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la santé transculturelles en
Suisse
Informations de base et recommandations
Thomas Pfluger, Andy Biedermann, Corina Salis Gross
Proposition de citation: Pfluger, T., Biedermann, A., Salis Gross, C. (2008). Pré-
vention et promotion de la santé transculturelles en Suisse : informations de base
et recommandations. Herzogenbuchsee: Public Health Services.
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Abstract ...................................................................................................................... 5
1. Introduction.................................................................................................. 14
1.1. Genèse et vision du projet « Prévention et promotion de la santé
transculturelles »........................................................................................... 14
1.2. Complexité du domaine ................................................................................. 15
1.3. Les grands axes du projet.............................................................................. 15
1.4. Contexte........................................................................................................ 16
1.5. Avancement et suite du projet........................................................................ 17
1.6. Remerciements.............................................................................................. 18
3. Méthodologie ............................................................................................... 21
3.1. Analyse de la littérature.................................................................................. 21
3.2. Enquête auprès des professionnels de la prévention transculturelle ............... 22
3.3. Enquête auprès des professionnels de la prévention du tabagisme et de
l’alcoolisme.................................................................................................... 22
3.4. Enquête auprès des personnes d’origine migrante ......................................... 23
3.5. Qualité des données exploitées ..................................................................... 24
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Glossaire .................................................................................................................. 94
Références ............................................................................................................... 94
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Abstract
Contexte
Il existe en Suisse de nombreux professionnels et toute une série d’organisations
qui travaillent avec succès auprès de la population migrante. Cependant, les con-
naissances quant à une approche efficace font défaut ; et, lorsqu’elles existent,
elles ne sont pas suffisamment diffusées. Le rapport de synthèse du projet « Pré-
vention et promotion de la santé transculturelles » rassemble les données existan-
tes. Ce document est à la disposition des professionnels et des organisations qui
souhaitent renforcer leur travail de prévention et de promotion de la santé auprès
de la population migrante. Le projet se fonde sur une approche transculturelle. Le
concept de prévention transculturelle et de promotion de la santé aménage le tra-
vail des professionnels de manière à lui permettre de s’adapter en tout temps aux
besoins de la population migrante et d’apporter des réponses adéquates. Ce rap-
port de synthèse se réfère à la problématique du tabac et de l’alcool ; il réunit les
résultats des recherches et des analyse effectuées dans ces domaines et ceux du
travail transculturel réalisé en Suisse.
Objectifs
Le projet « Prévention et promotion de la santé transculturelles » cherche à sensi-
biliser davantage les décideurs aux questions de prévention et de promotion de la
santé au profit de la population migrante. Il vise aussi à motiver et à habiliter les
professionnels à travailler dans une optique transculturelle. Les données présen-
tées dans le cadre de ce rapport et les recommandations qui y figurent doivent
permettre de renforcer le travail de prévention et les mesures de promotion de la
santé en faveur des personnes migrantes socialement défavorisées et de les ren-
dre plus efficaces et plus efficientes. Des outils comme le schéma d’analyse des
interventions et les questions-type proposées facilitent la mise en uvre des
connaissances acquises.
Méthodologie
Le projet « Prévention et promotion de la santé transculturelles » a donné lieu à
une analyse de la littérature et à plusieurs enquêtes réalisées auprès de profes-
sionnels de la prévention transculturelle, de professionnels de la prévention de
l’alcoolisme et du tabagisme, de professionnels d’origine migrante et d’autres mi-
grants. Les résultats de ces études forment la base de ce rapport de synthèse. Les
travaux analysés montrent que les approches et les buts visés varient considéra-
blement. Ces différences de qualité ont été prises en considération dans les re-
commandations.
Résultats
Morbidité et mortalité. Les analyses ont montré que les données sur la santé de
la population migrante sont lacunaires et, plus particulièrement, que les maladies
liées à des dépendances n’ont pas encore suffisamment été étudiées. Le taux de
mortalité parmi la population migrante est légèrement inférieur à celui de la popula-
tion suisse ; toutefois, certains groupes présentent des taux de morbidité et de
mortalité plus élevés.
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Recommandations (résumé)
1. Promotion transsectorielle : Le travail de prévention auprès des migrants
dépasse largement le cadre de la santé. Les élus politiques ayant un pouvoir de décision
sont invités à considérer la prévention transculturelle et la promotion de la santé comme un
élément déterminant de toute action politique (santé et formation, économie, fiscalité,
constructions/environnement/trafic, etc.). Une approche transculturelle réussie suppose une
bonne collaboration entre les décideurs des milieux politiques et de la société civile.
2. Ancrage et financement : Le principe de la transculturalité doit être consacré dans
la stratégie des organisations actives en matière de prévention et de promotion de la santé.
Un travail sur le long terme suppose aussi un financement à long terme. Les offres et
prestations ayant fait leurs preuves doivent être institutionnalisées.
3. Développement de l’organisation : L’ancrage du travail transculturel suppose un
développement continu de l’ensemble de l’organisation. Toutes les offres dans le domaine
de la prévention et de la promotion de la santé doivent prendre en considération la
population migrante. Des personnes d’origine migrante doivent être impliquées à tous les
niveaux de l’organisation d’un projet et dans toutes les phases des offres. L’ouverture
transculturelle de l’organisation va de pair avec un réajustement de la gestion de qualité et
la disposition à gérer ouvertement les conflits.
4. Réseaux d’acteurs : La mise en réseau et la coordination de tous les acteurs de
la prévention et de la promotion de la santé en Suisse doivent être encouragées, par
exemple au moyen d’incitations à collaborer (incitation financière à mener des projets
conjoints, documentations, plateformes d’échanges). Il y a lieu, plus particulièrement,
d’associer les médecins et le personnel soignant aux projets. La possibilité d’une
collaboration transnationale1 et translocale doit être étudiée. Il est également essentiel
d’entretenir des bons contacts avec les milieux politiques.
5. Participation et dialogue : Les personnes d’origine migrante doivent davantage
faire valoir leur opinion et leurs expériences dans le cadre des projets. La collaboration avec
des associations, des réseaux informels et des responsables de collectivités migrantes
(également au-delà de frontières régionales et nationales) constitue un aspect important du
travail transculturel. Les médiateurs interculturels jouent un rôle central 2 ; de ce fait, ils
doivent faire partie de l’organisation. Un mode de travail participatif prend du temps, surtout
au début d’un projet (analyse du groupe-cible, prise de contact avec des personnes de
référence, association au projet, etc.). L’interaction entre professionnalisme et informalité
représente une difficulté majeure pour les professionnels de la prévention et les personnes
de référence de la population migrante.
6. Empowerment and Health Literacy : L’empowerment (capacitation) est un
élément déterminant de l’égalité des chances. Dans cette optique, il y a lieu de supprimer
les barrières structurelles existantes, de solliciter activement les ressources disponibles et
de reconnaître, encourager et gratifier l’engagement des groupes-cibles. L’empowerment
suppose aussi la transmission d’informations ainsi que des mesures de formation et de
perfectionnement à l’intention de membres de collectivités migrantes. La compétence
sanitaire (Health Literacy) des groupes-cibles doit être renforcée. Les mesures de formation
et de formation continue pour les médiateurs interculturels, la sollicitation de ces personnes
et la reconnaissance du travail effectué sont d’importants outils de capacitation, tout comme
la collaboration avec des réseaux et des associations de la population migrante.
L’empowerment peut être à l’origine de profonds changements au sein des communautés
migrantes. Il faut tenir compte de cet aspect lors de la planification d’un engagement à plus
long terme et prévoir des ressources en conséquence.
1
Voir glossaire
2
Nous utilisons la terminologie officielle de „médiateur interculturel“, selon l’Association suisse pour
l’interprétariat communautaire et la médiation culturelle (interpret) ; cette terminologie a été arrêtée
avant l’élaboration du concept de compétence transculturelle.
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7. Analyse du groupe-cible : Toutes les offres doivent, par principe, aussi être
axées sur la population migrante. La migration doit être considérée comme un facteur parmi
d’autres pouvant avoir des répercussions sur la santé, au même titre que le statut
socioéconomique, l’âge, le sexe, etc. Dans la mesure du possible, le groupe-cible doit être
sélectionné sur la base d’un besoin scientifique attesté ; cependant, il peut aussi être
circonscrit en fonction de nécessités exprimées et reconnues. Il faut tenir compte du fait que
certains groupes-cibles ont de la peine à se faire comprendre et à comprendre la langue
locale.
8. Prévention structurelle et prévention centrée sur la personne : Les mesures
doivent cibler des changements structurels et aussi, directement, des modifications du
comportement personnel en matière de santé.
9. Approche par setting : Cette approche s’efforce d’aménager les conditions-
cadres de la population migrante dans une optique de promotion de la santé. La promotion
transculturelle de la santé orientée setting signifie arranger sur un plan structurel le
domaine considéré (généralement école, lieu de travail, commune, associations de quartier)
pour favoriser des comportements sains. Elle tient compte des caractéristiques sociales de
la population migrante. Dans cette approche, l’implication des migrants et un travail via des
relations fortes (climat de confiance) joue un rôle central.
10. Travail sur le terrain – Faciliter l’accès aux offres de prestation : La demande
d’offres doit être encouragée. A cet effet, les obstacles qui entravent l’accès aux prestations
doivent être supprimés et il faut surtout développer le travail sur le terrain. Les intervenants
vont au-devant des groupes-cibles et s’intéressent à leur vision de l’existence, leurs usages,
leur compétence sanitaire (Health Literacy), leur caractère non formel et à l’importance
accordée aux relations dites fortes.
11. Adapter les méthodes de communication : Le contenu, la forme et les vecteurs
de communication doivent tenir compte des habitudes des groupes-cibles. Souvent, des
adaptations de contenu sont moins décisives que les efforts visant à renforcer la
communication avec la population migrante. Les modes de communication au sein de la
population migrante doivent être analysés plus en détail. Il faut proposer des consultations
dans la langue maternelle et des supports d’information traduits. Des approches novatrices,
moins axées sur l’expression orale, peuvent s’avérer utiles et sont nécessaires là où la
langue ne permet pas une communication suffisante. Les interlocuteurs de référence jouent
un rôle important dans la communication ; ils doivent être soigneusement choisis. Il faut
s’interroger sur la manière de transmettre facilement des informations, également à l’échelle
transnationale et translocale, via les médias qui ont la préférence des groupes-cibles.
12. Documentation, évaluation, transfert de connaissances : Tout projet ou
programme doit être accompagné d’une bonne documentation et faire l’objet d’une
évaluation. Des recommandations de bonne pratique sont élaborées à partir des résultats
d’efficacité.
13. Recherche : La recherche dans le domaine de la prévention transculturelle doit
être développée, ce qui permettra de collecter des données concrètes, basées sur
l’évidence. Les futurs travaux de recherche doivent être coordonnés et répondre à des
critères d’interdisciplinarité ou de transdisciplinarité. Des données collectées
systématiquement et évaluées spécifiquement permettent des déclarations différenciées et
se prêtent à l’élaboration de recommandations solidement étayées.
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Executive Summary
Contexte
La population migrante représente plus d’un cinquième de la population suisse.
Etant donné qu’il s’agit d’une population hétérogène et dynamique, les comporte-
ments en matière de santé et la perception des risques varient considérablement
d’un groupe à l’autre. Une grande souplesse est requise lors de la conception et de
la mise en uvre d’offres de prévention et de promotion de la santé.
Objectifs
Le projet « Prévention et promotion de la santé transculturelles » cherche à sensi-
biliser davantage les décideurs aux questions de prévention et de promotion de la
santé au profit de la population migrante. Il vise aussi à motiver et à habiliter les
professionnels à travailler dans une optique transculturelle. Les données présen-
tées dans le cadre de ce rapport et les recommandations qui y figurent doivent
permettre de renforcer le travail de prévention et les mesures de promotion de la
santé en faveur des personnes migrantes socialement défavorisées et de les ren-
dre plus efficaces et plus efficientes. Enfin, ce projet vise à réduire les écarts de
santé entre les différents groupes et s’efforce d’améliorer globalement la santé de
la population en Suisse. Des outils comme le schéma d’analyse des interventions
et les questions-type proposées facilitent la mise en uvre des connaissances
acquises.
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Méthodologie
Le projet « Prévention et promotion de la santé transculturelles » a donné lieu à
une analyse de la littérature et à plusieurs enquêtes réalisées auprès de profes-
sionnels de la prévention transculturelle, de professionnels de la prévention de
l’alcoolisme et du tabagisme, de professionnels d’origine migrante et d’autres mi-
grants. Les résultats de ces études forment la base de ce rapport de synthèse.
D’autres études ont également été considérées.
La littérature étudiée s’est révélée être de qualité très inégale et se fondait sur
différentes méthodes de travail. Les études qualitatives sont plus nombreuses que
les études quantitatives ; il n’existe que peu d’études quantitatives consacrées à la
population migrante en Suisse.
Les enquêtes ont permis de regrouper les expériences faites en matière de pré-
vention et de promotion de la santé auprès de la population migrante et les métho-
des utilisées dans les offres et les projets existants. Les besoins de la population
migrante et ceux des professionnels de la prévention et de la promotion de la san-
té ont été recensés en même temps que les attitudes et les opinions des person-
nes concernées, plus particulièrement en ce qui concerne la consommation de
tabac, la consommation d’alcool et la prévention.
Les travaux analysés montrent que les approches et les buts visés varient considé-
rablement. Ces différences de qualité ont été prises en considération dans les
recommandations.
Résultats
Chapitre 4: La santé de la population migrante en Suisse
La santé des personnes d’origine migrante n’est étudiée de manière différenciée
que depuis peu. Pour des raisons de santé publique et de coûts, les études récen-
tes se concentrent sur les grands groupes de population étrangère. Globalement,
les personnes étrangères présentent un taux de mortalité inférieur à celui de la
population indigène. On observe toutefois que certains groupes de migrants sont
particulièrement souvent affectés par des troubles de santé.
Les maladies liées à des dépendances chez les migrants n’ont pas encore suffi-
samment été étudiées et les données sont rares. Par rapport à la population
suisse, la consommation de tabac est nettement plus élevée chez les personnes
originaires de Turquie et légèrement plus élevée chez les ressortissants des pays
de l’ex-Yougoslavie, alors que le pourcentage de fumeurs est très bas chez les
personnes originaires du Sri Lanka et les requérants d’asile provenant du Kosovo.
Les données disponibles permettent de dire que, dans l’ensemble, les personnes
d’origine migrante consomment moins d’alcool que les Suisses. Il existe toute-
fois des écarts importants entre les différents groupes. De manière générale, les
femmes consomment moins d’alcool que les hommes. La consommation exces-
sive d’alcool est moins répandue parmi les personnes de bas niveau socioécono-
mique que parmi celles qui jouissent d’un statut socioéconomique plus élevé.
D’après les études disponibles, les jeunes étrangers en âge scolaire consomment
des boissons alcoolisées en même quantité que les jeunes Suisses, voire moins
selon certaines études.
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Les études disponibles indiquent que les médias dans la langue du pays d’origine
ont davantage d’impact sur la population migrante que les médias locaux. La télé-
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vision est le média préféré des migrants, surtout en ce qui concerne la première
génération. Internet représente un média important pour les jeunes et les migrants
de la deuxième génération. L’usage fait des médias imprimés a encore rarement
été analysé en Suisse ; ce qui est certain, c’est qu’il existe là aussi une grande
hétérogénéité. La population migrante s’informe à la fois via les médias du pays
d’origine et ceux du pays d’accueil ; les jeunes, eux, s’informent toujours davan-
tage via les médias du pays d’accueil.
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Des offres ouvertes existent seulement depuis peu. Deux organismes de préven-
tion des dépendances ciblent exclusivement la population migrante : l’organisation
zurichoise FISP (Zürcher Fachstelle für interkulturelle Suchtprävention und Ge-
sundheitsförderung) et la structure bâloise MUSUB (Multikulturelle Suchtberatung-
sstelle beider Basel). Quant à la fondation Réseau Contact (groupement bernois
d’aide en matière de dépendances), elle a su concrétiser l’approche transculturelle
de manière exemplaire : même si ses offres ne visent pas exclusivement la popu-
lation migrante, l’organisation et toutes ses prestations se sont ouvertes à la trans-
culturalité.
Différents projets ont été réalisés le cadre de la stratégie Migration et santé 2002-
2007 de l’Office fédéral de la santé publique : en matière de prévention, il y a eu un
fonds pour soutenir financièrement les projets de lancement et de développement
de mesures de prévention, le projet-pilote « Migration et dépendance » et une
étude nationale de faisabilité du modèle « Migration et dépendance » ; en matière
de promotion de la santé, une aide a été apportée à l’organisation FemmesTische
et à SUPPORT, une offre ciblée sur les projets de promotion de la santé de per-
sonnes d’origine migrante.
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1. Introduction
3
D’après les chiffres officiels, les étrangers représentent 20% de la population suisse. La population
migrante (ou « personnes d’origine migrante ») est définie ici comme « l’ensemble des personnes
résidant en Suisse qui étaient de nationalité étrangère à leur naissance, indépendamment du lieu de
naissance » (OFSP, 2007c). Ce terme englobe donc les personnes officiellement enregistrées en
possession d’un passeport étranger, les personnes naturalisées de la première et deuxième génération
ainsi que les personnes non officiellement recensées, sans titre de séjour valable (sans-papiers).
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Les concepts utilisés dans l’approche transculturelle sont encore largement méconnus.
Nous nous proposons d’en introduire quelques-uns ici. D’autres termes utiles à la bonne
compréhension du sujet figurent dans le glossaire.
1.4. Contexte
L’Office fédéral de la santé publique (OFSP) s’est attelé à la mise en uvre de la
« Stratégie fédérale migration et santé » en 2002. Cette stratégie a été complétée
par une deuxième phase couvrant les années 2008 à 2013. La Stratégie migration
et santé de la Confédération a pour objectif d’améliorer la situation sanitaire de la
population migrante en Suisse et de réaliser l’égalité des chances dans ce
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Les projets ouverts à la transculturalité sont encore rares en Suisse. Le Réseau Con-
tact Berne (voir 8.3) est l’une des organisations à avoir pratiqué une ouverture re-
marquable. Il existe également en Suisse toute une série d’institutions qui se sont
ouvertes à transculturalité et qui proposent aussi des consultations et des services à
l’intention des migrants. Au nombre d’entre elles, mentionnons Suchthilfe Region
Olten et l’association vaudoise Appartenances. Deux organismes ciblent spécifi-
quement les migrants et sont spécialisés dans les questions de dépendan-
ces (CRS 2007); il s’agit FISP à Zurich (Fachstelle für interkulturelle Suchtpräven-
tion und Gesundheitsförderung) et de MUSUB à Bâle (Multikulturelle Suchtbera-
tungsstelle beider Basel).
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1.6. Remerciements
La direction du projet remercie chaleureusement le groupe de pilotage et toutes les
organisations qui ont participé au projet « Prévention et promotion de la santé
transculturelles », les membres des commissions et des groupes spécifiques, les
auteurs du rapport de synthèse, de l’analyse de la littérature et des questionnaires,
ainsi que les personnes qui ont accepté de participer aux enquêtes. Notre gratitude
va aussi au Fonds de prévention du tabagisme, au fonds selon l’article 43a de la
loi sur l’alcool et à l’organisation Promotion Santé Suisse pour leur soutien
financier.
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La population migrante de Suisse n’est pas chiffrée avec précision. Les étrangers
régulièrement enregistrés5 représentent à eux seuls un cinquième de la population
résidante suisse. Une partie de ce groupe non négligeable est davantage exposé à
des problèmes de santé. La diversité croissante de la population suisse place le
système de santé face à de nouveaux défis, au nombre desquels figure la capacité
à garantir aux personnes migrantes un accès égalitaire6 aux prestations de soins
(OFSP, 2007c). La stratégie Migration et santé 2008-2013 de la Confédération
(OFSP, 2007c) prévoit notamment les objectifs suivants :
§ Les offres de promotion de la santé et de prévention ainsi que les informations
sont adaptées aux besoins de la population migrante.
§ Les personnes d’origine migrante disposent de compétences et d’informations
suffisantes dans le domaine de la santé pour pouvoir adopter un
comportement favorable à la santé.
§ Le personnel de santé possède des compétences transculturelles7 pour
pouvoir adapter son action à la diversité de la clientèle.
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La consommation de tabac et d’alcool est à l’origine de la plupart des maladies chroniques non
transmissibles. Initialement, il était prévu de traiter globalement, simultanément et systématiquement
quatre des principaux facteurs de risque de maladies chroniques (tabac, alcool, alimentation
déséquilibrée et sédentarité) pour obtenir un effet de synergie important. Les volets tabac et alcool ont
pu être financés par le Fonds de prévention du tabagisme et par celui prévu à l’art. 43 de la loi sur
l’alcool.
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3. Méthodologie
Le présent rapport de synthèse est principalement basé sur une analyse de la
littérature existante (Kasper et al., 2008) et sur trois enquêtes réalisées dans le
cadre du projet « Prévention et promotion de la santé transculturelles » auprès :
§ de professionnels de la prévention transculturelle (Bauer, 2008) ;
§ de professionnels de la prévention du tabagisme et de l’alcoolisme (Müller,
2008) ;
§ de personnes d’origine migrante et de personnes concernées issues de la
population migrante (Stuker et al., 2008).
Les chiffres 3.1. à 3.4 expliquent la méthode de travail adoptée pour l’analyse de la
littérature et les trois enquêtes. Le paragraphe 3.5 traite de la qualité des données
exploitées.
Les approches très diverses qui ont été constatées n’ont pas permis d’analyser et
d’interpréter les contenus de manière rigoureuse. S’agissant de la littérature
scientifique internationale, l’analyse a principalement porté sur des recherches
récentes effectuées en Allemagne et en Grande-Bretagne et des mesures
proposées dans ces pays. La question de la pertinence des données et de leur
éventuelle transposition à la Suisse a toujours été gardée à l’esprit.
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Différentes questions ont été posées aux participants dans le cadre d’entretiens
semi-structurés, notamment : pourquoi les personnes interrogées ou les
institutions représentées organisent des programmes de prévention à l’intention
des personnes d’origine migrante, quelles sont les expériences positives ou
négatives qui ont été faites, quels éléments méthodologiques peuvent être retenus
dans l’optique de mesures de prévention pour la population migrante, quels sont
les besoins de la population migrante et des professionnels en matière de
prévention, quelles sont les principales conditions auxquelles doivent répondre les
programmes et les projets destinés à la population migrante ou encore quels sont
les résultats des offres existantes en matière de prévention du tabagisme et de
l’alcoolisme. Les comptes rendus des entretiens ont été enregistrés et soumis aux
professionnels concernés pour avis.
Les déclarations des participants ont été regroupées par thèmes. Lors du travail de
synthèse, les expériences relatées ont été restituées sous forme résumée compte
tenu de la structure du présent rapport. Le fil conducteur des entretiens a permis
aux experts de s’exprimer librement sur les succès et les difficultés de leur tâche.
L’auteur considère que les exemples et les déclarations des professionnels
donnent une image circonstanciée du travail transculturel en Suisse et des
connaissances acquises par l’expérience pratique.
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Les onze premiers entretiens avec des personnes d’origine migrante se sont
déroulés à l’aide d’un fil conducteur (voir Stuker et al., 2008). Un fil conducteur
retravaillé a été utilisé pour dix autres entretiens. Les thèmes suivants ont été
abordés :
§ attitude en matière de consommation
§ attitude en matière de prévention
§ connaissance des offres de prévention
§ accès aux offres de prévention du tabagisme et de l’alcoolisme et aux
informations correspondantes
§ besoins à l’égard d’offres et d’informations en matière de prévention du
tabagisme et de l’alcoolisme
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10
En Suisse, le recensement des personnes d’origine migrante s’effectue principalement d’après le
critère de la nationalité. Souvent, les statistiques ne prévoient que deux catégories, les étrangers et les
Suisses. Le terme « étranger » est utilisé dans ce rapport lorsque les sources ne permettent pas une
différenciation plus précise. Les personnes d’origine migrante ayant été naturalisées ne sont pas prises
en considération, les personnes non enregistrées (sans-papiers) seulement de manière approximative.
11
Le tableau 4.1 fournit les données les plus récentes des deux offices. Les divergences quant à la
part de la population migrante à la population résidante permanente s’expliquent par le fait que les deux
offices appliquent des définitions différentes.
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En 2006, 46 711 personnes ont été naturalisées en Suisse (OFS, 2007d) ; bien
que d’origine migrante, ces personnes sont considérées comme suisses par les
statistiques.
La plupart des étrangers sont établis depuis longtemps dans notre pays. Environ
un cinquième d’entre eux sont nés en Suisse et font donc partie de la deuxième ou
de la troisième génération (OFS, 2007a). Parmi ceux qui sont nés à l’étranger,
pratiquement la moitié (47%) réside en Suisse de manière permanente depuis 15
ans ou plus et même depuis au moins trente ans pour 12,7% d’entre eux (OFS,
2006).
Statut de séjour
Les étrangers arrivant en Suisse reçoivent un livret pour étrangers qui précise le type
d’autorisation accordée (Ordonnance relative à l’admission, au séjour et à l’exercice d’une
activité lucrative, art. 71).
§ Livret L: autorisation de courte durée
§ Livret B: autorisation de séjour. La première fois, l’autorisation ne dépasse pas une
année ; elle peut être prolongée de deux ans.
§ Livret C: autorisation d’établissement. Avant de délivrer une autorisation
d’établissement, les autorités examinent le comportement du demandeur et son degré
d’intégration.
§ Livret F: admission provisoire. Une admission provisoire est prononcée lorsque
l’exécution d’un renvoi se révèlerait illicite, inexigible ou matériellement impossible.
§ Livret N: pour requérants d’asile.
12
Y compris les titulaires d’une autorisation de séjour de douze mois et plus et les personnes dont la
qualité de réfugié a été reconnue.
13
Personnes au bénéfice d’un permis F ou N (voir glossaire).
14
La différence entre le total de la population résidante étrangère et la somme de toutes les catégories
d’autorisations de résidence s’explique par le fait que les données des bureaux d’état civil n’étaient pas
encore toutes disponibles au moment d’élaborer la statistique. L’effectif compensatoire, une estimation
des données manquantes, permet d’en tenir compte.
15
Estimation de l’Office fédéral des migrations
(http://www.bfm.admin.ch/bfm/de/home/dokumentation/medienmitteilungen/2005/2006-04-26.html,
téléchargé le 30.5.2008). D’autres estimations font état de 80'000 à 300'000 personnes vivant en
Suisse sans autorisation de résidence valable. Il s’agit de personnes entrées illégalement en Suisse ou
de personnes qui n’ont pas quitté le territoire national à l’expiration de leur autorisation de séjour (CRS,
2006; Longchamp Aebersold et al., 2005; Achermann et Efionayi-Mäder, 2003).
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16
D’après les professionnels, les albanophones représentent le groupe le plus important pour ce qui est
des Etats de l’ex-Yougoslavie ; ils vivent dans différents pays et ne sont pas recensés spécifiquement
par l’OFS.
17
Voir glossaire.
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Informations de base et recommandations
Le tableau 4.3 montre qu’en Suisse, le cancer, les maladies pulmonaires, les
maladies cardiovasculaires, les maladies de l’appareil locomoteur, les maladies
neuropsychiatriques et les actes de violence déterminent dans une large mesure la
charge de morbidité (Burden of Disease). Comme l’indique l’illustration 4.1, ces
problèmes de santé sont effectivement à l’origine des trois quarts des années
potentielles de vie perdues et des décès en Suisse. Une étude sur la charge de
morbidité effectuée dans le canton de Genève met en évidence l’importance des
maladies psychiatriques (en particulier dépressions), des affections rhumatismales
et des maladies liées à l’alcool, autant de pathologies qui, selon les auteurs de
l’étude, pèsent considérablement sur les valeurs DALY, mais dans une moindre
mesure sur la mortalité (Schopper D et al., 2000).
18
Voir glossaire.
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Informations de base et recommandations
Autres (17%)
Autres (24%) Cancers (22%)
Accidents/
Cancers (29%)
Violences (4%) Diabète
Accidents/
Cirrhose du foie Violences 7%) (3%)
(1%)
Cirrhose
du foie
Organes Diabète (<1%) Maladies cardio-
respiratoires (8%) Maladies cardio- (2%)
vasculaires (40%)
vasculaires (35%)
Organes
respiratoires (6%)
Maladies Maladies
infectieuses (2%) infectieuses (2%)
Autres (23%)
Cancers (28%) Cancers (43%)
Autres (20%)
Diabète
Accidents/ Accidents/
Maladies cardio- (1%) Violences(19%)
Violences (28%)
vasculaires (15%)
Diabète
(1%)
Maladies cardio-
Organes Cirrhose
vasculaires (10%)
Cirrhose respiratoires(2%) du foie (2%)
du foie (2%) Organes
respiratoires (3%)
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Informations de base et recommandations
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Informations de base et recommandations
Le tableau 4.5. quantifie les principaux facteurs de risque en se basant sur les
décès et les coûts de santé. Les données proviennent de plusieurs études ; elles
montrent qu’en Suisse, outre les facteurs de risque cités, les accidents et les
maladies concourent aussi pour une large part aux problèmes de santé.
Sources:
(1) Coûts (sans les maladies liées au manque d’exercice physique: OFSP (2008).
Coûts des maladies liées au manque d’exercice physique : voir chiffre (3).
(2) OFSP, Chiffres et faits. www.bag.admin.ch/themen/drogen/00041/00611/01741/index.html?lang=de
(Download 8.7.08).
(3) Martin B (2001). Volkswirtschaftlicher Nutzen der Gesundheitseffekte der körperlichen Aktivität:
erste Schätzungen für die Schweiz. Schweizerische Zeitschrift für Sportmedizin und Sporttraumatologie.
49(2):84-86.
(4) Jeanrenaud C (2003). ). Le coût social de l’abus d’alcool en Suisse. Institut de recherches
économiques, Université de Neuchâtel.
(5) Bureau de prévention des accidents bpa (2008). Accidents en Suisse, statistique bpa 2007. Berne:
Bureau de prévention des accidents..
(6) Office fédéral de la statistique, Statistique des causes de décès 2005. www.bfs.admin.ch,
heruntergeladen 18.8.2008.
(7) Office fédéral de la police (2007). Statistique Suisse des Stupéfiants. Berne: Office fédéral de la
police, Département fédéral de justice et police.
19
Suicides
20
Dont 0,4 milliard de francs pour les coûts de santé, le reste pour les dommages matériels et autres
charges.
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Informations de base et recommandations
Il est évident que la population migrante ne forme pas un groupe homogène ; elle
ne peut donc pas être comparée en tant que telle à la population indigène. Il existe
un lien complexe entre la migration et la santé. En soi, la migration ne rend pas
malade (Weiss, 2003). L’état de santé et l’exposition à certains risques sont
fonction du contexte dans lequel l’individu évolue (Kaya und Efionayi-Mäder,
2007). Les conditions de vie et de travail dans le pays d’accueil, de même que les
normes politiques et sociales qui touchent tout particulièrement les migrants
peuvent peser sur leur état de santé (exhausted migrant effect). D’autre part, il est
établi que les candidats à la migration se recrutent plus fréquemment parmi les
personnes en bonne santé (healthy migrant effect). La population migrante compte
aussi parmi ses membres des groupes particulièrement vulnérables21, les réfugiés
par exemple. On peut supposer qu’un nombre non négligeable de migrants prévoit
de retourner au pays en cas de maladie (Wanner 2002). Les taux de morbidité et
de mortalité de la population migrante sont malaisés à recenser et à évaluer
précisément en raison des ces facteurs (Wanner 2002).
21
Voir glossaire.
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Informations de base et recommandations
La migration est souvent vécue comme un facteur de stress qui pèse sur la santé
psychique (Wyssmüller, Dahinden et al., 2006b). Cette observation concerne avant
tout des personnes dont le statut de séjour est précaire (requérants d’asile). Cela
concerne principalement des personnes dont le statut de séjour est précaire
(requérants d’asile). La migration est aussi souvent perçue comme un facteur de
stress qui nuit à la santé psychique (Wyssmüller, Dahinden et al., 2006b).
22
Voir glossaire pour plus d’explications.
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Informations de base et recommandations
Maladies Maladies
infectieuses (2%) infectieuses (2%)
Autres (18%)
Autres (25%)
Cancers (30%)
Cancers (34%) Accidents/
Accidents/ Violences (5%)
Violences (10%)
Cirrhose du foie
(2%) Cirrhose du foie Diabète
Maladies cardio-
Maladies cardio- (1%) (2%)
vasculaires (29%)
vasculaires (27%)
Diabète
Organes (1%) Organes
respiratoires (6%) respiratoires (7%)
D’autres études indiquent que certaines causes de décès sont plus fréquentes
chez les personnes d’origine migrante que chez les Suisses, notamment les
cancers de l’estomac, les pneumonies et les maladies infectieuses (OFSP, 2007c;
OFS, 2005). Les facteurs de risques auxquels ces personnes ont été exposées
dans leur pays d’origine semblent y être pour quelque chose. Comparé à un
groupe témoin de la population locale, le taux de mortalité des nourrissons est plus
élevé chez les personnes d’origine migrante et les complications liées à la
grossesse et à l’accouchement sont aussi plus nombreuses (Bollini et Wanner,
2005). Il a encore été observé que les personnes de l’Afrique subsaharienne
meurent davantage du sida que les membres d’autres groupes de population
(Wanner, Bouchardy et al., 2000).
23
Voir glossaire.
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Informations de base et recommandations
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24
L’ESS ne recense qu’une partie de la population migrante (voir Kasper et al., 2008).
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Informations de base et recommandations
60%
Hommes Population résidante 53% Requérants d’asile
Femmes
50%
41% 42%
39%
40% 37%
34% 35%
33% 32%
30% 29%
30% 26% 27%
24% 25%
20%
20%
10%
0% 0%
0%
Suisse Italie D/A/F Ex- Portugal Turquie Sri Lanka Kosovo Sri Lanka
Yougoslavie
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Informations de base et recommandations
L’enquête suisse sur la santé (ESS) de 1992/93 relevait que les étrangers
consommaient davantage d’alcool que les Suisses (Vranjes, Bisig et al., 1996).
L’ESS de 1997 indiquait que la population étrangère masculine buvait davantage
(Calmonte, Spuhler et al., 2000). Une enquête réalisée par l’Institut suisse de
prévention de l’alcoolisme et autres toxicomanies (ISPA) observe un risque de
consommation chronique légèrement supérieur chez les étrangers de sexe
masculin que chez les Suisses (Annaheim et Gmel, 2004).
Les données les plus récentes de consommation d’alcool par certains groupes de
migrants en Suisse sont fournies par le Monitoring de l’état de santé de la
population migrante en Suisse (Rommel, Weilandt et al., 2006) et les analyses
auxquelles cette étude a donné lieu (Gabadinho, Wanner et al., 2006). Les
données indiquent que la consommation d’alcool des migrants interrogés dans le
cadre du projet est légèrement inférieure à celle de la population suisse. Les écarts
entre les groupes de provenance sont plus accentués que les écarts entre les
groupes de migrants confondus et la population suisse. D’une manière générale,
les femmes consomment moins d’alcool que les hommes.
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Informations de base et recommandations
100%
Population résidante Requérants d’asile
90%
26 26
80%
47 49
70% 63
75
60%
50% 98 96 99
65 65 jamais
40%
39 plusieures fois par
30% 47 semaine
quotidiennement
20% 36
24 4 4
10% 1
15
9 10 Femmes
0% 4
Suisse Italie D/A/F Ex- Portugal Turquie Sri Lanka Kosovo Sri Lanka
Yougoslavie
100%
11 15 15
Hommes
90% 20
Population résidante Requérants d’asile
80% 37
44 48
70%
44 69
53 38 47 76
60%
50% jamais
20% 42 38 41 22
36
21
10% 16 15
Source: Monitoring de l’état de santé de la population migrante7 en Suisse, 2007 (données 42004) 9
0%
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Informations de base et recommandations
Consommation d’alcool par des jeunes en âge scolaire. Vers le milieu des
années 90, il a été observé que, dans l’ensemble, les jeunes d’origine migrante
buvaient moins que leurs congénères suisses et qu’ils étaient aussi plus souvent
abstinents (Leifman, Kuhlhorn et al., 1995). L’évaluation ciblée migration d’une
étude HBSC (Health Behaviour in School-aged Children) de l’OMS consacrée aux
comportements de santé et à des ajustements psychosociaux a révélé des
différences marquées dans les attitudes à risque des jeunes étrangers et des
jeunes Suisses (Ferron, Haour-Knipe et al., 1996). Les jeunes étrangers en âge
scolaire boivent nettement moins de boissons alcoolisées que les élèves suisses.
Par contre, l’évaluation des données 2006 HBSC (Schmidt et al, 1008) ne montre
pas de différence significative entre la consommation d’alcool et de tabac des
jeunes étrangers et des jeunes Suisses.
Une enquête effectuée au Tessin révèle que les personnes d’origine migrante
sollicitent moins fréquemment les offres de traitement des dépendances que les
Suisses (Testa-Mader, Degrate et al., 1998). Ces données ne permettent pas
conclure que les personnes d’origine migrante sont moins exposées à un risque
dépendance. On peut éventuellement y voir toute la difficulté d’accéder aux offres
de soins. Une indication dans ce sens est peut-être le fait que la sollicitation de
prestations varie en fonction de la région (étude non publiée de Testa-Mader et al.,
1998).
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Informations de base et recommandations
Les facteurs migratoires qui ont une incidence sur la santé n’ont été que
partiellement étudiés. En l’état actuel des connaissances, il est impossible d’en
donner une vue d’ensemble ni d’expliquer leur signification. Les principaux facteurs
recensés sont présentés ci-après sous forme de tableau ; les résultats des
recherches étudiées dans le cadre du présent projet font quant à eux l’objet d’une
brève description, l’accent étant plus particulièrement mis sur la situation prévalant
en Suisse.
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Informations de base et recommandations
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Informations de base et recommandations
Wyssmüller, Dahinden et al. (2006b) constatent que certains facteurs (comme les
maladies infectieuses ou les expériences de violence) pèsent sur la morbidité et la
mortalité dès le plus jeune âge et qu’ils sont donc imputables au pays ou à la
région d’origine. A l’inverse, les facteurs qui manifestent leurs effets seulement
plus tard (à un âge plus avancé) ont tendance à être davantage déterminés par le
contexte du pays d’accueil.
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Prévention et promotion de la santé transculturelles en Suisse :
Informations de base et recommandations
Les personnes d’origine migrante interrogées dans le cadre de ce projet qui ont été
directement ou indirectement confrontées à un problème de dépendance tendent à
mettre la consommation excessive d’alcool en relation avec l’expérience
migratoire : l’isolement social, les dépressions, les problèmes de couple et les
violences domestiques sont considérés à la fois comme des conséquences de la
migration et comme des causes de la dépendance à l’alcool (Stucker et al., 2008).
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Informations de base et recommandations
26
D’après la subdivision de l’OFS, l’Ouest des Balkans couvre la Serbie, (Kosovo inclus), le
Monténégro, la Croatie, la Bosnie-Herzégovine, la Macédoine et l’Albanie (OFSP, 2007c).
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70% 50
47
60%
28
50% 65
32
33
44 34
40% 57
25
30%
40
20% 39
32
29
25
10% 15 20 21
9
4 5 3
0%
Suisse D/A/F Portugal Sri Lanka Kosovo
(réquérants
Pas de formation Scolarité obilgatoire Niveau secondaire II Niveau tertiaire d'asile)
Profession exercée. Les personnes d’origine migrante sont présentes dans toutes
les catégories de professions. Un rapport peut être établi entre le pays d’origine et
la position professionnelle (OFS, 2006). Les travailleurs portugais, turcs et d’ex-
Yougoslavie sont proportionnellement plus nombreux parmi les salariés sans
fonction de chef, tandis que les Allemands, les Français, les Américains et les
Australiens sont largement représentés parmi les cadres supérieurs (OFSP,
2007a, en référence à OFS, 2005). Les étrangers sont surreprésentés dans
l’industrie, la construction, la restauration et la santé et sous-représentés dans les
secteurs primaire (agriculture) et tertiaire (service), à l’exception des branches
d’activité citées (OFS, 2007d). Les travailleurs originaires d’Italie, du Portugal,
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Revenus. Les niveaux et les structures des salaires présentent aussi de grandes
disparités. Les migrants qui gagnent le moins sont originaires de l’Ouest des
Balkans27, alors que les mieux lotis viennent d’Europe du Nord et de l’Ouest. Les
travailleurs originaires du sud de l’Europe ont tendance à gagner davantage que
les migrants de l’Ouest des Balkans, mais moins que les ressortissants suisses
(OFSP, 2007c, en référence à OFS, 2005).
Le niveau des salaires des travailleurs étrangers varie aussi fortement en fonction
du statut de séjour. Avec un revenu mensuel inférieur à 4000 francs, les
détenteurs d’une autorisation de séjour de courte durée (permis L) étaient ceux qui
gagnaient le moins en 2004, tandis que les bénéficiaires d’une autorisation de
séjour (permis B) ou d’une autorisation d’établissement (permis C) réalisaient un
salaire moyen de presque 5000 francs, voire davantage pour les frontaliers (permis
G) (OFS, 2006). Les travailleurs au noir (sans-papiers et personnes travaillant
parallèlement à leur activité régulière sans être déclarées) n’apparaissent pas dans
les statistiques. Ils sont généralement mal payés, deviennent souvent working
poors, ont une grande mobilité et font fréquemment des allers-retours entre leur
pays d’origine et leur lieu de travail. En Suisse, les sans-papiers travaillent souvent
au noir et sont mal protégés. En raison de leur situation précaire, rares sont ceux
qui osent faire valoir leurs droits (CRS, 2006). Ils sont principalement employés
dans le secteur du nettoyage (entreprises, ménages de particuliers), comme
employés de maison, dans la construction, l’agriculture, le tourisme, l’hôtellerie et
le commerce du sexe (CRS, 2006)
Les personnes d’origine migrante sollicitent bien plus fréquemment l’aide sociale
que les Suisses. Parmi les raisons qui expliquent ce phénomène mentionnons : le
manque de qualifications professionnelles, l’absence de perspectives sur le
marché du travail, un statut socioéconomique plus faible mais aussi la structure
familiale. En moyenne, les familles d’origine migrante ont davantage d’enfants que
les ménages suisses et il est établi que les enfants constituent un risque de
pauvreté. Si le nombre de rentes AI versées aux migrants a considérablement
augmenté au début des années 1990, il est resté relativement stable depuis
(OFSP, 2007c).
27
Selon la subdivision pratiquée par l’OFS, la région appelée « Ouest des Balkans » couvre la Serbie (y
compris Kosovo), le Monténégro, la Croatie, la Bosnie-Herzégovine, la Macédoine et l’Albanie (OFSP,
2007c).
28
Il s’agit de la langue dans laquelle les personnes interrogées pensent et qu’elles maîtrisent le mieux
(on entend généralement par là la langue maternelle).
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Informations de base et recommandations
Tableau 4.6: Principales langues parlées en Suisse, autres que les langues
nationales
29
Dans certains cas, plusieurs langues ont été regroupées sous un terme générique. Dans ce tableau,
l’espagnol couvre le catalan et le galicien ; le turc, les autres langues parlées en Turquie. Le kurde des
Kurdes originaires de Turquie n’est pas inclus.
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Genre
Les hommes et les femmes ne migrent pas pour les mêmes raisons et leurs
expériences respectives tout au long du processus de migration ne se ressemblent
pas (Kaya et Efionayi-Mäder, 2007). L’intégration des personnes d’origine migrante
sur le marché du travail est également différente selon que l’on est un homme ou
une femme : les femmes travaillent plus fréquemment dans le secteur des services
tandis que les hommes sont principalement occupés dans l’industrie et la
construction. Les conditions de vie des femmes d’origine migrante présentent plus
souvent un danger potentiel ou réel de marginalisation, ce qui a aussi une
incidence négative sur leur étant de santé.
Des études sur la population migrante en Suisse indiquent que les femmes sont
souvent nettement plus négatives que les Suissesses quand elles parlent de leur
état de santé (OFSP, 2007c; Rommel, Weilandt et al., 2006; Weiss, 2003). D’après
le Monitoring de l’état de santé de la population migrante, les femmes sont
davantage traitées pour des problèmes psychiques que les hommes.
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La durée de séjour de la population migrante en Suisse est elle aussi très variable.
23,3% des étrangers et des étrangères résidant en Suisse sont nés dans notre
pays et forment donc la deuxième, voire troisième génération d’immigrés.
Toutefois, il existe des différences marquées d’une nationalité à l’autre.
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Les ménages de trois personnes ou plus sont surtout fréquents chez les migrants
des pays de l’ex-Yougoslavie, d’Albanie, de Bulgarie, de Roumanie et de Turquie.
Les couples mariés avec enfant(s) représentent le principal modèle familial
rencontré dans la population migrante des pays de l’ex-Yougoslavie, de Turquie et
du Portugal, alors qu’il est largement minoritaire chez les Allemands, les Français,
mais aussi chez les immigrés africains. Les ménages monoparentaux sont en
revanche très répandus chez les immigrés d’Afrique, d’Amérique et de France
(OFSP, 2007c, en référence à OFS, 2005). Un élément important n’apparaît pas
dans les statistiques nationales des ménages, mais joue néanmoins un grand
rôle : il s’agit des ménages dits « transnationaux » ou « transborder ». On entend
par là des familles vivant dans des ménages séparés dans différents pays.
Les familles et les enfants semblent offrir une forme de protection contre le
tabagisme : les femmes mariées et celles qui ont au moins un enfant âgé de moins
de quinze ans fument moins (Gabadinho, Wanner et al., 2006). Par ailleurs, les
hommes et les femmes célibataires boivent moins que les personnes mariées,
divorcées, séparées ou veuves (Gabadinho, Wanner et al., 2006). L’ivresse
ponctuelle concerne principalement les personnes seules, moins souvent les
couples mariés (ibid.). Il peut y avoir un rapport avec l’âge. Le risque de
consommation abusive d’alcool diminue dans les ménages formés au moins de
deux personnes.
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Les études à long terme concernant le grand public aux USA démontrent que le
tabagisme et la désaccoutumance au tabac sont dépendants de phénomènes
propres au réseau social et à la dynamique collective de ces réseaux (Christakis et
Fowler, 2008). Il est frappant de constater que dans les réseaux locaux la
désaccoutumance au tabac est caractérisée par un effet de cascade. Cet effet
signifie que la décision d’arrêter de fumer est mise en uvre collectivement, et
ceci par des personnes se trouvant en contact direct. Selon les auteurs, l’arrêt de
fumer est moins influencé par la proximité géographique et les facteurs
environnementaux (tels que les impôts sur le tabac, l’accessibilité de ce
psychotrope ou la publicité) que par les normes sociales qui circulent dans les
réseaux (ibid.). Les programmes d’arrêt proposés dans le domaine du tabagisme
et de l’alcoolisme ont montré en outre que les mesures de soutien par les pairs
(peer support) sont plus efficaces que les programmes individualisés. Il est
important que ce peer support soit conçu de telle manière que les règles du réseau
personnel ne soient pas modifiées (ibid.). Les résultat à long terme ont également
montré que les fumeurs invétérés sont de plus en plus marginalisés dans leurs
réseaux sociaux et que, en raison de l’effet de cascade, il vaut la peine d’investir
aussi dans des interventions destinées à des petits groupes de la population totale.
Le changement de normes intervenant dans de petits groupes peut avoir une
grande influence sur d’autres personnes en contact avec ces groupes et
déclencher alors chez elles un changement de normes (ibid.). Les potentiels de
ces réseaux peuvent également être exploités pour encourager de manière
générale un comportement favorable à la santé (Christakis et Fowler, 2008).
Dans le contexte qui nous intéresse, les réseaux informels (dans l’analyse de
réseaux, on parle de « réseaux personnels des individus ») constituent donc un
élément important, à côté des formes d’organisation formalisées regroupant des
personnes d’origine migrante (appelées dans la littérature « auto-organisations »)
et des représentants individuels de la population migrante qui disposent d’un
potentiel spécial (personnes de référence ou key persons). Suivant la nature des
mesures envisagées, il faudra donc exploiter plusieurs formes de réseaux.
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migrante établissent aussi d’autres formes de réseaux qui peuvent être également
utiles à la collaboration. On peut citer par exemple les réseaux de compétence
(basés sur les connaissances spécialisées et non pas sur l’origine), la mise en
réseau avec des institutions locales ou avec des personnes non issues de la
migration et les réseaux personnels informels dont nous avons parlé plus haut
(ibid.)
Ces aspects propres à la population migrante doivent être pris en compte dans le
travail avec les réseaux. De plus, la participation à la société civile est un
phénomène complexe et l’association de réseaux de collectivités migrantes
engendre des interactions sur lesquelles il convient de réfléchir dans chaque cas
(Moret, Meffre et Dahinden, 2008). Cependant, ajoutent les auteurs (ibid.), les
auto-organisations et les réseaux personnels sont une mine de ressources dans le
domaine de la société civile et de l’entraide et ils constituent ainsi un riche potentiel
pouvant être profitable au travail d’intégration et de prévention.
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5.2.2. Médias
Nous reviendrons plus en détail sur le rôle des médias au chapitre 6. Nous nous
contenterons de souligner ici que, dans la perspective d’une mise en réseau, les
médias jouent un double rôle. D’une part, les différents groupes de la population
migrante trouvent un important moyen d’expression et d’identification dans leurs
propres médias, d’autre part les médias sont généralement des vecteurs
d’information de la plus grande importance pour la population migrante. Selon
Moret, Meffre et Dahinden (2007b), 82% des personnes interrogées consomment
des informations concernant la prévention dans les médias de leurs pays d’origine
et dans leurs propres médias et au moins 61% d’entre elles le font dans les médias
suisses. La télévision – pour la première génération principalement les émetteurs
de leurs pays d’origine – est le média préféré – suivi par les journaux, les
magazines et la radio (ibid.).
Il convient donc de tenir compte des canaux médiatiques qui permettent d’atteindre
ces groupes et de définir le média le mieux approprié pour chaque type de
message de prévention (ibid.).
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Pour les groupes-cibles, une relation semble être particulièrement forte lorsqu’elle
est informelle. Moret, Meffre et Dahinden (2007 a et b) ont observé en tous cas
chez les migrants parlant albanais et chez les turcs d’origine migrante que la
crédibilité est la plus élevée quand une information est transmise oralement et
quand la relation avec la personne de référence de même origine ou de même
langue est informelle (ibid.). C’est ainsi que ces personnes de référence sont plutôt
sollicitées dans un cadre informel (par exemple dans la rue) et comme membres
de leur communauté (dans le cadre d’une relation amicale), même lorsqu’elles
pourraient l’être dans un cadre professionnel (ibid.). Les personnes de référence
peuvent alors être prises dans des conflits de loyauté et des conflits de rôle (ibid.).
On peut supposer que, pour des raisons de confiance, les groupes-cibles
recherchent une relation « forte », ce qui peut toutefois déclencher un conflit avec
une éventuelle attitude de réserve liée au professionnalisme de la personne de
référence (cf. Sabbioni et Salis Gross, 2006).
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5.2.4. Auto-organisations
En Suisse, il existe un grand nombre de groupements très divers et plus ou moins
formalisés qui rassemblent des personnes issues de la migration de la même
origine ou d’origines différentes. Il convient donc de déterminer quels sont les
groupes-cibles et les associations à contacter pour chaque type de projet. Dans
l’ensemble, la population migrante est fortement intégrée dans ces structures,
même si l’appartenance à des associations est moins répandue que dans la
population suisse (Moret, Meffre et Dahinden, 2007 a et b).
Ces associations très formalisées ont souvent une orientation transnationale, c’est-
à-dire qu’elles poursuivent souvent une double stratégie : elles contribuent à
maintenir les liens avec le pays d’origine, mais elles constituent surtout une base
permettant la participation dans le pays d’accueil (Moret, Meffre et Dahinden,
2007a). C’est pourquoi elles sont souvent des interlocuteurs très recherchés tant
pour des activités transnationales que pour des actions du domaine de la société
civile dans le pays d’accueil. Toutefois, ceci est surtout le cas pour les acteurs
suisses de l’intégration. Dans le domaine de la santé publique, une collaboration
est encore plus rare (ibid.). Il y a là encore un gros potentiel à exploiter (Güngör et
al., 2000). Mais ces relations ne doivent pas être trop sollicitées, car les
associations de populations migrantes se trouvent souvent (comme c’est d’ailleurs
le cas des associations suisses) dans une situation « précaire » (Moret, Meffre et
Dahinden, 2007a) et leur engagement dans le domaine de la société civile ne peut
souvent se faire que dans un cadre limité.
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Exemple :
« Le syndrome de l’« association uniquement composée d’un président », c’est-à-dire des
organisations portées par un seul individu, à la fois infatigable et surchargé de travail, est un
phénomène fréquent dans les associations peu professionnelles. Ce principe de direction –
le président est généralement un homme – est souvent longtemps apprécié tant par le
président que par les membres de l’association, mais à la longue les deux parties ont
tendance à s’en plaindre. Ces plaintes concernent alors souvent l’excès de pouvoir et le
manque de transparence d’une part et la passivité des membres d’autre part. Dans ces
circonstances, l’association au travail d’intégration devient particulièrement difficile. Ou en
d’autres termes : comme les associations sans but économique – et les associations
suisses ne font pas exception - les organisations de populations migrantes se plaignent que
les soutiens de projets classiques soient peu efficients pour les bénéficiaires. Pour les
associations de migrants uniquement basées sur le bénévolat, il est parfois extrêmement
difficile de réussir à déposer une demande d’aide financière.
Il faut éviter d’instrumentaliser ces associations en leur déléguant des tâches pour
lesquelles on ne leur accorde pas de rémunération (ou financière ou par le
capacity building). En les sollicitant trop souvent, ne serait-ce que pour diffuser des
informations, on risque d’affecter l’impact des activités. C’est pourquoi les
enquêtes réalisées parmi les professionnels et les études de réseaux citées plus
haut recommandent de rechercher des formes de collaboration bien coordonnées
et de prévoir une reconnaissance ou une rétribution réalistes de ces prestations.
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Des réseaux axés sur l’origine vers des réseaux axés sur les thèmes et les
compétences. Moret, Meffre et Dahinden (2007a) parviennent à la conclusion
qu’en matière de collaboration avec les réseaux de collectivités migrantes, il faut
passer d’une orientation axée sur l’origine à une orientation axée sur les thèmes et
les compétences. Cette évolution devrait conduire – telle est du moins l’hypothèse
– à une meilleure estimation et à une meilleure reconnaissance des partenaires de
la population migrante. Selon les auteurs, un autre avantage réside dans le fait
qu’il s’ensuivrait une augmentation de la pression en faveur d’une mise en réseau
horizontale des groupes de différentes origines. Ces nouvelles formes de
collaboration entraînent toutefois des difficultés supplémentaires pour les
organisations de prévention et de promotion de la santé. Il devient en effet plus
compliqué d’identifier les « bons » partenaires à associer à un thème en particulier
ou de mettre en uvre une stratégie top-down qu’en travaillant avec les
associations classiques. D’un côté, le cadre informel ou peu formalisé de ces
réseaux est une ressource indispensable, mais de l’autre côté, une telle évolution
exige un surcroît de ressources et de soutiens – une contradiction irrémédiable.
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32
Différence entre « besoin » et « nécessité », voir glossaire.
33
Plusieurs professionnels de la prévention du tabagisme et de l’alcoolisme interrogés dans le cadre du
projet ont dit qu’il faut impérativement accorder davantage de place à la recherche épidémiologique
(Müller, 2008).
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Le groupe-cible ne peut pas toujours être choisi librement ; il arrive en effet qu’il
soit désigné de manière contraignante. Des raisons fortuites – à ne pas forcément
écarter d’emblée - comme de bons contacts avec certains groupes de migrants
peuvent aussi intervenir dans le choix d’un groupe-cible.
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médical, mais aussi une prise en charge plus globale prenant en compte les
aspects psychiques, familiaux et sociaux d’une maladie. Il apparaît judicieux de
proposer aux médecins traitants des formations continues orientées sur la
transculturalité, notamment en matière de prévention de l’alcoolisme et du
tabagisme et aussi dans d’autres domaines. Des publications dans des revues
telles que le Bulletin des médecins suisses et Primary Care, le Journal suisse de
médecine de premier recours, pourraient s’avérer intéressantes (Bauer, 2006).
6.4.3. Pharmaciens
Le personnel des pharmacies peut aussi jouer un rôle prépondérant dans la com-
munication avec la population migrante. En effet, l’expérience montre qu’il est plus
facile de franchir le seuil d’une pharmacie que de prendre rendez-vous chez un
médecin. Achermann et al. (2006) ont constaté qu’à Genève et à Zurich, les per-
sonnes admises à titre provisoire et les sans-papiers se rendent plus volontiers
dans une pharmacie que chez un médecin, surtout lorsqu’ils ne sont pas couverts
par une assurance-maladie. Les auteurs de cette étude recommandent d’informer
et de sensibiliser les pharmacies pour qu’elles puissent rendre leurs clients atten-
tifs aux mesures existantes dans le domaine de la prévention et de la promotion de
la santé. Un certain nombre d’offres existent déjà, notamment une notice en
croate, albanais et espagnol pour arrêter de fumer éditée par l’Association suisse
pour la prévention du tabagisme (at). Une enquête réalisée par Moret, Meffre et
Dahinden (2007b) indique aussi que les pharmacies sont souvent citées comme
source d’information, surtout par les femmes et les jeunes. Selon cette étude, le
succès des pharmacies réside dans le fait qu’elles sont faciles d’accès et que les
informations s’obtiennent de manière informelle et anonyme. Point n’est besoin de
prendre rendez-vous et les conseils et services reçus sont généralement moins
chers qu’une consultation chez le médecin.
Les messages de prévention doivent être clairs, brefs et sans ambiguïtés, de ma-
nière à pouvoir être compris par un public de faible niveau d’instruction. De nom-
breux professionnels estiment que du matériel dans la langue maternelle constitue
une aide précieuse (Bauer, 2008). Ils conseillent aussi d’utiliser des supports vi-
suels comme des images et des films (Stuker et al., 2008; Bauer, 2008). Les mo-
dalités pratiques des rencontres (heures, lieux, coûts) doivent tenir compte des
possibilités du groupe-cible. Le cas échéant, il est conseillé de prévoir une garderie
d’enfants. (Bauer, 2008). En principe, les cours ne devraient pas être gratuits
(Bauer, 2008) : une participation financière donne de la valeur à l’offre et souligne
qu’un engagement personnel est attendu. Il faut toutefois faire en sorte que la par-
ticipation financière soit aussi faible que possible.
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Le rapport aux médias du groupe-cible doit être analysé avant toute intervention via les
médias. Les connaissances d’une langue, le niveau de formation, les intérêts personnels et
d’autres facteurs influencent le rapport aux médias. On peut s’interroger sur les types de
médias (télévision, Internet, médias imprimés, radio) préférés du groupe-cible. On peut
également analyser l’intérêt porté à certains titres ou publications spécialisées (p. ex.
programmes sportifs, revues médicales). Il est important de savoir dans quelle mesure les
médias des pays d’origine peuvent être exploités à des fins de prévention. Les médias
propres au groupe-cible (diffusion d’émissions de la population migrante sur des antennes
comme Radio LoRa à Zurich et Radio X à Bâle) présentent également un intérêt.
Les équipements électroniques renseignent sur les types de médias que possèdent les
ménages du groupe-cible (Internet, télévision radio). L’étude Bonfadelli (2007) et le synopsis
de Piga (2007) montrent que de nombreux groupes de la population migrante possèdent les
mêmes équipements que les ménages suisses. Il peut être intéressant d’analyser
séparément les équipements électroniques utilisés par les personnes âgées d’origine
migrante et les groupes vivant dans des situations précaires.
Ces recherches demandent du temps et coûtent de l’argent. Elles sont surtout conseillées
pour les campagnes à grand budget (p. ex. via la télévision, des affiches et des publicités).
Il existe toute une série de médias (principalement journaux et revues) qui sont réalisés par
des personnes d’origine migrante pour la population migrante ou des groupes spécifiques
de migrants. Une collaboration avec les médias en question est recommandée, étant
entendu que les modalités de la collaboration devront être adaptées de cas en cas.
6.5.1. Langue
En général, les médias dans les langues des pays d’origine ont davantage
d’impact, en particulier sur les personnes âgées, les personnes de faible niveau
d’instruction, mais aussi sur les familles avec enfants (Moret, Meffre et Dahinden,
2007b).
6.5.2. Télévision
Selon différentes études, la télévision (y compris par satellite) est le média le plus
utilisé par la population migrante (Piga, 2007; Moret et al., 2007b). Cela vaut
également pour les informations en matière de santé (Gabadinho et Wanner,
2008). La population migrante regarde souvent la télévision en groupe ou en
famille (Moret et al., 2007.). Les résultats de l’enquête effectuée dans le cadre de
ce projet auprès de personnes d’origine migrante de la première génération
confirment l’importance du média télévision (l’intérêt porte principalement sur des
émissions diffusées par des chaînes du pays d’origine ; Stuker et al., 2008). Sur la
base de ces données, il paraît indiqué de diffuser des informations via les chaînes
télévisées suisses ou des pays d’origine des migrants. Le média télévision coûte
plus cher que d’autres médias ; son utilisation suppose des connaissances en
matière de publicité.
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6.5.3. Internet
Des études européennes indiquent que la population migrante est bien équipée en
médias électroniques (Piga, 2007). Selon une étude suisse, un très grand nombre
de jeunes utilisent Internet (Bonfadelli, Bucher, 2007). Par rapport aux autres for-
mes de communication, Internet présente l’avantage d’être interactif et de proposer
un site en plusieurs langues (Bonfadelli, communication personnelle). Le recours à
Internet est vivement conseillé en particulier pour entrer en contact avec la
deuxième et la troisième génération.
Déjà dans le cadre de son projet Migration des années 90, l’OFSP a demandé à
des professionnels de la prévention originaires des pays des groupes-cibles visés
de participer à la traduction et à l’adaptation de brochures de prévention (Burgi et
al., 1995). Une approche de ce type peut être mise sur pied à peu de frais, surtout
s’il est possible d’exploiter les contacts de la Suisse avec l’étranger dans le
domaine de la prévention.
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Les intérêts des membres du groupe-cible varient selon la tranche de vie dans
laquelle ils se trouvent. Cet élément doit être pris en compte lors du choix des
contenus d’information et de la manière de les transmettre. Chez les femmes, les
intérêts changent selon qu’elles ont des enfants ou non. Par exemple, les mères
de nourrissons et d’enfants en bas âge peuvent être sensibilisées au problème de
la fumée passive et à la manière de protéger leurs enfants dans le cadre d’une
prévention du tabagisme.
Genre. Les hommes et les femmes d’origine migrante se différencient sur un plan
épidémiologique (consommation de stupéfiants, maladies, mortalité) et quant à
leur rôle dans la société. Il faut tenir compte de ces facteurs au moment de définir
un groupe-cible et la manière de communiquer avec lui. La responsable du
programme FemmesTische dit à propos de la définition du groupe-cible : « Les
femmes occupent une place particulière au sein de la famille et de la société.
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Lorsque la mère bouge, c’est toute la famille qui bouge. Les femmes vivent un
double isolement ; il y a l’isolement par rapport à la société et l’isolement au sein
de la famille. » (Bauer, 2008)
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Groupe-cible
Un certain nombre de connaissances préalables sont nécessaires pour pouvoir justifier le
choix d’un groupe-cible. Dans la mesure du possible, le choix doit s’effectuer sur la base
d’un besoin scientifiquement établi. Le groupe-cible peut aussi être défini d’après des
nécessités exprimées et perçues. Il faut toutefois garder à l’esprit que certains groupes-
cibles ne sont pas en mesure de comprendre et de se faire comprendre. La conception des
offres demande une analyse précise des moyens de communication utilisés par le groupe-
cible. Ceux-ci doivent être discutés avec des représentants du groupe-cible.
Conception de la communication
La manière la plus efficace d’accéder à la population migrante est le contact direct. Il ne faut
pas surestimer la valeur des informations écrites (même dans la langue parlée du groupe-
cible) ; cette forme de communication doit uniquement être considérée comme un support
d’appoint et comme l’occasion d’un premier contact. Lorsque la langue constitue une
barrière, d’autres formes d’échange peuvent s’avérer utiles (images, scènes, actions,
musique, films). L’appréciation des différentes formes de communication peut
considérablement varier au sein de la population migrante.
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Rares sont les études scientifiques consacrées à la manière dont les personnes
d’origine migrante perçoivent les dépendances, appréhendent la nocivité du tabac
et de l’alcool, se comportent à l’égard de ces produits et se situent par rapport aux
mesures de prévention et aux traitements proposés. Celles qui existent ont
généralement été réalisées à l’étranger et ne s’appliquent que partiellement à la
Suisse, principalement du fait qu’elles concernent des groupes de population non
significatifs pour notre pays et se réfèrent à des conditions sociales qui n’existent
pas chez nous.
L’évaluation des conditions prévalant en Suisse repose la plupart du temps sur des
observations individuelles, non représentatives. Les professionnels de la
prévention transculturelle interrogés dans le cadre du présent projet (Bauer, 2008)
mettent en garde contre le risque de brosser un tableau non différencié de la
manière de penser et d’agir des personnes d’origine migrante. Cette remarque
vaut également pour l’interprétation des données qui suivent, même si toutes les
enquêtes disponibles sur le sujet ont été prises en compte et que nous nous
sommes efforcés de formuler des observations valables pour le plus grand
nombre. Les enquêtes auprès des personnes d’origine migrante et des
professionnels de la transculturalité se sont déroulées dans le cadre d’entretiens
ciblés, d’entretiens avec des groupes de professionnels et d’entretiens individuels.
Les résultats qui en ressortent sont à considérer comme des appréciations
subjectives. Les enquêtes suivantes ont été analysées :
§ Une enquête auprès de professionnels du canton de Zurich sur l’attitude des
membres de leur propre « ethnie » à l’égard des dépendances et de la santé ;
cette enquête a été réalisée par FISP (Fachstelle für interkulturelle
Suchtprävention und Gesundheitsförderung) (Oggier et Ideli, 2005).
§ Une enquête portant sur les problèmes et les besoins des personnes d’origine
migrante et les professionnels, réalisée à la demande d’un organisme de
prévention du canton de Zoug (Suchtberatung und Fachstelle
Gesundheitsförderung und Prävention) (Rusch, 2003).
§ Deux enquêtes réalisées dans le cadre du présent projet auprès de
professionnels de la prévention transculturelle et de personnes d’origine
migrante (Bauer, 2008; Stuker et al., 2008).
§ Deux enquêtes auprès de patients fumeurs d’origine migrante et suisse
portant sur leurs connaissances des effets de la consommation de tabac
(Bodenmann, Murith et al., 2005), sur leur perception des dangers en rapport
avec l’abus d’alcool, le tabagisme et les comportements sexuels à risque,
enfin sur leur appréciation de l’efficacité des mesures de prévention
ponctuelles proposées par les services de consultation d’urgence
(Bodenmann, Cornuz et al., 2005).
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Les personnes établies depuis un certain temps en Suisse, de même que les
parents d’enfants qui ont été sensibilisés au problème de la drogue dans le cadre
scolaire ont une meilleure compréhension du concept de dépendance.
L’enquête Stuker et al., (2008) amène à penser que les personnes qui ont vécu
des expériences traumatisantes (guerres, tortures, actes de caractère raciste)
dans leur pays, pendant l’épisode migratoire ou dans le pays d’accueil trouvent un
soutien important dans le fait de fumer (coping strategy ; voir également Stead et
al., 2001). Certaines personnes déclarent que la cigarette est leur « unique
compagne ».
Parmi les personnes d’origine migrante interrogées, nombreuses sont celles qui
ont eu, dans leur entourage proche ou dans leur cercle d’amis, des personnes qui
ont développé une maladie liée au tabac ou en sont mortes. La plupart des
personnes questionnées dans le cadre de l’enquête Stuker et al. (2008) sont
conscientes que la fumée du tabac est nocif pour la santé, mais leurs
connaissances sont peu différenciées. Il est rare que les gens soient capables de
dire quels sont précisément les effets du tabac sur la santé ; on entend souvent
dire : « le risque de cancer est plus élevé » ou encore, « en fumant, je
m’empoisonne » (Stuker et al., 2008).
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L’enquête Bodenmann, Murith et al. (2005) met en évidence que les patients
d’origine migrante ont une moins bonne connaissance des effets du tabac que les
patients suisses : 32% des personnes d’origine migrante n’ont pu citer aucun effet
nocif de la fumée du tabac, contre seulement 10% chez les Suisses. Les faibles
connaissances des personnes d’origine migrante quant aux effets du tabagisme
sur la santé sont à mettre en rapport avec considérations suivantes :
§ Les personnes qui maîtrisent la langue locale ont davantage conscience des
méfaits du tabac.
§ Les personnes originaires d’Europe de l’Est ont une moins bonne connais-
sance des effets dommageables de la fumée du tabac que les personnes venant
d’Asie et d’Afrique.
§ Dans l’ensemble, les hommes ont moins conscience que les femmes des
effets nocifs de la fumée du tabac.
Par ailleurs, plus la durée de séjour en Suisse se prolonge, plus les personnes
sont réceptives aux messages de prévention. Aucune corrélation n’a été établie
entre le niveau de formation, l’âge, le statut de fumeur et la motivation à arrêter de
fumer.
D’après les enquêtes Oggier et Ideli (2005) ainsi que Rusch (2003), les
informations sur les effets nocifs de la fumée du tabac s’obtiennent dans la sphère
privée, au contact de professionnels de la santé et par l’intermédiaire de
campagnes publique d’information, aussi bien dans le pays d’origine qu’en Suisse.
Les campagnes publiques (dans les écoles par exemple) et les informations
diffusées via la télévision semblent avoir un impact particulier (Stuker et al.
mentionne surtout les télévisions des pays d’origine).
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Le cercle d’amis et la famille influencent dans une large mesure les habitudes de
consommation (Stuker et al., 2008). Alors que les amis et les collègues de travail
légitiment la consommation de tabac par le fait qu’il s’agit d’un comportement
social, les membres de la famille, en particulier s’il s’agit d’ex-fumeurs, peuvent
exercer une forte pression anti-tabac.
Les hommes et les femmes perçoivent différemment le fait de fumer (Stuker et al.,
2008). Fumer est associé à la virilité. Souvent, le fait qu’une femme fume est
moins bien accepté ; on y voit un manque de féminité. Fréquemment aussi, les
femmes n’ont pas le droit de fumer à la maison ; parfois même, il leur est
totalement interdit de fumer. Pour les personnes interrogées, il s’agit de codes de
conduite dictés par la société, qui évoluent certes, mais qui, à ce jour, conservent
leur validité.
Dans le cadre de l’enquête Stuker et al. (2008), certaines personnes précisent que
dans leur pays d’origine, on ne fume que lors de fêtes, et que c’est alors une
pratique majoritairement réservée aux hommes. Pour ce qui est de la
consommation de tabac spécifiquement masculine, les personnes interrogées
dans le cadre de l’enquête Oggier et Ideli (2005) déclarent que c’est souvent dans
les clubs de football et les clubs réservés aux hommes que l’on consomme du
tabac (et de l’alcool). Elles estiment que les jeunes fument (et boivent) de manière
croissante dans les clubs de football.
En revanche, la pression exercée par les proches demeure souvent vaine. Les
enquêtes Stuker et al. (2008) montrent que la connaissance des effets nocifs de la
fumée du tabac, l’aide de professionnels, l’estime de l’entourage (à l’égard des
personnes devenues abstinentes), des considérations financières ou religieuses
ne sont en soi pas des motifs suffisants pour arrêter de fumer. De toute évidence, il
faut une combinaison de l’un ou plusieurs de ces facteurs et la volonté sans cesse
répétée d’arrêter de fumer. Le paramètre volonté se prête à un commentaire
intéressant : d’après Stuker et al., les fumeurs n’admettent pas volontiers avoir eu
besoin d’une aide extérieure pour se désaccoutumer au tabac ; ils préfèrent
pouvoir dire y être arrivés seuls, par leur seule volonté.
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D’après l’enquête Stuker et al. (2008), les problèmes d’alcool se posent en partie
déjà dans le pays d’origine. Une dépendance à l’alcool peut aussi s’installer en
cours de migration ; il arrive qu’un problème préexistant s’aggrave en raison de
conditions de vie difficiles et du fait que la société n’exerce plus son rôle de
régulateur. L’alcool, disent les personnes interrogées, peut servir de stratégie pour
lutter contre l’isolement social et la difficulté de vivre. La consommation est aussi
favorisée par le fait qu’en Suisse, on trouve de l’alcool et du tabac un peu partout.
Il ressort de l’enquête Stuker et al. (2008) que les personnes d’origine migrante qui
n’ont jamais eu de problèmes d’alcool auparavant ou qui n’ont pas conscience de
leur dépendance tendent à banaliser la consommation d’alcool. A leurs yeux, boire
a une connotation positive et est associé à la convivialité et au plaisir. En
revanche, ceux qui ont déjà connu des problèmes de dépendance à l’alcool
soulignent d’emblée la dangerosité du produit. Leur consommation d’alcool les a
confrontés à toute une série de problèmes, notamment isolement social,
dépressions ou encore épisodes de violences au sein du couple. L’enquête met
également ces problèmes en relation avec la migration en Suisse.
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L’abus d’alcool et les épisodes d’ivresse sont aussi considérés comme une
dégradation pour les hommes et comme un manque de respect, surtout à l’égard
de la famille (Stuker et al., 2008).
Dans les études Oggier et Ideli (2005) ainsi que Rusch (2003), les personnes
interrogées mentionnent également des schémas de consommation
spécifiquement liés au sexe et à l’âge. Il en ressort que les femmes et les jeunes
boivent moins que les hommes. La vie associative est souvent le prétexte de boire
pour les hommes ; une consommation excessive d’alcool est surtout observée
dans les cercles portugais masculins. Les femmes, elles, auraient davantage
tendance à boire à la maison. Lorsque leur partenaire présente une dépendance à
l’alcool, elles subissent souvent une situation de co-dépendance ; par leur attitude
de protection ou de soutien, elles cautionnent en quelque sorte la dépendance de
leur partenaire et se nuisent à elles-mêmes.
Oggier et Ideli (2005) ainsi que Rusch (2003) mentionnent aussi le facteur
génération : les hommes de la première génération sont particulièrement
concernés par une consommation excessive d’alcool, alors qu’au niveau de la
deuxième génération, on observe une évolution positive dans la prise de
conscience du risque de dépendance.
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Toujours selon Oggier et Ideli (2005) ainsi que Rusch (2003), les offres de
prévention et de consultation ne sont guère sollicitées. Les obstacles structurels
qui entravent l’accès aux soins sont, notamment, une connaissance insuffisante de
la langue locale, des informations lacunaires en matière de dépendance et de
santé et un manque de confiance. Au nombre des barrières culturelles en rapport
avec l’origine des migrants, mentionnons les sentiments de honte et de culpabilité,
la peur d’être stigmatisé et la crainte de nuire à la réputation de la famille. En outre,
le chômage, des conditions de travail précaires, l’absence d’intégration sociale ou
une intégration insuffisante peuvent conduire une personne à se couper de toute
vie sociale, ce qui complique davantage encore le travail de prévention. Les
déclarations faites dans le cadre de l’enquête Stuker et al. (2008) laissent
supposer que les prestations payantes ne sont guère utilisées.
Selon l’enquête Oggier et Ideli (2005) de même que Rusch (2003), les personnes
d’origine migrante veulent de toute évidence cacher leurs problèmes à leurs
proches. Pour sa part, la famille peut jouer un rôle prépondérant lorsqu’une
personne cherche à sortir d’une dépendance : on s’efforce d’abord de résoudre les
problèmes au sein de la famille. Souvent, les personnes issues de la migration
sollicitent une aide extérieure (consultation ou soins) seulement à partir du moment
où il devient évident que les difficultés ne peuvent plus être résolues autrement.
Certaines personnes se tournent vers leur médecin traitant ou des personnes de
confiance de leur communauté. Il en résulte que les membres de la famille sont
associés aux mesures de prévention et qu’ils y participent.
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Selon les résultats de l’enquête, l’alcool sert aussi souvent de « stratégie » pour
surmonter des traumatismes liés à la guerre et à des épisodes de fuite.
Les personnes interrogées déclarent que la maladie et l’abus d’alcool sont des
sujets tabous dans les communautés tamoules et que la dépendance à l’alcool est
le signe d’un échec personnel. Les causes de la maladie et de la dépendance sont
souvent attribuées à des facteurs externes et considérées comme une fatalité. On
ne s’interroge ni sur l’attitude personnelle, ni sur les conditions de vie. La société
perd son rôle protecteur et régulateur du fait de l’absence de la famille élargie et,
partant, d’un réseau social inexistant ; elle est impuissante en cas de problèmes
familiaux, d’isolement, de conditions de logement précaires et d’éloignement du
réseau social.
Des problèmes peuvent surgir au cours des traitements proposés aux patients
tamouls alcooliques de sexe masculin. De l’avis des professionnels interrogés, ces
problèmes résultent de facteurs typiques d’une dépendance à l’alcool ; ils n’ont
rien de culturel et, par conséquent, ne concernent pas spécifiquement la
population tamoule. Il s’agit :
§ d’une connaissance insuffisante de la langue locale de la part des patients et
d’une méconnaissance de la langue tamoule de la part des professionnels ;
§ de la peur de perdre la face en cas de troubles post traumatiques et de la
crainte de faire l’objet d’un traitement discriminatoire ;
§ du déni ou de la minimisation du problème de dépendance ; de la peur que la
dépendance soit assimilée à un vice ;
§ de la méconnaissance des traitements de la dépendance proposés en milieu
hospitalier ;
§ de différences socioculturelles quant à l’attitude face aux traitements (faible
responsabilisation personnelle et, parfois, motivation insuffisante à participer à un
traitement).
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Les auteurs de l’étude concluent que les institutions actives dans le traitement des
dépendances n’ont pas besoin d’avoir de connaissances spécifiques de la
communauté tamoule pour bien faire. Ce qui importe en priorité, c’est de renforcer
la compétence transculturelle des professionnels et des institutions, de manière à
pouvoir expliquer et aborder les problèmes de dépendances des personnes
d’origine migrante à la lumière de leurs conditions de vie. Les hommes de la
communauté tamoule confrontés à des problèmes de dépendance à l’alcool ne
sont donc pas un cas particulier ; leur exemple illustre bien qu’une addiction ne
saurait s’expliquer uniquement par l’origine d’une personne.
34
Voir analyse de la littérature de la CRS (Kasper et al., 2008)
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Une étude de Surall, Siefen et al. (2002) a analysé les différences de prévalence,
de risque et de propension à consommer des drogues, de l’alcool et du tabac chez
les jeunes Allemands, les jeunes Turcs et les jeunes « Aussiedler ». Selon cette
étude, il n’y a pas vraiment de différences entre les « Aussiedler » et le reste des
Allemands quant à leur consommation de drogues légales et illégales. Comparé à
ces deux groupes, les jeunes Turcs consomment moins souvent, et en quantités
moindres, des alcools doux ou forts de même que du cannabis. En outre, ils
commencent à consommer des alcools doux plus tardivement. Ils ont une
perception plus marquée de la dangerosité de l’alcool et du cannabis et
considèrent qu’il est difficile d’accéder aux substances (Surall, Siefen et al., 2002).
La consommation d’alcool des jeunes Turcs est surtout influencée par la
disponibilité du produit et le statut social (mesuré aux conditions de logement et à
la situation financière des parents). Les jeunes Turcs qui ont déjà consommé de
l’alcool montrent une propension significativement plus grande à multiplier les
épisodes de consommation que les jeunes demeurés abstinents jusqu’ici. Les
jeunes Turcs anxieux ou dépressifs envisagent plus facilement de consommer de
l’alcool à l’avenir, ce qui n’est pas le cas chez les jeunes Allemands. Une bonne
intégration sociale – mesurée au nombre d’amis et aux activités sociales
pratiquées – va de pair avec une disposition élevée à consommer. Chez les jeunes
Allemands, la consommation est principalement influencée par la disponibilité des
produits, l’appréciation de la dangerosité, l’âge et l’argent à disposition.
35
« Aussiedler » et « Spätaussiedler » sont des termes spécifiques à la société allemande. La migration
des « Spätaussiedler » plonge ses racines dans l’histoire de la jeune république fédérale. Pas plus tard
qu’en 1950, … quatre millions d’Allemands vivaient encore en Europe de l’Est. La Loi fondamentale de
la République fédérale d’Allemagne (Grundgesetz) considère ces personnes et leurs descendants
comme étant d’« origine ethnique allemande ». Sous certaines conditions, ces personnes sont
autorisées à entrer en Allemagne en qualité d’« Aussiedler » (ou de « Spätaussiedler » depuis une
modification de la loi en 1993). Elles obtiennent la nationalité allemande et peuvent solliciter diverses
aides à l’intégration. Nombre d’« Aussiedler » connaissent les mêmes problèmes de langue et
d’intégration que les migrants étrangers… De nombreux jeunes immigrés n’ont que des liens ténus
avec la langue et la culture allemandes. Ils se heurtent à maints problèmes d’intégration et sont mal
acceptés par la société allemande (Traduit d’un article de Jan Schneider, Bundeszentrale für politische
Bildung, Deutschland, http://www.bpb.de/themen/96ORR8,0,0,Aussiedler.html, consulté le 3.7.08).
36
Aux Etats-Unis, la recherche dans le domaine des dépendances liées à la migration accorde une
grande importance au phénomène d’« acculturation ». Ce concept est moins usité en Europe (Weiss,
2003). Berry (1992) entend par là le processus psychosocial par lequel les personnes d’origine
migrante modifient leurs comportements ainsi que leur manière d’être et de penser sous l’effet de la
société d’accueil dominante. Ce concept est notamment mis en relation avec l’apparition de troubles
psychiques et des comportements à problème. Des études mettant en évidence des taux plus élevés
de consommation de substances, de suicides, de troubles alimentaires et autres troubles du
comportement chez les personnes d’origine migrante « acculturées » (acculturated) de la deuxième
génération viennent corroborer ces hypothèses (Berry 1992). Il convient de préciser que certaines
études arrivent à un résultat inverse (p. ex. Boos-Nünning, 2002). A ce jour, l’incidence de
l’« acculturation » a encore rarement été étudiée en combinaison avec d’autres variables (Rodriguez,
1995). Cette approche se fonde en partie sur des concepts statiques de la migration et de la culture.
Elle a pour effet que des groupes entiers de migrants sont regroupés d’après leur origine ou leur
« ethnie ». Cette approche néglige à la fois l’hétérogénéité qui caractérise ces groupes et la diversité
des aspects socioculturels.
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Prévention et promotion de la santé transculturelles en Suisse :
Informations de base et recommandations
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Prévention et promotion de la santé transculturelles en Suisse :
Informations de base et recommandations
Dans l’optique de définir et d’évaluer les offres et projets existants, un cadre a été
défini sur la base de collections existantes, comme Quint-Essenz (www.quint-
essenz.ch) et Kaya (2007), avec indication des critères de bonne pratique (good
practice) applicables aux mesures de prévention transculturelle et de promotion de
la santé. Ce cadre a été élargi en tenant compte des enquêtes qui ont été
réalisées ; il est décrit au chapitre 10, Recommandations.
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Prévention et promotion de la santé transculturelles en Suisse :
Informations de base et recommandations
mais une autre explication ne saurait être écartée : les offres à approche
intégrative – c'est-à-dire les institutions qui ciblent aussi des personnes d’origine
migrante dans le cadre de leur activité régulière – sont plus difficiles à recenser.
Un certain nombre d’offres qui ont été répertoriées appliquent explicitement le
concept de compétence transculturelle dans leurs consultations et traitements des
dépendances. Par exemple, elles forment des personnes d’origine migrante en
qualité de médiateurs interculturels et tiennent systématiquement compte de la
population migrante lors de la planification de nouvelles offres.
ouverture de l’offre).
38
Voir http://www.bag.admin.ch/themen/gesundheitspolitik/00394/00395/00396/index.html?lang=de.
39
Le dossier Migration et santé 2006 documente la mise en uvre de la stratégie Migration et santé
2002-2007 (voir http://www.bag.admin.ch/themen/gesundheitspolitik/00394/-
00395/00396/index.html?lang=de).
40
Par exemple, le site Internet de Migesplus a reçu un accueil favorable de la part des professionnels
de la santé. En ce qui concerne le projet VIA, les offres ont été reprises par toute une série
d’organisations partenaires. Afrimedia a aussi effectué un travail de sensibilisation et de création de
réseaux auprès des fournisseurs de prestations (Ledermann, Hammer et al., 2006: 89).
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Informations de base et recommandations
Pour l’OFSP, il reste encore beaucoup à faire surtout dans les domaines suivants :
§ la sécurité et la promotion de la santé sur le lieu de travail
§ l’exercice physique et l’alimentation
§ le VIH/sida
§ les addictions (médicaments, tabac, substances illégales, alcool))
§ la prévention des cancers
§ la santé psychique
Le tableau 8.1 présente les conditions d’une ouverture transculturelle des offres dans le
domaine de la promotion de la santé et de la prévention, telles qu’elles sont décrites dans
la stratégie Migration et santé.
41
Selon l’OFSP, il faut prendre à la fois des mesures qui ont un effet direct sur la promotion des
compétences sanitaires et le comportement de la population migrante (prévention centrée sur la
personne) et des mesures contribuant à renforcer le système et le personnel de santé dans leur
approche de la migration et de la diversité culturelle (prévention structurelle).
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Projets
Ajustement des mesures au contexte social des personnes d’origine migrante
Prise en compte de l’importance des réseaux sociaux et de paramètres tels que la famille, la
vie associative, le travail, l’école et les loisirs (settings)
Action basée sur des évidences
Définition des groupes-cibles selon:
§ l’orientation thématique
§ des données fondées sur l’évidence
§ les groupes d’âge (enfants, jeunes, adultes, migrants âgés)
Participation du groupe-cible à la conception et la mise en uvre des mesures
Aspect genre
Prise en compte d’initiatives personnelles
Mainstreaming
Intégration systématique des besoins spécifiques à la migration dans les structures et
procédures de base de la promotion de la santé et de la prévention
Transferts des connaissances, plateformes d’échanges et soutien à des mesures novatrices
à l’échelle nationale et cantonale
Compétence transculturelle
Elaboration de moyens d’information adaptés
Développement de la compétence sanitaire
Renforcement de la compétence transculturelle dans des projets spécifiques
Source: Stratégie Migration et santé de la Confédération, Phase II (OFSP, 2007c)
Par ailleurs, les enquêtes auprès des professionnels ont mis en lumière que
certaines institutions, par exemple l’Association Appartenances, travaillent avec
succès depuis des décennies avec des projets à bas seuil dans le domaine de
l’intégration. Active en Suisse romande, l’Association Appartenances aide les
personnes d’origine migrante à prendre conscience de leurs ressources
personnelles, ce qui leur permet d’améliorer leur autonomie et leur qualité de vie.
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Offres des cantons. D’après l’enquête conduite par la CRS (Stuker et al., 2008),
les offres cantonales visant (également) la population migrante sont principalement
centrées sur l’alimentation et l’exercice physique, l’éducation et la famille, les
mesures de prévention du cancer, le VIH/sida et la santé sexuelle. La majorité de
ces offres prévoient du matériel d’information, des rencontres d’information et des
consultations dans des langues autres que les langues nationales (CRS, 2007).
L’accent est également mis sur le travail de terrain. Les initiatives cantonales
suivantes présentent un intérêt tout particulier :
§ Depuis fin octobre 2007, le canton d’Appenzell Rhodes-Intérieures finance une
action en parallèle à la campagne nationale « L’éducation donne des forces » :
séances d’information en allemand et soirées parents consacrées à des
problématiques éducatives pour les parents d’origine migrante, avec la
participation de médiateurs interculturels. L’objectif de cette campagne est de
(mieux) armer les parents dans leur rôle d’éducateurs. Des thèmes en rapport
avec la santé sont également abordés (Kasper et al. 2008).
§ Dans le canton de Saint-Gall, l’Ostschweizer Verein für das Kind (ovk) propose
des consultations destinées aux mères et aux pères. Les personnes d’origine
migrante sont associées à la planification des mesures et au pilotage des
offres ; pour sa part, l’organisation effectue un travail de mise en réseau avec
les groupes de la population migrante. D’après les indications fournies par le
préposé cantonal, ovk a procédé à une analyse détaillée des clients et des
groupes-cibles et destine l’offre de prestations à la population migrante. Les
conseillers sont expressément formés à la compétence transculturelle et les
offres ont été adaptées afin de correspondre aux critères de la transculturalité
(Kasper et al., 2008).
42
Voir à ce propos le chapitre 4.
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Informations de base et recommandations
43
Un co-responsable de l’organisation a participé aux enquêtes réalisées par Caritas Suisse et
la CRS (entretien avec un groupe de professionnels).
44
www.fisp-zh.ch (y compris liste d’adresses des services
proposant des consultations dans d’autres langues).
45
www.musub.ch
46
www.contactnetz.ch
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Informations de base et recommandations
§ Il a été difficile d’obtenir du matériel d’information dans les langues des migrants. Les
responsables de projets estiment qu’il faut remédier à cette situation. La tâche ne re-
lève pas de la compétence d’organisations cantonales ou régionales ; elle doit être pla-
nifiée, pilotée et assurée par l’OFSP ou l’ISPA.
§ La stratégie top-down correspond aux recommandations de l’étude préalable au projet
(Domenig et al., 2000), toutefois, elle entrave quelque peu la mise en uvre du projet.
§ Il a été difficile d’amener les personnes contactées dans le cadre d’un travail à bas seuil
à des consultations ou des thérapies plus intensives.
Ces observations amènent aux conclusions suivantes (Dahinden, Delli, Grissenti, 2005):
§ Une implémentation durable nécessite une stratégie top-down efficace et des adapta-
tions structurelles en conséquence.
§ Les principaux éléments du projet (travail de réseau, formation, etc.) doivent être re-
conduits au-delà de l’achèvement du projet.
§ Cette optique suppose la mise à disposition de nouvelles ressources techniques, finan-
cières et en personnel.
§ Du fait de sa solide expérience, le projet présente un bon potentiel d’implémentation au
niveau national.
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Informations de base et recommandations
Asyl-Organisation Zürich (AOZ), Psychosozialer Dienst, Zurich.47: travail au profit de réfugiés et d’autres
personnes d’origine migrante dans les domaines social, de la formation et de l’intégration.
Caritas Zürich, Projet URAT: réseau de contacts pour les familles kosovo-albanaises du canton de Zurich ;
notamment aide pour des questions sanitaires.48
Centro Scuola e Famiglia delle Colonie Libere Italiane, Zurich49: prévention des dépendances et consultations
pour les personnes d’origine migrante.
Derman Rötel, Beratungsstelle für interkulturelle Vermittlung, Zurich50 : centre de médiation interculturelle.
Fachstelle für Gesundheitsförderung und Prävention Ob- und Nidwalden (Suisse centrale): les migrants sont
inclus dans les groupes-cibles.
Gesundheitsamt Kanton Zug, Fachstelle für Suchtfragen und Prävention (canton ZG): projet « Migration und
Suchtfragen ». Consultations pour les problèmes de dépendance des personnes migrantes, matériel d’information
en langues autres que l’allemand, participation d’interprètes et de médiateurs interculturels aux rencontres
d’information.51
Policlinique Médicale Universitaire (PMU), Lausanne: depuis 2003, des consultations sont proposées dans le
cadre de l’unité des populations vulnérables, notamment pour les Sans-papiers. Interventions ponctuelles et
traitement de problèmes de dépendance (y compris tabac et alcool). Recherche dans le domaine des traitements
et des mesures de prévention en faveur des populations vulnérables, spécialement les personnes d’origine
migrante.
Repair Fribourg (Suisse romande): programme longtemps dédié à la prévention de l’alcoolisme chez les jeunes.
Axé également sur la population migrante.52
uvre suisse d’entraide ouvrière OSEO, projet « Rete PISP », antenne MayDay, Lugano: centre
d’information et de consultation sociale et sanitaire pour les personnes d’origine migrante admises à titre
provisoire.
Suchtberatungs- und Informationsstelle für Migrantinnen und Migranten, Fachstelle für Suchtprävention
Blaukreuz Fachstelle Thun (canton BE): consultation pour personnes d’origine migrante53 ayant un problème de
dépendance à l’alcool ou à d’autre substances, pour les proches et les conjoints, les employeurs, les institutions
et d’autres cercles intéressés.
Suchthilfe Region Olten (canton SO): centre de prévention des dépendances et de promotion de la santé54. La
migration est considérée sous l’angle transsectoriel.
Suchtprävention und Drogenberatung Schaffhausen SDSH55 (Suisse orientale, SH): groupe bénévole
d’accompagnement social56 et médiation/traduction interculturelles.57
Supra-f: modèle de bonne pratique dans le travail de prévention auprès de jeunes en danger ; projet soutenu par
l’OFSP. Ciblé également sur les jeunes d’origine migrante.58
Appartenances: association proposant des cours, des thérapies, des traductions, un centre de documentation et
un point de rencontre. Selon l’enquête Caritas, également offres dans le domaine de dépendances.59
Vivre sans fumer (Suisse romande): service d’intégration du canton de Neuchâtel. Egalement actif dans le
domaine de la population migrante.
47
www.asyl.stzh.ch
48
www.caritas-zuerich.ch
49
www.centro-zh.ch
50
www.roetel.ch
51
www.zug.ch/gfp
52
D’après le rapport annuel et l’enquête Caritas (Bauer, 2007), environ 80% des jeunes font partie de la
population migrante.
53
www.suchtpraevention.org; www.blaueskreuzbern.ch;
54
www.suchthilfe-olten.ch
55
Une liste des centres de consultation ambulatoires en matière de dépendances est disponible sur
www.infoset.ch.
56
Aide sida Thurgovie / Schaffhouse
57
Schaffhauser Kontaktstelle Schweizer – Ausländer
58
www.supra-f.ch
59
www.appartenances.ch
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Informations de base et recommandations
Alcool – trop, c’est combien ? la brochure éditée par l’OFSP et l’ISPA a été adaptée et
complétée par la Croix-Rouge suisse pour le groupe-cible de la population migrante. Depuis
août 2007, disponible également en tamoul, serbe/croate/bosnien, portugais, espagnol et
turc.
Tableau des « pour-mille »: ce tableau édité par l’OFSP et GastroSuisse est disponible
également en tamoul, serbe/croate/bosnien, portugais, espagnol et turc.
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Prévention et promotion de la santé transculturelles en Suisse :
Informations de base et recommandations
60
Antennes: Berne, Fribourg, Lausanne, Lucerne, Zurich (GS) et Lugano. http://www.radix.ch.
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Informations de base et recommandations
Projet de santé pour enfants bosniaques et enfants parlant bosnien Région Bienne-
SUPPORT Radix Promotion de la santé Seeland
Formation continue des professionnels/médiateurs interculturels tamouls Région/Zurich-Ville
Groupe de travail des médiateurs interculturels tamouls, ZüFAM, zfa, FISP.
Direction : SUPPORT Radix Promotion de la santé
SuMiVE Prévention des dépendances en collaboration avec des associations de Région Argovie
migrants
Caritas Aargau et Suchthilfe Bezirk Aarau.
Direction : Commission fédérale des étrangers (CFE)
Vive le Football Région Suisse
Association culturelle Pérou, Lausanne. romande
Direction : SUPPORT Radix Promotion de la santé
Fumo Passivo Tessin
Comunità albanese del canton Ticino.
Direction : SUPPORT Radix Promotion de la santé
Rauchen – ein Kavaliersdelikt gegenüber Kindern? Région Suisse
Direction : SUPPORT Radix Promotion de la santé orientale
Tabakprävention in der spanischen Gemeinschaft Région Berne
Association faîtière espagnole FEMAES
Migration und Suchtfragen Canton de Zoug
Gesundheitsamt Kanton Zug, Fachstelle für Suchtfragen und Prävention des Kantons
Zug
Rauchstopp-Therapie bei türkeistämmigen Migrantinnen und Migranten in der Echelle nationale
Schweiz
ISGF Institut für Sucht- und Gesundheitsforschung Zürich
Projet Migration et dépendance Berne, Thoune,
Réseau Contact. Direction : canton de Berne Bienne, Haute-Argovie/
Emmental
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Prévention et promotion de la santé transculturelles en Suisse :
Informations de base et recommandations
Objectifs. Les projets présentés portent sur la sensibilisation aux risques liés à la
consommation de substances engendrant une dépendance (y compris alcool et
tabac), la réduction des risques de dépendance, le développement des
compétences sanitaires, la diminution de la consommation de tabac et la
désaccoutumance au tabac ainsi que sur la protection contre la fumée passive.
Autres objectifs visés : le développement de la compétence transculturelle des
professionnels et des institutions de prévention de l’alcoolisme et d’autres
dépendances et la mise en réseau des institutions. Les objectifs ne sont pas
différenciés de la même manière dans les différents projets. En principe, ils ne
comportent pas de délais ou alors ils s’achèvent en même temps qu’un projet
arrive à son terme. Le contrôle de l’efficacité des mesures s’effectue généralement
par des appréciations subjectives des participants ou des responsables de projet,
rarement au moyen de critères quantifiables. Dans certains cas, l’objectif d’un
projet consiste uniquement à mettre en uvre les mesures prévues.
Généralement, les projets partent du principe que le groupe-cible accède
difficilement aux offres de prévention et de soins (la plupart du temps en raison de
problèmes de langue) et que des offres à bas seuil sont nécessaires.
61
Pour une description plus précise, voir analyse de la littérature.
Méthodes. Tous les projets visent une prévention centrée sur la personne. Les
mesures sont orientées risque, en ce sens qu’elles s’adressent à des groupes-
cibles qui présentent un comportement à risque ou supposé comme tel, et
ressources, du fait qu’elles visent le développement des compétences sanitaires
dans les groupes-cibles. La plupart des projets présentés concernent des
interventions ponctuelles limitées dans le temps. Cinq projets prévoient une
évolution transculturelle de l’institution:
§ Le projet Caritas du canton d’Argovie SuMiVe et le projet zougois « Migration
und Suchtfragen » visent le développement transculturel des consultations en
matière de dépendance.
§ Le projet zurichois « Weiterbildung in Alkoholfragen für tamilische
VermittlerInnen » forme des migrants dans l’optique de les intégrer à la
structure de base des consultations en qualité de professionnels.
§ Le projet de l’ISGF Zurich « Rauchstopp-Projekt für türkische MigrantInnen »
vise à plus long terme une évolution transculturelle de l’institution.
§ L’approche transculturelle du Contact Netz doit s’étendre à l’échelle nationale
en ce qui concerne les consultations.
Les offres visent d’une part des groupes dont la consommation est supérieure à la
moyenne ou qui présentent des risques spécifiques liés aux conditions de vie et à
une absence de perception du danger, d’autre part des entités qui accèdent
difficilement aux mesures de prévention. Le projet de désaccoutumance au tabac
de l’ISGF justifie clairement le choix du groupe-cible par la forte prévalence du
tabagisme parmi les migrants turcs.
Durabilité. La plupart des projets dont il a ici été question concernent des mesures
ponctuelles de durée limitée, dotées d’un petit budget et dont le financement n’est
pas assuré à plus long terme. Ces mesures ne s’inscrivent pas dans une stratégie
globale supérieure, ce qui s’explique par les subsides alloués : ainsi, le fonds
SUPPORT, qui soutient plusieurs projets cités, est orienté sur des petits projets
ponctuels à rayon local. Il en va différemment du projet SuMiVe, du travail effectué
par Contact Netz et du projet de désaccoutumance au tabac pour les migrants
d’origine turque de l’ISGF. SuMiVe s’inspire du concept de l’OFSP en matière de
migration et de dépendances élaboré sur la base de Réseau Contact. Le projet
s’inscrit dans une stratégie globale et vise à plus long terme une évolution
transculturelle des institutions actives dans la prévention des dépendances.
Contact Netz a été soumis à une évaluation ; sur la base d’une étude de faisabilité,
son concept va faire l’objet d’une extension à l’échelle nationale. Quant au projet
de l’ISGF, petit projet ponctuel de durée limitée, il vise, à plus long terme, un
changement institutionnel durable des consultations de désaccoutumance au
tabac dans une optique de transculturalité. Une étude de faisabilité concernant
l’extension du projet à l’échelle nationale est en cours de préparation. Le projet
s’inscrit dans une stratégie globale de l’institut en matière de recherche et de
développement dans les domaines de la migration et de la santé.
Evaluation. « Contact Netz » est le seul projet à avoir été soumis à une évaluation
externe. Le projet ISGF de désaccoutumance au tabac pour les migrants d’origine
turque – actuellement en cours - fait l’objet d’une évaluation constante et est
optimisé au fur et à mesure. L’efficacité des coûts doit également être analysée.
Pour ce qui est des autres projets, les documentations proposent au mieux une
appréciation subjective de la part des participants ou des responsables. Il est donc
difficile de se prononcer sur les buts atteints et l’efficacité réelle des mesures en
question. Ces projets n’abordent pas non plus la question de l’efficacité des coûts.
Il est possible de dire à leur sujet que des projets individuels de portée locale
peuvent donner de bons résultats mais que l’effet n’est pas garanti sur la durée.
Conclusions
En résumé, il est possible de dire que les offres utilisables par la population migrante sont
encore en nombre insuffisant. Certaines ont permis de collecter des expériences en matière
de prévention et de promotion de la santé en faveur de la population migrante ; toutefois, un
ancrage institutionnel de l’approche transculturelle ne peut être observé que de cas en cas.
La plupart des projets concernent des mesures à court terme et leur financement n’est pas
garanti. Les projets qui analysent et définissent les objectifs, les méthodes, les groupes-
cibles et la communication en se référant à l’évidence scientifique sont l’exception. La
documentation et l’évaluation des offres sont rarement suffisantes.
Deux enquêtes incluant les besoins des personnes d’origine migrante en matière
de prévention du tabagisme et de l’alcoolisme ont été réalisées dans le cadre de
ce rapport (Bauer, 2008, et Stuker et al., 2008). Il s’agit d’études qualitatives
empiriques.
Pour sa part, l’étude Bauer (2008) a interrogé, sur la base d’un schéma semi-
structuré, 21 professionnels de toute la Suisse actifs sur la scène de la prévention
transculturelle et de la promotion de la santé. Onze d’entre eux étaient de langue
française, 13 de langue allemande. Les professionnels choisis représentaient les
différents domaines de la prévention (VIH, drogues, prévention ciblée sur les
jeunes enfants, etc.)
Les besoins recensés sont présentés ici ; nous aborderons d’abord ceux des
personnes d’origine migrante concernées, puis ceux des professionnels interrogés.
Au demeurant, les besoins des personnes d’origine migrante concernées sont
replacés dans le contexte des travaux réalisés antérieurement dont il vient d’être
question.
Information orale. Même si l’on observe une réticence à solliciter des prestations,
la question des dépendances, de leur détection précoce et des prestations
proposées suscite un réel intérêt (Stuker et al., 2008; voir aussi chapitre 7, Etat
des connaissances et comportements en matière de tabac et d’alcool et d’offres de
prévention). Les personnes interrogées souhaitent davantage d’informations,
orales et écrites, en particulier dans leur langue maternelle. Le besoin de recevoir
des informations orales est le plus fréquemment ressorti de l’enquête Stuker et. al.
L’information doit être dispensée dans un cadre familier au groupe-cible. Ont été
proposés l’école (de langue), la famille, les associations de la population migrante
et le lieu de travail. Les informations doivent être délivrées dans la langue
maternelle. Il faut également préparer le public visé en s’adressant d’abord
individuellement aux personnes. Les personnes interrogées proposent de faire
précéder la partie informative d’une rencontre d’un moment convivial. Elles
pensent que les personnes qui relaient l’information doivent avoir une certaine
assurance, être « fortes » et servir de modèles. D’après elles, des interventions qui
seraient perçues comme trop directes, voire agressives passent mal.
« S’ils [les compatriotes] pouvaient aller quelque part, dans une association de migrants par
exemple, s’ils pouvaient recevoir toutes les informations, ce serait bien ! »
Information écrite et images. Les supports d’information écrits doivent aussi être
disponibles en plusieurs langues. Les personnes d’origine migrante interrogées
considèrent que l’utilisation d’images (dessins, photos, films) en lien avec les
supports écrits est efficace, surtout quand la langue n’est pas encore bien
maîtrisée (Stuker et al., 2008). L’idée de diffuser des informations via la télévision
est aussi accueillie favorablement, mais ne doit pas être un moyen exclusif (voir
également chapitre 6, Communication avec la population migrante).
« Les informations que je reçois sont toujours en allemand, jamais dans ma langue. Je les
donne à mon mari pour qu’il les lise. Si je recevais des informations dans ma langue, je les
lirais. »
Dans l’ensemble, les résultats obtenus par Oggier et Ideli (2005) ainsi que Rusch
(2003) rejoignent ceux de Stuker et al. (2008). Souvent, les personnes d’origine
migrante s’inquiètent des possibilités d’aide et de traitement seulement à partir du
moment où un problème ne peut plus être résolu autrement (Oggier et Ideli, 2005).
Dans un premier temps, la famille est généralement sollicitée (ibid). Interviennent
ensuite, principalement, le médecin traitant et des personnes ayant autorité au sein de
la communauté, auxquelles il est fait confiance (ibid). C’est pour cette raison qu’une
bonne collaboration entre les professionnels de la prévention et les personnes de
confiance revêt une importance particulière (voir chapitres 5 et 6). Un déficit
d’information est observé en lien avec les offres dans le domaine de la prévention des
dépendances. Le chômage, des conditions de travail pénibles et une intégration
sociale insuffisante sont considérés comme autant de facteurs d’isolement qui rendent
le travail de prévention encore plus difficile. (Oggier et Ideli, 2005, Rusch, 2003).
accordée au rôle du médecin traitant. Enfin, il est dit que les rencontres
d’information et les consultations en cabinet doivent être l’occasion de parler de
prévention, mais aussi de programmes de sevrage.
9.2.2. Langue
Les professionnels de la prévention transculturelle et les personnes concernées
d’origine migrante n’accordent pas la même importance au facteur de la langue
(Stuker et al., 2008). Les professionnels estiment qu’on lui attribue trop
d’importance, alors que les personnes d’origine migrante sont d’avis que la
barrière de la langue est un problème majeur et, de ce fait, demandent davantage
de consultations et de supports d’information dans la langue des migrants. Enfin,
les personnes d’origine migrante soulignent que la langue n’est pas seulement un
moyen d’atteindre un but ; elle favorise aussi l’instauration d’un climat de confiance
et peut être l’expression d’une reconnaissance symbolique.
« Il faut avoir une ouverture d’esprit et rester neutre autant que possible. On peut avoir des
préjugés, mais il faut savoir se remettre en question et être fondamentalement ouvert aux
autres. C’est précisément cette compétence que tous ne possèdent pas, également parmi
les professionnels. »
« La personne qui dirige un projet centré sur la migration doit vraiment s’intéresser aux
personnes et être capable de s’identifier à elles. »
„…Le fait de reconnaître l’autre comme une personne à part entière, qui peut trouver ses
propres solutions si on lui en donne l’occasion."
« Les participants ont inscrit leurs maux sur un dessin illustrant un corps humain. Il leur a
toujours été donné la possibilité de s’exprimer par le dessin lorsqu’ils avaient des difficultés
à formuler ce qu’ils ressentaient. Souvent, l’expression orale ne suffisait pas. D’autres
techniques étaient nécessaires, comme le dessin, l’utilisation de supports visuels
(également des films), l’expression corporelle ou le mime. Cette manière de communiquer
prend davantage de temps qu’on ne le pense généralement. Si on n’y accorde pas
suffisamment d’importance, cela se ressent dans la suite du projet. »
Ce projet est centré sur la population migrante. Toutes les offres de prévention et
de promotion de la santé doivent tenir compte de cette population. Toutes les acti-
vités (et non exclusivement celles prévues pour les migrants) doivent être étudiées
dans l’optique de savoir si elles offrent un bénéfice aux migrants. …
62
Voir glossaire
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Voir glossaire
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Voir glossaire
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Nous utilisons la terminologie officielle de „médiateur interculturel“, selon l’Association suisse pour
l’interprétariat communautaire et la médiation culturelle (interpret) ; cette terminologie a été arrêtée
avant l’élaboration du concept de compétence transculturelle.
migrantes. Il faut tenir compte de cet aspect lors de la planification d’un engagement à plus
long terme et prévoir des ressources en conséquence.
10.1.7. Analyse du groupe-cible : Toutes les offres doivent, par principe, aussi être
axées sur la population migrante. La migration doit être considérée comme un facteur parmi
d’autres pouvant avoir des répercussions sur la santé, au même titre que le statut
socioéconomique, l’âge, le sexe, etc. Dans la mesure du possible, le groupe-cible doit être
sélectionné sur la base d’un besoin scientifique attesté ; cependant, il peut aussi être
circonscrit en fonction de nécessités exprimées et reconnues. Il faut tenir compte du fait que
certains groupes-cibles ont de la peine à se faire comprendre et à comprendre la langue
locale.
10.1.8. Prévention structurelle et prévention centrée sur la personne : Les mesures
doivent cibler des changements structurels et aussi, directement, des modifications du
comportement personnel en matière de santé.
10.1.9. Approche par setting : Cette approche s’efforce d’aménager les conditions-
cadres de la population migrante dans une optique de promotion de la santé. La promotion
transculturelle de la santé orientée setting signifie arranger sur un plan structurel le
domaine considéré (généralement école, lieu de travail, commune, associations de quartier)
pour favoriser des comportements sains. Elle tient compte des caractéristiques sociales de
la population migrante. Dans cette approche, l’implication des migrants et un travail via des
relations fortes (climat de confiance) joue un rôle central.
10.1.10. Travail sur le terrain – Faciliter l’accès aux offres de prestation : La demande
d’offres doit être encouragée. A cet effet, les obstacles qui entravent l’accès aux prestations
doivent être supprimés et il faut surtout développer le travail sur le terrain. Les intervenants
vont au-devant des groupes-cibles et s’intéressent à leur vision de l’existence, leurs usages,
leur compétence sanitaire (Health Literacy), leur caractère non formel et à l’importance
accordée aux relations dites fortes.
10.1.11. Adapter les méthodes de communication : Le contenu, la forme et les vecteurs
de communication doivent tenir compte des habitudes des groupes-cibles. Souvent, des
adaptations de contenu sont moins décisives que les efforts visant à renforcer la
communication avec la population migrante. Les modes de communication au sein de la
population migrante doivent être analysés plus en détail. Il faut proposer des consultations
dans la langue maternelle et des supports d’information traduits. Des approches novatrices,
moins axées sur l’expression orale, peuvent s’avérer utiles et sont nécessaires là où la
langue ne permet pas une communication suffisante. Les interlocuteurs de référence jouent
un rôle important dans la communication ; ils doivent être soigneusement choisis. Il faut
s’interroger sur la manière de transmettre facilement des informations, également à l’échelle
transnationale et translocale, via les médias qui ont la préférence des groupes-cibles.
10.1.12. Documentation, évaluation, transfert de connaissances : Tout projet ou
programme doit être accompagné d’une bonne documentation et faire l’objet d’une
évaluation. Des recommandations de bonne pratique sont élaborées à partir des résultats
d’efficacité.
10.1.13. Recherche : La recherche dans le domaine de la prévention transculturelle doit
être développée, ce qui permettra de collecter des données concrètes, basées sur
l’évidence. Les futurs travaux de recherche doivent être coordonnés et répondre à des
critères d’interdisciplinarité ou de transdisciplinarité. Des données collectées
systématiquement et évaluées spécifiquement permettent des déclarations différenciées et
se prêtent à l’élaboration de recommandations solidement étayées.
le travail de mise en place et l’approche participative. Les projets qui ont fait leurs
preuves doivent être institutionnalisés.
Exemple : Réseau Contact Berne (voir également encadré sous chiffre 8.3)
Niveau stratégique
L’ancrage du travail transculturel suppose un développement continu de
l’organisation. Tous les secteurs de travail et l’ensemble du personnel (non
exclusivement les personnes travaillant avec la population migrante) sont
concernés. La population migrante doit être associée à toutes les offres de
prévention et de promotion de la santé. L’élaboration d’une stratégie globale du
développement de l’organisation est nécessaire. Il est impératif que la direction de
l’organisation adhère pleinement à la dimension transculturelle (Dahinden, Delli,
Grisenti 2005).
Niveau opérationnel
Au niveau opérationnel, le modèle de Domenig (2007) prévoit des mesures
transculturelles dans trois domaines, à savoir la gestion-système, la gestion-
marketing et la gestion des ressources. La gestion-système couvre des aspects
qui concernent l’ensemble de l’organisation, par exemple l’analyse de la situation
réelle/théorique ciblée migration, la désignation d’un responsable des questions de
migration - de préférence un membre de la direction - et l’adaptation des offres et
de la documentation (standards de qualité, etc.) compte tenu de la problématique
migratoire. La gestion-marketing inclut différentes mesures, dont la formation des
collaborateurs à la compétence transculturelle (formations initiales/formations
continues). Quant à la gestion des ressources, elle porte sur l’organisation des
moyens, la promotion des personnes d’origine migrante et la création d’un service
de traduction.
Equipes transculturelles
Des personnes d’origine migrante doivent être associées à toutes les phases de
planification et de mise en uvre d’une offre (Kaya 2007). Il faut constituer des
équipes hétérogènes (non seulement sur la base migratoire, mais aussi d’après le
sexe, l’âge, l’origine socioculturelle, la langue) et les encourager. Les
collaborateurs devraient, pour la plupart, être d’origine migrante, d’une part pour
garantir la participation au projet, d’autre part pour la confiance qu’ils inspirent
(personne de confiance) à la population migrante du fait de leur origine. Les
éléments suivants doivent être observés :
§ Le travail avec des personnes de la population migrante est une tâche qui
incombe à tous les collaborateurs (Dahinden, Delli et Grisenti 2005).
§ Les équipes transculturelles et leurs responsables doivent bénéficier d’un sou-
tien professionnel.
§ Le style de conduite doit régulièrement faire l’objet d’une remise en question.
§ Des possibilités d’intervisions et de supervisions transculturelles doivent être
proposées.
§ Les remaniements au niveau de la collaboration doivent être proposés par tous
les membres de l’équipe et pas exclusivement par les membres d’origine mi-
grante.
§ Il ne faut pas accorder trop d’importance à l’expression écrite des profession-
nels d’origine migrante.
§ Il faut tenir compte du fait que les documents rédigés par des professionnels
issus de la migration doivent souvent être retravaillés du point de vue stylisti-
que.
§ Au sein des équipes transculturelles, la langue de travail est l’allemand stan-
dard et non le dialecte.
66
Voir glossaire.
67
Voir Glossaire.
„C’est très important de travailler en réseau. Nous effectuons une grande partie de notre
travail en collaboration avec d’autres structures comme le Forum des étrangers de Lau-
sanne, Télé Bourdonnette, le Centre Social Protestant. Grâce à ces collaborations, nous
pouvons mener à bien des projets que, seuls, nous ne réussirions pas à réaliser.“
Déjà depuis les années 90, des publications suisses sont élaborées en
collaboration avec les pays d’origine de certains groupes de migrants (Burgi et al.,
1995). Cette expérience doit se poursuivre, étant entendu que les particularités
des groupes de migrants établis en Suisse doivent être prises en considération.
Il ressort des enquêtes qui ont été effectuées que les mesures de prévention
transculturelle et de promotion de la santé sont vouées à l’échec en l’absence de
dialogue et de participation. Le dialogue avec les groupes-cibles permet de cerner
des problématiques spécifiques à une collectivité, d’assurer une mise en uvre
adéquate des mesures, de faire tomber des barrières souvent considérables et
Participation
Les professionnels interrogés estiment qu’il faut donner aux personnes et groupes
de personnes d’origine migrante les moyens de concevoir activement leur vision
de l’existence et leur santé et d’en assumer la responsabilité (Stucker et al., ;
Bauer 2008). Les ressources sociales et en personnel dont disposent les groupes-
cibles doivent être sollicitées et utilisées, en priorité le capital humain (formation,
expérience professionnelle) et les ressources informelles (expérience de la migra-
tion, connaissances transculturelles, compétences linguistiques, connaissances
ponctuelles en matière de santé et de maladie). Cela suppose une participation
adéquate des personnes d’origine migrante à toutes les étapes d’un projet (Kaya
2007; voir aussi supra « Développement de l’organisation »). Parallèlement, il y a
lieu de développer les aptitudes des proches des migrants et leur compétence
sanitaire (Health Literacy)68,
Les ressources des groupes-cibles et d’autres normes sociales jouent un rôle im-
portant à cet égard car elles déterminent dans quelle mesure une autonomie
d’action est vraiment possible (Domenig 2007).
68
Voir Glossaire.
Médiateurs interculturels
Les professionnels de la prévention du tabagisme et de l’alcoolisme soulignent
l’importance particulière que revêtent les médiateurs interculturels dans le cadre
de la prévention transculturelle (Müller, 2008; Bauer, 2008; Stuker et al., 2008).
Ces intervenants contribuent à combler des lacunes en matière d’information et à
dépasser des inhibitions. Ils représentent une sorte de passerelle entre les
professionnels et les groupes-cibles. D’après l’Association suisse pour
l’interprétariat communautaire et la médiation culturelle (interpret), les médiateurs
renseignent les personnes d’origine migrante et les fournisseurs de prestations
publiques, selon leurs besoins respectifs, sur les particularités culturelles d’une
communauté, les principes régissant le système politique et social d’un pays et les
usages propres à une société. Ils servent d’intermédiaire entre les personnes
d’origine migrante et les organismes de formation et de consultation et veillent à
une bonne compréhension entre le médecin et son patient, l’avocat et son client,
l’enseignant et les parents. Seuls ou en équipe, ils participent à l’organisation et à
la réalisation de projets de prévention, de rencontres d’information pour les
personnes d’origine migrante ou à d’autres projets en lien avec l’interculturalité. Ils
connaissent les interdits d’une société et les comportements dictés par des normes
socioculturelles. Des pools comme Interpret et Imprenti permettent aux médiateurs
interculturels de travailler dans des conditions acceptables. Sur son site Internet,
l’Association suisse pour l’interprétariat communautaire et la médiation culturelle
(interpret) propose un registre des services professionnels d’interprétariat
communautaire et un argumentaire pour le recours à des interprètes
communautaires (www.inter-pret.ch).
Pour ce qui précède, il est recommandé de veiller à la formation continue des personnes de
référence qui donnent pleine satisfaction et de les ancrer dans l’institution, autrement dit de
les engager
On s’accorde à penser que les personnes de référence jouent un rôle important dans la
transmission d’informations à la population migrante. Toutefois, les avis divergent sur la
question de savoir qui doivent être ces personnes. L’étude des réseaux de Moret, Meffre et
Dahinden (2007a et b) indique que la préférence va aux médecins traitants, aux familles et
aux pharmaciens, en précisant que les personnes bien informées, d’une origine culturelle
identique, sont souvent sollicitées par les personnes qui ne disposent pas d’un réseau social
et culturel étendu et qui, de ce fait, ont difficilement accès aux structures officielles. Le mé-
decin traitant peut aussi être utilisé comme multiplicateur. Les migrants interrogés mention-
nent comme premier point de contact le médecin traitant, puis la famille. Quant aux profes-
sionnels interrogés, ils pensent à des personnes de référence intervenant à titre profession-
nel, avant tout aux médiateurs interculturels. Les avis sont donc partagés. La planification
d’offres doit prévoir des ressources permettant de solliciter ponctuellement les meilleures
personnes, par exemple pour des enquêtes qualitatives auprès du groupe-cible.
Les enquêtes Stuker et al. (2008) et Bauer (2008) indiquent que les personnes
d’origine migrante sont vivement intéressées à participer à la conception de leur
santé et de leurs conditions de vie. Cette ressource doit absolument être exploitée.
La formation de base et la formation continue, la sollicitation et la reconnaissance
des médiateurs interculturels et d’autres personnes de référence d’origine
migrantes sont des instrument d’empowerment importants, de même que la
collaboration avec des réseaux et les organisations de la population migrante.
69
Voir glossaire.
70
Voir glossaire.
10.1.7. Groupe-cible
Exemple: MigesBalù
Le projet MigesBalù recense les problèmes des groupes-cibles dans le cadre d’entretiens
non mixtes. Les discussions ont mis en évidence que les hommes et les femmes avaient
une perception différente de certains sujets. S’agissant des soins aux enfants, par exemple,
la majorité des hommes pensait que leur femme se sentait à l’aise et bien informée. Or, il
s’est avéré que les femmes se posaient un grand nombre de questions sur la manière de
soigner et d’éduquer leurs enfants et souhaitaient une aide. Ces entretiens ont permis une
approche différenciée de certains sujets surtout pour ce qui est des hommes, eux qui, au
préalable, s’étaient montrés plutôt critiques à l’égard des centres de consultation parentale.
Choix du groupe-cible
Certaines connaissances sont nécessaires pour pouvoir justifier le choix d’un
groupe-cible. Dans la mesure du possible, le choix s’effectue sur la base d’un be-
soin scientifiquement prouvé. Le groupe-cible peut aussi être défini d’après des
problèmes exprimés et reconnus. Il faut savoir que certains groupes-cibles peuvent
avoir du mal à s’exprimer du fait de leurs conditions de vie. Lors de l’élaboration
d’une offre, les moyens de communication du groupe-cible doivent être systémati-
quement analysés et discutés avec les représentants du groupe-cible. Il est impor-
tant de tenir compte des ressources sociales et en personnel du groupe-cible et de
les utiliser dans le cadre du projet plutôt que de partir de déficits (Kaya 2007). Le
tableau 10.1 peut être utile pour sélectionner les facteurs déterminants. Les appro-
ches ciblées sur la migration conservent toute leur importance une fois que les
institutions se sont ouvertes à la population migrante. Quel que soit le choix effec-
tué, la méthode doit toujours s’inspirer de principes transculturels.
Ce qui est déterminant, c’est un « bon mélange » des deux formes de prévention.
La prévention structurelle pose les conditions-cadres qui permettent modifier les
comportements en matière de santé et de dépendances. Dans la mesure du
possible, les changements structurels doivent relever des objectifs ou, pour le
moins, de la vision d’une offre. Pour les concepteurs d’offres et de projets, cela
signifie qu’ils doivent connaître la littérature scientifique des deux formes de
prévention. Comme pour le groupe-cible, le choix d’une méthode doit, dans la
mesure du possible, se fonder sur des données et des analyses. Les éventuelles
expériences faites dans le cadre d’autres interventions doivent être prises en
considération. Dans bien des pays, la prévention structurelle est nettement plus
avancée qu’en Suisse, en matière de tabac plus spécialement (p. ex. en Turquie,
une loi interdisant de fumer sur le lieu de travail entera en vigueur en 2009). Les
dispositions applicables dans le pays d’origine pourraient être discutées et servir
de point de départ à un échange.
Les settings sont des systèmes sociaux (BZgA 1996). De ce fait, la prévention
transculturelle et la promotion de la santé doivent tenir compte des particularités
sociales présentées par la population migrante des settings considérés.
L’approche participative et le travail par l’intermédiaire de relations fortes (climat de
confiance) jouent ici un rôle central.
« Les programmes de sevrage du tabac sont proposés, par exemple, dans les locaux
d’associations. Les migrants connaissent les lieux et savent comment s’y rendre … Les
cours de sevrage sont aussi proposés à domicile. Un groupe de femmes qui se réunit
régulièrement voudrait participer à ces interventions. Le cours est proposé au domicile de
l’une des femmes du groupe. »
Exemple : concours 2007 pour arrêter de fumer ciblé sur la population migrante
Conception de la communication
La manière la plus efficace de communiquer avec la population migrante reste le
contact personnel. L’importance d’une information écrite (même dans la langue de
la population concernée) ne doit pas être surestimée. Il faut considérer les
supports écrits comme une aide et, surtout, comme un moyen d’entrer en contact
avec la population migrante. Lorsque la langue constitue un écueil ou ne suffit pas
à communiquer, il faut privilégier d’autres formes de communication (images,
scènes, actions, musique, films, etc.). Les différentes formes de communication
peuvent être perçues très différemment d’un groupe à l’autre de la population
migrante.
En Suisse, plusieurs médias (principalement des revues) sont faits par et pour les
migrants ou des groupes de migrants. Une collaboration avec ces médias est
conseillée, étant entendu que la manière d’opérer doit s’adapter de cas en cas aux
particularités des groupes visés.
10.1.13. Recherche
La recherche dans le domaine Migration et santé doit être encouragée, tout
particulièrement au niveau de la prévention transculturelle et de la promotion de la
santé (Kasper et al., 2008). Elle doit être bien coordonnée et menée en
interdisciplinarité.
manière à fournir des informations sur des groupes présentant des risques
spécifiques. Ainsi, il sera possible de mettre au point des offres correspondantes.
Pour les jeunes, la recherche doit se poursuivre et analyser les données de
nationalité en combinaison avec des informations sur l’origine migrante, le statut
socioéconomique, etc. Une analyse plus détaillée de l’influence sociale (p. ex. peer
groups ou famille) sur les différents groupes de migrants fournirait de précieuses
informations. Par ailleurs, il faudrait étudier quels obstacles entravent l’accès aux
mesures de prévention et de promotion de la santé parmi les sous-groupes de la
population migrante.
Instruments
L’enquête auprès de professionnels oeuvrant dans le domaine transculturel met en
évidence que les normes de qualité, les check-lists et les évaluations doivent être
élaborées en collaboration avec des institutions qui ont une certaine expérience en
matière de transculturalité (Bauer, 2008).
Ce qui précède ainsi que d’autres observations faites par les professionnels
amènent à formuler un certain nombre de recommandations pour une
prévention du tabagisme centrée sur la migration :
considéré soit comme un produit inoffensif, soit comme un produit très dangereux.
La consommation est influencée par des normes sociales, parfois contradictoires
(obligation/honte). Les hommes et les femmes ne boivent pas de la même
manière et la consommation d’alcool n’est pas perçue de la même manière par les
deux sexes. Dans la population migrante comme chez les Suisses d’origine, les
problèmes de dépendance à l’alcool sont souvent cachés. L’alcool est considéré
comme un produit facile d’accès, abordable et largement répandu, la
consommation comme une pratique souhaitée et encouragée par la société,
parfois même comme une obligation.
Ce qui précède ainsi que d’autres observations faites par les professionnels
amènent à formuler un certain nombre de recommandations pour une
prévention de l’alcoolisme centrée sur la migration :
Glossaire
Nécessité et besoin
On parle de nécessité lorsque des données objectives justifient une intervention
préventive (ou thérapeutique). Inversement, on parle de besoin lorsque des
souhaits ou des exigences émanent de personnes ou de groupes de personnes
spécifiques. Une nécessité peut exister même en l’absence de besoin ; par
exemple, les migrants qui ont un statut de séjour précaire expriment rarement leurs
besoins. La définition de ce qui est nécessaire constitue un aspect important de la
planification des offres de prévention et de promotion de la santé. Elle permet
d’arrêter des bases de décision objectives qui serviront à fixer des priorités, justifier
des investissements, voire à établir l’inefficacité de certaines prestations, partant
leur abandon, dans l’optique de promouvoir la santé de l’ensemble de la population
ou de certains groupes de la population (d’après www.bag.admin.ch, 10.11.08)
Empowerment
L’empowerment englobe l’ensemble des stratégies qui permettent aux personnes
de concevoir leur environnement social et leur existence de manière autonome. Il
s’agit de l’aptitude individuelle et de processus de groupes vers le développement
d’une force et d’une autonomie d’action communes (Gutzwiller et Paccaud, 2007).
Familiarisation
Relation entre le professionnel et le client empreinte affectivement du sentiment
d’appartenance à une même entité (sens du « nous »). La familiarisation est le
contraire de la distance professionnelle (Domenig, 2007a).
Good Practice
L’expression « Good Practice » est utilisée en lieu et place de « Best Practice »
lorsque des projets réalisent un bon travail, voire un travail exemplaire, mais qu’ils
ne répondent pas aux critères d’excellence dans tous les domaines. L’idée est que
les recherches effectuées ne doivent pas se perdre et qu’il faut les mettre à la
disposition d’autres projets et personnes intéressées (BMG et BZGA, 2007).
Appliqué à la prévention et à la promotion de la santé, le concept de « Good
Practice » désigne des mesures et des activités qui concordent avec les valeurs et
les théories de la promotion de la santé, dont l’efficacité est prouvée et qui sont
propres à atteindre les objectifs fixés (Lehmann, Geene et al., 2006). Il repose sur
cinq principes et doit (Lehmann, Geene et al., 2006: 12 f.):
§ être axé sur la pratique et ne pas privilégier exclusivement des concepts
théoriques ;
§ exploiter des potentiels de transfert, c’est-à-dire permettre d’appliquer des
approches novatrices et éprouvées à d’autres projets et champs d’action ;
§ viser la qualité ;
§ allier pratique et recherche ;
§ pratiquer des évaluations transparentes ; autrement dit, le choix des exemples
doit être clairement compréhensible.
Médiateurs interculturels
Les médiateurs interculturels (appelés aussi traducteurs ou interprètes
interculturels, parfois traducteurs ou interprètes communautaires) fournissent aux
personnes d’origine migrante et au personnel des administrations, selon leurs
besoins respectifs, des informations sur les particularités culturelles, les différences
des systèmes politique et social ou les différences d’usages entre des
communautés. Ils font le lien entre des personnes d’origine migrante et des
établissements de formation ou de conseils et veillent à éviter les malentendus
entre les médecin/patient, avocat/mandat, enseignants/parents (adapté de inter-
pret.ch, 18.8.2008).
Mainstreaming Migration
Cette expression désigne toutes les activités destinées à amener les acteurs de la
politique, de l’administration et de la société civile à inclure systématiquement la
dimension migratoire dans leur réflexion et leur action, aux niveaux de la
planification, de la mise en uvre et de l’évaluation des programmes, projets et
mesures auxquels ils participent. Les changements envisagés doivent être ancrés
durablement dans les structures du système suisse de santé par l’information, la
coordination et la mise en réseau des acteurs concernés (adapté de
www.bag.admin.ch, 17.7.08).
Managing Diversity
Une institution se doit de prendre en compte la diversité des acteurs concernés
(collaborateurs et clients). Le concept de pilotage « Managing Diversity » part du
principe qu’il faut considérer la diversité à sa juste valeur et que les personnes
d’origines différentes doivent être traitées sur un pied d’égalité. Il incombe au
groupe de pilotage d’aménager l’institution de manière à ce que les besoins
individuels soient reconnus et respectés. L’institution doit également définir les
domaines dans lesquels il n’est pas possible de tenir compte des besoins
individuels. La Déclaration d’Amsterdam – Vers des hôpitaux adaptés aux besoins
des migrants dans une Europe de la diversité ethnique et culturelle (voir Saladin,
2006) énonce des tâches pour la mise en uvre du principe qui peuvent
s’appliquer à la prévention et à la promotion de la santé.
Statut migratoire
Au sens premier, le statut migratoire définit si une personne fait partie ou non de la
population migrante. On fait parfois aussi une distinction entre une migration
volontaire (première génération), une migration des parents (deuxième génération)
ou encore le type de migration (migration dans un but professionnel, réfugiés, etc.)
Précarité
Des conditions de vie précaires se caractérisent par une combinaison des
éléments suivants : l’insécurité, l’absence de protection et l’incapacité de se
défendre. Les personnes qui ont un statut de séjour précaire ignorent combien de
temps elles séjourneront en Suisse ; de ce fait, elles ne sont pas en mesure de
solliciter toutes les prestations du système de santé (requérants d’asile, sans-
papiers). Pour sa part, la précarité des conditions de travail est source de grande
incertitude économique ; elle hypothèque la durée de séjour et la protection des
travailleurs (Marti M et Osterwald S, „Die Volkswirtschaft“, Vol. 2, 2004).
Setting
Le terme setting désigne un système sociétal regroupant un grand nombre
d’influences environnementales qui présentent une importance déterminante pour
un groupe donné de personnes. Un setting permet d’aborder les conditions
préalables à la santé et à la maladie (BZgA 2006b). Cette approche permet de
cibler de grands groupes – difficilement atteignables autrement - à relativement
peu de frais.
Transnationalité et translocalité
Les personnes d’origine migrante ne quittent plus leur pays d’origine pour se
rendre exclusivement dans un pays d’accueil ; elles se déplacent d’un pays à
l’autre et d’une région à l’autre. Elles entretiennent des liens étroits avec leur lieu
d’origine et avec des personnes résidant dans d’autres pays ou régions. Les
ménages de personnes d’origine migrante sont rattachés à deux pays, voire
davantage. Ils sont établis en un lieu et entretiennent des relations sociales et
économiques à la fois avec leur pays d’origine et leur pays d’accueil (Parnreiter,
2000). Les mouvements transnationaux doivent être compris au sens large. De
nos jours, ces mouvements désignent de plus en plus le fait que des personnes
sont en contact avec des groupements d’intérêts ou des communautés en des
lieux très variés. Les personnes d’origine migrante restent en contact avec leur
pays d’origine et leur communauté dans le pays hôte. Ces liens constituent une
ressource sociale importante, même s’ils freinent une intégration rapide. Les
sphères transnationales et translocales sont ancrées aussi bien dans la région
d’origine que dans la région d’accueil ; elles servent de lien entre les deux (Stuker
et al., 2008).
Vulnérable
Ce terme désigne le risque accru, pour certains groupes de migrants, de
développer des maladies ou de vivre dans des conditions nuisibles pour la santé. Il
met l’accent sur le fait que les personnes n’ont pas de véritable autonomie d’action
en matière de facteurs de risque et de santé.
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