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Stunkard AJ. Wadden TA. Psychological aspects of severe obesity. Am J Clin Nutr, 1992, 55, 524S-532S.
Studies of several overweight persons conducted before their undergoing antiobesity surgery have shown 1) that
there is no single personality type that characterizes the severely obese ; 2) that this population does not report
greater levels of general psychopathology than do average-weight control subjects ; and 3) that the complications
specific to severe obesity include body image disparagement and binge eating. Studies conducted after surgical
treatment and weight loss have shown 1) that self-esteem and positive emotions increase ; 2) that body image
disparagement decreases ; 3) that marital satisfaction increases, but only if a measure of satisfaction existed
before surgery ; and 4) that eating behavior is improved dramatically. The results of surgical treatment are
superior to those for dietary treatment alone. Practitioners should be aware that severely obese persons are
subjected to prejudice and discrimination and should be treated with an extra measure of compassion and
concern to help alleviate their feelings of rejection and shame.
* Review
RESUME
Les études sur les sujets avec surpoids faites avant leur traitement chirurgical montrent :
• qu'il n'y a pas de type de personnalité simple qui puisse caractériser les sujets sévèrement obèses (SSO)
• que cette population n'a pas un niveau plus élevé de psychopathologie que les sujets de poids moyen
• que les complications spécifiques de l'obésité sévère comprennent une image du corps perturbée et des
boulimies.
Les études faites chez des SSO après intervention chirurgicale montrent :
• que l'estime de soi et les émotions positives augmentent
• que l'image du corps s'améliore
• que la satisfaction conjugale augmente, mais seulement dans les cas où elle existe avant la chirurgie
• que le CA est amélioré.
Les résultats par traitement chirurgical sont supérieurs à ceux par traitement diététique seul.
Les praticiens devraient être conscients que les SSO sont sujets à des préjudices et discriminations et devraient
être traités par des mesures importantes de compassion pour éviter les sentiments de rejet et de timidité.
1. INTRODUCTION
Conclusions de la Conférence sur l'Obésité de 1985 : "l'obésité crée un énorme trouble psychologique". C'est vrai
pour le petit nombre (2) de SSO (<1 %) qui souffre d'obésité sévère > 45,5 kg ou 100 % de surpoids. Peu
d'information sur la psychologie des SSO et la plupart des données viennent de sujets qui sont traités par
chirurgie, ces sujets ne représentant pas la totalité des SSO. En dépit de ces limites, les informations disponibles
sont importantes pour toute personne intéressée par les SSO.
3. PREJUDICE ET DISCRIMINATION
Il est surprenant que les taux de psychopathologie ne soient pas plus élevés compte tenu de la pression
psychologique que les SSO doivent affronter. Le mépris pour l'obésité est très répandu, les obèses étant soumis à
des préjudices TRAD, dans tous les âges, sexes et classes sociales.
Les ENFANTS décrivent les obèses comme " fainéants, sales, laids, tricheurs, menteurs" (29). Quand on montre
des dessins d'enfants obèses ou d'handicapés, les enfants et les adultes trouvent que les moins désirables sont
les obèses (30-32). Malheureusement, même les personnes obèses manifestent les mêmes attitudes (29, 31).
Quand ils vieillissent les obèses font l'objet de discrimination. Plusieurs études en témoignent.
Canning et Mayer (33) rapportent des taux d'acceptation inférieurs dans les collèges prestigieux,
indépendamment des autres facteurs. De même, Pargaman (34) trouve que les obèses sont très sous-représentés
dans un collège privé.
Quand il cherchent un emploi (35, 36), les obèses sont sujets à discrimination. Roe et Eickwort (37) rapportent
que 16 % des employeurs refusent d'engager des femmes obèses et 44 % acceptent de les engager dans des
conditions particulières. Le coût de l'obèse est même calculé (38).
Armée, police, lutte contre le feu, aviation n'engagent pas les SSO et réprimandent ou rejettent ceux qui ne
peuvent maintenir un poids acceptable (27). L'étendue de cette discrimination est vraisemblablement sous-
évaluée (27, 35).
Les discriminations s'étendent à d'autres institutions, comme le mariage (39, 40). Une étude récente de Rand et
MacGregor (41) évalue pour la 1e fois la perception du préjudice et de la discrimination dont les SSO sont l'objet :
57 patients avant et 14 mois après la chirurgie, perte moyenne de poids : 45,5 kg. Un questionnaire de 20 items
fait pour cette étude révèle deux résultats. En pré-opératoire, les patients subissent un taux énorme de préjudice,
alors qu'en post-opératoire, ils n'en subissent presque pas.
Le Tableau 2 montre les exemples les plus frappants de préjudice et discrimination. Plus de 80 % des patients
répondent par "toujours" ou "en général" aux questions sur le fait d'être non attractif, sur les croyances d'être
sujet à des commentaires péjoratifs sur leur poids, sur le fait de ne pas aimer être en public.
Tableau 2. Responses of morbidly obese patients to questions concerning their weight and psychosocial
functioning
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Unattractive Attractive
Very Somewhat Very Somewhat
% % % %
How physically attractive do you feel, taking everything into account?
96.5 3.5 0 0
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Always Usually Sometimes Never
At work, people talk behind my back and have a negative attitude toward me related to my weight.
80.7 10.5 3.5 5.3
I feel that my weight has negatively affected whether or not I have been hired for a job.
67.3 20.4 10.2 2.2
I do not like to be seen in public. 66.7 17.5 14.0 1.8
I feel that I have been treated disrespectfully by the medical profession because of my weight.
45.5 32.7 16.4 5.5
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Un résultat est très important pour les médecins - et tout autre personnel de santé. 78 % des patients rapportent
qu'ils ont - toujours ou en général - été « traités sans respect par la profession médicale, en raison de leur poids ».
Les études des attitudes des médecins envers les SSO montrent que les perceptions des patients peuvent être
justifiées. Ainsi Maddox et Liederman (42) rapportent une étude sur 77 médecins qui décrivent leurs patients
comme "manquant de volonté, laids et disgracieux". Connaissant l'antipathie connue des médecins pour les
obèses, Keys suggère qu'elle est établie sur la croyance que les obèses sont égoïstes et immoraux. On a suggéré
que les attitudes négatives des médecins envers les obèses étaient sûrement basées sur les efforts infructueux
pour les faire maigrir. Cette explication peut s'appliquer au nombre relativement petit de médecins qui traite les
obèses, elle ne peut s'appliquer au plus grand nombre de médecins dont les contacts avec les obèses ne
comprennent pas des intentions de réduction de poids. Il est plus raisonnable d'associer l'antipathie des médecins
à des attitudes négatives importantes envers les personnes obèses.
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Le fait d'avoir ces symptômes compense certainement leur mal-être, canalise leur angoisse. "Quand je serais
mince, je trouverais du travail". La boulimie peut être considérée comme un comportement exutoire, adaptatif. Il
est possible que rien de plus n'apparaisse, au niveau, chez les obèses qui tant qu’ils sont gros, conservent bien
4.1. BOULIMIE
Il est surprenant qu'un comportement aussi critique TRAD que celui des obèses ait reçu si peu d'attention. Les
boulimies des obèses sont décrites depuis 1959 (44), mais les boulimies nerveuses avec vomissements et abus de
laxatifs chez des personnes normo-pondérales font l'objet de la majorité des études. Les boulimies sont des
comportements, et organiciens et nutritionnistes n'apprennent pas à les étudier. Or les obèses consultent surtout
ces thérapeutes. Il a fallu passer par le modèle boulimie nerveuse pour que l'ensemble de la communauté se
rende compte qu'il pouvait aussi exister chez les obèses2. Quelques études cependant étudient les boulimies chez
les obèses, en notant boulimie, boulimie nocturne, grignotage, difficulté à cesser de manger (45, 46). L'intérêt
pour les désordres alimentaires est récent. Les caractéristiques des boulimies sont exposées dans un article (47)
et résumées dans le Tableau 3.
Ces comportements seraient plus rares chez les personnes de poids normal. La fréquence chez les obèses suivant
des régimes, est de 20 à 46 % avec une valeur de 72 % chez les Over-Eaters Anonymous (47). Les échantillons de
ces obèses comprennent davantage de sujets modérément obèses que sévèrement. La fréquence de boulimie
chez les SSO est probablement plus élevée. Ainsi la Figure 1 montre que la fréquence de boulimie augmente avec
l’IMC (48). Spitzer (47) et Kolotkin (49) rapportent des résultats identiques.
Les obèses boulimiques ont des difficultés psychologiques plus importantes, dépression, anxiété, obsession, que
les obèses non boulimiques (48-52). De plus ces sujets ont tendance à abandonner les traitements et à reprendre
du poids, avec un régime à 1200kcal/j (51). Plus de recherche est nécessaire pour traiter ces obèses avec
boulimies.
Ces résultats sont un témoignage éloquent de la douleur de l'obésité : douleur qui demande beaucoup de
compassion et d'empathie de la part de ceux qui les soignenT.
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