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Octave MIRBEAU Contre la peine de mort

L'Humanit, 12 fvrier 1909 Mon cher camarade, J'aurais bien voulu, si ma sant me l'et permis, tre avec vous, ce soir, et mler aux v tres ces protestations indi!nes contre ce vote de la "hambre #ui a rtabli l'chafaud sur nos places publi#ues, contre les excitations san!uinaires de la presse #ui a prpar, soutenu, !lorifi ce vote $ contre tout cet apparat reconstitu de la peine de mort #ui demeurera dans l'histoire la pire des

hontes de notre %publi#ue radical&socialiste' (ui dit ) la pire''' *st&ce #u'on sait + "ar ,'ai vu ceci ) ,'ai vu, pr-s de la !are du .ord, /' son retour de 0thune, le bourreau acclam1 par plus de 20'000 tres humains, du moins #ui en avaient le visa!e $ une rue d'hommes et de femmes soulevs comme dans un horrible enthousiasme, en plein dlire de meurtre, se bousculant, se haussant les uns sur les autres, pour mieux voir 3l'homme rou!e #ui passe3, a!itant leurs bras, leurs cannes, leurs mouchoirs, et criant de leurs trente mille voix ) 34ive le bourreau 53 6ui, ,'ai entendu ce cri, cri atroce et #u'aucune voix 7 ft&elle de .apolon, de 8hiers ou de 9allifet 7 n'avait encore os1 pousser ,us#u'ici' :epuis les !randes ,ournes du boulan!isme;, ,amais ,e n'avais rien vu de si hideux 5 Mais ce #ui m'a le plus constern c'est #ue 7 il faut avoir le coura!e de le dire 7 le peuple dominait dans cette foule d'assassins' 4oil/' donc ce #u'ont fait du peuple, lass1 coeur des promesses ,amais tenues, abruti par la mis-re, plus de trente annes de %publi#ue capitaliste et bour!eoise' <l ne sait plus o= il en est au,ourd'hui' > ses revendications, / ses cris de ,ustice, /' ses pri-res, / ses menaces, tous les !ouvernements #ui se sont succd aux cir#ues du pouvoir, rpondent ) 3?as de pain, mais du san! 5'''3 6n le voit mme, parfois, dans les ba!arres ro@alistes, demander un %oi 5 *h bien, #u'on lui en donne un tout de suite, un bon, un vrai) Aa ma,est le 0ourreau 5 B vous, de cCur' 6ctave Mirbeau

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