement, il se transforma en fumée noire, puis en fumée grise, pour
disparaître enfin en minces rubans de vapeur blanche.

Le sorcier remit alors la corde dans la poche de son large manteau. Avant de se
remettre en route, il prononça quelques mots magiques et ni bête ni homme -pas
même un sorcier - ne revit jamais le génie des bois.

Il y a bien longtemps, avant que les hommes n’arrivent dans le pays, les arbres
étaient capables de parler. Le bruissement de leurs feuilles était leur langage calme
et reposant. Lorsqu’ils agitaient leurs branches en tous sens dans le vent violent,
leurs paroles étaient des discours pleins de courage ou remplis de peur.

La forêt était peuplée d’une multitudes d’arbres de toutes sortes. L’érable laissait
couler sa sève sucrée pour les oiseaux assoiffés. Un grand nombre d’oiseaux
nichaient dans ses branches. Les merles venaient déposer leurs petits œufs bleus
dans des nids bien installés. L’érable les protégeait du vent et de la pluie, toujours
prêt à rendre service. Il était respecté aux alentours.

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Pas bien loin de lui, un orme élevait ses longues branches vers le ciel. L’orme aimait
le soleil et chacune de ses branches s’élançaient vers ses rayons. Les orioles, des
oiseaux ressemblant aux rouges-gorge mais en plus petit construisaient leurs nids-
balançoires dans sa ramure sachant qu'ils se trouvaient à l'abri dans les hauteurs.

Plus loin encore, le thuya offrait durant l’hiver l’hébergement à des familles entières
d'oiseaux. Lorsque le froid faisait rage, le thuya refermait ses épaisses branches sur
eux et les gardait bien au chaud. Les oiseaux étaient si confortablement installés
qu'ils mettaient du temps, le printemps venu, à quitter leurs logis dans le thuya.

Le bouleau se tenait à peu de distance. Il était mince et élégant et son écorce douce
et blanche le distinguait des autres. Ses bras souples et gracieux s'agitaient à la
moindre brise. Au printemps, ses feuilles vert tendre étaient si fines qu'elles
laissaient passer la lumière du soleil au travers.

Quand les hommes arrivèrent dans ces lieux, ils se servirent de l'écorce du bouleau
pour fabriquer des canots, des maisons et même les récipients dans lesquels ils
cuisaient leurs aliments.

Mais il arriva un jour que le bouleau, à cause de sa beauté, se mit à mépriser tout le
monde.

Le grand pin était le roi de la forêt. C'est à lui que chaque arbre devait faire un salut
en courbant la tête un peu comme on manifeste son obéissance au roi. Et ce roi
était le plus grand, le plus majestueux, le plus droit de tous les arbres de la forêt. En
plus de sa taille, sa magnifique vêture vert foncé assurait son autorité.

Un jour d'été, la forêt resplendissait des parfums et des couleurs de milliers de


fleurs et un éclatant tapis de mousse recouvrait les coins ombragés du sol. Une
quantité d'oiseaux, des gros, des petits, des bleus, des gris, des jaunes et des
rouges, n'arrêtaient pas de chanter. Les arbres bougeaient doucement et agitaient
leurs feuilles qui étaient des rires et des gais murmures de contentement. L’érable
remarqua que le bouleau ne participait pas à cette réjouissance collective.

- Es-tu malade, bouleau ? demanda le gentil érable.

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- Pas du tout, répondit le bouleau en agitant ses branches de façon brusque. Je ne
me suis jamais si bien senti. Mais pourquoi donc devrais-je me joindre à vous qui
êtes si ordinaires ?

L’érable, surpris de cette réponse, se dit que le roi grand pin ne serait pas content
d'entendre de telles paroles. Car la première tâche de Grand Pin était de faire
respecter l'harmonie parmi ses sujets.

- Tais-toi ! dirent les arbres au bouleau. Si le grand pin t'entend...

Tous les arbres étaient très solidaires les uns des autres comme le sont les frères et
les sœurs qui s'entraident. Seul, le bouleau refusait l'amitié de ses compagnons. Il
se mit à agiter ses branches avec mépris et déclara :

- Je me fiche bien du roi. Je suis le plus beau de tous les arbres de la forêt et
dorénavant je refuserai de courber la tête pour le saluer !

Le grand pin, qui s'était assoupi, s'éveilla tout d'un coup en entendant son nom. Il
secoua ses fines aiguilles pour les remettre en place et s'étira, s'étira en redressant
son long corps.

- Bouleau, que viens-tu de dire ? lança-t-il.

Tous les arbres se mirent à trembler car ils se doutaient bien que la colère grondait
dans le cœur du grand pin. Mais le bouleau ne semblait nullement craindre sa
colère. Il étala ses branches avec dédain, les agita dans un sens et dans l'autre et
dit d'un ton hautain :

- Je ne vais plus vous saluer, grand pin. Je suis le plus bel arbre de la forêt, plus
beau que tous les autres, plus beau même que vous !

Le grand pin se fâcha. Ses bras se mirent à s'agiter bruyamment. Et tous les arbres
attendirent dans le plus grand silence la suite des événements.

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- Bouleau, lança le roi pin, tu es devenu vaniteux ! Je vais t'apprendre une leçon que
tu n'oublieras jamais.

Le grand pin se pencha en direction du bouleau et frappa sa tendre écorce de


toutes ses forces. Ses aiguilles lacérèrent la douce peau blanche du bouleau.

Enfin, il dit :

- Que tous apprennent par toi, bouleau, que l’orgueil et la vanité sont mauvais.

Depuis ce jour, l'écorce de Bouleau est marquée de fines cicatrices noires. C'est le
prix qu'il dut payer pour sa vanité. Tous les membres de sa famille, sans exception,
ont gardé, marquée dans leur peau, la trace de la colère du roi grand pin.

Il était une fois dans un pays très lointain qu’on appelle le Paraguay, un pauvre
fermier et sa femme qui travaillaient très dur sur leur lopin de terre. La sol était
tellement sec que leurs outils se cassaient souvent et qu’à chaque coup, un nuage
de poussière s’élevait de la terre. Ils gagnaient donc juste de quoi vivre mais quand
on dit juste de quoi vivre, c’était juste de quoi vivre. Jamais de superflus chez José
et Anina mais malgré tout c’étaient des gens très gentils, heureux de vivre.

Un jour, Anina reçut la visite d’un voisin qui lui dit qu’à une journée de marche de
chez eux, un riche fermier ne pouvait trouver suffisamment de travailleurs pour
l'aider à la récolte. Elle proposa à son mari :

- Pourquoi n'irions-nous pas aider ce fermier? Ici, nous mourons presque de faim.
Chez lui, nous pourrions gagner suffisamment d'argent pour vivre décemment.

Son mari la regarda, préoccupé et lui dit sur le ton de la confidence :

- Je ne dis pas non mais ne sais-tu pas que cette région est habitée par le grand
génie de la forêt? C’est un ogre immense, poilu, à la barbe rouge sang et aux yeux
de jais qui lancent des éclairs. Il dévore tous les hommes qu'il rencontre et ramène
les femmes chez lui afin qu'elles travaillent pour lui. Le danger n'est écarté que
l'après-midi, car c’est à ce moment qu’il dort. Je n'ai pas tellement envie d'y aller.
Ca ne m’étonne pas que ce fermier ne trouve plus suffisamment de gens pour
rentrer la récolte. Tout le monde a peur. Je ne pense pas que ce soit une bonne idée
d'aller habiter aussi près d'un tel monstre.

- Moi je n’ai pas peur ! dit Anina, en riant. Je resterai à l'intérieur et je n'irai faire les
courses que l'après-midi. Je t'en prie, allons-y. Je pense que c’est la meilleure chose
qui puisse nous arriver !

97
Fatigué d’entendre sa femme lui dire tous les bénéfices qu’ils pourraient tirer de
leur nouvelle situation, José finit par accepter. Ils emballèrent leurs maigres affaires
et quittèrent leur misérable chaumière en quête d'une vie meilleure.

Après un jour de marche, ils arrivèrent chez le riche fermier. Celui-ci possédait une
magnifique ferme située loin de la forêt du génie. En outre, de nombreux hommes
faisaient des rondes afin d'empêcher le génie d'entrer.

On donna immédiatement du travail à José aux champs et le fermier leur indiqua


une maisonnette à l'orée de la forêt, où ils pourraient habiter.

- Vous pourrez vivre ici en toute tranquillité, dit le fermier à Anina. Veille toutefois à
rester à l'intérieur. Ne sors que l’après-midi, car c'est le moment où le génie de la
forêt se repose. Je vous ferai apporter de la nourriture tous les jours par mes
hommes afin que vous ne couriez aucun danger.

Et c’est ce qui se passa. Chaque jour, les hommes de la ferme leur apportaient des
vivres. José gagnait bien sa vie en travaillant aux champs et ils étaient très très
heureux. Ils n'avaient pas aperçu le génie de la forêt et Anina en venait à douter de
son existence. Mais elle se trompait! Caché dans la forêt, il l'avait déjà observée à
plusieurs reprises. Il en était même tombé un peu amoureux. Toutefois, il ne
pouvait s'approcher d'elle, car elle restait toujours aux alentours de la maison. Un
jour, il y avait tellement de travail à la ferme que le fermier avait complètement
oublié d'envoyer ses hommes porter de la farine et des haricots à la maisonnette.
Anina se tracassait. Quand vint l'après-midi, elle voulut se rendre à la ferme elle-
même pour aller chercher de quoi manger.

Reste donc ici, lui dit José, inquiet. Imagine que tu rencontres le génie et qu'il
t'emmène. Que ferais-je sans toi ?

Mais Anina se moqua de lui.

C'est l'après-midi, répondit-Anina. Le génie est en train de dormir. Il n'y a aucun


danger. Je rentrerai bien avant la tombée de la nuit. Ne t'inquiète pas. A tout à
l'heure. Elle prit son grand panier et partit.

Elle suivit gaiement le long chemin qui menait à la grande ferme. Le fermier
sursauta lorsqu'il la vit arriver.

- Ne m'en veux pas, dit-il à Anina. Il y avait tellement de travail! Je vais te donner le
repas tout de suite. Tu ferais peut-être bien de dormir chez nous, car si tu pars
maintenant, tu ne seras de retour chez toi que le soir tombé. Pense au génie de la
forêt, petite!

Mais Anina ne voulut pas passer la nuit chez le fermier. Elle avait peur que José ne
s'inquiète. Elle prit rapidement le chemin du retour. Soucieuse, elle regardait parfois
le soleil qui descendait à l'horizon. Alors qu'elle était presque arrivée, le génie de la
forêt jaillit de derrière un gros arbre et l'attrapa. Anina résista de toutes ses forces,
mais ce fut peine perdue. Le génie l'emmena dans sa cabane au fin fond de la forêt.
Là, Anina dut lui faire la lessive et la cuisine.

José était déjà rentré de son travail et attendait avec inquiétude le retour de sa
femme. La nuit tombée, il partit à sa recherche. Près de l'orée de la forêt, il

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découvrit son panier à provisions rempli de vivres. Il eut très peur, car il était
désormais sûr qu'Anina avait été enlevée par le génie de la forêt. Tristement, il
ramassa le panier et retourna chez eux. Il faisait bien trop noir pour encore partir à
sa recherche.

Sur le chemin du retour, il rencontra un vieux mendiant qui marchait à l'aide d'un
bâton et qui lui demanda un peu de nourriture.

- Je n'ai rien sur moi, répondit José gentiment, mais accompagnez-moi, je vous
préparerai quelque chose à manger.

Pendant que le vieux mendiant se restaurait, José lui raconta ses mésaventures.

Si vous m'autorisez à dormir ici, je vous aiderai demain à trouver la cabane du


génie, proposa le mendiant.

José le regarda d'un air incrédule.

- Ne craignez-vous pas qu'il nous dévore? lui demanda-t-il, inquiet.

Le mendiant secoua la tête en riant.

- N'ayez pas peur, répondit-il. Je suis peut-être vieux, mais je ne suis pas encore
tout à fait inutile Patientez un peu.

Le lendemain matin, les deux hommes partirent de bonne heure. Ils s'enfoncèrent
dans la forêt. Après de longues recherches, ils découvrirent enfin la cabane du
génie de la forêt. Ils se dissimulèrent derrière quelques buissons. José aperçut Anina
sortir de la cabane et vider un seau d'eau. Elle était donc bien là. Quant au génie, il
restait invisible.

- Il est peut-être parti chasser, dit José et il se dirigea vers la cabane pour aller
chercher Anina.

Soudain, le génie jaillit de derrière la cabane en poussant un cri assourdissant. Il


s'était caché afin de surprendre José.

- Ah, je vais me régaler doublement! s'exclama le génie. Enfin, pas tout à fait : l'un
des deux est tout rabougri.

Il saisit les deux hommes de ses mains poilues. José cria, mais le vieux mendiant
n'avait pas peur du tout.

- Si tu ne nous lâches pas, je te fais mordre par un serpent, dit-il fâché.

Le génie libéra immédiatement les deux hommes et regarda autour de lui.

- Je ne vois aucun serpent. Tu me prends pour un imbécile! maugréa-t-il. Viens ici,


que, je te mange le premier. Je garde le savoureux jeune homme pour la fin.

Il tendit la main vers le vieil homme, mais au même moment, ce dernier jeta son
bâton sur le sol. Le bâton se changea immédiatement en un gros serpent sifflant. Le
génie eut très peur et n'osa plus bouger, car rien ne lui faisait plus peur que les

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serpents. Il mit ses grandes mains devant ses yeux. A présent, il ressemblait plus à
un enfant effrayé qu'à un redoutable génie de la forêt.

- Eloigne ce serpent ! Eloigne cet affreux serpent! s'écria-t-il effrayé.

- Je ne le ferai que si tu promets de partir d'ici, répondit le vieux mendiant. Tu dois


partir au-delà des montagnes et ne plus jamais revenir. Si tu le promets, je
changerai à nouveau le serpent en bâton.

- D'accord! D'accord! Je partirai! répondit le génie de la forêt d'une voix tremblante.

Le vieux mendiant sourit.

- N'oublie pas! le prévint-il. Dès que tu reviendras importuner ces pauvres gens, je
t'enverrai dix de ces serpents. Il prit le serpent par la queue et celui-ci se changea
immédiatement en bâton. Le génie fit rapidement son baluchon tout en
pleurnichant.De temps en temps, il jetait un coup d'oeil effrayé au vieux mendiant,
mais celui-ci se contentait de l'observer calmement. Un peu plus tard, le génie
partit en direction des hautes montagnes que le vieil homme lui avait indiquées.
Contente et soulagée, Anina tomba dans les bras de son mari. Sans attendre, le
mendiant mit le feu à la cabane du génie. S'il se retourne et voit la fumée, il saura
qu'il n'a plus de maison et qu'il ne peut donc plus dormir ici, expliqua-t-il. Heureux,
ils se dirigèrent vers leur maison. Le vieil homme resta encore quelques jours chez
José et Anina. Mais un beau matin, il partit sans raison aucune et nul ne le revit
jamais. José et Anina coulèrent des jours heureux. Depuis le départ du génie, de
plus en plus de gens venaient travailler dans cette région du pays. On construisit
plus de fermes, des magasins et des écoles. Le fermier offrit à José un meilleur
emploi: il devait diriger le travail de tous les nouveaux travailleurs. Le fermier le
payait bien, car depuis qu'il avait suffisamment de personnes pour cultiver la terre,
il gagnait assez d'argent pour payer à ses employés un bon salaire.

José et Anina étaient donc très heureux et lorsqu'ils eurent un enfant l'année
suivante, ils furent au comble du bonheur. Ils vécurent longtemps et heureux à
l'orée de la forêt.

Il était une fois, un hibou. Comme chacun sait, ou ne le sait pas, le hibou est un
grand timide. Il croit qu'il est laid - si laid que personne ne peut le regarder s’il lui
arrive de croiser quelqu’un. Si laid, qu'il cause des accidents de la route. Si laid, que
les bébés se mettent à hurler s'ils aperçoivent son visage. Pour toutes ces raisons,
le hibou ne sort jamais pendant le jour. Il attend la nuit noire, lorsque personne ne
peut le voir.

Un soir, alors qu’il est dehors, le hibou rencontre une jeune fille. Ils se mettent à
parler et elle l'invite dans sa maison. Il accepte et les voilà assis sous le porche
pendant plusieurs heures à discuter. Le hibou dès le premier instant tombe
amoureux de la fille et, ce qui tombe bien, elle aussi. Elle l'invite à revenir la nuit
suivante et il revient. Ils s’asseyent sous le porche et parlent pendant des heures,
presque jusqu'à l'aube. Par moment, ils se tiennent même la main. Nuit après nuit,

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le hibou revient rendre visite à sa belle et nuit après nuit il s’en va avant l'aube, si
bien que la jeune femme ne peut vraiment pas savoir à quoi il ressemble.

La jeune femme a des amis qui ont entendu parler de ce prétendant de la nuit et
veulent savoir à quoi il ressemble car ils aiment beaucoup leur amie et sont
heureux qu'elle ait enfin rencontré quelqu'un dont elle est tombée amoureuse.

- Pourquoi le Hibou ne te rend-t-il jamais visite pendant le jour, lui demandent-ils ?

- Parce qu’il travaille, répond la fille et lorsqu’il rentre chez lui, il doit faire son
ménage, préparer son dîner et il ne peut venir qu’à la nuit tombée.

- Nous voulons le rencontrer, ont dit ses amis.

- Bien sûr, il ne travaille pas le dimanche. Pourquoi n’organisez-vous pas une grande
fête en son honneur ? Vous pourriez ainsi tous le rencontrer.

La jeune fille est certaine que c’est la meilleure des idées et lorsque son amoureux
vient le soir, elle l’invite pour le dimanche suivant. Une fête sera donnée en son
honneur par ses amis. Le Hibou est pourtant vraiment très timide mais il accepte.
Vous savez que quand on aime, on est capable de vaincre toutes ses peurs.

Le jours passent. Le dimanche arrive. Le hibou est très nerveux. Il demande à son
cousin le coq de l’accompagner car plus le temps passe, plus il a peur.

En chemin, le hibou commence à regarder le coq et à se comparer à lui.

Le coq est grand et bien habillé » pense-t-il en regardant le cheveux roux du coq,
ses vêtements colorés et ses bottines jaunes. A côté de lui, je suis morne et terne,
se dit-il encore en regardant ses vêtements bruns et en plus de tout, je suis laid.
Plus ils se rapprochent de la maison, plus il a peur.

Mon cousin le coq, dit soudain le Hibou, j'ai oublié quelque chose chez moi. Entrez
donc sans moi et vous direz que j'ai dû rentrer à la maison mais que je serai de
retour d’ici un moment. Le coq entre et fait le message du hibou.

Un peu plus tard, dès qu’il fait très sombre, le hibou arrive à la fête. Il craint un peu
que la fille et sa famille ne soient fâchés de son retard mais il se fait violence et
avance d’un pas.

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Le coq qui l’attend sous le porche, le voit et semble tout à fait effrayé.

- Hibou, demanda-t-il qu'est ce donc cela sur votre tête ?

- C'est un chapeau, répond le hibou. Beaucoup de gens portent des chapeaux.

- C’est vrai, dit le coq, mais ils les portent sur la tête, et pas comme vous, tout
autour de la tête.

- Je me suis blessé aux yeux, dit le hibou, Ils ne supportent pas la lumière. Mon
chapeau les protège.

- Oui , réplique le coq et il protège aussi le reste de votre tête.

- Ne vous moquez pas de mon chapeau mais dites-moi plutôt ce qu’on a dit de mon
retard. Sont-ils en colère ?

- Ils le seront bien plus si vous n’entrez pas, dit le coq.

- J'entre, j'entre, dit le hibou, mais promettez-moi d’abord une chose.

- Quoi donc ?

- Je dois être de retour à la maison avant le lever du soleil. Essayer donc de me


prévenir à temps, plutôt que de chanter au lever du soleil, comme vous faites
d'habitude ?

Il ne faut surtout pas que la jeune femme voit son visage à la lumière du jour.

- Bien sûr, hibou, bien sûr dit le coq et il le fait entrer à l’intérieur.

A cet instant précis, la fête bat son plein. Les batteurs jouent et les chanteurs
chantent et leur musique donne quelque chose dans le genre de « Dong-aada-dong-
aada-dong-aada-dong, Dong-aada-dong-aada-aaii-ee-oooo! Dong-aada-dong-aada-
dong-aada-dong, Dong-aada-dong-aada-aaii-ee-oooo! » «

C’est justement la chanson préférée du hibou et quand il l'entend, il veut danser. Il


va près de sa jeune amie, lui fait des excuses pour son retard et ils partent sur la
piste de danse. Vous savez que le hibou est timide mais ce que vous en savez pas
c’est qu’il est un excellent danseur. Plus il danse, moins il sait où il est et moins il
sait où il est et plus il danse. « Dong-aada- dong-aada-dong-aada-dong, Dong-aada-
dong-aada-dong-aaii-ee-ooo! Dong-aada-dong-aada-dong-aada-dong. Dong-aada-
dong-aada-aaii-eee-oooo! » ça dure ainsi toute la nuit.

Le hibou s’amuse tellement qu'il oublie le temps et soudain, il entend son cousin le
coq, qui complètement ivre, chante. Il a manqué l'aube et la lumière du jour entre

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dans la pièce. Le hibou affolé cherche une fenêtre. Il est certain que la fille en
voyant son visage, comprendra combien il est laid. Il vole en tous sens. Son
chapeau tombe sur le sol. Il vole de plus en plus vite et découvre une fenêtre
ouverte par laquelle il s’enfuit. La jeune fille hurle « Hibou! revient!" Elle se précipite
par la porte mais en vain. « Hibou! revient!" Le hibou ne l'a pas entendue.

La jeune fille rentre chez elle. Elle aide à tout remettre en ordre. Personne ne sait
que penser du comportement étrange du hibou. Le soir, elle s’assied sous le porche
et attend. Elle espère qu'il reviendra, mais il ne revient pas. Chaque soir, elle attend
et chaque soir, elle espère. Elle repense sans cesse à cette soirée, combien tout a
été si agréable. Elle repense au hibou qui danse si bien et comment il l’a regardée.
Elle revoit son visage presque rond, ses grands yeux et son petit nez. Elle se dit
qu’il a un visage fort, un visage attirant. Elle a aimé ses yeux tout de suite mais elle
ne sait pas que le hibou se croit laid.

Elle l'attend des nuits, des jours, des semaines, des mois mais il ne revient pas.
Pendant une année entière elle l'attend et puis un jour, elle rencontre quelqu'un
d'autre et l'épouse. Mais chaque matin, lorsque le chant du coq la réveille aux
premiers rayons du soleil, elle ne peut s’empêcher de penser au Hibou et se
demande encore aujourd’hui pourquoi il s’est enfuit en courant et où il est parti

Une veuve a sept fils. Elle est pauvre. Elle est même la plus pauvre de tout son
village. Une année, la famine sévit dans le pays et les pauvres, déjà tellement
pauvres, touchent le fond de leur misère. Ses sept fils décident de partir gagner leur
vie à travers le vaste monde. Ils partent avec des pieds de plomb, désespérés de
laisser leur mère tant aimée.

Ils voyagent longtemps allant de ville en ville mais ne trouvent pas de travail. Ils
sont trop jeunes, trop nombreux, trop maigres.De jours en jours, ils ont de plus en
plus faim et sont de plus en plus fatigués. Ils dorment le ventre vide dans les bois,
dans les fossés ou sur le bord des routes.

Un matin, que le temps est particulièrement mauvais, que la pluie tombe à verses,
qu’un vent glacé souffle entraînant à sa suite des nappes de brouillard, qu'ils sont
transis de froid, mouillés de la tête aux pieds et tellement désespérés d’être en si
mauvaise posture, ils se trouvent juste devant les murs délabrés d’un château. Ils
frappent à la porte mais personne ne vient leur ouvrir. Ils poussent le vantail et se
trouvent dans une cour vide. Pas de chiens de garde, pas de chevaux dans les
écuries, pas de lumière derrière les vitres brisées. Ils se dirigent vers ce qui semble
être le corps du logis. Ils appellent mais seul l’écho leur renvoie leurs appels. Ils
visitent toutes les pièces. Elles sont sales, couvertes de poussières et de grosses
toiles d’araignées pendent du plafond.

103
Arrivés à la dernière pièce, ils s’arrêtent stupéfaits. La pièce est rangée, propre. En
son centre se dresse une table admirablement garnie de sept assiettes en argent,
de plats de viande, de sauces fumantes, de légumes les plus variés, de sept verres
en cristal, de sept serviettes de soie, de pain frais dans la corbeille à pain, de
bougeoirs aux bougies rouges. Dans la cheminée des bûches n’attendent plus que
l’étincelle pour répandre dans la pièce leur douce chaleur.

La faim est tellement forte qu’ils pénètrent dans la pièce, s’installent à la table et
mangent de bel appétit. L’aîné ose même allumer le feu. Ils sont bien. Au beau
milieu de leur repas, ils entendent une voix plaintive qui leur dit :

- Plus de lumière, encore plus de lumière !

Ils se regardent sans parler. Au bout d’un moment, le silence est revenu et nos sept
garçons prennent leurs verres pour boire. Au moment où ils approchent leurs lèvres
des verres, la voix gémit à nouveau :

- Plus de lumière, encore plus de lumière !

L’aîné prend son courage à deux mains, allume une torche et dit :

- Je vais voir ce qui se passe.

- Nous t’accompagnons, disent les frères.

Ils sortent dans le couloir, montent les escaliers. La lune éclaire les marches. Arrivés
à l’étage, ils visitent les pièces sans rien trouver. Partout, la même poussière, les
mêmes toiles d’araignées. Ils montent encore une volée d’escaliers et parviennent à
une dernière porte tout au sommet de la tour. Ils poussent la porte mais ont un
mouvement de recul. La pièce est occupée par un vieillard à la longue barbe
blanche, tellement longue qu’elle touche le sol, et aux cheveux immaculés. Son
visage est très pâle. Il est assis sur un vieux siège défoncé derrière une table
bancale. Derrière le fauteuil se dresse un énorme tableau qui représente un chat
noir aux yeux vert émeraude qui brille d’une lumière inquiétante et regarde
fixement les sept garçons. Malgré leur courage , ils tremblent sous ce regard.

***

Le vieillard n’a pas semblé voir les sept frères. Il est plongé dans un énorme livre et
semble avoir des difficultés à déchiffrer. Il se met à gémir.

- Plus de lumière, encore plus de lumière !

Les jambes des sept frères tremblent de plus en plus. L’aîné est sans conteste le
plus courageux. Il s’approche du vieillard, pris de pitié, il lève sa torche au dessus
du livre tout en lui disant :

104
- Voici de la lumière.

***

Le vieil homme baisse la tête et se remet à lire avec fièvre. Il avale les pages
jaunies plutôt qu’il ne les lit comme s’il craignait que la lumière ne s’éteigne avant
qu’il n’ait terminé. A la dernière page, il pousse un soupir et referme le volume relié
de vieux cuir aux coins d’argent noirci par les ans.

L’homme lève la tête et en regardant l’aîné dit :

- Je te remercie, mon garçon. Je vous remercie tous les autres de m’avoir libéré.
Quand j’étais encore en vie, il y a très très longtemps, je n’aimais personne et mon
cœur ne connaissait pas de pitié. Les gens me fuyaient. Je fut condamné à rester
dans cette pièce sombre jusqu'à ce que j’achève la lecture de ce gros livre. Il parle
de gens sages et bons. Il décrit les souffrances, les peines, les larmes, le injustices
qui frappent ces gens. Il détaille aussi tous les méfaits dont je me suis rendu
coupable, mon égoïsme, ma cruauté. Ils y a dans ces pages, les pleurs des mères
qui veillent leurs enfants malades, la douleur des fils qui ne peuvent aider leurs
parents, le désespoir des mères que leurs fils ont quittées à jamais. J’ai commencé
cette lecture il y a cent an et je ne l’avais toujours pas achevée. Seul celui qui
m’éclairerait pouvait me sauver. Vous m’avez secouru ; en récompense, je vous
donne ce château. Il est bien délabré mais si vous creusez dans la cave, vous
trouverez sept pots d’or ; ils sont pour vous. Au moment où il prononce ses paroles,
un courant d’air souffle brusquement sur la torche. Le cadet va en chercher une
autre mais lorsqu’il revient, le vieillard, le livre et le chat du cadre avaient disparu.

Les sept frères descendent dans la cave et trouvent les pots remplis d'or comme le
vieillard le leur avait dit. Ils font venir leur mère, remettent en état le château,
nettoient toutes les pièces et redonnent à la bâtisse son lustre d’antan. Jamais plus
ils ne connurent ni la misère, ni la faim. Jamais ils n’oublièrent le vieillard ni le
contenu de son livre qui n’était autre que le livre de la sagesse du monde

LES ENVOYES DE L’HIVER

C’était un matin de novembre.

Ce matin là, comme tous les matins, Ginette se rend au parc qui jouxte sa maison.
Elle a dans sa main des morceaux de pain qu’elle destine aux oiseaux.

105
Lorsqu’elle arrive, ce jour là, tout est calme silencieux. Il n’y a pas d’oiseaux sur les
branches nues des arbres. Seules quelques feuilles brunies crissent sous ses pas.
Les oiseaux sont partis. La plupart vers les pays du soleil, vers le Sud et les autres,
ceux qui restent, se cachent à l’abri du froid.

Ginette est bien seule.

Elle voit soudain apparaître au dessus du vieil orme, un oiseau magnifique. Ses ailes
sont blanches, bordées de rouge. Son corps est bleu et son bec est doré. Jamais elle
n’a vu plus bel oiseau. Délicatement, il se pose sur une branche, un peu comme une
plume se pose sur le sol. Ginette surprise n'arrive plus à respirer. Elle est
émerveillée.

- Bonjour ! entend-elle.

Mais d'où peut bien provenir cette voix ? Elle se retourne. Il n’y a personne. L’oiseau
ouvre ses ailes et des flocons de neige tombent sur le sol.

- Je suis, l'envoyée de la neige. Je m'appelle Nixia. Je fais tomber les flocons.

En ouvrant ses ailes, l'oiseau fait naître une vraie chute de neige tout autour de
l’arbre où il s'était posé.

- Alors, tu fais l’hiver !

- Oui et non. enfin, ce n’est pas moi toute seule. Si tu veux, je vais te raconter
comment vient l’hiver.

Dans le Nord du pays, vit Monsieur Hiver. Chaque année, à cette même époque, il
nous envoie dans toutes les régions pour y apporter son message. Nous sommes
trois envoyés : moi, Nixia ; mon ami, Brrr, l'envoyé du froid et Blizz, l'envoyé du
vent du Nord. C'est à trois que nous faisons l’hiver. J’arrive toujours la première. Tu
sais bien que le froid et le vent, sans la neige, c’est triste. Lorsque j'arrive, les gens
sont contents ; la neige est douce et réjouit leur cœur. Les enfants sortent dans les
rues. C'est un peu comme une fête.

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- Oh ! mais c'est super ! J'aime tant la neige. Jamais je n'aurais imaginé. Tu en as de
la chance.

- C’est vrai, moi, j'ai le beau rôle mais Brrr, lui, il n’est pas aimé du tout ...

Au même moment, un souffle glacé fait frissonner Ginette et un oiseau vert vient se
poser à côté de Nixia dans un bruit sec de glaçon qui craque.

- Toi, je parie que tu es Brrr, dit Ginette.

- Bien vu, je suis l'envoyé du froid.

- Alors, c’est toi qui fait les glaçons ? J’aimerais bien en avoir un gros sur le bord de
ma fenêtre.

- Pas de problème, je vais t’en faire un mais avant, il faut que je gèle les cours
d’eau, les patinoires et que je mette du givre aux carreaux. Tu sais ces étoiles qui
t’empêchent de voir dehors et t’obligent à souffler sur la vitre pour apercevoir un
bout de ciel. Allons, je parle, je parle, il est grand temps que je me mette au travail.
Attention, je vais te frigorifier.

Ginette enfonce ses mains dans ses poches, mais ses petits doigts s’engourdissent.
Son nez devient tout rouge. Il est l'heure de rentrer. Sa maman va s’inquiéter. Le
coeur gros, elle quitte ses nouveaux amis très heureuse pourtant d’avoir fait une
rencontre si extraordinaire. En chemin, elle se dit que peut-être demain, elle verra
le troisième envoyé. Ce sera alors vraiment l’hiver. Il est donc grand temps qu'elle
sorte ses gants, sa tuque, son écharpe multicolore et son anorak à capuchon fourré.

Le lendemain, lorsqu’elle se réveille, Ginette se rend vite compte que l'envoyé du


vent du Nord est arrivé à son tour. On l’entend qui siffle à travers les fentes du toit
et de la cheminée. Elle enfile ses vêtements et se dirige vers le parc. Dans l’orme, il
n’y a qu’un seul oiseau ; très grand et tout gris. Ses plumes sont toutes ébouriffées.

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Dès qu'il aperçoit Ginette il lui crie : " Veux-tu une tempête, un ouragan, un cyclone,
une tornade... " je suis Blizz, l'envoyé du vent. Ne sais-tu pas où sont mes amis ?

Au moment où il pose sa question, Brrr arrive et se pose sur la même branche que
celle d'hier. Il a l’air inquiet. Visiblement, il cherche quelque chose ... ou quelqu’un.
Il se met à siffler.

- As-tu vu Nixia ?demande-t-il à Ginette. Où peut-elle donc être passée ?

Ginette sent dans cette voix, toute la tristesse du monde. A son tour, elle se met à
être triste et inquiète. Oh non, s’il fallait que la neige ne revienne pas, ce serait
épouvantable... Elle entend un bruit qui provient de sa maison.

- Toc toc toc toc.

Un éclair bleu traverse la fenêtre du grenier. Martine a compris aussitôt. Elle se


précipite chez elle, grimpe quatre à quatre les escaliers et arrive au grenier. En
ouvrant la porte, elle n'est pas surprise de trouver Nixia. Elle lui ouvre la fenêtre.

- Merci de me secourir. La fenêtre était ouverte hier soir alors je suis entrée pour me
reposer. Le vent l’a refermée et je ne pouvais plus sortir.

Et Nixia s’envole en direction du grand orme.

Lorsque Ginette revient dans le parc, les trois oiseaux sont réunis et font leur plan
pour la journée.

- Je propose de faire une énorme tempête...

Ginette se permet d'intervenir :

- J’ai quelque chose à vous demander. Comme tous les enfants, j’aime la neige mais
trop de froid, trop de vent nous empêche de jouer. Trop de neige aussi bloque les

108
routes et nos parents sont alors de méchante humeur. Un peu des trois, ce serait
parfait. Juste pour cet hiver, ne pourriez-vous vous entendre ?

Les trois oiseaux se regardent et opinent du chef.

- D'accord, on va te faire le plus beau des hivers : pas trop de froid, pas trop de
vent, avec juste assez de neige.

Personne n’a jamais su pourquoi, cette année là, l’hiver a été si doux.

Personne ?

Si.

Il y a eu Ginette et puis, il y a vous.

Il y avait un roi amoureux des fleurs, des plantes et des arbres qu'il avait plantés
dans un jardin magnifique. Il prenait lui-même grand soin de son jardin. Il aimait, le
soir, se promener dans les allées et de laisser ravir par la beauté des couleurs et la
variété des parfums.

Un jour, il dû partir pour un long voyage. À son retour, quelle ne fut pas sa surprise
de constater que beaucoup de ses plantes et de ses arbres étaient en train de
mourir !

Le pin avait perdu presque toutes ses aiguilles. Le roi lui demanda ce qui lui était
arrivé. Le pin répondit : "J'ai regardé la vigne plantée tout près de moi et j'ai
remarqué les magnifiques raisins quelle produisait pour faire le vin. Je suis devenu
bien triste de ne pas pouvoir en faire autant. Alors je me suis mis à dépérir en me
disant : Je suis tellement inutile qu'il vaut mieux cesser de vivre ! ".

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Le roi se tourna vers la vigne et vit qu'elle était aussi en train de mourir. Il
l'interrogea sur son malaise. "Pendant des jours, lui dit-elle, j'ai admiré le rosier et
respiré le parfum subtil de ses fleurs. Je me suis désolée à la pensée que jamais je
ne pourrais produire un fleur aussi magnifique et un parfum aussi raffiné.
Désespérée, j'ai commencé à ne plus me nourrir."

Le roi continua l'exploration de son jardin. Il trouva, à sa grande surprise, une petite
fleur bleue, toute rayonnante et pleine de vie, qui se nommait Bien-Aise.

Quel ne fut pas son bonheur de trouver enfin une plante en plein épanouissement
dans son jardin. Il lui dit alors : " Comment se fait-il que tu sois si belle, alors
qu'autour de toi les autres plantes dépérissent?" Et elle de lui répondre : "Pendant
un certain temps, je me suis désolé de constater que jamais je ne serais aussi grand
que le pin avec ses magnifiques aiguilles, que jamais je ne produirais des raisins
comme la vigne, que jamais je ne répandrais le parfum de la rose."

À me comparer ainsi aux autres, je suis devenue déprimée au point de vouloir me


laisser mourir. Mais je me suis rappelée que c'est toi, ô roi magnifique, qui avait
choisi de me planter ici. Alors, je me suis fait la réflexion suivante : Je suis donc si
importante à ses yeux qu'il m'ait choisie parmi tant d'autres. C'est alors que j'ai pris
la décision de vivre et de devenir aussi belle que possible."

Cela faisait plus de deux heures que la pluie tombait sans discontinuer. Et nous
étions bien contents de pouvoir rester au chaud à la maison, à écouter grand-mère.
C'était devenu comme un rituel entre nous : dès qu'il se mettait à pleuvoir, nous
avions droit à une histoire. Nous ? C'est moi, Nicolas, 11 ans, et mes deux soeurs
Anne et Emma, les jumelles de 9 ans.

Pour cette raison, depuis qu'on est bébé, on en vient presque à espérer la pluie :
dès les premières gouttes on se précipite dans la chambre de Mouna, notre grand-
mère, pour réclamer notre récit. Mais afin de ne pas banaliser l'évènement, elle
commence toujours par scruter le ciel à la fenêtre : pas question d'entamer une
longue épopée s'il s'agit d'une simple ondée. Seules les averses les plus fournies
sont dignes d'accompagner ses séances romanesques. Et aujourd'hui, les cieux sont
avec nous. L'horizon est bouché, les nuages sont épais et bien noirs tandis qu'ils
laissent échapper des trombes d'eaux. Un véritable déluge, un vrai temps à
histoires !

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Et celle de cet après-midi est particulièrement réussie : Mouna nous raconte
comment Ali, un jeune vizir, va essayer de déjouer le complot qui se prépare contre
le gentil pharaon Fenek II. Celui-ci a décidé de consacrer une part importante du
budget de son pays à la construction d'un réseau d'hôpitaux. Mais certains de ses
conseillers préféraient que l'argent soit utilisé pour renforcer l'arsenal militaire. Et
ils semblent prêts à employer la force pour arriver à leur fin. Quitte même à prendre
le pouvoir en enlevant Fenek II.

Averti du péril qui guette son souverain, Ali va tenter de faire échouer la
manoeuvre. Et voilà deux bonnes heures que nous étions lancés avec Mouna dans
les méandres de cette aventure orientale. Elle ne nous épargnait aucun détails : les
couleurs des maisons, les odeurs des épices, le jasmin qui embaument les moindres
recoins.

En moins de deux, nous avions quitté la grisaille de la région parisienne pour nous
retrouver dans les ruelles d'une capitale lointaine, écrasée de soleil, à la veille d'un
coup d'état aux conséquences dramatiques. Les jumelles n'en perdaient pas une
miette : chacune agrippée à un pied de Mouna, elles buvaient ses paroles. Moi, en
retrait sur le canapé, je serrais fort le coussin entre mes bras, à chaque sursaut du
récit. Etant l'aîné, je me devais de sauver les apparences. Mais la fermeté avec
laquelle je triturais ce pauvre oreiller devait trahir mes sentiments : j'étais pétrifié à
l'idée que le complot aboutisse et qu'il arrive malheur à Ali.

Celui-ci était dans une fâcheuse posture : l'un des conspirateurs, le cruel Youssouf,
s'étant mis en tête de l'enlever pour l'abandonner ensuite dans le désert.
Echappées dans la nuit, échanges de coups de feu et pièges multiples : tous les
coups semblaient permis pour ravir le pouvoir au bon Fenek II.

A ce stade du récit, bien malin qui aurait pu en prédire le dénouement. Difficile de


savoir quel clan allait finalement l'emporter. Et c'est pourtant cet instant précis que
choisit Mouna pour interrompre son histoire. Ne perdant pas une minute à
contempler nos mines hébétées et n'accordant aucune attention à nos questions
concernant l'avenir du royaume d'Orient, elle se dirige à grands pas vers la porte
d'entrée.

Intrigués, nous décidons de la suivre. "Prenez vos manteaux et chaussez vos bottes.
Il n' y a pas une minute à perdre" nous ordonna-t-elle. Un peu surpris par ce ton
directif et guère tentés par l'idée de quitter la chaleur douillette de la maison, mes
deux soeurs et moi-même avions du mal à avoir l'air enthousiastes. "La pluie vient

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de cesser, et si nous ne faisons pas attention, il sera bientôt trop tard" s'exclama
notre grand-mère qui était maintenant équipée des pieds à la tête pour sortir. "Trop
tard, mais pour quoi faire ?" interrogea Emma, qui réussissait l'exploit de sucer son
pouce, de mâchouiller les oreilles de sa peluche fétiche tout en questionnant sa
chère Mouna.

"Il ne pleut plus depuis déjà quelques minutes. Et si l'on veut récolter des pommes
de pluie en nombre suffisant, il ne faut pas perdre de temps. Nous en aurons besoin
pour ce soir". Et Mouna de commencer à placer un bonnet sur chacune de nos
têtes, en poursuivant ses explications. "Dans notre région, l'eau de pluie a des
vertus particulières. Une fois qu'elle se dépose sur les fruits qui sont encore sur les
arbres, elle les dote de qualités très spéciales. Chez nous, celui qui boit du jus
fabriqué avec des pommes qui viennent tout juste de recevoir une ondée a le
privilège de faire de très beaux rêves. Dont il se souviendra très longtemps". A
peine avait-elle fini sa phrase que nous étions parfaitement équipés pour sortir faire
notre collecte.

Armés tous les quatre de paniers en osier, nous sommes alors partis dans le fond du
jardin, où se trouve le verger. Là-bas, des dizaines de pommiers, avec leurs feuilles
ruisselantes d'eau de pluie, semblaient nous tendre les bras. Avec au bout de
chacun d'eux, des dizaines de pommes que les gouttelettes faisaient briller. A
gauche, à droite, nous ramassions les précieux fruits. La récolte fut tellement
abondante que nous avions du mal à soulever les paniers. Et leur transport jusqu'à
la maison tourna à l'épreuve de force.

Une fois ces trésors mis à l'abri, l'heure du bain avait sonné depuis une bonne demi-
heure. Et Mouna nous incita à accélérer le mouvement afin de combler notre retard.
Moralité, la salle de bain fut cette fois, peut être un peu plus que de coutume,
transformée en piscine. Dans notre précipitation à nous laver et à sortir de la
baignoire, nous avons presque causé une inondation. Nous avions hâte de dîner et
de boire notre rasade de pommes de pluie.

Mouna profita de notre énergie débordante pour nous demander de ranger nos
chambres : comme elle disait, au moins que notre état d'excitation serve à quelque
chose d'utile !

Et nous voilà astiquant les meubles, rassemblant les poupées et les peluches ou
cherchant à quatre pattes sous la commode la dernière pièce de notre puzzle favori.
Nous ne ménagions pas nos efforts pour déguster au plus vite le fameux breuvage.
Dernière étape à franchir : mettre la table pour le dîner. En nous y mettant tous les
trois, cela fut fait en moins de dix minutes, et toujours à un rythme d'enfer.

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Chambres rangées, table débarrassée et cheveux lavés : toutes les conditions
semblaient maintenant réunies. Même si après toutes ces activités, Emma, Anne et
moi avions quelque difficultés à garder les yeux ouverts.

C'est bien simple : nous tombions de fatigue. Et finalement c'est presque à la


demande insistante de Mouna que nous avons avalé notre verre de jus de pommes
de pluie. Un délice ! Même si à la minute, nous étions surtout intéressés par
rejoindre nos oreillers moelleux. Deux baisers qui claquent sur les jouent de Mouna
et nous filons sans attendre en direction de notre chambre, déjà à moitié emportés
par le sommeil. Et foi de Nicolas, je n'ai eu aucun mal à m'endormir. A peine
allongé, je me promenais déjà dans une forêt parfumée dans laquelle je retrouvais
Ali et ses amis.

Seul mon réveil-matin programmé pour sept heures réussit à interrompre le fil de
mes rêves. Au-dessus de moi, je découvris alors le sourire resplendissant de Mouna.
Qui après m'avoir embrassé, s'écria : "rien de tel que quelques efforts physiques et
un bon jus de pommes de pluie pour passer une bonne nuit, n'est-ce pas ?". Et les
jumelles Anne et Emma de sauter dans le lit en me chatouillant en guise de
réponse.

Au coeur d'une grande cité aux maisons grises, hautes et serrées, se nichait un
jardin abandonné. Il semblait tout échevelé d'herbes et de fleurs parfumées.

Les chenilles s'y faufilaient, les papillons y dansaient, les escargots venaient y
flâner, les abeilles y faire leur marché, les coccinelles s'y cacher, les libellules y
boire à petites gorgées aux fraîches gouttes de rosées et les oiseaux y papoter ...

Dans ce minuscule jardin ignoré des autres gens de la cité, Pim et Pomme venaient
s'amuser. Ils jouaient parfois au ballon en fredonnant des chansons .... Ils tissaient
des colliers de fleurs, se racontaient les petits malheurs et les plaisirs de leur
journée ... Ce qu'ils aimaient par-dessus tout, c'était partager des secrets, en
chuchotant, sans faire de bruit quand, doucement, le soleil fuit, derrière les feuilles,
en fin d'après-midi ...

Un jour, à l'ombre d'un saule pleureur, ils découvrirent une drôle de fleur. Elle avait
une tige longue, une curieuse tête ronde, une collerette un peu fripée mais elle
n'était parée d'aucun pétale de couleur ! On aurait dit qu'elle avait oublié de
s'habiller et dormait d'un sommeil profond ... Afin de la réveiller, Pim et Pomme se
mirent à chanter :

Debout ! Debout ! Petite sotte !

Tu ronfles comme une marmotte ...

113
Le printemps est arrivé !

Il faudra bien te lever

et danser pour le saluer !

Aussitôt, l'étrange fleur bondit et tout étonnée, elle dit :

- Poil de cactus et poil de géranium ! Où est donc passée ma couronne ?

Ses cheveux étaient dressés sur sa tête en une curieuse houppette, Pim et Pomme
riaient aux éclats :

- Ta couronne ? Que racontes-tu là ?

La petite fleur se fâcha :

- Figurez-vous que je suis roi ! L'été dernier, j'étais vigoureux et fort avec ma
crinière d'or ... Les fleurs m'ont élu souverain de ce jardin. Elles m'ont même donné
un nom : je suis le fameux " Dent-de-Lion " ! Mais l'hiver m'a déplumé... Il m'a tout
ratatiné !

- Il n'est ni roi, ni rien du tout ! cria quelqu'un tout à coup. Son vrai nom c'est "
Pissenlit !" Et si vous le cueillez, vous ferez pipi au lit .... Hi ! Hi ! Hi !

Pim et Pomme s'élancèrent, furieux, vers Thomas qui se moquaient d'eux. Ils
voulurent le persuader que ce végétal bizarre, pas très joli mais très bavard,
pouvait être extraordinaire ... Mais Thomas se mit en colère !

- C'est un vulgaire pissenlit qui ne vaut même pas un radis !

Alors, les trois enfants commencèrent à se disputer, à s'envoyer des coups de


pieds, à se tirer les oreilles et le nez ...

Soudain le pauvre Thomas trébucha .... Il pleura de rage et cria :

114
-Dent-de-Lion est un porte-malheur ! D'ailleurs, votre jardin abandonné va très
bientôt être rasé ... Vous n'aurez plus d'endroit pour jouer seuls ni pour chuchoter
des secrets ! Il ne vous restera que le trottoir pour raconter vos histoires ...

Il essuya ses larmes avec son mouchoir, renoua ses baskets et partit le coeur gonflé
de jalousie.

Pim et Pomme voulurent le rappeler afin de se réconcilier avec lui, mais le moteur
d'une énorme tondeuse à gazon faisait déjà trembler les maisons. Les enfants
retrouvèrent Dent- de- Lion dans une drôle de position : les feuilles pendantes et
froissées, la tête toute ébouriffée ...

- Vite ! cria le petit roi. N'hésitez pas à souffler sur moi ! Dispersez mes cheveux
transparents ... Mes graines s'envoleront au vent ... Qui sait où elles repousseront ?

Le temps passa ... Et chaque fois que la tondeuse vrombissait, le jardin rapetissait !
Il n'y eut bientôt à sa place qu'un grand espace vide et nu. Seul, un recoin tout
riquiqui avait échappé comme par magie à cette espèce de folie coupeuse,
grondeuse et ratisseuse...

Pim et Pomme entendirent raconter qu'on allait bientôt édifier des immeubles et
des maisons entre lesquels ne pousseraient que de maigres touffes de gazon. Les
deux enfants se désolaient. Il n'y avait plus que le trottoir pour se raconter des
histoires et pour jouer au ballon.

Soudain, par une fente du pavé ils entendirent crier :

- Coucou ! C'est moi .... Dent-de-Lion, le petit roi ! Je pousse où l'on ne m'attend
pas. Vite ! Vite ! Cachez-moi afin que l'on ne me découvre pas !

Pim et Pomme emportèrent la fleur, tendrement serrée contre leur coeur. Ils la
déposèrent près des poubelles où, même quand la nuit est belle, il ne vient jamais
personne ...

Là, le petit souverain prit la situation en main. Il rassembla les dernières fleurs et
leur dit :

- Chardons, pensées ou pissenlits, nous sommes tous dans le même pétrin : on nous
a volé notre jardin ! Réveillez donc les papillons ! Et bousculez les escargots ...
Prévenez aussi les abeilles, les chenilles et les vermisseaux ... Je veux qu'ils
poussent ces bouts de fer, ces vieilles boîtes de conserve, ces détritus et ces

115
boulons dans le moteur de latondeuse à gazon ! Qu'elle en étouffe ! Qu'elle craque !
Et qu'elle en soit toute patraque ...

Au matin, Dent-de-Lion, courageux, s'en fut s'asseoir dans le jardin presque tout
rasé où il ne restait plus que quelques herbes dressées dans l'air tout illuminé d'une
fine brume rosée. Quand le jardinier appuya sur le bouton de l'énorme tondeuse à
gazon, la machine toussa, s'étrangla, sursauta, rugit et cracha. Elle avança en
vrombissant, hoquetant, grinçant et vibrant jusqu'au pied du pissenlit tout
tremblant ... Puis, brusquement, s'arrêta, souffla et se tut d'un seul coup.

Les fleurs s'écrièrent :

- Hourra ! Vive Dent-de-Lion, notre roi ! C'est vraiment lui le plus malin ... Il a sauvé
notre jardin !

Pim et Pomme accoururent, heureux ... Même, Thomas s'était joint à eux ! Il ne
pouvait en croire ses yeux et ne se sentait plus jaloux ! Ce bout de rien du tout
serait le coeur de la cité. Ensemble, ils pourraient y jouer, s'y raconter des secrets,
courir après les papillons ou même jouer au ballon.

Alors, les habitants du quartier se penchèrent à leur fenêtre. Ils songèrent que des
enfants et des petites fleurs des champs, c'était plus joli que des immeubles et des
murs gris. Ils décidèrent de protéger le minuscule jardin secret, d'y laisser pousser
les chardons, les pensées et les dent-de-lion.

C'est ainsi que le pissenlit demeura parmi ses amis. Il y est encore aujourd'hui ...
Quand le vent d'hiver le déplume, parfois, il tremblote et s'enrhume. Mais à chaque
printemps il repousse entre les herbes et les mousses. Chacun peut alors voir éclore
sa radieuse couronne d'or.

Marjorie a un gros chagrin.

Aujourd’hui, il fait un temps superbe, c'est mercredi et il n’y a pas d’école.

Son amie Mylène l' a invitée à passer l’après-midi chez elle avec les autres élèves
de sa classe.

- Nous nous baignerons dans la piscine puis nous irons dans les bois pour pique-
niquer, a-t-elle dit.

Marjorie a accepté tout de suite. Ses parents seront sûrement d’accord. Il


connaissent Mylène et ils l’aiment beaucoup.

116
Mais c’était sans penser que le mercredi, elle prend des leçons de guitare avec
Monsieur Bigot.

Lorsqu’elle en a parlé à sa mère celle-ci a répondu :

- Monsieur Bigot doit venir à 4 heures. Il n’aime pas que tu rates une leçon. Et puis,
bientôt ce sera le concours. Ton père et moi , nous serions très heureux si tu
pouvais avoir un prix.

Le concours, un prix, Monsieur Bigot, la guitare, ... Marjorie n’en a rien à faire. Il fait
si beau. Ce n'est pas juste. Tous ses amis vont passer une superbe journée et elle,
elle restera enfermée à attendre Monsieur Bigot.

Elle monte dans sa chambre en claquant les pieds dans l’escalier. Il n’est que deux
heures. Encore deux heures à attendre... Elle jette un œil noir sur son instrument.
Pourquoi doit-elle apprendre la guitare ? Au début, ça semblait facile mais
maintenant, c’est tout autre chose. Elle a sans cesse de nouveaux morceaux à
apprendre, beaucoup d'exercices à faire chaque jour et en plus, il y a ce concours à
préparer.

Son professeur, Monsieur Bigot est un homme secret. On ne sait pas vraiment qui il
est. On ne sait pas l’âge qu’il a. Il a des fils d’argent dans ses cheveux et quelques
rides sur son visage. Il porte de grosses lunettes qui lui donne un air sévère mais
lorsqu’il sourit, ses yeux s’illuminent et son regard s'adoucit. Il est assez grand, pas
mince, ni gros. Il est aime les jeans et les espadrilles qu’il porte hiver comme été. Le
papa de Marjorie lui a dit qu’il vivait seul à la lisière de la forêt dans une petite
maison juste à côté d’un étang. Ce doit être triste de n’avoir personne chez soi
lorsqu’on rentre le soir. Il semble pourtant aimer beaucoup les enfants. Il n’est pas
méchant mais enrage lorsque Marjorie n’a pas appris sa leçon. Et justement
aujourd’hui elle n’en a pas envie.

En passant à proximité de son instrument, elle ne peut s’empêcher de lui tirer la


langue.

- Je te déteste, dit-elle à la guitare.

- Pourquoi me détester ? entend-elle.

Elle se retourne surprise. Il n’y a personne dans la chambre. Elle est sûre pourtant
d'avoir entendu une voix.

- Pourquoi me détestes-tu ? entend-elle à nouveau.

117
Elle regarde vers la guitare...

- Mais, c'est toi qui parle ?

- Oui mais je ne t’ai jamais parlé jusqu'à présent parce que je sais que tu ne
m’aimes pas. Tu pinces mes cordes sans faire attention. Tu me laisses traîner dans
ta chambre sans me remettre dans ma housse. Elle me protège pourtant des
poussières et des coups. J’ai bien compris que tu ne m’apprécies pas alors je n’ai
aucune envie de bien jouer. Pourtant j’ai un son cristallin, écoute...

A la grande surprise de Marjorie, les cordes se mettent à vibrer toutes seules.

- Tu sais jouer d’autres morceaux ? demande la fillette.

Et la guitare interprète parfaitement la pièce que Marjorie devra présenter pour son
concours.

Maman qui passait dans le couloir entend la musique. Elle s’arrête et écoute avec
attention. Comme c’est joli, pense-t-elle... Monsieur BIGOT va être très content.
Marjorie est une gentille petite fille. Elle veut sans aucun doute nous faire une
surprise.

Elle est loin de se douter de ce qui se passe de l’autre côté de la porte.

Lorsque 4 heures arrive, Marjorie est très à l’aise avec son instrument. La leçon lui
semble courte et pas du tout ennuyeuse. Monsieur Bigot est satisfait. Avant de s'en
aller, il lui dit :

- Tu as fait d’énormes progrès, Marjorie. Tu as dû sûrement beaucoup travailler. Je


pense que tu as beaucoup de chances pour le concours. Quand j’avais ton âge, je
n’aimais pas non plus beaucoup la guitare. Un jour, que je n’avais pas envie d’avoir
ma leçon et que je n'avais pas fait mes exercices, j’ai entendu mon instrument qui
me disait que je ne l’aimais pas. Depuis, ce temps, j’y fait très attention et je suis
même devenu professeur de guitare. Il faut toujours faire très bien ce que l’on fait
sinon, ça n’en vaut pas la peine. Je pensais te le dire depuis longtemps parce qu'il
me semblait que tu n’aimais pas la guitare mais je suis rassuré, je vois que je me
suis trompé.

Marjorie est fort ennuyée. Elle ne sait pas comment lui expliquer. Elle ne sait même
pas si elle doit lui raconter. Il est gentil mais ne va-t-il pas se moquer d’elle ? Et puis
qu’en penserait la guitare ? C'est leur secret à toutes les deux. Elle décide
finalement de ne rien dire du moins pour le moment. Peut-être après le concours...

118
Chaque jour, Marjorie et sa nouvelle amie, la guitare passent de longs moments
ensemble. Marjorie s’applique à faire ses exercices et la guitare veille à ce qu’il n’y
ait pas de fausses notes. Elle progresse de semaine en semaine et Monsieur Bigot
est très heureux d’avoir une si bonne élève.

Le concours arrive enfin. Marjorie n’a pas peur. Elle sait que tout va très bien se
passer.

- Vas-y surpasse-toi, dit-elle à la guitare. Mais est-il besoin de le lui dire ?

La guitare et Marjorie ont joué mieux qu’à l’habitude. A la fin du morceau, le public
s'est levé et a applaudi longtemps.

Lorsque le président du jury annonce les résultats, elle a le cœur serré.

- Premier prix et prix spécial du public : Marjorie et sa guitare.

- Deuxième prix : ...

Marjorie est très très contente. Mais celui qui l’est plus encore, c’est Monsieur Bigot.
C’est la première fois qu’une de ses élèves gagne un concours. Et en plus, cette
élève là, il l'aime bien. Elle est tellement attentive !

Marjorie a reçu un très joli bouquet de fleurs qu’elle s’est empressée de donner à sa
maman. Elle a pris une marguerite qu’elle a attachée à l’une des cordes de sa
guitare.

- C’est pour toi, ma chère guitare. Merci pour ton aide.

Et elle lui a déposé un baiser avant de la rentrer dans sa housse pour qu’elle ne se
griffe pas durant le trajet de retour.

Je vais vous raconter l’histoire de Hector, le petit cochon.

Tout d’abord, je suis un chat noir. Plus tard, lorsque j’aurais des maîtres, ils me
nommeront : Vendredi 13 (pas superstitieux !) Mais ceci est une autre histoire.

Lorsque j’étais tout petit, je vivais avec ma maman dans un fenil au dessus d’une
écurie dans une ancienne ferme transformée en maison d’habitation.

119
Les propriétaires décidèrent un jour d’élever un cochon. Aussitôt dit, aussitôt fait et
voici qu’arrive un tout petit cochon de deux mois, rose et noir. Il l’installèrent dans
l’écurie, et l’appelèrent Hector.

Je vous assure que pour maman et moi, c’était un vrai régal, car par les interstices
du plancher, nous pouvions tout voir.

Comme Hector était vraiment mignon, et très joueur, tous les voisins sont venus le
voir, un jour l’un et un jour l’autre. Et tout le monde le caressait, le prenait dans les
bras et même lui faisait des bisous sur sa petite tête.

Pour les personnes qui s’étonneraient de cela, il faut savoir que, contrairement à ce
que l’on croit, les cochons sont très propres.

Comme nous les chats, il n’est pas question de mettre la nourriture trop près de
notre lieu de repos, et bien évidemment pas à coté non plus des «cabinets» ! Une
place pour chaque chose et chaque chose à sa place.

Bien sur, pour voir Hector jouer, chaque personne lui apportait à manger, une
carotte, du pain, des douceurs de toutes sortes. Le petit Hector ne se faisait pas
prier et se prêtait avec joie au jeu de fouiller dans la paille et de la faire valser avec
son groin au dessus de sa tête pour chercher le morceau de nourriture que chacun
prenait bien soins de cacher.

Au grand plaisir de ses maîtres, Hector grossissait bien et tout allait pour le mieux.

Mais un jour, Hector se coucha sur le côté et ne voulu plus jouer, il avait l’œil triste
et de drôle de petites tâches rouges vinrent consteller sa jolie peau rose et noire.
Cela dura trois jours, et ce qui inquiéta le plus ses maîtres, c’est qu’il ne voulait pas
manger non plus et cela, connaissant Hector, était vraiment un mauvais signe.

Ni une, ni deux, le vétérinaire fût appeler et notre petit Hector ausculter.

Que lui donnez-vous à manger ? demanda le vétérinaire et les maîtres de lui


montrer la nourriture spéciale pour cochon qu’ils lui donnaient. Les aliments étant
parfaits, le vétérinaire était vraiment perplexe devant ce problème.

120
A ce moment là, arriva une voisine venue voir notre petit ami. Qu’arrive-t-il donc au
petit Hector ? demanda-t-elle. Les maîtres lui expliquèrent le problème. Et bien dit
la voisine vous aller voir, je vais lui redonner de l’entrain et la voici qui cache un
petit gâteau dans la paille sous les yeux ébahis des maîtres et du vétérinaire.

Celui-ci se redressa d’un bond et demanda si Hector mangeait souvent de ces


petites gâteries. Les maîtres se regardèrent et lui répondirent qu’ils ne savaient
pas, mais la voisine indiquée que cela se reproduisait à chaque visite des amis
d’Hector.

Le vétérinaire fut pris alors d’un fou rire à n’en plus finir, il rangea tout ses
instruments et dit en hoquetant et bien j’ai le remède pour guérir Hector. C’est la
diète pendant huit jours !

Et c’est ainsi que dans mes premières semaines de vies j’ai vu un cochon atteint
d’une…. Indigestion.

l y a très longtemps, sur Terre, étaient deux clans : les Etres-Humains et les
Christalins. Les Christalins étaient un peu comme les assistants de Dieu, ils vivaient
au Paradis. Mais le problème était que quand ils avaient une quelconque mission à
exécuter sur Terre, ils échouaient, tellement ils étaient maladroits. Les Etres-
Humains subissaient leurs dégats.

C'est pour cela que les Etres-Humains et les Christalins étaient devenus des
ennemis jurés. Mais quelle était la solution, et qui pourrait la trouver pour que paix
et harmonie puissent revenir sur Terre ? C'est pour cela que Dieu décida, un jour,
de faire quelque chose pour que la paix revienne.

Il cherchait jour et nuit une solution pour mettre fin à cette guerre, mais il n'y avait
rien à faire, aucune solution valable ne se présentait. Cette guerre continua donc
encore et encore, les Christalins échouaient dans leurs tentatives. Par exemple,
quand ils devaient faire en sorte qu'un homme tombe amoureux d'une femme,
celui-ci devenait amoureux de son voisin, de son frère ou même de son chien !
Quand ils avaient un immeuble à reconstruire, ils le faisaient, mais soit par-dessus
un autre, soit ils ne le faisaient qu'à moitié. Cette guerre n'en finissait pas, jusqu'au
jour où un des Christalins vint voir Dieu.

121
Dieu lui demanda ce qui l'amenait. Le Christalin répondit, se considérant comme le
porte-parole, qu'ils en avaient assez que les Etres-Humains les considèrent comme
des "choses" inutiles. En plus, comme leurs missions échouaient à chaque fois, ils
commençaient à s'ennuyer au Paradis. Il fallait trouver une solution contre l'ennui et
pour que la paix revienne.

C'est à ce moment-là que Dieu eut une merveilleuse idée. Il allait faire d'une pierre
deux coups. Et si les Christalins descendaient sur Terre ? Ils pourraient apprendre à
vivre comme les Etres-Humains et si cela fonctionnait, la paix pourrait revenir !
Quelques jours après Dieu mit son plan à exécution.

Beaucoup de Christalins furent enchantés à l'idée de vivre comme les Etres-


Humains. Dieu envoya donc les Christalins sur Terre. Les Etres-Humains finirent par
accepter. Au bout d'une dizaine de jours, le plan se déroulait à merveille. Pour
prendre les habitudes, les Christalins faisaient exactement les mêmes choses, au
même moment que les Etres-Humains. Les Christalins s'amusaient beaucoup, ils
trouvaient ça plus amusant que le Paradis.

Mais au bout de quelques mois, il y avait encore un problème.

Les objets étant matériels, les Christalins ne pouvaient pas les saisir, ils passaient à
travers ! C'est pour cela que Dieu, après une longue méditation, trouva la solution :
il donna une "ombre" aux objets.

Au fil du temps, les Christalins trouvèrent cela tellement drôle, qu'ils décidèrent de
continuer, indéfiniment, à faire exactement les mêmes choses, au même moment,
que les Etres-Humains.

De nos jours, cette histoire s'est perdue avec le temps et les Etres-Humains ne font
même plus attention aux Christalins qui les suivent, dans le moindre de leurs
mouvements.

Et c'est depuis ce jour que les Etres-Humains, et les objets, ont une ombre ...

Nous sommes 2070. Je viens d’avoir 50 ans, mais mon apparence est celle d’une
personne de 85 ans.

122
J’ai de gros problèmes aux reins parce que je bois très peu. Je crois qu’il me reste
peu de temps...

Aujourd’hui, je suis une des personnes les plus vieilles de cette société.

Je me rappelle quand j’avais 5 ans.

Tout était différent

Il y avait beaucoup d’arbres dans les parcs,

Les maisons avaient de jolis jardins et je pouvais profiter d’un bain ou rester une
heure sous la douche.

Maintenant, nous utilisons des serviettes humidifiées avec de l’huile minérale pour
nettoyer la peau

Avant, toutes les femmes montraient leur belle chevelure.

Maintenant, nous devons nous raser la tête pour la maintenir propre sans utiliser
d’eau.

Avant, mon père lavait la voiture avec de l’eau qui sortait d’un tuyau d’arrosage.

Aujourd’hui, les enfants ne croient pas que l’eau s’utilisait de cette manière.

Je me rappelle qu’il y avait beaucoup de messages qui disaient

“FAITES ATTENTION A L’EAU“.

123
Mais personne n’écoutait.

Ils ne pensaient pas que l’eau pouvait disparaître.

Maintenant, toutes les rivières, les barrages, les lacs et les nappes aquifères sont
irréversiblement pollués ou épuisés.

D’immenses déserts constituent le paysage qui nous entoure de toute part.

Les infections gastro-intestinales, les maladies de peau et des voies urinaires sont
les principales causes de décès.

L’industrie est paralysée et le chômage est dramatique.

Les usines de traitement de l’eau sont la principale source d’emploi et tu es payé


avec un verre d’eau potable au lieu d’un salaire

Les agressions pour un bidon d’eau sont banales dans les rues désertes.

La nourriture est à 80% synthétique.

Avant, la quantité idéale d’eau à boire était de 8 verres par jour pour un adulte.

Aujourd’hui, je ne peux boire que la moitié d’un verre

Les vêtements sont jetables, ce qui augmente la quantité d’ordures.

Nous avons dû revenir aux fosses sceptiques comme au siècle passé parce qu’on ne
peut plus utiliser les réseaux d’égout par manque d’eau.

124
L’apparence de la population est affreuse: des corps affaiblis, ridés par la
déshydratation, une peau remplie de plaies à cause des rayons ultra-violets qui
n’ont plus la couche d’ozone pour les filtrer dans l’atmosphère.

De part la sécheresse de la peau, une jeune fille fille de 20 ans a l’air d’en avoir 40.

Les scientifiques font des recherches mais il n’y a aucune solution possible

On ne peut pas fabriquer d’eau. L’oxygène aussi est dégradé par le manque
d’arbres, ce qui a diminué le coefficient intellectuel des nouvelles générations

La morphologie des spermatozoïdes de nombreux individus s’est altérée.

Comme conséquence, beaucoup de garçons ont des insuffisances, des mutations et


des déformations.

Le gouvernement nous fait même payer l’air que nous respirons. 137 m3 par jour,
par habitant et adulte.

Les gens qui ne peuvent pas payer sont retirés des “zones ventilées” qui sont
dotées de gigantesques poumons mécaniques fonctionnant à l’énergie solaire.

Ils ne sont pas de bonne qualité mais on peut respirer.

L’âge moyen est de 35 ans.

Il est resté dans quelques pays un peu de végétation, ainsi que leur fleuve respectif
qui est fortement surveillé par l’armée

L’eau est devenue un trésor très convoité, plus que l’or ou les diamants.

125
Ici, en revanche, il n’y a pas d’arbres parce qu’il ne pleut presque jamais. Et quand
on arrive à enregistrer une précipitation, il s’agit d’une pluie acide.

Les saisons de l’année ont été sévèrement transformées par les essais atomiques et
les industries polluantes du 20ème siècle.

On nous avait averti qu’il fallait protéger l’environnement, mais personne n’y a fait
attention.

Quand ma fille me demande de lui parler de l’époque où j’étais jeune, je lui décris la
beauté des forêts

Je lui parle de la pluie, des fleurs, du bonheur de prendre un bain et de pouvoir


pêcher dans les rivières et les barrages, de boire toute l’eau que je voulais...

... et combien les gens étaient en bonne santé.

Elle me demande:

- Papa! Pourquoi il n’y a plus d’eau?

Alors, je sens comme un nœud dans la gorge.

Je ne peux pas m’empêcher de me sentir coupable,

parce que j’appartiens à la génération qui a fini de détruire l’environnement ou qui


n’a simplement pas pris en compte tant d’avertissements

Maintenant, nos enfants en paient cher le prix...

126
Sincèrement, je crois que la vie sur terre ne sera plus possible dans très peu de
temps parce que la destruction de l’environnement est arrivé à un point
irréversible.

Comme j’aimerais pouvoir revenir en arrière et faire en sorte que toute l’humanité
comprenne cela...

... quand nous pouvions encore faire quelque chose pour sauver notre planète
Terre!

Le 17 juillet 2005 on a encore de l’eau !! Merci

la lecture j'aime po ça !!!!"

il était une fois un tout petit garçon qui n'aimait po l'école, ouh là là , rien
d'extraordinaire car combiens de petites filles et de petist garçons aiment vraiment
l'école ?

à l'école c'est tout beau quand on y joue du petit matin jusqu'à la fin de l'après midi
,

à l'école c'est bien quand on y partage les gâteaux de sa maison fait pour partager
avec les copains, à l'école c'est bien quand on se chaparde quelques billes et qu'on
y soulève les jupes des filles,

à l'école c'est bien quand on joue au foot, quand quand on joue à la corde à sauter
sans se mélanger les pieds,

l'école c'est bien quand on a une maitresse gentille avec des baisers doux comme
le miel et des paroles toute douces que sa maman pourrait murmurer,

127
mais l'école c'est pas bien quand on doit jouer dans le préau l'hiver alors qu'on
aimerait patauger dans les flaques d'eau dans la cour de récréation,

c'est pas bien non plus de se battre pour un porte manteau que le copain a volé
sous son nez,

c'est pas bien quand il faut apprendre par coeur, réciter encore et encore, jongler
avec les mots et les chiffres et et et ....

"la lecture j'aime po ça" clâme un petit garçon de 6 ans ...

à cet âge c'est la maman qui lit les histoires le soir à l'heure où le marchand de
sable arrive avec sa grosse pelleteuse sur le petit garçon qui, contrarié pleure :
"z'aime po l'école, z'aime po lire, z'aime que le dessin, z'aime po l'école" !!!!!

un t et un o ça fait tu pour un petit bonhomme, un n et un o ça fait nous pour un


petit bout de chou !

il connait que m et a qui font ma et qui lui rapelles le début du mot maman, un p et
un a qui lui rapelle papa, mais le reste il en veut po, car la lecture il aime po ça !!!!

alors sa maman très contrarié et lasse de lire chaque soir en s'arrachant de sa belle
dentition un collier de syllabes, décida de mettre un plan d'attaque !

"voyons mon petit, essayons d'aimer la lecture" !!!!

petit minot perplexe que rien ne peut blesser ou vexer rqui étorquera : "m'en
moque l'école n'aime po ça ...."

alors la maman voyant les soirées à s'evertuer à faire aimer tous les livres de la
terre à sa têtue progéniture , devena de plus en plus fatiguée et un jour elle clâma :
"chui si fatiguée que j'arrive plus à m'endormir le soir" ....

le petit lui proposa sa suce et son doudou mais cela ne fit même pas déplacé une
cuillère à café même fortement tassée de sable du marchand s'étant dégonflé ....

128
alors le petit garçon ramena un premier livre, celui de la fée chenille qui était po
gentille car elle voulait po goûter aux myrtilles ...

"non po celui là s'exclama la maman, cette histoire je l'aime po !!!!

alors le petit garçon ramena un deuxième livre, celui de mimi l'abeille qui détestait
le miel ...

"non po celui là s'exclama la maman, cette histoire je l'aime po !!!!

le petit garçon un peu chagriné , pourtant insista !!!

"maman tu aimes la lecture alors laisses moi te lire celle là !!!"

la maman grogna : "non j'aime po les abeilles, ça pique c'est méchant"

le petit garçon s'exclaffa de rire : "mais maman c'est po vrai , les abeilles c'est
gentil , faut po les tuer car la maitresse à l'école nous a dis qu'elles sont si utiles,
beaucoup de personnes ne les aiment po mais moi je sais que c'est utile" ..

..

"alors dis moi jeune homme, tu n'aime po l'école et tu n'aimes po les livres ????

et c'est ainsi que TRIS + TAN donna une chance à sa maman de faire venir le
sommeil sur les yeux de sa maman, en commençant ainsi :

Il était une fois un petit garçon qui n'aimait pas les livres mais qui aimait les abeilles
et même les chenilles qui détestent les myrtilles , si certains petits enfants n'aiment
po la lecture, elle est pourtant bien utile car elle aide sa maman préférée à se
laisser bercer, rassurée, au pays des mots magiques que son petit garçon prononça
enfin ...

129
Il y a très très longtemps, dans un pays baigné par la mer et le soleil, vivait un riche
seigneur très puissant. Son peuple lui était fidèle et le respectait ou plutôt il le
craignait. Ce seigneur possédait tout ce qu’un seigneur peut posséder et pourtant, il
n’était pas heureux. Son malheur venait de son mauvais caractère. Il se mettait en
colère pour des riens, n’était jamais satisfait, n’aimait rien et ne désirait rien. Bien
plus, il terrorisait ses domestiques et se montrait souvent sans cœur pour son bon
peuple.

Mais en plus d’être colérique, il était belliqueux et il attaquait ses voisins sans
raison. Un matin, il décida de partir en guerre contre son voisin du Sud. Ses troupes
étaient nombreuses et bien armées et elles eurent tôt fait de gagner la bataille et
d’agrandir la terre du seigneur qui n’en avait pourtant pas besoin. Malgré cette
victoire, le seigneur n’était toujours pas heureux.

Les troupes revinrent au pays. Elles furent acclamées par la foule. Les rues avaient
été décorées de guirlandes de fleurs et de papier pour l’occasion. Les fanfares
jouaient au coin de chaque rue. Les femmes et les enfants dansaient sur les places.
Et le soir, un immense feu d’artifice fut tiré depuis les hauteurs de la ville. C’était le
plus beau feu d’artifice qu’on n’ait jamais vu de mémoire d’homme. Le peuple était
heureux. Mais le seigneur, loin de se réjouir gardait la mine renfermée et n’était
toujours pas heureux.

Le peuple se posait bien des questions sur son seigneur triste. A force de le voir, le
visage fermé et d’entendre ses soupirs, chaque habitant se sentit lui aussi gagné
par la tristesse. Le seigneur s’en redit compte et il ne comprenait pas pourquoi ses
sujets affichaient des regards tristes. Il fit seller son plus beau cheval et parcouru
toutes les rues de la ville. Chaque fois qu’il rencontrait quelqu’un, il lui demandait :
"- Dis-moi : qu’est-ce qui ne va pas ? Parle, je te l’ordonne."

L’homme courbait le dos mais n’osait avouer la cause de sa tristesse. Ils craignait la
colère du seigneur s’il lui disait la vérité. Tout les gens étaient fatigués de se battre
sans raison, d’attaquer sans être provoqué, de vaincre des voisins qui quelques
temps plus tôt étaient des amis et de trembler à chaque instant dans la peur de ne
pas satisfaire le seigneur.

Irrité par le silence de son peuple, le seigneur cravacha son cheval et s’en fut dans
la campagne. Il galopa longtemps, longtemps, quand soudain, il entendit un bruit
étrange. Ce bruit ressemblait au clapotis de l’eau mais il n’y avait pas d’eau à cet
endroit. Intrigué, il arrêta sa monture et tendit l’oreille pour mieux percevoir le
frémissement sonore.

A quelques pas de lui, un petit garçon aux cheveux châtains foncés et à la peau
matte était agenouillé sur le sol. Il était tellement occupé par son travail qu’il ne

130
remarqua même pas la présence du seigneur. Une à une, le petit garçon plantait
des petite graines qu’il sortait d’un petit sac en jute. Il chantonnait une chanson très
douce qui ressemblait à l’eau qui caresse les pierres.

En le voyant ainsi affairé, le seigneur sentit monter en lui une grosse colère. C’était
bien la première fois que quelqu’un ne faisait pas attention à lui. Il se contint
cependant car il était intrigué par la chanson. Au bout de quelques minutes, le
seigneur qui n’était pas patient, se mit à toussoter et le petit garçon le regarda un
sourire sur les lèvres. Ses grands yeux croisèrent ceux du seigneur qui sous le poids
du regard de l’enfant sentit fondre sa colère comme par enchantement. Le petit
garçon s’inclina respectueusement et tendit au seigneur son petit sac de jute
contenant les graines. Il s’en empara et sans même le remercier cravacha son
cheval et s’en retourna vers son palais.

Quand le soir arriva, il posa le sachet de graines à côté de son oreiller et s’endormit.
Au matin, il s’éveilla plein de force et d’énergie comme les matins où il décide de
partir à la guerre. Mais aujourd’hui, pas de guerre ! Il avait une bien meilleure idée.
Il descendit dans son jardin et se mit à labourer la terre.

Vous imaginez sans peine la surprise de ses sujets. Le seigneur travaillait dans les
jardins du palais en suant sous le soleil. Jour après jour, mois après mois, par tous
les temps, la pluie, la neige, le gel, il laboura, sema, nettoya les jardins en ne
ménageant pas ses efforts.

Un matin, le printemps apparu. L’air embaumait d’une senteur nouvelle. Les


oiseaux dans le ciel chantaient des mélodies aux accents inconnus. Dans les rues,
sous les rayons du soleil, les gens se parlaient en riant. Mais le seigneur ? Où était
le seigneur ? Pourquoi ne se réjouissait-il pas avec ses sujets ?

Il se tenait tout seul, à l’écart de tous. Dans sa main, il tenait un petit bouquet de
fleurs et de grosses larmes coulaient le long de ses joues. Il était triste de ne pas
savoir pourquoi il était triste. Partout autour de lui, ce n’était que joie et bonheur
mais dans son cœur, la peine était encore plus grande qu’à l’habitude. Il avait tant
travaillé pour donner un superbe jardin au palais. Il avait cru qu’en se dépensant
sans compter, il trouverait enfin la clé qui mène à la joie. Hélas ! Mille fois hélas !

Il se désespérait lorsqu’il vit arriver à ses côtés le petit garçon. Il avait bien un peu
grandi depuis le jour où il l’avait rencontré dans la campagne mais il le reconnut
sans peine à ses grands yeux et ses cheveux foncés.

131
- "Bonjour, dit l’enfant. Je m’appelle Jeremy. Regarde autour de toi, Seigneur.
Regarde avec ton cœur : l’herbe, les fleurs, les oiseaux, les papillons, les gens. Tu
sais, c’est là le secret du bonheur".

Il ouvrit les yeux et pour la première fois de sa vie, le seigneur vit les choses et les
êtres comme jamais il ne les avait vus auparavant. Il remarqua les couleurs,
entendit les chants, sentit les odeurs et la joie emplit son cœur. Il éprouva à cet
instant un amour sincère pour son peuple et il se dit qu’il était grand temps de
songer à se marier et à fonder une famille. En regardant Jeremy, il pensa que ce
serait merveilleux d’avoir un petit garçon comme lui. Il lui prit la main et l’emmena
dans son palais.

Quelques temps plus tard, le seigneur se maria et on raconte qu’il a eu de


nombreux enfants et a vécut très heureux car il avait compris que le bonheur vivait
dans les choses les plus simples qu’on a bien souvent à portée de la main.

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