You are on page 1of 1

T.

D Histoire Médiévale
Le 17 décembre 2007
Rouet Ilia & Stubert Marion

LE CAPITULAIRE DE 823-825 , pages 156-158

Le document que nous allons étudier est un capitulaire datant de 823-825. En effet, nous
savons que Charlemagne et ses successeurs ont eu le souci constant de gouverner par la loi, et ils
eurent donc recours aux capitulaires, actes royaux divisés en chapitres (du latin « capitula » qui veut
dire chapitre) à portée législative, réglementaire ou administrative. Les capitulaires étaient promulgués
à voix hautes lors de l’assemblée générale du royaume. Missi et comtes étaient ensuite chargés de leur
application. Mais notre capitulaire a une procédure assez exceptionnelle de publication, comme nous
le verrons au dernier chapitre. D’autant que celui-ci devait être lu à tous les sujets du royaume, même
le populus, et nous verrons que cela traduit la volonté de corrélation du prince entre lui et ses sujets.
Les capitulaires qui ont été conservés sont pour l’essentiel connus par l’intermédiaire de
recueils, dont la nécessité se fit sentir dès le IXème siècle. Notre capitulaire fut inséré, sous Louis Le
Pieux, dans une collection de quatre petits livres (des libelli) réalisée par Anségise, abbé de Saint
Wandrille en Normandie, qui succéda à Eginhard en 823. A sa publication en 827, les deux premiers
livres réunissaient des chapitres de capitulaires ecclésiastiques de Charles et Louis, et les deux autres
des chapitres de capitulaires séculiers. L’abbé Anségise fit remarquer dans sa préface que ces textes
étaient éparpillés en de multiples parchemins, et qu’il a voulu empêcher qu’ils fussent livrés à l’oubli.
Chaque livre est constitué de telle manière qu’il s’agit en fait d’un livre à la récitation des lois, et
chacun révèle de façon globale la volonté législative du prince. Cette collection, unique en son genre
pour l’époque carolingienne, a répondu à un réel besoin, et elle eu beaucoup de succès (utilisée
officiellement dès 829 par l’empereur). Anségise plaça en tête de son livre II tous les chapitres, au
nombre de 24, qui compose notre capitulaire.
Depuis, l’édition de référence des capitulaires a été réalisée en deux volumes dans les
Monumenta Germaniae Historica par Alfred Boretius, et Victor Krause, et dont est extrait le document.
Rédigé en latin entre 1883 et 1897, cette collection porte le titre de Capitularia Regnum Francorum, et
notre capitulaire, daté de 823-825 par l’auteur, est intitulé Admonitio Ad Omnes Regni Ordines. Ce
dernier est composé de 26 chapitres, soit deux de plus que la version d’Anségise. Pourtant, ce nouveau
découpage est, pour O. Guillot, totalement arbitraire. Mais nous ne nous attarderons pas sur des débats
historiographiques. Néanmoins, n’oublions pas que, pour comprendre la portée réelle du texte, il faut
savoir que l’abbé de Saint Wandrille dans son livre II ( qui se compose de chapitres à portée
ecclésiastiques ) n’a pas soustrait les chapitres à portée temporelle, car il a voulu retranscrire la
volonté de Louis Le Pieux : celle-ci semble en effet se traduire, et c’est ce que nous tenterons de
monter, par une « définition unique des desseins où la part spirituelle et temporelle apparaissent
indissociables ». Pour clore les questions qui concernent seules le capitulaire, il se pose celle de sa
datation : au plus tôt il date de 823 (que nous verrons au chapitre 6), et l’hypothèse de son édiction en
825 à Aix le date au plus tard.
Ces années 820 sont aussi le théâtre d’une suite d’évènements qui aboutissent à la remise en
cause de l’Ordinatio Imperii de 817. De 817 à 822, c’est l’affaire de Bernard d’Italie et de la
« Pénitence d’Attigny », mais c’est aussi la naissance de Charles en 823, qui fut une perturbation
majeure pour Louis et l’empire. C’est aussi un moment où l’empire vivait dans une sorte
d’effervescence intellectuelle, Adalard de Corbie écrivant à Attigny que « Jamais on n’avait autant
travaillé pour la cause du bien public ». De ces perturbations, a résulté la recherche d’un effort de
tous, et d’abord du prince, dans l’espoir que, chacun prenant mieux conscience de ces responsabilités,
il serait possible d’éviter la remise en cause du dessein premier du prince (l’Ordinatio Imperii). C’est
donc dans ce contexte politique et intellectuel que fut rédigé notre capitulaire, qui on le sait, va régir la
compréhension de l’ordre social et le rôle de l’Eglise dans la société pour les siècles à venir.

You might also like