LECON DU 9 JANVIER 1980
La salle de justice de Septime Sévire. Comparaison avec Uhistoire
Giipe. —Exercice du powvoir et manifestation de la vérité, L'alethurgle
come manifestation pure dt vrai. Pasa hégémonie sans al2thurgie,— Perma-
nnence de ce rapport entre pouvoir et vérité jusqu'a U époque moderne. Deux
exemples : les cours royales, Ia raison d'Etat et la chasse aur sorciers
(Bodin}.— Projet du cours de cette année ; élaborer ta notion de gouver-
rnenient des hommes par la vérité. Déplacement par rapport au thime du
owvoir-savoir : du concept de pouvoir a celui de gouvernement (cours
des deux années précédentes); du concept de savoir au probléme de la
‘yerité. Cing fagons de concevoir les rapports entre exercice du powvoir et
Imanljestaion de fa vérité: te principe de Botero, le principe de Quesnay, le
principe de Saint-Simon, le principe de Rosa Luxemburg, le principe de Solje-
hitsyne, Leur étroitesse. Le rapport entre gouvernement et vérié, antéricur d
Ja naissance d'une gouvernementalité rationnelte; il se nowe é un niveau plus
profond que celui des connaissances wiles.
A propos de lemperour romain qui s'appelait Septime Sévare et qui
régusit, comme vous le savez tous ~ enfin, comme je le sais moi depuis
bier, en tout cas ~ au tournant du 1 et du TIF siele, entre 193 je crois et
211, Phistorien Dion Cassius raconte "histoire suivante’, Septime Sévére
avait fait construire un palais?, et dans ce palais, bien st, une grande salle
solennelle dans laquelle il donnait audience, rendait ses sentences et disti-
busit la justice. Bt au plafond de cette salle de son palais, Septime Sévire
svat fait peindre une représentation du ciel, une seprésentation du ciel
oil6, et ce n’était pas n'importe quel ciel, ou n’importe quelles étoiles,
‘ou n'importe quelle position des astes qu’il avait représontés. I avait fait
_Jeprésenter exactement son ciel de naissance, la conjonction des étoiles qui
vat présidé & sa naissance et par conséquent & son destin. Faisent cela,
‘00 faisant faire cola, Septime Sévére avait bien entendu un certain nombre
‘intentions wes claires et explicites qu’ est assez facile de restituer, I
gisat bien sc pour Ii dinscrte les sentences particulires et coajonc-
Swells qu’ilreadaitA'intérieur du systéme mémedu monde, et de moniter4 p2 gouvernement des vvants
comment le logs qui gesidal cet ordre du monde et qui avait présidé &
saaissance, ce méme logos était celui qui organisat,fondait et justifait
fes sentences qu'il reiit. Ce qu'il disait dans une circonstance partcu-
litre du monde, ce qui. dsait dans un kairos particulier, eomme diraient
Jes stoiciens, "était présiaément l'ordre méme des choses tells qu’elies
avaient és fixées Li-haut, une fois pour toutes. Is’ agissait également, pour
Jui, de montrer commen son Fegne avait 66 Fond sur es astres, que Iu, ke
sondard de-Leptis Magna, qu stat emparé per la force et a violence du
pouvoir, ce n’éait pas par erreur, ce n’ait pas par hasard, ce n°étalt pas
par un complot quelcongue des hommes qu'il s’éait emparé du pouvoir,
inais la nécessité méme du monde I'avatappelé& a place ob il était, Bt 2
aque le droit avait pas pu fonder, son r8gne, sa prise de pouvoir, les astres
‘Payaient une fois pour toutes justifié. Enfn, toisitmement, il sagisseit de
‘montrer avarice quelle était sa fortune Alu, Pempereur, et combien elle
ait fatale, inévitable, inaccessible, jusqu’a quel point il tat impossible &