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« The State as a Problem and Solution: Predation, Embedded
Autonomy, and Structural Change »
by
Peter Evans
1992
Objectifs de l’étude
• Retracer les caractéristiques
institutionnelles des États qui conduisent au
développement économique de même que
celles qui semblent le freiner.
• Appliquer les résultats aux programmes
d’ajustement et de stabilisation des PVD.
Méthode
Analyse comparative historique:
Les institutionnalistes:
Polanyi (1957)
Les institutionnalistes:
Weber (1968)
L’entreprise capitaliste à grande échelle n’est
possible que grâce à la présence d’une
fonction publique moderne.
• Les intérêts personnels des fonctionnaires
coïncident avec le bon fonctionnement des
marchés et l’accumulation du capital.
(Position opposée aux néo-utilitaires!)
Vues sur l’État
Les institutionnalistes:
Weber (1968)
La fonction publique selon Weber:
• Isolation face aux groupes d’intérêt:
État autonome
• Rendue possible par le statut distinct et
prestigieux de fonctionnaire de l’État
– méritocratie
– carrières de long terme
Importance de la prévisibilité des règles
Vues sur l’État
Les institutionnalistes:
Gerschenkron (1962)
Offrir un environnement propice à l’échange
(comme le prône Weber) n’est pas suffisant.
Problème du risque:
Les réseaux sociaux privés ne réussissent pas à
trouver le capital suffisant pour entreprendre des
bons projets à grande échelle (économie
d’échelle). L’État doit agir directement en tant
qu’entrepreneur “substitut”.
Vues sur l’État
Les institutionnalistes:
Hirschman (1958)
Ce ne sont pas les fonds d’investissement qui
font défaut dans les PVD mais plutôt
l’entreprenariat. L’État doit percevoir les
opportunités d’investissement et assurer
leurs réalisations concrètes.
Cela impose à l’État d’être très sensible aux
besoins des investisseurs privés et
d’anticiper leurs contraintes.
Vues sur l’État
L’État développeur
Le degré avec lequel un État répond aux
critères de Weber, Gerschenkron et
Hirschman détermine sa capacité d’action.
On parlera d’État développeur
(developmental State) si elle est
suffisamment élevée.
Notons que la recherche de rentes ne sera jamais totalement absente mais
l’État développeur aura un effet net positif sur le développement.
Vues sur l’État
L’État développeur
Peut-on identifier ce qui caractérise un État
développeur?
Tâche difficile…
Vues sur l’État
Dilemme:
Le Japon
• Le capital étant très rare dans les années qui ont
suivi la seconde guerre mondiale, l’État japonais a
dû se substituer aux marchés financiers sous-
développés.
• Le MITI (Ministry of International Trade and
Industry) joua un rôle crucial dans la « promotion
de prises de décision optimales » (maximize
induced decision-making).
• NB L’auteur se garde bien de parler de
participation directe de l’État dans la production.
État développeur:
Le Japon
• Champs d’intervention du MITI:
– Approuve les prêts de la « Japan Development Bank »
– Alloue des devises étrangères entre les différentes industries
– Licences à l’importation de technologies étrangères
– Crédits d’impôts
– Réglementation des cartels et de la concurrence
C’est une politique industrielle.
État développeur:
Le Japon
L’administration publique de type Weber…
Le recrutement des fonctionnaires du MITI se faisait
de manière très concurrentielle. Il rassemblait les
individus les plus brillants des meilleures
universités. Les postes de hauts fonctionnaires
étaient considérés comme les plus prestigieux.
n’est pas suffisante...
État développeur:
Le Japon
il y aurait aussi les réseaux internes,
ou gakubatsu, …
La cohérence de la fonction publique serait assurée
par les liens unissant les copains de classe des
universités d’élite. On parle alors des “aspects
non-administratifs de l’administration publique”.
(De manière analogue à la notion d’aspects non-
contractuels des contrats.)
État développeur:
Le Japon
et les réseaux externes.
Ces réseaux externes lient l’État avec le
secteur privé. Le succès de la politique
industrielle japonaise dépendrait
crucialement des liens existant entre le
MITI et les grands groupes industriels.
État développeur:
Le Japon
Les réseaux externes
• En parti dû au système de pré-retraire des anciens
du MITI appelé amakudari (descente du paradis).
Ces derniers se retrouvent dans des postes clés de
grandes corporations, d’associations d’industries
et d’organisations para-gouvernementales.
• On parle alors d’un système complexe
d’organisations intermédiaires et de réseaux
politiques informels au sein desquels aurait lieu
une part importante des négociations les plus
ardues.
État développeur:
Le Japon
Intégration et autonomie
La cohérence interne, ou autonomie, du MITI serait
une condition initiale nécessaire à sa participation
effective à des réseaux externes. Cette autonomie
leur permettrait de se fixer des objectifs
bénéfiques à la collectivité, indépendamment des
intérêts privés, tout en ayant, grâce aux réseaux
externes, une bonne compréhension des problèmes
affectant les industries.
Embedded autonomie
État développeur:
La Corée
La Corée présente des caractéristiques très
similaires a celles du Japon.
• Tradition méritocratique de recrutement de la fonction
publique. (Weber)
• Réseaux internes des fonctionnaires de l’académie
militaire. (Jeunes officiers impliqués dans le coup d’État de
Park Chung Hee.)
• Réseaux externes : Existence de liens très étroits avec
quelques grands groupes industriels (Chaebol).
État développeur:
Taiwan
• Administration de type Weberienne. (Héritage d’une longue tradition
d’administration publique du Continent.)
• Particularité: Politique industrielle basée très fortement sur des
entreprises d’État.
• Mais les fonctionnaires demeuraient à l’écoute des besoins des
entreprises privée. (Visites fréquentes, etc.)
• Et le régime a progressivement exposé les industriels aux rigueurs du
marché. (Pas de paradis pour ces derniers, contrairement à l’Amérique
Latine.)
Seul un État très autonome peut produire un tel bien
public.
États développeurs
Autre point commun entre le Japon et Taiwan:
Tous les deux étaient très sélectifs dans
leurs interventions. Cela semble être une
caractéristique importante d’un État
développeur.
États développeurs:
Évolution
Selon l’auteur, il viendra le temps où l’État
autonome et intégré ne sera plus nécessaire.
• Relâchement des contraintes sur le capital privé
• Carrières privées plus intéressantes
• Demandes de sécurité sociale des populations (au lieu de
simple accumulation du capital)
• …
Mais le passage se fera-t-il sans conflit?
Cas intermédiaire:
Le Brésil
• Une différence importante entre le Brésil et
les autres États développeurs réside dans le
recrutement des fonctionnaires, basé sur les
relations plutôt que la compétence.
• De plus, les emplois sont souvent de courte
durée (pas de plan de carrière).
Cas intermédiaire:
Le Brésil
• L’État a quand même créé des « poches d’efficacité », c-à-d des
organismes recrutant les meilleurs talents, pour des carrières de long
terme et créant des réseaux internes. (Banque nationale de
développement) Ce système a ses failles car n’étant que partiel, il rend
la coordination globale difficile.
• L’État brésilien était de plus dépendant d’une coopération avec les
grands propriétaires terriens, rendant difficile la création de réseaux
avec l’élite industrielle.
• Autre difficulté: La présence du capital transnational dans le secteur
manufacturier, prêt à dominer le marché local. (réaction défensive)
• Quelques succès: les industries automobiles et pétrochimiques, dus à
une intégration autonome partielle.
Cas intermédiaire:
L’Inde
Administration publique:
• Tradition weberienne d’administration
publique (examens d’entrée, réseaux
internes)
• Mais rotation fréquente du personnel.
Cas intermédiaire:
L’Inde
Réseaux externes:
• Structure sociale complexe rend les relations avec
l’extérieur difficile, ce qui limite sa capacité d’action.
• Argument des déséconomies d’échelle des organisations
administratives pour un pays si grand. Problème exacerbé
par les divisions ethniques, religieuses, de classe et
régionales.
• Élite divisée entre grands propriétaires terriens et
industriels. (Comme au Brésil, la présence d’une élite
agraire semble problématique.)
• Divisions idéologiques entre fonctionnaires et capitalistes:
De leur éducation, les premiers avaient des visions plutôt
socialistes et étaient issus de castes plus élevées.
Cas intermédiaire:
L’Inde
• Il y a quand même eu quelques succès dans les
années 50-60 suite aux investissements en
infrastructure et production de biens
intermédiaires.
• Problème d’absence de sélectivité: L’État
s’implique dans pleins de secteurs sans
discernement. (Entre 62 et 72, la part des actifs
corporatifs détenus par l’État est passée de 1/6 a
½.)
Quelques conclusions
1. Généralement, les services d’administration
publique sont en pénurie plutôt qu’offre
excédentaire.
2. Il y a plus que la définition strictement
webérienne d’une administration publique.
3. L’habilité à effectuer des tâches administratives
doit être considérée comme une ressource rare.
Il faut donc être sélectif.
4. Ne pas confondre capacité d’actions avec
isolation de l’État.
5. Une bonne administration doit combiner
intégration et autonomie.