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10 TÉMOIN ACS
11 Interrogatoire principal du Bureau du Procureur, par M. Moses.....................27
12
26 PIÈCES À CONVICTION
27 Pour le Bureau du Procureur :
28 P. 77...............................................................................................................17
29 P. 78 — sous scellés.......................................................................................26
30 P. 79 — sous scellés.......................................................................................90
31
1 D. 21 A, B et C — sous scellés.......................................................................88
2 D. 22 A et B — sous scellés............................................................................88
3 EXTRAITS
4 Extrait............................................................................................................59
5
3 M. LE PRÉSIDENT :
4 Bonjour. L’audience est ouverte.
5
33 Madame le Procureur.
34
35 LE TÉMOIN, MmeDUFKA,
36 ayant été dûment assermenté,
3 INTERROGATOIRE PRINCIPAL
4 PAR Mme MELLUISH :
5 Q. Madame Dufka, quelle était votre profession en 1994 ?
6 Mme DUFKA :
7 R. J’étais reporter photo de Reuters.
8 M. LE PRÉSIDENT :
9 Attention à la vitesse — et cela s’applique à toutes les deux. Ralentissez,
10 s’il vous plaît. Tout ce que vous dites est interprété et transcrit. Donc,
11 ralentissez, s’il vous plaît. Merci.
12 Mme MELLUISH :
13 Q. Au mois d’avril 1994, depuis combien de temps faisiez-vous ce travail ?
14 R. Depuis six ans.
15 Q. En tant que photographe, est-ce que vous aviez une spécialité ?
16 R. Oui. J’ai commencé ce travail « à » Salvador et j’ai couvert l’Amérique
17 centrale ; et à partir de ce moment-là, j’étais spécialisée dans la
18 couverture des conflits.
19 Q. Au mois d’avril 94, combien de conflits « armiez »... armés aviez-vous
20 couverts comme reporter photo ?
21 R. Je crois... six ou sept, à cette date.
22 Q. Vous souvenez-vous à quel endroit vous vous trouviez au début du mois
23 de mai 1994 ?
24 R. Oui. Au début de ce mois, j’assurais la couverture des élections en
25 Afrique du Sud. Je couvrais les élections en Afrique du Sud depuis le... la
26 troisième semaine du mois d’avril. Et vers le 1er mai ou le 2 mai...
27 M. LE PRÉSIDENT :
28 C’est trop rapide. Il y a des omissions dans la version française.
29 R. Est-ce que je dois recommencer ?
30 M. LE PRÉSIDENT :
31 Oui, allez-y.
32 R. À partir de la mi-avril, je couvrais les élections en Afrique du Sud. Et vers
33 le 1er ou le 2 mai, je suis partie d’Afrique du Sud pour Nairobi où j’ai
34 commencé à assurer la couverture du conflit au Rwanda.
35 Mme MELLUISH :
36 Q. Dans quelle région du Rwanda avez-vous assuré cette couverture du
1 conflit ?
2 R. À partir du 1er mai jusqu’au 8 mai, je suis venue en Tanzanie assurer la
3 couverture de l’exode d’environ 250 000 réfugiés rwandais qui étaient
4 venus ici au... en Tanzanie. Et je suis allée au Rwanda brièvement, à
5 l’époque.
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17 Donc, ils fouillaient nos affaires, ils vérifiaient nos passeports. Donc,
18 c’était très dangereux pour nous. Je pense que c’étaient les personnes
19 qui nous intimidaient et qui manquaient de professionnalisme dans la
20 manière dont « ils » géraient ces barrages routiers.
21 M. LE PRÉSIDENT :
22 Q. Et il s’agit bien de votre premier voyage, Madame ?
23 R. Ma deuxième... Mon deuxième déplacement était très semblable.
24 Q. Mais à cette occasion, nous étions autour du 10 mai ?
25 R. Tout à fait.
26 Q. Et au cours de cette première occasion, vous avez voyagé entre le
27 10 mai jusque... jusqu’au 15 ou.... jusqu’au 14 ou au 15 mai ?
28
29 À cette occasion, quand vous vous rendiez à Kigali, est-ce que vous avez
30 senti que vous étiez personnellement menacée lorsque vous franchissiez
31 des barrages routiers ?
32 R. Tous les occupants du véhicule se sentaient menacés, y compris les
33 gendarmes ou le gendarme ; visiblement, il était secoué lorsque nous
34 traversions ces barrages.
35 Q. Combien de barrages routiers environ avez-vous franchis en vous
36 rendant à Kigali ?
19 C’était une décision difficile de savoir s’il fallait voyager ou pas, étant
20 donné la première expérience que j’avais eue. Mais j’ai pris le risque, en
21 partie parce que je me souviens que le 19 mai, il y a eu
22 le bombardement de l’hôpital de Kigali, prétendument par le FPR, qui a
23 entraîné de nombreuses victimes et de nombreux blessés à l’hôpital. J’ai
24 donc pensé qu’en franchissant les barrages routiers tenus par les
25 miliciens, je leur dirais que j’avais envie d’assurer la couverture du
26 bombardement de l’hôpital — ce que j’ai effectivement fait, parce que
27 c’était une violation et je m’attendais à ce que cela nous permette de
28 trouver un terrain d’entente me permettant d’entrer dans le pays ou
29 dans la ville.
30 Q. À cette deuxième occasion, à quel endroit de Kigali avez-vous résidé ?
31 R. Toujours au quartier général de la MINUAR.
32 Q. Combien de nuit avez-vous passées ?
33 R. Une ou deux nuits.
34 Q. Vous êtes-vous rendue dans la ville de Kigali à l’hôpital, comme vous le
35 vouliez ?
36 R. Oui. Tout d’abord, je me suis rendue à l’hôpital. J’ai pris des photos des
21 Je vous remercie.
22 Q. Reconnaissez-vous ces photographies ?
23 R. Oui, il s’agit de photos que j’ai prises au Rwanda.
24 Q. Vous souvenez-vous qu’il y a, parmi ces photos, différentes scènes qui
25 sont représentées ?
26 Est-ce que vous vous rappelez à quel moment vous avez pris ces
27 photos ?
28 R. Oui, les photos de l’église de la Sainte-Famille représentent trois voyages
29 différents... ou trois déplacements ou visites que j’ai effectués à cet
30 endroit. Et je peux reconnaître quelle photo j’ai prise à... à quelle
31 occasion.
32 M. LE PRÉSIDENT :
33 Q. Et toutes ces visites ont eu lieu au cours du deuxième voyage ?
34 R. Non, lors de trois voyages différents. Le premier déplacement à la
35 Sainte-Famille a eu lieu vers le 18 ou le 19… ou même le 20 mai.
36 Q. Je crois qu’il y a un quiproquo. Vous avez dit que vous vous êtes rendue
33 Je m’excuse.
34 Me NEKUIE :
35 (Début de l’intervention inaudible : microphone fermé)... Madame le
36 Procureur.
1 M. LE PRÉSIDENT :
2 Très bien. Vous avez retrouvé la photo avec un enfant vêtu d’une
3 chemise blanche. Est-ce que nous sommes d’accord que la photo
4 suivante est celle d’un enfant qui est sur les genoux de sa mère ? Est-ce
5 que c’est la photo suivante ?
6
9 La photo suivante, c’est celle d’un homme qui est couché sur un banc,
10 suivie d’une personne qui lit un livre.
11
6 Donc, après avoir parlé à ceux qui tenaient le barrage, je suis entrée
7 dans la concession de l’église de Sainte-Famille.
8 Mme MELLUISH :
9 Je ne sais pas si la pièce P. 6 est ici au prétoire en ce moment. Je ne sais
10 pas si le Greffe est en mesure de la retrouver.
11
16 R. Je vous remercie.
17 Mme MELLUISH :
18 Q. Madame Dufka, je vous prie de regarder la photo n° 07 — je pense que
19 c’est dans l’ordre numéral ; est-ce que vous reconnaissez cet endroit ?
20 R. Oui.
21 Q. Est-il possible de nous indiquer à quel endroit se trouvait le poste de
22 contrôle ou le barrage routier ?
23 R. Je suis en mesure de reconnaître à peu près à quel endroit se trouvait le
24 barrage.
25 Q. Est-ce que vous pouvez tenir la photo en main pour que tout le monde la
26 voit — je sais qu’elle est petite —, et indiquer l’endroit ?
27 M. LE PRÉSIDENT :
28 Est-ce que le système vidéo de la Chambre peut faire un gros plan du
29 témoin pour que nous puissions voir distinctement la photo ?
30 R. C’était à peu près ici.
31 M. LE PRÉSIDENT :
32 Un peu plus avec le gros plan, s’il vous plaît. Très bien.
33 R. À l’entrée de l’église.
34
35 M. LE PRÉSIDENT :
36 Donc le témoin pointe un endroit à droite de l’église, comme nous le
1 Je m’excuse.
2 Q. Vous souvenez-vous à quel endroit vous vous êtes rendue en compagnie
3 du père Munyeshyaka ?
4 R. Je me souviens du quartier de Kigali où nous nous sommes rendus.
5 C’était à 10 ou 15 minutes de cette... de l’église de Sainte-Famille
6 lorsqu’on se déplaçait à véhicule.
7 M. LE PRÉSIDENT :
8 Q. Est-ce que le pistolet était au niveau de la ceinture ou du gilet du père
9 Wenceslas ?
10 R. C’est exact (sic), Monsieur le Président.
11 Mme MELLUISH :
12 Je vous prie de quitter la barre des témoins et de regarder la carte.
13
16 M. LE PRÉSIDENT :
17 Mais prenez votre casque avec vous.
18
19 Mme MELLUISH :
20 Je vais tout simplement vous signaler que la caméra va faire un gros plan
21 sur la carte, donc, veuillez vous mettre légèrement à l’écart.
22 Q. Donc, regardez cette carte pour déterminer les endroits que vous avez
23 visités.
24 R. Je me souviens que c’était à... sur une élévation, c’est-à-dire sur une
25 petite élévation dans la ville de Kigali. Et je crois que c’était en... vers
26 cette zone. Je me souviens que c’était du côté de la ville ou près de la
27 route menant à Butare.
28 Mme MELLUISH :
29 Merci. Vous pouvez vous rasseoir, Madame le Témoin.
30
33 Q. Et lorsque vous vous rendiez à cet endroit, est-ce que vous avez
34 rencontré d’autres barrages routiers ?
35 R. Oui. Nous avons traversé quelques barrages routiers, mais je ne me
36 souviens pas du nombre exact.
26 Mme MELLUISH :
27 Q. Avez-vous demandé à des... Avez-vous demandé à ceux qui étaient sur
28 les barrages de se tenir à un endroit précis pour que vous les filmiez, ou
29 de poser pour les photos ?
30 R. Lorsque nous sommes arrivés au poste de contrôle ou au barrage, le
31 père Wenceslas s’est adressé à ceux qui contrôlaient ou dirigeaient ces
32 barrages. Et à un certain moment, il a appelé quelqu’un qui, d’après les
33 dires du père Wenceslas, était le meneur des miliciens — quelqu’un du
34 nom de Robert Kajuga, a-t-il dit. Je ne me souviens pas si j’ai commencé
35 à prendre des photos avant un bref entretien avec Monsieur Kajuga ou
36 après.
2 Les personnes que j’ai vues... ou plutôt, je n’ai pas demandé aux
3 membres de la milice de poser pour la photo, ils se sont mis à poser eux-
4 mêmes devant moi. Et comme vous le voyez sur les photos, certains
5 d’entre eux ou certaines des photos sont des photos de groupe, lorsque
6 ces Interahamwe se sont regroupés pour la photo, et d’autres
7 continuaient à travailler, c’est-à-dire à stopper ou à arrêter les véhicules.
8 Q. Et comment vous ont-ils paru, quelle impression vous ont-ils laissée, ces
9 miliciens ?
10 R. Je me souviens avoir senti l’odeur de l’alcool dans leur haleine ; ils
11 sautillaient ça et là et criaient, et ils ne m’ont pas paru menaçants à moi
12 en particulier, mais je dois dire que j’étais anxieuse, parce que l’un
13 d’entre eux jouait un peu avec le détonateur d’une grenade à main.
14 Compte tenu du fait que certains d’entre eux étaient dans un état
15 d’ébriété et que leur comportement était désordonné, j’ai eu peur qu’il y
16 ait une explosion de grenade.
17 Q. Est-ce que « sur » l’une des photos quelconques que vous avez prises
18 montre cette personne qui jouait avec la grenade à main ?
19 R. Oui. Photo n° 8 ; la deuxième personne à gauche sur la photo.
20 M. LE PRÉSIDENT :
21 Et c’est la photo n° 8 lorsque nous comptons à partir du numéro 1, et le
22 numéro en « K » se termine par « 699 » — à l’attention de la Défense.
23 Me NEKUIE :
24 J’ai la photo, Monsieur le Président.
25 Mme MELLUISH :
26 Merci.
27 Q. Vous avez dit que vous vous êtes entretenue… ou vous avez parlé d’un
28 entretien avec quelqu’un dont on a dit que c’était Robert Kajuga. Est-ce
29 que vous pouvez donner une description de cette personne à l’attention
30 de la Chambre ?
31 R. Je me souviens que c’était quelqu’un d’environ 1,80 mètre, trapu, et
32 portant une tenue de camouflage. Je ne me souviens pas exactement de
33 ce qu’il portait.
34 Q. Est-ce qu’il semblait connaître le père Wenceslas ?
35 R. Oui.
36 Q. Et les autres membres de la milice connaissaient-ils le père Wenceslas ?
1 Mme MELLUISH :
2 Q. Après votre séjour à ce barrage routier, où vous êtes-vous rendue ?
3 R. Je suis retournée dans la camionnette blanche avec le père Wenceslas et
4 nous sommes retournés
5 à Sainte-Famille.
6 Q. Et après cela ?
7 R. De là, nous nous sommes rendus au quartier général de la MINUAR. Soit
8 ce jour-là, soit le jour suivant, je suis partie de Kigali pour Nairobi pour
9 pouvoir transmettre mes photographies.
10 Q. Si vous revoyez les photos de Sainte-Famille que l’on retrouve dans
11 l’album, est-ce que vous retrouvez les photos que vous avez prises lors
12 de la deuxième visite que vous y avez effectuée ?
13 R. Oui.
14 M. LE PRÉSIDENT :
15 Il faudrait que nous nous mettions d’accord sur la date de cette
16 deuxième visite.
17 Q. La deuxième visite à Sainte-Famille, à quelle date ?
18 R. C’était soit le 29, soit le 30 mai. Les photos 15 et 16.
19 Mme MELLUISH :
20 Q. Vous souvenez-vous de ce qui se passait, c’est-à-dire la scène que nous
21 voyons sur ces photos ?
22 R. Oui, lorsque le reporter Peter Smerdon et moi-même nous sommes
23 arrivés à Sainte-Famille, il y avait une réunion de tous les réfugiés à
24 Sainte-Famille, une réunion dont la préparation était en cours. Donc, ce
25 que vous voyez sur ces photos, c’est le déroulement de cette réunion.
26 Q. Et la photo 21 ?
27 R. Oui. Excusez-moi. Toutes les photos qui montrent des gens en groupe
28 assis sur des bancs, ces photos ont été prises soit le 29, soit le 30 mai. Et
29 je voudrais apporter cette correction : les photos prises le 29 mai ou le
30 30 mai, ce sont les photos 15, 16, 21, 22, 23... jusqu’au numéro 23.
31 Q. Et... Pour être précis, et la photo n° 24, est-ce que vous vous souvenez
32 de la date à laquelle elle a été prise ?
33 R. Non, je ne me souviens pas de la date.
34 Q. Et la photo 25 ?
35 R. Je ne m’en souviens pas. Je ne me souviens pas de la date.
36 M. LE PRÉSIDENT :
1 Ainsi, nous avons examiné toutes les photos jusqu’au « K720 ». Et les
2 deux dernières questions concernaient les photos 7 à 25. « 741 » ?
3 R. Il y a l’une de ces photos « qu’il » n’y a pas de numéro en « K ».
4 Mme MELLUISH :
5 Je crois que cela doit être « 741 »... « 711 », parce que la dernière photo,
6 c’est le « 741 ».
7 M. LE PRÉSIDENT :
8 La dernière photo dont nous avons parlé, c’est celle sur laquelle nous
9 voyons une personne en train de manger, c’est-à-dire un adulte et un
10 enfant.
11 Mme MELLUISH :
12 Q. En plus de ces photos prises lors des réunions, vous souvenez-vous
13 d’autres faits concernant votre visite du 28 ou... au 28... des 28 et
14 29 mai à Sainte-Famille ?
15 R. Là encore, le sentiment ou l’impression générale au sein de l’église était
16 une impression de tension, d’anxiété chez les réfugiés. Et ce jour-là, j’ai
17 également vu quelques gendarmes qui marchaient dans le complexe de
18 l’église, et... que vous pouvez voir dans les photographies... sur les
19 photographies.
20 Q. Est-ce que c’étaient là des personnes que vous n’aviez pas vues lors de
21 votre première visite à Sainte-Famille ?
22 R. Je pense que c’étaient les mêmes personnes, tout simplement, on les
23 avait rassemblées au même endroit.
24 Q. Non, je parle des gendarmes. Est-ce que vous aviez vu ces gendarmes
25 auparavant ?
26 R. Non, c’est la première fois que j’ai vu les gendarmes — autant que je
27 m’en souvienne.
28 Q. Vous souvenez-vous du nombre de gendarmes que vous avez vus à
29 Sainte-Famille cette fois-là ?
30 R. Environ trois ou quatre. Ils n’étaient pas nombreux.
31 Q. Veuillez examiner la photo n° 26. Il s’agit de la photo avec le numéro en
32 « K » se terminant en « 741 ».
33
1 Q. Vous voulez dire toutes les autres photos qui suivent jusqu’à « 32 » ou
2 bien est-ce qu’il y a... est-ce que vous parlez de certaines photos prises
3 en juin ?
4 R. Oui, les photos 26 à 33 ont été prises en juin, et ce sont des photos qui
5 ont été prises à un endroit précis dans une alcôve de l’église qui semblait
6 être utilisée à... pour... comme dispensaire ou comme centre de soins.
7 Q. Vous souvenez-vous ou avez-vous su comment ces personnes sont
8 devenues malades ou blessées ?
9 R. Non, je ne l’ai pas su.
10 Mme MELLUISH :
11 Merci. Je n’ai plus de questions pour le témoin.
12 M. LE PRÉSIDENT :
13 Nous devons examiner les photos 15 et 16.
14 R. Oui, nous y sommes.
15 M. LE PRÉSIDENT :
16 Les derniers chiffres, c’est : « 721 » et « 722 ».
17 Q. Il y a des personnes portant des uniformes sur ces deux photos. Savez-
18 vous qui étaient ces personnes ?
19 R. Je pense que c’étaient des gendarmes.
20 Q. Et est-ce que votre affirmation est fondée sur un élément d’information
21 quelconque ou bien vous
22 l’a-t-on dit simplement ?
23 R. Je me souviens que les gendarmes portaient des bérets rouges et des
24 parements rouges aux épaules.
25 M. LE PRÉSIDENT :
26 Défense ?
27 Me NEKUIE :
28 Merci, Monsieur le Président.
29
30 CONTRE-INTERROGATOIRE
31 PAR Me NEKUIE :
32 Madame le Témoin, bonjour.
33 Mme DUFKA :
34 Good morning.
35 Me NEKUIE :
36 Q. Madame le Témoin, je voudrais commencer par vous poser la question
25 M. LE PRÉSIDENT :
26 Poursuivez.
27 Me NEKUIE :
28 Q. Oui. Madame le Témoin, avez-vous conservé les références de ces
29 publications et avez-vous, avec vous, quelques exemplaires ?
30 R. Non, je n’ai pas de copie sur moi.
31 Q. Vous souvenez-vous, tout de même, des dates et des références desdites
32 publications et pouvez-vous nous les indiquer, s’il vous plaît ?
33 R. Je ne me souviens pas des dates. Je pourrais peut-être expliquer... Si
34 vous me l’autorisez, je peux expliquer comment la transmission et la
35 publication se déroulent dans un service de transmission par câble.
36
26 Par exemple, le barrage routier tenu par les miliciens, j’ai pris deux
27 pellicules de photo — une pellicule comportant 36 poses. Donc, j’aurais
28 pu transmettre quatre ou cinq. Donc, ce qu’ils auraient dans leurs
29 archives, c’est ce que j’ai pu transmettre.
30 Q. Merci, Madame le Témoin. Dites-moi, Madame le Témoin, lors de vos
31 entretiens avec les membres du Bureau du Procureur, avez-vous pu leur
32 apporter une preuve quelconque de ce que vous étiez, à cette époque,
33 un correspondant de l’agence Reuters ?
34 R. Vous me demandez si j’ai pu apporter la preuve que j’étais
35 correspondante de l’agence Reuters ?
36 M. LE PRÉSIDENT :
1 Est-ce que vous contestez ce fait, Maître, que ce témoin était journaliste
2 en 94, pour le compte de l’agence Reuters ?
3
4 Me NEKUIE :
5 Monsieur le Président, je voudrais simplement m’en assurer. Rien ne
6 m’indique, pour l’instant, qu’il s’agisse bien de ce correspondant. La
7 Défense a intérêt à vérifier tout cela.
8
31 Vous avez dit à la Chambre que vous avez eu à effectuer, au total, trois
32 voyages sur Kigali ; est-ce bien cela ?
33 R. Oui, à l’époque, c’est exact.
34 Q. Et si je vous ai bien suivi, Madame le Témoin, il y a eu deux voyages au
35 mois de mai et un au mois de juin ; est-ce bien cela ?
36 R. C’est exact.
1 Q. Lors...
2 R. Non, je m’excuse. J’ai effectué trois voyages. Tous ont commencé au
3 mois de mai. Le dernier voyage à l’occasion duquel j’ai passé six
4 semaines au Rwanda a commencé vers le 23 mai. Je m’excuse du lapsus
5 de tout à l’heure.
6 Q. Merci pour cette précision, Madame le Témoin. Et lors de votre première
7 visite à la paroisse Sainte-Famille, « avez »-vous l’occasion d’observer
8 tout autour de vous et de voir quel était — comment dire ? — l’aspect
9 des bâtiments ?
10 R. Oui, j’ai circulé dans la... l’enceinte ou dans la concession. Je ne suis pas
11 en mesure de dire s’il s’agissait de tous les bâtiments, parce que je ne
12 savais pas jusqu’où allait la concession.
13 Q. Et lorsque vous vous êtes trouvée à l’intérieur de l’église elle-même,
14 puisque vous y avez pris des photos, avez-vous observé que la toiture
15 paraissait normale ?
16 R. Je ne me souviens pas de l’aspect du toit. Dans le bâtiment principal, il
17 faisait frais, mais je pense que la toiture était une toiture normale.
18 Q. Il ne vous a pas semblé que cette toiture avait été plus ou moins
19 emportée par des bombardements, des obus ; non ?
20 R. Non, je n’ai pas souvenance de cela.
21 Q. Très bien, Madame le Témoin. Et pendant que vous étiez avec le père
22 Wenceslas, vous vous entreteniez normalement avec lui ?
23 R. Oui, nous discutions, nous nous entretenions ; il était assez aimable.
24 Q. A-t-il eu l’occasion de vous dire un peu dans quelles conditions se
25 trouvaient les réfugiés ? Avez-vous échangé là-dessus ?
26 R. Brièvement, surtout en ce qui concerne la visite que j’ai effectuée le 29
27 ou le 30 mai. J’étais « conscient » que le journaliste avec qui je faisais le
28 reportage s’était entretenu avec lui à ce
29 moment-là.
30 Q. Au fait, Madame le Témoin, vous souvenez-vous encore du nom de ce
31 journaliste avec lequel vous vous trouviez ? Et savez-vous ce qui lui est...
32 ce qu’il est advenu de cette personne ?
33 R. Oui, c’était Peter Smerdon. À ce moment-là, il était correspondant de
34 Reuters, basé à Nairobi.
35 Q. Oui, je voudrais également parler de cet autre journaliste local en
36 compagnie duquel vous vous trouviez. Vous souvenez-vous de son nom ?
1 miliciens... de personnes que vous avez eu à trouver sur les lieux lors de
2 votre première visite ?
3 R. Vous me demandez s’il y avait des membres de la milice à l’intérieur de
4 l’église ? Non, je ne me souviens pas avoir vu des membres de la milice
5 à l’intérieur de l’église. Ils étaient à l’extérieur de l’église elle6même.
6 Q. Merci pour cette précision... cette précision, Madame le Témoin. Madame
7 le Témoin, je voudrais que nous parlions du barrage où vous avez filmé
8 des personnes en état d’ébriété et d’ivresse, comme vous l’avez indiqué.
9 Est-ce le seul barrage que vous avez eu à filmer durant votre séjour à
10 Kigali ?
11 M. LE PRÉSIDENT :
12 Reprenez la question, s’il vous plaît, Maître.
13 Me NEKUIE :
14 Ma question est de savoir si c’est l’unique barrage qu’elle a eu à filmer,
15 parce que c’est un barrage dont les poses partent de la photo n° 1 à la
16 photo n° 14, à moins que je ne me trompe.
17 Q. Est-ce l’unique barrage que vous avez eu à filmer dans la ville de Kigali
18 pendant votre séjour ?
19 R. Oui, c’est le seul barrage routier dont j’ai pris des photos au Rwanda. La
20 situation était très tendue. J’étais effrayée lorsque je me trouvais aux
21 barrages routiers. C’est grâce à... au père Wenceslas qui m’a présentée
22 aux meneurs des milices ou des miliciens que j’ai pu prendre ces photos.
23 Q. Merci bien, Madame le Témoin. Et vous avez indiqué que c’est un barrage
24 qui se situait à proximité du chemin qui mène à Butare ; est-ce exact ?
25 R. Je n’ai pas dit « à proximité », c’était dans la partie de la ville de Kigali,
26 non loin de la route qui mène vers Butare. Je ne me souviens pas très
27 bien du quartier, mais comme je l’ai dit, c’était une élévation, donc, du
28 côté de l’endroit qui fait face à la route qui mène vers Butare.
29 Q. Très bien, Madame le Témoin. Avez-vous remarqué, pendant que vous
30 vous y trouviez, qu’il y avait un grand carrefour avec des feux rouges
31 dans cette zone ?
32 R. Je ne m’en souviens pas.
33 Q. Et autant que vous vous en souvenez, Madame le Témoin, ce barrage
34 était-il un très grand barrage ou un barrage moyen, d’après les
35 observations que vous aviez faites des autres barrages ?
36 R. C’est un barrage assez important. Et mon estimation est basée sur les
1 R. Oui, une précision. Si on regarde la carte dont nous nous sommes servis
2 il y a quelques instants, je me rappelle que le barrage routier se trouvait
3 à l’ouest, mais je ne voudrais pas dire que ce barrage routier se trouvait
4 à proximité de la route menant vers Butare. J’ai tout simplement pu
5 identifier le site, l’emplacement général de ce barrage routier.
6 M. LE PRÉSIDENT :
7 Mais si on laisse de côté la déposition du témoin qui est présentement à
8 la barre, étant donné que vous suggérez un quartier où se serait trouvé
9 ce barrage routier, j’ai eu l’impression que la Défense sait à quel barrage
10 routier se réfèrent les photos 1 à 14 ; est-ce que je me trompe ? Quelle
11 est la position de la Défense ?
12 Me NEKUIE :
13 D’après la description que nous a faite le témoin ce matin en se servant
14 de la carte, nous avons pu localiser ce barrage dans la zone de
15 Nyabugogo. Et je pense, Monsieur le Président, Honorables Juges, que la
16 Défense pourrait également se servir de cette carte pour prier le témoin
17 de localiser la zone de Gitega, afin que la Chambre puisse constater, au
18 regard de la carte, que c’est deux zones complètement différentes.
19 M. LE PRÉSIDENT :
20 D’accord. Donc, vous contestez le fait qu’il s’agirait du barrage de
21 Gitega.
22 Me NEKUIE :
23 Tout à fait, Monsieur le Président. Et avec la permission de la Chambre, je
24 ne sais pas si le témoin peut retourner vers la carte pour indiquer à la
25 Chambre la zone de Gitega, puisque c’est localisé... c’est matérialisé sur
26 la carte.
27 R. D’accord. Est-ce que vous pourriez rappeler le nom de... du quartier qui
28 commence par « N » pour que je puisse également l’indiquer sur la
29 carte ?
30 Me NEKUIE :
31 C’est Nyabugogo — « Nyabugogo ».
32 R. Je vous remercie, Maître.
33
1 carte.
2 Me NEKUIE :
3 Voulez-vous que je vienne vous assister, Madame le Témoin ?
4 L’INTERPRÈTE ANGLAIS-FRANÇAIS :
5 « Pardon ? » — semble dire le témoin.
6 R. Très bien.
7 Me NEKUIE :
8 Madame le Témoin, vous pouvez vous servir de la légende, ça vous
9 indique les noms des zones et exactement la situation sur la carte.
10 M. LE PRÉSIDENT :
11 Pourquoi nous servir d’un témoin de nationalité américaine pour lire une
12 carte du Rwanda ? Ce témoin ne connaît pas la ville. Généralement, les
13 cartes parlent d’elles-mêmes. Quel est le but de cet exercice ?
14 R. De toute façon, j’ai retrouvé ce quartier.
15 M. LE PRÉSIDENT :
16 Félicitations.
17 R. Comme je le disais, étant donné que je ne connaissais pas la ville de
18 Kigali, je ne saurais dire avec précision à quel endroit se trouvait ce
19 barrage routier. Je me souviens que c’était sur un endroit surélevé dans
20 cette zone à peu près, mais je ne peux pas être plus précise,
21 malheureusement.
22 Me NEKUIE :
23 Monsieur le Président, je suis désolé de soumettre la Chambre à cet
24 exercice. Mais ce témoin, de nationalité américaine, s’est rendu au
25 Rwanda et y a pris des photos. Alors, je pense que la Défense a intérêt à
26 situer exactement les lieux où il a eu à prendre ces photos.
27 Q. Alors, Madame le Témoin, je vous pose une question toujours afférente à
28 ce point : la zone que vous venez de localiser correspond-elle à la région
29 de Nyabugogo que vous avez également identifiée sur la carte ? Avez-
30 vous pu voir où se trouve Nyabugogo ? Et voyez-vous si cette zone-là se
31 situe à l’intérieur de Nyabugogo ?
32 R. Je ne saurais le dire.
33 Q. Très bien, Madame le Témoin. C’est sur ce point que je vais mettre un
34 terme à cet exercice avec vous. Et je remercie la Chambre pour sa
35 patience. La Défense a terminé avec son
36 contre-interrogatoire.
1 R. Je vous remercie.
2 M. LE PRÉSIDENT :
3 Réinterrogatoire ?
4
5 INTERROGATOIRE SUPPLÉMENTAIRE
6 PAR Mme MELLUISH :
7 Oui, une question, avec la permission de la Chambre.
8 Q. Madame Dufka, pouvez-vous nous dire si le barrage routier que vous
9 avez filmé se trouvait à Kigali-Ville ?
10 Mme DUFKA :
11 R. Oui, tout à fait.
12 Mme MELLUISH :
13 Je vous remercie.
14 M. LE PRÉSIDENT :
15 Q. Le poste de contrôle, à l’extérieur de l’église de Sainte-Famille, était tenu
16 par quel genre de personnes ?
17 R. Des jeunes gens, des hommes en tenue civile. Je les qualifierais de
18 membres de la milice.
19 Q. En tenue de ville ou en tenue civile ?
20 R. Oui (sic). Puis-je préciser mon propos ? Parfois, à certains barrages
21 routiers, des éléments de l’armée portant des tenues camouflées ou
22 civiles étaient présents, donc parfois, ils portaient une chemise civile et
23 un pantalon en camouflage, mais essentiellement, ceux qui étaient aux
24 barrages étaient en tenue civile.
25 Q. Je voulais tout simplement savoir si vous avez vu des militaires ou pas.
26 Et je constate que vous n’en avez pas vus. Je vous remercie.
27 M. LE JUGE EGOROV :
28 Madame le Témoin, une petite question. Revenons à ce barrage routier
29 où vous avez pris des photos.
30 Q. Combien de temps vous a-t-il fallu pour vous rendre de l’église Sainte-
31 Famille à cet endroit ?
32 R. Dix à quinze minutes. Mais il fallait franchir quelques barrages routiers,
33 négocier avec ceux qui tenaient ces barrages routiers, avant de
34 poursuivre. Donc, cela a pris du temps.
35 Q. En temps normal, cela prendrait moins d’une dizaine de minutes ?
36 R. Tout à fait, Monsieur le Juge.
1 M. LE JUGE EGOROV :
2 Je vous remercie, Madame le Témoin.
3 M. LE PRÉSIDENT :
4 Nous sommes arrivés au terme de votre audition. Nous vous remercions
5 d’être venue apporter votre témoignage à ce Tribunal. Nous vous
6 souhaitons un bon voyage retour.
7 Mme DUFKA :
8 Je vous remercie, Monsieur le Président.
9 M. LE PRÉSIDENT :
10 Quel est le témoin suivant ?
11 M. MOSES :
12 « ACS ». Je vais demander au Greffe de remettre aux Juges et à tous
13 ceux qui sont dans le prétoire la fiche d’identification de ce témoin ainsi
14 qu’une liste concise de noms supplémentaires qui pourraient être
15 évoqués au cours de l’audition de ce témoin.
16
19 M. LE PRÉSIDENT :
20 Est-ce que la déposition de ce témoin prendra beaucoup de temps ?
21 M. MOSES :
22 Plus d’une heure et demie d’interrogatoire principal.
23 M. LE PRÉSIDENT :
24 Donc, il faudrait, en fonction de la durée du contre-interrogatoire, avoir
25 un témoin en attente.
26 M. MOSES :
27 Oui, il y en a un déjà.
28 M. LE PRÉSIDENT :
29 « ACS », c’est dans quel classeur ?
30 M. MOSES :
31 Je ne saurais vous le dire, Monsieur le Président.
32 (La cabine d’interprétation français-anglais s’adresse au Président)
33
34 M. LE PRÉSIDENT :
35 Très bien. Merci Monsieur l’Interprète.
36
2 LE TÉMOIN ACS,
3 ayant été dûment assermenté,
4 témoigne comme suit :
6 INTERROGATOIRE PRINCIPAL
7 PAR M. MOSES :
8 Bonjour, Monsieur le Témoin.
9 LE TÉMOIN ACS :
10 Bonjour, Monsieur le Procureur.
11 M. MOSES :
12 Monsieur le Témoin, je voudrais vous rappeler que ce que vous dites est
13 traduit et enregistré par des sténotypistes, donc veuillez parler
14 lentement, et ne faites pas de phrases trop longues. Cela sera utile à
15 tout le monde.
16 LE TÉMOIN ACS :
17 D’accord.
18 M. MOSES :
19 Q. Monsieur le Témoin, au début de 1994, est-ce que vous savez qui était
20 préfet de Kigali, à cette époque ?
21 LE TÉMOIN ACS :
22 R. Oui, je le connaissais.
23 Q. Qui était cette personne ?
24 R. C’était Monsieur Tharcisse Renzaho. Et je pense qu’il occupait ce poste à
25 partir de 1990, et il est resté préfet jusqu’en 1994.
26 Q. Vous souvenez-vous de la date approximative ou de la date précise à
27 laquelle il est devenu préfet ?
28 R. Je ne me rappelle pas la date exacte, mais il a été nommé au mois
29 d’octobre, en 1990.
30 Q. Est-ce qu’il y a une raison précise pour laquelle vous vous souvenez de
31 sa nomination ?
32 R. Je pense que les Inkotanyi ont envahi le Rwanda le 1er octobre 1990, et à
33 partir de cette date, on a procédé à une réorganisation de
34 l’administration dans la ville de Kigali, et on a nommé un préfet militaire
35 à la tête de cette préfecture, sans doute pour pouvoir mobiliser les
36 habitants de la ville de Kigali aux combats qui risquaient de se dérouler
10
11
12
13
14
15
16
17
18
19
20
3 M. LE PRÉSIDENT :
4 Nous siégeons sur fondement de l’Article 15 bis parce que le Juge Egorov
5 sera absent jusqu’à la pause déjeuner. Veuillez poursuivre, Monsieur le
6 Procureur.
7
1 ces buissons pour rechercher les Inyenzi. Et c’est... C’est à cette date-là
2 que les gens du centre CELA ont été tués. Mais avant le massacre, il y a
3 eu ce qui a été appelé « travaux communautaires ».
4 Q. Très bien. Après que les gens de votre quartier sont venus faire les
5 travaux communautaires,
6 avez-vous vu quelqu’un arriver sur les lieux au CELA ?
7 R. Je ne me rappelle plus exactement qui serait venu au centre CELA, mais
8 je me rappelle l’attaque qui a visé ce centre. Je ne sais pas si je peux
9 m’étendre un peu sur cette attaque.
10
1 L’INTERPRÈTE ANGLAIS-FRANÇAIS :
2 Micro du témoin.
3 R. Il y avait de nombreux Interahamwe. Je me rappelle les noms de certains
4 de ces Interahamwe. Je ne sais pas si vous voulez que je vous donne
5 leurs noms.
6 M. MOSES :
7 Q. Allez-y, si vous pouvez nous donner deux ou trois noms d’Interahamwe
8 qui, selon vos souvenirs, étaient en compagnie des officiels ce jour-là.
9 R. Il y avait de nombreux Interahamwe, mais je me rappelle un certain
10 Nkeshimana, fils de Gikongoro. Il y avait un certain Fidèle Habimana,
11 alias Castar. Un certain Faustin Rwagatara, alias Las Vegas. Ils étaient
12 très nombreux, mais j’ai retenu les noms de ces personnes.
13 M. MOSES :
14 Monsieur le Président, Honorables Juges, « Nkeshimana », c’est « 183 ».
15 « Fidèle », c’est le numéro 49 ; « Castar », « 39 », et le dernier nom
16 figure sur la liste supplémentaire au numéro 4.
17 M. LE PRÉSIDENT :
18 Et le nom du père Gikongoro.
19 Q. Quel était le nom du père, Monsieur le Témoin ?
20 R. Je vous remercie, Monsieur le Président. C’est Nkeshimana qui avait
21 comme père Gikongoro.
22 Q. Nous voulons tout simplement nous assurer que le nom du père est
23 épelé de la même manière qu’une localité du même nom.
24 R. Il s’agit de la même orthographe, Monsieur le Président.
25 M. LE PRÉSIDENT :
26 Je vous remercie.
27 M. MOSES :
28 Q. Monsieur le Témoin, à votre arrivé au CELA, à peu près une semaine
29 après la mort du Président, y avait-il un prêtre ou des prêtres sur les
30 lieux ?
31 R. Lorsque je suis arrivé au centre CELA, tous les prêtres qui résidaient dans
32 ce centre étaient partis. J’ai rencontré les gens, qui avaient les mêmes
33 problèmes que moi, qui y avaient cherché refuge. Sinon, les prêtres
34 étaient partis bien avant.
35 Q. Qu’en est-il du 22 avril ? Y avait-il des prêtres sur les lieux ?
36 R. Le 22 avril, je parlerai de... du prêtre Wenceslas Munyeshyaka qui est
7 Lorsque vous dites que vous avez été tous alignés, était-ce hommes,
8 femmes et enfants mis ensemble ?
9 R. Oui, on a demandé à tout le monde de se mettre sur une queue, mais les
10 femmes ont été alignées à part, les enfants à part et les hommes à part.
11 Q. Pour que les choses soient claires, faisiez-vous partie des hommes qui se
12 sont mis en rang ?
13 R. Oui. Je fais partie des hommes qui ont été alignés sur une queue.
14 M. LE PRÉSIDENT :
15 Q. Monsieur le Témoin, le débroussaillage a-t-il été fait à partir du 10 heures
16 ? L’organisation des massacres a-t-elle commencé vers 10 heures ?
17 R. Je vous remercie, Monsieur le Président, Honorables Juges. Même s’il y a
18 eu ces travaux communautaires, je voudrais dire que c’était un prétexte
19 qui était utilisé pour commettre ce massacre. À ma souvenance, il y a eu
20 de nombreuses personnes qui sont venues couper les buissons...
21 Q. D’accord. D’accord. Mais écoutez attentivement la question, Monsieur le
22 Témoin. Vous avez dit que de nombreuses personnes sont arrivées vers
23 10 heures ; était-ce pour faire ce que vous appelez « travaux
24 communautaires » ou pour commencer à aligner les gens ? Je voudrais
25 tout simplement une indication horaire. Est-ce que vous pouvez nous
26 aider ?
27 R. À vrai dire, il ne s’agissait pas de travaux communautaires. C’est nous
28 que les gens recherchaient. Voilà ce que je peux vous dire. Parce que
29 nous savons ce que représentaient les travaux communautaires
30 normalement. Tout simplement, c’était quelque chose qui visait à
31 préparer notre massacre.
32 Q. Oui, et nous vous comprenons. À quel moment Monsieur Renzaho est-il
33 arrivé ? À quelle heure ? C’est ce qui nous intéresse pour le moment.
34 R. Je ne me rappelle plus l’heure exacte. Dans tous les cas, il est arrivé
35 dans l’avant-midi, avant que les travaux communautaires n’aient pris fin.
36 C’était toujours dans l’avant-midi, mais je ne me rappelle plus l’heure
1 exacte.
2 Q. À quelle heure les travaux communautaires ou... ce débroussaillage a-t-il
3 commencé ? À quelle heure ?
4 R. Si je devais faire une estimation, je dirais que les travaux
5 communautaires ont commencé un peu plus tôt vers 10 heures ou un
6 peu avant 10 heures. Je ne me rappelle plus l’heure exacte. Dans tous
7 les cas, c’était dans l’avant-midi.
8 Q. Et Monsieur Renzaho n’est pas arrivé à bord du blindé, mais dans sa
9 propre voiture. Est-ce ce que nous devons retenir de votre déposition sur
10 ce point ?
11 R. Il est venu à bord d’un autre véhicule. Dans les véhicules blindés, il n’y
12 avait que des militaires.
13 Q. Et il n’y avait qu’un seul véhicule blindé, Monsieur le Témoin ; vous
14 confirmez ?
15 R. Je ne me rappelle plus très bien, mais il y avait plus d’un véhicule blindé.
16 Je les ai vus. Vous savez si quelqu’un a peur, il est difficile d’observer
17 correctement, mais il y avait, dans tous les cas, plus d’un véhicule
18 blindé.
19 M. LE PRÉSIDENT :
20 Merci.
21 R. Je vous remercie, Monsieur le Président.
22 M. MOSES :
23 Q. Monsieur le Témoin, une fois que vous avez été alignés, vous a-t-on
24 donné des ordres ou des instructions ? Que s’est-il passé ?
25 R. Après nous avoir alignés, le préfet Renzaho en personne — et je pense
26 qu’il se le rappelle très bien —, il a donné des instructions, car c’est lui
27 qui dirigeait cette attaque. Il avait une feuille de papier en main et il a
28 passé cette feuille de papier à Angeline Mukandutiye, qui était
29 inspectrice des écoles à Nyarugenge. La liste a été lue et Renzaho a dit :
30 « Prenez qui vous voulez. »
31
32 Je ne sais pas si je peux continuer pour vous dire ce qui s’est passé par la
33 suite, après avoir fait cette déclaration.
34 Q. Je vous poserai d’autres questions pour que nous puissions prendre
35 connaissance des faits par étape, au lieu de livrer toute l’information en
36 une fois.
2 Après que Renzaho a dit à Angeline qu’elle pouvait prendre qui elle
3 voulait, des noms ont-ils été lus ?
4 R. Oui. Cela a été fait. Des noms ont été lus.
5 Q. Vous rappelez-vous le premier nom qui a été lu ?
6 R. C’était le nom d’un certain Charles Rwanga.
7 M. MOSES :
8 D’accord. Charles Rwanga, c’est le numéro 241 sur la liste, Honorables
9 Juges.
10 Q. Faisait-il partie des hommes qui avaient été alignés à l’extérieur ?
11 R. Rwanga Charles n’était pas sur notre queue. Il était resté caché quelque
12 part, parce qu’il savait qu’il était très recherché depuis 1990. Et comme il
13 n’était pas sur la queue, Angeline Mukandutiye a dit, en s’adressant à
14 Wilson Rwanga et à Deglote Rwanga — les enfants de Charles
15 Rwanga —, elle leur a dit : « Cherchez votre père, si vous voulez avoir la
16 vie sauve. » Les enfants ont pleuré en s’adressant à leur mère en lui
17 disant : « Maman, demande à papa de sortir pour qu’on ne nous tue
18 pas. »
19
20 C’est ainsi que les Interahamwe sont allés chercher à gauche et à droite
21 pour retrouver Charles Rwanga. Ils l’ont trouvé et l’ont mis « sur » la
22 queue devant tous les hommes.
23 M. MOSES :
24 Très bien. Monsieur le Président, c’est le « 244 » et « 245 ». Ce sont les
25 noms des fils de Rwanga.
26
1 toussait.
2 M. MOSES :
3 Oui, Monsieur le Président, vous avez tout à fait raison.
4 M. LE PRÉSIDENT :
5 Q. Qui a lu ces noms, Monsieur le Témoin ?
6 R. Lorsque le préfet Renzaho a passé la liste à Mukandutiye Angeline, c’est
7 elle qui a lu les noms, parce que la majorité des gens qui se trouvaient
8 dans ce centre résidaient dans son secteur. Elle était notre voisine, elle
9 connaissait tous ces gens. Le préfet ne les connaissait pas, il a juste
10 donné la liste à Angeline en lui disant : « Prenez qui vous voulez. » Alors
11 Angeline s’est mise à lire les noms pendant que nous nous étions alignés
12 « sur » une queue.
13 M. MOSES :
14 Q. Monsieur le Témoin, est-ce qu’il s’agit là de quelque chose que vous avez
15 entendu de vos propres oreilles, quelque chose qu’on vous a dit — ces
16 instructions que vous avez suivies du préfet et d’Angeline ?
17 R. Tout à fait, j’étais « sur » la queue et j’attendais ma mort. J’ai entendu
18 cela de mes propres oreilles ; cela a été fait devant moi pendant que je
19 me tenais « sur » une queue. Nous étions dans une cour, tous ensemble.
20 Q. Très bien. En dépit ou en dehors des enfants de Rwanga et leur père,
21 vous souvenez vous d’autres personnes qui figuraient sur cette liste ?
22 R. Je me rappelle de nombreux noms. Par exemple, Emmanuel Gihana qui
23 était avec moi. Si vous voulez, je peux donner tous les noms, d’après
24 mes souvenirs.
25 M. MOSES :
26 Emmanuel Gihana, c’est le numéro 65 sur la liste.
27 Q. Si vous pouvez vous souvenir de deux ou trois autres noms, vous pourrez
28 les citer.
29 R. Il y avait un certain Albert qui travaillait à la Radio Rwanda. Safari
30 Christophe, je pense qu’il était étudiant dans la faculté de gestion à
31 l’université. Il y avait aussi Charles Gahima et un certain Rwigamba. Je
32 me rappelle très bien les noms de ces personnes.
33 M. MOSES :
34 « Christophe Safari » se trouve sur la liste supplémentaire. Et dernier
35 nom, « Gahima », c’est un nom assez connu. Je vais peut-être demander
36 au témoin de donner l’orthographe de « Rwigamba ».
27 Puis-je continuer ?
28 Q. Oui, je vais vous arrêter momentanément, Monsieur le Témoin.
29
15 Les femmes et les hommes qui restaient là, comme moi, on nous a dit de
16 partir, de rentrer chez nous. Et c’est Renzaho qui nous a dit : « Allez,
17 rentrez chez vous, on va vous protéger dans vos résidences
18 respectives. »
19
31 Je sais que vous êtes très enthousiaste, vous voulez tout dire, mais
32 allons-y pas à pas.
33 M. MOSES :
34 Dans votre dernière réponse, Monsieur le Témoin, vous avez évoqué
35 différents aspects qui nous permettront de gagner du temps. Je vais
36 peut-être obtenir simplement des précisions sur certains faits.
26 Je dis : sur les quelque 40 personnes qui ont été emmenées, vous avez
27 parlé d’une personne qui a survécu. Et je dis : les autres, savez-vous ce
28 qu’il leur est arrivé ?
29 R. Tous ont été massacrés. Ils... Nous ne les avons plus revus. On les a tués
30 le long de la route qui descendait dans notre secteur. Et certains corps
31 ont été jetés dans les fosses qui se trouvaient à un endroit appelé CND.
32 C’était chez un certain Monsieur Iyaremye qui avait creusé des fosses
33 très profondes pour recueillir l’eau de pluie, et c’est dans ces fosses
34 qu’on a jeté certains corps, tandis que les autres personnes avaient été
35 tuées le long de la route.
36 Q. Et très brièvement, comment savez-vous que ces personnes ont été
28 Je confirme que c’est Renzaho qui dirigeait l’opération, et c’est même lui
29 qui avait la liste des personnes recherchées ; je ne sais pas comment il
30 se l’était procurée, mais c’est lui qui l’avait entre les mains.
31 Q. Merci. Ce processus qui a consisté à extraire les réfugiés et à les séparer
32 en plusieurs groupes pour emmener certains, est-ce que vous avez une
33 idée de la durée de ce processus ?
34 R. Je crois avoir déjà répondu à votre question. Cela a pris beaucoup de
35 temps. L’opération a commencé dans la matinée et elle a continué
36 jusqu’en début d’après-midi. Je ne peux pas vous donner l’heure précise,
1 mais l’opération a duré plusieurs heures. Je ne peux pas être plus précis,
2 mais l’opération a duré beaucoup de temps. Je veux donc parler du
3 processus de nous faire sortir des salles, de nous aligner et de lire les
4 noms des personnes qui étaient recherchées ; cela a pris plusieurs
5 heures.
6 Q. Et par la suite, après cet incident dont vous avez parlé, le 22 avril,
7 qu’avez-vous fait ?
8 R. Lorsque Renzaho en personne nous a ordonné de quitter le centre pour
9 que notre sécurité soit assurée dans le quartier, j’ai compris que je
10 n’avais pas d’autre endroit où je pouvais aller chercher refuge. J’avais
11 quitté mon domicile pour venir au centre et je ne pouvais pas me rendre
12 au... à l’église Sainte-Famille parce que ce site était sous la direction de
13 Munyeshyaka qui, lui-même, participait à l’attaque du CELA. Et cela m’a
14 poussé, donc, à prendre la décision de rentrer chez moi.
15
16 Et je dois vous dire que les personnes qui ont survécu, même au centre
17 CELA, ont été tuées par la suite.
18 Q. Très bien. Vous avez indiqué à la Chambre que vous aviez vu Renzaho à
19 l’occasion de réunions à plusieurs reprises avant le mois d’avril 94, et
20 vous l’avez revu le 22 avril 1994. Si vous le revoyiez aujourd’hui, seriez-
21 vous en mesure de le reconnaître ?
22 R. Je le connais, j’avais l’habitude de le voir. Et si vous voulez que je
23 l’identifie pour vous, je suis prêt à le faire.
24 Q. Je vous prie de vous lever.
25
5 Je vous remercie.
6 M. LE PRÉSIDENT :
7 En dépit de la légère ambiguïté en ce qui concerne le port des lunettes,
8 nous considérons que le témoin a identifié l’Accusé.
9 M. MOSES :
10 Je vous remercie, Monsieur le Président. Je n’ai plus de questions.
11 M. LE PRÉSIDENT :
12 Est-ce que vous allez devoir contre-interroger le témoin en audience à
13 huis clos, Monsieur le Conseil de la défense ?
14 Me NEKUIE :
15 Oui, Monsieur le Président, je pense que je vais effectivement devoir
16 commencer par une audience à huis clos.
17 M. LE PRÉSIDENT :
18 Si tel est le cas, je crois qu’il faudrait statuer sur votre requête aux fins
19 d’obtenir que votre enquêteur soit présent aux audiences, y compris les
20 audiences à huis clos.
21
21
22
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25
26
27
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35
36
3 M. LE PRÉSIDENT :
4 Témoin ACS, nous mettons fin au huis clos. Nous repassons à l’audience
5 publique pour la suite de votre audition.
6
7 Maître, à vous.
9 CONTRE-INTERROGATOIRE (suite)
10 PAR Me NEKUIE :
11 Q. Monsieur le Témoin, je souhaite que nous revenions un tout petit peu sur
12 l’incident du domicile de Monsieur Vincent Mugiraneza dont vous avez
13 été le témoin. Avez-vous vu, ce jour-là, arriver Angeline Mukandutiye, et
14 pouvez-vous dire à la Chambre si elle n’était accompagnée que des
15 Interahamwe
16 ou des soldats, soit de l’armée, soit de la Gendarmerie ?
17 LE TÉMOIN ACS :
18 R. Il y a un détail qui me revient, mais je vais d’abord commencer par ce
19 que j’ai pu voir concernant la mort de Mugiraneza et les membres de sa
20 famille. [Sur ordre du Président, la partie de l’intervention suivante a été
21 extraite de la transcription]. Je vous ai dit que je me trouvais à l’intérieur
22 de ma maison...
23 M. LE PRÉSIDENT :
24 Monsieur le Témoin, nous siégeons en audience publique. Il n’est pas
25 nécessaire de dire où vous résidiez, de donner des informations sur votre
26 voisinage.
27
36 Maître, posez des questions précises pour que le témoin puisse répondre
1 la personne qui était mon voisin m’a confirmé qu’il s’agissait d’éléments
2 de la Garde présidentielle.
3 Et j’avais moi-même constaté qu’il s’agissait d’éléments de la Garde
4 présidentielle.
5
6 Je pense donc que leur tenue ne devrait pas être un problème. Nous
7 devrions plutôt nous concentrer sur ce qui s’est passé chez mon voisin.
8 Ce n’est pas la tenue qui a été à l’origine du problème.
9 Q. Avez-vous vu, Monsieur le Témoin, les bérets que portaient ces deux
10 éléments de la Garde présidentielle, ce jour-là ; « oui » ou « non » ?
11 R. Je les ai vus, ils portaient des bérets de camouflage.
12 Q. Savez-vous qu’à cette époque, les éléments de la Garde présidentielle
13 portaient plutôt des bérets noirs ?
14 R. Laissez-moi vous dire ceci, Maître : je n’étais pas militaire, j’étais civil. Et
15 je vous ai dit que nous ne devrions pas nous lancer dans cette discussion
16 à propos des bérets.
17
18 Mais de ce que j’ai pu observer et de ce qu’on m’a dit, j’ai retenu ce que
19 je vous ai dit. Je pense que nous ne devrions pas nous appesantir sur les
20 bérets ou les tenues. Nous devrions plutôt nous attarder sur les
21 massacres qui ont été commis.
22 Q. Je vous suggère sur ce point, Monsieur le Témoin, que si vous n’êtes pas
23 en mesure de décrire
24 la tenue que portaient les éléments que vous dites avoir vus, cela
25 signifie que vous n’avez rien vu ce jour-là. Qu’est-ce que vous
26 répondez ?
27 R. Au début de ma déposition, je n’ai pas dit que j’étais en train de
28 témoigner contre les éléments de la Garde présidentielle. J’ai témoigné
29 contre Angeline Mukandutiye et ceux qui l’accompagnaient, ainsi que les
30 Interahamwe.
31
1 ne pouvez pas être dans un état où vous avez peur et vous mettre à
2 compter les gens. Nous ne faisions pas de recensement. Peut-être les
3 gens qui ont fait ce recensement peuvent vous donner ces chiffres.
4
5 Nous avions les mêmes problèmes, nous nous cachions pour échapper
6 aux massacres, nous attendions... nous nous attendions à être... à être
7 tués d’un moment à un autre. Donc, je n’ai pas pu... eu le temps de faire
8 ce recensement.
9 Q. Avez-vous eu le temps, pendant votre séjour, d’aller à la rencontre de
10 Monsieur Mugiraneza ?
11 R. Nous étions tous ensemble dans les salles. Nous faisions face aux
12 mêmes problèmes et tout le monde se parlait. Nous avions confiance les
13 uns dans les autres. J’ai donc pu parler à Mugiraneza et à d’autres
14 personnes qui se trouvaient dans ce centre.
15 Q. Donc, si je comprends bien, Monsieur le Témoin, vous pouviez vous
16 déplacer d’une salle à une autre pendant votre séjour au CELA ; est-ce
17 exact ?
18 R. Oui, cela était possible. Les salles n’étaient... n’étaient pas fermées. Je
19 vous ai dit que les prêtres avaient fermé leurs bureaux, mais que les
20 salles étaient restées ouvertes. Et ils sont partis sans rien nous donner.
21 Ils ont pris leurs effets et ils sont partis. Et quand je suis arrivé, les
22 réfugiés n’avaient rien ; ceux qui étaient arrivés avant moi n’avaient
23 rien.
24
1 je peux vous parler, c’est comment les gens ont été tués.
2
3 Mais actuellement, quand on rencontre des gens qui étaient avec vous et
4 qui ont survécu, c’est à ce moment-là qu’on peut évaluer combien de
5 gens ont été tuées. Mais il faut faire un recensement pour pouvoir
6 trouver tous ces chiffres.
7
8 Mais pour ce qui est des salles... pour ce qui est du nombre de salles, je
9 vous ai dit que je ne les ai pas comptées. Peut-être il y a quelqu’un qui a
10 fait un recensement, peut-être dans le but de tuer ces gens ; peut-être
11 cette personne peut vous donner le nombre de salles et le nombre de
12 personnes qui se trouvaient dans ces salles.
13 Q. Combien de salles, Monsieur le Témoin, séparaient le lieu où vous vous
14 trouviez personnellement de celui où se trouvait Monsieur Mugiraneza ?
15 R. Je me souviens que dans cette salle où je me trouvais, malgré que je n’ai
16 pas fait des... je n’ai pas procédé au comptage des salles, mais je peux
17 vous dire que je pense que je me trouvais dans la même salle que
18 Mugiraneza. Je pense que cela était le cas.
19
20 C’étaient des grandes salles qui, peut-être, étaient des salles de réunion
21 auparavant, et il y avait beaucoup de gens dans ces salles.
22
23 Je ne suis pas retourné sur les lieux pour compter ces salles ; je crois que
24 je ne suis plus allé depuis cette date du 22 avril 1994.
25 Q. Et celui dont je tais le nom, mais à propos duquel vous avez dit qu’il
26 avait pu échapper à l’incident du CELA — à la mort —, était-il dans la
27 même salle que vous ou dans une autre salle ?
28 R. Je ne peux pas vous répondre sans savoir de qui vous parlez, Maître.
29 Vous me dites que cette personne a survécu ; est-ce qu’elle se trouvait
30 au centre CELA ou à l’extérieur ? Parlez-moi des circonstances dans
31 lesquelles cette personne a pu survivre et je pourrai vous répondre.
32 M. LE PRÉSIDENT :
33 Vous avez mentionné 40 personnes et vous avez dit qu’une seule de ces
34 personnes a survécu ; c’est à cette personne qu’il fait allusion.
35 L’INTERPRÈTE KINYARWANDA-FRANÇAIS :
36 Le témoin vient de prononcer le nom de cette personne. L’interprète
1 le problème, parce que je ne pense pas que c’est là vraiment ce qui est
2 important dans ma déposition.
3 Q. Monsieur le Témoin, avez-vous une idée du nombre total de réfugiés que
4 vous étiez à cette époque-là ?
5 R. J’ai déjà répondu à cette question. Je vous ai dit que nous étions
6 nombreux, mais que je ne me souviens pas du nombre exact de réfugiés.
7 Je vous ai dit que je n’avais pas fait de recensement. Je vous ai dit que je
8 n’ai pas fait cet exercice de... essayer de me rappeler qui était mort, qui
9 a survécu, pour pouvoir vous donner des chiffres précis.
10
1 les Inyenzi ? ».
2
13 Monsieur le Procureur.
14 M. MOSES :
15 Cela ne donnera droit ou lieu qu’à une réponse équivoque. À mon avis,
16 cette ligne de questionnement, en l’absence de documents ou d’un
17 croquis, cela ne peut que semer la confusion dans l’esprit de tout le
18 monde.
19 M. LE PRÉSIDENT :
20 Que visez-vous, Maître ? Je suppose que vous contestez le fait que le
21 témoin était sur les lieux.
22 Je pense que tel est l’objet de ce questionnaire.
23 Me NEKUIE :
24 Et cet objet est en train d’être atteint, Monsieur le Président, parce que je
25 ne pense pas que le témoin ait besoin d’un croquis pour me dire
26 exactement ce qui se déroulait ce jour. Et je vais le faire valoir tout à
27 l’heure, après la réponse à la dernière question que je viens de lui poser.
28 M. LE PRÉSIDENT :
29 Mais il faudrait que vous soyez clair. De toute façon, la version anglaise
30 de la question n’était pas facile à comprendre. Et je ne pense pas que la
31 version française que j’ai sous les yeux était intelligible. Je ne pense donc
32 pas que la communication soit effective. Essayez de reformuler
33 de manière à ce que les questions soient claires.
34
35 Me NEKUIE :
36 Je vais le faire, Monsieur le Président.
22 Par ailleurs, lui-même connaît très bien cet incident, à moins qu’il ne
23 conteste les incidents du CELA et s’il conteste sa présence.
24
1 Q. Monsieur le Témoin, je m’en vais vous donner lecture d’un tout petit
2 extrait de votre déclaration de 2004. C’est la dernière page de la
3 déclaration — page 4, plus précisément —, version française, début du
4 troisième paragraphe... du quatrième paragraphe — au temps pour moi.
5 M. LE PRÉSIDENT :
6 Veuillez commencer.
7 Me NEKUIE :
8 « Le 22 avril 1994, nous avons reçu la visite du préfet Renzaho Tharcisse,
9 escorté par un groupe de militaires et d’une vingtaine d’Interahamwe
10 dont je connaissais certains ».
11
16 Donc, les hommes se sont alignés d’un côté, et les femmes de l’autre
17 côté. Donc, de l’endroit où nous nous trouvions, nous pouvions entendre
18 ce qui se disait et nous pouvions voir ce qui se faisait. Après qu’on nous
19 ait demandé de nous mettre en ligne, c’est à ce moment-là qu’on a lu...
20 lu les noms qui se trouvaient sur la liste, les noms des personnes qui
21 étaient plus recherchées que les autres.
22
27 Et nous avons constaté qu’il est très difficile, après 12 ans, de faire une
28 estimation en mètres.
29 Mais étant donné que vous-même vous avez fait allusion à ce prétoire,
30 est-ce que vous pouvez évaluer la distance par rapport à un point dans
31 ce prétoire ? Est-ce que c’est ce mur ou cet autre mur, ou plutôt la
32 distance entre vous et la Chambre ?
33 R. C’était la même distance qui me sépare maintenant du préfet Renzaho.
34 M. LE PRÉSIDENT :
35 Selon les mesures du prétoire, la distance entre le témoin et le milieu de
36 la première rangée, c’est, en fait, 7,40 mètres, donc, environ 8 mètres.
3 Question suivante.
4 Me NEKUIE :
5 Q. Monsieur le Témoin, vous avez indiqué, lors de votre interrogatoire
6 principal, que Monsieur Renzaho a remis une liste à Madame
7 Mukandutiye et lui a indiqué qu’« il » pouvait amener qui il voulait. Est-ce
8 ce qui a été fait en définitive, ou bien sont-ce essentiellement les
9 personnes figurant sur la liste qui ont été sélectionnées ?
10 R. J’ai déclaré qu’après que Renzaho ait remis la liste à Angeline
11 Mukandutiye en lui disant de prendre ceux qu’il voulait... ceux qu’elle
12 voulait, on a lu les noms qui se trouvaient sur la liste. Et ce sont ceux-là
13 qui sont partis, les noms... les personnes dont le nom figurait sur la liste.
14 Et après cela,
15 il a dit... il a dit aux autres de rentrer chez eux et que c’est là qu’on allait
16 assurer leur sécurité.
17 Q. Vous avez indiqué le nom... les noms de quelques personnes qui
18 figuraient sur cette liste, d’après vos déclarations, Monsieur le Témoin ;
19 bien évidemment, dois-je considérer que vous, vous n’en faisiez pas
20 partie ?
21 R. Mon nom ne figurait pas sur la liste parce que sinon, je serais parti avec
22 les autres. Et d’ailleurs,
23 il y a d’autres hommes qui sont restés et qui étaient mes voisins. C’est
24 pour cela que je vous dis que les personnes qui sont parties sont les
25 personnes dont le nom figurait sur la liste. Mais je dois vous préciser que,
26 par la suite, il y en a d’autres qui ont été tués qui étaient restés à cette
27 occasion-là.
28 Q. D’après vous, Monsieur le Témoin, les personnes sélectionnées
29 présentaient-elles un critère commun pour être sélectionnées ?
30 R. Quel critère commun, Maître ?
31 Q. D’après l’observation que vous avez faite ce jour, Monsieur le Témoin, y
32 avait-il un point commun qui justifiait le fait que ce soient ces personnes
33 qui aient été sélectionnées ce jour-là ?
34 R. Pouvez-vous me donner un exemple de... d’un critère, pour que je puisse
35 vous répondre ?
36 Je ne comprends pas très bien votre question.
19 Je ne voudrais pas m’attarder là-dessus parce que j’ai déjà expliqué cela
20 en long et en large. J’ai dit que moi, j’ai réalisé que je ne pouvais pas
21 aller chercher refuge ailleurs ; que je ne pouvais pas, par exemple, me
22 rendre au site Sainte-Famille alors que Munyeshyaka, qui était en charge
23 de ce site, faisait partie lui-même de l’attaque. Et j’ai même expliqué que
24 la plupart des survivants du CELA qui sont allés au site de la
25 Sainte-Famille ont été tués par la suite.
26
34 Je vous ai déjà dit que je n’ai pas fait de recensement pour connaître le
35 nombre d’Interahamwe qui étaient présents, le nombre d’Interahamwe
36 qui sont partis avec les personnes qu’on a enlevées au centre CELA,
26 Question suivante.
27 Me NEKUIE :
28 Q. Monsieur le Témoin, à propos de cette camionnette sur laquelle se
29 trouvaient embarquées
30 les 40 personnes sélectionnées, je voudrais que vous me précisiez le
31 nombre approximatif d’Interahamwe qui sont également montés à bord
32 et se trouvaient accrochés sur les ridelles de la camionnette pour
33 convoyer les personnes à abattre. Pouvez-vous le faire ?
34 R. Je viens de répondre à cette question, Maître. Je ne comprends pas
35 pourquoi vous la posez
36 à nouveau. Je vous ai dit que je n’ai pas fait de recensement, j’ai donné
1 ces noms suite à cette question précise, Maître. Je vous ai dit qu’il y avait
2 de nombreux Interahamwe qui étaient partis avec ces victimes.
3 Q. Donc, ils étaient nombreux, mais vous ne pouvez pas vous faire une idée
4 du nombre ; c’est cela ?
5 R. Quand je dis qu’il y avait de nombreux Interahamwe, en fait, je veux dire
6 qu’il y avait plus de 10 personnes. Notez que je viens de dire qu’ils
7 étaient 10, mais ils étaient nombreux, ce qui, pour moi, veut dire qu’ils
8 étaient plus de 10.
9 Q. Monsieur le Témoin, trouvez-vous réaliste que plus de 10 personnes
10 embarquent à bord d’une camionnette dans laquelle se trouvent déjà
11 placées une quarantaine d’autres personnes ? Cela vous paraît-il
12 raisonnable ?
13 R. Moi, je vous ai dit que quand les gens sont transportés confortablement,
14 cela serait impossible, mais c’étaient des gens qu’on allait tuer, on les a
15 juste entassés dans la camionnette. On aurait pu même en mettre plus
16 de 100. Il y avait beaucoup de gens dans la camionnette et je pense que
17 même ils...
18 ils ont dû en tuer en chemin. Ils étaient tellement nombreux qu’ils ont
19 été obligés de les tuer... de tuer certains en chemin. Je crois déjà voir
20 expliqué cela.
21
35 La question, Maître.
36 Me NEKUIE :
21 Je m’arrête là, et je vous indique que vous y avez fait référence au CELA.
22 Cela vous revient-il maintenant ?
23 R. Je m’en souviens, Maître.
24 Q. Très bien, Monsieur le Témoin.
25 R. M-hm
26 Q. Monsieur le Témoin, je voudrais donc que vous m’expliquiez pourquoi en
27 cette date du 27 avril 98, vous n’avez pas fait mention du nom du préfet
28 Renzaho comme figurant parmi les auteurs ou coauteurs de cet incident
29 du CELA ?
30 R. Je vous remercie, Maître. Il faudrait que la Chambre fasse une distinction
31 entre ces deux dossiers... ces deux documents. Dans... Cette déclaration
32 que j’ai faite en 1998 près du parquet de la République rwandaise est
33 différente de la déclaration que j’ai faite concernant l’attaque du CELA où
34 j’ai parlé du préfet Renzaho.
35
1 dans ces actes concernant le comité de crise alors que je n’avais pas
2 remarqué sa présence. J’ai parlé de Renzaho en relation avec ce qui s’est
3 passé au CELA. Il faut que vous compreniez que ces gens n’ont pas
4 commis de crimes seulement au CELA. Je ne pouvais pas accuser
5 Renzaho de ce qui s’est passé au centre Saint-Paul ou de ce qui concerne
6 les réunions
7 du comité de crise, alors que je sais qu’il n’était pas... je ne savais pas
8 qu’il était impliqué dans ces faits-là. J’ai parlé de ces personnes en
9 relation avec ce qui s’est passé au CELA, mais j’ai également... j’ai parlé
10 également d’elles dans le cadre d’autres sites où Renzaho n’était pas
11 impliqué.
12 Q. Donc, Monsieur le Témoin, Monsieur Renzaho a fait massacrer des
13 personnes qui vous étaient chères, et par deux fois, vous vous rendez
14 auprès des autorités judiciaires rwandaises, vous parlez de ses complices
15 et coauteurs relativement à ces événements, sans faire allusion à
16 Monsieur Renzaho ; cela vous paraît-il normal ?
17 R. (Intervention non interprétée)
18 M. LE PRÉSIDENT :
19 Il n’est pas nécessaire que le témoin reprenne sa réponse maintenant. Il
20 a répondu ; les opinions peuvent être divergentes. La Chambre a saisi le
21 sens de la preuve. Est-ce qu’il y a d’autres éléments qui restent ?
22 Me NEKUIE :
23 Monsieur le Président, je m’incline face à la décision de la Chambre de
24 me faire passer à autre chose.
25 Q. Monsieur le Témoin, je vous suggère que vous n’avez jamais été au CELA
26 le 22 avril 1994 et n’avez jamais vu Monsieur Renzaho dans ces lieux ;
27 quelle est votre réponse ?
28 R. Vous dites que je n’ai pas vu Renzaho en date du 22 avril ? Mais, Maître,
29 il est assis là, à côté de vous, demandez-lui s’il n’a pas été au CELA à
30 cette date, ensuite nous pourrons continuons... nous pourrons continuer.
31 Mais est-ce que vous lui avez posé cette question et il vous a répondu
32 qu’il n’a pas été au centre CELA à cette date ? Demandez-lui s’il n’a pas
33 été au CELA.
34
1 M. LE PRÉSIDENT :
2 Le témoin maintient sa version des faits.
3 Me NEKUIE :
4 Monsieur le Président, je sais pas si je dois interrompre le témoin quand il
5 s’exprime mais, moi, j’attendais qu’il ait fini, et puis que je continue.
6 Parce que je reçois déjà de nombreuses remarques de la part de la
7 Chambre, si mon exercice paraît exaspérant, je suis prêt à m’arrêter là.
8 M. LE PRÉSIDENT :
9 Le problème, c’est que nous voulons éviter des répétitions. Vous avez
10 suggéré au témoin que ce qu’il a dit à propos de CELA n’était pas exact,
11 le témoin a fait une longue réponse pour vous répondre et, maintenant,
12 nous, pour résumer, nous disons que le témoin maintient sa version des
13 faits. C’est la raison pour laquelle il vous a retourné la question.
14
5 Voici ce que vous dites, Monsieur le Témoin : « Angeline avait une liste de
6 plusieurs personnes que les Interahamwe ont interpellées et mises de
7 côté. Parmi celles-ci, il y avait, entre autres, Rwanga Charles — je
8 suppose que c’est Rwanga —, un maçon et ses deux fils, Wilson et
9 Déglote, Emmanuel Gihana et Albert. Les Interahamwe les ont conduits
10 hors du centre CELA pour les tuer sur ordre de Renzaho qui a dit :
11 "Amenez ces gens." Nous avons retrouvé les dépouilles mortelles de ces
12 personnes dans les fosses communes après le génocide. Nous avons
13 identifié leurs corps par les motifs de leurs habits. »
14
33 Monsieur Matemanga ?
34 M. MATEMANGA :
35 « D. 21 ».
36 M. LE PRÉSIDENT:
19 Je vous remercie.
20 Me NEKUIE :
21 Merci, Monsieur le Président.
22 Mme LE JUGE ARREY :
23 Q. Monsieur le Témoin, juste une question. Avez-vous affirmé qu’après le
24 mois d’octobre 1990, lorsque Monsieur Renzaho a été nommé au poste
25 de préfet de Kigali, il a instauré une procédure de délivrance des laissez-
26 passer pour permettre aux gens de circuler dans la ville de Kigali ; vous
27 confirmez ces propos ?
28 R. Je pense que je n’avais pas du tout élaboré sur cela, mais je voudrais le
29 faire maintenant. Pour essayer de limiter le mouvement...
30 Q. Est-ce que c’est ce que vous avez dit — pour me permettre de poser la
31 question suivante, Monsieur le Témoin ?
32 R. Je crois avoir déclaré cela, mais je ne sais pas si j’ai parlé de laissez-
33 passer. Mais ces laissez-passer ont été institués pour essayer de limiter
34 le mouvement des personnes afin de rendre les massacres plus faciles.
35 Au fait, lorsque le laissez-passer a été institué, c’était une initiative de la
36 préfecture de la ville de Kigali, et plus particulièrement en la personne du
1 préfet Tharcisse Renzaho, pour maintenir les gens dans la ville de Kigali
2 pour que « celles »-ci puissent être massacrés facilement. Mais avant
3 qu’il ne soit nommé à ce poste, le laissez-passer n’existait pas. Et même
4 si vous lui posez la question, je ne pense pas qu’il nierait cela. Je ne sais
5 pas si j’ai répondu à votre question.
6 Q. Oui, vous avez répondu à ma question.
7
1 LE TÉMOIN ACS :
2 Je vous remercie, Monsieur le Président, Honorables Juges. Je vous
3 remercie pour avoir bien daigné écouter mes dépositions. Et je voudrais
4 vous demander de vous pencher sur cette déposition lors de vos
5 délibérations.
6 M. LE PRÉSIDENT :
7 Il y a un témoin dans la salle d’entente. Nous allons lui faire prêter
8 serment. Je crois que cette personne attend depuis quelque temps — je
9 ne sais pas si c’est un monsieur ou une dame —,
10 il faudrait tout simplement que son attente n’ait pas été en vain. Donc,
11 on va lui faire prêter serment.
12
15 M. MOSES :
16 Monsieur le Président, Honorables Juges, nous avons l’original signé par
17 le témoin ; je ne pense pas que nous ayons 10 exemplaires à distribuer,
18 je m’en excuse par avance.
19
22 M. LE PRÉSIDENT :
23 Bon après-midi, Madame le Témoin.
24 LE TÉMOIN GLE :
25 Bon après-midi, Monsieur le Président.
26 M. LE PRÉSIDENT :
27 Vous serez désignée sous le pseudonyme GLE au cours de cette
28 instance... ou de la procédure. Vous devez dire la vérité et le Greffe va
29 vous faire prêter serment.
30
1 M. LE PRÉSIDENT :
2 Donc les renseignements qui figurent dans ce document sont exacts ;
3 vous confirmez ?
4 LE TÉMOIN GLE :
5 Oui, l’information est correcte.
6 M. LE PRÉSIDENT :
7 Monsieur Matemanga ?
8 M. MATEMANGA :
9 « P. 79 ».
10 M. LE PRÉSIDENT :
11 À conserver sous scellés.
12
36
10
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12
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17
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2 SERMENT D’OFFICE
12
13
14 ________________ _________________
15 Joëlle Dahan Hélène Dolin
16
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18
19
20
21